Ca commençait sérieusement à lui prendre la tête, genre, c'était plus possible autrement. Il était sensé partir en vacances dans peu de temps, et voilà qu'on venait lui prendre la tête parce qu'il manquait trop souvent les cours. Bien sûr, qu'il manquait les cours ! Ils ne servaient à rien et il n'allait sûrement pas se faire un métier de ce qu'il était en train de faire... Il n'avait même pas besoin de travailler. Il venait pour la bonne conscience, parfois, mais cette secrétaire de merde ne semblait pas accepter ce fait. Il était sortit du bureau avec colère, comme un gamin capricieux, claquant tellement fort la porte derrière lui qu'il en fit trembler les murs. Il avait commencé à marcher dans les couloirs avec tant de fureur que chacun de ses pas s'entendait à des kilomètres à la ronde. Il fulminait, tout en sachant qu'ils ne seraient pas capables de le renvoyer. Il continuait de marcher, ne faisant pas attention à ce qu'il entourait, simplement concentré dans sa propre colère alors qu'il ressassait tout les événements qui venaient de se passer, et la façon dont il aurait pu mieux les gérer. Tout une salve de remarques acerbes se créaient dans son esprit, mais il était trop tard pour retourner dans le bureau et toutes les ressortir. Il pesta et revint au moment présent... Juste à temps pour ne pas se prendre en pleine figure une saleté de personne qui traînait au beau milieu du chemin. ‹ mais putain apprend à longer les murs, traîne pas au milieu comme un imbécile › Il eut une soudaine pulsion de prendre l'inconnu par les épaules pour le jeter sur le côté lui-même, mais il avait déjà bien trop de problèmes pour s'en ajouter des nouveaux. ‹ booooon tu te casses ? ›

« Tu connais déjà … pourquoi venir pendant les vacances ? » soupira-t-elle en trainant les pieds derrière son petit frère beaucoup trop consciencieux. Venir pendant les vacances pour s’assurer que son inscription soit bien formalisée alors qu’un coup de fil aurait suffi dépasse totalement la jeune femme. Elle lève les yeux au ciel et le laisse passer devant. Elle sait qu’elle va en avoir au moins pour une heure, alors autant finir ce qu’elle avait commencé. Elle va laver les vitres des salles de cours, ça l’avancera pour demain … Elle voit le côté positif des choses. Elle finit rapidement ce qu’elle faisait, sans trop d’entrain il faut l’avouer. Sa musique dans les oreilles elle s’amuse plus à danser qu’à réellement laver ces vitres. Mais elle finit par tout ranger et retourner voir son frère. En chemin elle baisse le nez sur son téléphone pour répondre aux quelques notifications qu’elle reçoit, bien sûr trouver du réseau dans cette partie de l’école c’était comme s’attendre à ce que le père noël débarque. Elle soupire et se plante au milieu du couloir qu’elle sait de toute façon vide à cette période de l’année. Elle lève son téléphone un peu partout à la recherche de barres … Elle soupire en constatant l’échec cuisant de sa technique peu fameuse. Elle trébuche légèrement et il lui fait bien quelques secondes avant de réaliser que quelqu’un vient de la percuter. Elle se retourne, les sourcils froncés et l’air agacé vers le garçon. Quand elle réalise qui c’est, elle blêmit légèrement en écarquillant les yeux. On pourrait croire qu’elle venait de voir un fantôme, elle panique surtout à l’idée qu’il puisse balancer  à tout le monde qui elle était. Skyla c’était toujours arrangé pour rester discrète sur ses deux activités, mais il faut croire qu’aujourd’hui le destin n’était pas avec elle. Elle reprend contenance et souffle «  Hé, ce n’est pas de ma faute si ta grosse tête prend toute la place et que tu ne peux pas passer à côté ! » C’est sorti tout seul. Au moins ici, elle n’avait pas à contenir ses nerfs. Elle s’attendait presque à ce qu’il taille la taille de son cul mais il était le premier à aimer le caresser.

C’est que ça ne se poussait pas en plus, genre, vraiment, ça restait au milieu du chemin. Il y avait des claques qui se perdaient il en était sûr, et cette personne qui se trouvait au milieu du chemin ferait mieux de se pousser avant qu’il ne finisse par s’emporter. Il tapa du pied, une, deux, trois fois, et… c’était une femme d’ailleurs non ? donc elle ne se poussait pas. Il lâcha un soupir exaspéré, près à la pousser de ses mains pour continuer d’avancer, ne pensant même pas à l’idée de se décaler pour poursuivre son chemin à côté. Et, alors qu’il s’apprêtait à pousser la personne devant lui, elle se mit à parler… Et cela eut l’effet de le faire sortir de ses gonds. De un, il n’aurait même pas dû se trouver à la fac, de deux, une sale moche lui bloquait le chemin, et de trois, elle avait osé lui répondre. C’était finit. Il vit rouge, et fut prêt en une seconde à charger comme un taureau. « mais tu te prends pour qui pour me parler comme ça ? t’as pas à me répondre déjà, t’as juste à te pousser, à me laisser passer, et à te taire si tu veux pas que je te marche dessus. » il la regarda de haut en bas avec un air dégoûté, il y avait vraiment des femmes qui se négligeaient, parce qu’en plus d’être effrontée, et sûrement stupide, elle ne faisait rien pour arranger son physique, à son goût, et malheureusement, pour lui, les femmes n’étaient bonnes qu’à être de jolis objets à exposer au creux de son bras. « tu vas t’en aller maintenant, ou je t’y force ? tu vas valser je te préviens » Il était déjà prêt à l’envoyer danser contre le mur à côté d’eux, mais hésitait encore entre le droit et le gauche. Puis, il se demanda encore qu’est ce qui le retenait, il n’était franchement plus à un coup ni à une rumeur près. Il l’attrapa par le bras, et la dégagea violemment, un sourire satisfait sur le coin des lèvres.

Skyla était partagée entre l’envie de rire et celle de le gifler. Il y avait parfois chez son client quelques bribes de tendresses qu’elle réussissait à percevoir et sentir, mais ce n’était jamais ce qui dominait le plus dans leur échange. Pour une fois qu’elle l’avait devant lui, elle réalisait à quel point Se Yun pouvait être un véritable connard, de cet homme qui transparait dans ses plaintes quand il la rejoint la nuit et que tout semble aller mal dans sa vie. Elle découvrait surement l’homme qu’il se complaisait à être – avec la folie de croire qu’elle tenait le véritable Se Yun entre ses bras quand il se livrait à elle nu – ou du moins une de ces facettes si détestable. Elle passait une main dans ses cheveux et souffla pour ne pas avoir à le frapper tout de suite. Ça serait quand même dommage de gâcher une si belle opportunité. Elle réalisait doucement qu’il ne la reconnaissait pas, était-ce le fait qu’elle portait trop de vêtement sur elle ? Elle se mit à rire doucement à cette pensée ce qui sembla agacé le jeune homme qui finit par simplement la jeter sur le côté avec une facilité déconcertante. Dans un petit cri d’agacement elle se cogne contre le casier et se redresse, ses yeux aussi noirs que la couleur de ses cheveux. « Yah ! » cri-t-elle sans retenu. « Min Se Yun tu vas me le payer ! » Il noterait là que sa popularité le rattrapait et qu’une simple inconnu sans grand intérêt connaissait son nom. Elle le rattrape en quelques enjambées et s’arrange pour que le jeune homme s’empêtre dans ses pieds en les cognant l’un contre l’autre. Elle espérait qu’il perde l’équilibre et sans forcément le voir tomber, qu’il trébuche sur quelques mètres qu’elle puisse rire – fort – de la scène.

Il était parti sans même jeter un regard en arrière, cela ne servait à rien. Il n’était pas de ceux qui regrettaient, il ne réfléchissait de toute façon pas assez pour avoir quoique ce soit à regretter. Il n’était pas de ceux qui pensaient aux conséquences de leurs actes, il agissait, et attendait la réaction, sans la craindre, sans essayer de l’anticiper. Il était sûrement de ceux qui vivaient au jour le jour, qui profitaient de chaque instant, qui se souciait bien peu de leur avenir, et encore moins de leur passé. Il ne faisait que des choses qui lui étaient utiles à lui, et pas à d’autres, et passait son chemin. Avec seulement quelques pas, il avait déjà réussi à oublier la femme qui s’était mise en travers de son chemin. Il avait déjà oublié les traits de son visage, sa taille, la couleur de ses cheveux et les formes de son corps. Il sortit son téléphone pour allumer un peu de musique, mais fut coupé par un cri derrière lui. Il tourna sa tête avec une moue agacée, gêné par le bruit trop fort. C’était la femme. Il n’en fut même pas étonné, elles étaient toutes des hystériques sans manières de toute façon de nos jours, mais ce dont il fut surpris, cependant, ce fut d’entendre son nom sortir de sa bouche. Ses deux sourcils se levèrent d’un seul coup, en même temps que ses yeux s’écarquillaient. Bah… d’où connaissait-elle son prénom ? A peine une seconde après, ces mêmes sourcils se froncèrent. Qui était-elle ? Etait-elle une de celles qui rêvaient de lui la nuit, qui lançaient des ragots sur sa personne, ou une de celles qui le haïssaient pour dire le fin mot de ses pensées, et d’être le seul à oser parler des sujets qui, apparemment, fâchent, mais ne sont que la vérité. Il entendit des pas derrière lui, et, avant qu’il ne puisse réaliser ce qu’il venait de se passer, il se retrouva avec le nez collé contre le sol, accompagné d’une vive douleur. Il laissa un petit cri, à la fois de surprise et de souffrance, s’échapper de ses lèvres, et prit quelques instants avant de se retourner, ne tentant même pas de se lever. « mais ça va pas la tête, c’est quoi ton problème ? » hurla-t-il alors, outré par la situation. Il savait bien qu’il n’était pas tombé de lui-même, il avait un certain équilibre malgré sa maladresse. « t’es conne ou t’es conne d’avoir fait un truc pareil ? tu tiens pas à ta vie c’est ça ? ou on t’a pas assez frappé donc tu cherches à te faire battre ? y’a pas de problème pour moi, si tu veux quelques bleus pour décorer ta peau je serais ravis de te les donner » continua-t-il tout en se relevant avec beaucoup de difficultés. Il s’approcha d’elle, l’air le plus menaçant qu’il put trouver collé à son visage. « en plus…tu…t u… tu pues, s..sale pute ! » bégaya-t-il, il avait cherché à l’insulter, à lui dire qu’elle était moche, mais elle était plutôt jolie, donc bon. Il reprit un peu de contenance, bombant le torse pour se sentir plus viril. « tu vas prendre cher » souffla-t-il, plissant les yeux. Il l’attrapa ensuite par le bras pour la mener à l’extérieur. Il ne voulait pas se battre dedans, il avait eu assez d’histoire, et ne voulait pas plus de problèmes.

La première pensée de Skyla quand il la tira derrière lui fut : mince mon frère va me chercher partout. Elle ne craignait pas vraiment Se Yun, peut-être parce qu’elle l’avait connu à ses moments de faiblesses et qu’elle connaissait cette partie fugace du garçon qui tentait de combattre le remord en se persuadant que de toute façon ce qui était fait était fait. Son insulte la fit doucement rire et son sourire n’avait rien de provoquant mais elle ne pouvait s’empêcher d’être amusé. Avait-il enfin compris qui elle était ? Ou bien se complaisait-il à traiter toutes les femmes qui lui tenaient tête de pute ? Elle s’était, depuis le temps, accoutumé de l’appellation et ne s’en sentait plus vexé. Il lui avait fallu du temps pour accepter, pour assumer, quand bien même elle gardait son métier secret pour épargner son petit frère. Elle trainait un peu des pieds, juste pour ne pas lui faciliter la tâche, s’il voulait se battre elle l’attendait. Tu pues ? Vraiment, était-ce là tout ce qu’il avait trouvé à lui dire … ?  Elle ricanait dans son coin et s’arrangeait presque pour lui tenir la main alors qu’il l’entrainait devant l’université. « Tu sais … ce n’est pas parce qu’on sera dehors ou dans l’université que ça va m’empêcher de te botter l’arrière train. » Elle lui claque d’ailleurs une fesse de la façon la plus familière qui sait. « Je suis sûre que t’aimerais ça en vrai … » rit-elle de son insouciance et de son petit rire cristallin – surement bien agaçant à cet instant aux oreilles du plus jeune – avant de souffler « Tu traites toutes les femmes comme ça parce que t’as des soucis avec ta  mère ? » Méchant ? Peut-être, seulement si on s’arrête le temps d’un instant sur le volet psychologique du garçon. Elle tente de se dégager pour sortir de sa prise et l’arrêter dans son élan. Ce n’est pas que traverser l’université accrochée à Se Yun lui déplaise, mais ça manquait cruellement de classe. Elle tique agacée et souffle sur sa mèche de cheveux qui retombait sans cesse sur son visage. Elle plante ses poings sur ses hanches avant de relever le menton aussi fièrement qu’il bombait le torse. « Et maintenant quoi ? Tu vas me casser la gueule parce que je me suis pas poussée de ton chemin ? Je te préviens j’ai fait poney ! » Skyla se surprenait à rire elle-même de cette situation grotesque dans laquelle elle se complaisait. C’était vraiment amusant même si elle redoutait le coup du garçon, elle savait de quoi il était capable et même s’il n’avait pas de cheveux auquel elle pourrait s’agripper, elle avait assez d’ongle pour tenter de lui griffer son jolis minois. Elle ne prétendait pas réussir à le dominer, mais elle s’amuserait au moins à se défouler avec le jeune homme. elle était prête à se battre avec lui comme deux chiffonniers.

Il la tirait derrière lui avec force, l’entraînant à sa suite alors qu’elle semblait tout faire pour le ralentir. Ce n’était pas plus gênant que ça. Elle était une sorte de poids plume qu’il n’était pas difficile à porter, il était sûr qu’il arriverait à la caler sous son bras et à l’emporter n’importe où. « genre tu vas réussir à me foutre des coups, je suis sûre qu’avec ta force t’arrives même pas à tuer une mouche » Il lui ricana, avant de laisser échapper un cri de surprise lorsqu’il sentit une main se poser sur ses fesses. Il était un peu outré, il ne savait pas comment réagir. Il aurait voulu lui lancer une remarque acerbe, ou salace, ou il ne savait pas trop quoi, mais il était resté bloqué. Ses yeux étaient grands ouverts, sa bouche aussi, et il essayait d’assimiler ce qu’il venait de se passer. Et elle continuait ! Elle s’était mise à parler de sa mère, et il n’aimait pas aborder le sujet. Non, il n’avait jamais eu de soucis avec sa mère, elle n’avait simplement jamais été une figure présente dans sa vie. Et ce n’était sûrement pas pour ça qu’il avait un problème avec les femmes. Il s’était simplement rendu compte, tout seul, qu’elles étaient le fléau de la société en déclin, que c’était à cause d’elle que l’économie se portait mal, que la démographie se portait mal, que les rues étaient bruyantes de leurs cris, qu’il n’était plus possible de négocier entre homme, que la société grossissait parce qu’elles n’étaient plus à la maison à cuisiner mais plutôt en train de vaquer à des occupations qui nuisaient à tous les habitants. Il avait beaucoup de choses à leur reprocher, leur hystérie, leurs voix insupportables, leur folie acheteuse et dépensière. Elles n’étaient plus ces poupées sages qui écartaient les cuisses et expulsaient des gamins, et cela l’insupportait. Et maintenant quoi ? Il n’appréciait pas son comportement, son effronterie, la façon qu’elle avait de ne pas le prendre au sérieux alors que la situation était loin de ne pas l’être. Il la vit rire, et il vit rouge. Il vit si rouge que son cerveau se vida, qu’il arrêta de penser, de réfléchir et qu’il fonça, comme un taureau qui aurait repéré sa cible. Il la chargea contre le mur le plus proche, avec force. « mais franchement, c’est quoi ton problème, genre tu tiens vraiment si peu à la vie pour me parler comme ça ? t’es suicidaire c’est ça, il t’est arrivé des merdes, tu joues la provoc’ pour pouvoir en finir avec ta vie ? » Il lui fila une petite claque, de celles qu’on inflige aux gens pour remettre leurs idées en place ou pour les réveiller après une soirée un peu trop alcoolisée. Il lui attrapa le menton pour la forcer à le regarder dans les yeux, et, comme en bon partisan de la société patriarcale dans laquelle il vivait, commença à lui faire la morale. « j’ai cette furieuse envie de te mettre à terre et de t’apprendre les bonnes manières, mais j’espère que t’es pas trop conne et que tu comprends aussi les mots. » Il s’éloigna d’elle, mais resta aux aguets si jamais elle voulait s’enfuir. « on respecte les hommes. quand ils arrivent, tu bouges, c’est aussi simple que ça. tu vois un homme, tu pars, tu te décales, tu fais quelque chose pour pas que lui ait à faire quoique ce soit. t’es à son service, t’es sa chose, tu sers qu’à être regarder et faire joli, alors vaut mieux te mettre dans un coin et rien dire. sinon tu risques de te prendre des claques, et là tu serviras effectivement plus à rien parce que tu ne seras même plus jolie. » Il lui fit une sorte de faux-sourire un peu hautain, fier de son discours et d’avoir essayé de lui mettre quelque chose d’utile dans la tête.

C’était étrange, peut-être parce qu’elle le connaissait dans un contexte plus intime et parce qu’elle avait décelé en lui une autre facette que ce con qu’il s’évertuait à montrer à tout le monde, mais il n’y avait rien de menaçant dans ses paroles. Elle semblait même croire que, quand bien même il venait à la frapper, elle saurait lui trouver des excuses ou refuserait de croire qu’il avait réellement porté la main sur elle.  C’était une sorte dénie, un déni certain même mais Skyla s’évertuait à croire que Se Yun était autre chose que cette tête de branleur qu’il affichait. S’il avait réellement eut envie de la frapper il l’aurait déjà fait. Alors de ce fait elle ne pouvait s’empêcher de le voir comme un enfant capricieux. Un enfant qui parlait fort, qui s’agitait beaucoup aussi, mais qui dans le fond n’était pas si méchant. Elle penchait la tête sur le côté en l’écoutant, nullement impressionnée par la colère du jeune homme. Si elle s’écoutait elle lui donnerait une sucrerie pour le calmer mais elle était sûre qu’en agissant aussi elle énerverait encore plus Se Yun. Elle soupire en secouant la tête pour retenir un sourire amusé. « Ca y est tu as fini ?! » Lui demande-t-elle le plus sérieusement du monde avant d’ajouter avec une moue contrite « J’ai été bête pardonne moi. Tu as raison, j’aurais dû me pousser de ton chemin. Je ne sais pas à quoi j’ai pensé à te montrer aussi peu de respect. » Elle fait mine de s’écarter de son chemin avant d’ajouter d’une voix calculée pour être la fois craquante et un brin moqueuse. « Ca ne doit pas être facile d’être toi tous les jours. Un homme mais en plus un homme aussi beau. Heureusement que tu es là pour m’apprendre ! » Elle s’incline même poliment tendant à lui faire croire qu’il avait au moins réussi quelque chose dans sa vie. « Et merci de me trouver de jolie. » Ajoute-t-elle avec un petit sourire mielleux. Elle glisse une de ses mèches de cheveux derrière son oreille en baissant le visage pour parfaire son rôle de fille cucul et soumise comme l’était la majorité des coréennes. Au moins il n’avait pas de mal à trouver chaussures à son pied … Mais ce qui l’intriguait surtout c’était de voir à quel point … il ne le reconnaissait pas. Mais ça allait bien avec le personnage … pourquoi retenir le prénom d’une pute ? Même celle qu’il payait généreusement. Elle avait envie de lui dire, d’au moins lui donner un indice mais elle n’était pas sûre de savoir si prendre correctement. Alors tentant le tout pour le tout elle lui souffle « Tu aimes les sushis ? »

si il y avait une chose qui rendrait se yun fier jusqu'à la fin de sa vie c'était bien la tirade qu'il venait d'achever, il en était lui même surpris. déjà, parce qu'il n'avait pas zozoté, ni bafouiller, ni postillonner, au contraire, sa prononciation avait été parfaite, et c'était une première. puis il n'avait pas non plus hésiter sur ses mots, ils étaient venus tout seul et s'étaient suivis comme de bons enfants lors d'une sortie scolaire, son élocution avait été parfaite. et puis surtout, et c'était bien la chose qu'il ne fallait pas négliger, c'était qu'il semblait que son discours avait porté. la jeune femme s'était écartée devant lui, lui avait créé un chemin pour qu'il passe, et malgré le fait qu'elle semblait toujours vouloir le défier, que malgré cet air soumis qu'elle affichait, il n'était pas assez idiot pour ignorer le sourire qu'elle arborait. mais il était assez intelligent pour laisser passer, faire preuve de compassion pour la laisser aller, tant qu'elle affichait un semblant de soumission il se fichait bien de ce qu'elle pouvait penser au fond. il lui fit un faux sourire en l'écoutant parler, réalisant qu'il aurait peut être préféré être un peu plus bête encore pour ne pas comprendre le ton qu'elle employait, et qu'il semblait aussi qu'elle le prenne pour plus idiot qu'il ne l'était, pour penser qu'il ne le remarquerait pas. il lui jeta un regard noir, haussa un sourcil, mais n'ouvrit plus la bouche, de peur que sa bouche de politique se soit envolée. il lui fit un faux sourire lui même lorsqu'elle le remercia, et se demanda quand est-ce qu'elle allait enfin s'en aller. si elle avait réellement compris, elle aurait déjà fui. il continua de la fixer avec un regard terne, se décidant à ne pas bouger tant qu'elle ne l'aurait pas fait. il était à sa place, lui, pas elle. il ne comprit pas vraiment ce qu'elle avait dit lorsqu'elle reprit la parole, et lorsqu'il comprit enfin le sens des mots, il hésita sur leur pertinence dans leur conversation. s'il aimait les sushis ? il repensa à son interaction avec ten, se souvenant de la façon dont il les avait mangé sur le corps dénudé de la jeune femme. ouais, depuis ce moment là il appréciait le plat japonais un peu plus qu'auparavant. mais il ne comprenait toujours pas ce que ça venait faire là. il la fixa, perplexe, perdu, confus, et tout les adjectifs qui rentrait dans le même ordre d'idée. elle lui ressemblait un peu. il posa sa main sur son menton, réfléchissant. « c'est quoi cette question ? » demanda-t-il sans pour autant lui répondre, l'observant, jusqu'au moment où un petit moment de lucidité lui fit réaliser quelque chose. genre, elles se ressemblaient vraiment, vraiment, ces deux-là. il fronça les sourcils. vraiment vraiment, genre presque les même personnes. ouais, maintenant qu'il avait l'image de la pute dans la tête il arrivait bien à la superposer à l'image de l'effrontée. sa bouche forma un joli 'o', alors qu'il sembla faire un arrêt sur image. il resta quelques longues secondes comme ça. il n'osa même pas lui demander si c'était réellement elle, parce que si ce n'était pas le cas il ne voulait pas se ridiculiser, et si c'était le cas il préférait être pris pour plus gros connard qu'il n'était plutôt que d'avouer qu'il était plus con que ce qu'il pensait. il se décida tout de même à dire, un peu honteux même s'il tentait de le camoufler « non mais je faisais semblant je savais que c'était toi c'est tout » il détourna les yeux, croisa les bras sur son torse et se mit à siffloter. ça le gênait un peu parce que malgré tout, ten, il l'appréciait quand même, et il n'aurait pas voulu la traiter comme ça s'il avait su, puis il ne voulait pas ne plus pouvoir la voir parce qu'il... oooh! il eut une idée. « puis j'ai pas mes lunettes, je vois mal » non il en avait pas, il voyait très bien. il hésita quelques secondes et réalisa quand même que cette technique n'allait pas fonctionner... il s'approcha d'elle, pris ses mains dans les siennes, redevenant un ourson, mais surtout plus tendre pour obtenir ce qu'il voulait, c'est à dire une chance de profiter une nouvelle fois de son corps, de se défaire de ses tensions. « pardon ? je t'avais pas reconnu... en même temps je pensais jamais te voir ici » il murmura tout doucement, se mordant la lèvre. il demandait pardon, mais jamais sans se trouver une excuse.

« Ah oui ? » fit-elle amusé en le regardant de haut en bas. Alors comme ça monsieur faisait mine de l’avoir reconnue ? C’était si drôle de le voir se décomposer. L’expression de son visage valait tout l’or du monde. Elle retient un petit rire en le fixant et pinça ses lèvres. C’est qu’elle appréciait presque de le voir aussi … inventif pour se trouver des excuses. Une paire de lunettes ? Rien que ça. Elle rit intérieurement en acquiesçant d’un air tout à fait sérieux. C’est qu’elle ne voudrait pas gâcher son petit numéro, qui dans le fond, le rendait plus craquant encore. Puis c’était troublant de le voir changer d’attitude envers elle. De parfait connard il devenait gentil nounours … Elle se demanda un instant si c’était dans l’unique de garder ses faveurs – bien qu’il était le client et elle la prostitué, alors en soit c’était lui qui avait le dernier mot – ou si dans le fond il tenait rien qu’un peu à elle. Il faut dire qu’ils avaient une relation particulière … bien au-delà du simple sexe, c’était aussi une façon presque … salvatrice qu’ils avaient de se côtoyer. Skyla jouait la psy à l’écouter et le soutenir dans ses moments de tourment et Se Yun était comme … un protecteur. Capable de lui donner l’argent dont elle avait besoin et dont les bras ne la dégoûtaient pas. Il était si macho qu’il avait toujours tendance à la dominer pendant leur ébat. Il donnait la cadence, les ordres,  l’insultait aussi parfois sans jamais que la jeune femme ne s’en vexe. Ça faisait partie du rôle, et dans e fond elle appréciait Se Yun comme ça … Il n’était pas un mauvais garçon, ni même appréciait faire du mal aux autres, on l’avait juste éduqué en lui faisant que croire l’homme, et lui, était supérieur aux autre. Dans le fond elle le plaignait même et se demandait même quelle enfance il a pu avoir. Alors qu’il se saisit de ses mains Skyla ne peut s’empêcher de laisser échapper un sourire amusé et doux. Elle se hisse sur la pointe des pieds et vient déposer un baiser sur sa joue. « T’es pardonné. Qui suis-je pour t’en vouloir d’être aussi parfait ? » Se moque-t-elle gentiment pour le taquiner, sans toutefois être certaine que le jeune homme comprennent la douce ironie qui se cache dans ses mots. « C’était même plutôt sexy la façon dont tu m’as trainé jusqu’ici. » ajoute-t-elle en remettant en place le col de Se Yun en flirtant doucement avec lui. Elle sourit en coin en glissant ses mains sur son torse, le fixant avec ses grands yeux de chats. « Ça fait longtemps que t’es pas venu me voir … j’en déduis que tout va bien pour toi en ce moment ? » dit-elle d’un sourire doux en tapotant doucement sur le torse du garçon. Elle semblait même rassurée que ça aille pour lui.