On the road again ▬ keina
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On the road again ▬ keina | Dim 5 Fév - 19:33 Citer EditerSupprimer
Besoin d’ailleurs, besoin de grands espaces, d’étendues vides et sauvages, de monde où l’homme n’a pas laissé son empreinte macabre. A la manière de l’explorateur, je veux découvrir les Indes, la Terre de Feu, voir le monde enfant, le monde pur. La péninsule où je me cache depuis trop longtemps n’a rien de tout ça. Je le sais, je l’ai vu. La Corée, aussi vieille qu’elle est, est grise à cause de la poussière que personne n’a pris la peine d’enlever. La campagne, ce vide intersidéral, est le tapis sous lequel la ville cache ses miettes en espérant que personne ne le remarque sans un peu de mauvaise foi. Et moi j’en ai à revendre, en même temps que ma révolte. J’en ai tant que je la brade, la donne presque à qui a le cœur d’écouter les jeunes de mille ans qui traînent sur les trottoirs à longueur de journée. Keith-colère ne s’en sort plus ici, il a besoin de partir, de dépoussiérer un peu madame Corée pour la trouver séduisante. Alors je prends ma Ford Anglia et je me casse, direction le presque inconnu. Mais direction Nina, d’abord, parce qu’elle rend toujours les choses plus belles et qu’elle arrive toujours à voir les choses plus belles qu’elles ne le sont. Comme un collégien américain moyen je jette des cailloux à sa fenêtre, malgré l’heure, malgré le froid, malgré la nuit. « Je vais voir le monde, tu viens ? » Loin des réverbères et du plan en quadrillage. Cassons-nous ma belle, allons voir si c’est plus beau dehors.
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Re: On the road again ▬ keina | Dim 5 Fév - 19:57 Citer EditerSupprimer
la lumière tamisée, la musique qui doucement berce la jeune californienne. cobain sur un riff doux d'un unplugged, un vieux bouquin entre les doigts, à moitié nue dans son lit. La chaleur de l'appartement est plaisante, sa quiétude aussi. elle qui est toujours active, toujours dans le bruit (de l'amour, des gens, des sourires), à parfois besoin de ce silence que lui apporte cette place qu'elle partage avec raï. et c'est si doux. et parfois les nuages se glissent près du plafond et ternie l'humeur de son cadet et pourtant, ils sont si doux. si eux. à se chercher, à se connaître. nina tourne du dos sur le ventre en ne lâchant pas les pages du bouquin qu'elle dévore depuis le début de la soirée, s'exatsie sur l'écriture et sur la beauté des personnages. du voyage qu'ils font, à l'intérieur d'eux autant qu'à l'extérieur de leur ville. puis une note à côté, puis un autre son qui ne fait définitivement pas partie de la musique, alors nina relève ses cheveux lion-blond pour chercher d'ou viens le bruit. Il est tard pourtant, raï dors, normalement. Puis encore un, alors elle se lève et comprend enfin en voyant un caillou cogner contre sa fenêtre, elle s'approche et regarde d'abord par celle-ci pour être sur de ne pas se prendre un caillou dans la tronche puis sourit-amour en voyant keith. Elle l'ouvre et se penche à sa fenêtre en tenant sa tête dans sa main. Proposition plus qu'alléchante. « J'arrive. » qu'elle dit en se redressant tout de suite oubliant qu'elle se montre seins-nues à la fenêtre (c'est keith, de toute façon, c'est keith-amour), puis rigole et s'approche à nouveau de la fenêtre ouverte et lance un « tu m'chantes une chanson ? » avant de faire un clin d'oeil qu'il ne verra surement pas, repartir et disparaître dans l'appartement, s'habillant à la volée d'un gros pull à raï, un jean troué, se jeter dans ses docs, chopper son casque, son bouquin qu'elle fourre dans sa poche kangourou, s'arrêter sur le pallier, repartir à la volée en sens inverse pour éteindre la lumière, fermer la fenêtre, s'arrêter dans la chambre de raï pour embrasser sa tempe, piquer son téléphone qu'elle allume sur les notes pour laisser un je reviens, je vais voir le monde. La fille lion vole dans les escaliers et en un clin d'oeil, la fraicheur de la nuit la réveille, elle qui se glisse dans les bras de keith comme on se faufilerais dans son lit. avec amour.
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Re: On the road again ▬ keina | Dim 5 Fév - 20:22 Citer EditerSupprimer
Ce sourire-là, celui qu’il affiche quand il la voit dans le contre-jour, c’est celui du bonheur. Et déjà je suis moins vieux. Sauf que je ne la vois pas, Nina. C’est une ombre plus qu’un corps nu, une image qui s’imprime et qui me fait comprendre pourquoi ma mère a toujours aimé prendre des femmes en photo. La belle créature disparaît et je sautille comme un con dans le froid en chantonnant. En italien, parce que jeter des cailloux aux fenêtres et voir une femme surgir implique les beautés de Vérone, c’est écrit. Cela dit, aucune idée de ce que je baragouine avec mon accent d’américain de l’Est, peut-être une pub pour les pâtes ou la plus belle chanson du monde, ce n’est pas très important. L’important, ce sont ses bras qui réchauffent et son petit corps qui fait du bien. Pendant un moment, j’avais peur qu’elle ne vienne pas, que les choses soient différentes. N’oublie pas Keith, les gens changent et toi tu restes là. Je me perds un moment dans la contemplation de ses cheveux et je me trouve niais parce qu’elle me rappelle Baudelaire. J’aimerais bien rencontrer la personne qui me donnera envie de réciter de la poésie, un jour. Nina, elle a plus le parfum du rock’n’roll. J’aime bien aussi, c’est comme l’Amérique. Alors je lui claque un baiser sur la joue et je lui ouvre la portière façon gentleman parce que pourquoi pas. Nous manquons de temps - nous en manquons toujours – alors je lance la Ford aussi vite qu’elle peut traîner sa carcasse et nous voilà partis vers le pas-si-loin, mais on fera semblant d’y croire. « Comment tu fais pour être heureuse ici ? Comment tu fais pour rendre ça beau ? » J’ai besoin d’un secret, d’un tour de magie pour que les buildings qui défilent ne soient plus des monstres prêts à m’avaler si je les regarde dans les yeux. Les murs en ont-ils seulement ? Oui, je les vois me fixer alors que je trace vers la vraie nuit noire en allumant une clope.
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Re: On the road again ▬ keina | Dim 5 Fév - 20:33 Citer EditerSupprimer
l'odeur de keith lui avait manqué, il avait disparu de ses nuits étoilées pendant un temps. ça a toujours été comme ça de toute façon. Ils se voient, s'aiment, se quittent sur un sourire et se retrouvent au hasard d'une rue, d'un bout de chemin que le destin à tracé pour eux. ça à toujours été comme ça. volatile et nécessaire, vitale. de temps en temps, ils se retrouvent, se font du bien, rigolent et repartent vers leur vie. un peu plus grise parfois, comme le fond des yeux de keith aujourd'hui. elle le sens nina, qu'il à besoin d'amour, de sourire, de simplicité comme ils ont toujours. comme des grand enfants, et ce besoin de l'autre comme une muse et son poète. Un peu. Alors ils s'aiment et la californienne lui refile un peu de bonheur en frottant son nez au creux de son cou avant d'accepter s'envoler au fil des néons. Et nina cale sa tête sur le siège, regarde la vile défiler, en silence. ils ont pas forcément besoin de parler tout le temps eux deux.
la belle tourne la tête vers lui, change même de position après avoir enlevé ses chaussures, se met en boule et remonte la capuche sur son visage, se met de côté pour pouvoir regarder keith conduire, le regarder fumer, s'inspirer de lui un peu plus chaque minute. « chaque chose que tu vois à quelque chose de beau. il faut juste laisser ton esprit assez grand pour voir ce que les autres voient pas. tu vois, tu crois qu'le ciel est gris aujourd'hui, noir-nuit ? bah, concentre toi sur autre chose. là! t'as vu ? t'as vu t'as vu ou pas ? » qu'elle dit en s'étant un peu redressée pour montrer du doigt un couple qui s'embrassait au milieu de la quatre voie, comme dans les films, avec un trop-pleins d'amour qui peu pas attendre l'autre côté. « ça, c'est beau, ça c'est plus beau qu'le gris que t'as pas envie de voir. »
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Re: On the road again ▬ keina | Dim 5 Fév - 20:53 Citer EditerSupprimer
Les briques se font rares, les lumières aussi. La seule chose qui nous rattache à Séoul, c’est la route. La route lisse, droite, mortelle. Les gens se tuent en voiture, ici plus qu’ailleurs. Sans doute parce qu’ils essayent de fuir eux aussi, que les bâtiments les regardent avec leurs grands vilains yeux. Au moins, la maudite issue de secours est vide. Pas de phares, pas de bruits, juste celui de l’Anglia qui crache son carbone à la gueule du monde. Comme Nina, je regarde les amants, ou alors ils sont mariés mais les amants ont toujours eu quelque chose de plus beau. Ils sont figés dans une époque, un tout petit moment de rien qui n’appartient qu’à eux. Et c’est vrai qu’ils sont beaux, au milieu de leur quatre-voies à emmerder tout le reste. Pour sûr qu’ils pourraient crever là et en être ravis. « Ils n’ont qu’une seule nuit pour s’aimer. Il ne se connaissent pas et ils ne se reverront jamais. C’est juste un hasard mais c’est la plus belle nuit de leur vie. Ca ferait un bon livre tu ne crois pas ? » C’est mon truc, je juge le beau au nombre de caractères, aux litres d’encre et aux modifications des éditeurs. Et elle n’a pas tort, ma princesse d’une nuit, ils sont moins gris. Ou du moins, leur gris est plus beau. Ils sont déjà loin et nous on avance toujours, la route se réduit un peu et il ne reste rien de Séoul ni de ma cigarette sur laquelle j’ai tiré avec un peu trop de force. Je réalise que je suis essoufflé, comme si j’avais couru un marathon. Ce qui ne m’empêche pas d’en rallumer une et de la passer à Nina, qui me regarde comme si je n’étais pas le mec triste que je suis en train de devenir. « Demain matin, elle retrouvera le mec qui ne la rend pas vraiment heureuse mais qu’elle aime quand même. Et lui, il retrouvera sa femme et ses gosses. Il en a deux et un troisième est en route. Même en les voyant, ils ne regretteront pas. Ca pourrait être adapté par Woody Allen, il a du goût pour les couleurs et les bandes sons. » Je souris un peu en réalisant que je parle déjà de couleurs et des choses moins tristes. Des gens qui s’aiment. Pas comme j’aime Nina ni personne, mais qui s’aiment, et ça fait un bien fou.
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Re: On the road again ▬ keina | Lun 13 Fév - 14:27 Citer EditerSupprimer
Nina, elle adore l'écouter parler. lui qui arrive toujours à inventer des histoires, à voir dans chaque brique un quelque chose qui pourrait faire des montagnes et des montagnes de papiers encrés. Keith à ce don, ce quelque chose avec les mots, avec l'histoire. Elle se perd dans la dernière volute de fumée de sa cigarette, dans son histoire, se projette dans sa tête les couleurs à la Allen et ce qu'il décrit, sourit. C'est un peu triste, comme histoire, pourtant nina n'arrive pas à le percevoir. Nina n'y voit que l'amour parce que comme toujours, elle supprime le negatif, supprime le gris, le noir, le vide, l'absent. « Ils se sont aimés assez en une nuit pour remplir leur coeur à l'éternité. c'est comme quand tu croises quelqu'un, un r'gard, que p'tain il te transperce, tu t'en souviens pour toujours. » Nina sourit et attrape la cigarette qu'elle fume tranquillement. La musique la berce doucement et le moteur de la voiture ronronne avec plaisir, elle augmente un peu l'son, ferme les yeux, avant de les rouvrir à nouveau, glisser ses doigts dans les cheveux bruns et long de keith. « je t'aime. » elle le dit aussi simplement que bonjour, aussi honnêtement que merci, nina aime ce regard concentré sur la route, ses boucles qui retombent sauvagement, son côté pessimiste amoureux, tout. Nina sourit, fume, caresse avec douceur la nuque du garçon. « on s'arrête prendre à manger? »
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Re: On the road again ▬ keina | Dim 5 Mar - 21:04 Citer EditerSupprimer
Comfortably Numb se met à grésiller dans les enceintes. Hello, is there anybody in there ? Personne, parce qu’on est sur une route perdue et que ma montre s’est arrêtée sur quatre heures vingt il y a plusieurs mois, en figeant par la même occasion le temps et l’espace de ses pouvoirs magiques. On ne voit plus nos amants, nos passionnés, nos heureux providentiels qui arrivent à me redonner le sourire. Parce qu’elle a raison Nina, ils sont beaux dans leur bonheur. « Moi aussi je t’aime. » J’en frissonne tellement ça fait du bien, de l’entendre de quelqu’un. De le dire aussi. Je ne dis jamais assez aux gens que je les aime, je prends la chose pour acquise et je les laisse filer. Alors parfois ma beauté de la West Coast me rappelle que je ne peux pas être un connard tout le temps. « T’es amoureuse ? » Je fais entorse à nos règles silencieuses, et pour une fois, je lui demande si elle aime aussi, dans la vie réelle. Elle tient un langage d’amoureuse et sa voix rend le rend foutrement joli. Au bord de la route apparaît une station, et je décide d’en faire notre cinq étoiles. Au milieu des camions, ma pauvre Ford fait bien pitié mais je me sens étrangement à l’aise au milieu de toute la ferraille. « Un jour j’ai couché avec un routier. Mais pas le style gros barbu qu’on voit à la télé. Il m’avait pris en stop sur la 6 et je te jure, il avait la voix de Kurt. Peut-être que c’était une réincarnation ou un truc comme ça. Au final on a passé un bon moment ensemble, genre deux semaines, le temps de faire un petit tour du pays. Et tu sais, le monde est vraiment différent dans un camion, les gens sont plus petits, le ciel un peu plus près. C'était assez beau, tout ça. » Je ne sais pas pourquoi je lui raconte ça et en fait c’est bizarre, de partager ses expériences humaines d’une autre vie. Surtout pour en arriver à une conclusion aussi plate que celle-ci, remplie de phrases simples, même pas spécialement belles. Juste de la banalité. Envie de montrer que moi aussi, j’ai eu des bons moments dans mon existence ou babillage de vieillard nostalgique, mon cœur balance et mon cerveau me rappelle à quel point je pense trop, parfois.
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