Hana était ce que l'on appelait parfois une control freak. Elle voulait tout contrôler, elle devait tout contrôler. Surtout tout ce qui la concernait. Alors bien évidemment, ce jeune homme sorti de nul part qui la forçait à bousculer ses habitudes et ses valeurs qui plus est, représentait une véritable menace pour elle. Elle ne savait pas comment le gérer, puisqu'elle avait beau lui dire non, ou lui demander d'arrêter, rien n'y faisait. Essayer de le repousser ? Il était clairement plus fort qu'elle et elle ne faisait pas le poids, physiquement parlant. Sa dernière technique ? Raser les murs et se faire toute petite, dès qu'il était dans les parages. Ne pas se faire remarquer. Puisque s'il ne la voyait pas, elle ne risquait rien. Oui, la pauvre Hana était mal à ce point.

Mais, pas de bol pour cette fois-ci, impossible de se cacher, son regard avait croisé le sien. Elle déglutit, essayant de faire comme si de rien n'était. Ne surtout rien montrer de son inquiétude, et aller s'occuper de la raison de sa présence, la fameuse chaîne hi-fi. « Ca ira. » Encore moins bavarde que d'habitude, la Hana. Elle allait faire comme s'il n'existait pas, comme s'il n'y avait qu'elle dans cette pièce, boucler cette affaire, puis s'en aller. Pense à ta moto, Hana. Pense à la moto que tu veux t'acheter. Puis, à peine la réparation terminée, pas même le temps de dire ouf qu'une main prend la sienne pour la traîner dehors. A croire qu'il avait un radar détectant quand elle commençait et quand elle terminait le boulot. Allergique au contact comme elle est, son premier réflexe fut de retirer sa main aussitôt à l'arrêt, près de la piscine, en affichant une petite moue comme une gamine fâchée qu'on vienne l'embêter. Hana n'était pas habituée, définitivement pas habituée. Évitant soigneusement son regard, elle prit les billets, les comptant en deux secondes sans se débarrasser de sa moue boudeuse. Tant que le compte était bon, elle ne lui ferait pas perdre plus de temps. Mettant son salaire du soir dans sa poche, elle s'apprêtait à s'en aller lorsque... « Qu'est-ce... » Elle le regarda avec de grands yeux, essayant de bouger mais sans succès. Ca recommençait. Encore. Elle était incapable de faire le moindre mouvement... Puisqu'il la plaquait contre le mur. Et pourquoi il avait besoin d'approcher autant son visage du sien ? Surtout pour lui demander quelque chose à boire ? Ca la gênait. Et elle détestait être gênée. Elle détestait encore plus se sentir rougir, rougir parce que le contact avec les gens la gênait, et parce que cela était interprété comme un signe de faiblesse par les autres. « … J'aime pas les boissons ! » Elle déglutit, le regardant difficilement, avant d'essayer de bouger de nouveau. « Si, tu vas me laisser partir, parce que je dois partir et je veux partir. Et... Lâche-moi, je dois y aller ! » Elle était clairement à court d'arguments. Elle ne savait juste pas comment gérer la chose. Comment le gérer. Comme à chaque fois.