« we're just trying to find some color in this black and white world. »

papa, on en parle comme d'un démon en costume cendré, comme d'un ange déchu, un rapace. papa, ce n'est plus qu'une représentation floue d'un grand homme qui avait pour habitude de me porter sur ses épaules, pointant du doigt les étoiles, berçant la petite fille que j'étais avec des rires innocents. papa, on l'a traité de traître, d'inconnu, d'étranger. mais papa, je n'ai jamais pu le considérer ainsi. papa, c'est mon papa, et aussi bien que j'aurais aimé tirer un trait sur lui comme les autres l'ont fait, je n'y arrive pas. papa, je l'aime toujours. il me manque, il a creusé un trou en mon être et l'a comblé d'une absence, d'un vide que je n'arrive à convertir en chaleur. papa, c'est difficile de l'oublier, à noël, à pacques, lorsque je regarde les étoiles, lorsque je pense un peu trop dans mon lit, ma peluche plaquée contre ma poitrine. j'aime ma nouvelle maman, elle est douce, ouverte d'esprit, attachante, et s'occupe très bien de nous. on se sentirait vivre au sein d'une utopie, où l'homosexualité est aussi acceptée que l'idée de respirer et d'aimer, où la famille est le plus sacret des jardins. mais je les aime tous, même celui qui n'en a pas eu assez et nous a déserté.

« with golden string, our universe was brought to life, that we may fall in love, every time we open up our eyes. »

rien n'a fait d'avantage plaisir à lei que de voir sa famille s'agrandir, d'un grand frère, d'autres grandes sœurs. couvée, choyée de tous, la douce se pensait vivre un véritable rêve, contrairement à nuo qui avait plus de mal à s'adapter aux nouveaux changements, à sa petite bambi. malgré tout, leur foyer n'avait jamais été aussi uni et paisible qu'à cette époque là. avant qu'on envoie la petite princesse en internat. loin d'être sa décision, ses aînés ont pensé que l'aider à gagner en maturité, à grandir, ne serait que bénéfique pour leur petite sœur. loin de lui inspirer confiance, elle n'a cependant pas pu refuser leur initiative. ça lui faisait peur, à la petite princesse, de devoir dire adieu à ses proches, à renoncer à voir tasyr, son meilleur ami, son on ne sait réellement quoi. lei ne se souciait pas pour sa famille, elle savait qu'ils prendraient souvent de ses nouvelles, qu'ils passeraient la voir. or pour tasyr, c'était une toute autre histoire. ils avaient pourtant promis qu'ils passeraient le message, qu'ils préviendraient le petit. jamais son ami n'aurait passé des mois sans lui envoyer de lettres, sans passer lui rendre des petites visites, la raison se devait d'être extérieure. lei se doute que sa famille y est pour quelque chose, et au fond, c'est une réalisation qui déplaît à la petite princesse. non pas parce qu'on ose lui refuser quelque chose, mais parce qu'on ose l'isoler, prendre des décisions à sa place, décider de son avenir quand il est justement question du sien. la douce a beau les aimer de tous son cœur, les considérer comme des joyaux d'une valeur inestimable, elle a toujours du mal à digérer cet épisode, car s'ils l'aimaient vraiment, ils la laisseraient s'épanouir à sa manière, la laisseraient suivre le chemin qu'elle juge apte à la rendre heureuse.

« I don't want your body
But I hate to think about you with somebody else »

tasyr, il représente beaucoup : une échappatoire, une épaule sur laquelle se reposer, le meilleur des amis, et le meilleur des amants, un tout. la gamine-fée n'a jamais réellement su (ne sait d'ailleurs toujours pas) discerner où la ligne se dresse entre eux. si c'est un amour, presque chaste et timide, qui les lie, ou si leur connexion est simple fruit d'une amitié des plus solides et authentiques. quelque part, elle a l'impression qu'ils sont un doux mélange des deux, qu'ils sont d'avantage que de simples amis, mais trop loin de véritables amants. pour le temps qu'ils furent ensemble, et malgré leurs différences, la belle eu un aperçu de cette notion de bonheur. et ce qui l'a tout autant surprise, c'est que ce sentiment ne s'est guère effacé après leur séparation. "tasyr sera toujours une source de bonheur, et ce peu importe l'intitulé de notre relation." c'est ce à quoi la belle en est venue à la conclusion. et c'est une véritable dualité pour lei, d'avoir à surmonter les opinions divergents entre sa famille et son meilleur ami, car au bout du compte, l'un est aussi nécessaire que l'autre pour la rendre heureuse.