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    :: Défouloir :: 2017

Partons.

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Partons. | Ven 24 Fév 2017 - 13:15
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P A R T O N S
Dressons nous contre le monde, et la mort.


Le gamin a glissé ses bras autour de la taille du second, ses mains se sont rejointes à l'avant, apposées sur la boucle de sa ceinture pour une tendre caresse volage. Il a posé un baiser sur son épaule nue avant de faire racler ses dents le long de sa nuque, son nez chatouillant la naissance de ses plus courts cheveux. Les muscles ont roulé sous ses doigts, lui tirant un soupire de complaisance ; de lassitude ensuite. Il repartait déjà. Ils se voient peu en ce moment, l'un occupé à faire le deuil d'une personne trop chère à sa vie et à reconstituer les fragments de son existence, l'autre cherchant à fendre la sienne en mille morceaux de verre pour ensuite s'y entailler les veines. Ils se cachent l'un à l'autre ce qu'ils font, et survivent en se croisant de temps à autres. Le temps d'un baiser, le temps d'une étreinte, d'un moment à la fougue emprunte de tristesse. Il repartait déjà, mais pour une fois, ça lui allait. Il ne veut pas le voir s'attarder, le voir détailler son propre corps, et enfin se poser les questions si judicieuses. Il ne veut pas subir d'interrogatoire, ou risquer un silence qui en aurait trop dit. Son torse frémissant du froid laissé par l'absence de son aîné, il bascule en arrière, écarte ses lèvres gonflées de baisers dans un râle d'impuissance. Son téléphone vibre. Il l'ignore une fois. Il a besoin de se reposer. Il vibre encore. Il l'ignore deux fois. Il a besoin de temps, pour se remettre. Une troisième fois, il n'y prête que peu d'attention. Il a besoin de temps pour se détruire. Une dernière fois, résonnant sur le meuble en bois. Il soupire : il n'y arrive pas seul, alors il tend la main pour porter le portable à son oreille, le grognement irrité ricochant de sa gorge pour éclater à l'autre bout de la ligne. « Quoi encore ? J'étais occupé. Je t'ai dis que je les remplirai demain, ces putain de pap-.. quoi ? » Ça avait commencé d'une façon aussi banale : un abandon, un appel, une révélation. C'était durant l'après-midi. Il n'a pas attendu le soir pour remettre à plus tard son moment de paresse.

* * *

Les rues sont denses. Elles sont étouffantes, insupportables lorsqu'elles suintent leur joie de vivre, lorsque la chaleur des corps réchauffe l'air glacial. Il a parcouru chaque recoin de chaque quartier avec la peur cisaillant son ventre. La peur de la rater, la peur de l'avoir croisée sans la reconnaître ; la peur d'involontairement l'abandonner. Insadong et ses multiples magasins, et ses vendeurs de rue, et ses routes trop étroites pour la moto qu'il a dérobé à son aîné sans son consentement. Myeongdong, Songpa, Dongdaemun, Jamsil, Itaewon, Noksapyeong... Le président s'est même aventuré jusqu'à Gangnam qu'il rebute pour l'air chargé de parfum bourgeois qui lui brûle la gorge à chaque inspiration. L'angoisse provoque en son corps de lourdes décharges d'électricité qui remontent ses veines à contre-courant, brûlant son épiderme avec la ferveur du sadisme. Il hoquette, manque encore une fois de renverser un couple en poussant le véhicule sur le trottoir sans préavis. Le noir appose peu à peu son voile sur la ville, jusqu'à l'englober totalement. Et, finalement, dans un grognement de rage, l'humidité s'est installée au coin de ses orbes emplis d'amertume. Mais au fond, ça le soulage, un peu. Ça le soulage de se savoir mort, mais d'avoir quand même un cœur, d'être capable de tenir à quelqu'un, s'en inquiéter. Ça le soulage d'être mort, mais d'être encore un peu vivant, de pouvoir encore aimer comme ça, avec pureté. Alors Tasyr redouble d'efforts et perce la nuit du sombre vrombissement de son engin. Jusqu'à, enfin, la trouver, plus loin qu'il ne pensait. Ses angoisses, ses peurs, ses doutes, ses troubles ; tout. La voir éteint tout pour ne laisser qu'une profonde compassion qui éreinte son corps et assaille ses muscles désormais trop lourds. Cependant, le gumiho n'en laisse rien paraître. Il laisse la moto de côté, tire de la poche de sa veste son éternel paquet de cigarettes (des lucky strike au goût double, il avait envie de changement). Ses fesses se posent sur le sol près d'Hae Won, le briquet déchire l'obscurité d'un orangé flamboyant qui contamine la pointe de son cylindre nocif. Il tire une première fois en silence, entrouvre ses lippes fendues pour recracher la fumée. Puis son bras libre passe autour des épaules de sa cadette, l'attirant contre lui pour la laisser noyer son visage contre son torse fin mais dessiné. « douze. C'est le nombre de personnes que j'ai failli écraser pour te récupérer. Je t'ai cherchée partout, tu sais ? Je sais pas si tu connais le téléphone, mais de nos jours c'est super pratique. Tu sais, avec kakaotalk t'as juste à filer ta localisation. Ça m'aurait évité d'être insulté dans tous les quartiers de la capitale. » Un sourire badin se dessine sur ses lèvres : il ne lui en veut pas. Il veut simplement, dans un vœu chaste, que la nuit paraisse moins noire et intimidantes. Alors il pose un baiser dans ses cheveux.

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MACFLY
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Re: Partons. | Sam 25 Fév 2017 - 1:39
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Dressons nous contre le monde, et la mort.


C'était donc ça. Ce qu'ils appelaient tous "la dépression". La sensation de vide. Le néant. Là où jadis, la joie était reine. Poussée à l'exil pour laisser place à un royaume beaucoup plus sombre, elle semblait être partie pour de bon, si éphémère qu'on en venait à se demander si elle avait déjà existé. Ce trou noir est sans fond, il l'aspire, mais elle ne lutte pas. A quoi bon lutter après tout? Ce monde ne sera plus jamais le même désormais. Elle ne veut pas le connaître. Elle ne veut pas se familiariser avec lui, elle préfère de loin le regarder tourner sans elle plutôt que feindre tourner avec lui, un sourire faussé aux lèvres, pour escroquer ses proches et leur faire croire que ça va. Mais ça ne va pas. Ca n'ira pas. Et ça n'ira jamais.

L'odeur qui règne dans ce train lui est insupportable. Mais ce qui lui est encore plus insupportable, c'est cette vie. Ce corps. Cet esprit, dans lesquels elle ne sent plus à son aise. Ca la ronge de l'intérieur, et elle comprend désormais ce que signifie l'expression "être mort de l'intérieur".  Elle s'en mord la lèvre, comme si ça la ferait reprendre ses esprits. Ma belle, t'auras beau te mordre 100 fois la lèvre, la vie est ce qu'elle est. Elle t'a frappé au moment où tu t'y attendais le moins, tu viens de faire l'amère expérience de la loi impitoyable du destin. Durant ce trajet, elle a dû supporter les regards curieux des passagers, qui, dès qu'elle éclatait en sanglots, penchaient la tête pour la regarder. Elle avait dû aussi supporter les arrêts, les allers-retours dans le couloir, et la vieille dame assise à côté d'elle et qui ne cessait de tousser et se moucher. Alors parfois, elle sortait son téléphone, regardait l'heure passer et s'étendre sans jamais arriver à destination. Regarder l'heure sur son téléphone, c'était aussi confronter son fond d'écran, le nouveau, qu'elle avait mis il y a 3 jours: une photo d'elle et son amour de soeur. Sa défunte petite soeur, ce petit corps, si frêle, qu'elle avait tenu un nombre incalculable de fois entre ses bras, était maintenant enseveli sous un tas de terre, doublé par le poids d'une pierre, comme pour s'assurer qu'elle n'en sortira plus jamais. Et cette simple vision de son corps là-dessous, loin des vivants, la plonge dans ce trou noir, dans ce chagrin si profond qu'il la coupe du monde réel. Elle se tourne, un peu plus, vers la fenêtre pour cacher ses larmes qui ruissellent, mais bientôt, la voix du chauffeur de train retentit: le train va entrer en gare.

* * *

Dans un soupir, Haewon sèche ses larmes de la manche de son sweat, attrape son week-end bag et sort parmi les premiers du train. Et à partir de cet instant, elle laisse ses pas la conduire où bon leur semble. Comme un fantôme, un vent glacial, elle se fraye un chemin à travers la foule qui ne la remarque même pas. Cachée sous sa capuche, elle prend soin de ne pas se faire remarquer car elle n'est pas censée être là ce soir. Elle est censée être, pour une nuit de plus, chez elle, auprès des siens à Busan, mais après une grosse dispute avec son père, elle a préféré écourter son séjour. Et puis, ces murs, ils étaient trop plein de souvenirs, beaucoup trop pour qu'elle puisse y rester sans revoir sa petite soeur courir, jouer, et entendre son rire. C'était mieux comme ça, se répétait-elle alors que ses soupirs se perdaient dans l'air nocturne de la capitale.

Se tenant à la sortie de la gare, elle regarde en direction de la ville, de ses bâtiments, qui semblent invulnérables, contrairement à elle. Elle les regarde avec envie, avec dégoût. Plus rien ne lui dit. Pas même s'asseoir dans le taxi qui devait directement la conduire à son dortoir. D'un signe de la main, elle fait comprendre au chauffeur qu'elle ne montera pas. Tant pis pour lui, il a perdu sa course de ce soir, alors il ne traîne pas, démarre dans un crissement de pneus qui la fait fermer les yeux et serrer les dents. Elle a besoin de marcher, quitte à atteindre le dortoir au petit matin, c'est de prendre l'air dont elle a besoin et non de se retrouver encore coincé entre quatre taules et regarder par la fenêtre le paysage défiler un peu trop vite à son goût. Une main dans la poche de son sweat, l'autre tenant son sac, elle quitte vite le secteur de la gare pour se trouver dans un coin beaucoup plus tranquille, dénué de monde. Elle aura peut-être marché plus de 3km, assez pour s'éloigner du centre-ville et des rires, des ambiances légères qui lui donnaient la nausée. Là, aux abords d'un quartier résidentiel calme, Haewon finit par s'arrêter, posant son sac par terre. Non loin d'elle, un panneau d'arrêt de bus lui servit d'appui pour son dos alors que ses fesses se posèrent à même le goudron. Les jambes ramenées contre elle, elle regarde le ciel étoilé et repense à ses derniers jours. En fait, elle croit toujours qu'il s'agit d'un cauchemar, elle appréhende fortement la suite Haewon, mais elle ne le dit pas, parce qu'elle ne veut pas casser les oreilles aux gens. Il doit y avoir plus grave que son cas dans cette immense ville qui ne s'arrête jamais de vivre.

Un bruit de moteur la perturbe. Elle tourne la tête, mais se fait éblouir par la lumière du phare. D'un réflexe, elle positionne sa main devant ses yeux tandis que ses sourcils se froncent; elle essaye de reconnaître peut-être un visage, une attitude, une silhouette mais elle se souvient qu'elle n'est pas en terrain connu ici, il peut donc s'agir de n'importe qui. Et puis, la stupéfaction. Ses lèvres s'entrouvrent, ses sourcils se déplissent. Les mots ne lui viennent pas, mais de revoir un visage qu'elle connaît après une dizaine de jours loin de tout, loin d'eux, lui provoque un pincement au coeur. Et au moment alors où elle pensait être seule dans cette merde, il lui est apparu aussi clair que la lumière éblouissante de sa moto: Tasyr.

Or, les mots ne franchissent pas ses lèvres. Elle ignore ce qui lui fait ça mais même si les pensées s'entrechoquent dans sa tête, rien ne sort. Elle le laisse parler, elle l'écoute. Son téléphone, elle l'avait éteint en sortant du train, pour une raison qu'elle-même ignorait encore. Sa tête pivote, elle regarde droit devant elle tandis qu'un soupir, lourd de regrets, franchit ses lèvres. Elle sent l'odeur de la nicotine lui monter au nez, même si elle n'a jamais fumé, elle aime cette odeur, qui lui rappelle de nombreuses soirées. Le bras de Tasyr entoure ses épaules, et la ramène contre lui. Haewon ferme les yeux, respire son odeur, son parfum, qui la ramène à la réalité. Elle est de retour, à Séoul, en compagnie du président de sa fraternité mais ce soir, elle va oublier cette partie là de son quotidien. Elle va simplement se rappeler qu'il est là pour elle ce soir, qu'il a failli écraser 12 personnes exactement pour la retrouver et pouvoir la tenir contre lui. Dans un silence de morts, des larmes coulent sur ses joues, s'écrasent sur le t-shirt du syrien. Elle pourrait rester là des heures durant, alors c'est ce qu'elle se permet de faire, parce qu'elle n'avait pas eu l'occasion de se reposer sur lui depuis un moment maintenant. Alors, elle en profite, et, quand ses émotions lui permirent, lâcha finalement un: Comment? Elle marque une pause, le temps de reprendre un peu ses esprits et d'être plus claire: Comment t'as su que j'étais rentrée? ... Elle se souvint soudainement qu'il y avait toujours eu entre elle et lui ce que l'on appelle l'empathie, ce sentiment puissant qui, à des kilomètres l'un de l'autre, vous permet néanmoins de ressentir le moindre changement chez l'autre. Un mystère de la nature, comme ce qui les liait. Elle ne pouvait l'expliquer. Ses yeux se referment, sa tête bouge légèrement, puis son visage poupon, marqué par les cernes, se déforme sous le chagrin, alors qu'elle confie, sur un ton poignant où la tristesse prend clairement le dessus: j'ai envie de me foutre en l'air.

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MACFLY
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Re: Partons. | Mer 5 Avr 2017 - 14:55
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P A R T O N S
Dressons nous contre le monde, et la mort.


Il ignore quelle part de lui prédomine en cette lutte de chaque instant qui divise son âme en quatre segments inégaux. Son cœur peine à se remettre de sa frayeur passée, tambourine à sa poitrine si fort qu'il ne craint d'être entendu par autrui : celle où il a cru ne jamais la retrouver, ne pas pouvoir être là : arriver trop tard, la retrouver déjà morte. La jeune femme loge déjà entre ses bras se voulant sécurisant, hors le diablotin ne peut refréner les ardeurs de son cerveau à susciter quelques scénarios, quelques images vengeresse, sous ses prunelles pourtant dévoilées. Leurs pieds ne mordent plus le béton, le béton ne coule plus entre les trottoirs, les klaxons n'incendient plus les mauvaises conduites, les lumières n'étincellent plus à en aveugler. Il condamne le vide factice et dessiné d'une œillade peureuse lorsqu'il y voit danser le macchabée, la Haewon qu'il aime tendrement (avec pureté, il est bien trop sombre pour désirer lui volant son palpitant, la méprise serait gravissime). Ses cheveux longs éparses sur la voie, mêlés du rouge coulant de ses tempes ; et il voit la voiture qui s'éloigne, celle qui l'aurait percuté. Il voit ce verre brisé au sol, qui est aussi un potentiel criminel. Il voit ces hommes qui ricanent, sans doute de l'avoir abusée. Alors il ferme les yeux avant que d'autres images imaginaires ne se succèdent, ne les rouvre que pour les vriller sur la silhouette de son amie dans un sourire rassurant ; et il pose un baiser sur son crâne. Pourtant ravageuse, l'inquiétude s'apaise au profit d'une colère sourde qui ne s'est nourrie que d'uniques secondes pour prendre une possession complète de son corps. Le président fronce les sourcils, sa mâchoire se contracte, ses pupilles tremblent, ses veines brûlent sourdement lorsqu'elles se dilatent au passage d'une adrénaline non-invitée se déplaçant au moyen d'un brasier corrosif. L'envie furieuse de hurler se fait vorace : elle dévore son être qui se met à trembler contre le visage de sa cadette : alors il se souvient de sa question primaire. Qui est-il en ce soir où quatre segments de son âme se battent pour triompher ? Un homme comme il en existe tant, un président qui se doit de veiller sur ses camarades, un enfant capricieux qui n'agit qu'en son intérêt, ou un démon qui peut décider d'un touché de tout faire sombrer ? Bien que l'humidité alourdisse son haut, la fureur suscitée par la peur ne s'abaisse pas : il désire plus que tout lui hurler dessus, et proférer à son encontre de telles insanités que ses larmes en auraient redoublées. Il n'en fait rien, par amour pour elle, et ses doigts plongent dans sa chevelure pour masser son crâne d'un geste réconfortant. De l'autre main, il apporte à ses lèvres la cigarette allumée, la suicide un peu plus, et en extirpe une nappe de brouillard nocif.

comment t'as su que j'étais rentrée? la question ne le surprend pas, il n'esquisse pas même l'ombre d'un sursaut, bien qu'il ne sache alors quelle attitude adopter. Devait-il mentir pour la préserver, avouer pour se délester d'un poids ? Il lui doit la vérité, et sa main glisse de ses cheveux afin que son index retrace la courbe de la joue mouillée de la jeune femme. « Hera m'a appelé. elle savait apparemment que tu devais rentrer, mais tu étais introuvable. alors je suis parti te chercher, mais ne me demande plus jamais de faire ça, j'ai cru que j'allais devenir fou. J'ai jamais été bon pour trouver ce stupide Charlie sur les pages, et toi tu réinventes carrément le challenge. » il pousse discrètement (comme si la situation était risible ; elle ne l'est pas). ses pupilles se teintent de malice si brièvement que les étoiles n'ont le temps d'y loger. Haewon redresse son visage, Tasyr abaisse le sien. Leurs orbes se croisent, et le président tente de déglutir silencieusement face à la tristesse qui le transperce. Son organe vital tape si fort qu'il l'en penserait en cavale loin d'ici. « ne dit pas de connerie quand tu ne sais pas de quoi tu parles, Hae. Won-ah Personne n'as envie de se foutre en l'air. » Il grogne, presque si fort que la vibration se répercute dans tous ses tissus, dans toutes ses fibres, dans tous ses pores. Lui qui a déjà sombré ne peut que désirer s'en sortir, mais il ne parvient à trouver pied dans cet océan trop sombre pour lui, s'y noyant inexorablement.
Hors, un éclat malsain traverse son regard lorsque les connexions s'effectuent. Le métisse n'est pas une bonne personne, ne l'a jamais été, doute de pouvoir le devenir un jour. Ceux qui le fréquentent intimement de façon à percevoir sa douceur ne font qu'effleurer une partie de son être sans savoir que la noirceur l'a déjà contaminé dans son entièreté. La solitude lui fait peur ; qui est-il, de plus, pour luter contre les désirs de l'une de ses amies les plus chères ? Un sourire se dessine déjà sur ses lippes gercées par les morsures multiples, sa main reprend son travail sur le cuir chevelu de la Nam. « Que dirais-tu de ne pas rentrer, ce soir ? Je suppose que tu n'as pas très envie que les autres te voient dans cet état, n'est-ce pas, Hae Won-ah ? » Si elle représente pour lui l'un des astres de sa galaxie, le démon qui hante son âme lui susurre à l'oreille que toutes les constellations finissent par sombrer un jour, aidées ou non. Il se doit de lui tendre la main pour que sa chute soit plus douce : il se convainc qu'il ne s'agit que de ce fait, alors que sa voix emprunte déjà un timbre plus grâce, plus oppressant, plus autoritaire. Le sadisme force l'ébauche d'un sourire sur ses lippes, le malsain dévore ses pupilles. Il ne le la laissera pas seule ; elle ne le laissera pas seul dans ses ténèbres. « Reste avec moi cette nuit, ma Bonnie, et je te jure que tes soucis te paraîtront bien loin. N'en as-tu pas envie ? » Le serpent sort la langue, son siffle est une berceuse-venin qui ensorcelle ses proies. Plus qu'une question, il s'agit d'un ordre, et alors il réalise qu'il ne sait rien de la raison qui l'a détruite en cette nuit. Il n'en sait rien et ne veut le savoir, lui qui vient d'un battement de cils d'effacer l'image d'une amie, lui qui vient d'un battement de cœur de dessiner l'image d'une complice dans son monde de débauche, effrayé par la solitude qui le ronge en ce monde infernal.

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Re: Partons. | Lun 24 Avr 2017 - 17:24
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Dressons nous contre le monde, et la mort.


La nuit lui paraissait soudainement plus douce au moment même où sa tête se posa contre le torse de Tasyr, lui permettant alors d'entendre son coeur battre. Elle ferma les yeux, et elle se laissa plonger dans toutes sortes de sentiments, tous aussi différents les uns que les autres. Elle remerciait les cieux de lui avoir envoyé Tasyr ce soir, comme pour la sauver de cette errance sans fin dans les rues de la capitale. Il fallait bien que cela cesse, mais elle n'avait pas trouvé de raisons à arrêter ça. Cette fois, elle en avait trouvé une. Elle ne s'attendait pas tellement à voir le président de sa fraternité débarquer là, à lui annoncer qu'il la cherchait depuis un moment. Ca lui faisait du bien de voir que gens encore ici s'inquiétaient pour elle. Comme si soudainement, tout ça s'était évaporé. Depuis sa dispute avec son père, elle pensait sincèrement que le monde entier la lâchait, l'abandonnait et qu'elle ne trouverai plus un seul soutien dans cette vie. Et au moment où l'évidence était aveuglante, Tasyr était arrivé. Sans même qu'elle ne s'y attende.

Pourtant, elle aurait pu. Elle avait toujours considéré Tasyr comme un deuxième grand-frère, après tout, il était un des amis les plus proches de son grand-frère, et Haewon avait pris l'habitude de le voir à chaque fois qu'elle rendait visite à son frère. Pour autant, elle n'aurait jamais cru un jour qu'il soit celui à la sauver ce soir. Parce que, oui, clairement. Il la sauvait. Elle ferma alors les yeux, sa main vint se poser sur son t-shirt qu'elle tint entre ses mains comme si sa vie en dépendait, et elle laissa les larmes couler. Pourquoi c'était à elle de souffrir dans cette vie de pacotille? ne pouvait-elle pas vivre en paix, être heureuse avec ses amis et son petit copain? Pourquoi fallait-il toujours que la vie vienne vous frapper de plein fouet quand vous vous y attendez le moins? Haewon avait beau tourner le problème dans tous les sens, elle ne trouvait plus de sens à tout ça. Le chemin vers la reconquête de sa propre vie allait être long et dur, c'était certain, mais si les gens autour d'elle lui montraient qu'ils ne lâcheraient jamais sa main, alors ça ira.

Néanmoins, elle lui avoua son envie, la plus grande, que de se foutre en l'air. Et comme elle s'y attendait un peu, la réponse de Tasyr fut virulente. Non, elle n'allait pas se foutre en l'air parce que selon lui, personne ne le voulait. Elle déglutit, à bout de forces, avant de fermer les yeux. Elle aimait sentir les mains du syrien dans ses cheveux, elle aimait tout simplement le sentir contre elle, parce que ça lui rappelait qu'il n'était pas qu'un président de fraternité pour elle. Qu'est-ce que je ferais sans toi... chuchota-t-elle, sans vraiment se demander s'il avait entendu ou non sa confession. Finalement, cet endroit là, cette rue, et cette nuit là, bien que froide et peu réconfortante, marquaient le début d'une nouvelle vie, peut-être fondée sur des mauvaises bases mais de ça, elle s'en fichait Haewon. Ce dont elle avait besoin, c'était d'une raison pour repartir. Elle avait deux bonnes raisons maintenant: son amour pour Sang Ae, et Tasyr. Parce qu'il était toujours là, même tapi dans l'ombre, il n'avait jamais cessé de veiller sur la jeune Nam.

La pompom girl se redressa dans un premier temps après avoir entendu la demande du syrien. De ses yeux rougies par les larmes, elle le regarda un moment, comme si elle venait de snifer un rail de coke, comme si elle n'était pas vraiment là, en ce moment même. Mais elle n'était pas folle, elle avait bien entendu ce qu'il avait dit. Il lui avait proposé de rentrer, qu'elle vienne avec lui. Qu'ils s'enfuient, loin de tout. Surtout loin de ces problèmes qui ne sont que bons à bousiller une jeunesse. Quelle tristesse, se dit la jeune femme en baissant un instant le visage, pour regarder vers le sol. Puis, un soupir passa ses narines, avant qu'elle ne finisse par tourner la tête pour regarder le brun assis à ses côtés. Emmène moi avec toi... confia-t-elle dans un souffle, comme si elle le suppliait, au final, de la tirer de cette tristesse. Peu importe si c'est pour plonger dans la débauche et la noirceur de la vie, tant qu'elle ne se sentait plus responsable de la mort de sa soeur et qu'elle ne se répétait pas les paroles de son père. Emmène moi. elle ne savait pas dans quoi elle se lançait, mais à partir de maintenant, ce serait les yeux fermés. Et avec lui.

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Re: Partons. | 
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