Je déambule à travers les rues de la ville sans vraiment regarder ou j'allais. J'avais déjà heurté deux gamins et deux demoiselles depuis le début de mon périple. Mais à qui la faute ? Bon, c'est ma faute vu que j'étais plongé dans une intense réflexion. En effet je devais trouver un gâteau d'anniversaire d'un de mes cousins. Pour cela, on m'a donné des adresses afin de trouver quelque chose de convenable pour la fête d'anniversaire, c'est-à-dire un porte monnaie assez remplis pour acheter l'intégralité d'une pâtisserie. Le seul problème, c'est que j'ai quitté très tard de mon entraînement et je n'avais pas eu le temps d'aller chercher le fameux gâteau. Je regardais voir s'il y avait des magasins ouverts, mais visiblement tous les commerces de pâtisseries étaient fermés. Mon ventre commençait à gargouiller, alors je me suis dirigé dans un restaurant prêt d'ici et vu que je ne voulais pas manger tout seul, j'ai envoyé un message à Sian pour lui dire de me rejoindre. Je suis rentré à l'intérieur de l'établissement et je me suis installé dans une table de deux à attendre la demoiselle.

Je somnolais depuis un moment sur mon bouquin de biologie. Un énorme travail à rendre dans trois jours, travail dont je ne voyais pas la fin se profiler. C’est mon portable, vibrant sur ma table de chevet, qui me tira de ma léthargie. Un message de Sam qui me fit automatiquement sourire. En vitesse, je me redresse et enfile une tenue un peu plus de circonstance, si on prend en compte que j’avais passé une bonne partie de la journée en pyjama. J’enfile des bottillons et file en vitesse, détestant faire attendre les gens. Étonnamment, je ne mets pas plus de vingt minutes pour me rendre au point de rencontre. Je balais le restaurant des yeux et identifie assez rapidement le jeune homme que je dois rejoindre. C’est par derrière que je m’approche, posant délicatement mes mains contre ses épaules, me penchant par-dessus ces dernières pour poser un bisou contre sa joue. « Je t’ai manqué, mon mignon? » Un nouveau sourire se loge sur mes lèvres tandis que je contourne la table, prenant place devant lui, attrapant l’un des menus se trouvant sur la table. « Tu ne m’invites pas assez souvent, tu sais? Les tête à tête avec toi, ça me manque cruellement… » Tes joues se gonflent avant que tu éclates de rire. Il est vrai que tu aimes passer du temps avec lui et, malheureusement, ça arrive de moins en moins fréquemment.

Le regard de certains adultes me fixèrent, ils étaient sûrement en train de se dire que la personne que j'ai invitée ne va pas venir manger avec moi, et que je devais sans doute partir le plus vite possible pour ne pas avoir honte. De toute façon, j'ai envie de dire que tout le monde a déjà subi un lapin de la part d'une personne. Puis si elle ne venait pas, il y a une solution très simple, je mange tout seul et je paye moins cher donc dans tous les cas, je n'avais pas à avoir honte, c'est moi qui ai l'avantage sur le karma, mais il finira par me rattraper. Je sursaute légèrement lorsque je sens des mains se poser sur mes épaules et je frissonne lorsque je sens les lèvres de la jeune femme se poser sur ma joue. « Tu m'as beaucoup manqué ! Et moi ? Je t'ai manqué ? » Elle avait raison, les têtes à têtes avec moi ce n'était pas trop ça. Je suis pas mal occupé avec les cours, le championnat de basket, ce n'est pas simple. « Pardonne-moi, tu sais comment ça se passe avec le sport et les études... Ce n'est pas évident. » Je ne cherchais pas d'excuses, mais je ne voulais pas qu'elle pense que je l'a fuis pour je ne sais quelles raisons. « Prend tout ce que tu veux, c'est moi qui régale. » Je savais déjà ce que j'allais prendre, alors j'ai tout de suite appeler le serveur pour qu'il prenne ma commande et celui de la demoiselle.

Je suis soulagée de voir que je ne l’ai pas trop fait attendre. À voir les regards des gens autours, ils semblaient presque rassurés que le jeune homme ne soit plus seul. Jamais je ne lui aurais posé un lapin, sauf en cas d’extrême urgence, bien entendu. Il y a des limites à tout. « Mais bien sûr que tu m’as manqué, Sam. » Comment ne pas s’ennuyer de lui? C’était purement impossible. Je croise les jambes sous la table, ouvrant le menu pour le parcourir des yeux. C’est la première fois que je viens ici et je ne suis pas familière avec les plats qu’ils y servent, du coup, je préfère prendre mon temps, même si mon comparse semble déjà décidé. « Ne t’inquiètes pas, je comprends parfaitement. Je n’ai pas l’emploi du temps le plus libre non plus. » Étudier en médecine n’est pas toujours une partie de plaisir. Je me mordille distraitement la lèvre inférieure lorsque le serveur arrive à ma hauteur. Je lui demande tout simplement un verre d’eau pour commencer. Il me faut encore un peu de temps pour réfléchir. Je le laisse prendre la commande de mon ami, puis il repart. « Alors. » Je repose le menu devant moi, mais toujours ouvert, et le fixe. « Dis-moi ce qui se passe dans ta vie, en ce moment. J’ai l’impression de ne plus te connaître sur le bout de mes doigts! »

Un grand sourire s'affiche sur mes lèvres quand je l'entends dire que je lui ai manqué. C'est très difficile pour moi de me libérer pour aller la voir et je m'en veux un tout petit peu de la laisser de côté, mais elle sait que c'est pour mon bien, que c'est mon avenir qui est en jeu. Elle venait de confirmer qu'elle aussi, elle n'avait plus trop le temps à cause de son emploi du temps. Les études prennent beaucoup de place dans nos vies, mais c'est pour notre bien. J'avoue qu'on n'a pas besoin d'un diplôme pour devenir quelqu'un, mais on avait besoin d'un bagage afin de pouvoir être en sûreté plus tard. De toute façon, les gens sans diplômes parviennent à avoir un boulot stable qu'une personne avec un bout de papier dans la poche. « Je vais passer basketteur professionnel ! La classe n'est-ce pas ? Tu es avec la future star de demain. » Je souris légèrement. Je ne me vantais pas, je faisais de l'ironie, les médias parlaient beaucoup de moi en mal à cause des traitements que je prends à cause du diabète. Ils s'acharnent sur moi en disant que j'utilise des produits dopants, mais je leur réponds toujours aussi sèchement. « Et toi ma belle ? Tu réalises un de tes rêves ou pas du tout ? » Demandai-je en venant lui tirer l'une de ses joues. Ce qui est étrange, c'est que je suis toujours attiré par Sian pour une quelconque raison et je ne nie pas que cela me plaît fortement.

Ces sourires qu’il affiche, ça me réchauffe toujours le cœur. Sam, c’est l’une des personnes qui arrive si facilement à te remonter le moral seulement en souriant, en te disant des mots doux pour te rassurer. C’est un talent qui n’était pas donné à tout le monde et il semblerait que je sois bien tombée lorsque je me suis lié d’amitié avec Sam. Je tapes légèrement dans mes mains à ses mots, surprise mais à la fois tellement contente pour lui. « Tu vois! J’étais certaine que ça arriverait! » Je ne peux nier le talent du jeune homme. Au nombre de fois où je suis allée le voir, tant à ses matchs qu’à ses entraînements, ce serait mentir que de dire que Sam n’a pas un avenir prometteur. Le serveur revient et je commande finalement mon repas, ajoutant deux verres de vin à la commande. Le bout de mon nez se fronce lorsque le Neugdae tire ma joue, sur laquelle je pose ma main, comme pour dire qu’elle fait mal. « Il ne se passe pas grand-chose chez moi, en vrai… L’an prochain j’aurai un bout de papier en poche, mais je dois faire la résidence, si je veux devenir médecin… » Quel rêve, devenir médecin. Ça prend tout mon temps. Le serveur revient avec les coupes de vin. J’en prends une et la cogne doucement contre celle de mon ami, un léger sourire aux lèvres. « À ta future carrière! »

Nous trinquons à ma future carrière. J'espère pouvoir être l'un des meilleurs joueurs de mon pays et j'espère les représenter aux jeux olympiques ou même dans les championnats du monde. Il y en a que pour les États-Unis, la France, l'Espagne et j'en passe. On sous-estime trop notre pays, mais si jamais je pouvais réussir à être l'un des meilleurs avec mon coéquipier, Min Ki, on risque de faire très mal à ce genre d'équipe. Pour l'instant, mon entraîneur me dit d'éviter de prendre la grosse tête, car il y aura toujours plus fort que moi. Je vais faire en sorte de devenir encore plus fort pour devenir une machine, une bête, et sûrement que le championnat américain m'appellera afin de faire partie d'une équipe très puissante. Cependant, je ne vois pas ma vie en dehors de la Corée du Sud, je ne veux pas faire partie d'une compétition ou tout le monde recherche à être musclé au lieu de jouer au vrai basketball. Ils m'énervaient tous à vouloir faire le spectacle, mais le basket n'est pas qu'un spectacle, c'est quelque chose qui est fait pour s'amuser. Nous sommes sur le terrain pour donner de la joie aux supporters, mais aussi à nous, aux joueurs. « Tu seras mon médecin personnel ? Tu auras un salaire plus que raisonnable. » Lançai-je en souriant. Il est vrai que je ne vais pas laisser mon corps à un médecin que je ne connais pas plus que ça. Il faut que ce soit quelqu'un qui puisse me rassurer lorsque j'aurai des blessures et tous les problèmes ce qu'un sportif peut rencontrer.

Je trempe le bout de mes lèvres dans ma coupe, savourant distraitement le vin qui s’y trouve. Être médecin, c’est le rêve d’une vie. Je n’aurais pas pu choisir une autre vocation, un cursus qui aurait été moins demandant que celui-ci? Non pas que je n’en étais pas fière, au contraire. C’était élogieux de dire que j’étudiais en médecine. Les visages des gens quand je leur annonçais, ça n’avait pas de prix. Les questions qu’on pouvait me poser, aussi, c’était assez surprenant. Sian, tu pourrais m’écrire un billet, j’ai pas envie d’aller à mes cours. Tu pourrais me dire que ce j’ai? Pas envie d’aller attendre trois heures aux urgences. Ça ses bons et ses mauvais côtés, quoi. Les paroles de mon ami me font sourire une nouvelle fois tandis que je repose ma coupe sur la table, posant mon menton contre mes mains. « Que feras-tu si ce n’est pas moi, mh? Tu viendras tout de même me voir? » Le salaire ne m’importe pas vraiment. L’important, pour moi, c’est d’aimer le travail que je ferai et d’apprécier la clientèle qui fréquentera mon établissement. « Tu vas devoir attendre encore longtemps. Je ne pourrai pas te soigner avant d’être vraiment médecin. Sauf si c’est mineur, comme une entorse. À la rigueur, je pourrai te faire un bandage... » Une entorse, c’était ce qu’il y avait de plus simple à traiter, même en n’étant pas totalement qualifié. Je fronce le bout de mon nez encore une fois, un sourire espiègle collé au visage. « Je trouve que tu me fais un peu trop confiance, Sam. Je suis peut-être la pire des médecins en devenir. Tu devrais te méfier! »

Qu'est-ce que je ferai si elle n'est pas mon médecin ? Je risque de dire à la direction de mon club de basket que je veux Sian comme docteur. S'ils ne veulent pas, je ferai une grève afin de l'avoir. On ne plaisante pas avec la santé des joueurs et je trouve ça plus judicieux lorsque quelqu'un demande à avoir un médecin personnel. C'est mieux que de demander une augmentation de salaire. On pouvait se retrouver avec des millions de wons en poche, mais je ne pense pas que les personnes comprennent ce genre de truc. Ils pensent qu'un sport est simple et qu'on ne mérite pas d'avoir un salaire plus élevé. J'ai envie de dire aux internautes ou aux téléspectateurs que les joueurs sont là pour les divertir et gagner des compétitions qui sont très difficiles. S'ils veulent affronter des sportifs comme Michael Jordan ou LeBron James, que bien leur fasse, mais ils vont se faire rétamer. Nous ne sommes pas là pour les ramasser à la petite cuillère. Chaque compétiteurs essayent tant bien que mal de faire plaisir à ses supporters avant de penser à eux. « Évidemment que je viendrai te voir. Je ne suis pas aussi fou pour t'oublier. » Il est vrai que certains oublient les amis qu'ils ont connus durant l'université, mais ce n'est pas mon genre d'oublier quelqu'un que j'aime bien. « C'est déjà pas mal. Un bandage sauve la vie des chevilles et des autres membres qu'on peut avoir. » Je viens pincer sa joue en rigolant. Cependant, je fais une tête bizarre lorsqu'elle m'annonce qu'elle est peut-être le pire médecin que je vais rencontrer et je devrais me méfier d'elle. « J'ai suffisamment confiance en toi pour savoir que tu ne vas pas me faire du mal. » Je sais qu'elle se débrouillera. Après, ce n'est qu'une proposition pour son futur et si elle accepte, elle passera beaucoup plus de temps avec moi. J'attrape sa main et je lui souris légèrement. « De toute façon, nous verrons ce que le futur nous réserve ! »