song --la lumière basse, le son de jazz que jouait le tourne disque et la fumée de marijuana, rendait la soirée propice aux confessions et à l'intimité. quand yindee et yon se retrouvent, elles sont ces diamants bruts que rien ni personne ne peut travailler. elles ont toujours mis un point d'honneur à ne jamais rentrer dans le mutisme. à ne jamais faire semblant. bien que leur histoire soient différentes, elles ont de communs les détresses nocturnes et les sanglots qui assèchent la gorge. connectées par ce fil rouge et ces rires aussi honnêtes que l'amour qu'elles se portent mutuellement, les soirées passées ensemble engendrent tendresse et réconfort. capables de se retrouver dans le silence, même le plus religieux, les mots leur sont bien superflus.la prose est inutile, car les regards échangés sont semblables aux plus beaux vers de la poésie.


yon se tenait recroquevillée sur le sofa, le joint éteint dans le cendrier d'à côté. un milliard de choses lui passent par la tête, mais elle se tait pour le moment. c'est dur de toujours savoir comment exprimer ses inquiétudes. elles revenaient d'une petite virée de bars, où tout se passait bien. Mais à leur retour, la jeune métisse s'était sentie confuse. quand yindee ré apparut dans la pièce, elle se retourna pour la regarder. un peu tristement, sûrement. seul les bruits de la ville, les bruits de la nuit animait l'appartement. elle allume le cylindre d'herbe et continue de fixer son amie du regard.


« tu sais des fois je me demande comment serait devenu ye ra, s'il était restée. » c'était sorti comme une bombe, ca avait claqué dans l'air tel un coup de fouet. cette pensée lui est venu très soudainement dans la soirée, une fois dans le taxi. pourquoi ye ra est parti ? pourquoi n'avait-elle rien envisagé de bien, ici ? qui était vraiment cette femme, qu'elle avait l'habitude d'adorer ? yon avait l'intime conviction, que c'était parce qu'elle était malheureuse. parce que si elle se laisser aller ici, c'était forcément perdu d'avance.
« je crois qu'elle serait devenu folle. je crois même  qu'elle commençait à l'être. » la blonde marque un arrêt en baissant les yeux, avant de les planter à nouveau dans les prunelles sombres de yindee. « qui nous dit qu'une de nous deux ne s'échappera pas un jour ? »

song – #OOTRP – La nuit. Leur amie. Leur confidente. Leur amante. Témoin de leurs démons, leurs peurs, leurs folies. Mais témoin qui ne juge pas. Elles se révélaient telles qu'elles étaient sans fard, sans masque, sans faux semblant. Pas besoin de prétendre, pas besoin de se forcer, elles étaient elles, tout simplement. C'est ce que pensait Yindee à chaque fois qu'elle se retrouvait avec Yon, souvent après le couché du soleil. Allez savoir pourquoi, c'était là, dans la confortable obscurité, que se trouvait une grande partie de leur amitié. Elles ont tout vu l'une de l'autre, les larmes, la colère, la noirceur mais aussi la lumière, la joie et les rires. C'était ainsi qu'elles s'aimaient, entières.

Yindee sortit de la salle de bain, attachant ses longs cheveux bruns dans un chignon lâche. Elle détestait les odeurs de tabac ou d'hommes qui pouvaient lui coller à la peau, que ce soit après le travail ou après une soirée dans les bars avec Yon. Elle avait tenu à se défaire de tout ça avant de venir se blottir dans le fauteuil en face du canapé où se trouvait la belle blonde recroquevillée. Yindee avait vu le regard voilé de la belle,  à quoi pensait-elle ? Il y avait toujours mille pensées dans la tête de la jeune femme. La thaïlandaise amena ses genoux contre elle, et y posa la tête.

Elle n'eut pas le temps de se poser davantage de question quant à ce à quoi pensait Yon. La réflexion prit Yindee au dépourvu. Le visage souriant de Ye Ra lui revenant en mémoire. Depuis son départ, elle n'avait eu aucune nouvelle de leur amie, et elle pensait bien qu'elle n'en aurait jamais. Elle réfléchit aussi. « Oui... Je pense aussi qu'elle aurait lâché la rampe. Elle était pas faite pour rester ici. » C'était aussi simple que ça, c'était aussi triste que ça. Il n'y avait rien de plus à dire, pas plus de questions à se poser quant à son choix, d'ailleurs aussi douloureux cela soit-il Yindee le respectait. Son regard ancré dans celui de Yon, elle sourit,  un sourire à la fois un peu triste et énigmatique. « Je ne sais pas... En tout cas rien ne nous dit que l'une de nous deviendra pas folle à son tour ? » Elle haussa les épaules, gardant son sourire, rien ne leur disait que ce genre de choses n'arriverait pas. Elles étaient un peu imprévisibles en leur genre. « Du moment qu'on devient folle ensemble ou qu'on part ensemble ça devrait le faire non ? » Que dire d'autre ? Elle quitta son fauteuil pour aller dans la cuisine, et en revint quelques minutes plus tard une bouteille de tequilla et une bouteille de jus d'orange dans les mains. Elle les posa sur la table. « De quoi nous changer les idées. J'ai du sel et du citron aussi si tu veux. » Elle ne voulait pas penser à Ye Ra, penser à l'avenir. Dans une certaine mesure, vivre dans l'instant était rassurant et sécurisant.

song --Elle l'écouta patiemment, sans l'interrompre. Ces questions lui traversaient sûrement l'esprit à cause de la drogue et de l'alcool que son corps encaissait. Ce qui est plutôt inhabituel : ce n'est pas cet effet là que les douceurs interdites lui procurent en règle général. Yon traversait tout simplement un moment de crise. Malheureuse, pas à sa place. Est ce que Ye Ra ressentait la même chose ? Peut-être a-t-elle fui pour mieux se reconstruire, non pas pour tourner la page mais jeter le livre entier. Une seconde fois. Au début elle avait été en colère, la métisse ne comprenait pas cette manie de la jeune femme à vouloir fuir en permanence pour surmonter ses problèmes. Mais ça, c'est parce qu'elle n'était pas dans sa peau. Ni dans celle de personne. Aujourd'hui la différence est là : elle souffre. Alors elle comprend la tentation, elle sait que l'évasion est une main tendue. Ye Ra a attrapé cette main, et n'est jamais revenue sur ses pas... C'est que cela a du marché, n'est ce pas ?


« Je risque de devenir folle plus tôt que tu ne le penses... » confessa Yon en attrapant le cylindre de cannabis à moiti consumé. « Je te promets sur ce que j'ai de plus cher que s'il faut partir... je pars avec toi. Mais si jamais je dois partir bientôt ? » Elle réfléchit. « Tu sais en ce moment c'est compliqué. Je sais pas ce que je fais mais si je continue sur cette voie là, je vais finir à côté de Iseul au cimetière de la ville. » Elle expira un épais nuage de fumée blanche en fixant Yindee. Iseul avait été sa meilleure amie, mais également un amas de traumatisme. Ébranlé par une vie chaotique, elle s'est délibérément offerte à la mort avec tout les moyens possible. Mais Yon ne veut pas mourir. Yon ne sait juste pas s'arrêter.

En relevant le regard, la belle aperçut son amie revenir de la cuisine avec le reste de la soirée. Un sourire malicieux vint éclaircir son visage et elle se redressa sur le sofa en tapant dans ses mains, le joint entre les lèvres. « Apporte moi tout ce que t'as, je vais te battle sur les shots. » La jeongal s'en servit un pure pour ouvrir le bal et attrapa son pochon de verte pour anticiper. « Dis moi... t'as pas de soucis en ce moment au travail ? Y a pas de mec qui te fait chier, t'es.. '' satisfaite '' d'être là bas ou pas ? » demanda-t-elle tout de même soucieuse en commençant son roulage.

song – #OOTRP – Le corps tendu par la nervosité et l'émotion, elle l'écoutait parler. Elle savait que ce n'était pas facile pour Yon. Ce n'était pas facile pour elle non plus, mais elle s'accrochait, elle se savait encore loin de son point de non retour. Elle n'imaginait pas que Yon en était si proche, elle. Le départ de Ye Ra devait peser. Leur équilibre fragile avait basculé, et il était difficile de le rebâtir. Elle avait la gorge nouée. Elle voulait partir ? Fuir ? Point positif, Yon se débattait, comme les carpes qui refusent de mourir sur la rive, elle se débat. Elle préférait ça que la voir se laisser mourir. Pourrait-elle la suivre ? Oui. Non. Peut-être. La vie de Yindee semblait  se mettre en place, comme les pièces d'un puzzle qui tombent finalement là où elles devaient être. Même si sa vie était loin d'être parfaite... Alors elle ne savait pas si elle pourrait la suivre, elle le voulait. Elle ne voulait pas vivre une séparation de plus, surtout pas avec Yon.

La thaïlandaise s'enfonça un peu plus dans son siège, les genoux ramenés contre elle. « Je ne sais pas... J'ai l'impression d'avoir passé ma vie à fuir la folie... » Au fond, avait-elle réussit à lui échapper ? « Et si je la laissais m'attraper rien qu'une fois voir ce que ça fait ? » Elle croisa le regard sombre et insondable de son amie. « Si elle est trop forte pour moi tu m'en sortiras. Ou que tu sois. » Ce n'était pas une question, pas un ordre, c'était une affirmation. Elles savaient toutes les deux qu'elles feraient ce qu'il faut pour sauver l'autre. Dans l'immédiat... Yindee pensa à Miso qu'elle protégeait chez elle. A Jun Soo avec qui elle devait gagner cette course pour recevoir ce gros chèque... L'important c'était que Yon comme elle restent en vie, que la folie bien que les atteignant ne les dévore pas.

Finalement, elle préféra se lever pour ramener de quoi boire, arrêter de penser à ça. A l'avenir. Selon Yindee rien n'était plus terrifiant que l'avenir. Et l'alcool et les joints étaient les meilleurs remèdes pour ne plus y penser. « Dans tes rêves baby ! » Elle posa les bouteilles sur la table basse, rejoignant Yon dans le sofa. Elle prit au passage le joint qui se trouvait entre les lèvres de la métisse. Elle prit un verre et se servit à son tour. « Depuis que j'ai changé d'endroit ça se passe bien. Les boss sont attentifs. Et je me permets certaines exigences... » Comme le bordel ne vivait pas vraiment des commissions des filles mais des consommations du strip-club, elle était financièrement plus à l'aise aussi. Mais elle ne savait pas si elle pouvait se permettre de quitter le milieu. « Un client m'a proposé un poste dans sa boite... Mais c'est un client. » Lei n'était pas un client comme les autres certes, mais ça n'enlevait rien au fait qu'il l'avait payé pour ses services. « Alors je sais pas vraiment ce que je dois faire... » Elle bu d'une traite le verre qu'elle s'était servi pour s'en resservir un dans la foulée.  « Et toi la fac ? Ça se passe bien ? » Yindee   avait quelques difficultés avec la vie en dortoir, et ne se rendait pratiquement jamais dans sa chambre si ce n'est une ou deux fois par mois pour répondre aux obligations de l'université. Yon et elle vivaient un peu de la même façon, et rentrer dans des cases n'était pas chose aisée pour elles.