Requiem.
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Requiem. | Mer 22 Fév - 11:19 Citer EditerSupprimer
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la mort survient à la vie trop hâtive
J'ai un train qui me roule sur la tête, qui m'écrase, qui m'effrite. Les wagons sont interminables et portent chacun l'inscription du regret en noms. Ah. Ca n'est pas le cas de celui-ci. Celui-ci s'appelle « remord », je reconnais sa couleur pour en avoir longtemps été passager. J'ai un train qui me roule sur la tête, j'ai les tempes qui bourdonnent et qui vont bientôt imploser, j'ai le crâne broyé. Pourtant, c'est un joli train ; au fond, j'ai juste envie qu'il me prenne encore une fois et m'emporte loin de ce quotidien.
Sa main fend l'air avec la douceur paternelle d'un être maladroit et hâtif, cueillant du bout des doigts la rosée du matin qui n'a su finir sa course sur les pétales désirés. Il devine l'invisible de ses pulpes curieuses, dévore l'impensable d'un regard emprunt de questions incessantes et assourdissantes, brûle sans vergogne l'éphémère qui dévale son poignet de sa tendresse passagère. Écrase l'infime entre ses doigts rugueux d'un mouvement précipité, la colère sourde entravant ses pensées sincères, mués par des désirs de vengeance contre l'inoffensif. Un grognement s'échappe de ses lèvres baignées par un rouge sec, lequel s'étale sur sa peau rendue diaphane par la faiblesse pour conquérir sa joue, son menton ou bien sa gorge. Face à un geste inconsidéré et pourtant si absent de conséquence, ses prunelles se teintent d'une angoisse infondée, roulent jusqu'à un échappatoire introuvable ; sa gorge se serre de douloureuses suffocations. Après la colère, la peur domine toujours. Ses ongles raclent avec avidité l'épiderme qui orne ses poignets déjà maigres, désireux d'ôter toute sensation de vice, de peur, de vie. Les secondes défilent, brisées par la voix brisée du garçon dont les épaules sont secouées de bruyants sanglots lorsqu'il réalise ses gestes, frappé par la douleur lancinante. Lorsqu'il réalise que ses crises ne proviennent même plus de sa volonté propre, mais d'un besoin maladif qui ôte tout contrôle à ce qu'il subsiste de pensée. Vagabondes et fuyardes, ses pupilles dilatées par l'adrénaline n'osent s'ancrer nul part ; ni sur l'herbe humide qui mord sa chair par le gel, ni sur sa peau souillée par le rouge, ni sur le ciel aux teintes violines trop douces pour son cœur haït aux multiples tourments. L'abdomen se contracte, son corps se voûte vers l'avant en dévoilant au bon vouloir des non-présents la ligne définie d'une colonne vertébrale trop dessinée. L'envie de rejet le tiraille tant la peur et la colère s'entrelacent et s'intensifient mutuellement avec complicité ; hors son corps semble opposé à l'idée de rendre son dernier repas, glissant derrière sa pomme d'adam le poids d'une boule brûlante et désagréable. A nouveau, il faufile sa main droite dans ses cheveux comme il l'a fait auparavant, s'insufflant seul quelques mots-doux non-prononcés en l'absence d'une mère pour le faire et dans l'espoir de taire sa folie si insupportable. si enivrante. Le levé du soleil attire les chaudes couleurs, faisant éclater la vérité de sa peau trop blêmes aux veines apparentes. et ce point presque insignifiant sur son bras par lequel a coulé trop de choses dans ses veines. L'eau dévale à nouveau ses joues, creuse des sillons sur l'ivoire imparfait, rythmée par les secousses brusques d'un corps bruyant. Il ramène ses genoux contre son torse, maudissant chaque substance en son corps de le maintenir si misérablement conscient en dépit des prescriptions, maudissant ses sanglots de ne parvenir à être tus, maudissant son corps de s'arc-bouter à chaque éraflure si délicieuse à son cœur. Puis dans un geste vain, exténué d'être las, las d'être folie, le gumiho attrape entre ses doigts la coque brisée d'un téléphone longtemps inutilisé. Le répertoire défile sous son pouce rougi qui dessine de sanglants arabesques, s'arrête sur un nom qu'il se serait pensé incapable de prononcer sans cracher quelques minutes auparavant. L'invitation est cordiale, les mots sont trop doux ; le lui semblent. Ils sont en réalité bien trop suppliants et incorrectement orthographiés pour un homme en normale condition.
Je veux que quelqu'un me voit comme je me vois : misérable et incapable de bonnes choses. Je veux que quelqu'un me voit comme je me vois : les joues écorchées par la présence de ce faux-sourire. Je veux que quelqu'un me haïsse comme je me haïs : comme le diable en personne. Je veux que quelqu'un me voit comme je me vois, et pardonne mes péchés. Je veux que quelqu'un sache, quelqu'un pour me pardonner, quelqu'un pour m'aimer.
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Re: Requiem. | Mer 22 Fév - 14:26 Citer EditerSupprimer
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Les yeux écorchés, abimés à regarder la silhouette qui le surplombe, ce visage si proche du sien, qui fait bondir son cœur habituellement – d’inquiétude cette nuit. Parce que la grimace tord les traits aimés, le corps agités de spasmes incontrôlables, la bouche ouverte sur un gémissement muet. Et il susurre, le gosse, chuchote des mots d’amour, des mots-douceurs, la main remontant lentement le long de son dos, en une caresse aimante. Ses doigts viennent se perdre dans ses cheveux à lui, s’emmêler entre les mèches, cherchent à lui procurer l’apaisement même temporaire. Et la respiration retenue se lâche enfin, quand les traits se détendent, quand le souffle retrouve sa régularité. Il sourit, le gamin, un peu, enroule un bras autour du corps encore un peu agité et de sa voix continue sa berceuse. Les mots légers, les mots caresses, qui coulent de sa bouche, cherchent à imprégner ses rêves, endormir les cauchemars et réveiller l’amour surtout. Réveiller l’amour toujours. Pourtant ses prunelles fatiguées se perdent, se déposent sur l’écran allumé du téléphone qui vibre non loin, à une portée de bras. Et la curiosité s’empare de son cœur, pousse sa main à agir, attraper l’objet, encourant ensuite ses yeux à parcourir les mots, les lire. Puis la surprise. L’hésitation. Un long moment, une petite éternité, le temps de relire, de comprendre, de s’y faire. Un petit regard sur son amour, ses doigts qui caressent son visage, vérifient qu’il dorme bien, et finalement il s’en détache, doucement, esquisse quelques pas, pour aller récupérer un manteau, des chaussures. Il oublie le pull et les chaussettes, sort toujours vêtu de son pyjama, mais il en prend à peine conscience. Gosse un peu trop naïf, un peu trop tête-en-l’air, malgré les remontrances incessantes. Et il le sait, qu’elles reviendront, au moment où il sent la morsure du froid. Pourtant il n’y prête pas attention, continue d’avancer, sans vraiment faire attention, sans vraiment réfléchir. Ses pas le guident le long du chemin, arpentant les rues vidées de vie (qui se remplissent petit-à-petit pourtant) jusqu’au lieu du rendez-vous. Son regard se perd sur l’herbe luisante, encore brillante, parcourt l’étendue, et s’arrête sur le dos arqué, la silhouette vaguement humaine, pourtant encore vivante, par les gestes presque imperceptibles. « Taz ? » La voix hésitante, douce, si basse aussi, presque trop basse, de celui qui sait pas, celui qui sait plus. Il en oublie, le gosse, de haïr cet être qui lui a fait tant de mal. Il en oublie de le détester, lui qui ne voit en lui que l’image du corps rongé par les vices de celui qu’il aime tant. « Euuuuuuh, Taz ? Ça va ? » La question un peu maladroite, sûrement stupide. Mais il a jamais su comment réagir, enfant insouciant qui n’a rien vécu, rien connu, ne peut se vanter d’avoir déjà ressenti les affres de la drogue. Son seul péché, la boisson qui coule parfois le long de sa gorge, quand un peu trop influençable, il se laisse entraîner par les copains. Le reste, il l’ignore – et s’en veut tant, quand il se rend compte qu’il ne parvient pas à comprendre.
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Re: Requiem. | Mer 22 Fév - 15:43 Citer EditerSupprimer
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la mort survient à la vie trop hâtive
Je me déteste parfois pour ce que je suis ; bien souvent pour ce que je n'arrive pas à être. Mais à l'ère de l'amour propre exorbitant, j'ai du faire front à la pitié et au désespoir. J'ai joué des poings pour arracher de leur faciès cet moue malheureuse, j'ai du simuler m'aimer à en vomir en secret. Je suis un faux-roi sur un royaume qui n'est en vérité pas le mien. Pourtant, l'illusion est telle que personne n'a tendu la main vers mon discret appel à l'aide.
Ses orbes ternes reflètent un répertoire vide de sens qui défile entre les quatre bords d'un smartphone usagé par les crises fréquentes du possesseur. La fragilité de sa pensée refuse de coordonner ses sens et y rallier sa mémoire, créant instantanément d'illusoires souvenirs pour éjecter les plus insensés, lui laissant l'amère sensation d'un oubli récurrent, la triste impression d'un vague-à-l'âme dévorant. Son corps englouti par les ombres des arbres se dorant au soleil levant voile sa perception d'un flou exigu, modèle à ses côtés quelques formes illusoires qui flirtent avec la réalité et le sordide, arrachant à sa gorge trop sèche de pitoyables gémissements. Et, dans un excès de folie lubrique, il étreint la pensée que le destinataire de son message, dont il n'est alors plus certain, ne soit autre que cet homme a la peau halée qui sait apaiser ses tourments de brûlants baisers. Au travers du rouge qui peinturlure la part basse de son visage blanc, un sourire épris étire ses lippes froides et les nausées qui l'avaient plus tôt pris en otage s'estompent au profit du rythme effréné de son palpitant chamboulé. Il ne su alors combien de minutes s'égrainèrent lorsqu'il fut rendu captif de doux souvenirs sans doute créés de toutes pièces ; certainement bien assez pour que l'humidité s'estompe de ses joues creuses et pour que son haut tout aussi imprégné de sang se froisse de la poigne que ses doigts exercent sur le côté gauche de sa poitrine. Il ricane aussi, parfois, meublant le silence entre deux bruissements de feuilles d'un éclat au trouble palpable. Une voix seulement vient chahuter l'ordre de ce désordre ambiant ; le coin de ses lèvres s'orne d'une moue des plus désabusées lorsqu'il réalise que sous l'effet de certaines substances et d'un espoir trop cher, ses désirs substituèrent à la réalité. « Jayden... » Perplexe, un soupire écarte sa bouche et ses yeux se perdent sur l'immensité d'un vide qu'il remarque pour la première fois. Pourtant, tout n'est que vide à ses côtés, et depuis longtemps, faisant écho à l'intérieur de son être. Sa question l'amuse, dessine un sourire badin sur son visage effaré par la surprise néanmoins. « Je vais bien. » Et sitôt les mots fusants, incapable de maintenir le masque, Tasyr enfouit à nouveau son visage dans ses genoux pour y échouer la complainte massive d'un sanglot éclatant de peine trop longtemps contenue. Il se souvient alors de son choix, de la raison de sa requête, de la raison de sa présence et, étonnamment, sent son cœur se réchauffer de quelques pensées honteusement positives. Qui de mieux placé qu'un ennemi certain pour s'accorder avec lui sur sa monstruosité évidente ? Pour haïr ce qu'il se décide à dénigrer avec véhémence ? Les cheveux rendus gras par la sueur collent à son front brûlant, barrent ses paupières closes desquelles s'échappe un flot d'amertume. Les hoquets, encore une fois, secouent ses épaules osseuses. « Je suis rien qu'un monstre Jay... » L'effort requis pour souffler ces quelques mots est tel que sa voix en reste misérablement basse et déformée par la sécheresse de son corps, la rendant trop rauque pour n'être brisée. « Et je veux t'entendre me dire à quel point tu es d'accord avec ça. A quel point tu me détestes. »
Je veux croire en quelque chose de meilleur. Je veux croire en un électrochoc. Je veux croire en une telle douleur, en une si poignante agonie, qu'elle en suiciderait ce moi qui m'insupporte. Je veux croire en l'avenir. Je veux croire en l'espoir. Je veux croire en un électrochoc. Je veux croire en une telle humiliation que renaîtrait le désir de me battre pour éradiquer le vice et m'insuffler la volonté de changer mon être.
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Re: Requiem. | Jeu 23 Fév - 9:46 Citer EditerSupprimer
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Il sait pas quoi faire, Jay, n’a probablement jamais su quoi faire, comment s’y prendre. Il sait pas comprendre, Jay, n’a probablement jamais su comprendre, comment essayer de se mettre à leur place à eux. Alors il reste là, debout, les bras ballants, les prunelles teintées par l’horreur qui se promènent aux alentours, se perdent sur son visage, ses membres, le sang. Tout ce sang qui colorent ses vêtements, sa peau, du sang partout, du sang à n’en plus finir. Et il s’interroge, le gosse, se questionne sur l’origine de ce liquide, se demande si c’est le sien, si c’est celui de quelqu’un d’autre. Il l’a toujours vu comme un monstre, ce démon qui peint ses cauchemars d’arabesques de peur, ne l’a pourtant jamais considéré comme un meurtrier, celui qui a pourtant tenté tant de fois de tuer son cœur. Alors il sait pas, Jay, mais s’interroge, se questionne, imprime l’horreur dans ses yeux, dans son visage, son expression. Transparent sans pouvoir s’en empêcher, la moindre pensée qui se reflète sur ses traits. Des traits qui se tordent un peu, quand il entend la voix, puis les sanglots, la contradiction dans le comportement de cet homme. Il le voit sourire, il le voit pleurer, et ne comprend pas, gamin un peu trop perdu dans ce monde qu’il connaît si peu, peuplé par ces gens si loin de lui, aux comportements variables dont il ne parvient pas à trouver de sens (n’essaie même pas, n’en a jamais vu l’intérêt, perdu dans ses rêves). Il s’approche un peu, sans pour autant oser le toucher. Peur de se blesser, peur de se brûler – probablement également cette peur, de s’effondrer avec lui, de plonger avec lui. Il ne sait pas y faire, Jay, a pourtant maintes fois essayé pour l’homme qu’il aime, y a épuisé sa force et ses convictions, n’en a donc plus pour celui qui le fait face, celui qu’il a détesté si fort. Pas rancunier, pourtant le cœur encore rongé par la terreur, par ce je ne sais quoi proche de la haine du gamin traumatisé. « Pourqu- » Phrase interrompue par cette affirmation lancée d’une voix basse, néanmoins facilement perceptible. Il met pourtant un temps à comprendre ces quelques mots, à les intérioriser, à les accepter. Parce qu’il ne s’y attendait pas, toujours un peu surpris. « Tu… » Il s’interrompt, avale sa salive, ne sait pas quoi dire, pas quoi faire. Les propos qui lui ont si souvent tourné dans la tête, ont parcouru son cœur, brûlé sa gorge, il n’arrive pas à les retrouver, à les ressortir. « Je te déteste. » Et ils sortent, finalement, sans même qu’il réfléchisse, sans même qu’il prenne la peine d’y penser, de les modifier, de les enrouler. Il sait pas mentir, Jay, n’essaie même pas. C’est le flot qui dévale enfin, dans un torrent déchaîné. « T’es un monstre, t’es trop méchant, t’as fait trop de mal et moi je te déteste et je veux plus. Je veux plus que tu fasses du mal à personne et encore moins à Kyu. » Ca sort, ça brûle, ça extériorise enfin, tout ce qu’il pense depuis trop de temps, a mis de côté un instant, mais revient maintenant qu’il croise ce visage qu’il a fui si longtemps par peur. « Laisse-nous tranquille. » Et ça luit dans ses yeux, ça menace de sortir, ça tord son cœur, son âme aussi un peu – ça fait mal mais au fond ça fait du bien.
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Re: Requiem. | Ven 24 Fév - 8:31 Citer EditerSupprimer
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J'avais quatre ans et sa main douce dans la mienne qui enserraient mes petits doigts et entrechoquaient nos paumes. J'avais quatre ans lorsqu'elle m'a mis en garde contre le monde ; lorsqu'elle m'a fait comprendre par des mots trop simples que le monde pouvait être manichéen si je le voulais bien, et que mon camp se devait d'être le bon. Puis elle m'a quitté et, avec elle, les mots et les promesses enfantines ont sombré. J'ai perdu le chemin, j'ai creusé mes propres sillons sans jamais savoir si mes choix étaient les bons.
Les pupilles voilées par la franchise de ses larmes-traîtresses, il ne cherche plus à ravaler ses hoquets, ni même contrôler son corps qui, d'avant en arrière, se prend de spasmes sous l'intensité de ses sanglots déchirants. Sa fierté malmenée par la véracité de ses maux, brisée à ses pieds pour délivrer le cœur souillé d'un enfant. Et par delà ses genoux osseux, après avoir frotté la pointe de son nez humide sur un jean parsemé d'éclats rouges, il perd ses yeux sur l'immensité du vide qui s'étend à l'horizon, ressassant regrets, remords. « Tu me détestes. » Le syrien reprend ses mots pour accentuer leur impact mortifiant, le coin de ses lippes fendues s'étirant vers le bas à en faire trembler l'inférieure. Il hoche vaguement la tête, semble réfléchir et mûrir ces mots ; il n'en est rien, il prie simplement au silence haché pour recouvrir un nouveau soupçon de lucidité. Ses prunelles s'écarquillent brusquement, l'air environnant semble prisonnier d'une main cruelle qui enserre sa gorge pour l'empêcher d'y goûter sa nécessité. Son corps, néanmoins, cesse ses mouvements aléatoires, ses pleurs se muent en écoulement silencieux dont seule sa voix brisée témoigne. « J'entends ça tous les jours. Tu vas devoir frapper plus fort si tu veux me montrer à quel point tu me hais. » Incandescents d'une colère qu'il se voue, ses orbes cessent de défier le néant pour harponner le corps de Jayden. S'il semble n'en être rien, chacun des crachats à son égard malmènent son palpitant avec férocité : bien que monstrueux, il est humain et ses peurs, et ses doutes, et ses désirs, le sont tout autant. « Moi, je ne te déteste pas. » Affirmation suintante de surprise sans doute, elle n'en est que trop véridique. Tasyr n'a jamais considéré Jayden comme une personne désagréable, et il nourrit même le savoir certain qu'en différentes circonstances, il aurait apprécié sa présence comme on nécessite un proche. Lui et son innocence qui l'englobe, sa luminosité qui brûle ses rétines, ses sourires qui rendent l'étranger plus sombre. Il a seulement peur. Il est paralysé, mortifié. Peur qu'un pareil soleil l'éclipse aux yeux de Moon Kyu, révèle ses canines trop pointues et le sang qui barbouille ses mains de la même façon qu'il barbouille actuellement son visage. C'est cette relation trop chaste et douce qu'il rejette avec la véhémence d'une peur trop carnassière. « Regarde-toi... Tu dis me détester mais tu n'arrives même pas à utiliser les mots justes pour m'atteindre. Comment est-ce que tu peux espérer lutter contre moi, pour lui, si tu n'es pas capable de me faire mal..? Tu veux simplement que je vous laisse tranquille ? C'est tout ? » Cruel, machiavélique, sordide et flirtant avec le danger ; le président gumiho accumule les tares mais en leur détriment, on ne peut lui ôter sa vivacité d'esprit et son âme de stratège (qui rendent les premiers bien trop effrayants parfois). La froideur recouvrée, il retrousse ses lèvres en un demi-sourire de fausse complaisance. « T'es tellement incapable. C'est vraiment tout ce dont tu es capable pour lui ? Est-ce que tu l'aimes vraiment ? » Il connaît les points faibles de son interlocuteur pour avoir plusieurs fois frappé en leur centre. Il connaît les siens plus que de raisons pour avoir plusieurs fois été victime de ceux-ci. Il connaît aussi ceux des hommes en général. Son envie de malmener la fierté de l'australien n'a que pour seul but de le pousser à rejeter toute sa colère et sa douleur. Les mots houleux, les yeux vitreux d'un manque flagrant de lucidité, il n'est pas certain de vivre ces quelques instants comme une réalité, craint à chaque seconde de se réveiller au creux de son lit tant ce qui l'entoure lui semble fade et dansant, absent de véracité. « Sois capable de mieux. T'es tellement tendre que même Dewei me fait l'amour plus férocement que ça. »
Frappe, crie, hurle. Frappe, pleure, saigne. Laisse tes mains se rougir de mon hémoglobine et tes yeux s'emplir face au spectacle de mes tripes pendantes. Arrache-moi le cœur, annihile ma conscience, piétine ma fierté. Tue-moi sans l'ombre d'une hésitation ; aide moi à renaître pour quelque chose de meilleur. Si le monde est manichéen, j'ai grandi du mauvais côté. Laisse moi effleurer l'espoir de pouvoir un jour trouver un pont à traverser ; laisse moi croire en la force de le bâtir de mes propres mains.
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Re: Requiem. | Ven 24 Fév - 21:33 Citer EditerSupprimer
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C’est là qu’il comprend, Jay. Qu’il comprend qu’il aurait pas dû venir, pas dû quitter la chaleur de son foyer pour la froideur de cette nuit, de cette voix, de ces mots. Il aime pas les confrontations, Jay, n’a jamais aimé. Et il aime pas ce qu’il ressent, Jay, quand il voit ces larmes – parce que y a de la compassion, parce qu’il peut pas rester insensible. Et pourtant il le déteste pour cette souffrance qu’il lui a infligé, cette peine qu’il s’est amusé à créer, à embraser, comme si ce n’était qu’un jeu, comme si lui ne valait rien. Il se souvient de tout, le gosse, pourtant si enclin à oublier habituellement, pourtant lui sur qui les problèmes roulent sans s’arrêter, sans trouver prise. Mais son sourire à disparu, éclipsé le soleil qui illumine ses traits, fait rayonner son âme. Ne reste que le gamin un peu paumé, gosse terrorisé, dont le cœur se serre un peu plus sous les mots violents, empreint de venin. Il sent le poison s’infiltrer, ne sait pas quoi faire – comme avant, comme ce jour-là. « Non, c’est pas vrai, c’est pas vrai, je suis pas comme toi c'est tout. » Il chuchote, ne parvient pas à trouver de répartie. Sa soudaine force, soudaine vigueur déjà disparue au profit de sa maladresse habituelle. Pourtant sa tête se lève quand il entend cette phrase, ses yeux s’ouvrent, sa bouche aussi. Et il reste un moment sans rien dire, le torrent de l’indignation courant dans ses veines. Le reste passe sur lui sans s’arrêter, il n’y fait pas attention, entend à peine. Il n’a mémorisé que cette phrase, cette unique phrase. « T’as pas le droit de dire ça, t’as pas le droit. » Et ça le choque, le bouleverse, le submerge. Et il sent ses poings se serrer, ses mâchoires se contracter, ses yeux s’embuer aussi – pas habitué à ressentir tout ça, lui habituellement si doux, lui aux mots légers, aux mots blagueurs, aux mots caresses surtout. Le gosse traité comme un enfant depuis toujours et pour toujours probablement. « T’as pas le droit de dire ça, t’as pas le droit, je l’aime plus que toi et j’l’aimerai toujours plus que toi ! T’es qu’un poison pour lui et tu le mérites pas, tu l’as jamais mérité. Moi j’l’aime et j’veux qu’il soit heureux et j’le rendrai heureux comme toi t’as jamais pu et tu pourras jamais. » Elle descend la goutte salée, dévale la joue du gamin terrifié, qui aimerait tellement la tenir, cette promesse. Enfant soleil, qui ne sait rien faire, probablement aussi incapable que son démon le lui susurre. Pourtant il essaie de faire de son mieux, se rend compte que ça n’est pas assez, ne parvient pas à se surpasser. Et il a peur, Jay, si peur de ne jamais suffire. Et il a peur, Jay, si peur de voir son cœur disparaître à jamais. « Je te déteste et si tu continues moi j’lui dirait tout ce que t’as fait et il te détestera aussi, et t’auras plus rien. » Parce qu’il y croit, Jay, ne peut pas s’imaginer un monde où son homme ne prendrait pas son parti, pense qu’ils seront toujours ensemble, à avancer main dans la main, à se soutenir, se croire, se faire confiance. Parce qu’il y croit, Jay, qu’il aura constamment cette présente protectrice à ses côtés, cet être qui veille à son bonheur probablement plus qu’à tout, peut-être même au détriment du sien. « T’es nul, va-t’en, reviens jamais. » Les derniers mots alors qu’il recule légèrement, titube aussi, titube surtout. Ça tremble dans son cœur, ça tremble dans son corps, dans ses membres tremblants et la goutte qui vibre sur son menton.
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Re: Requiem. | Mer 8 Mar - 13:23 Citer EditerSupprimer
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la mort survient à la vie trop hâtive
Les nuits noires sont nuits de velours ; nuits de secrets. Nuits noires, nuits qui observent, nuits qui savent. Nuits noires, nuits qui ne se dévoilent, nuits qui se taisent. Nuits noires, nuits de mystères qui emportent à l'aube les folies de l'homme dans un ailleurs, qui étouffent les réalités pour laisser aux créatures la chance d'ajuster encore leurs masques de normalité. Nuits noires, nuits des démons et nuits des loups. En chaque homme vit le malin qu'un rien suffit à exciter. Nuits noires, nuits de velours ; nuits noires où le démon croît en diable à qui l'ont finir par jurer fidélité.
Son nez se plisse lorsqu'il retrousse sa lèvre supérieure dans un rictus narquois ; il ne sut s'il eut tiré ce geste de son âme de chien, ou dans un sourire paralysé par la douleur de ses pulpes fendues et gonflées. Le sang sèche sur sa peau d'ivoire piquée de grains plus sombres, raidit ses traits, intercepte ses mouvements à la façon d'un masque. La lucidité fend sur son être en piqué pour repartir dans un vol royal, revenir en rondes pour l'abandonner à sa suite ; il sursaute parfois de ses gestes ou de ses mots qui font mal (peut-être autant à l'autre qu'à lui), retombe à genoux face à l'absurdité pour continuer à déblatérer. Fou, il aimerait l'étreindre et l'étrangler d'une douleur si fulgurante qu'elle briserait l'homme en lui pour exciter l'animal ; le pousser à le faire souffrir si cruellement qu'il n'aurait d'autres choix qu'implorer un pardon, entamer une rédemption. Hors sa cible est vaine, presque pure, trop étincelante, lumineuse, et Tasyr songe entre deux crachats vénéneux qu'il fait bien trop tâche dans le tableau que cette personne. Ses sanglots devenus muets inondent le creux de ses joues maladives, ses pupilles cherchent la réponse dans l'invisible qu'il est le seul à percevoir ; à quel moment a-t-il totalement sombré dans les nuits séoulites à en être aveuglé par la simple lumière d'un réverbère ? « Je n'attends pas d'avoir le droit. Je le prends sans autorisation. Mieux vaut vivre en chien galeux mais conquérant qu'en caniche façonné par les dictas de la société. Et toi, tu n'es qu'un stupide caniche. » Le sourire triomphant que le syrien esquisse renvoie l'image d'un homme fier de ses mots, de son mode de pensée ; la seule chose dont il se trouve fier à l'instant, c'est de s'admettre à lui seul qu'il se courberait en mille pour que la société accepte de faire de lui un caniche. Néanmoins, ses prunelles se noient un peu plus sous l'ampleur que prennent les véhémences du garçon, un reniflement piteux mais discret lui échappe. Moonkyu est quelqu'un que son cœur a adopté comme un frère d'armes, même si la jalousie et la déception de son âme luttent pour le repousser. Il lui manque, indéniablement. Parce qu'il l'aime, comme un jumeau. Et là alors, il réalise ce à quoi il s'était juré d'être aveugle par dévorante colère, comme si l'aube avait emporté de ses rayons la rancœur tenace. Jayden est un enfant dans ses discours qui ne sait être blessant. Jayden est une de ses personnes à l'âme incorruptible contre laquelle se battre semble vain, même pour lui au si délicat don pour exciter les chiens qui vivent en chacun. Jayden est l'un de ces cadeaux de la vie que l'on fait aux meilleurs, un de ceux qu'il ne côtoiera jamais mais dont il faut se réjouir. Dans un soupire las, semblant bipolaire à ceux qui ne peuvent suivre le rythme effréné de ses pensées incohérentes, il oublie son désir de douleur-douceur, frotte ses joues de ses ongles courts pour (semble-t-il) retirer le sang. « Tu l'aimes tant que ça ? Est-ce qu'il est ta raison d'être ? Est-ce que tu serais prêt à mourir pour lui ? » parce que moi, je le suis, depuis toujours, comme un frère. alors sois-le à la façon d'un amant, bats toi jusqu'à ton dernier souffle pour son bonheur. Il hausse les épaules, les paroles son vaines : il connait la réponse pour connaître l'amour lui aussi. Celui qui détruit et qui arrache, qui brûle et qui hurle, qui dévore et qui répare, qui embrase et qui embrasse. « Si c'est le cas, alors je suis heureux pour vous. » Son timbre, si désinvolte qu'il semble énoncer une futilité, claque l'air. C'est un enfant capricieux, et nul n'arrive jamais à saisir réellement ce qu'il veut.
Je suis un loup pour l'homme, et avant tout pour moi-même. Cherchant la caresse de la rédemption, je voulais attiser ta colère pour en subir les crocs ; mais je suis aussi soumis et régi par les lois universelles, celles qui ne sont marquées dans aucun livre, sur aucune stèle. Meurtri et noir, mon cœur bat à sa façon. Faux. Il bat à sa façon, il a adopté son rythme à lui. J'aime démesurément, avec passion, avec rage, avec douleur. Je ne peux que baisser les armes et m'incliner quand je reconnais ton étincelle que je partage, quand je comprends qu'à la façon dont cet homme est mon combat, mon presque frère est le tien. Je suis un loup pour l'homme et avant tout pour moi-même, mais le loup reconnaît le chant d'espoir de celui qui pleure d'amour.
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Re: Requiem. | Dim 30 Avr - 12:33 Citer EditerSupprimer
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R E Q U I E M
la mort survient à la vie trop hâtive
« Je préfère être un caniche stupide qu’un gros con ! » Les mots sortent tous seuls sans qu’il n’ait même songé à les retenir – incapable, le gosse, un incapable tout simplement, un bon à rien. Un bon à rien qui se laisse aspirer par la spirale de sa haine, de ses mots dont la violence le laisse tremblant, le cœur serré, l’âme en peine. Il a mal Jay. Il a mal de trop de peine, mal de trop de souffrance ; il a mal de trop de mots, des lames acérées lancées de la pointe de la langue. Il est pas fait pour ça Jay, pour la haine et la colère, pour les disputes et la discorde ; il n’est fait que pour la paix et l’amour Jay, pour les enfantillages et les rires. Alors il peut pas tout ça, supporte pas ça, ne se supporte plus lui-même. Il a envie d’arracher les yeux de son ennemi, autant que de s’arracher les siens ; a envie de le tuer autant que de se détruire lui-même, de disparaître et de se maudire. Et il a mal Jay, il a mal au fond de son cœur, de ce trop-plein d’émotions qu’il ne sait pas exprimer, de ces émotions nouvelles qui le submergent et puis l’étouffent – lui donnent l’impression qu’il part à la dérive, peut-être qu’il va mourir également. Pourtant il se rapproche à tout ce qu’il peut, à cette nouvelle question, bien trop calme, bien trop douce par rapport au reste. Il se demande si c’est bien Tasyr, se questionne sur son état mental, la raison de ce revirement brusque. Et pourquoi. Pourquoi il est comme ça ; pourquoi il a changé. Il a peur Jay, aimerait le secouer, lui hurler dessus, l’ensevelir sous des jurons et puis la haine pure et dure celle qui fait mal et celle qui détruit. Il aimerait mais il en est incapable, reste donc avec ses questions sans réponses – le poing pourtant toujours serré, preuve de son cœur un peu trop tordu. « Plus que ça. Je l’aime plus que ça. » Il aime comme il aimerait un bout de lui-même, il l’aime à sentir un déchirement quand il n’est pas là, l’aime à souffrir par sa simple absence, être heureux rien que par sa présence. Il l’aime à se damner pour lui, perdre son âme et tout ce qu’il possède – juste pour s’assurer de le garder, et puis de conserver ce petit bout d’eux, leur relation qui représente tellement pour lui. Garder pour toujours l’être qu’il aime le plus au monde, le seul à faire battre son cœur trop vite, flageoler ses jambes et sourire son âme toute entière. Mais les paroles de Tasyr, il y croit pas. Naïf le gamin, pourtant pas à ce point ; elles sont toujours là, les marques indélébiles des mots de Taz, les traces de sa haine et sa violence. Elle est toujours là, la peine et la douleur, qui déchirent son cœur et maltraitent son âme, qui lui font tourner la tête et menacent les larmes de glisser le long de ses joues. Elle est là la souffrance, toujours présente au fond de lui – et elle compte pas partir. « J’m’en fiche. J’m’en fiche que tu sois heureux pour nous moi je veux juste que tu le laisses tranquille et que tu le laisses être heureux. » [i]Que tu le laisses être heureux sans toi, parce qu’avec toi il y arrive pas. « Il te mérite pas toi il mérite beaucoup plus. » Il mérite tout le bonheur du monde, loin des rues sombres de Séoul, loin du désespoir et de la fumée, du tourbillon de ses anciens vices – plus proche de l’amour et de la paix, d’un idéal qu’il n’a probablement jamais connu, qui ne demande pourtant qu’à lui tendre les bras.
MACFLY
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