Le regard qui se dirigeait incessamment vers l'horloge commençait à agacer le patron. Ce n'était pas très professionnel apparemment. Il soufflait toujours dès qu'un de ses employés le faisait, ce qui arrivait souvent à cette heure-ci du soir. Toujours près de ses sous, il comptait les billets de sa caisse en même temps qu'il en encaissait d'autres. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire où les yeux de Hye Ri se posait ? Le plus important c'était où ceux des clients se dirigeant. Loin d'être animatrice, elle semblait attirer l'attention. Il fallait dire qu'elle remuait bien du popotin dans l'espoir d'avoir des plus gros pourboire, du moins pour cacher que les formes chez elle, n'étaient pas la première chose remarquable. Elle aurait pu exhiber son ventre plat, mais il fallait croire que le patron n'était pas trop partant, encore trop jeune pour baver aussi sur ses employées et les embaucher sur un critère de beauté. Hye Ri aurait très bien pu se trouver un boulot dans une boite de nuit, mais elle avait encore du respect pour elle et déjà faire les yeux doux à des inconnus était bien bas. Il le fallait pourtant si elle souhaitait terminer ses études aux Etats-Unis, le rêve de n'importe quel coréen ou presque, sans que ses parents puisent dans son héritage pour lui donner les fonds nécessaires. Elle devait avouer retarder le plus possible son départ, de peur de quitter sa famille, si elle était autant déterminée qu'elle le prétendait, elle aurait déjà demandé de l'aide des grands-parents. En effet elle était proche d'eux, mais surtout de leur porte-monnaie. Mais elle s'en voulait dans le fond, malgré l'encouragement de sa famille, à vouloir partir, suivre son rêve. Hye Ri ne savait pas trop ce qu'il était, à part de mettre les pieds à la NASA peu importe son emploi, même si elle se voyait bien ingénieure ou astronaute. Au final, elle se doutait qu'elle se retrouverait femme de ménage, mais c'était déjà ça. Au moins, intelligente comme elle était, en Corée elle ferait en sorte d'avoir un doctorat en physique, comme ça dans le pire des cas elle saurait qu'elle peut devenir professeur.

Mais pour le moment, Hye Ri était simplement serveuse et elle se demande encore comment elle a eu le poste. Maladroite comme elle est, elle a cassé un nombre incalculable de verres depuis qu'elle travaille. Finalement, le patron prend peut-être en compte des critères physiques, à moins que sa bonne volonté l'a charmé. Dans un sens, elle fait venir la gente masculine, qu'il s'agisse de ses amis ou non. Hye Ri est toujours plus rassurée de travailler dans un endroit avec des personnes qui lui sont familières. Il y a bien Tae Hwi, mais ce n'est plus la même chose. Enfin, sa présence la rassure quand même, même si elle ne le voit pas toujours, mais maintenant, c'est plus une histoire de compétition qu'elle fait toute seule. Elle sait bien qu'en le quittant, d'autres filles allaient forcément passer derrière, mais ça l'agace quand même. Son nouveau jeu est donc devenu de ramener le plus possible de pseudo copain, comme pour lui montrer qu'elle vit très bien son célibat. Oh, elle le vit bien quand même, mais disons que malgré son cœur de pierre, elle s'attache très vite aux hommes et les coups d'un soir... y en faut pour l'hygiène, mais vaut mieux des inconnus auxquels elle ne risque pas de s'attacher. Elle n'a plus envie, trop fatiguant de reconstruire une relation. Du coup, même si avant rien ne la déroutait de ses objectifs, elle ne pense plus qu'aux études et... bah, étant déjà douée, rien ne change. Mais justement ce soir-là, il y avait son agent d'entretien, ou plus précisément un mec qu'elle a dragué pendant sa pause et avec qui elle allait repartir. Des petits clins d’œil de temps en temps et voilà qu'en le laissant l'attendre pendant près d'une heure, elle le faisait consommer. Le patron pouvait lui dire merci de contribuer autant à la rente d'argent. Lorsque la grande aiguille de l'horloge fut sur le douze, la fin du service sonna, ainsi que la fermeture du cyber café. Hye Ri qui n'avait jamais pour habitude d'aider à ranger, se précipita aux bras de son amant pour sortir en même temps que les dernières personnes présentes, comme si elle n'avait jamais travaillé. Seulement quelques minutes après elle revenue seule sur ses pas, ayant oublier son manteau et c'est là que son regard croisa celui de Tae Hwi. « Quoi ? C'est pour compenser avec les filles qui te matent. » rétorqua-t-elle, sarcastique.