Né dans une famille modeste, Andrew n’avait jamais manqué de rien.  Il avait grandi dans une petite ville des Etats Unis. Son enfance avait été heureuse malgré l’absence de son père qui travaillait dans l’armée, en tant que marine. Sa mère (Shirley) essayait de compenser cette absence en le choyant davantage. A vrai dire il ne sentait presque pas la différence lorsque son père revenait pour quelques mois. Il le considérait comme un étranger qu’il appelait papa.

Il adorait son quartier. Les maisons étaient magnifiques au printemps. Elles étaient jonchées de d'hortensias bleues très claires et rose presque fuchsia, de lavande et de rosiers. Bien sûr ce qu’il aimait dans son quartier n’avait rien à voir avec tout ça. Dans la maison d’en face vivait sa meilleure amie, Ivy, avec qui il passait toutes ses journées. Ils jouaient à cache-cache dans la maison de celui-ci et se baignaient dans la piscine de celle-ci. Les après midi de printemps, en rentrant de l’école, ils passaient devant le champ de maïs de M. Grincheux et lui volaient à l’occasion un épis chacun qu’ils faisaient griller arrivé chez eux à la lueur d’une bougie. Ils étaient inséparables et s’étaient fait la promesse de ne jamais se quitter. Il se souvenait du jour où le père de Ivy était mort. Elle ne pleurait pas mais ses yeux trahissaient son chagrin. Elle, qui n’hésitait pas à exprimer ses sentiments, ne disait rien, et, lui non plus. Rien n’aurait put la soulager, donc autant se taire. Elle n’alla pas au bal de promo qu’elle avait attendu toutes ces années avec impatience. Il ne lui avoua jamais mais il avait remarqué que quelque chose avait changé en elle.

Andrew partit à Richmond pour faire une formation de trois ans en pâtisserie/chocolaterie. Ivy le suivit pour s’inscrire à la fac, les parents de cell-ci pouvant lui offrir. Elle était très douée pour les langues et choisi d’étudier le chinois, le russe et l’allemand. A leur arrivée dans cette nouvelle ville, ce goût de renouveau donna des ailes à Andrew. Il avoua à Ivy ses sentiments, c’est ainsi que commença leur idylle. Lorsqu’il finit ses études, il trouva rapidement un job dans un café assez réputé. Son travail n’avait rien à voir avec ce qu’il rêvait de faire mais ça payait bien. Ils n’avaient jamais connu une autre personne et voulaient finir leurs jours l’un avec l’autre. Ils se marièrent jeune, Ivy sortait à peine de l’université, et profitaient de leur jeunesse ensemble. Ils ne jouaient plus à cache-cache ni ne volaient du maïs mais sortaient en boite, organisaient de grosses soirées avec leurs amis, et se payaient quelques fois des vacances dans le sud du pays.

Il avait fêté ses 25ans depuis même pas 3mois lorsque sa mère tomba malade. L’Alzheimer se déclara et elle ne pouvait plus s’occuper d’elle-même. Bien sûr son père était là mais il était du genre à ne pas savoir faire griller du pain avec un grille pain. Il était inconcevable la laisser. Elle lui avait tout donné et aujourd’hui, malheureusement plus tôt que prévu, c’était à son tour. Andrew et Ivy revinrent dans leur petite ville natale. Un souvenir de nostalgie fit surface en lui lorsqu’il revit le porche de sa maison couverte pétunias et de marguerites. Ils n’étaient pas revenus depuis environ 7ans, leurs parents respectifs venaient les visiter mais pas l’inverse. Il avait discuté avec Richard qui lui offrit une place dans la boulangerie et qu’il accepta. Ils avaient trouvé un petit appartement dans le centre. Ivy travaillait à domicile pour pouvoir s’occuper de sa belle-mère lorsqu’Andrew n’était pas disponible. C’était dur, leur quotidien était réglé et ne laissait plus place à la spontanéité. Pourtant de temps à autre Ivy s’arrangeait pour amener son déjeuner à Andrew et lui, organisait quelques encore vacances dans le sud. Ce n’était pas la vie qu’ils rêvaient mais elle n’était pas désagréable.

Ce fut un réel choc pour lui, lorsque la nouvelle tomba. Durant son sommeil, sa mère s’était éteinte. Au début il ne réalisa pas, puis vint le chagrin. Il se renferma sur lui-même.

Un soir, il rentra du travail vers 20h. Les journées étaient de plus en plus courtes mais les siennes étaient de plus en plus longues. Il avait encore résisté à la tentation d’allé boire un verre avec Richard et Josh. Trop fatigué, il n’avait qu’une envie : retrouver son lit. Ivy était sortie avec une amie d’enfance. Il serait un peu tranquille. La porte d’entrée n’était pas fermée à clé. Inquiet il entra discrètement. Il y avait quelqu’un. Deux personnes. Il s’approcha de sa chambre et sachant ce qu’il allait y trouver, il ouvrit lentement la porte. Evidemment, Ivy et un total inconnu, du moins pour Andrew, s’embrassaient tendrement sur le lit. Il se demandait comment avait-elle pu lui faire ça seulement quelques mois après le décès de sa mère ! Il eut une sorte d’absence. Lorsqu’il reprit ses esprits, l’homme était parti et, calmement, Ivy lui demanda pardon. Elle lui annonça que dès le lendemain elle serait partit. Elle tint parole. Elle lui laissa une lettre lui expliquant qu’ils s’étaient probablement mariés trop tôt, qu’elle n’avait pas prémédité cette relation et qu’elle regrettait de l’avoir fait souffrir. Elle lui cachait la vérité depuis 4 ans, elle s’était lié d’amitié avec Thomas un collègue de travail. 

Il était furieux. Elle ne s’excusait pas de la manière dont il les avait surprit. Elle connaissait ses horaires de travail, et il n’avait pas l’habitude de traîner. Dans le fond elle voulait qu’il sache la vérité mais elle n’osait pas lui avouer donc elle a préféré lui montrer. C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Il décida de reprendre le contrôle de sa vie ! Il voulait partir loin. Des vacances. Il alluma l’ordinateur et réfléchissait à la destination. Il avait toujours été intéressé par l’Asie. Il se décida sur un coup de tête : l’île de Jeju ce serait.

Il était censé rester deux semaines. Il trouvait l’endroit magnifique. Un soir, où il ne voulait pas sortir, il alluma la télévision de sa chambre d’hôtel et regarda un reportage qui parlait d’une ville du pays en pleine essor : Yonsei Digital City. Etait-ce à cause de ses malheurs ou du fait qu’il était en vacances, quoi qu’il en soit Andrew eut un déclic. Il voulait un nouveau départ et enfin réaliser son rêve. Personne ne l’attendait aux Etats-Unis.