Midi était passé depuis un quart d’heure et lei était toujours dans son bureau en train de traiter des dossiers taïwanais, signant quelques autorisations de séjour, prévenant ainsi certains de ses employés qu’ils allaient devoir partir pour un petit mois dans le but de ramener la liste de contrats élaborée par le chef d’entreprise lui-même. la corée devenait un marché bien trop petit pour les ambitions restantes de l’asiatique et il comptait désormais s’attaquer à l’extérieur. Mais pas que. Un de ses anciens protégés allait bientôt faire son entrée dans son bureau, et il tardait au plus vieux de voir comment ce gosse, si apeuré et pourtant un brin sûr de lui au début, avait évolué. Il observerait d’abord son physique grandi, ensuite sa manière de parler, sa façon de penser et enfin ses nouvelles ambitions. Minhyuk était de ces idoles qui tentaient de percer plus loin que les agences ne pouvaient leur permettre, c’était peut-être pour cette raison qu’il avait choisi de s’émanciper. Lei griffonna une énième feuille alors qu’on frappa à la porte « - oui ? » une femme qui se tenait à l’entrée joignit ses doigts manucurés « - mr feng, mr kim est arrivé. quand le fais-je monter ? » un sourire carnassier se glua au visage de l’entrepreneur alors qu’il se leva pour couper un cigare, légèrement assis sur son bureau « - faites le venir de suite. A quelle heure est la prochaine réunion ? » la belle attrapa son carnet « - dans 3 heures monsieur, mais vous avez un meeting avec le groupe de Floride dans une demie heure. » ; il fronça le nez « - annulez le et reportez le. Et que personne ne me dérange quand mr kim sera là. Compris ? » la femme hocha la tête et s’inclina naturellement devant le brun, alors qu’elle referma les portes de son bureau, dévalant trois étages à la recherche de ce dit minhyuk à qui elle offrit finalement un sourire « - mr feng est prêt à s’entretenir avec vous. Troisième étage, la porte au fond du couloir sur votre gauche. » elle se recula de quelques pas pour le laisser filer à son destin tandis que lei réajustait une cravate qu’il finit simplement par enlever pour se donner un genre plus détendu. Il alluma son cigare et s’installa dans son fauteuil, guettant l’arrivée de son cher et prometteur espoir.

J'observais la secrétaire s'en aller et m'assis simplement sur l'un des fauteuils de la réception pour patienter, le temps que mon arrivée soit annoncée. Cela faisait un petit moment qu'on ne s'était pas vus... la seule chose qui nous maintenait réellement en contact, encore, c'était ce contrat passé il y a plusieurs années. Le tenir au courant de ma progression, verser ce pourcentage sur chacun de mes revenus... ça ne me dérangeait pas tant que ça, comme condition. Les affaires étaient les affaires et même si je m'étais montré particulièrement hargneux à l'époque, vis-à-vis de sa proposition, j'avais vite compris que la poignée de main serrée avec cet homme avait en fait ouvert des portes qui m'étaient jusqu'alors solidement verrouillées. Au jour d'aujourd'hui, je le comprenais mieux, ce grand monsieur. Lui et son obsession du travail, son ambition... je pensais que les relations affectives étaient quelque chose de plus important que le reste, au début... et puis, une fois lancé dans la machine du business, on oubliait vite ça. Pas le temps. Vraiment, pas le temps. Je m'étais consacré à ma musique et à la promotion de cette dernière, m'éloignant peu à peu de l'image de petit gars sorti d'un boys band pour passer à celle d'un type qu'on prenait un peu plus au sérieux, tant d'un point de vue social que d'un point de vue... salarial. Les choses avaient changées... et je prévoyais désormais de rester plutôt dans la composition, de me lancer dans la production d'artistes, plutôt que de me donner en spectacle à tour de bras. Pour en arriver à tout ça... le tremplin que m'avait offert Lei hyung n'était pas anodin.

Tranquillement assis, les yeux sur mon téléphone, je lançais néanmoins un sourire en remarquant que l'une des réceptionnistes n'arrêtait pas de me lancer des coups d'oeil agités. Sans doute qu'on ne voyait pas tellement de 'célébrités' défiler, dans le coin. Ce n'étaient pas les hommes d'affaires en costumes qui attiraient vraiment l'attention des jeunes femmes, malgré leurs comptes en banque... mais voila, donnez leur un type qui passait à la télévision et qui se baladait en tenue 'civile' et vous changiez la donne immédiatement. « - mr feng est prêt à s’entretenir avec vous. Troisième étage, la porte au fond du couloir sur votre gauche. » Relevant la tête, je hochais cette dernière et me levais en remerciant l'employée, avant d'aller vers l'ascenseur pour suivre les indications jusqu'à la porte du bureau. Petit instant de stress, malgré tout. J'entrais finalement dans la pièce et refermais derrière moi, avant de déposer mes yeux sur mon ainé. Salutations polies, inclination du corps, puis mes jambes m'amenèrent fidèlement jusqu'en face de ce personnage au charisme si particulier. « Je ne t'ai pas vu depuis longtemps... » Un sourire s'afficha sur mon visage aux traits étranges, alors que je l'observais durant plusieurs secondes, ne m'asseyant que lorsqu'il me le proposa. « Comment ça va, hyung ? » Toujours aussi seul ? Au moins, cette fois-ci, je pouvais comprendre ce sentiment.

Lei avait rarement souhaité prendre des gens sous son aile. Evidemment il y avait ses garçons, mais ils menaient une vie bien remplie à côté du métier que le chinois leur avait demandé d’effectuer. Il y avait eu sangjae qui avait compté énormément pour lui, et qui continuait encore d’occuper son esprit, mais il fallait le dire, jamais il ne s’était autant investi pour un jeune prodige, qu’il avait poussé dans les bras des meilleurs, jusqu’à le laisser tracer sa propre route. Lei était un bon tuteur, mais il laissait à la fin le champ libre aux gens qu’il ne désirait pas contrôler entièrement ; ce qu’il avait été incapable de faire avec jae ou maintenant avec nolan. Il était assis à son bureau alors que la porte s’ouvrit enfin, laissant voir derrière le décor des entrepôts luxueux de l’homme d’affaire. Ce dernier se redressa aussitôt, bloquant son cigare à demi consumé dans le creux de son cendrier. Le plus jeune s’inclina de suite, une politesse qu’il n’avait visiblement pas perdue envers son ainé. Tout comme ce « hyung » que lei appréciait en silence. Le plus vieux afficha cependant un sourire avant de baisser légèrement la tête pour le saluer à son tour. Puis il le scruta, rapidement mais assez intensément pour mettre minhyuk mal à l’aise ou non. Il avait changé physiquement ; il restait ce petit jeune homme qui cherchait à réussir dans la vie, mais il fallait avouer qu’il avait pris en maturité au niveau du visage ainsi qu’en dureté dans ses traits anguleux. Il était beau. Le chinois s’avança vers lui et attrapa soudainement son menton pour lui faire tourner la tête « - toujours cette même certitude dans le regard. » il le lâcha alors pour venir s’assoir à nouveau derrière dans son bureau. « - tu ne m’as pas vu depuis longtemps mais assez pour me tutoyer à ce que je vois. » il reprend son cigare et le rallume avant de sourire en coin sous sa propre remarque. Il le laissa s’installer en face de lui avant de finalement lui répondre impassible sur les nouvelles douleurs de son présent « - ça va bien. Et toi ? comment vont les affaires ? » il était étrange de poser cette question à un garçon si jeune et en plus qu’il avait quitté encore novice dans le business. Mais au vue de son accoutrement et de sa façon d’agir, on ne pouvait pas dire que ça allait très mal pour minhyuk « - raconte-moi. qu’est-ce que tu fais maintenant alors ? toujours mannequin ? » ou avait-il eu l’ambition de percer plus loin qu’un simple modèle photo bien qu’il trouvait que ce métier lui allait à merveille : minhyuk pouvait mieux faire.