Les néons grésillent, éclairant irrégulièrement son visage presque au rythme de la musique étouffée par les murs. L’air de l’hiver naviguant dans les rues est frais mais ne semble avoir aucun effet sur la peau de la jeune femme comme un flocon s’échouant sur une flamme. L’envie et la certitude qu’elle va s’amuser ce soir la fait littéralement bouillir de l’intérieure. Elle se sent euphorique, transportée dans un sentiment de joie quasi planant un peu comme si elle était sous stupéfiant. Cependant il n’en est rien, Na Yung est simplement comme ça : un brin fofolle, facilement euphorique et amusée. Il ne lui faut pas grand-chose, seulement de la musique, une foule ou une connerie à faire.

Elle tourne son regard noisette en même temps que sa tête faisant balancer sa douce chevelure rose dans son dos. Un sourire se glisse doucement sur ses lèvres rosées tandis qu’elle attrape la main de son frère jumeau pour l’entrainer à sa suite d’un air impatient. « Grouille toi Na Eul ! » Geint-elle avec une moue d’enfant en dépassant totalement la file d’attende avec un air totalement indifférent. Les videurs les laissent passer devant tout le monde, les laissant briser la barrière du son. La musique devient de plus en plus audible. Sans jamais lâcher la main de son frère jumeau qu’elle serre inconsciemment un peu plus fort, son rictus s’étire au fur et à mesure qu’ils traversent le long couloir. Arrivant au cœur même du club, ses yeux viennent curieusement parcourir l’intégralité de l’immense pièce. Son cœur bat fort dans sa poitrine au même rythme que la musique.  Elle se sent comme un gosse en plein milieu de sa première boom pourtant, cette dernière remonte à un long moment déjà.

Finalement, elle lâchait la main de sa moitié. Elle allait finir par ruiner tous ses coups potentiels de cette soirée si beaucoup de filles voient leurs mains enlacées. En soit, cela ne la dérange pas loin de là car plus il passe du temps avec elle mieux elle se porte, mais elle ne veut pas lui faire passer une « mauvaise soirée » par sa faute. Un juste milieu devait être trouvé, quelque peu difficilement quant à sa légère possessivité, mais tout de même. « On va chercher des shooters ? » Demandait-elle en regard Na Eul, faisant papillonner ses yeux pour qu’il ne puisse lui refuser.  

Cette nuit annonçait une douce euphorie saupoudrée d’une frénésie entrainante. Une nuit de plus où tout serait permis, sans aucune retenue, toujours au-delà des limites. Une nuit sans étoile, mais qui illuminait de milles feus par la plus belle des femmes. La seule femme de mon existence que je respectais, que je considérais être mon égal, la seule femme que j’aimais d’un amour inconditionnel : Na Yung, mon double, mon âme sœur. Un duo choc tel que nous lâcher en soirée, c’était le paradis pour nous, l’enfer pour nos victimes. Un doux mélange entre lumière et ténèbres, ange et démon. Les mains dans les poches de mon jeans déchiré, je regardais autour de moi, soufflant déjà d’agacement en voyant la file qui se dressait entre nous et la dernière boite à la mode. C’était pourtant sans compté sur le sans-gêne Gong aussi légendaire que notre nom, et de ma jumelle qui attrapais ma main pour me trainer derrière elle avec impatience. En temps normal, je me serais énervé, mais ce n’était pas n’importe qui qui pouvait me traiter de la sorte. Son sourire me donnait des ailes, et à cet instant, je volais au travers de la foule à sa suite sous des regards surpris et irrités. Les videurs connaissant les habitués, ils nous laissèrent entrer sans demander leur rester refermant la porte derrière nous et devant ceux qui voulaient profiter de la confusion pour nous suivre. Je me fichais bien que les gens s’imaginent des choses sur nous en voyant nos mains enlacées de la sorte. Nous seuls savions ce qu’il en était, et ça me suffisait largement. De plus, les soirées que je pouvais passer avec elle se faisait de plus en plus rares, ce n’était pas pour la gâcher avec une femme lambda que je pouvais avoir en claquant des doigts. Je comptais bien la garder rien que pour moi cette nuit. Moi, possessif ? Noooooooon, du tout. Je baissais les yeux vers son visage quand elle me hurlait vouloir des shooters. Je ricanais avant d’ajouter. « Tu sais que je ne peux rien te refuser. » cette fois, c’est moi qui la tirait à ma suite jusqu’au bar, commandant huit petits vers de tequila avec citron et gros sel. J’en disposais quatre devant elle, et quatre devant moi. « En une traite ? » je lâchais sa main pour disposer le sel sur le revers de ses doigts, près du pouce. Je fis de même avec moi avant d’attraper le premier verre dans une main, le citron dans l’autre, et de le lever vers elle. « Prête ? »

 Aux côtés de Na Eul, Na Yung se sentait bien. Transportée dans une douce euphorie, ce n’est pas seulement cette soirée qui s’annonçait bonne en perspective qui l’emballait tant, mais aussi le fait de passer du temps avec son frère. Si elle le pouvait, elle resterait collée à lui tout le temps, constamment, sans le moindre répit. Avec lui, elle se sent terriblement libre et puissante. Comme si rien ne pouvait l’arrêter, comme si l’impossible n’était plus simplement parce que ils sont tous les deux, parce que avec lui elle se sent aimée sans le moindre doute et que cela lui donne des ailes. Il n’y a que Na Eul pour lui faire ressentir ça.

Elle lâche finalement sa main pour lui hurler afin de couvrir le son de la musique son envie de shooters. Elle accompagne ses paroles par un fin sourire sur les lèvres, un regard tendre pour l’amadouer comme si elle en avait vraiment besoin. Les mots de son frère jumeau venaient le confirmer. Elle le savait, en jouer même parfois mais il est contestable que ce fait est réciproque. Comment peut-elle refuser quelque chose à sa moitié, la chair de sa chair, l’homme de sa vie depuis la première seconde et qui le restera jusqu’à la dernière ? Elle le laisse la guider jusqu’au bar sans résister une seule seconde, le suivant avec plaisir. La jeune femme le laisse commander, observant la foule danser sur la piste de dance un sourire un brin moqueur dessiné sur les lèvres jusqu’à ce qu’il lui présente les shooters. « Les quatre ? » Quelle question, les Gong ne font rien à moitié ! « Et toi ? » Demande-t-elle à son tour avant de rire un peu. « A trois ! Un … deux … deux et demi … » Elle rit, s’amusant de son faux départ. « Trois ! » Le chiffre à peine prononcé, elle vient lécher le sel sur le revers de sa main avant d’enchaîner les quatre shooters, non sans douleur et non sans grimace avant de mordre dans le citron. L’alcool lui brûlant doucement la gorge, elle ferme les yeux et agite un peu la tête comme si cela allait l’aider à s’en remettre. Au bout de quelques secondes, cela n’est plus terrible devenant même agréable. Elle finit par sourire, levant une main à son visage pour replacer une mèche sur son front avant de demander totalement enjouée : « On va danser maintenant ? Evite de draguer, je ne suis pas vraiment d'humeur à te partager ce soir. » Un large sourire naît sur son visage bien qu'elle ne mentait pas sur son refus de la partager. Puis une nouvelle fois, elle n'attend pas sa réponse et le pousse jusqu'à la piste de dance.