« Début de feu dans une cuisine ! Vous prenez un camion. Trois hommes suffiront, si vous avez besoin, appelez des renforts. » « JAEHWAN ! » Sursautant, je saute dans ma combinaison avant de courir prendre le reste de mes affaires, puis mon casque et je descends rapidement pour rejoindre les coéquipiers et grimper à l'avant en soupirant un peu. « Fatigué ? » « Non. » J'esquisse un sourire et fixe alors la route avant de mordiller ma lèvre. « Nerveux ? » Hochant la tête, je regarde mon collègue alors qu'un hoquet m'échappe. « Pour le feu ? » « Non, l'examen de demain. » « ça ira ! » Souriant lorsqu'il me frotte les cheveux, je m'étire un peu avant de me concentrer sur les indications qu'on nous donne. Je m'occupe des habitants, Man-soo et Hyun-ki du feu. Une fois sur place, on se dirige rapidement à l'arrière du camion. J'attrape le nécessaire de secours et avant derrière le plus grand qui pénètre dans l'appartement en premier. « Ah, Monsieur, c'est chez vous ? Venez, on va dans le couloir. Vous arrivez marcher ? Mal à la tête ? Des étourdissements ? Du mal à respirer ? » Je prépare le masque à oxygène tout en avançant avec lui, au cas où il en aurait besoin après avoir inhalé de la fumée.

J’étais rentré plus tôt que prévu de mon entretien. Je pensais retrouver Thea entrain de m’attendre dans l’appartement à défaut de Bobae avec qui j’étais en froid depuis des mois que je ne comptais plus. Il fallait croire que ma meilleure amie aussi avait des choses à faire ce soir. C’était donc dans un appartement solitaire empli de ténèbres que je pénétrais. Apres avoir pris une douche rapide pour me débarbouiller et troquer mon costume pour un bas de jogging ample, je restais pieds et torse nus. Les cheveux encore un brin mouillé, j’entrepris de faire à souper. Loin de mes habitudes quotidiennes, je voulais remercier Thea d’avoir pris soin de mois ces derniers temps alors que j’étais mal au point. La cuisine et moi, ca faisait 1000000, mais pour elle, je pouvais faire un effort. Il ne fallait pas s’attendre à un buffet de roi, si je parvenais déjà à faire cuir des nouilles, ca ne serait déjà pas si mal. Je fixais la cuisinière à gaz un long moment avant de parvenir à l’ouvrir. Fier de moi, j’attrapais une casserole que je remplis d’eau alors que le gaz continuait de montrer ses flammes bleues sans rien à faire flamber. Enfin ca, c’était ce que je pensais. C’était sans compter sur l’essuie qui se trouvait non loin et qui se trouvait être un bon combustible. Ma première réaction fut de lancer l’eau sur celui-ci. Mauvaise idée ! La providence n’étant point avec moi, un petit feu intérieur pris dans ma cuisine sans que je ne puisse rien y faire. Mon reflexe fut d’appeler les pompiers qui ne tardèrent pas. Quand ils furent sur place, je les laissais gérer la chose. Un garçon guère plus jeune que moi, me pris en charge. Je le suivis docilement dans le couloir sans jeter un œil à l’intérieure de l’appartement. Espérons qu’ils arrivent à éteindre cela. Je secouais la tête à ses questions. « Je ne suis pas blessé, je me sens bien. Juste un peu paniqué sur le coup, je pense. Mais ca va mieux à présent. » répondis-je sur un ton étrangement calme.

« Je ne suis pas blessé, je me sens bien. Juste un peu paniqué sur le coup, je pense. Mais ca va mieux à présent. » « C'est normal de paniquer. Ne pas paniquer serait anormal à vrai dire, donc en fait, vous avez eu une réaction saine, et vraiment bien en nous appelant au lieu de tenter de maîtriser ça par vous-même. » Règle une : toujours rassurer les gens ! « Il faut quand même que je prenne vos constantes. C'est pour le rapport. » Je montre les marches sur lequel il peut se mettre assis avant de sortir le matériel qu'il me faut. Une petite pince au bout de son index pour le taux d'oxygène, le brassard à son bras pour la tension, mes doigts sur son poignet pour les battements cardiaques. Une fois tout pris, je le note consciencieusement avant de lui sourire un peu, à genoux à terre devant lui. « Ils sont très, très bien mes collègues. Ne vous en faites pas. » Je sors les autres papiers pour les attestations d'assurance. « Vous voulez bien m'expliquer comment c'est arrivé ? » Espérons qu'il ait une bonne assurance si ça vient de lui. Enfin, je veux dire, si c'était une grosse inattention de sa part, sinon, il risque de devoir payer une partie des rénovations. « J'irai voir vos voisins après pour savoir s'ils ne sont pas touchés. »

Je l’écoutais en silence, réprimant un rire sincère face à son innocence, qui ne put être tenu plus longtemps, réchauffant un peu la froideur du couloir. « Vous êtes bien le premier à me dire que j’ai une réaction saine. » si il savait à quel point cette phrase pouvait receler de sous-entendus. Je n’avais rien de tres sain d’esprit. Entre mes émotions qui tourbillonnaient en moi telle une tempête grondant et ma double personnalité qui ne savait s’exprimer par la violence du crime quand elle sortait, j’étais une véritable bombe à retardement loin de cette vie saine que j’aurais pu avoir. Pour la peur, c’était plutôt rare que cela m’arrive à présent. Sans doute que l’inédit de la situation m’avait quelque peu surprit avant que je ne reprenne mon sang froid et les appelle. Cela faisait bien longtemps que j’avais compris à ne pas m’attaquer à ce qui n’était pas de mon domaine. Sachant rester à ma place quand il le fallait. J’ai bien dit : quand il le fallait. Docilement, je m’assis sur les marches qu’il me présentait, régulant ma respiration. Je le laissais faire à sa guise, après tout, il s’y connaissait mieux à ce propos que moi. Si Thea revenait à cet instant elle allait sans doute se noyer de larme d’inquiétude, et quand elle se rendrait compte que ma vie ne serait pas en péril, elle s’arrangerait pour me faire payer le fait de lui causer du souci inutilement. A cette pensée, je souris bêtement avant d’y être tiré par la voix du jeune homme qui me parlait. Je jetais un coup d’œil vers la porte de mon appartement, hochant de la tête. « Je n’en doute pas. » Je baissais la tête vers lui alors qu’il me demandait ce qu’il s’était passé. Un rien gêné, je passais une main dans mes cheveux encore mouillés. « Comment dire … disons que j’aurais mieux fait de commander chinois plutôt que d’essayer de jouer au cuistot ? »

« Vous êtes bien le premier à me dire que j’ai une réaction saine. » Gneuh ? Vraiment ? Pourtant, il a bien fait les choses là. Frottant un peu ma nuque, je finis par me reconcentrer pour faire ce que j'ai à faire, parce que beh… Y'a beaucoup de choses à faire. Et si je passe à côté d'un problème de santé, avec mon examen demain qui arrive, ça va pas le faire DU TOUT ! Nieuh, nieuh… Faisant une petite moue, je le regarde avant de sourire et d'essayer de le rassurer. Les copains ont dû déjà maîtriser les flammes. Ça devrait aller. Par contre, j'espère qu'il a un endroit où dormir pendant quelques temps, parce que vivre là, ça ne va pas être très joyeux.  « Comment dire … disons que j’aurais mieux fait de commander chinois plutôt que d’essayer de jouer au cuistot ? » « Oh ! » Je le fixe un moment, yeux grands ouverts, bouche en cul de poule avant d'avoir un rire qui m'échappe… Puis de me reprendre tout de suite, avec plus de mal que de bien. « Pardon…. » Je secoue la tête. « Désolé. Je ne m'attendais pas à… ça… Pardon. » Des brides de rire m'échappe et j'inspire profondément en notant tout sur le carnet. « Vous avez vu comment le feu a commencé du coup ? »

Le voyant un peu confus vis-à-vis de ma remarque, je souris imperceptiblement. Apres tout, peu de personne pouvait comprendre de quoi il en retournait. Et il avait eu la bonne réaction de ne pas fouiner un peu plus loin guider par une curiosité malsaine que beaucoup d’entre nous entretenais comme sa plus précieuse des cultures. Peu aurait réagi de la sorte, et d’une certaine manière, de la sorte, il me parut directement sympathique. Car pour ma part, pouvoir respecter le jardin secret de chacun était une qualité qui se faisait rare. Je me sentis plus gêné par mon confession d’avoir mis le feu en essayant de cuisine, peu adepte de la pratique, que par ma tenue légère. Passant une main dans mes cheveux noirs de jais, je les laissais retomber lourdement sur mon crane encore humide. Je fixais le jeune homme, ne sachant comment réagir face au visage qu’il m’offrait avec sa bouche en cul de poule. Je réprimais un rire qui finit par éclater alors qu’il riait de ma propre bêtise. Je l’observais s’excusant, ne l’empêchant pas de le faire. Apres tout, lui comme moi sachions qu’il s’agissait plus de politesse qu’une sincérité à toute épreuve. Combien de fois s’excusions-nous lors d’une journée banale plus par reflexe que par nécessité ? Il était rare que je le fasse sincèrement, régissant dans un monde où la politesse mielleuse adoucissait les mœurs et cachait les pires vices. Je l’avais appris à mes dépends et surtout pouvoir y survivre, j’en avais fait un art de manipulation. Sachez charmer les serpents, et ils feront à peu près tout ce que vous voulez, mais surtout, ne le faites jamais confiance. Jamais. « Aucun souci, ce n’est pas de votre faute, mais de la mienne. J’aurais dû être plus contentieux. Mon esprit était légèrement préoccupé par d’autres choses et je n’avais pas vu que l’essuie de vaisselle était resté si prêt du gaz ouvert. Il ne fallut pas plus d’une dizaine de seconde pour que celui-ci s’enflamme et brule ce qui était à sa portée. » je réfléchis quelques secondes d’autant plus honteux. « Mon premier réflexe a été de jeter la casserole d’eau que je tenais entre mes mains sur le gaz. Ce qui s’avérait être une treeees mauvaise idée. » Je jetais un coup d’œil par-dessus mon épaule vers l’entrée de mon appartement, soudainement inquiet. « Vu que les dégâts sont minimes, puis-je rester dans mon appartement ? »

« Aucun souci, ce n’est pas de votre faute, mais de la mienne. J’aurais dû être plus contentieux. Mon esprit était légèrement préoccupé par d’autres choses et je n’avais pas vu que l’essuie de vaisselle était resté si prêt du gaz ouvert. Il ne fallut pas plus d’une dizaine de seconde pour que celui-ci s’enflamme et brûle ce qui était à sa portée. » Je note consciencieusement tout ce qu'il me dit, tout en hochant la tête. Ah, vilain torchon. C'est quelque chose d'assez courant en effet, pas vraiment étonnant. La plupart des incendies de cuisine que j'ai vu, relevez d'un accident similaire. C'est pas vraiment grave quand on y pense, mais un incendie, c'est impressionnant, et surtout, ça peut dégénérer assez vite. Toujours accroupi, je sautille un peu sur place pour changer de point d'appui et remettre mon gros sac en place sur mon dos. « Mon premier réflexe a été de jeter la casserole d’eau que je tenais entre mes mains sur le gaz. Ce qui s’avérait être une treeees mauvaise idée. » « Hm oui, notamment à cause des appareils électroniques... » Mais ça, c'est le réflexe de presque tous les humains, avant, j'aurai fait pareil. Maintenant, j'ai forcé la maman de Myung a bien aménager le penthouse pour qu'on puisse agir avec intelligence en cas de souci. C'était pas vraiment le cas avant. « Vu que les dégâts sont minimes, puis-je rester dans mon appartement ? » « Oh euh, je vais voir. » Je me redresse et pars voir les collègues avant de lui faire signe de se lever. « C'est maîtrisé, mais vous n'allez pas pouvoir vous servir de la cuisine pendant un moment. Vous avez un endroit où aller ? » « Jaehwan, c'est bon de ton côté ? » « Ne hyung ! » Je souris un peu avant de regarder encore Kwon-ssi.

Quand j’y repensais, j’avais vraiment été con et imprudent. A etre trop tête en l’air, et surtout à trop penser à elle, j’allais finir par réellement me tuer sans en avoir conscience. J’étais devenu une loque, au point que mes défenses que j’avais mis si longtemps à bâtir avait fini par céder, laissant s’échapper le grand méchant loup que j’avais si soigneusement caché au monde ces dernières années. Les paroles du jeune pompier me sortirent de mes pensées, me faisant hocher la tête presque automatique. « Tous des traites. » Elle aussi, elle était devenue telle une traitresse à mes yeux, déchirant mon cœur en lambeaux. Alors qu’il s’éloignait pour s’assurer que mon appartement était sûr, je sortis mon portable de ma poche, jouant avec le numéro de Bo Bae que je me tâtais à appeler. A quoi bon ? A quoi ca servirait-il de savoir que j’avais failli cramer cet endroit qu’elle avait fui pour rejoindre celui qu’elle considérait comme sa vraie maison ? Je fixais mon téléphone avec tant d’attention, que je sursautais presque en entendant cette voie devenue familière. Je souris plus pour la rassurer que par politesse. « Je vais m’arranger, ne vous inquiétez pas. Je vous remercier d’avoir éteint les flammes qui menaçaient mon appartement. Si vous n’étiez pas venu si vite, je n’ose imaginer les dégâts. » Je repris mon téléphone, le lui montrant. « Je vais passer la nuit ailleurs, le temps de laisser les lieux ventilés. Encore merci. » Je m’éloignais pour passer un coup de fil à Haru pour voir si elle pouvait me rendre un énième service.