breathe me ☄ kali
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breathe me ☄ kali | Ven 27 Jan - 15:30 Citer EditerSupprimer
breathe mekali & jaeduk
Y a un bruit. Puis deux. Y a quelqu’un qui gueule, y a une main qui m’secoue. J’ouvre les yeux, j’les plisse, j’essaie d’réfléchir, de m’souvenir d’où j’suis. Y a des gens qui courent partout, qui crient, qui s’agitent, y a quelqu’un qui pleure aussi j’crois – ou peut-être qu’elle crie aussi, j’sais pas, j’sais plus. J’comprends rien y a trop d’monde, j’suis où ? J’me rappelle même plus. J’me rappelle même plus de c’qui s’est passé hier, juste que j’avais faim, juste que j’avais froid. Juste que j’étais seul. Plus maintenant. J’regarde autour de moi, j’observe un peu. Et puis j’les vois.
J’les vois, eux.
J’les vois, les flics.
Ils grouillent partout comme des fourmis, la matraque au point. J’vois une femme à terre, un gosse aussi. Il bouge plus. Peut-être qu’il est mort. Peut-être ouais, mais moi j’en ai rien à foutre. J’chope mon sac, j’me lève et j’me tire. J’ai l’ventre vide, mal partout, mais j’me casse et j’cours. J’cours le plus loin possible, j’cours à en perdre haleine, à en perdre la vie, j’cours à en vomir de la bile, le dos courbé, penché sur l’trottoir. J’arrive pas à respirer, j’arrive plus à respirer. J’arrive pas à r’prendre mon souffle non plus. Et pendant un instant, j’me demande même si j’vais pas crever.
Mais j’peux pas. J’peux pas j’peux pas j’peux pas (j’veux pas).
Alors j’me redresse, j’avance un peu. J’ai les jambes qui tiennent pas, j’ai les jambes qui m’tiennent plus. Et quand j’m’effondre, j’me dis que j’me relèverai jamais. Et quand j’m’effondre, j’me dis qu’j’ai même pas envie d’me relever. Pourtant j’le fais, pourtant j’me redresse. J’ai l’impression d’être vidé, j’ai plus d’force, plus rien. Mais j’parviens quand même à m’avancer vers la voiture la plus proche, les membres tremblants. J’l’atteins, j’sais pas trop comment, j’sais pas trop par quel miracle, mais j’y suis. Et j’récupère un pied d’biche dans mon sac. C’est un taudis, elle tiendra pas longtemps.
Enfin j’crois.
J’sais plus. J’sais juste qu’elle offre pas d’résistance. J’sais juste que quand j’relève la tête, j’vois une meuf qui m’regarde. J’hausse les épaules, j’esquisse un sourire, mais dans ma tête c’est la fanfare. Merde. « C’est ma voiture, j’ai oublié les clés. » Casse-toi putain tire-toi, tu vois pas qu’j’suis en train d’crever ? Si elle appelle les flics, j’suis mort. J’peux pas courir, j’peux plus, j’arrive à peine à t’nir debout.✻✻✻ CODES © LITTLE WOLF.
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Re: breathe me ☄ kali | Ven 27 Jan - 20:25 Citer EditerSupprimer
breathe mecanard & kali
Les fins de mois sont compliquées. Difficiles. Douloureuses. J’pourrais encore trouver tout un tas de synonymes pour les qualifier, mais ça m’ferait juste perdre mon temps. Le vol organisé ça fait pas bien vivre tout de suite. Disons qu’il faut le temps que je m’impose vraiment. Que je dirige le truc, que je décide. Pour le moment j’suis ni tout en bas de l’échelle de la truande, ni tout en haut. Plutôt quelque part au milieu, un quelque part qui m’permet tout de même d’aider mon père à faire tourner la maison et de me payer un petit appart en plus. Pas dans un très bon quartier mais j’m’en fous, j’ai jamais vécu dans un bon quartier de toute façon, et c’est très loin d’être le but de ma vie.
C’est pour une bagnole digne de ce nom que j’économise - celle avec laquelle je roule actuellement est une poubelle. Objectivement, en tout cas. A mes yeux c’est la plus belle mais ça, comme dirait Darren, c’est parce que j’ai trop tendance à prêter des âmes aux voitures. Quand j’pourrais m’en payer une autre, j’donnerai celle-ci à quelqu’un que j’pourrais revoir et qui en prendra soin parce que j’y suis trop attachée. Mais j’disais : objectivement, voilà, elle est un peu dépassée. Elle roule bien mais d’un oeil extérieur, elle ressemble un peu à une épave. Faut dire qu’elle a presque mon âge, y’a de quoi être fatiguée.
Tous ces trucs-là font que j’suis pas vraiment surprise de voir un gars en train d’essayer de forcer la portière pour y entrer. Elle est simple à trafiquer pour démarrer sans clés, et le gars doit se dire que j’me prendrai pas la tête à essayer de le retrouver vu qu’elle n’a pas grande valeur. Pas de bol, j’ai plutôt envie de la garder, faut dire aussi que ce sera plus simple pour rentrer chez moi. « C’est ma voiture, j’ai oublié les clés. » qu’il baraguine en haussant les épaules. De mon côté ce sont les sourcils que je hausse, avant de constater calmement : « Non, en fait c’est la mienne. » Je sors le jeu de clés de la poche de ma veste en cuir et le lui agite sous le nez, avant de surenchérir : « Et j’ai pas oublié mes clés. » De toute évidence.
Comme il galère avec son pied de biche, je le pousse sur le côté pour pouvoir ouvrir avec le trousseau. J’résiste pas à l’envie de le narguer un peu au passage : « C’est plus simple comme ça, non ? » Y’a pas une seule seconde où j’imagine le laisser là, j’suis vraiment trop bonne trop conne. Alors je pointe le siège passager du doigt avant de lui imposer : « Fais le tour et installe-toi là. C’est la place du mort mais… well, vu ton état, j’pense que ça posera pas trop de problème. » Il a l’air mal foutu, ça fait peine à voir. Du genre le souffle court, les yeux fuyants, les mains moites. Comme il met un temps à réagir et qu’il me regarde comme si j’étais tarée (ça fait souvent cet effet-là aux gens quand j’me la joue mère Teresa), je l’exhorte un peu : « Come on, tu vas pas rester planté là dix vies. »✻✻✻ CODES © LITTLE WOLF.
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Re: breathe me ☄ kali | Ven 27 Jan - 23:56 Citer EditerSupprimer
breathe mekali & jaeduk
« Non, en fait c’est la mienne. Et j’ai pas oublié mes clés. » J’sais pas pourquoi j’m’y suis pas attendu en fait. Paraît qu’le karma est une pute et vu le nombre de fois où elle m’a niqué, j’espère juste qu’elle a pas l’sida. « Ou aloooooors, j’ai effectivement oublié mes clés et j’me suis trompé d’bagnole. Qui croirait qu’il existe deux taudis identiques au monde ? » J’sais qu’elle va pas m’croire, y a pas d’raisons pour qu’elle me croie (elle a pas l’air conne en plus de ça). Mais j’veux juste m’en sortir en fait. J’lorgne à droite, à gauche, j’essaie d’évaluer les distances. Le sprint, c’est foutu. Peut-être que…
CLIC.
J’tourne la tête, j’vois la portière ouverte. Et j’la vois, elle, clés en main. Et j’l’entends, elle, qui m’invite à monter. Enfin j’crois. J’crois que c’est c’qu’elle a dit. C’est c’qu’elle a dit non ? Ouais. Ouais sûrement parce qu’elle le répète. Et que j’me fais pas prier, j’grimpe. J’ai l’impression que j’vais crever, j’sais même pas si j’arriverai à me relever. Mais là j’m’en fous. Là j’m’en fous parce que j’suis au chaud, j’m’en fous parce que j’suis assis, j’m’en fous parce que j’suis encore vivant. « Tu m’emmènes où ? J’espère pas dans un entrepôt où tu vas me découper en rondelles et vendre mes organes ? » J’plaisante, j’y crois pas moi-même. J’plaisante parce que j’sais faire que ça. J’plaisante, mais j’ai pas peur.
Vivre dans la rue, ça aide à plus avoir peur. Ou peut-être qu’au contraire, on connaît tellement ça qu’ça finit par plus avoir l’même effet. J’crois qu’c’est ça ouais. Ou c’est peut-être moi qui déconne, c’est peut-être moi qu’ai un problème. C’est c’que les adultes m’disaient toujours, là-bas, à l’école. C’est c’que maman m’disait toujours, quand elle était énervée, quand elle venait d’s’engueuler avec mon père. T’es comme ton père Jae Duk, qu’elle m’disait. T’es un bon à rien Jae Duk, qu’ils disaient, ses yeux. Qu’elles hurlaient, ses mains crispées. Maman quand elle était énervée, elle était pas belle à voir, elle était même plutôt laide.
« Par contre j’te préviens, j’ai pas une thune alors j’espère que l’service est gratuit. » J’mens, j’ai probablement quelques billets qui traînent dans mes potes, dans l’fond d’mon sac, dans quelques coin d’vêtement. Peut-être assez pour m’remplir le bide, peut-être juste assez pour un repas ou deux. Pas plus, probablement. J’ai déjà tout claqué. Comme un con.
Et j’ai faim. Comme un con.
J’me demande si elle va m’nourrir avant d’me dépecer. Probablement pas. Quoiqu’elle a l’air d’être une gentleman. Gentlewoman ? Enfin bref elle a l’air d’être galante. Peut-être même qu’elle m’laissera m’doucher aussi, j’sens l’chien crevé et j’vous jure que l’odeur est pas charmante. Même pour moi. « Dis y a un buffet dans ton entrepôt ? » que j’demande, sans explications, sans s’il te plaît sans merci. J’ai juste faim, l’reste, j’m’en fous. De toute manière, j’ai jamais été poli, j’vais pas commencer maintenant.✻✻✻ CODES © LITTLE WOLF.
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Re: breathe me ☄ kali | Ven 3 Fév - 20:39 Citer EditerSupprimer
breathe me
jaeduk & kali (jaeli)
« Ou aloooooors, j’ai effectivement oublié mes clés et j’me suis trompé d’bagnole. Qui croirait qu’il existe deux taudis identiques au monde ? » J’me contente de hausser un sourcil face à sa maladroite tentative de sauver sa situation. Puis il s’assoit précipitamment et c’est là que je m’aperçois à quel point il est vraiment mal en point. Si on était différents, si j’étais clean et lui aussi, je l’aurais déposé à l’hôpital. Mais j’le suis pas et il n’a pas l’air de l’être non plus. Alors je prends la route de mon appart parce qu’il a pas l’air d’avoir un endroit où aller et lui, par je ne sais quel miracle, il trouve la force de plaisanter : « Tu m’emmènes où ? J’espère pas dans un entrepôt où tu vas me découper en rondelles et vendre mes organes ? — Ils doivent pas valoir grand chose... cela dit j’y avais pas pensé mais maintenant que t’évoques l’idée, c’est pas con. — Par contre j’te préviens, j’ai pas une thune alors j’espère que l’service est gratuit. — A priori personne n’a jamais payé pour être découpé… ? » On roule un peu dans le silence jusqu’à ce qu’il l’ouvre de nouveau, accompagné par les gargouillements de son ventre : « Dis y a un buffet dans ton entrepôt ? » J’lui coule un regard en biais pour éviter de quitter la route des yeux trop longtemps. Il est sérieux lui ? Il essaye de piquer ma caisse, j’lui en tiens pas rigueur, j’propose de l’emmener où il veut et il échange, il demande encore des trucs. « Ça va, t’as pas trop l’impression d’abuser d’ma gentillesse ? » Nouveau coup d’oeil sur le côté, il est avachi sur mon magnifique siège qu’il est en train de dégueulasser. « Tu s’ras gentil, tu prendras une douche avant de toucher quoi que ce soit dans mon appart steuplait. » Il a pas été poli, j’vois pas pourquoi j’le serai en retour.
On arrive en à peine dix minutes, j’me gare dans le parking souterrain de mon immeuble et je l’aide à marcher parce qu’il a pas l’air super frais. Tandis qu’on attaque les premières marches, j’le préviens : « J’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer. J’habite au huitième et y’a pas d’ascenseur. Alors accroche-toi, ok ? La bouffe ça se mérite. » Il se plaint un peu mais finalement, on y arrive sans trop d’encombres.
Quand on passe la porte, je lui indique la droite d’un geste évasif : « La salle de bain est par là. Crève pas dans ma douche, sois sympa. » On se sépare, j’entends l’eau couler et j’commence à ranger l’appart pour qu’il ressemble pas trop au pied-à-terre d’une meuf célibataire qui fume beaucoup. Y’a un cendrier sur chaque meuble ou presque, ça craint. La table basse croule sous les papiers, les mégots et les cadavres de bouteilles. Tant pis, ça c’est trop de boulot, j’la rangerai plus tard ; pour l’instant j’me contente de pousser les trucs juste histoire d’avoir assez de place pour poser deux assiettes. Pour qu’il m’entende, j’suis obligée de crier : « J’espère que t’aimes les pâtes, j’ai que ça ! » Aucune réponse. Ça me fait paniquer, j’vais toquer à la porte de la salle de bain, toujours pas de réponse. « Heu… hey ? » J’crois qu’un mec dont j’connais même pas le nom vient de clamser dans ma cabine de douche.
On arrive en à peine dix minutes, j’me gare dans le parking souterrain de mon immeuble et je l’aide à marcher parce qu’il a pas l’air super frais. Tandis qu’on attaque les premières marches, j’le préviens : « J’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer. J’habite au huitième et y’a pas d’ascenseur. Alors accroche-toi, ok ? La bouffe ça se mérite. » Il se plaint un peu mais finalement, on y arrive sans trop d’encombres.
Quand on passe la porte, je lui indique la droite d’un geste évasif : « La salle de bain est par là. Crève pas dans ma douche, sois sympa. » On se sépare, j’entends l’eau couler et j’commence à ranger l’appart pour qu’il ressemble pas trop au pied-à-terre d’une meuf célibataire qui fume beaucoup. Y’a un cendrier sur chaque meuble ou presque, ça craint. La table basse croule sous les papiers, les mégots et les cadavres de bouteilles. Tant pis, ça c’est trop de boulot, j’la rangerai plus tard ; pour l’instant j’me contente de pousser les trucs juste histoire d’avoir assez de place pour poser deux assiettes. Pour qu’il m’entende, j’suis obligée de crier : « J’espère que t’aimes les pâtes, j’ai que ça ! » Aucune réponse. Ça me fait paniquer, j’vais toquer à la porte de la salle de bain, toujours pas de réponse. « Heu… hey ? » J’crois qu’un mec dont j’connais même pas le nom vient de clamser dans ma cabine de douche.
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Re: breathe me ☄ kali | Lun 6 Fév - 14:50 Citer EditerSupprimer
breathe mekali & jaeduk
« Ça va, t’as pas trop l’impression d’abuser d’ma gentillesse ? » J’souris. Un peu. Enfin j’essaie. « Nan. » J’vis d’ça, d’la gentillesse des gens. J’sais pas c’que j’ferais sans eux, j’sais pas si j’aurais pu survivre sans ça. Mais elle, elle a l’air moins sensible qu’les autres. Peut-être qu’elle a l’habitude d’en voir, des crève-la-faim.
En attendant, elle m’a pas chassé.
« Tu s’ras gentil, tu prendras une douche avant de toucher quoi que ce soit dans mon appart steuplait. » J’crois qu’si j’avais pu, j’aurais ri. Un peu. « T’es en train d’dire que j’pue ? » Elle a pas tort, faut dire.
J’pue. Et j’suis sale.
J’me dis qu’peut-être j’vais laisser ma trace dans sa voiture. Et j’sais pas pourquoi, mais j’aime bien l’idée. J’aime bien l’idée d’laisser une trace.
J’ferme les yeux, j’essaie d’me concentrer sur ma respiration. J’ai les poumons en feu, et puis l’cœur qui bat toujours trop vite. J’crois qu’j’aurais dû abandonner la clope.
Allez c’est décidé ce soir, j’arrête de fumer (non).
J’crois qu’j’ai pas fini d’faire l’inventaire des dégâts quand on arrive. J’sais même pas comment j’parviens à sortir, j’sais juste qu’j’réussis à m’extraire. Et puis elle m’aide à marcher. Ça m’fait rire. Et ça m’fait mal de rire mais c’pas grave, j’le fais quand même.
La meuf, elle est haute comme trois pommes, elle croit vraiment que- « J’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer. J’habite au huitième et y’a pas d’ascenseur. Alors accroche-toi, ok ? La bouffe ça se mérite. – Putain t’es sérieuse ? » C’est sorti tout seul, promis, j’ai rien contrôlé.
Mais elle est sérieuse elle ?
J’crois j’vais mourir avant même d’atteindre la bouffe. Peut-être qu’j’ai abusé, peut-être qu’elle veut vraiment m’tuer. Et vendre mes organes. Mais elle a pas tort, ils valent pas grand-chose. Ils sont pas très frais mes organes. J’espère juste qu’elle en tirera l’pire prix possible.
J’râle encore un peu, mais finalement on monte. Lentement mais on monte. Et quand on arrive en haut, j’crois qu’j’ai perdu mes poumons en route. J’me dis qu’c’est pas grave, j’peux vivre sans (nan).
Elle m’indique la salle de bain, j’m’empresse d’y aller (aussi vite que j’peux en tout cas). J’vire mes vêtements, j’entre dans la douche. Et j’ferme les yeux, pendant qu’l’eau coule. Putain qu’ça fait du bien. J’tiens à peine debout, j’finis par m’asseoir.
Mais putain qu’ça fait du bien.
J’crois que j’m’endors, j’sais pas trop. J’crois que j’comate surtout, j’comprends plus bien. J’sais juste que quand j’rouvre les yeux, y a l’autre hystérique qui cause derrière la porte. Elle me fait quoi elle ? J’ferme l’eau, j’mets bien deux minutes à m’lever (c’quoi cette douche aussi). J’titube, j’pose la main sur la poignée.
J’me rappelle qu’j’ai pas fermé à clé, j’sais même pas si on peut. Pourquoi elle a pas ouvert ? J’me rappelle aussi qu’j’suis à poil. Et j’ai pas envie qu’elle m’foute dehors, pas avant d’avoir bouffé. J’ai juste l’temps d’faire demi-tour, d’choper une serviette qu’j’enroule autour d’mes hanches, avant d’tirer la porte.
« Eh beh, t’as été longue dis donc. » J’fais l’mec, mais j’suis pas très fier. J’ai jamais été fier d’quoi qu’ce soit de toute. « Ça fait un moment que j’t’attends, t’es v’nue m’laver l’dos non ? » J’souris. Elle est belle quand même, loin d’être laide. J’dirais pas non. Probablement même que j’dirais oui. « Si tu veux pas d’mes organes, j’peux te donner autre chose. J’vois pas pourquoi tu m’aurais ramené sinon. » Et j’souris. Encore. Ça m’dérange pas, moi.
J’crois qu’à ma place, un coréen normal aurait honte. Un être humain normal même. Sûrement ouais. Une chance que j’sois pas un être humain normal.
J’suis juste un raté, juste un déchet. C'est c'qu'ils ont tous dit.✻✻✻ CODES © LITTLE WOLF.
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Re: breathe me ☄ kali | Ven 28 Avr - 20:54 Citer EditerSupprimer
breathe me
jaeduk & kali (jaeli)
« Eh beh, t’as été longue dis donc. » Et c’est tout ce qu’il me dit, en ouvrant la porte comme si de rien n’était, avec juste une serviette nouée autour de la taille de manière un peu nonchalante, comme si c’était un pagne et qu’on était tous les deux en vacances au bord de la plage. « Longue ? » Bien entendu j’comprends pas trop, j’vois pas en quoi j’ai été longue, le deal c’était qu’il se fasse un minimum présentable et point barre. « Ça fait un moment que j’t’attends, t’es v’nue m’laver l’dos non ? — The hell ? Nan, t’es complètement à côté de la plaque mon grand. » Il sourit un peu comme un mec défoncé pourrait sourire et pour le coup j’ai pas menti, il a l’air salement déconnecté. « Si tu veux pas d’mes organes, j’peux te donner autre chose. J’vois pas pourquoi tu m’aurais ramené sinon. » Cette fois je marque un temps d’arrêt, et l’étonnement doit se lire sur mes traits. C’est plus que de l’étonnement, en fait — un genre de… révulsion ? Non pas que ne veuille pas de lui, mais plutôt parce que je ne veux pas de lui comme ça. « Pardon ? J’crois que tu t’es trompé, j’fais pas dans la prostitution. Alors maintenant sèche toi, et vite. » Je lui tourne le dos sans plus attendre, me dirige vers ma chambre noyée sous un bordel sans nom, cherche à la va vite des fringues de mec qui auraient pu être laissées là par un type de passage. Et j’en trouve enfin, un jogging gris et un tee shirt noir qui brillent par leur simplicité (mais qui sont propres, au moins). Une fois de nouveau à la porte de la salle de bain, j’lui lance les fringues dessus et commente : « Enfile ça et viens manger. » Le temps de passer les pâtes dans les assiettes et le voilà qu’il ressort, ressemblant enfin à quelque chose. On s’installe autour de la table basse, tous les deux assis par terre, l’un en face de l’autre, et on commence à manger en silence. Mais j’ai du mal à savourer le silence parce qu’en vérité, j’suis beaucoup plus tracassée que je le laisse paraître. Alors finalement, les mots qui se bousculaient dans ma gorge prennent forme, passent la barrière de mes lèvres et viennent se poser entre nous deux : « Tu pensais vraiment que je t’amenais là uniquement pour coucher avec toi ? Vraiment ? » J’ai le ton beaucoup trop concerné et attristé, parce que j’ai du en passer par là moi aussi mais heureusement, il est inconscient. Pour détendre un peu l’atmosphère, je rigole entre deux pâtes : « J’suis quand même hyper piquée dans mon amour propre. J’veux dire, est-ce que j’ai l’air du genre de meuf qui a besoin de ça pour coucher ? J’pense pas, non. » D’un geste de diva narcissique, je repousse mes cheveux derrière mon épaule et ça lui arrache un rire malgré lui. Puis le sérieux revient le temps que je lui demande, la voix tremblante : « Tu… ça t’arrives souvent ? De devoir payer… comme ça ? » Parce qu’on se connait à peine, tu sais, mais j’peux déjà te dire que ça me déplait.
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