Du haut de ses dix-huit ans, Jun Soo lève la tête face au grand bâtiment habillé de rouge lui donnant un léger air de Mario, tenue de travail obligatoire pour le livreur de pizza qu’il était à l’époque. Cela fait quelques années qu’il est à Séoul pour ses études en internat et bien qu’il n’ait pas de charge, le tatoué malgré son jeune âge avait besoin de ce job.  Dès qu’il fut en en âge de travailler, Jun Soo voulut marquer son indépendance, annoncer avec fierté qu’il pouvait subvenir à ses minimes besoin à cette époque sans l’aide financière d’un tiers, pouvoir payer ses voyages seul à présent et surtout, pouvoir nommer une expérience professionnelle sur son Curriculum Vitae qui servira d’ici la fin d’année scolaire étant donné qu’il ne souhaitait pas poursuivre ses études à l’époque. Il n’en voyait pas l’utilité et n’en avait nullement l’envie par ailleurs. Il voulait entrer dans la vie active, passer au niveau supérieur sans se faire chier avec ce qu’il qualifiait de futilité. Pourtant une année plus tard plus tard, il allait être contraint de changer de discours en suivant son demi-frère à l’université pour le surveiller, sur la demande de sa mère inquiète de le laisser partir seul. Surprise pour tous mais surtout pour lui, il trouvera une passion certaine pour les études de sport qu’il allait entamer au point de vouloir les poursuivre de son propre choix, déterminé à sortir de l’université avec un doctorat.

Pénétrant dans le bâtiment grâce à la porte entrouverte, le jeune homme se retournait arrivé à l’entrée pour vérifier qu’il a bien retirer les clés de son scooter minable sous peine de se faire taper sur les doigts en cas de vol avant de s’engouffrer à l’intérieur. Il montait les marches deux à deux, sportif depuis son plus jeune âge et d’autant plus qu’avec les pizzas gratuites qu’il avait maintenant, il craignant que cela freine sa prise de masse musculaire qu’il travaillait déjà. S’arrêtant à chaque étage car n’ayant pas cette information, il s’engageait dans chacun d’entre eux, scrutant avec attention chaque couloir à la recherche du numéro du client. Après de multiples échecs lui arrachant un léger soupire râleur, il finit par arriver au dernier étage un brin incertain. A ce moment-là, il n’y avait que trois solutions : soit ils se sont trompés dans l’adresse, soit il est aveugle ou alors il finira par trouver l’appartement en question. Après avoir vaguement analysé les numéros en parcourant le couloir, il tombait sur celui qu’il recherchait tant. Peu stressé car habitué depuis le temps qu’il est dans la boite et de nature très sociable au point à en venir presque à taper la discussion aux clients parfois, il sonnait à la porte, attendant patiemment de l’autre côté de cette dernière. Après quelques minutes d’attentes sans réponses, il sonnait à nouveau puis encore quelques minutes après, il frappait en prenant l’initiative de s’annoncer. « C’est le livreur de pizza. » Innocemment, il ne se doutait pas une seule seconde de toutes les péripéties qui l’attendaient dans l’appartement. Un moment qu’il n’oubliera jamais, même si par malheur il viendrait à jour à être atteint par la maladie d’Alzheimer.