Elle ne comprenait pas ce type. Mais alors pas du tout. Elle ne comprenait pas pourquoi il était aussi chelou et insistant. Genre, seriously, pourquoi faire une fixette sur elle ? Il y en avait d'autres, des gens, à emmerder. Alors pourquoi elle ? Pourquoi la faire chanter ? Elle n'avait pas d'argent à lui donner, rien. Et il n'en avait même pas besoin. En fait, elle ne parvenait pas à trouver une logique à ses agissements. Il ne lui avait pas demandé le moindre centime en échange de son silence, tout ce qu'il lui demandait c'était des trucs... Etranges. L'accompagner quelque part, faire avec lui une activité x ou y... Mais elle n'aimait pas faire des activités avec les gens. En fait, elle aurait limite préféré lui donner de l'argent et avoir royalement la paix, tout compte fait. Sociabiliser, c'était pas son truc, et il la forçait à le faire, et avec lui en plus. Elle avait l'impression d'être en plein milieu d'un drama, mais un drama tordu, au scénario un peu spécial, et qui ne risquait sûrement pas non plus de finir comme un drama classique.
Mais cela faisait depuis quelques temps qu'il n'était pas venu la voir. Plus d'une semaine. Alors elle avait fini par baisser sa garde, se disant qu'il avait sûrement trouvé un autre être humain plus conciliant pour égayer son existence, et qu'il allait la laisser en paix. Elle était joyeusement dans sa chambre, chez les Neugdae, à bricoler un petit robot tout en écoutant de la musique. Elle adorait bricoler. Et surtout, elle adorait créer. Elle n'avait toujours pas perdu son habitude de traîner dans les magasins, regarder les étalages puis essayer ensuite de reproduire les mêmes objets chez elle. Sauf que cette fois-ci, c'était une création personnelle. Elle était en train de confectionner un robot réveil 2.0 multifonctions, qui chantait bang bang bang des big bang sur commande. Et elle était bien partie pour le terminer dans la journée. Du moins, c'est ce qu'elle avait cru, jusque là.

Musique, des boulons et des vis partout, des fils de toutes les couleurs, et Hana avec des lunettes sur le nez qui était plongée dans une parfaite concentration. Concentration qui finit par voler en éclats lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir. Elle releva alors la tête et... « Putain. » Non. Non non non. Pas là, pas aujourd'hui, pas lui. Elle ne pouvait pas, elle n'avait pas le temps, ni la patience, ni les qualités sociales pour l'accompagner faire quoi que ce soit. Elle voulait juste s'enfermer, entre quatre murs, elle et son robot, et ne voir personne, ne pas mettre le pied dehors, alors pourquoi... « Je vais te donner de l'argent et tu vas partir. D'accord ? Tu veux combien. Demande-moi ce que tu veux. » Et autant dire que c'en était presque flippant, qu'elle lui propose de l'argent. Parce qu'elle n'aimait pas donner son argent, Hana. Oh que non. Alors qu'elle lui en propose était un grand signe de désespoir et de détresse. Sauf qu'encore une fois, il n'était pas intéressé par ça. Elle finit par être traînée dehors comme toujours, en pestant, mais sans pouvoir rien y faire.
Voilà qu'en plus il la faisait monter dans son bolide de course, super. Alors qu'elle n'arrivait toujours pas à s'acheter sa moto. C'était quoi, le destin qui s'amusait à la faire rager ? Puis, encore une fois... Drama. Sauf que ça ne l'égayait pas, bien au contraire. Elle n'était pas faite pour être héroïne de drama, alors il faudrait peut-être que le destin arrête de s'acharner, non ? Une véritable perte de temps. En plus, elle reconnaissait le quartier où il l'emmenait. Gangnam. Super, the endroit le plus superficiel de la ville. Elle n'y mettait quasiment jamais les pieds, car l'accumulation des QI de toute sa population ne parviendrait pas même à atteindre la sienne et c'en était désespérant. « Qu'est-ce que tu veux aujourd'hui ? J'étais occupée. J'étais en plein processus de création. » En plus, elle n'avait pas même pu se changer, et avait encore son jean et sa chemise pleine de tâches et de graisse noire. Elle allait tellement dénoter dans ce coin. Putain.

Je l’avais fait languir une semaine, il était temps que je revienne à la charge. Je m’étais mis en tête de la sociabiliser un petit peu. De la sortir de son trou de souris, et de faire prendre le soleil à sa peau aussi blanche qu’une poupée de porcelaine. Voir du monde lui ferait le plus grand bien. C’était autre chose que de rester cloitrée avec son pc et ses robots. Il fallait que lui apprenne ce qu’était la vraie vie. C’était une fleur que je lui faisais après tout. Je prenais de mon temps précieux pour l’éduquer. Je n’avais pas fait preuve d’une telle patience avec beaucoup de femmes, surtout qu’il fallait l’admettre : il fallait énormément de patience avec cette jeune femme. Il est vrai que je ne faisais pas cela sans raison. Tous mes gestes étaient intéressés, sauf exception. J’avais appris d’une façon totalement au hasard, mes oreilles trainant, que la demoiselle en question était encore vierge. Il n’y avait pas plus jouissif que de déflorer une vierge croyez-moi. J’adorais cette sensation d’être le premier à les souiller, et à entendre leur premier gémissement du genre. Les femmes n’ayant pas encore gouté à un tel plaisir étaient devenues si rares à notre époque, que lorsqu’on en trouvait, aussi capricieuse soit-elle, on ne la lâchait plus. Prenant mon mal en patience, j’avais bien l’intention de tout faire pour qu’elle se sente redevable envers moi, jusqu’au point où elle s’offrirait à moi sans retenue.  

En attendant, je me contentais de la tirer avec moi à la moindre sortie que je faisais. Je lui avais donné quelques jours de répit pour régler certaines affaires de mâle affamé. Il fallait bien que je me contente si je ne voulais pas lui sauter dessus avant l’heure. J’avais donc pris la direction de sa chambre, qui se trouvait être la mienne aussi, traversant le dédalle de couloir. J’entrais sans frapper. Je ricanais en l’entendant jurer en s’apercevant de ma présence. « Moi aussi, je suis content de te voir Hana. » répliquais-je avec sarcasme face à ses réactions. « J’ai plus d’argent que tu n’en auras sans doute jamais. Ne t’embête pas avec ça, je n’en ai pas besoin. » Malgré ses réticences palpables, il ne me fallut pas longtemps pour la convaincre de me suivre. Lui filant un casque entre les mains, je la fis monter sur ma moto, prenant le chemin de Gangnam, l’endroit le plus branché de la ville. Je comptais l’emmener en boite ce soir, mais pas dans les fringues dans lesquels elle se trimballait pour le moment. « Oh ca va ! Tes robots attendront bien un jour. » J’avais garé la bécane face à un grand bâtiment où se trouvait les boutiques à la mode. Je l’attrapais par la main pour l’empêcher de se défiler. « Pour commencer, on va essayer de te trouver quelques choses à te mettre. »  Je la tirais a travers du bâtiment, passant les portes d’entrées électriques pour stopper devant un magasin de vêtement. Je la lâchais et défilais entre les rayons assez rapidement, sachant un peu près ce que je cherchais. Quand je fus satisfait, je revins vers Hana. Je lui fourrais entre les bras une pile impressionnante de fringues. « Essayes déjà ! On verra après. » La poussant vers une cabine d’essayage, je me laissais tomber sur un fauteuil y faisant face pour observer son défilé.