"T'ÉTAIS OÙ ? ? ?" ~ Hewan : 1st Round
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"T'ÉTAIS OÙ ? ? ?" ~ Hewan : 1st Round | Dim 22 Jan - 17:51 Citer EditerSupprimer
Nous avons grandi ensemble. Nous avons ri, nous avons pleuré ensemble. Sangsue accrochée à moi, tu étais néanmoins une partie intégrante de ma vie. Et je t’ai aimé. Je t’ai accordé ce morceau de mon coeur appelé confiance. Tu t’en ai repais pour mieux me briser. D’un coup de poignard, tu m’as assené. Et tandis que la plaie peine encore à cicatriser, suintante de toute ma haine, telle une vulgaire possession, tu cours les filles en gardant l’audace de me revendiquer tienne…
Nuage de buée s’échappant de ses lèvres pour s’épanouir dans la pénombre de la nuit, Hera croisa doucement les bras devant elle, comme pour chercher à garder captive ce peu de chaleur qui lui faisait tellement défaut en cette froide nuit d’hiver. Malgré son épais manteau, un frisson la parcourut. Ses lèvres frémirent. Balayée par la brise nocturne, une mèche de cheveux vint retombée sur son visage. Profonde inspiration, elle rassembla un peu de courage pour décontracter son dos et ses bras logés devant elle afin de lever une main jusqu’à l’impertinente rebelle qu’elle glissa du bout de ses doigts gelés derrière son oreille. Comment avait-elle pu être idiote au point d’oublier ses gants ? Sans doute les avait-elle laissé dans son casier des vestiaires des cheeleaders. À moins que ce ne soit quelqu’un qui ce soit amusé à les lui cacher, au hasard : Seoheon ! Qu’importait pour le moment, la singapourienne guère acclimatée n’avait pour seule hâte d’atteindre les dortoirs de sa fraternité. Glissant ses mains dans ses poches, elle en profita machinalement pour sortir brièvement son smartphone et jeter un regard sur l’heure. Presque 4h du matin… Une nuit de plus où elle ne dormirait guère plus de 2h. Une nuit de plus passée à étudier à la bibliothèque. Mais avait-elle seulement le choix ? Son objectif premier en arrivant à la Yonsei avait été de décrocher la première place de sa promotion de médecine, hors de question d’y renoncer sous prétexte qu’elle était devenue égérie ou qu’elle participait désormais à la vie du campus. Campus bien paisible en cette froide nuit où le paysage semblait se figer dans la glace. Malheureusement, Hera crut entendre qu’il n’en était pas tout à fait de même au dortoir lorsqu’elle arriva à proximité. Des éclats de voix lui parvinrent au loin, tandis qu’elle ne pouvait encore apercevoir les silhouettes. Encore une nuit où elle rentrait à point d’heure après avoir réviser pendant des heures pendant que d’autres Gumiho eux revenaient de soirée certainement encore bien – trop – arrosée. Qui était-ce cette fois ? Honnêtement, la liste des noms potentiels s’avérait tellement longue que les pronostics se révélaient presque impossible. Dans ces moments, la jeune femme se demandait comment elle… Elle avait pu s’y intégrer au point de devenir désormais la Vice-Présidente. Quoi que… Hera avait vaguement l’idée que peut-être avaient-ils tous eu la flemme de devoir endosser la moindre responsabilité.
Néanmoins, à son approche, les voix s’étaient éteintes. Avec un peu de chance, les fêtards seraient suffisamment fatigués pour rentrer directement s’écrouler dans leur lit. Un soupir s’extirpa de ses lèvres à la fois soulagée et désabusée. Elle marchait le long de l’allée conduisant à l’entrée du dortoir lorsqu’elle remarqua une silhouette de profil qui se dressait quelques mètres devant elle. Une silhouette masculine en train de… Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’elle prit conscience qu’il était en train d’uriner.
« YAH ! » s’écria-t-elle instinctivement en montant les mains devant ses yeux, embarrassée et horrifiée par un tel spectacle.
Puis, la réflexion fit le tour dans son esprit. Cette silhouette ! Hera ôta ses mains pour fixer ce primate à hauteur du visage, le fusillant des yeux.
« IWAN ! » tempêta-t-elle son nom avec aplomb.
Non mais alors là… Elle ne put en dire plus tellement les mots lui manquaient pour exprimer sa fureur et son dépit face à un tel comportement aussi affligeant de la part du singapourien. Elle passa une main sur son front complètement désabusée :
« Dis moi que tu cherches de voir jusqu’au tu peux creuser pour atteindre le fond du fond du trou, c’est pas possible autrement…MAIS REFROQUE TOI CORRECTEMENT, BORDEL ! »
Il comptait rester combien de temps là, débrayé comme un porc avec sa braguette ouverte ?
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Re: "T'ÉTAIS OÙ ? ? ?" ~ Hewan : 1st Round | Lun 30 Jan - 0:45 Citer EditerSupprimer
Sourire angélique du passé, visage poupon et joues rougies par le givre, tu étais le rêve qui survolait mes nuits mais jamais ne disparaissait de mon esprit. Je me suis perdu en toi, je t’ai donné chacun de mes rires… Mais le destin a brisé l’illusion, arrachant mon coeur et l’emportant au loin, dans une contrée que seule toi connais. Je t’en prie, ramène le moi… Reviens moi. J’ai plus que jamais besoin de cette main qui un jour fut mon soutien.
Soirée d’ivresse où l’alcool avait coulé à flot, submergeant ses sens et réduisant à néant ses souvenirs, Iwan renaissait dans la débauche. Plus de contraintes, plus aucune source d’énervement. Juste… La chaleur inouïe qui se répandait dans ses veines à lui en faire perdre l’esprit. Enchaînant les verres sans même s’en rendre compte ni fixer une quelconque limite, il avait fini ivre mort, peinant presque à marcher jusqu’à la sortie. Mais il s’en foutait totalement, l’image ayant fuit avec la raison, tableau bien trop redondant depuis qu’il avait emménagé à Séoul. Dehors, la température si basse lui causa presque un choc thermique, gifle glaciale sur son faciès rougit par la liqueur filtrant par chacun de ses pores. Étourdi, il trébucha avant de toucher terre, se relevant alors difficilement dans un rire gras, le visage penaud et pourtant barré d’un sourire certes pâteux mais pour le moins hilare. Irrécupérable. Désolant. Pourtant, dans cette folie candide, une certaine beauté s'immisçait dans ce tableau si salement dépeint. Celle de la liberté. Les mains écorchées par le bitume, il se les essuie nonchalamment sur son pantalon avant de rejoindre d’un pas titubant ses amis. Leurs voix d'habitude portantes hurlent désormais comme devenus sourds, fendant le silence presque religieux de cette nuit étoilée. Mais ils n’en ont cure, bien trop occupés à décuver pour prêter attention à l'éthique ou aux autres. Bras dessus bras dessous, tentant de se porter les uns les autres mais prêt à s’écrouler tel un château de cartes, les élèves si enviés de la Yonsei se donnent à cet instant précis en spectacle. Risibles, et pourtant… Si certains passants les fuient, d’autres sourient de toutes leurs dents devant ce cirque fanfaronnant. Ils sont jeunes, ils sont cons. Et c’est peut être pour ça que naïvement, ils attirent les regards parmi la foule. Finissant par atteindre péniblement le dortoir, les mains et le visage rougies par le givre, toussant comme un tuberculeux, il continue de chanter tel un ivrogne. Puis vient une envie pressante, et alors que les autres s’engouffrent dans le bâtiment où se trouve la chaleur promise, Iwan lui, retourne dans l’ère du règne animal. Sans honte et sans même y penser, il accroche du regard le premier buisson écarté de l’allée et y court presque pour soulager sa vessie. Le pantalon ouvert et légèrement tombant, droit et fier, ne s’imaginant nullement épié, il brandit son sabre et arrose les plantes avec un soulagement certain. Seulement, au lieu de n’entendre que le son mélodieux de cette substance urinaire s’écrasant au sol parmi le calme et la sérénité revenue… C’est un cri outré qui en vient à le faire sursauter. Manquant de se ramasser de nouveau, et cette fois-ci dans sa pisse, il reprend heureusement le contrôle de lui-même avant, fermant les yeux et laissant échapper un soupir contrit. Pourtant, il n’a pas le temps de se reprendre que déjà un nouveau cri survient, ressemblant d’ailleurs fortement à son prénom. « POURQUOI TU CRIES JE T’ENTENDS ?! » Non mais sérieusement, qui était le malade qui s'essoufflait les poumons pour lui vriller ainsi les tympans. Sa boîte crânienne douloureuse, il se masse un instant les tempes avant de sursauter de nouveau en comprenant finalement à qui appartient la voix. « ...Hera… Je… » Ouvrant de grands yeux ahuris, le côté cocasse de la situation arrive enfin jusqu’à son cerveau, et dans sa hâte de refermer son pantalon, il se mord la langue comme un con. Les larmes aux yeux et sautillant gauchement sur un pied tel un handicapé, il finit par se stabiliser de nouveau, ses prunelles allant rechercher celles de la femme non loin de là. « Je ne savais pas que tu te souciais de moi… J’en suis flatté ! » Il aurait bien répliqué également qu’une fois qu'on touchait le fond, on ne pouvait alors que remonter mais… C’est de tous autres mots qui s’échappèrent de ses lippes gercées en remarquant l'heure tardive. « ...T’étais avec lui. » Ses sourcils se froncent jusqu’à chasser toute trace d’amusement ou de surprise, et un rire à la fois gras et acide sort du fond de sa gorge. « Avoue que t’étais encore avec ce connard ! TU FOUTAIS QUOI AVEC LUI À CETTE HEURE CI, HEIN ? » Sa voix monte et déchire ses cordes vocales, trahissant la détresse de son âme et ses iris se font meurtriers. Victime d’une conclusion hâtive et aveuglé par la jalousie, il pointe du doigt la pécheresse qui devrait se sentir désolée.
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Re: "T'ÉTAIS OÙ ? ? ?" ~ Hewan : 1st Round | Lun 30 Jan - 11:20 Citer EditerSupprimer
Nous avons grandi ensemble. Nous avons ri, nous avons pleuré ensemble. Sangsue accrochée à moi, tu étais néanmoins une partie intégrante de ma vie. Et je t’ai aimé. Je t’ai accordé ce morceau de mon coeur appelé confiance. Tu t’en ai repais pour mieux me briser. D’un coup de poignard, tu m’as assené. Et tandis que la plaie peine encore à cicatriser, suintante de toute ma haine, telle une vulgaire possession, tu cours les filles en gardant l’audace de me revendiquer tienne…
S’il l’entendait pourquoi est-ce qu’il ne réagissait pas ce con au lieu de rester planté là, à pisser sur la voie publique comme un imbécile heureux ? Ah ! Au temps pour elle, la réponse était dans la question : parce qu’il était un imbécile profond ! Un cas aussi désespérant que désespéré… Et… Non mais… Il venait vraiment de se toucher le visage à se masser la tempe après avoir tenu son engin pour uriner ? C’était pas possible, ce type ne pouvait pas venir de Singapour ? Il avait attraper le virus du primate décadent pour être encore plus pitoyable qu’il ne l’avait toujours été auparavant ? Si on lui avait dit qu’il pouvait faire pire qu’il n’était, la jeune femme en l’aurait pas cru. Maintenant, elle en a la preuve en direct. « Hera » Il prononça son nom…
« Crois-moi j’aurai préféré que ce soit quelqu’un d’autre… » soupira-t-elle en montant une main affligée et désabusée à son visage.
Et tandis qu’il se donnait dans un spectacle de plus en plus grotesque, la gumiho pensait au plus haut point ses paroles. Pourquoi avait-il fallu que ce soit-elle qui passe à ce moment-là ? Pourquoi avait-il fallu que ce soit lui ? Peut-être parvenait-elle à s’accoutumer, voire à s’attacher à sa nouvelle vie en Corée du Sud, cependant, il restait un point auquel elle ne pourrait jamais se faire : Lui ! Franchement, mais franchement ! De tous les gumiho, même de tous les étudiants de la Yonsei, elle aurait préféré se retrouver face à n’importe lequel, même ivre, même à demi déshabillé plutôt que lui… Elle lui vouait une haine féroce et se méprisait elle-même d’avoir pu, un temps, se laisser charmer par le plus grand crétin, salopard, grotesque que la terre puisse porter !
« Cadeau de dieu tu parles… marmonna-t-elle pour elle même. Dieu devait avoir une dent contre les hommes lorsqu’il leur a envoya un fléau pareil ! »
Ses doigts se crispèrent lorsqu’elle l’entendit rétorquer qu’il se sentait flatté par un tel intérêt de sa part. Hera aurait bien répliqué qu’effectivement, elle guettait avec assiduité le moment où il pourrait disparaître de son environnement de vie ! Qu’il se fasse renvoyer ou aille en prison, qu’importe ! Mais surtout ! Qu’un bouffon pareil arrête de la revendiquer sur tous les toits comme sa future femme ! Cela ne lui suffisait pas d’avoir entacher sa réputation passé, il se complaisait à essayer de ruiner celle qu’elle avait réussi à établir – bien qu’un peu malgré elle – sur le campus ? Une vermine restait une vermine et le resterait… Cependant, bouche ouverte, son élan fut stoppé par les mots qui émanèrent de la bouche de son interlocuteur. Stupéfaite, Hera n’était pas certaine d’avoir bien entendu, d’en avoir saisi le sens. Puis, Iwan s’emporta dans tirade digne d’une ménagère suspicieuse et jalouse. Hera en fut abasourdi.
« Ha… Ah non mais celle-là, c’est la meilleure ! J’hallucine…»
Elle roula puis s’avança de quelques pas jusqu’à lui, assénant d’une frappe ce doigt qu’il pointait vers. Experte également dans l’art de retourner la situation, elle le pointa à son tour du doigt à hauteur de la gorge.
« EN QUOI ÇA TE REGARDE OÙ J’ÉTAIS ET AVEC QUI J’ÉTAIS ? JE N’AI ABSOLUMENT AUCUN COMPTE À TE RENDRE ! »
Les yeux emplis de haine et de colère, elle l’incita à reculer à chaque pas menaçant qu’elle faisait vers lui, jusqu’à ce qu’il s’empêtre dans le buisson et en tombe à la renverse. Hera le toisa alors :
« Quant au connard, puisque je n’ai pas passé la soirée en ta compagnie, tu peux donc avoir la certitude par toi-même que non, je n’étais pas avec un connard ! »
Elle leva le pied comme pour le menacer de lui écraser les parties intimes.
« Et j’ose espérer pour toi que jamais tu n’useras d’un tel mot pour qualifier une personne qui vaut… Non, il y a pas de multiplicateurs pour vous comparer car toi, tu vaux moins que rien. »
Hera reposa son pied sur la terre ferme et s’en retourna en raillant d’un ton amer :
« Lion King ! La bonne blague ! Liar King, oui ! » se moqua-t-elle de son pseudonyme tandis qu’elle remonta l’allée jusqu’à atteindre la porte du dortoir de la fraternité des gumiho. Pseudonyme qu’elle lui avait elle-même donné lors de ce temps lointain et où le bonheur n’était qu’illusion, un sinistre mensonge…
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Re: "T'ÉTAIS OÙ ? ? ?" ~ Hewan : 1st Round | Jeu 2 Fév - 18:00 Citer EditerSupprimer
Sourire angélique du passé, visage poupon et joues rougies par le givre, tu étais le rêve qui survolait mes nuits mais jamais ne disparaissait de mon esprit. Je me suis perdu en toi, je t’ai donné chacun de mes rires… Mais le destin a brisé l’illusion, arrachant mon coeur et l’emportant au loin, dans une contrée que seule toi connais. Je t’en prie, ramène le moi… Reviens moi. J’ai plus que jamais besoin de cette main qui un jour fut mon soutien.
Entre eux, il y avait toujours eu quelque chose. Une entité, qui semblait se jouer d’eux à tout instant. Ça avait commencé avec un papillon, ça avait continué avec un malentendu dans les vestiaires, et aujourd’hui encore, ce qui se faisait appeler par certains karma continuait de les poursuivre inlassablement. Franchement, quelle était la probabilité qu’un élève se pointe dans les quelques secondes où Iwan avait commencé à uriner ? Faible. Très faible même, vu l’heure. Alors qu’elle était celle que ce soit Hera ? Improbables. Impossible voir, même. Néanmoins, c’était bien elle qui se trouvait face à son visage ahuri, complètement déboussolé et honteux, mais pas assez vif d’esprit pour éviter le massacre à venir. Un carnage qu’il avait lui-même initié, comme aimant se faire réduire en charpie sur la place publique. On aurait pu croire qu’il n’en ratait pas une pour se faire laminer. La réalité était que… Le destin s’amusait inéluctablement de lui, à le faire passer devant l’élue de son cœur pour le plus habile des menteurs et le plus repoussant des abrutis.
Tiquant en l’entendant parler tout bas sans pour autant en comprendre un traître mot, l’esprit bien trop embrumé, il cligna des yeux avant de soupirer. Et s’il fut flatté un court instant par sa pseudo attention… La réalité le rattrapa de plein fouet, gifle glaciale auquel il n’était pas prêt à faire face. Il ne savait pas quelle heure il était, encore moins pourquoi elle se pointait ici si tard mais… Son imagination engourdie restait pour autant fertile à imaginer tout un tas de… Positions. Positions qui eurent vite fait de le rendre fou, l’accusant sans preuve et la pointant du doigt sans manières. Il ne pouvait pas tomber plus bas, n’est-ce pas ? Alors autant en profiter, puisque de toute façon, l’estime et le respect étaient déjà bel et bien mort entre eux. « C’est la meilleure ? » Parce qu’elle, ça la faisait sourire ? Comment osait-elle… Un léger rire ironique s’échappa de ses lippes tandis qu’il roulait à son tour des yeux, se préparant à répliquer en gonflant ses poumons avant d’être prit de court et stoppé. Sursautant en sentant sa main ainsi bannie et son bras se coucher, sa respiration se bloqua, lui donnant un sale relent qui mélangé à l’ivresse lui donna envie de gerber. Affaibli et pitoyable, il ne put qu’assister à sa tirade complètement pataud sans pouvoir sortir un traître mot. En quoi ça le regardait ? Aucun compte à lui rendre ? Telles des aiguilles trempées dans le plus vil des poisons, chacune de ses accusation venait se loger dans l’organe que l’on nomme cœur, rendant son battement plus difficile et douloureux. « Parce que tu es ma… » Mais il ne put même finir sa phrase, répliquée bien trop bas pour qu’elle ait un quelconque impact sur la demoiselle aussi déterminée qu’impitoyable. Et une fois de plus, il ne put que se poser pareille question : quand au juste était-elle devenue véhémente au point qu'aucune trace d’humanité ne subsiste en sa présence ? Il savait ce qu’elle lui reprochait. Il le savait mieux que personne. Sauf que lorsque l’on était nullement à l’origine du tourment dont on nous accusait et que la faculté d’écoute était morte, quelle était la probabilité de se sortir de pareil traquenard ? Aujourd’hui encore, Iwan n’en connaissait pas la réponse. Acculé puis ridiculisé, son fessier rencontrant violemment la terre ferme tandis que ses bras et sa nuque subissaient l’assaut vicieux des branchages, la jalousie n’eut plus sa place, remplacée par l’instinct de survie et la protection d’un quelconque espoir de descendance. « Attends Hera, écoute moi… » Une main plaquée contre ses parties, comme si cela pouvait les protéger du démon enragé face à lui, il releva un regard contrit vers la déesse qui fulminait, le rendant plus minable qu’une merde, et se sentant comme lapidé à chaque nouvel assaut. Il était le connard, hein ? Décidément, l’ivresse n’aurait pas fait long feu, la réalité bien trop lourde et pesante pour ne pas lui retombé au coin de la gueule à la moindre occasion. Un sourire amer sur son minois détruit, son regard autrefois aimant n’exprima qu’un profond regret et une blessure béante, tentant de rechercher parmi les déchets de son âme celle qui un jour, fut sa femme.
Cela aurait dû se terminer ainsi, comme à chaque fois. Épuisé avant même de commencer, préférant la laisser gagner de peur de la blesser. Mais aujourd’hui, il ne put se résoudre à abandonner, l’évocation de son surnom faisant s’écarquiller ses prunelles sombres. Sans réfléchir, il se leva d’un bond et la rejoignit de toute la vitesse que lui permettaient ses jambes lourdes et sa vision trouble, lui agrippant le poignet de ses mains sales pour la tourner de nouveau face à elle. Les sourcils froncés, une expression à la fois colérique et blessée, il la regarda quelques secondes en silence avant de finalement capituler. « Tu peux penser ce que tu veux de moi et m’acculer de tous les mots. Croire que je suis l’insecte qui rampe devant ta porte et vouloir m’écraser à la moindre occasion. Oui, je ne suis que le plus grand des salopards à tes yeux et je le sais ! Mais comment oses-tu te moquer de ce qui m’est cher ? » Sa poigne se resserre sur son poignet et ses iris se font dur, ne laissant place à aucune discussion. « Je veux bien piétiner ma fierté pour toi, mais il est hors de question que tu piétines mon bonheur passé devant moi. Que tout ne soit que mensonges pour toi, soit. Tu ne m’as jamais laissé m'expliquer et m’a claqué la porte au nez, je ne chercherai plus à rivaliser avec pareille butée. Mais je t’interdis d’entâcher mes souvenirs. NE ME PRENDS PAS LA SEULE CHOSE QU’IL ME RESTE ! » Les yeux humides, il refuse pourtant de laisser couler ne serait-ce qu’une perle de sel face à elle, qui autrefois fut son échappatoire. Lentement, ses mains se desserrèrent, comme prenant conscience qu’il lui faisait mal avant que son regard ne soit happé par le bleu sur son arcade sourcilière. « Quant au fait de si ça me regarde ou pas d’avec qui tu passes la nuit, il me semble que je sois le seul apte à juger de ça. Mes pensées sont miennes, et tu ne pourras pas m’enlever ça. Alors que je l’appelle dieu ou connard, il en va de mon plein droit, et je réitérerai même mes propos autant de fois que nécessaire. En quoi ce mec vaut-il plus que moi ? Il a juste eu la chance de ne pas être victime d’un malentendu. » Reculant d’un pas, n’en pouvant plus de contempler dans ce regard autrefois si doux cette putréfaction de haine, il préfère s’échapper avant que les lambeaux de son cœur ne pourrissent à leur tour, influencés par sa rancœur. Jaloux, souffrant et à bout, c’est sans un regard qu’il passe le pas de la porte, tentant de rester droit alors qu'au fond… Il n’a jamais été plus brisé qu’après chacune de ses conversations avec elle.
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Re: "T'ÉTAIS OÙ ? ? ?" ~ Hewan : 1st Round | Sam 4 Fév - 11:17 Citer EditerSupprimer
Nous avons grandi ensemble. Nous avons ri, nous avons pleuré ensemble. Sangsue accrochée à moi, tu étais néanmoins une partie intégrante de ma vie. Et je t’ai aimé. Je t’ai accordé ce morceau de mon coeur appelé confiance. Tu t’en ai repais pour mieux me briser. D’un coup de poignard, tu m’as assené. Et tandis que la plaie peine encore à cicatriser, suintante de toute ma haine, telle une vulgaire possession, tu cours les filles en gardant l’audace de me revendiquer tienne…
Il était tout ce qu’elle détestait. Il incarnait le visage même de la haine et de la rancoeur à ses yeux. Il était sa blessure et sa honte. Dire qu’un jour elle avait eu… Non, Hera ne voulait même plus rappeler cette pensée à mémoire. Les souvenirs ne faisaient de davantage diffuser le venin dans ses veines. Elle aurait voulu le chasser de son existence, l’effacer comme s’il n’avait jamais existé. Malheureusement, le fils de Nizam avait fait partie intégrante de sa vie pendant près de dix-sept années. Parfois, encore plus présent que certains membres de sa famille. Quand bien même elle ne voulait plus entendre parler de lui, il était là, inexorablement. Son ombre. Prétendu soleil toujours en quête de rattraper la lune. Mais quand comprendrait-il qu’aux ses iris lunaires, il n’était plus qu’un éclat de roche volcanique refroidi. La petite princesse avait été dupée, aveuglée par sa lumière artificielle et cela, sa fierté ne parvenait pas non plus à le digérer. Ses ressentiments se tournaient presque autant contre lui qu’envers elle-même.
Leur altercation aurait pu en rester là. Leurs engueulades en restaient toujours là. Âne bâté, Iwan se faisait écrasé avec une facilité presque affligeante aux yeux de l’égérie, et pourtant, il revenait toujours à la charge la fois suivante. Cependant, ce soir-là, le nouvel assaut ne se fit pas attendre. Alors qu’elle s’apprêtait à poser la main sur la poignée de la porte d’entrée du dortoir, les doigts de Iwan vinrent saisir fermement son poignet. Non mais… De quel droit osait-il encore la toucher ? Poser ses sales mains sur sa peau ? Dire qu’il fut un temps, où la sensation d’un tel contact lui aurait insuffler une irrépressible et douce chaleur aux joues. Désormais, elle virait rouge aussi, mais pour une toute autre raison. Hera se retourna donc face à lui, le regard assassin. Un sifflement haineux s’échappa entre ses dents. Elle eut l’intention de lui ordonner de la lâcher, mais leurs regards se rencontrèrent. Face à face. Sans doute y avait-il bien longtemps qu’ils ne s’étaient pas tenus aussi proches l’un de l’autre. Et ses yeux… Elle ne les connaissait que trop bien. Les pupilles de Iwan n’avaient aucun secret pour Hera. La jeune femme en connaissait toutes les nuances. Il avait bien longtemps qu’elle s’était refusée à les affronter, réellement. Les regards aussi francs que froids dont elle pouvait le darder, se voilaient d’un masque d’ignorance. Parce qu’elle refusait catégoriquement de lire en lui. Au risque de le croire. L’espace d’un instant, les sombres iris aussi intenses que fragiles de celui qui fut son soleil aux portes de l’adolescence, manquèrent de la capturer. De la plonger dans l’univers des souvenirs, la douceur de leur jeunesse partagée, même bien avant qu’ils ne se prétendent amoureux. Alors, les mots se perdirent dans le silence. Elle n’eut le temps d’en prononcer le moindre, son esprit prisonnier du brouillard qui s’évapora néanmoins au seul son de sa voix. Et le charme troublant fut rompu. Le voile de l’obstination se répandit de nouveau.
À chacun de ses mots, Hera avait envie de lui faire avaler sa propre langue ! Qu’il s’étouffe dans sa salive ! Elle aurait presque pu se satisfaire qu’il reconnaisse au moins où était sa place, mais il avait le culot de se placer en victime ? À quoi bon essayer d’avoir une conversation sensée avec cet imbécile ? L’envie ne lui manqua pas non plus de lui rétorquer le fond de sa pensée, mais Hera fut surprise par la sensation des doigts se resserrant encore un peu plus sur son poignet. Elle esquissa une légère grimace. Il lui faisait mal. Son rythme cardiaque ralentit, comme stupéfait. Sa respiration souleva sa poitrine. Brièvement, son attention glissa sur cette étreinte douloureuse. La gumiho n’avait pas réagi avant car outre le dégoût, la prise de Iwan ne lui inspirait aucune appréhension. Au fond d’elle, au plus profond de son inconscient, elle éprouvait encore une forme de confiance immuable en lui. S’il était bien une personne qui ne lui ferait jamais de mal, physiquement, c’était bien lui ! Elle le croyait, vraiment. Pourtant, il semblerait qu’une fois encore, le bourreau de son âme réduisait à néant l’une de ses plus solides convictions. Ses yeux se reportèrent vers son visage, déformé par la… colère ? Mais sur la joue duquel, une larme ruisselait. Jamais. Jamais, elle n’avait vu une telle expression de la part de Iwan. Pas face à elle. Pas contre elle. Hera n’était soudainement plus certaine de le connaître et lui inspira presque…de la peur. Pour cette raison qu’elle ne parvint, encore une fois, à en placer une pendant qu’il débitait toutes ses paroles la révoltant. Elle qui habituellement ne se gênait nullement pour lui couper la parole.
L’entrave se desserra. La colère sembla retombée pour ne laisser plus que place au dépit. Si elle ne répondit sur le coup, Hera ne manqua pas le moindre de ses mots. Il lui fallait juste quelques instants pour reprendre ses esprits. Rétablir sa respiration et les battements de son coeur. Un vent glacial la parcourut lorsque Iwan passa finalement à côté d’elle pour pénétrer à l’intérieur. Alors c’était ainsi ? Et soudain, le feu du volcan se réveilla derechef. Son esprit combattif recouvrit de son aplomb et elle le suivit à l’intérieur. Il avait parlé ? Très bien ! Maintenant, elle aussi, elle en avait à lui répondre ! La porte claqua derrière elle.
« Alors c’est comme ça ? Tu es toujours aussi lâche ? Tu me craches tous tes malheurs au visage et tu te défiles ? Eh bien, soit ! Trace enfin ta route mais permets-moi, moi aussi, te t’exprimer le fond de ma pensée ! »
Hera accéléra le pas pour le rattraper dans le couloir, le saisissant par le bras pour qu’à son tour, il se retourne. Second face à face, mais cette fois, elle ne se laisserait pas ébranler :
« Se moquer de ce qui t’es cher ? La seule chose qui te reste ? Et toi alors, hein ? Toi qu’est-ce que tu m’as laissé ? De quoi n’as-tu pas ri de nous deux ? Que m’as-tu offert à part de l’amertume ? Tu as encore des souvenirs à chérir ? Tu en as bien de la chance ! Moi, j’ai un connard qui a ruiné la mémoire des dix sept premières années de mon existence ! Il n’y pas un souvenir que je puisse me rappeler sans que ta sale tronche y pointe le bout de son nez à un moment où à un autre ? Même les murs de ma maison sont hantée par ta foutue présence ! Et c’est moi qui entache tes souvenirs ? »
Sa voix oscilla, du cynisme à la détresse, retombant dans l’ironie avant de monter dans les aiguës. Sa gorge se noua. Elle dut ravaler un peu de sa salive avant de pouvoir continuer après avoir effectuer un pas en arrière afin de mieux le toiser :
« Tes pensées t’appartiennent oui, mais elles n’ont pas à se répercuter sur ma vie. Que tu t’obstines, c’est ton problème mais ça ne doit pas devenir le mien ! Et qu’importe ce que tu penses de lui, je t’interdis de lui manquer de respect devant moi. En quoi il vaut plus que toi ? Tout ! Lui, jamais il n’oserait se montrer brutal avec moi ! Lui, jamais il ne serait assez stupide pour tomber dans le piège d’un prétendu malentendu comme tu dis ! Il ne me blessera pas, je le sais. Et quand bien même, je lui pardonnerai car… »
Sa tête se baissa. Hera prit une grande inspiration avant de prononcer ses mots, cet aveux qu’elle n’avait encore jamais osé exprimé aussi directement à l’intéressé :
« Il a de plus qu’il est celui que j’aime et pas toi ! »
Voilà, c’était dit. Bien que fermement campée sur ses positions, Hera se sentit légèrement fébrile, tremblante, une rafale d’un vent glaciale semblant balayée le couloir de la fraternité. Le temps parut se figer, quelques instants. Puis, elle rompit cette paralysie en se mettant en marche, passant à côté de Iwan qu’elle bouscula légèrement de l’épaule, murmurant alors :
« Je t’ai fait Roi, il est de mon plein droit de t’en destituer… »
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Re: "T'ÉTAIS OÙ ? ? ?" ~ Hewan : 1st Round | Dim 19 Fév - 23:42 Citer EditerSupprimer
Sourire angélique du passé, visage poupon et joues rougies par le givre, tu étais le rêve qui survolait mes nuits mais jamais ne disparaissait de mon esprit. Je me suis perdu en toi, je t’ai donné chacun de mes rires… Mais le destin a brisé l’illusion, arrachant mon coeur et l’emportant au loin, dans une contrée que seule toi connais. Je t’en prie, ramène le moi… Reviens moi. J’ai plus que jamais besoin de cette main qui un jour fut mon soutien.
Il aurait dû savoir qu’il ne servait à rien de rouvrir certaines portes. Que le passé était une page close, un livre différent qu’il était impossible de relire car il avait été englouti par les flammes de l'incendie de leurs âmes. Oui, il savait tout ça mieux que personne. Mais à quoi bon dire à quelqu’un de se contenter de ce qu’on avait lorsque l’on avait perdu la chose la plus essentielle de son existence ? Comment faire comprendre à quelqu’un dont le pilier s’est écroulé de continuer à avancer ? Un château en ruine n’a pas d’avenir, si ce n’est d’être visité. Mais jamais habité il ne sera de nouveau. Parce qu’il n’est plus viable. Iwan était ainsi, vidé de toute consistance, son âme errant en des contrées lointaines à la recherche d’un cœur déchiqueté et profondément ébranlé. Il souriait, oui. Il continuait à faire l’abruti, avait une bonne centaine d’amis… Un jeune homme riche à qui la vie souriait, qui enchaînait les conquêtes sans pourtant s’oser à y toucher. Sauf que là n’était que la surface, le reflet que voulait bien renvoyer le miroir. Car si on le regardait de plus prêt, si on plongeait dans son regard de jais… Il était aisé de voir la détresse qui y régnait, camouflée par les conneries qu’il enchaînait. Une fois qu’on a touché le fond, on ne peut que remonter. Alors il l’attendait, ce fond. Il voulait s’y jeter de pleins pieds. Parce qu’ensuite il pourrait enfin redémarrer. Il y croyait, réellement. Son esprit en était certain, son cœur n’ayant depuis longtemps plus fait peser ses choix dans la balance. Du moins il s’en persuadait. C’était chose bien vaine.
Elle avait raison. Elle avait toujours raison. Le soleil avait pâli, n’étant plus que l’ombre de lui même. L’ancien Iwan avait fuit, remplacé par un détritus d’ivrogne pissant sur le pavé. L’astre autrefois incandescent avait refroidi, roche volcanique sans intérêt, coquille si dure qu’elle lui labourait le cœur. Mais qu’y pouvait-il ? Il n’y avait jamais eu qu’elle pour rallumer la flamme. Pour tout embraser et faire renaître ce qui autrefois fut le plus somptueux des hommes. Il était vrai qu’elle l’avait fait roi, et qu’à son départ il n’en avait plus porté que le nom tandis que c’était des vêtements de mendiant qu’il enfilait. Sauf que ce n’était pas parce qu’elle s’appelait Zhang ou quoi que ce soit. Juste parce qu’en souveraine de son âme elle l’avait emmenée avec elle dans son retrait de sa personne. La coquille vide restait somptueuse. Les ruines enviables. Un enchantement de courte durée qui laisse ensuite de marbre. Et lui était destiné à une éternité de torture pour un péché qu’il n’avait pas commis.
La colère inondait ses traits jusqu’à couler le long de ses joues et rendre son corps des plus fébrile. Il lui en voulait à en mourir, comme il s’en voulait à en crever. Ce n’était pas facile de détester quelqu’un. Encore moins de se détester soi même. Le vide, la colère, le chagrin… Et l’inconstance avaient fait de lui un pantin. Son sourire n’avait plus une once de bienveillance, déformé par la peine et cette chose qui bouillait en lui à l’en détruire. Ses yeux humides dont la tendresse avaient été effacée, balayée par cette ouragan de douleur brûlaient de cette envie de tout faire flamber. De tout oublier. Elle se trompait cependant sur une chose. Il ne lui restait pas de souvenirs à chérir réellement. Ou plutôt, lui aurait voulu les effacer. Il aurait tout donné. Son argent, sa situation, son corps, son âme… Il se serait vendu au diable pour que l’on efface le chapitre du nom d’Hera. Mais il était bien trop long, bien trop lourd. Et plus les souvenirs de joie le hantait, plus il sombrait. Chacun de ses sourires, chacune de ses attentions, la sensation de ses lèvres, les papillons qui s’envolaient à l’entente de ses mots d’amour… Tout s’était ancré en un tatouage difforme, l’encre se répandant jusqu’à étouffement. Sans savoir jusqu’où le poison s’écoulerait. Sans espoir d’essuyer la bavure et de résorber la tumeur qui l’habitait.
Était-il lâche ? Peut-être. Sûrement. Il n’avait jamais prétendu assumer ce qu’il était devenu. Il n’avait jamais assumé le vide qu’elle avait créé non plus. Pourtant il fut contraint de s’arrêter. De faire une fois de plus face à son armée de flèches empoisonnées. Lui qui n’était plus qu’un chevalier sans armure, prêt à se faire déchiqueter. Son regard vide se posa une fois de plus sur la silhouette divine de sa dulcinée, et il la fixa tel un mirage, priant pour se réveiller. Pour arrêter cette souffrance, pour stopper ce carnage. Plus d’une fois il voulut ouvrir la bouche avant de se raviser. Aucun son ne sortant. Aucun mot réellement capable de rivaliser. Le corps ne tenant qu’à un fil, prêt à s’écrouler. L’âme déjà brisée et écrasée à même le sol. Le coup de grâce arriva presque comme une délivrance, fin d’une torture infinie dans laquelle il avait finit par se noyer. Finalement, un sourire se dessine sur ses lèvres, d’une tristesse infinie, et son corps inerte subit sans broncher la secousse qu’elle lui inflige en le bousculant. « Je vois. » Soupir à peine audible, voix brisée par un souffle avant de rejoindre le néant. « J’ai compris. » Sa gorge aussi sèche et rude que le plus grand des déserts, ses mains tremblantes reprennent peu à peu vie, se serrant le long de ses cuisses tandis qu’il entend le son de ses pas s’éloigner. « Alors tu n’as pas dû m’aimer. » reprit-il d’une voix plus forte, son ton si suave écorché, un dernier cristaux de sel roulant sur sa peau hâlée avant de s’écraser sur son torse. « Sinon moi aussi tu m’aurais pardonné. Moi aussi tu m’aurais laissé une chance de m’expliquer. » Tout devenait plus clair, plus rude. L’illusion qu’avait été sa vie, ce spectacle ridicule aux décors en carton s‘écroulait pour laisser place à la vérité. Ce qu’il se passait en coulisses, il n’avait jamais osé se l’imaginer. Et ainsi il remit un pied dans la réalité. De ses lèvres craquelées, il tenta d’inspirer pour survivre sans grand succès. Préférant rester de dos, ne voulant même pas admirer ne serait-ce que son ombre. Ses doigts vinrent lentement tenter de discipliner sa tignasse, se concentrant sur quelque chose pour ne pas flancher. Alors c’était ainsi ? Même le rire ne parvint pas jusqu’à ses lippes, son corps trop inerte, presque mort pour réagir à la douleur lancinante qui le transperçait. Lentement, ses paupières se refermèrent sur ses prunelles d’onyx, la pénombre l’engloutissant jusqu’à l’étouffer. « Va, je te la rends, ta précieuse liberté. Bien que tu te la sois déjà octroyée. Donne toi à lui, sois heureuse… Fais ce que tu veux. Tant que je n’ai plus à te supporter. Tu as gagné. Tu dois en être fière. Quelle belle bataille tu as menée, quel beau butin tu es raflé ! Alors je vais l’exaucer, ton putain de souhait. Je vais l’effacer ton souvenir, je vais la détruire et la démanteler, notre histoire. Tu ne me verras plus, tu ne m’entendras plus. Redevenons deux inconnus tu veux ? Séparons nos routes qui s’entrelacent et créons en des parallèles opposées. Comme ça tu seras soulagée. Tu te sentiras débarrassée. » Incapable de dire s’il respire ou pas, il vacille légèrement avant de se rattraper au meuble de l’entrée. Le monde tourne autour de lui, mais il ne se plaint pas. Il a comprit qu’il ne pouvait que se la fermer. Réussissant finalement à faire un pas, il s’arrête de nouveau pour sceller leur échange de sa dernière pensée. « Être le roi d’une vipère déguisée ne m’intéresse pas. Je préfère être mendiant que d’avoir à me retrouver de nouveau à tes côtés. » Il tirerait un trait, il oublierait tout. Sa peine, ses sentiments, son inquiétude… Adieu les nuits blanches, adieu la souffrance. Il laissait ce fardeau à d’autres. Du moins il y croyait. Qu’il serait si facile de s’y tenir. Que ces chaînes qui l’avait si longtemps fait prisonnier, il pourrait de lui même les briser.
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Re: "T'ÉTAIS OÙ ? ? ?" ~ Hewan : 1st Round | Mar 21 Fév - 16:31 Citer EditerSupprimer
Nous avons grandi ensemble. Nous avons ri, nous avons pleuré ensemble. Sangsue accrochée à moi, tu étais néanmoins une partie intégrante de ma vie. Et je t’ai aimé. Je t’ai accordé ce morceau de mon coeur appelé confiance. Tu t’en ai repais pour mieux me briser. D’un coup de poignard, tu m’as assené. Et tandis que la plaie peine encore à cicatriser, suintante de toute ma haine, telle une vulgaire possession, tu cours les filles en gardant l’audace de me revendiquer tienne…
Le dortoir se faisait palais de glace, d’une froideur sans égal. La tempête qui grondait, Hera l’avait figée de son souffle mortel. L’ardeur de la querelle était retombée pour ne laisser place qu’à une sensation de vide, mais un vide qui transperce. Sans interrompre ses pas, le rideau de ses paupières s’abaissa brièvement sur ses iris lorsqu’elle l’entendit prononcer ses mots : il avait compris. Enfin. Doux soulagement qui sembla soudainement apaiser son coeur. Après tant d’années d’acharnement de sa part ? Tant d’années à l’étouffer alors qu’elle lui avait refusé tout droit ne serait-ce que de regard sur sa personne, et ce soir, il abandonnait ? L’instant précieux de la délivrance était enfin fini. Hera expira doucement, savourant le délice de cette sensation. La perspective d’un avenir plus paisible, si Iwan tournait la page, elle pourrait enfin clore une bonne fois pour toute ce chapitre chaotique de sa vie…
Pourtant, au moment où le livre aurait dû être refermé, il fut transpercé de la lame d’un poignard aiguisé. Hera sentit son coeur se pincer brutalement, douloureusement. Incapable de faire un pas de plus, elle se figea. Les muscles de son corps refusèrent de se mouvoir, à l’exception de cette main dont les doigts vinrent agripper l’étoffe de ses vêtements à hauteur de la poitrine. Elle se sentait frémir. Ses iris voguaient de-ci, de-là, paniquée, effarée, troublée. « Tu n’as pas dû m’aimer. » Comment pouvait-il croire une telle chose ? Comment pouvait-il oser prononcer de tels mots ? Si seulement elle avait pu ne pas l’aimer, alors, elle n’aurait pas tant souffert. Une douleur infinie qui la bouleversait encore aujourd’hui. Pourquoi ? Pourquoi alors que la lune avait soufflé sur les nuages pour oublier ce soleil, l’effacer de sa mémoire, l’évocation de leur amour passé lui donnait encore l’impression de tomber du ciel ? Chute interminable, irrémédiable vertige. Si la reine ne s’était pas tant éprise de son roi, elle n’aurait pas ses murmures de mélancolie, brise de nostalgie s’immisçant dans ses cheveux jusqu’à effleurer ses oreilles, tandis que ses yeux se posent sur ce trône laissé vide. Et qui le restera. Dans un dernier regard la souveraine s’en détourne pour regarder dans une autre direction. Leur royaume est tombé. Le soleil en a brûlé la terre avant de le plonger dans les ténèbres, chassé par la lune dont le corps garde encore des cicatrices, aussi profondes qu’invisibles. Il était un homme qui avait voulu s’approcher trop près du soleil et qui s’y était brûlé les ailes. Il fut un soleil qui voulu s’approcher trop près des hommes et dans leur cupidité, ils lui ont volé sa reine. Péché d’insouciance au châtiment disproportionné. Lui avait-elle refusé son pardon par manque ou excès d’affection ? Hera savait pertinemment que ses paroles, à défaut d’être fausses, n’étaient pas tout à fait exactes. Elle prétendait pouvoir pardonner à Hyeon parce qu’elle ne l’imaginait la trahir ainsi de la sorte. Pourtant, son coeur d’adolescente se souvenait encore de la foi qu’elle avait en Iwan. Une confiance aveugle, elle l’avait proclamé gardien de son coeur. Geôlier qui ouvrit la porte aux assassins. Et elle avait recommencé… La même erreur : donner son coeur. Le remettre entre des mains, consciente du risque, et pourtant… Il était ce récif auquel ses espoirs s’étaient raccrochés après tant d’années à lutter contre la marée. Hera pensait qu’elle lui pardonnerait, qu’elle essaierait tout du moins, pour ne plus jamais avoir à revivre ça : poursuivre sur le chemin de la vie sans sa moitié. La poitrine ensanglantée d’un trou béant dans le coeur. Malgré son chagrin, ses larmes de lumière pâle qu’elle déversa chaque nuit, la lune n’avait pas renoncé à la tendresse de l’amour. Elle avait peur, oui. Elle redoutait cette souffrance. Cependant, elle n’était pas déesse conquérante sans raison. Même la plus cuisante des défaites ne saurait la faire abandonner. Et par les ailes d’un doux papillon venu sécher ses larmes, elle s’était laissée séduire. Détachant enfin son regard de cet épais nuage derrière lequel le soleil avait disparu, frontière du monde des damnés auquel sa belle l’avait condamné.
Hera se retourna mais plongé dans l’obscurité, elle ne vit que de dos la silhouette de celui qui fut un jour le Grand Amour à ses yeux. Silencieuse, incapable de prononcer le moindre son, elle reçut ses paroles comme une rafale de pics de glace la transperçant de toute part. Des larmes roulèrent le long de ses joues. Perles salées si longtemps refoulées, aujourd’hui libérées de leur amertume, devant celui à qui elles appartenaient mais sans qu’il ne puisse les voir, les yeux de la reine formulaient ainsi un dernier adieu. Hera ne comprenait plus. Elle le détestait, c’était une certitude. Sans doute la plus inébranlable de toutes. Pourtant, elle surprit sa main à se tendre vers lui, à distance, sans jamais pouvoir l’atteindre, comme il avait dû le faire tant de fois. Une envie de le retenir. Un voeu de ne pas effacer ce qui avait été leur bonheur. Elle qui avait tiré un trait, il était encore le seul véritable gardien des souvenirs de leur amour d’antan. Si Iwan réécrivait dessus à son tour, il ne resterait plus rien…
« C’est mieux ainsi… » murmura-t-elle finalement.
Ce souffle lui avait échappé, sans regret, expression de sa sincérité. Malgré tout le mépris qu’elle avait pour lui, malgré sa certitude quant à l’absence de sentiments réels de sa part, voilés par une obstination seule de s’emparer de ses richesses, son influence, Hera lui souhaita de lâcher enfin prise. Parce qu’elle l’avait aimé, parce que son nom, son sourire et le son de sa voix avait été synonyme de bonheur, l’adolescente éperdue ne pouvait qu’espérer qu’un jour, Iwan trouve son propre bonheur sur un autre chemin, comme elle le faisait désormais. Soulagée ? Le poids sur son âme pesait pourtant bien lourd, cependant, il était temps. Deux enfants qui avaient marché ensemble côte à côte toute leur vie. De près ou de loin, ils avaient suivi le même sentier. Pour leurs doigts entrelacés depuis ce jour où le prince avait versé ses premières et dernières larmes devant sa promise, le moment était venu de se dénouer.
« Notre royaume fut érigé sur un tissu de mensonges. Nous pensions nous connaitre mais éblouis par la lumière l’un de l’autre, nos yeux firent d’un mirage une vérité. Puis d’un souffle insipide, le château de cartes s’est effondré. Aujourd’hui, le voile se lève sur tes illusions Iwan, comme il me cingla brutalement le visage, il y a sept ans. »
Et sa main tendue dans le vide, tendue vers lui, Hera la ramena lentement vers elle. Les doigts auxquels le petit Iwan orphelin de mère s’étaient raccrochés il y a quinze ans se dérobaient finalement à lui. Cette liberté pour laquelle Hera se débattait depuis ce fatidique incident, enfin, son bourreau s’accordait à la lui rendre. Douce délivrance de pouvoir dorénavant s’envoler sans qu’il ne s’acharne sans cesse. Pouvait-elle définitivement fermer les yeux sur le passé en toute sérénité ?
Mais il la blesse avec ses mots. Elle voudrait être indifférente. Elle voudrait être intouchable, invulnérable du haut de son mont céleste, mais il l’atteint. De ses dards appelés mots, il enfonce la plaie inguérissable qu’il lui a infligé du temps où son coeur croyait en lui comme en un véritable cadeau des dieux.
« Tant mieux pour toi alors, lui répondit-elle d’une voix plus ferme, toujours froide, empreinte de vengeance mais aussi d’une once de peine à son égard étouffée par ses propres maux. Rends-toi à l’évidence avant de te blesser davantage. Tu n’as toujours été que bouffon à la cour du roi. Comment pouvais-tu croire que tu puisses encore avoir un jour place à mes côtés ? Soit, je suis véhémente, mais ce poison qui coule dans mes veines, tu en es le seul responsable. Va, le monde des miséreux sera ravi de se rire d’un roi de papier qui prône une bouteille en sceptre et un décapsuleur en épée. Va ! Va les éblouir de ta pitoyable grandeur dressé fièrement ton tabouret de bois dont assurément tu tomberas. Le raz du sol te va si bien, et qui sait à force d’y ramper, peut-être trouveras-tu enfin vipère à ta médiocrité. »
Une fois de plus, ses paroles l’emportaient. Son ressentiment, sa frustration aussi de se sentir si troublée, si décontenancée. Par moment, une part de son être aurait voulu museler cette bouche perfide qui rendait coup pour coup les attaques de son adversaire. Qui ne ménageait pas sa virulence. Qui le voulait à terre comme elle l’avait été, comme elle n’avait jamais pu le pardonner. Péché d’avoir trop aimé. Maintenant qu’il abandonnait la lutte, elle semblait s’assurer de l’achever. Le dernier coup de grâce. Pourtant, ce fut l’âme en peine qu’elle s’en détourna à son tour. Plus de regard en arrière. Petit hippocampe affaibli ploie sous le poids de l’eau composant son océan. Ses pas, résonnant à peine dans l’abysse du couloir, s’éloignèrent. Marche vers un renouveau. Les moires tendent le fil du destin de leur amour. Le corps de la petite créature se couche sur le sable des fonds marins. La jeune femme tourna, engageant un pied dans les escaliers. Atropos brandit ses ciseaux. Le cheval des mers ferme les yeux. Son souffle ralentit. Et Hera gravit les marches pour disparaître dans les ténèbres. Que les ciseaux coupent définitivement ce lien qui les unit…Les lames se fermèrent sur le fil qui les brisa, refusant de se rompre, ni ce soir,
ni jamais…
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Re: "T'ÉTAIS OÙ ? ? ?" ~ Hewan : 1st Round | Mar 18 Avr - 20:06 Citer EditerSupprimer
Sourire angélique du passé, visage poupon et joues rougies par le givre, tu étais le rêve qui survolait mes nuits mais jamais ne disparaissait de mon esprit. Je me suis perdu en toi, je t’ai donné chacun de mes rires… Mais le destin a brisé l’illusion, arrachant mon coeur et l’emportant au loin, dans une contrée que seule toi connais. Je t’en prie, ramène le moi… Reviens moi. J’ai plus que jamais besoin de cette main qui un jour fut mon soutien.
L’amour. Sentiment traître. Venin de l’âme qui ensorcelle. Un pouvoir long, fastidieux… Qui se répand lentement mais sûrement dans chacune de vos cellules, rafle votre coeur, éteint votre raison… Et finit par vous détruire. On dit que les pires maladies sont les cancers, les tumeurs et alzheimer. Pourtant on pourrait lui donner les trois qu’il ne les refuserait pas. Au moins la mort le prendrait. La douleur physique est plus facile. Les médicaments qui vous rendent stone un bon échappatoire. L’oubli et la perte de repère un réconfort. Quant à la mort… Qu’elle lui tende les bras et il se jetterait de plein pieds dedans. Trop meurtri, trop lacéré. La vie l’a prit et l’a détruit. Déesse au visage parfait et au cœur perfide, reine ingrate à la beauté stellaire, princesse de glace aux milles facettes, femme inhumaine aux charmes ravageurs… Elle était son tout et maintenant il n’est plus rien. L’illusion s’est brisée, charme si enchanteur que même après que la mélodie de la flûte de Pan se soit terminée, il continua à s’y laisser bercer. Y croyant trop pour faire face à la vérité. Aimant trop pour faire face à sa destinée. Oiseau dont les ailes ont été brûlées, il n’est qu’un homme qui a voulu aimer. Regardant trop haut, désirant trop fort… Voulant se targuer d’une belle hors de sa portée. Il a tout donné, tout déposé à ses pieds. Son corps. Son cœur. Son âme. Incapable de se détacher d’elle, préférant tout perdre que de la perdre elle. Hera était l’apogée de ses désirs. La cerise qui recouvrait le gâteau qu’était sa vie. La lumière qui éclairait son chemin. Le pilier qui soutenait ses faiblesses et l’empêchait d’être ébranlé la nuit. Esclave de ses sourires, fugitif de ses mots, domestiqué face à ses caresses… Les coups n’étaient jamais assez fort car les sentiments si puissants qu’ils lui crevaient le cœur avaient le dessus sur tout. Mais mêmes ceux ci ont été bafoués. Et maintenant il ne reste plus rien. Rien qu’une coquille vide, ruine d’un passé révolu dont les pupilles, fenêtres de l’âme, laissent percevoir néant et désolation. Et il sombre...
Né dans un pays où le mensonge est roi, élu d’un monde dont la texture est froide, il était une pierre de feu qui contrastait par sa chaleur et son humanité. Trop incandescent. Trop immature. Trop tête brûlé. Mais surtout trop volcanique. Être de sentiments destructeurs, son cœur dominait, sa raison suivait. Au milieu des menteurs, au centre de la tromperie, parmi tous ces calculateurs… Il était être de sang et de chair. Certains le disaient bête, d’autres pensaient que ça les arrangeait bien. Passant de mains en mains, il semblait être là pour satisfaire le désir de chacun. Mais l’envie est un péché insatiable, puits sans fond qu’il est impossible de combler. Alors il a donné. De sa personne, de son temps, de son argent. Pour satisfaire un père ambitieux. Pour garder des amis vicieux. Pour tenter de la séduire elle. Pantin dont les fils ont fini par s’emmêler, son destin s’est brisé. Trop enchevêtré, trop manipulé, trop prit puis jeté. Le bois a pourri, les cordes se sont usées. Il a fait son temps, l’intérêt s’est tari. Et il a dépéri.
Pourtant, malgré l’amour, malgré la mort, malgré la haine… Son nom persiste. Tatoué à même la chair, marqué au fer rouge à l’intérieur de son cœur… Chaque aiguille ayant servi à y insérer son nom, lame de métal froid, encore présente. Seul souffle de vie, douleur infinie qui s’acharne sur le cadavre d’un amour tari. Il croyait avoir trouvé un oasis, mais seul un mirage trompeur l’attendait. Vaincu sans dernier combat, il a abandonné la lutte. Il n’y avait pas de princesse, encore moins de château. Juste une vipère au centre de la fosse aux lions. Enfance perdue, amour futile… Ses larmes de cristal se déversent sur ses joues et maquillent ses traits de douleur. Gamin insouciant réveillé par la dure réalité, il se sent tomber. Pourtant ses jambes le soutiennent encore, sortilège démoniaque voulant être sûr de pouvoir lui infliger le dernier supplice. Car l’avoir brisé ne suffit pas, elle ne s’arrête pas. Jusqu’à ce que ses morceaux ne soient plus que poussière… Jusqu’à ce que ses mots glissent sur lui sans arriver à ses oreilles sanguinolentes. Aucun amour. Aucune pitié. Aucun respect. Les traces du rêve doux et amer ont disparu, ne laissant que l’horreur. Car derrière ces décors somptueux se trouvait l’enfer.
Ô Hera, toi qui un jour fut mon destin, s’il te plait, brise ce lien. Car la corde qui les lie, tressée dans l’acier, plongée dans la lave, à jamais demeure. Lui sciant le cœur. Lui broyant l’âme. Marque éternelle d’un péché éphémère. On aime qu’une fois. Et on en paye le prix. Le sien était trop lourd pour son âme, trop rude pour son corps. La glace a figé la flamme en une attente infinie, mais la seule à même de rompre le sort… S’en est allée. Loin des yeux, loin du cœur… Là où l’espoir se meurt. Les flèches enfoncées dans la poitrine, le poison traçant un sillon à travers son être, il se tait. Car il n’a rien à dire. Puisqu’il ne reste plus rien à sauver. La main autrefois tendue s’efface, les larmes se confondent à la vue, rendues banales par le nombre de fois où elle les aura fait couler. Seule la trace d’un papillon subsiste, aux ailes de métal si tranchantes qu’elles le lacèrent à chaque battement. Lentement, il se dirige vers le divan tel un mort vivant. Le pas lourd, le regard vide… Il retrouve la pénombre. Vieille amie qui huit ans auparavant le cueilli, il se laisse aller à elle. Écroulé sur le matelas, un bras couvrant ses paupières larmoyantes en une pudeur nouvelle, il se meurt. Les souvenirs défilent, vieux film rouillé dont la bande son grésille, les rires s’effacent, les sourires se confondent… L’amour s’éteint et le noir revient. A quoi bon ressasser ? A quoi bon continuer ? Il n’y a vraiment plus rien à sauver… Quinze ans d’amour vains s’achèvent, histoire annonçant une fin alors que le commencement est incertain. Y en a-t-il seulement eu un ? Qu’importe après tout ? Il ne s’en soucie plus guère. Trompé, dupé, détourné… Il a assez donné. Il ne reviendra plus vers elle.
Il parait que lorsque la souffrance est trop grande, elle s’éteint. Comme le froid devient brûlure puis plus rien. Comme la douleur laisse place à la fatigue puis à la mort. Mais même ça, on ne lui octroie pas. Trop pitoyable, trop misérable… Il a été banni des hommes. Puni par la déesse de son cœur, rejeté et maudit, son tourment à jamais sera. Parce qu’il ne vaut pas mieux que ça. « J’ai mal… » Seule supplique qui passe la barrière de ses lèvres desséchées, appel au secours dans le vide étouffant des ténèbres. Des pas feutrés résonnent, mais il n’entend rien. Devenu sourd, muet, aveugle… Il n’est plus qu’une enveloppe de papier buvard déchirée dont les tâches d’encre ont recouvert la surface lésée.
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Re: "T'ÉTAIS OÙ ? ? ?" ~ Hewan : 1st Round | Jeu 20 Avr - 14:27 Citer EditerSupprimer
Nous avons grandi ensemble. Nous avons ri, nous avons pleuré ensemble. Sangsue accrochée à moi, tu étais néanmoins une partie intégrante de ma vie. Et je t’ai aimé. Je t’ai accordé ce morceau de mon coeur appelé confiance. Tu t’en ai repais pour mieux me briser. D’un coup de poignard, tu m’as assené. Et tandis que la plaie peine encore à cicatriser, suintante de toute ma haine, telle une vulgaire possession, tu cours les filles en gardant l’audace de me revendiquer tienne…
Fil du destin indestructible, il se déroule, invisible, à chaque pas de la Lune l’éloignant de son Soleil. Elle lui a tourné le dos. Elle le laisse derrière, en arrière, au pied de son mont céleste où elle retourne s’isoler. Reine meurtrie, elle gravit les marches. Conquérante des ombres qui planent au sommet du monde. En attendant que les nuages se dissipent. Qu’un nouveau jour se lève. Il est venu. Cumulus chassés par les battements d’ailes d’un papillon de soie. Rêves et espoir que ces caresses qui effleurent sa peau, réchauffe son coeur soient celles des rayons de son véritable Soleil. Illusion éphémère ou réalité alternée ? La muse transformée en papillon peine à s’envoler sans jamais aucun regard sur la passé. Elle le voudrait. Elle aimerait tant pouvoir s’en délester, mais tandis qu’elle monte et monte encore, la pression de l’air sur ses ailes redoublant d’efforts pour s’éloigner, toujours plus vite, toujours plus loin, lui rappelle… Son vol est doux. Son vol est léger, agréable et suave, porté par le vent. Souffle de la tendresse. Mais la puissance de ses ailes d’oiseau, oiseau de feu, lui manque. Elle n’est plus qu’une plume de son toison flamboyante d’antan.
Dans le couloir de la nuit, petit papillon d’une couleur bleue luit. Timide veilleuse qui éclaire son chemin. Que les ténèbres s’épaississent, nulle peur ne saura le faire fuir. Nul demi-tour. Faiblesse de sa condition, amputé de son feu céleste, il croit en sa nouvelle flamme, en sa nouvelle force. Il a foi en son espoir d’avenir. La reine veut se reconstruire, ériger un nouveau royaume, raser les ruines restante de l’ancien. Civilisation prospère à jamais condamnée à l’oubli. Mais ses rêves d’impératrice ne peuvent se détacher des vestiges de son passé. Si seulement, ce monde pouvait être le sien, juste le sien, et non pas inexorablement, chaque fois que ses paupières la plongeaient dans les abysses des souvenirs : le leur !
Sur sa chambre tapissée d’obscurité, la porte s’ouvrit. Hera s’avança mais l’heure ne fut point au repos de la princesse prisonnière au sommet de sa tour. L’heure ne fut point à ce sommeil centenaire dans l’attente du baiser d’un prince charmant. Papillon de soie et oiseau éteint, le moment ne fut venu de trancher lequel serait le Soleil penché au-dessus de son réveil. Non car victime du sortilège nommé ivresse, l’un des bouffons de la cour dans le lit de la belle s’était endormi. Déesse tempétueuse, les éclairs de Zeus dardèrent à la surface de ses pupilles. Pourfendeuse des satyres dépravés, ses doigts se fermèrent sur le soyeux duvet recouvrant ce corps aux pores suintants son ébriété. Elle voulu tirer mais la masse ronronnante telle une machine encrassée se révélait bien enroulée dedans. Quelques essais réitérés puis un grand sentiment de lassitude l’envahi. La lutte face à son ancien roi, traitre à la couronne, vicieux ambitieux, l’avait déjà bien assez affaibli. La plaie s’était rouverte. À défaut de ses yeux cruellement secs, son coeur pleurait des larmes de sang, condamné au silence par une fierté qui refusait obstinément d’écouter sa souffrance. Muselé par un orgueil qui se jurait de rendre au centuple tous coups qui lui aurait été porté. Étouffé par les bras de Morphée, l’intrus aurait mérité de ne jamais se réveiller, à défaut de la vigueur d’un coup de pied pour le chasser de ses draps auxquels, il n’aurait jamais dû toucher. Nuit de lassitude, force ébranlée par l’illusion de l’ultime bataille de cette guerre de plusieurs années qui venait enfin de toucher à sa fin. Victoire au goût de fer et de sang, satisfaction factice, il n’existait nulle issue heureuse, nulle issue dénuée de souffrance. Subir et surmonter, une dernière fois, pour être tel un bouton de rose réveillé par le baiser d’un papillon qui renait avec le printemps. Mais une fleur peut-elle s’épanouir sans la caresse des rayons du soleil, sans sa lumière ? Le papillon se fait nouvel astre dans son ciel, mais gourmande et intrépide, la fleur peut-elle vivre sans le frisson du danger, celle d’une flamme risquant de brûler ses pétales ? Prisonnière de ses racines, besoin de se consumer, ensorcelée, obnubilée par les souvenirs du temps où elle se faisait oiseau éternel. Duel du destin et de la providence. À chacun son champion qu’il désire voir s’élever sur le trône, détenant entre ses doigts plus qu’un sceptre : la main de la reine, plus qu’une couronne sur la tête : son nom dans le coeur de la belle. Plusieurs fils liés, entrelacés, emmêlés, noués par des promesses scellées dans un autre temps, une autre vie. Voeux contradictoires, incompatibles, les tisserands du destin eux-mêmes s’y sont perdus. Une seule main pourra détachée l’un des rubans de vermeille lorsque de nouveau le souhait de son âme d’antan l’atteindra. Ne lui avait-elle pas demander la promesse, dans ce futur désormais nommé présent, de ne plus se rencontrer à nouveau ? Ce chagrin porté à travers les âges, peut-il encore ternir le bonheur d’un temps conjugué au présent ?
La porte se referme. Les endormis laissés derrière elle, la pénombre froide et muette du couloir l’enveloppa à nouveau. Un léger grincement, dans la quiétude son pas feutré résonna tandis qu’un pied sur la première marche des escaliers, elle posa. Machine arrière, elle redescendait. Elle ignorait ce qu’il l’attendait. Dans le silence du monde céleste en revanche, le cri du Phénix retentit. Cri d’espoir, vigueur d’un oisillon qui croit, qui appelle à sa renaissance tandis que de son bec, il pousse sur la coquille qui le tient prisonnier dans un nid de cendres. Chaleureuse alcôve trop étroite, suffocante. La demoiselle franchit le seuil du salon. Quelques gémissement s’élevèrent dans la pièce qu’elle aurait cru déserte. Elle s’avança, et par-delà le dossier du canapé, elle le vit, avachi. Pathétique et grotesque ! Pourtant, ce fut un tout autre geste qu’elle se surprit à entamer. Ses doigts qui se détendent. Une plaie dans l’âme, l’envie de le protéger, le consoler. Sous les assauts du bec de l’oiseau persévérant, la coquille se fend légèrement. Mais, rien n’est plus comme avant. Une gifle, invitation masquée à trouver refuge dans ses bras, n’aurait plus le même sens. Et la rancoeur se raviva, évinçant toute once de tendresse, tout vestige d’affection. Délectation de le voir si misérable. Il n’avait que ce qu’il méritait. Fou impétueux, roi de papier trop ambitieux, pour l’avoir envouté puis assassinée son âme amoureuse, une vie de souffrance ne saurait pardonner son péché. À jamais, la lune lui vouerait sa haine. Marquée au fer rouge par son passage, elle voudrait l’anéantir, le voir au bord du gouffre comme il l’avait conduit. Qu’il s’y jette comme elle s’y était jeté, lac aux crocodiles. Et qu’il y disparaisse ou qu’il en revienne chevalier invincible comme elle y était parvenue. Sans elle, il était faible. Il n’était rien. À quel moment avait-il imaginé qu’il pourrait se jouer d’elle, la détruire sans en payer le prix ? Dette incommensurable pour de frêles épaules qui ont perdu leur pilier. Depuis ce jour, la petite fille s’était consciemment dressée en fondation de cette existence trop gentille et trop naïve pour leur monde impie. Puisque le petit prince s’était mépris sur leurs statures respectives, puisqu’il avait cru pouvoir la renverser, sa vengeance ne saurait avoir de cesse de perdurer. Si seulement, la noirceur de son coeur parvenait à étouffer cette petite flamme, timide étincelle qui persistait au fin fond de son âme pour apprécier la saveur de sa punition, sans en souffrir elle-même, tiraillée entre l’amour et la haine.
Sans un mot, Hera repartit, ses pas s’éloignant du canapé, s’estompant dans une pièce voisine, pour résonner à nouveau avec légèreté. Une discrétion qui trancha avec l’impact brusque et sourd d’un morceau de plastique sur le sol.
« Sers-toi de ça, si tu as envie de vomir ! »
Bassine jetée au pied du canapé, la demoiselle impératrice lui jeta un regard méprisant. Il eut été trop beau à son esprit que leur dispute puisse sincèrement affecter ce misérable à ce point. Oui, il subissait le revers de ses excès, mais certainement pas ceux qu’il avait commis à son égard, trahissant cette confiance qu’en ce temps, la jeune fille n’avait accordé qu’à lui, et à lui seul. Repoussant ivrogne à l’agonie de sa débauche. Incapable d’assumer sa cruauté, il se plaçait en victime. Qu’il berne les autres avec sa prétendue insouciance, elle, il ne l’y reprendrait plus ! Elle avait compris à quel point, il pouvait être aussi sournois et diabolique, peut-être même plus, qu’elle ! Cependant, digne de son statut souverain, elle au moins assumait ses mauvais actes. Enfin, si elle y avait été prise un jour. Oui, il était un vaurien qui avait tenté de jouer sur l’échiquier des puissants. Prestidigitateur, peut-être l’avait-il trompé mais au final, dans son propre coup d’éclat, l’imposteur s’était empêtré. Présomptueux qui s’était fourvoyé dans une cour qui n’était pas la sienne !
La renarde s’assit ensuite à l’angle opposé du canapé, dans un soupir.
« Ne t’imagine rien ! Ton grand ami s’est vautré dans mon lit, alors je vais rester ici. »
Adossée dans un coin, glissée entre deux coussins, elle remonta ses jambes, genoux pliés devant elle. Ainsi recroquevillée, elle ajouta d’un ton toujours aussi sec.
« J’ai besoin de dormir, alors s… »
Ses lèvres se figèrent tandis que le son de sa voix se coupa. Les mots qu’elle s’apprêtait à prononcer résonnèrent en écho dans sa tête : « Souffre en silence ». Elle le pensa et pourtant ne put s’adonner à lui asséner ce dernier coup fatidique. Conflit intérieur qui la révoltait chaque fois un peu plus quand ses yeux se posaient sur lui. Alors, la tête reposant sur le dossier, ses mêmes yeux, Hera les ferma et laissa s’échapper un souffle :
« Ne fais pas de bruit. »
La vie n’était pas une poésie. Pas avec lui. Illusion d’un portrait parfait, roi déchu imprégné d’alcool qui macérait à présent dans son urine et régurgitait toutes les immondices constituant aussi bien son corps que son âme. Qu’il s’y étouffe, qu’il s’y noie ! Pourtant quand ses iris se posèrent sur sa silhouette décomposée, petit être fragile et vulnérable, son coeur se fendit. Une douleur insoutenable, un pas en arrière qui la fit tomber dans un gouffre abyssal. Vertige glacial qui effleura son échine. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi avait-il été lui-même celui qui avait posé cette barrière invisible, lame suspendue au-dessus de leurs têtes. Si, dans un geste malheureux, elle venait à nouveau à tendre sa main vers lui, du bout de ses doigts à caresser ses cheveux, à venir chercher la sienne… Si, elle succombait à ces gestes que réclamaient son coeur dans un cri de douleur, la saisirait-il à nouveau pour mieux la trancher ? Pourquoi n’était-il pas celui qu’elle avait cru ? Comment le joli rêve était-il devenu mensonge ? L’oiseau impérial qui pensait que l’astre l’acceptait et l’aimait quelque soit l’ardeur de ses flammes, que leur teinte soit rouge ou bleu, qu’elles brûlent ou qu’elles glacent, comment avait-il pu être aveuglé de la sorte ? Le roi n’avait fait que comploter et mentir pour duper la reine, désir d’asservir un esprit conquérant et souverain, la mettre en cage et s’emparer de son royaume dont elle devait hérité. Lui qui avait été si fourbe, si méticuleux, comment pouvait-il trébucher de la sorte pour prétendre souhaiter se faire pardonner ? Il n’en avait sûrement plus autant l’envie que du temps où la manipulait si habilement. Obligation familiale, à qui rapportera le trophée ! Qu’il oublie alors, qu’il efface tout. Quand bien même le néant soit effrayant, parce qu’un jour passé, elle l’eut aimé, Hera voudrait lui souhaiter de reconstruire un nouveau royaume, aux modestes ambitions, mais où il lui serait bon de vivre. Lâcher cette prise quant à un avenir qu’ils n’auront pas plus qu’ils ne désirent tous deux. Qu’il prenne son indépendance et regagne sa liberté comme elle s’acharne à le faire.Tourments d’erreurs et d’incompréhension, obscurs brouillards,
deux âmes aveuglées par l’obscurité, embrouillées par l’obstination,
hantées par l’obsession,
entre absence et omniprésence,
dans l’attente de la tempête qui balaiera les nuages,
qui à la Lune rappellera du Soleil le vrai visage.
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