Les lignes dansaient sur l'écran de l'ordinateur, noires et nombreuses. Je me laissai aller contre le dossier de ma chaise et coulai un regard autour de moi. Des étagères bourrées à craquer de livres, des étudiants silencieux et fantomatiques, des lumières vives … et ce calme extrême qui semblait peser sur chaque mètre carré du lieu. Je soupirai et passai les deux mains sur ma nuque. C'était la deuxième fois que je venais ici en l'espace d'une semaine, ce qui était un véritable record de ma part. Car si je n'aimais pas particulièrement le brouhaha assourdissant, je n'aimais pas plus son extrême, qui régnait en maître dans la bibliothèque. Un son, un éclat de rire ou même la musique étaient prohibés. Je reposai les yeux sur l'écran,sur lequel je venais de finir de taper le devoir pour lequel je m'étais exilé ici. Et puisque c'était terminé … Je sortis les écouteurs de ma veste et allumai la musique, qui vint réconforter des oreilles heurtées par un silence trop pesant. Les notes résonnèrent, envahirent ma tête tandis que je relisais chaque mot en essayant de porter un œil objectif sur une dissertation qui m'avait demandé plus de quatre heures. Il me fallut une demi heure de plus pour réellement en venir à bout et sauvegarder mon travail dans la machine. Libéré. Je m'apprêtai à refermer l'ordinateur pour le ranger dans ma sacoche quand je songeai à tumblr. Je n'étais pas un véritable adepte des réseaux sociaux. Après mon accident, mon facebook était quelque peu tombé dans l'oubli, de même que twitter que je n'utilisais que très rarement. Les seuls réseaux qui trouvaient grâce à mes yeux étaient instagram, sur lequel je postais parfois les clichés que je prenais, et tumblr, qui regorgeaient d'artistes. Mon doigt parcourut le pavé tactile et je me connectai au site. Il envahit l'écran, de même que les nombreux posts mis en ligne par ceux que je suivais. Sous le couvert de l’anonymat, tumblr était l'un des seuls sites sur lesquels j'échangeais véritablement. Je parcourus les photos qui s'étalaient dans la colonne blanche et m'immobilisai sur l'une d'entre elles. Une citation y avait été notée, pour mettre en avant un sujet qui me tenait particulièrement à cœur. La liberté. Celle que j'avais eu la sensation de perdre il y a plusieurs mois et pour laquelle je me battais, peut-être trop farouchement, contre tous ceux qui pourraient la menacer. Je fis courir la souris sur le bouton reblog et songeai aussitôt à lui. Quoique ... je ne faisais que supposer qu'il puisse être un homme, mais il pouvait tout aussi bien s'agir d'une femme. Il n'était qu'un pseudonyme, une personne rencontrée par le biais d'une photo et avec lequel je ne conversais que sous ces dernières. Liberté, animaux, mécanique, tout était sujet à débat.

@pseudo Toi qui aime discuter liberté, voilà une citation qui devrait te plaire. Et je vais te donner de quoi réfléchir en ajoutant ce que j'en pense.

La liberté n'est-elle réellement que la capacité de choisir ? J'en doute. Car, même lorsqu'on choisit une route en espérant pouvoir se sentir libre, le monde, les gens, la famille, tout ceux qui t'entourent semblent représenter un danger. Peut-on réellement être libre lorsque les autres attendent de toi un certain comportement, une certaine éthique, attendent de toi que tu respectes des règles établies ?

D'autre part, la liberté n'est-elle réellement synonyme que de mouvement et de choix de vie ? N'est-elle pas aussi psychologique ? Peut-on réellement choisir d'être libre quand les sentiments naissent malgré et contre toi ?

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En vérité, je me moquais de la personne qui se trouvait derrière l'écran. Je n'avais pas l'intention de la rencontrer, ni même de lui donner plus que quelques pensées. J'aimais simplement discuter, car ses idées, ses commentaires étaient toujours pertinents. Et, puisqu'il était un inconnu, ce moyen de communiquer me donnait l'occasion de réfléchir sur mes craintes, mes blocages et cette recherche de liberté qui m'éloignait des autres. Ce n'était pas tant ma liberté de mouvement que je protégeai mais celle d'un cœur que je ne contrôlais pas et qui m'effrayait plus que tout le reste. Des choses que je ne pouvais pas admettre et sur lesquelles je ne pouvais réfléchir que par le biais de citations et de photographies de manière anonyme. J'étirai ma nuque en baissant la tête, puis décidai d'aller chercher un café serré avant de continuer mon exploration avant de mettre les voiles et de rejoindre l'extérieur. Je me dirigeai vers la machine à café sans quitter des yeux les affaires que je laissai derrière moi, animé par un mélange de méfiance et de prudence. La pièce coulissa, tomba et le verre apparut avant de se remplir progressivement d'un café chaud et odorant. Mes doigts s'enroulèrent aussitôt autour du gobelet en carton et je me retournai, prêt à regagner ma table. Une silhouette familière attira néanmoins momentanément mon regard. Mais je connaissais mal cette fille aux cheveux courts et à l'allure de rockeuse et le peu que je connaissais d'elle ne m'enjoignait guère à vouloir creuser sa personnalité. Très grande amie de Wook, les rares rencontres qui avaient été les nôtres s'étaient toujours vues rythmées par des conversations piquées. Au final, nous n'étions tout simplement pas fait pour nous entendre. Une salutation était, de ce fait, totalement exclue de ma part. Sans plus un regard pour elle, je rejoignis ma table.

Ninah trainait comme à son habitude dans l’université. Aujourd’hui, elle avait décidé de sécher ses cours de philosophie. Elle avait, la veille, fait la fête dans la chambre de quelqu’un qu’elle ne connaissant même pas, et était rentré beaucoup trop tard. De ce fait, elle n’avait pas eu le temps de finir le petit extrait d’un texte qu’elle avait reçu de son prof la semaine d’avant. Et donc, cela ne servait absolument à rien qu’elle assiste au cours si elle n’avait pas de matière à comprendre son contenue. Elle était comme ça. Ninah n’aimait pas faire semblant. Puis elle adorait ce professeur. Il était ouvert d’esprit et il était agréable de discuter et débattre avec lui pendant le cours. Il était petit, joufflu, et portait des petites lunettes rondes noires, lui donnait un petit côté de savant fou. Ninah n’avait jamais vraiment aimé les cours.  Au Japon, aucun cours, ni aucun exercice ne demandait de penser par soir même. Peu de rédaction, pas de dissertation et encore moins de débat sur quelques sujets que ce soit. Chaque jour, chaque cours et chaque contrôle étaient respectivement du grattage toute la journée, des paragraphes à apprendre par cœur et des tests QCM. Une scolarité barbante qui avait tout a envié à celle occidentale ou tous les autres pays d’Asie. Elle haïssait ce pays. Sa mère y avait été pour beaucoup. Effectivement, sa mère l’avait toujours forcé à avoir de bonnes notes lors de ses contrôles, sinon quoi elle se faisait réprimander très sévèrement. Il fallait toujours qu’elle fasse ceci, ou cela, selon le bon vouloir de sa mère. Elle était certaine qu’elle ne l’avait jamais aimé. Elle non plus, donc bon, peu importe.

La jeune demoiselle commençait à un peu culpabiliser de ne pas avoir assisté à son cours. Alors elle envoya un message à un de ses camarades pour lui demander le sujet du cours auquel elle n’assistait pas. Elle sourit en voyant « La Liberté. ». Elle avait vu en long et en travers ce sujet en cours, que ce soit au lycée et à l’université, mais elle s’en voulait énormément de ne pas écouter ce que ce bon joufflu avait à dire à ce sujet. Comme pour se punir elle-même, Ninah décida d’aller bouquiner dans la bibliothèque pour réfléchir seule sur le sujet. Enfin, punition qui n’en était pas une, sachant qu’elle adorait cela. Mais elle se voyait mal arriver au cours avec 30 minutes de retard. Elle entra dans la bibliothèque dans un grand fracas, faisant froncer les sourcils à la gardienne de cet endroit majestueux. Elle leva les yeux au ciel et se mit à zigzaguer entre les rayons à la recherche d’une table au calme. Elle passa devant plusieurs bureaux prit par des étudiants bosseurs, avec des piles de livres qui touchaient le plafond, comme des étudiants flâneurs, qui dormaient ou jouaient aux cartes.

Ninah regardait à droit à gauche jusqu’à ce que son regard tombe sur celui qui avec qui elle se chamaillait tout le temps. Comment il s’appelait déjà ? « Je ra » ? « Je » quelque chose. Peu importe. La seule chose qu’elle savait c’était qu’il était ami avec Wook, mais que tous les deux c’était assez tendu. Ne voyant aucune réaction de sa part, elle lui fit un sourire forcé, pour se moquer, comme à son habitude. Puis, par chance, elle trouva une petite table abandonné, proche d’une grande fenêtre, vers laquelle elle se précipita. Une fois installée, elle alluma son ordinateur, mit ses écouteurs et commença ses recherches sur le sujet.

La demoiselle vagabonda sur les ressources universitaires qu’elle avait à disposition. Après avoir mit de côté plusieurs références, elle se rendit sur Tumblr pour voir ce qu’elle pourrait y trouver. Ce n’était pas une plate-forme, dite «de recherche » mais il lui était plusieurs fois arrivé de trouver des choses intéressantes qui portait au débat. Et effectivement, c’était une fois encore son partenaire de débat tumblurien qui lui apporta le début d’une réflexion intéressante. Par un hasard fou, aujourd’hui il avait fallu qu’il lui parle de liberté. C’est alors sans réellement y penser qu’elle lui répondit à froid.

Ninah attendit, avec une legère excitation inconnue, comme à chaque fois qu'elle correspondait avec cet inconnu. Cela avait un certain charme indescriptible.

Des ridules vieillirent le liquide sombre lorsque je posais mon café sur la table, les yeux rivés sur un écran d'ordinateur encore allumé. J'en oubliais le sourire sardonique de cette fille, une image éphémère effacée par l'anticipation. Qu'allait-il répondre ? Et trouverais-je dans ses mots une vérité qui pourrait apaiser quelque peu les pensées furieuses qui tourbillonnaient dans ma tête ? J'aurais dû partir. L'air frais me manquait, de même que le soleil que je voyais luire derrière les grandes vitres de la bibliothèque. Une part de moi aurait aimé craquer devant ce désir primaire. Mais la seconde … la seconde était prisonnière. Des interrogations. Des trouées d'ombre dans un passé pesant. Des hésitations qui jalonnaient encore ma route. Du manque de confiance qui me paralysait plus sûrement que ces crises qui m'étouffaient lorsque je m'y attendais le moins. Je tirais la chaise et m'assis devant l'écran, en sachant pourtant pertinemment qu'il pouvait aussi bien répondre dans deux heures que dans deux jours. S'il était rapide, il n'était cependant pas plus collé que moi à son internet. Nos vies ne se résumaient pas à un message, ni même à une question. Mes doigts coulèrent sur le pavé tactile, et je fis défiler la page, imprégnant sur ma rétine des clichés sur mille et un sujet différent. Dont celui qui m'horripilait le plus. Le cynisme poignarda mon cœur et les fantômes voilèrent mon regard. Je m'apprêtais à fermer la fenêtre quand un minuscule un s'accrocha à la petite maison bleue, en haut à droite. Je cliquais pour découvrir sa réponse. A l'image d'un débat philosophique, Rocky avait prit une voie opposée, afin d'apporter une touche de lumière sur l'opinion contraire. Je m'adossais à la chaise, peu convaincu. Mais c'était ce que j'appréciais dans nos échanges. Le fait de ne pas être convaincu. Le fait de pouvoir en discuter, ou encore celui de développer ma propre manière de pensée. Je ne changeais pas toujours d'avis mais parfois, un pan d'ombre inattendu s'éclairait dans ma tête. Je réfléchis quelques secondes puis laissai de nouveau courir mes doigts sur le clavier.

@RockingAss Parfois, j'ai tout autant l'impression d'avoir soixante ans que quinze ans. Parfois, je me dis même que l'âge n'est qu'une option abstraite. Le temps n'est-il pas, après tout, une constante établie par l'homme pour définir ce qui ne l'est pas ? Mais oui je suis étudiant. Tout simplement parce que j'estime qu'il ne se passe pas une seconde sans que nous n'étudions.

Comme cette notion de liberté. Certes, tout choix correspond à une liberté. Mais la réalité est-elle aussi triviale ? La liberté ne se résume t-elle qu'à une croisée de chemin? Faut-il absolument choisir d'aller à gauche ou à droite ? Choisir de rester immobile ? Ne peut-on pas fermer les yeux et effacer toute trace de chemin pour ne voir qu'une vaste prairie sans frontière ni route délimitée ? J'observerais alors l'herbe danser sous le souffle du vent, sans me demander s'il faut aller d'un côté de l'autre car toute l'immensité serait possible.

J'ai certes l'impression d'être nébuleux dans une pensée que je ne parviens pas à définir. Néanmoins, je pense qu'effectivement, dans ce monde, dans notre réalité, il n'est pas possible d'être totalement libre. La liberté n'est en effet qu'une prise de choix ici bas. Choisir d'être dans un moule, choisir l'originalité, choisir le célibat comme choisir de souffrir si le cœur va à l'encontre de nos désirs les plus chers. La tête et le cœur, la société et l'individualité. Tous ces concepts se contredisent. Notre liberté s'arrête à nos choix car nous ne pouvons pas aller plus loin dans notre recherche de liberté. La seule question qui demeure est … est-ce réellement une liberté ? N'est-ce pas plutôt un simulacre de liberté ?

Je ne dirais donc pas qu'elle n'existe pas. Je dirais simplement qu'elle n'est pas totale. Elle est à mi chemin. Comme dans l'entre deux. Ainsi, dire être libre n'est pas totalement la vérité. Nous sommes quelque part assujettis à une loi universelle qu'il est impossible de contourner.

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Je terminai et envoyai sans même me relire. Un mal de tête menaçait de dilater mes pupilles. Je coulai les mains dans mes cheveux et finis par lire les quelques lignes répondus. Que c'était nébuleux ! Mais comment traduire une pensée qui m'était venue instinctivement ?

La jeune Ninah se sentait comme une grande philosophe ici. Elle était dans son monde à débattre des fondements de la vie et de la philosophie elle-même. Elle ne regrettait pas d'avoir plus ou moins volontèrement séché les cours d'aujourd'hui. C'était tellement plus interessant de discuter avec une personne réelle, plutôt que de regarder un professeur qui ne parle que de théorie et que veut qu'on acquiesce à chacune de ses thèse.  
De plus, comme d'habitude lors de ces débats avec @BigBadWolf, elle aimait arriver sur le tas sans rien préparer et sortir tout ce qui lui venait de sa petite caboche. Elle aimait le concret, le vrai, ce que pouvait ressentir le commun des mortels, et non ces nobles scientifiques qui étaient nés pour écrire des essais. Ninah, n'était née que pour faire chier son monde. Tout simplement. Elle prit son ordinateur, après avoir regardé longuement par la fenêtre, et répondit à son penpal.

@BigBadWolf Dans le cas où l'on fermerait les yeux, pour moi, ce serait comme atteindre une certaine phase de nirvana. De ce fait, on ne se rendrait pas "libre" mais plutôt insensible à notre condition d'homme pas libre. On omettrait juste cette partie de nous, qui sera tout de même là, sans qu'on ne daigne y penser, ni lui donner une place dans notre vie. C'est pour cela que je te rejoinds TOTALEMENT dans le schéma que tu viens d'énoncer: le fait que la réalité est ambivalence. N'existe-t-elle pas? Est-elle juste une illusion? Un moyen de se justifier lorsque l'on fait ou ne fait pas quelque chose?

Raaah, que c'est plaisant d'enfin discuter avec quelqu'un sur ces points!! Je suis habituée à avoir en face de moi des gens complétement fermés, qui préfère répondre par oui ou par non.

Mais sinon, pas mal comme détournement de question à propos de l'âge, j'aime beaucoup. En effet, pour moi le temps n'est qu'une rêgle créé par l'homme pour se définir et se forger une identité. Si le temps et la détermination des âges n'existaient pas, serions-nous tous similaires aux personnes que nous sommes aujourd'hui?  Je veux dire par là, que si le découpage temporel n'existait pas, serait-il possible que pendant nos 5 premières années de vie, nous verrions un désir de construire une famille comme on est sensée l'avoir beaucoup plus tard dans notre vie "normale". Ou a l'inverse, si le découpage des âges n'existait pas, serait-il possible qu'une dame d'un certain âge veuille passer ses journées en robe de princesse ou à jouer à la crèche? J'exagère bien évidemment, mais c'est tout de même fou de voir à quel point le fait d'avoir tel ou tel âge, de se trouver dans telle ou telle periode de la vie, notre entourage et la société nous fait dire, nous fait penser et nous fait vouloir des choses précises qu'à un autre âge nous ne voudrions pas. Le temps et l'âge nous catégorise. Qu'en penses-tu?

Tu disais aussi que l'on apprenait tous les jours, je suis d'accord! En parlant de ça, serais-tu du genre à plutôt penser qu'une éducation académique sans mise à l'épreuve est plus importante qu'une vie d'expérience culturelle sans n'avoir jamais mis le pied à l'école? ou bien le contraire?

Je pense que notre savoir est basé sur les deux. Mais si l'on devait trancher, je dirais que ce qui nous construit ce sont nos expériences et nos inexpériences, et non de savoir quel Empereur est mort à quelle date et tout le tralala!

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Ninah envoya son poste avec vigueur. Puis, se dirigea vers le distributeur. Elle s'offrit un grand paquet de bonbons gélatinneux piquants. Elle aurait bien voulu que @BigBadWolf soit là en personne pour voir ses réactions, ses façons de faire, de parler, mais pour aussi savoir à quoi il ressemblait. Mais le fait que le mystère perdurait était aussi ce qu'elle voulait garder.

Je me relevai, victime d'une hyperactivité temporaire, et m'approchai de la fenêtre pour couler un regard à l'extérieur. La liberté … C'était un sujet intéressant. Les bras croisés sur mon torse, je me laissai distraire quelques secondes par les mouvements des gens à l'extérieur. Une erreur. Car, lorsque je me retournais enfin, je vis un imbécile au visage bien trop familier se tenir derrière mon ordinateur. D'un pas souple, je le rejoignis. Il leva les yeux au moment où je m'approchai de sa chaise et, comme pris en faute, se décala sur celle d'à côté avec une vivacité qui aurait pu m'apparaître amusante si je n'étais pas en proie à la méfiance. « Qu'est-ce que tu as fait encore ? » « Je lisais ta conversation barb … enfin un peu trop sérieuse. Ta correspondante, elle ressemble à une fille. Je lui ai demandé son numéro de téléphone. » Je serrai les dents, en proie à une inexplicable colère. Ce … D'un geste, je claquai l'arrière de sa tête avant de siffler entre mes dents. « Crois moi, un jour je vais te tuer. » grognai-je en reprenant place devant mon tumblr.  Son message venait d'être tapé, mais puisqu'il était derrière son ordinateur, il y avait de bonnes chances qu'il l'ait déjà lu. Retenant un juron, je laissai voguer mes doigts sur les touches.

@RockingAssOublie ce qui vient d'être écrit précédemment. Celui que j'appelai jusqu'ici un ami a cru bon de violer la liberté individuelle pour servir la sienne. Encore un contraste qui serait intéressant à creuser dans un domaine sur lequel il n'est visiblement pas apte à méditer. Je m'excuse à sa place pour son humour douteux.

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J'envoyais ce court message dans la stratosphère et coulai un regard noir à mon voisin qui leva les mains en signe d'excuse.  « Je sais, je sais … je n'aurais pas dû y toucher. Mais j'espérais vraiment que ce soit une fille. Pour une fois que tu t'entends bien avec quelqu'un qui parle le même jargon bizarre que toi. Quoique d'ailleurs, depuis quand es tu aussi porté sur la philosophie ? »  « Va t'en … avant que je ne me fasse arrêter pour meurtre. » sifflai-je entre mes dents. Il dû comprendre, car il attrapa son sac et se leva prestement. « Bien, bien je te laisse philosopher. Mais n'oublie pas de venir ce soir. » Il me fit un geste de la main, auquel je ne répondis que par une grimace avant de me concentrer à nouveau sur la réponse qui m'avait été donné avant que cet « imbécile » ne vienne s'en mêler.

@RockingAssJe comprends et visualise fort bien ce que tu veux dire, d'autant plus après cet incident. Car l'homme qui vient de t'écrire en pensant, à tort ou à raison, que tu puisses être une femme s'est rendu coupable de cette réaction fermée qui rend impossible toute discussion construite de ce genre. Et d'ailleurs, encore une fois, je prends cette -fameuse- liberté de m'excuser à sa place.

Malheureusement, et même si le temps est une notion triviale, il semble indispensable à notre condition d'homme. Si l'on raisonnait au niveau des âmes, que la religion, les croyances, et même la science maintenant reconnaissent exister, alors oui le temps ne serait pas. Mais en vérité, nos âges non plus. J'irais plus loin en disant que toute notre vie semblerait aussi éternelle que brève. De fait, vouloir fonder une famille, grandir, mûrir sont aussi des notions triviales propres à l'être humain, car indissociables à cette idée de temps qui s'écoule. Si le temps n'existait pas, ce genre de considération non plus. On se contenterait de traverser l'espace et le temps. Mais c'est un sujet complexe, sur lequel j'ai du mal à poser une argumentation précise tant c'est trouble.  

En revanche, je suis parfaitement d'accord sur le fait que le temps nous catégorise. C'est d'ailleurs le jugement qui nous pousse à adopter telle ou telle tradition. Si tu ne te maries pas à trente ans, ça devient aussi problématique qu'une personne âgée déguisée. La société nous force à correspondre à des codes pré décidé par nos âges et toute personne osant être différente est alors jugée par cette même société. De fait, la liberté n'existe plus, à moins d'apparaître comme un rebelle. C'est un soucis que j'expérimente dans ma vie de tous les jours, tant j'ai du mal à me conformer à certains codes.

Quand à celui de l'éducation … en vérité, je pense que les deux se valent. Certains préféreront et apprendront mieux chez eux, quand d'autres se sentiront plus à l'aise sur les bancs de l'école ou de l'université. On devrait être tous à même de choisir ce qui correspond le mieux à nos vies et à nos personnalités. Mais si tu me demandes de faire un choix personnel, je te rejoins. Je pense qu'une expérience culturelle, une expérience de la vie est plus importante. Car c'est elle qui apprend à être humain et non à être une machine répondant aux besoins de cette même société. Je n'ai pour autant pas un avis tranché, et je stigmatise simplement pour illustrer ma pensée. Bien évidemment, la réalité est toujours moins simple que les mots.

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