Girl, you be shining so bright
Strawberry champagne all night
Lucky for you, that's what I like

feat. byeol

Après les roses étalées de façon à rappeler un tapis rouge à l'entrée de son appart, après le fin collier ras de cou en or incrusté d'une pierre précieuse offert dans un écrin délicat estampillé au nom d'une grande bijouterie, après le champagne dans un seau transparent flottant entre l'eau, les glaçons et quelques pétales et après l'invitation jointe à un restaurant haut de gamme. Après tout ça vient le moment de rentrer pour conclure cette nuit de la plus merveilleuse des façons qui soit : charnellement. Moi fier de mes plans ? Hahaha, bien sûr. Je suis le meilleur valentin du pays, voire du monde. On aurait pu me décerner l'oscar de l'homme à marier sauf que les gens ne sont pas prêts à vivre un tel bouleversement, ils ont l'esprit trop étriqué. Puis je peux concevoir que la frustration de me voir monter les marches pour recevoir un tel prix puisse affecter les sentiments du petit peuple. Je suis un fantasme inexpugnable, je sais, c'est difficile à croire mais j'appartiens à ma douce ( chieuse ) Byeol. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut emballer l'homme parfait à l'oscar le plus convoité de la planète mais il faut avouer que je suis moi aussi très chanceux. Je dis ça d'un point de vue objectif ( car je sais l'être ) Byeol est magnifique et de loin la plus belle femme de la soirée ( celle-ci et toutes les autres. ) Ses sourires, son élégance, ses longs cheveux qu'elle remettait en place d'une main et qui prenait à chaque fois un nouveau mouvement harmonieux et je ne parle même pas de sa tenue qui accrochait les regards au moindre de ses pas... Les hommes m'enviaient et les femmes la jalousaient et nous on brillait car c'est ce qu'on sait le mieux faire.
Ça doit tellement être désagréable d'être les autres.

J'ouvre la porte de son appartement, l'invitant à s'y introduire la première, offre qu'elle accepte sans se douter que je compte la suivre de près, trop près. Je referme derrière nous d'un coup de coude leste et ferme à la fois, c'est là qu'elle s'arrête de marcher et que je lui rentre dedans. Cette douce collision coupe nos mouvements mais aussi nos souffles. J'inspire son parfum qui bientôt se mêlera au mien pour créer une fragrance unique. J'expire le trop plein de chaleur qu'elle a tisonné tout au long de la soirée dans mon être, elle se pose sur ses épaules dénudées qui touchée par cet évanescent soupir frémis ostensiblement. L'effet de contraste avec le feu que j'ai au corps et celui de la pièce glacée ont raison d'elle.
Tu connais sans doute la mélodie d'un battement de cœur sain. Deux battements, un repos et ainsi de suite comme une sempiternelle danse à l'hymne de la vie. La musique se joue chaque jour sans qu'on ne prenne le temps de l'écouter mais ici, avec elle, elle seule se distingue.
Ma respiration prend la forme d'un tango improvisé qui se déploie gracieusement hors de moi pour l'atteindre. C'est mesuré et pourtant naturel, tout comme nos mains qui se joignent, s'entrelacent et se serrent. Je croise mes bras autour de sa poitrine, qui se bombe le temps d'une expiration. J'applique un baiser dans son cou, succédé d'un autre derrière son oreille. Je ne lui laisse pas le temps de répliquer, je nous entraîne dans la salle de bain où la pluie artificielle se déverse avant même qu'on ne finisse d'entrer complètement dans la cabine. Elle fait valser ses talons, moi ma cravate. Nos bouches, amantes fiévreuses, se reconquièrent avec une fougue nouvelle. L'atmosphère devient chaude, littéralement, elle marque de buée les vitres de toute la pièce. Mes phalanges remontent sur ses cuisses pour les mettre à nues alors qu'elle se débarrasse de ma veste.
PAUSE.
La porte d'entrée s'ouvre avec fracas, si violemment qu'elle en cogne un pan du mur qui en fait trembler tout l'appartement. Je coupe l'eau et pose un doigt contre les lèvres de Byeol. Mes sens sont en alerte, ils se concentrent sur le moindre bruit suspect. Après une très courte analyse je peux relever une dizaine de faits peu rassurants : des bruits de pas, de choses qu'on déplace, qu'on ouvre, qu'on ferme et tout ça sans la moindre délicatesse. Je peux affirmer sans le moindre doute qu'un intrus s'est introduit chez ma petite-amie. Je lui fais signe de ne pas bouger, sortant de la cabine dans le plus grand des calmes et silence. J'arrive à atteindre la porte que je verrouille dans un premier temps. Les secondes qu'il perdra à tenter de la défoncer nous seront précieuses pour trouver une solution de repli. Si j'ouvre, qu'il est juste derrière et armé : je meurs. Ensuite, j'attrape une serviette pour la tendre à Byeol. Le temps qu'elle s'éponge je ramasse ma veste avec à l'intérieur mon téléphone ( je remercie ce vendeur de m'avoir vendu le modèle waterproof ) et compose le numéro de la police tout en cherchant de quoi nous défendre dans les tiroirs. Je leur donne toutes les informations nécessaires pour nous aider, le type fait tellement de boucan de l'autre côté que mes murmures sont couverts. L'appel se termine, ils promettent d'arriver très vite. Byeol me rejoint, j'essaie de la rassurer désespérément  du regard. Tout va bien se passer, tout est sous contrôle. Je l'attire contre moi, l'enlaçant d'un bras mais mes efforts pour l'apaiser sont voués à l'échec car interrompus par une féroce secousse, celle de la poignée de porte qu'on essaie de faire céder, celle derrière laquelle nous nous trouvons.

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SUYEOL