Sur scène en train de chanter, le public m'applaudit. L'ambiance et à son plus haut degré, je vis mon rêve. Dans les coulisses, je vois ma mère qui me sourit comme-ci sa maladie ne l'affectait plus. Tous mes amis sont venus pour me voir, mais soudain une sonnerie retentit.

J'ouvre doucement les yeux et je me gratte la tête, c'est en réalité la fin des cours et la sonnerie vient de retentir pour me ramener des bras de Morphée. Je m'étire les bras et je baye bruyamment.

Un gars de la classe me tapote sur l'épaule.

Allez Min Ki, on a fini les cours pour aujourd'hui.

Je lui souris.

Oui, j'arrive.

Je me lève de ma chaise et je récupère mes affaires, on marche en discutant.

Oh faite ce soir il y a une soirée chez Kwan ça te dit ?

Je hoche la tête, je n'ai pas le boulot ce soir ça tombe bien.

Bien sûr que ça me dit, c'est à quelle heure ?

C'est tout enthousiaste que je le tape légèrement sur l'épaule.

À 21 h

Ok, je viendrais sans faute.

Bon, je te laisse à tout à l'heure.

Pas de soucis.

Il s'en va comme ci de rien était, puis je marche dans les couloirs. En attendant la soirée, je vais aller jouer aux jeux vidéo, je sors mes écouteurs et j'écoute de la musique sur mon baladeur. Puis j'avance dans les couloirs, quand soudain, je suis intrigué par quelque chose qui m'arrête dans mon élan. Une fille est en train d'être prise à part par un groupe d'autres filles, j'enlève mon baladeur et je m'approche pour voir ce qui se passe.

Ses filles sont en train de se moquer de la fille seule, je sors enfin de ma cachette quand une des filles de la bande va pour lever la main sur celle qui a été prise à part. J'arrête son geste avec beaucoup de force, mais pas assez pour lui faire mal, Juste lui faire comprendre qu'elle doit se calmer tout de suite.

Il se passe quoi ici ?

Elle me regarde toutes, prise en plein flag, je regarde la fille qui allait frapper.

Tu joues à un jeu ? Mais elle n'a pas l'air de jouer à ce genre de jeux, tu devrais peut-être éviter.

J'enlève ma main qui la retenait en souriant.

Min Ki ? Qu'est-ce que tu fais par ici ?

Eh bien, je passais dans le coin, je vous ai vue toutes agglutiner là, tel une réunion de tupperware. Je me suis dit qu'il y avait peut-être quelque chose d'intéressant, mais à ce que je vois enfaîte vous brutaliser juste une fille qui n'a rien demandé à personne.

Elle sourit gêner

On ne la brutalisait pas, comme tu la dis plus tôt, on jouait à un jeu.

Je souris comme si je la croyais.

Ah bon ? C'est quoi le jeu alors ?

On... on était en train de deviner de quelle couleur étaient ses yeux et on en a conclu qu'ils étaient verrons.

Je regarde la fille en question, c'est de ça qu'elles se moquaient alors. Je regarde de nouveau les filles de cette bande, je rigole.

Je vois, je vois, c'est beau comme couleur n'est-ce pas ?

Elle me regarde surprise, j'en étais sur, c'était ça.

Min Ki, tu n'es pas drôle.

Bah quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?

Elles s'en vont l'air vraiment mécontentes, je me retourne vers la fille en question.

Ça va ? Elles ne t'ont pas blessé ?

Je la regarde de partout pour voir s'il y a une trace de blessures. Je déteste les gens qui brutalise les autres qui ne leur on rien demander. Une fois que je me suis assuré qu'elle n'a rien, je la regarde attentivement, c'est vrai que ses yeux sont surprenants au début, mais ils sont beaux, je lui fais un grand sourire.

Tu t'appelles comment ? Moi s'est Min Ki, enchanté.

© CHARNEY

Attentive et dressée sur sa chaise, Eun Mi ne perd pas une miette de ce que dit son professeur. Elle boit presque ses paroles. Puis lorsque la cloche retentit, annonçant la fin du cours, et de la journée par la même occasion, elle se sent presque déçue. Elle range ses affaires sans grande conviction et se dirige mollement vers la porte de la salle de classe. Un dernier regard à la pièce, comme si cela pouvait rallonger un peu plus ce cours qu’elle trouvait si passionnant, mais rien. Alors elle passe la porte et vagabonde dans les couloirs avant de rentrer à son dortoir. Elle marchait sans vraiment faire attention, elle aurait dû. Une bande de fille qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam l’encercle rapidement. Coincée au milieu de ces prédatrices elle ne dit rien, appréhendant leurs moindres mouvements. Après tout ça se passait toujours comme ça, non ? Des inconnus qui attaquent le personnage principal, alors il attend patiemment que l’un d’eux fasse le moindre mouvement pour répliquer et lui donner un coup bien placé qui terrassera son ennemi. Mais pour Eun Mi, la réalité est toute autre. Jamais elle ne sera capable de s’en prendre à quelqu’un, même s’il faut pour ça qu’elle se défende. Depuis toute petite, ses frères sont toujours venus la défendre, mais aujourd’hui ils ne sont pas là. Elle les écoute sans vraiment prêter attention, encore une fois, ses yeux sont la cible des moqueries. Elle déteste être née ainsi. Elle aurait dû mettre une lentille aujourd’hui, mais son cousin, Toma, lui rappelle sans cesse que c’est une chose dont il faut être fière, alors elle le croit. Et à chaque fois c’est la même chose, rien ne change. Les étudiants sont toujours les premiers à rire de cette anomalie génétique, la rendant d’autant plus honteuse de ce regard de monstre. Elles prennent des photos en lui relevant le visage et Eun Mi se laisse faire, après tout que peut-elle dire ? Elle laisse la tristesse l’envahir alors qu’elle est encore une fois comparée à une erreur de la nature. On lui dit qu’elle ne devrait pas être ici, que sa place est dans un cirque, que ses parents ont surement dû l’adopter. Et elle a beau entendre ce brimades depuis son plus jeune âge, elle n’en est pas moins triste de les entendre encore et encore. Sa famille lui avait bien dit de se blinder, de ne pas écouter les idioties des jaloux. « Ils n’auront jamais un aussi beau regard ! N’écoute pas les personnes qui rêveraient d’avoir les mêmes yeux que toi, ils essaient seulement de paraître aussi intéressants que toi ! » disait sa mère.

Elle ne pleurera pas. Ça non, verser des larmes pour ce genre de choses ne l’avancerait à rien, mais Eun Mi est bien trop gentille, même si ses joues ne sont pas mouillées, la tristesse s’empare d’elle quand même. Elle se prépare à recevoir un coup lorsqu’elle voit la main de l’une de ses harceleuse se lever, mais le coup ne tombe pas. Elle lève les yeux timidement et découvre un étudiant tenant fermement le bras de la jeune fille. Mais pourquoi vient-il l’aider ? Elle a beau détailler son visage, elle ne le connait pas non plus. Par contre eux semblent se connaitre. Elle écoute leur échange en se demandant bien s’il est là pour effectivement l’aider ou seulement revendiquer sa part du gâteau. Mais à son grand soulagement, il les mets en fuite et elle les regarde s’éloigner en pestant contre cet étudiant qui venait de l’aider. La jeune coréenne reporte son attention sur son sauveur alors qu’il lui demande si tout va bien. Quelle question ! Il est intervenu avant qu’elles n’aient eu le temps de quoique ce soit. Puis sans attendre sa réponse, il la scrute sous toutes les coutures, à la recherche d’une éventuelle blessure. Et elle ne peut s’empêcher de laisser échapper sa frustration « Yah ! ». Eun Mi n’est pas le genre de personne très tactile, et encore moins lorsqu’il s’agit d’un inconnu. Puis il se présente enfin, plantant ses yeux dans ceux d’Eun Mi. Mais elle n’a pas vraiment envie de donner son nom ce Min Ki. Tout ce qu’elle souhaite à présent, c’est de retourner dans sa petite chambre et se plonger dans un livre. « Je n’avais pas besoin d’aide ! ». Pour la première fois, la coréenne en oublie les bonnes manières et se retourne soudainement pour s’éloigner du lieu qui gardera la trace de cette agression puérile.

© CHARNEY

Cette jeune fille était seule face à cette bande, je me devais de l'aider. Je ne supporte pas la méchanceté gratuite comme ça. Même quand je faisais partie de ma bande, on ne s'en prenait pas à des personnes ne pouvant pas se défendre.

Une fois que les filles de la bande partent, je me tourne vers la victime de ses moqueries. M'assurant qu'elle n'a pas de blessure ou autres, ce à quoi elle proteste. Elle finit même par me dire qu'elle n'avait pas besoin d'aide, tout en commençant à partir, ce qui me fait rire. Je la rejoins en trottinant et je la regarde.

Ah bon ? Pourtant, tu n'avais pas l'air en bonne posture tout à l'heure.

Je sens déjà le genre de regard qu'elle va me faire, du coup, je lève les bras en l'air.

Ça va ça va, fais comme ci j'avais rien dit.

Je rie légèrement, puis je la regarde, cette mésaventure a l'air de l'avoir un peu atteint malgré ce qu'elle essaye de montrer. Je me mets soudain devant elle, la faisant s'arrêter d'un coup, je fais un grand sourire et je la montre du doigt.

Tu vas devoir me suivre et interdiction de partir.

Je la prends par les épaules fermement pour qu'elle ne puisse pas fuir et je l'emmène avec moi. Je vais l'emmener dans un endroit où j'ai l'habitude d'aller.
Je marche toujours avec elle qui essaye de revendiquer, mais je marche en étant très enthousiaste sans prêter attention à son mécontentement, les gens nous regardent d'ailleurs bizarrement.

On arrive enfin à destination, mon sourire s'agrandit quand je vois l'établissement, c'est un petit café bien sympa. Mais ce n'est pas qu'un simple café, celle qui le tient et la femme de mon mentor. Nombre de fois où je suis venue ici, l'endroit et si chaleureux qu'une fois qu'on le connaît, on est obligé de revenir, je la regarde.

Cet endroit est top pour reprendre du peps.

Je souris en regardant devant moi, les souvenirs me reviennent. C'était au moment ou mon mentor me remettait dans le droit chemin, je protestai, mais lui m’emmenais ici quand même. Nous entrons et une dame un peu âgée nous accueille avec un grand sourire. J'en profite pour lâcher la fille qui se trouve à côté de moi.

Min Ki, petit ingrat ça fait combien de semaines que tu n'es pas venue ? 

Elle me tape sur la tête avec un journal, je baisse un peu la tête.

Oui, oui, excuse-moi Yumi, j'ai été assez occupé ses temps-ci.

Elle tourne la tête vers la jeune fille et me regarde.

Tu nous as ramené une nouvelle amie ?

Je hoche la tête.

Oui, tu peux lui faire ton meilleure gâteau ?

Bien sûr, bien sûr.

Elle regarde la fille.

Enchantée, je m'appelle Yumi, j'espère que cet ingrat ne t'en fait pas trop voir de toutes les couleurs ?

Hey, je suis à coter !

Je rigole à sa façon de faire, le '' je m'en fous de ce que tu me dis '' je regarde la fille.

Aller viens.

Je la traîne à une table et je la regarde.

Mange tout ce que tu veux, je t'y offre ! Après l'effort, le réconfort !

Yumi revient plutôt vite avec le gâteau et s'assoit à côté de la fille.

Oh faite, je viens de remarquer tes magnifiques yeux, c'est verrons, c'est ça ?

Mince, le questionnaire Yumi est enclenché, j'y ai eu le droit moi aussi quand je suis arrivé ici.

Tu t'appelles comment ? Mange autant que tu veux surtout, dis-moi ce que tu penses de mon gâteau.

Tu vas voir, il est super bon !

Je vais pour me prendre une part, mais elle me tape sur la main, je prends ma tête de chien battu.

Pourquoi Yumi ? J'en veux moi aussi.

Je le dis haut et fort, je veux une part, mais elle m'ignore totalement. Je finis par en récupérer une quand elle détourne son attention pour parler avec la nouvelle venue ici. Je mange et mes yeux pétillent de joie, c'est si bon, j'adore vraiment, ça m'avait trop manqué.

© CHARNEY

Elle essaie de s’éloigner de lui et de ces filles afin de regagner son dortoir. Se plonger dans un bon livre lui fera le plus grand bien, et elle pourra à nouveau s’imaginer vivre des aventures extraordinaires dans lesquelles elle sera capable de se défendre seule à la manière d’une héroïne. Mais apparemment son nouvel opposant est coriace. Il se met juste en face d’elle, bloquant ainsi son ascension. Elle tente un regard énervé, comme si cela pouvait suffire à le faire bouger, mais pour toute réponse il lève les mains à la manière d’une personne en joug. « Tu vas devoir me suivre et interdiction de partir. » Et puis quoi encore ? Comme si elle avait envie de le suivre, elle a mieux à faire et ne compte en aucun cas se laisser dicter quoique ce soit par cet énergumène. Eun Mi sourit intérieurement, si seulement elle avait pu réagir de cette façon face à ce groupe de pimbêche ! Et quelques secondes seulement après avoir pensé cela, elle se mord déjà la joue, les critiques et les insultes ce n’est pas son truc. Elle pense alors le contourner pour reprendre son chemin, mais c’était sans compter sur l’obstination du coréen qui attrape ses frêles épaules pour la guider vers une autre destination. À chaque personne qu’ils croisent ainsi et qui les dévisage, elle a envie de se cacher. Mais elle se laisse entraînée comme un pantin jusqu’à cette fameuse destination mystère. Lorsqu’il s’arrête devant un café elle lève les yeux et détaille le bâtiment. Il ne paie pas de mine, mais il semble chaleureux. La jeune coréenne n’est pas à l’aise, qu’y a-t-il dans ce café qui lui vaille à ce point d’être traînée de force par un inconnu ? Lui en revanche semble satisfait, il lui offre un grand sourire en lui promettant que l’endroit lui permettra de reprendre du poil de la bête. Au fond, elle s’en fiche un peu, tout ce qu’elle veut elle c’est qu’on la laisse tranquille, et elle oubliera volontiers ce moment désagréable comme la mer balaie les dessins sur le sable.

Sans grande conviction, elle se laisse de nouveau entrainée et passe la porte en découvrant une dame au visage quelque peu marqué par le temps qui interrompt son geste pour venir accueillir les nouveaux arrivants. Elle regarde en pouffant les deux se chamailler comme des enfants, et lorsque la doyenne lui demande s’il n’est pas trop ennuyant avec elle, elle secoue la tête vigoureusement. Son enthousiasme ne s’arrête apparemment jamais puisque de nouveau il l’entraine vers une table à laquelle ils prennent place. Mais que cherche-t-il ? Même si la gérante des lieux semble être adorable, elle n’arrive pas à comprendre pourquoi elle se fait trainer de la sorte et surtout quel intérêt a-t-il à s’occuper d’elle à ce point ? Min Ki lui propose même de lui offrir tout ce dont elle a envie. Mais quel effort ? Et quel réconfort ? Non, décidément, elle ne comprend rien à ce qui se passe et ne desserre pas plus les lèvres pour parler. Yumi leur apporte un gâteau qu’apparemment seule Eun Mi a le droit de savourer, ce qui la fait sourire. Mais son humeur s’assombrit lorsqu’elle lui parle de ses yeux vairons, ses billes qui lui portent malheur, cette malédiction dont elle ne pourra jamais se défaire. Elle porte à ses lèvres un morceau de gâteau et le mange machinalement, sans vraiment prêter attention au goût. Pourquoi faut-il que tout le monde lui parle de ses yeux ? Existe-il une personne sur cette terre qui n’y fera pas attention ? Et qui la trouvera normale ? Autant discuter avec une pierre ! Mais en voyant la mine réjouit du coréen, elle essaie de ne pas montrer sa lassitude, et décide de répondre enfin à Yumi. « Eun Mi, je m’appelle Kang Eun Mi, et votre gâteau est délicieux ! ». Elle lui offre un sourire crispé avant de prendre une nouvelle bouchée. Puis elle reporte son attention sur ce garçon si enthousiaste, et sur le café qui dégageait une certaine chaleur, comme si l’on pouvait ressentir l’étreinte d’une mère à son enfant. Eun Mi ferme les yeux et se laisse porter par son imagination, rêvant d’un moment complice avec sa mère. Mais elle est vite ramenée à la réalité lorsque Min Ki l’interpelle de nouveau. « Quoi ? Pardon, tu disais ? ».

© CHARNEY

Revenir dans ce café après plusieurs semaines, ça fait vraiment du bien. Je trouve l'ambiance tellement bien, à l'époque comme ma famille avait éclaté, c'était compliqué. Mon mentor m'a emmené ici, j'ai pu redécouvrir ce que c'était le sentiment d'être dans un endroit chaleureux, comme quand ma mère était encore en bonne santé. Yumi est très contente que je lui ai emmené une nouvelle personne, cette femme aime tout le monde et ferait tout pour tout le monde. Elle assomme bien évidemment cette fille avec plein de questions, ce à quoi la fille répond, elle s'appelle Eun Mi. Quand je peux enfin manger une part en douce, Eun Mi me répond enfin. Elle était comme transportée ailleurs, je suis content parce que ça veut dire que j'ai bien fait de l'emmener ici.

Je te disais que le gâteau était super bon, maintenant que tu la goûter, tu peux le voir par toi-même.

Yumi nous regarde et souris.

Je suis contente qu'il te plaise toujours autant, bon, les jeunes, je vous laisse, j'ai des clients qui viennent d'arriver, vous devez finir.

Oui

Elle regarde Eun Mi

Quand tu partiras, viens me dire au revoir au comptoir, ah et n'hésite surtout pas à revenir ici, je t'attendrai. Quand à toi Min Ki

Elle me regarde.

Viens plus souvent.

Elle nous fait un clin d'œil, puis elle s'en va. Je me prends d'autre part et je regarde la jeune fille.

Tu t'appelles Eun Mi, je sais enfin ton prénom, je m'en souviendrai.

Je hoche la tête tout en mangeant, je lui fais un sourire.

Cet endroit est chaleureux n'est-ce pas ? Lorsqu'on se trouve ici, on est remplit de bon sentiments.

Je la regarde

Oh faite, je ne t'ai pas demandé, tu es en quelle année ? Je ne t'ai jamais vu avant.

© CHARNEY

Eun Mi grignotait son bout de gâteau lentement. Pas parce qu’il n’était pas bon, bien au contraire, mais simplement parce qu’elle avait l’estomac noué à l’idée de se retrouver ici, dans ce petit café en présence de personnes qu’elle ne connaissait pas. Et pourtant elle se sent étrangement en sécurité. Yumi les quitte alors pour retourner servir d’autres clients et la jeune coréenne se retrouve, de nouveau seule avec MinKi. Il mangeait avec gourmandise se resservant même une deuxième part dès que la propriétaire des lieux eut le dos tourné. Eun Mi trouvait ça drôle, ça lui rappelait toutes ces fois où ses frères prenaient les dernières parts des plats de leur mère en se chamaillant ou en évitant de se faire prendre. Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille. Et lorsque le coréen en face d’elle lui assura qu’il n’oublierait pas son prénom, le cœur d’Eun Mi eut un raté. Que comptait-il faire ? Mais en voyant son sourire si chaleureux et plein de malice, elle se détendit. Il n’y a aucune raison d’avoir peur, non ? Les yeux en l’air, il lui expliqua de façon concise mais tellement lourde de sens que cet endroit était un lieu chaleureux. Mais Eun Mi a beau être jeune, elle n’est pas née de la dernière pluie, sans doute que ce lieu regorge de souvenir pour lui. Peut-être même des souvenirs douloureux qui ont réussi à se transformer en véritables souvenirs à chérir ? Alors en l’imitant elle leva le nez et balaya la pièce du regard. Tout ce qu’elle ressentait c’était le calme et l’apaisement, elle se sentait dans une sorte de cocon. C’était un peu comme les filtres d’amour qu’avaient confectionné Harry, Ron et Hermione qui, pour chacun avait une odeur différente. Peut-être que dans ce petit café, en fonction de ses émotions et de son caractère on ressentait quelque chose de différent aussi ? Des odeurs et des sensations qui nous apaisent. Puis Min Ki continua la conversation en lui posant des questions sur la raison de sa présence à la Yonsei. Et elle répondit le plus naturellement du monde « C’est normal que tu ne m’aies pas vu avant, je suis en première année. » Elle avala une bouchée de son gâteau puis à son tour questionna son ravisseur. « Et toi, tu fais quoi comme études ? » D’après toutes ses lectures, elle savait qu’il ne fallait jamais trop en dévoilé avant son opposant. Même si au fond elle savait qu’elle n’avait rien à craindre, c’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle suive les mêmes modes opératoires que ses livres préférés. C’était un jeu pour elle. Et elle s’imaginait déjà en tenue d’officier, une lumière braquée sur Min Ki pour qu’il avoue. Laissant son imaginaire une fois de plus prendre le dessus elle essaya de se concentrer de nouveau sur le moment présent. C’est d’ailleurs à cause de ces absences qu’on la surnomme « tête en l’air ».

Eun Mi est plutôt une fille discrète, calme, docile et surtout ne pose jamais directement ses questions, mais il faut croire que l’endroit la rassurait et lui donnait confiance, puisqu’elle continua « Je peux te poser une question ? Pourquoi est-ce que tu m’as emmené ici ? »

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Après avoir sympathisé avec la jeune fille, Yumi retourne à son travail, car son café commence à se remplir petit à petit. Yumi est une femme si gentille, elle vient toujours voir ses clients peu importe comment ils sont, juste pour voir si tout se passe bien. Elle ne s'inquiète pas de ce que je les gens peuvent penser d'elle ou même de son café, mais elle se préoccupe de comment se sentent ses clients. C'est pour ça que ce café à autant de succès, les clients aiment se reposer ici, taquiner Yumi etc...

Je pose des questions à Eun Mi pour faire connaissance avec elle, jusqu'à maintenant elle restait assez discrète, mais finalement, elle commence à s'ouvrir un peu en répondant à mes questions.

C'est pour ça, ce n'est pas trop dur ? Ta première année se passe bien ?

Les changements peuvent parfois être compliqués, surtout quand tu passes du lycée à l'université.
Je mange ma part de gâteau toujours avec autant de plaisir, ça paraît simple d'esprit, mais vous savez, ce sont les choses les plus simples qui ont beaucoup de valeurs. Je remarque qu'Eun Mi en fait tout autant que moi, elle continue notre conversation en me demandant quelles études je fais. Je lui réponds malgré moi avec beaucoup moins d'entrain.

Je suis en Droit, économie, sciences politiques et sociales, quelque chose de ne pas très intéressant en sois.

Je continue à manger ma part de gâteau en maudissant mon père de m'avoir forcé ses études.
Je reprends mon sourire lorsque mes yeux se reposent sur elle est perdue dans ses pensées. Elle est en train de rêvasser, cette fille est vraiment intéressante. Elle revient finalement à elle et se remet à me parler, je fais un grand sourire à sa question.

Pour que tu viennes manger du bon gâteau !

Je rigole, puis je reprends.

En réalité, tu t'es fait embêter, ce n'est pas une chose facile, surtout que ça ne doit pas être la première fois pour toi. Je voulais te montrer ce café, pour que tu voies qu'il y a des endroits chaleureux qui t'attendent. Même dans les moments où tu peux te sentir seule au point de croire que tu n'es pas à ta place, il y a des beaux endroits faits pour toi.

Je souris.

Porter des fardeaux tous seuls, c'est fatigant après tout.

Je m'enfonce dans ma chaise.

Oh faîte, je ne t'ai pas demandé, tu veux boire quelque chose ? Tu dois avoir soif maintenant.

Soudain Yumi réapparaît avec de l'eau.

Vous avez demandé à boire ? Voilà pour vous.

Elle repart ni vue ni connue, je la regarde en rigolant.

Ce n'est pas des oreilles que tu as, ce n'est pas possible !

Je regarde Eun Mi et je sors mon téléphone, puis je me lève et je m'installe à côté d'elle.

On prend une photo ? J'aime bien prendre une photo quand je rencontre quelqu'un.

J'ai un album de toutes ses photos d'ailleurs. Lorsque je me suis « rangé » après avoir plongé dans ce monde de délinquants, j'ai pris des résolutions. Une des premières était celle-ci, prendre des photos des rencontres que je fais, même si c'est juste pour un petit moment.

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« Non ça se passe très bien ! C’est gentil de demander ! » La jeune coréenne offre un grand sourire à son nouvel ami. Elle se souvient les nombreux conseils de son père pour son arrivée à la fac, combien il est difficile de résister à la tentation de sortir et de faire la fête. Elle se rappelle même très bien la discussion qui a suivi, mais grâce, ou plutôt à cause de son avance, elle reste avant tout une jeune fille qui a souvent du mal à trouver sa place. Elle est bien souvent en décalage par rapport aux autres étudiants, après tout une jeune fille de 17 ans à l’université ce n’est pas non plus très courant. « Wow, tout ça ? Mais si c’est intéressant au contraire ! » Eun Mi ne cache pas son admiration face à Min Ki. Elle l’imagine soudain avec la robe d’avocat, tapant du poing sur un bureau imaginaire afin de sauver une victime lors d’u procès acharné. Puis lorsqu’il répond à sa question elle revient à la réalité.
Manger du gâteau ? Était-ce vraiment la seule raison ? Mais lorsqu’il reparle de cette fameuse altercation entre ce groupe de fille et elle, son humeur s’assombrit. Oui ce n’est pas une chose facile, mais elle l’a vécu tellement de fois qu’elle aime se croire forte et blindée, même si c’est loin d’être le cas. Mais lorsqu’elle voit les yeux du coréen s’illuminer en parlant du petit café, elle retrouve rapidement le sourire. Son sourire et sa bonne humeur sont contagieux et Eun Mi se sent plus légère après son discours. « Mais je ne portes pas de fardeau toute seule ! » Elle essayait de se convaincre elle-même, même si au fond, elle savait que ses frères, sa sœur et son père accourraient si elle les appelait. Une chose qu’elle ne ferait sous aucun prétexte, elle voulait être capable de régler ses problèmes seule. Mais ce qui surpris la coréenne la tirant ainsi de ses rêveries fut le souhait de Min Ki et de voir Yumi arriver avec exactement ce qu’il venait de dire. Elle les regarda avec de grands yeux. « Comment elle a fait ? » Elle savait pertinemment que c’était mal poli, mais elle montra tout de même la propriétaire des lieux du doigt, la bouche ouverte, essayant de comprendre comment un tel lien pouvait exister. Elle trouvait ça fascinant, à tel point qu’une fois encore elle reprit pied avec la réalité une fois que Min Ki s’était glissé à côté d’elle. En le voyant si proche, elle eut un sursaut, le contact et la proximité physique ne sont pas vraiment le fort de la jeune coréenne. Et lorsqu’il lui demande de prendre une photo ensemble, elle se sent d’autant plus gênée. Les photos ne sont pas non plus son activité favorite. Alors elle prend un moment pour jauger le coréen avant de répondre. Mais elle ne veut pas non plus paraitre froide ou distante, alors elle finit par céder, en mettant tout de même une condition « Tu la gardes pour toi d’accord ? ». Ce n’est pas tant le fait de prendre une photo qui la gêne, mais plutôt qu’il puisse s’en servir contre elle lorsque l’occasion se présentera. Figer son regard sur une photo, c’était une preuve de trop dans ce monde pour appuyer un peu plus sur ses yeux qui lui faisaient honte. Elle tenta un sourire timide alors qu’il tendit le bras pour immortaliser leur rencontre.

Elle se demandait bien ce qu’il pouvait en faire par la suite, mais elle retint la question du bout de ses lèvres, et se contenta de jouer avec ses doigts pour calmer son anxiété naissante. Puis, comme si elle venait de se prendre une baffe, elle se rendit compte qu’elle avait totalement oublié les cours. Sa journée à elle était finie, et heureusement, elle ne voulait louper aucun cours. Mais pour le jeune homme qui se trouvait en face d’elle, ce n’était peut-être pas le cas. Elle en oublia même son respect légendaire en l’appelant par son prénom à la plce d’un oppa courtois et de circonstance. « Min Ki ?! Tes cours ! Oh mon dieu tu as loupé des cours à cause de moi ? »

© CHARNEY