Il a besoin d’aide. Le gosse a besoin d’aide, de quelqu’un qui l’écoute, qui lui dise quoi faire. Depuis que bago a rencontré et s’est rapproché de sangjae, il a perdu contact avec ses amis, avec ses camarades de classe, avec sa vie extérieure. Il ne sait pas quoi faire, il ne sait plus quoi penser, il rame pour plaire à ce garçon, il souffre pour voir sur lui, une once d’affection dans le regard. Il a mal, se sent faible et pourtant il continue, il revient vers lui tout le temps, et quand jae vient le chercher lorsque le gosse essaie de lui échapper, il craque et frappe à sa porte pour venir se faire prendre. Mais ce soir, le tatoué est triste, le tatoué est seul, il déambule dans les rues, titubant non pas sous l’alcool, mais sous la mélancolie. Bago n’est plus aussi flamboyant, plus aussi sûr de lui, quand il marche dans l’université, il ne produit plus le même effet devant les autres étudiants. Le petit prince a perdu de son charme, le petit prince a perdu de sa couleur et plus il s’avance vers sangjae, plus son royaume s’effondre. Alors le gosse regarde autour de lui dans cette ville lumière, traverse les grandes rues, bouscule quelques personnes sur son passage avant de finalement s’arrêter devant son ancien dortoir. Peut-être que la solution ou simplement l’ébauche est là, derrière ces murs qu’il a quittés il y a quelque temps. Il ferme les yeux avant de souffler bruyamment, passant la porte du bâtiment dédié au requin. Il a besoin d’elle, il a besoin de parler avec elle, de sortir de ce silence qu’il draine depuis trop longtemps. Ivy est peut-être la seule personne en qui il a confiance aujourd’hui, la seule fille à qui il peut parler, celle qui peut l’écouter vraiment, écouter ce que sangjae lui fait subir, essayer de comprendre pourquoi bago aime ça. La souffrance fait partie de sa vie, fait partie de son cœur, et il en réclame. Alors oui. Il est là aujourd’hui, ce soir d’hiver et continue de marcher jusqu’à la chambre de la jeune femme, glissant son poing contre la porte de sa mine fatiguée pour taper en douceur. Douceur qui lui manque atrocement d’ailleurs, autant que cet amour qu’il quémande toujours. « - tu es là ? »

Wearing. | Le silence et la solitude pourraient faire peur à certains, mais Ivy appréciait ce moments de calme dans sa chambre. Depuis ces derniers mois, depuis qu'elle se remettait de sa rupture avec Kazuya, elle avait appris à moins s'isoler et à redécouvrir les gens. C'était difficile de sortir de ses retranchements, les habitudes avaient la vie dure. Ses mécanismes de défense et de protection étaient forts, la destruction était longue et méticuleuse. Et comme c'était quelque chose qui était pour son bien c'était encore plus long pour Ivy, pourquoi ? Parce qu'elle était habituée à l'autodestruction bien évidemment. Des choses aussi simples que sourire et s'adresser à des gens lui avaient paru si difficiles à une certaine époque. Pouvait-on oublier comment être un être sociale ? A être un être humain ? Elle en avait l'impression des fois... S'isoler, comme ce soir-là, c'était presque naturel, presque comme un réflexe de survie, comme reprendre une grande bouffée d'air après une apnée. Elle profitait de cet instant doux amer pour se plonger dans un énième manga, ce qui était devenu son plaisir coupable ces derniers temps depuis qu'un certain Nam Kyung lui avait mit le premier tome dans les mains. D'abord méprisante, elle avait, avec stupéfaction, réussit à lire dans ces cases et dans ces bulles des émotions et une violence qui lui parlaient, qui lui ressemblaient, et dans lesquelles elle se reconnaissait. Loin des univers sombres et souvent coupants de son cher Edgar, elle découvrait une autre expression des passions de son âme alors qu'elle tournait ces pages aux dessins noir et blanc. Elle fût arrachée de sa bulle par des coups légers sur sa porte, et une voix... Elle fronça les sourcils et descendit de son lit. En ouvrant la porte, elle eut l'impression de se retrouver face à un fantôme. D'abord parce qu'elle ne l'avait pas vu depuis longtemps, et aussi parce qu'il y avait cette lueur éteinte dans ses yeux... « Hey... » Que dire ? Elle le fît entrer, il avait quitté les verts depuis quelques petites semaines, elle ne s'attendait pas à le trouver là. Elle aurait pu tourner autour du pot et s'encombrer de politesses futiles, mais ce n'était pas le genre de Ivy. « Qu'est-ce qui se passe Bago ? » Et elle s'assit sur son lit, refermant son livre, laissant sa bulle et son univers de côté.

Il s’écroule contre la porte qui finit néanmoins par s’entrouvrir, tombant nez à nez avec la flamboyante ivy, calme et reposée, discrète. Il regarde autour de lui perdu avant de faire un pas dans la chambre. Un tas de souvenirs lui revient alors ; tout ce qu’il a pu vivre depuis qu’il s’était fait recueillir chez les sangos. Des moments heureux, d’autres un peu moins, mais il y avait toujours eu cette lueur d’espoir qui émanait de chaque habitant, dans un simple sourire. Ça faisait rire bago à l’époque. Il trainait dans les halls et dans les chambres, réclamant, comme un enfant, des histoires. Maintenant il semble s’être éteint progressivement, ne vivant plus que pour un homme qu’il commençait à beaucoup trop chérir. Il ne rit plus, ou du moins plus seul, il ne provoque plus les gens plus âgés que lui, il ne séduit plus. Il n’a plus envie de ça, parce qu’il sait que ça le décevrait. Alors le tatoué intériorise tout, souffle, rabat sa capuche sur sa tête, marche tête baissée, courbant l’échine, rentrant le menton. Il sait pertinemment qu’il est encore l’objet de nombreuses convoitises mais il ne se laisse plus aller. Il a peur. Il craque. Ses yeux se posent sur ivy, il regarde son lit avant de s’assoir finalement par terre, la tête dans les mains, le cœur dans les abysses. Bago a l’impression de disparaitre, de devenir invisible aux yeux des gens. Lui, ce gosse, qui cherchait, jadis, sans cesse l’intention, l’affection, l’amusement. Il avait changé, physiquement parlant aussi d’ailleurs. Il est couvert d’encre, maigre, envoûtant et égaré. Qu’est-ce que se passe ? il entrouvre les lèvres alors, cherche ses mots, le regard à la fois fuyard et à la fois insistant. Mais maintenant il n’est pas seul, maintenant il peut parler, sans craindre d’être jugé, sans craindre d’être entendu par quelques oreilles indiscrètes. Il déglutit et finit par souffler « - je ne sais plus qui je suis. Je. » il fixe ses mains « - j’ai l’impression de ne vivre plus qu’au travers du regard et des gestes d’un homme que j’apprends cependant à glorifier de jour en jour. Comme si j’étais tombé amoureux de ma faucheuse à moi. » il ne sait pas si elle saisit, mais il n’a pas vraiment envie de s’expliquer davantage ; le problème était là : est-ce qu’il finira par voir le bout de son délicieux et enivrant calvaire sachant que, désormais, il ne peut plus s’imaginer vivre sans jae autour ?

Wearing. | Elle le regarda s'asseoir au sol, fronçant les sourcils à l'état de Ba Go, à la lueur dans ses yeux. Ils se reconnaissaient bien tous les deux. Ils se reconnaissaient dans la douleur, ils se reconnaissaient dans l'autodestruction. Ivy se laissa glisser de son lit pour trouver sa place à ses côtés. Elle le laissa parler, sondant son attitude entière. De ses yeux vides à ses lèvres pâles. De son corps amaigri à ses doigts osseux. Il avait l'air vidé, il  avait l'air autre. Il avait ce regard dans lequel elle retrouvait la même absence de lueur que dans le sien quelques mois auparavant. Les paroles de Ba Go résonnèrent en Ivy avec plus de violence qu'elle ne l'aurait voulu. Comme le bruit du tonnerre, ce grondement sourd et profond qui augmente à chaque seconde qui passe. Elle avait ressenti ça lors de sa relation avec Kazuya. Le japonais avait eu une telle emprise sur elle, elle l'avait tant aimé. Au point de s'oublier, au point de s'effacer, au point de devenir autre. Elle avait voulu mourir pour lui, elle voulait mourir sans lui. Kazuya était sa faucheuse à elle... Elle ne comprenait que trop bien la souffrance de Ba Go, ça lui serrait le cœur et lui nouait la gorge. Elle laissa échapper un souffle tremblant  et passa ses bras autour de la silhouette frêle et brisée de l'ancien Sango. Elle serra le jeune homme contre elle un moment, un petit moment d'éternité. Parce que dans l'immédiat, elle ne savait quoi lui dire. La solution de Ivy avait été de quitter celui qui la détruisait. Elle avait fait sauter son propre cœur à coup de dynamite et essayait d'en ramasser les débris, mais c'était tellement éparse, la tâche était colossal.  « Soit tu sautes complètement dans le vide. Soit tu fais demi-tour. Il n'y a pas d'entre deux. » Se jeter à corps perdu et disparaître, ou s'arracher le cœur pour le laisser aux pieds de l'autre. Elle relâcha son étreinte et vint s'asseoir blottie contre lui, elle posa sa tête sur l'épaule du tatoué. « Mourir d'amour ou mourir de douleur. » Elle avait choisi la deuxième option, parce qu'elle avait l'impression que c'était l'option la plus radicale, et bizarrement celle dont elle saurait capable de se relever.

C’était trop dur. Le gosse était en train de lâcher prise. Il avait, pendant des semaines, ressasser les semblants de moments heureux qu’il avait passé auprès de cet animal blessé en espérant qu’ils prendraient le dessus sur la souffrance qu’il avait pu et qu’il continuait de ressentir au quotidien. Il avait revu tasyr par hasard, et ça lui avait fait atrocement mal, encore plus et plus loin. Bago avait alors eu ce putain de déclic. En amour on l’avait toujours abandonné. Taz avec dewei, sangjae avec cet homme qu’il ne connaissait pas. Il s’était donc dit qu’il n’était peut-être pas fait pour ça. Le seul homme qui avait éprouvé un désir profond envers lui avait été ce prêtre qui avait fait de ses mains des instruments sexuels. L’ancien sango s’était coupé du monde. De ses amis. De sa famille affective. Il avait quitté la fraternité dans l’espoir de se rapprocher davantage de jae. Oh bien sûr il comprenait qu’il souffrait. Mais bago aussi il avait mal. Lui aussi il avait envie de péter les plombs parfois et que sangjae le rassure. Parce qu’il était comme ça à la base. Un petit gamin brillant capricieux, tendre et qui réclamait sans cesse de l’amour. Là il était simplement un corps qui assouvissait un appétit sexuel, un diplomate et un esclave d’un homme qui lui pompait toute son énergie vitale mais dont il était tombé éperdument amoureux. Ce n’était plus lui, plus sa personnalité. Il avait tout offert à cet être torturé sans rien recevoir en retour. Un échange déséquilibré et fatal. Bago était laid. Il ne se ressemblait même plus à ses cadavres frais. Seuls ses tatouages camouflaient un état alertant. Ivy l’avait compris. elle le regardait sans jugement, mais il sentait que ses yeux étaient remplis d’effroi et de mauvaises surprises. Il la laissa s’approcher, se permit même de reposer sa tête lourde quelques secondes. Ça faisait du bien. De sentir autre chose que la possession et le désir destructeur. Bago était un drogué qui s’était rendu compte de sa délicieuse dépendance sans pouvoir en sortir. « - mais je crois que c’est trop tard. Je crois que je suis définitivement accroc. » et il s’accrochait le marmot. Il avait espoir qu’un jour, la lumière vienne de nouveau caresser son visage blanc, il avait espoir que jae soit sauvé et même peut-être qu’ils pourraient s’apprécier mutuellement au lieu de continuer à vivre une relation à sens unique. Mourir d’amour ? quand il n’était pas partagé à quoi cette option pouvait-elle bien servir ? « - j’ai peur de la mort… » évidemment, c’était un être humain. « - mais j’ai l’impression qu’elle va bientôt frapper à ma porte. » et ce sera la seule visite qu’on lui accordera. Bago. Etre oublié.

Wearing. | C'était terrible de voir Ba Go dans cet état. Le souvenir de ce qu'elle avait été, de la violence qu'elle s'était imposée pendant presque trois ans en aimant Kazuya, en s'enfermant dans cette relation, en le laissant l'enfermer dans cette solitude, dans un monde qui ne tournait qu'autour de lui, lui revenait en mémoire. Elle se souvenait avoir été l'ombre d'elle-même, avoir réfléchi à chacun de ses gestes, à chaque sourire qu'elle adressait pour ne pas réveiller la jalousie et la possessivité de celui qu'elle aimait... Elle qui, bien que peu sociable, aimait observer le monde qui l'entourait, le juger parfois ou le laisser la surprendre. Elle s'était enfermée, avait cessé de sourire, avait cessé de regarder autour d'elle, parce qu'elle avait peur de le perdre, parce qu'elle l'avait aimé, parce qu'elle s'était dit qu'elle ne pouvait pas vivre sans lui. Sauf qu'avec lui, elle s'empêchait de vivre, d'être heureuse. Elle ne savait pas quoi dire à Ba Go, son conseil serait de fuir, de se libérer, qu'être dans cet état n'était pas une vie. Son choix à elle avait été de fuir, mais si pour lu fuir était le coup fatal ? Elle ne voulait pas être celle qui le pousserait à faire cette erreur. « Débat toi Ba Go. Force le à t'aimer. Ou sauve toi... Tu peux pas rester comme ça. » Elle gardait toujours ses bras autour de lui, ses paroles n'étaient pas dures, mais elle parlait d'un ton ferme. Elle n'était personne pour donner des leçons, des conneries elle en faisait par paquet. « C'est pas toi ça... T'es pas ce type qui va se laisser crever. » Il fallait qu'il se débatte... Pour le forcer à l'aimer, pour s'en libérer, mais il ne pouvait pas rester dans l’immobilisme, elle se refusait de le voir laisser faire ça sans le secouer.

Il était à moitié détruit. Il savait très bien ce que toute personne raisonnée devait faire pour se sortir d’une telle situation. Seulement voilà. Bago était un petit être stupide et dénué de sens. quand quelque chose lui fait mal ou le rend encore plus fou, il fonce dedans pour s’imprégner de sa propre perte. Alors il pleure. Il se plaint. Seul. parce qu’il ne peut pas le faire devant son amant. Ça pourrait le faire fuir, le faire partir. Mais le gamin n’en peut plus de ne pas pouvoir se confier ou entendre un avis extérieur. Il ne tient plus le rythme douloureux de la solitude. Alors il est là. En train de complaindre, en train d’ouvrir son cœur en miettes. Son remède est en même temps son poison et c’est dur. Il agite ses jambes dans le vide, les mains blanches à force de serrer les poings, la langue piquante à force de la mordre. Comme chiquer un linge quand on va se faire amputer. Ivy vogue entre l’abandon, la cure ou la continuité dans son combat, et bago se contente de secouer la tête. « - j’essaie j’te jure. J’fais tout ce qu’il me dit de faire mais… » mais ? mais ça ne suffit pas, parce que t’es pas son amour, parce qu’il est pas amoureux de toi et qu’il le sera probablement jamais. Et ce souvenir. Ce souvenir douloureux de le voir avec quelqu’un d’autre. « - je crois qu’il fréquente un autre garçon. Je l’ai vu… » et ça. Ça lui crève le cœur. Il s’imaginait tout sauf ça. Mais qui c’était ce type ? pourquoi avaient-ils l’air de se connaitre ? d’être familiers et complices ? ce n’était pas possible. Il ne pouvait pas lui faire ça alors que bago essayait sans cesse de lui plaire pour lui faire oublier tous ces débordements d’avant. il a toujours voulu être le seul et l’unique. Mais il a tout foiré. « - j’peux pas supporter ça tu comprends ? le voir avec quelqu’un d’autre j’peux pas. j’ai envie de les tuer. »

Wearing. | Ivy ne savait pas quoi répondre à Bago. Quoi lui dire ? Quoi répondre ? Réconforter, rassurer, ce n'était pas vraiment son fort. Elle qui était la reine pour se faire du mal et ne pas savoir se raisonner, comment pourrait-elle le faire pour un autre ? Surtout que Bago était comme elle, une fois dans l'obscurité, il était dur de l'en sortir. Alors elle ne savait quoi dire, elle se contentait de le regarder le cœur serré, le tenant contre elle en espérant que ses bras lui apporteraient ce réconfort qu'elle était un capable de lui donner autrement. Elle caressait les cheveux du coréen, laissant le silence s'installer un instant. « Je sais pas quoi te dire... » Finit-elle par souffler au bout d'un moment à voix basse. Et elle n'ajouta rien de plus, dans ces moments là mieux valait le silence que de parler pour ne rien dire. Au fond, le silence, lorsqu'il était confortable, avait lui aussi quelque chose de doux et de réconfortant. La chaleur d'un corps qui vous tient dans ses bras faisait ensuite le reste... Ils restèrent ainsi un moment, puis Ivy finit par se lever, attirant Bago avec elle. Elle ne l'emmena pas bien loin, juste au niveau de sa fenêtre où elle le fît asseoir dos au mur. Elle alla ensuite chercher une petite boîte dans sa table de nuit, elle l'ouvrit et en sortit un joint déjà roulé. Elle ouvrit la fenêtre en grand, parce que si l'odeur venait à se répandre dans la chambre, aussi douce soit sa colocataire elle finirait par la tuer. La fenêtre ouverte, elle s'assit à côté de Bago, tout près de lui pour lui montrer qu'elle était là, avec lui. Finalement, elle alluma le joint et lui tendit. « Est-ce que le problème c'est pas justement parce que tu fais tout ce qu'il te dit ? » Elle avait mit longtemps à revenir sur ses propos, mais elle prenait le temps de penser à la situation, à lui, à ce qu'il pouvait ressentir... Elle voyait bien à la lueur dans ses yeux qu'elle ne pouvait pas prendre la situation à la légère.

Jamais bago n’avait eu de pulsions cruelles auparavant. Du moins pas envers les autres. Il était comme socrate au moment de son jugement ; préférant subir l’injustice que de la commettre, et c’était pour cette raison qu’il avait toujours eu cette habitude de placer les autres avant lui, et parfois même, de ranger le peu de fierté qui lui restait pour faire face, pour s’excuser à la place des autres afin qu’ils ne se sentent pas bafoués. Car on s’en foutait que le tatoué soit humilié ou jugé du moment que l’on pouvait sauver sa peau. Des gens ont été béatifiés pour ça. Il regardait à peine ivy. Parce qu’il sentait qu’elle était aussi gênée que lui. qui aurait pu croire qu’il en serait arrivé là ? à 21 ans, l’air chouineur, étouffant quelques sanglots dans les bras de quelqu’un qui était logé à la même enseigne. Le décor était pitoyable et le pire c’était qu’à ce moment précis, sangjae n’était pas là. Un silence que bago qualifierai de mort, s’installa soudainement entre les deux jeunes gens, et le garçon priait pour ne pas être celui qui aura la tâche de le briser. Il désirait parler, sans chercher ses mots, sans réfléchir. Mais rien ne sortait, ou du moins, tout était timide et retenu. Il n’avait pas besoin de ça. Pas besoin de contrôle, pas maintenant. Le gosse se souleva péniblement et suivit la jeune femme jusqu’à sa fenêtre où il s’installa aussitôt, le regard perdu, mais les oreilles attentives. l’odeur de la beuh craquée lui monta alors aux narines et il baissa les yeux avant de secouer la tête. « - non. parce que si je ne lui obéis pas, il se fâche et il tape ou il part. et moi je veux pas qu’il s’en aille... » et jae il se barrait tout le temps, pour un oui ou pour un non, parce que lui aussi souffrait beaucoup, mais il était incapable de voir le chaos qu’il foutait dans la vie de bago quand il passait la porte sans jamais revenir. « - … parce que s’il part moi je vais mourir tu comprends ? »

Wearing. | Ça la clouait Ivy de le voir dans cet état. C'était comme un reflet déformé d'elle quelques mois auparavant. Elle aussi avait eu peur de partir de cette relation qui la détruisait. Mais quand elle avait réalisé qu'elle ne se ressemblait plus, qu'elle n'était plus la flamboyante Ivy mais le fantôme de ce qu'elle avait été, un instinct de survie viscéral l'avait secouée. Elle espérait que pour Ba Go cette bouffée de vie salvatrice viendrait bientôt. Elle tira quelques lattes du joint en écoutant son ami. Elle détestait penser ça, mais elle ne l'avait jamais trouvé aussi pathétique qu'en cet instant. C'était violent cette constatation. Est-ce que les gens s'étaient dits la même chose en la voyant à l'époque où elle n'était que l'ombre d'elle-même? Elle tendit le joint à Ba Go en secouant la tête. « Je suis pas une spécialiste en amour mais je crois pas que l'amour ça soit ça Ba Go. C'est pas vouloir crever l'amour même si en soit c'est une petite mort. » Elle avait retenu la leçon Ivy, elle ne laisserait plus personne détruire qui elle était et la transformer en monstre sans âme, qui prétendait en avoir une. Elle avait aimé pourtant, oh oui elle avait aimé mais peut-être pas comme il faut. « J'sais pas si y a de bonnes façons d'aimer, mais se foutre en l'air en est définitivement pas une. » Elle haussa les épaules. « L'amour c'est supposé t'élever pas te foutre à terre. » Du moins à la télé et dans les livres pour le reste qu'est-ce qu'elle en savait...