Wearing. | Après avoir passée sa carte bleue, la jeune femme glissa le plastique contenant diverses bouteilles d'alcool dans son sac à main, c'est qu'elle préférait rester discrète pour le coup. Surtout qu'elle ne savait pas sur qui elle allait tomber en se rendant chez les Kwon. Si c'était le frère ou les sœurs ça passait encore, mais allez justifier aux parents le contenu du sachet... Replaçant son bonnet sur ses longs cheveux décolorés, elle remonta ensuite son col et se mit en route vers la maison des Kwon. Elle n'avait pas prévu ce détour, après son après-midi à travailler à l'arcade, elle avait prévu de passer la soirée tranquillement dans la résidence, d'abord dans la salon commun à mater un des derniers drama à la mode, et ensuite dans sa chambre avec un bon bouquin. En fait un manga, elle s'y était mise depuis un certains temps, sur les recommandations de Nam Kyung, et bien qu'elle ne lui avouerait pas (trop fière pour ça) elle s'était prise au jeu. Mais à l'arcade, elle avait croisé la sœur de Tae In, elles avaient un peu parlé, et la coréenne lui avait dit que son frère n'avait pas le moral et lui en avait expliqué la raison à demi mots. Ivy avait hésité entre pourrir son meilleur ami par téléphone en lui demandant pourquoi il ne lui en avait pas parlé, ou monter une petite mission s.o.s. Elle avait opté pour la seconde option. Elle arriva devant cette maison qui lui était familière depuis ces dernières années, et frappa à la porte après s'être assurée qu'aucun son de verre qui claque ne parvenait de son sac. Ce fût encore la sœur de Tae In qui lui ouvrit, et après de courtes banalités et s'être déchaussée, Ivy prit la direction de la chambre du jeune homme sans qu'on ait à lui en indiquer le chemin. C'est que ça aussi ça lui était familier. Elle entra dans la chambre sans frapper, elle voulait surprendre son meilleur ami, elle prit donc garde à ne faire aucun bruit. Elle ne s'attendait cependant pas à trouver Tae In allongé sur son lit, en mode déprime totale, il dormait déjà ou quoi ? Sur la pointe des pieds, elle s'approcha du lit après avoir posé son sac au sol dans la plus grande discrétion. Arrivée à sa hauteur, elle se laissa tomber sur lui, avant de rouler sur le côté, passant ses bras autour de lui. « Et t'attendais quoi pour m'appeler ?! » Pas besoin de bonjour, pas besoin de tourner autour du pot, il savait de quoi elle parlait, et il savait aussi qu'elle n'était pas désolée de cette entrée en matière sans douceur. « You brat... » Ajouta-t-elle en lui caressant les cheveux.

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« AH ! » Sursautant à moitié en me recevant ce sac de patates sur la figure, je manquais d'attraper mon oreiller pour frapper la personne à mes côtés, que je présumais être Nayeon. Heureusement pour elle, la jeune femme qui avait décidé de squatter mon lit eut la bonne idée d'ouvrir la bouche et de parler, ce qui me fit automatiquement lâcher mon arme à plumes, au profit d'un simple soupir. Tiens... quelle surprise. Qu'est-ce que j'attendais pour l'appeler, qu'elle demandait ? Bonne question. Pour répondre simplement, disons que ce n'était pas toujours facile de courir après le soutien d'autres personnes, lorsqu'on avait une fierté mal placée et qu'on aimait régler les choses par soi-même. M'enfin bon... comme quoi, si ce n'était pas l'un qui allait vers l'autre pour chouiner, il fallait bien croire que ça se faisait au moins en sens inverse. Je profitais donc du fait d'avoir le dos encore tourné pour esquisser un petit sourire pour moi-même, content que mon amie soit venue me voir, puis redressais ensuite la tête par-dessus mon épaule en mimant un visage boudeur. « Qui c'est qui t'en a parlé ? » Et lol, j'imaginais presque mon bouffon de frère aller la voir pour lui demander de se remettre avec moi pour que j'arrête « d'être pd », ce qui provoqua un pic d'agacement dans le creux de mon ventre aussitôt. C'était quoi, le pire ? Savoir qu'il était potentiellement capable de faire ça ? Ouais... sans doutes. Si ce n'était pas Jae In... je pariais sur la frangine... c'était les seuls à connaître la situation, à mon avis (sans compter Kwansun, voir Eunbi, peut-être). « Ouais, on s'en fiche, en fait... écoute, j'ai même pas envie de causer de cet abruti... » Je soupirais à nouveau et en profitais quand même pour coller mon dos contre elle en fermant les yeux sous ses caresses. « Plus le temps passe et plus j'ai l'impression qu'il perd des neurones, ce con. Je lui ai rien fais, en plus ! Tout ça parce qu'il... » Ouais, non, j'allais pas parler de Kwangho, c'était un sujet juste entre Jae et moi. Je finis quand même par chopper mon coussin pour le jeter contre la fenêtre, avant de grogner. « Croit qu'il doit prendre exemple sur moi pour tout et que là ça va pas avec sa vision du monde. »

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Wearing. | Était-ce important de savoir qui lui en avait parlé ? Il devait bien se douter que c'était sa sœur de toute façon. En le sentant coller son dos à elle, elle le serra un peu plus, ayant ainsi l'air encore plus petite à côté de sa longue silhouette longiligne. Elle le laissa d'abord parlé, elle sentait sa colère et sa peine, pas seulement par ses paroles et ses actions, mais aussi à la raideur de son dos contre sa poitrine. Ivy vint poser sa tête sur son épaule, cessant de caresser ses cheveux. « Laisse lui p't'être le temps d'intégrer ça à sa vision du monde ? De votre monde ? » Difficile pour la jeune femme d'avoir les mots justes, la personne la plus à même de réconforter le coréen était justement la source de son trouble. Leur fratrie était fusionnelle et impénétrable, l'ayant compris de puis longtemps, Ivy prenait la part d'affection que son meilleur ami pouvait lui donner. « Mais j'ai la tristesse de te dire que sans lui tu seras pas heureux, mais si tu te renies tu seras pas heureux non plus. » Elle n'était pas pessimiste, elle était juste réaliste. Tae In avait fait ce qu'il avait à faire. A son frère à présent de l'accepter comme tel, aussi imparfait le trouvait-il. A tout autre échelle, ce problème faisait écho en Ivy. Son père adoptif n'ayant jamais accepté d'abord la gamine proche du mutisme qu'elle avait été, puis l'adolescente et la jeune femme affirmée qu'elle était devenue. « Mais ton frère t'aime, c'est déjà bon à savoir non ? » Ils n'en seraient pas là sinon. Elle, son père ne l'avait jamais vraiment aimé à sa juste valeur. Finalement, elle eut un rire à ses propres paroles. « Enfin, c'pas moi qui vais te parler d'amour ! » Elle était bien mal placée pour ça, elle qui avait tendance à détruire ou se détruire dès qu'il s'agissait de sentiments. « Bouge pas. » Dit-elle en se redressant et quitta le lit pour attraper son sac. Elle en sortit deux bouteilles d'alcool. « Je pense que ces p'tites chéries sauront mieux te réconforter que moi. » Et elle vint se rasseoir à côté de lui.

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