Muse au masculin

Ashvin & Sora

TENUE | Dans quoi est-ce que je m'entraînais sérieusement ? Mes pas suivaient silencieusement ceux de Ashvin, en direction de l'un des studios photos qui se trouvait à l'étage où l'on se trouvait. Il était près de vingt-deux heures, plus personne ne traînait dans ces salles à cette heure-ci, mais les bureaux au-dessus de nous étaient souvent encore occupés par les journalistes et rédacteurs, qui finissaient leurs dernières retouches pour le prochain numéro de Vogue. En dessous, étaient la section stylisme où je passais le plus clair de mon temps, entre les tissus et les remues-ménages de ses occupants qui semblaient toujours dans un perpétuel stress passionnel, que j'avais fini par attraper. Par réflexe, je vérifiais chacune des salles que l'on croisait à la recherche d'une quelconque lumière, d'une quelconque présence, mais tout semblait bien vide. Nous étions seuls. L'idée de contourner un peu le règlement n'était pas vraiment dans mes habitudes quand il s'agissait du travail, surtout en étant une simple assistante qui avait encore ses preuves à faire. Mais en même temps.. Mon regard détaillait la silhouette élancée du russe qui accélérait le pas dans le couloir. Mais en même temps, il fallait bien braver les interdits pour pouvoir assouvir nos ambitions.

Je l'observais ouvrir la salle fermée, me demandant soudainement où est-ce qu'il avait pu récupérer la clé, mais cela m'amusait plutôt qu'autre chose. Je lui lançais des petits chut, mon index contre ma bouche, alors qu'il râlait de ne pas réussir à l'ouvrir du premier coup, m'arrachant un sourire taquin. Qu'est-ce que l'égérie officiel de Vogue fichait ici, à presque enfreindre la loi, à jouer certainement avec les termes de son contrat qui ne devait absolument pas lui donner toutes les clés du magazine ! Un étrange visage qui cassait les codes, et ce n'était pas pour me déplaire qu'il ne fasse pas tout dans les normes. Je fis quelques pas vers la salle à côté, le laissant à sa serrure, récupérant un large portant en fer que j'avais mis de côté, avec l'ensemble des tenues que j'avais choisi de lui faire porter. Je lâchais un petit rire discret en entrant dans la salle finalement accessible. « Doigt de fée. » lui lançais-je d'un air malicieux, avant de le dépasser, appuyant sur l’interrupteur, un immense flash blanc éclairant les lieux en un instant. Je plissais les yeux, éblouie, guidant le portant jusqu'à un coin. « Première étape de la mission : accomplie ! » affirmais-je, en croisant son regard pâle d'un air complice, avant de reporter mon attention sur le portant. Je classais les quelques cintres que j'avais sous les yeux, chaque tenue soigneusement rangée dans un revêtement en plastique pour ne pas les abîmer. Professionnelle, je jetais un coup d'oeil à ma montre. « Très bien, on a minimum une heure.. J'ai crée ces quelques pièces en pensant à toi, à ce qu'elles pourraient dégager en étant portées par Ashvin.. » continuais-je, mon regard s'arrêtant sur un des cintres. J'ouvrais l'un des revêtements, le retirant aussitôt, avant de lentement passer mes doigts fins sur le tissus en cuir des mitaines. Je me retournais vers le blond. « J'espère que cela te plaira. Tiens, commence par celui-ci, on verra après. » Je lui laissais le cintre (TENUE 1), lui indiquant une cabine un peu plus loin, soigneusement camouflée derrière une large rideau.

Patientant qu'il finisse de s'habiller, je partais à la recherche de mon appareil photo dans mon sac, un simple reflex qui était fort utile pour mon book. Je n'étais pas une professionnelle, mais j'avais l’œil critique et affûté, sachant parfaitement ce qui était beau ou non. J'en profitais pour aller dans le décor du studio, actionnant quelques spots pour mettre en valeur le mannequin, la blancheur de ses cheveux, de sa peau et la clarté de ses yeux qui ressortiraient à merveille. Quand finalement, l'homme sortit de la cabine quelques minutes plus tard, et mon regard se figea sur lui dès ses premiers pas. Quelle aura.. Même de loin, je pouvais la ressentir, me frappant de plein fouet. Je ne pouvais pas m'empêcher de détailler les lignes de son corps avec des yeux d'artiste, de styliste, et de femme sans doute, admirant ses longues jambes qui pouvaient aisément tout porter. Il arrivait à ma hauteur, me forçant à lever les yeux, les braquant dans les siens avec assurance. « Tu es vraiment splendide.. » opinais-je d'un air direct d'un lent mouvement de menton, mes lèvres s'étirant. Je me rapprochais d'un pas, me mettant sur la pointe des pieds pour passer mes mains autour de son col, le relevant pour accentuer le côté rebelle de la tenue.    
    
 

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Ashvin & Sora

Il avait pas peur, il fonçait la tête baissée sans même regarder autour de lui, sans même avoir réellement pris le temps de vérifier que chaque pièce du bâtiment était vide parce qu’au fond, c’était pas vraiment important (pour lui), parce qu’au fond, il s’en foutait complètement. Lui, il avançait vivement dans les couloirs sombres qu’il connaissait par cœur, presque aussi excité qu’un gamin qui volait des bonbons, de défier les vraies lois. Comme deux bandits qui préparaient un mauvais coup. Le russe trouvait sa place là où personne ne se sentait vraiment à l’aise, le russe trouvait sa place dans les regards-malice qu’il lançait à sa partenaire de la soirée. Et son sourire, sourire espiègle d’un gamin presque innocente, conscient de sa fraude mais dont la lueur la rendait candide, presque pardonnable. C’était la sensation de braver l’interdit qui le faisait se sentir un peu plus vivant, comme s’il trouvait en une erreur une place qu’on ne lui avait jamais donnée.

Bonnie and Clyde auraient pu se contenter de l’appartement du russe, ils auraient pu faire les choses dans les normes, juste s’amuser, juste plaisanter, peut-être même boire un verre et rire de son défilé improvisé mais pourtant bien sérieux. Mais ils auraient pu, juste prendre du bon temps pour le projet de la blonde, juste trouver un endroit bien plus approprié. Cependant, Ashvin ne savait faire dans la demi-mesure et c’est devant la serrure dans laquelle la clé, qu’il avait eu un jour entre les mains, qu’il n’avait plus jamais quittée (en pensant qu’elle pourrait lui servir un jour) restait coincée. « Arhh putain de bordel de chiottes » Un mélange de russe et de coréen passa ses lèvres charnues qui, mis bout à bout, ressemblait à des insultes dédiées à cette clé. Il ne prit même pas le temps d’accorder son attention à la demoiselle alors que sa bataille entre la serrure et ses doigts désormais douloureux lui pompait les nerfs. Ce n’était qu’une fois la poignée de la porte relevée qu’il réussit à entrer dans le studio où tous les équipements se trouvaient.

Une courbette, laissant la dame entrer avant de refermer la porte, Ashvin finit par se précipiter sur les éclairages qu’il brancha et alluma pour y voir un peu plus clair dans l’obscurité totale de la pièce. Il ne tenait plus vraiment en place, comme si c’était la première fois, la première fois qu’il déjouait un système, première fois qu’il défiait les règles. Toujours, ses yeux de gamin, ce regard qui n’arrivait à perdre sa petite lumière scintillante, presque sordide quand on regardait bien. « Tu commences à penser à moi, Sora… même quand je suis pas là. Fais attention à toi. » Sans plus attendre, il prit les vêtements que la jeune femme lui tendit, levant les sourcils pour montrer son enjouement. Et le sourire-malin gardait ses traces sur son visage presqu’aussi pâle que ses cheveux.

Rebelle, dangereux, sombre, il tira le rideau pour sortir de la cabine de sa nonchalance exemplaire dont il venait de s’habiller en même temps que ses chaînes. Il ajustait les mitaines sur ses bras, d’un calme qu’il n’avait pas encore fait preuve jusqu’à ce moment. « De quoi j’ai l’air ? » qu’il finit alors par dire en relevant les yeux sur ceux de Sora. « Je sais. » Il ne la quittait pas des yeux, Sora, surtout pas quand elle s’approcha de lui, juste pour bien placer le col de la veste. Parce qu’elle avait ce truc un peu envoûtant dans lequel on voudrait bien se plonger volontiers dedans. On aurait envie de tout lui donner, de tout savourer. Alors il savourait à sa manière, de son regard parfois déconcertant et alors que la blonde finit par se reculer, son humilité et lui vinrent se placer au centre, juste devant le fond blanc. Ashvin reprit de volée le regard de la belle avant de prendre un air sérieux, presque professionnel (jamais trop quand il s’agissait du russe) et de prendre quelques poses devant elle, parfois rebelle, souvent provocant, clairement suave, il se sentait à l’aise dans chacun de ses mouvements, surtout dans les vêtements et le talent de la jeune femme. « Tu sais que tu es douée, Sora ? » laissée en suspens, il gardait tout le plaisir à l’asiatique de comprendre chaque sous-entendu traduit par son sourire emblématique.
    
 

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Ashvin & Sora

TENUE | Cet homme pouvait porter un chiffon, il le rendrait haute couture. Il avait l'art, la nonchalance d'avoir un charisme et une grâce, qui rendaient à n'importe quel tissu toute sa noblesse. J'étais littéralement fascinée. Comment arrivait-il à faire cela, sans le moindre effort ? Même dans cette tenue qui prônait une forte inspiration rock'n'roll, on réussissait à sentir de l'élégance. Et on savait tous dans ce milieu que l'élégance n'était pas la plus facile à dompter. « Splendide, ça te donne une allure un peu excentrique, marginal, tout en restant chic. » continuai-je, détaillant d'un regard affûté chaque ligne qui épousait son corps, à la recherche de la moindre anomalie à corriger. Je m'étais rapprochée de lui pour remettre son col en place, avant de tourner autour de lui, ajustant la veste de ma main balayant son dos. Je prolongeais mon inspection, m'assurant que rien ne le desservait, mes yeux suivant la finesse de son buste, et les dessins qui l'en ornaient. « ça va, rien n'est trop serré ou trop large ? » demandai-je, me reculant peu à peu pour voir à nouveau ce que cela donnait d'un peu plus loin. J'étais certaine que ce look un peu grunge lui irait parfaitement. Mes lèvres s'étirèrent avec arrogance, fière d'avoir trouver un style qui lui correspondait, et qui semblait le satisfaire, vu comment il se pavanait avec jusqu'au centre de l'espace clair. Il était prêt, et je l'étais aussi. Je m'emparai de l'appareil, me plaçant devant lui et soudainement.. son regard changea, évolua. Il était dans son élément et il me le démontrait avec une facilité déconcertante. Il enchaînait différentes poses, différentes attitudes, mettant parfaitement en valeur les vêtements qu'il portait. Vogue avait de la chance de l'avoir en égérie, j'espère qu'ils en étaient pleinement conscients. Je me demandais encore pourquoi un homme qui avait déjà bien réussi, et qui avait une position haute dans la hiérarchie du magazine, avait accepté de poser pour moi. Je n'étais même pas une vraie photographe, je n'avais pas un grand talent pour ça, je ne pouvais concurrencer ce qu'il me donnait à l'image, mais je persévérais pour tout lui rendre. Car je détestais avoir des dettes, être redevable. Car il se donnait réellement, il ne faisait pas semblant. Il avait bon fond, voilà ce que j'en avais conclu, sans vraiment le lui souffler. Ou il s'ennuyait, et je le distrayais de cette façon. J'admirais le caméléon à travers mon objectif, cet étrange personnage dont la beauté m'intriguait. « Tu sais que tu es douée, Sora ? » résonna soudainement sa voix dans le silence de la pièce. « Je sais, on me le dit souvent. » répondis-je du tact au tac, après avoir laissé exprès un petit temps en suspens. Les coins de mes lèvres se retroussèrent, avant d'entrer dans son espace, réduisant la distance entre nous deux de quelques mètres.  « Dis moi si tu te sens mal à l'aise avec quelque chose, dans tes mouvements par exemple. » continuai-je, en me rapprochant davantage. Je me penchais légèrement, zoomant sur ses accessoires, sur les colliers en enfilade qui trônaient sur son torse, les ceintures, ses mains habillées de piques sur ses hanches, ses mains qui se baladaient.. La mienne qui se tendait vers lui pour accentuer cette mèche rebelle qui retombait sur son front. Une idée me venait, et je baissais aussitôt mon appareil, dévoilant à nouveau mon visage. « Tu me fais confiance ? Et si ce n'est pas le cas.. Penche-toi un peu vers moi, s'il te plaît.. » C'est qu'il était grand à côté de moi, même avec mes talons ! Lorsqu'il fût à peu près à ma hauteur, je glissais ma main derrière sa nuque, embrassant lentement le creux de son cou, sur sa veine battante. Je me reculais, d'un sourire amusé. « .. C'est déjà trop tard. » rajoutai-je, en finissant ma phrase. L'objectif parada une nouvelle fois devant mon oeil alerte, et je fis deux pas en arrière pour capturer une autre allure plus poussée. Je lui présentais alors l'écran pour lui montrer ces derniers clichés. La trace de mes lèvres rougies sur sa peau. « ça donne un peu de luxure à ton allure. » lui assurai-je, d'un sourire charmeur, sachant pertinemment qu'il en dégageait déjà, à sa manière. Je le fixai de longues secondes avec cette même assurance dont il se pavanait, avant de lui montrer le portant au loin. « On peut passer à la tenue suivante, elle est dans la housse noire avec un point rouge dessus. » lui indiquai-je. Continuons sur l'image punk chic.. (TENUE 2)    
    
 

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