c'était un nom qu'elle n'avait plus entendu depuis si longtemps. une personnalité qu'elle avait vu en rêve pour la dernière fois. un sourire qui s'était évanoui dans les souvenirs ; où qu'elle ne voyait plus que sur cette photo, sur son téléphone portable. elle n'avait jamais oublié ces moments, ne s'était jamais soucier de leurs âges. tout ce qui comptait, à l'époque comme maintenant, c'était lui et uniquement sa personne. ce prénom qu'elle taquinait d'un surnom idiot. cet homme qui l'avait protégé malgré sa situation, ce visage qui avait soutenu nombreuses de ses nuits, de ses jours. et au fond, elle ne s'était jamais vraiment remise de leur séparation. il avait disparu du jour au lendemain. sans une seule explication. et elle l'avait cherché, longtemps, très longtemps. mais elle n'avait jamais retrouvé sa trace et les problèmes s'étaient succédés, à tel point qu'elle avait presque était forcée d'abandonner, lui et sa quête de le retrouver. jusqu'à il y a une semaine, où un journal parlait de cet héritier, e son héritier. elle avait reconnu son visage, ses lunettes, ses pommettes. tout. les souvenirs étaient revenus, les larmes aussi. et l'amour. enfoui si profondément. toujours là malgré les histoires passées... oui toujours présent, quoiqu'il arrive.

et depuis une semaine, elle tournait en boucle, le soir, dans sa chambre. jusqu'à rendre dingue son colocataire. elle voulait le voir, être à nouveau dans sa vie. mais elle n'avait pas osé et elle avait peur du rejet, du sien. qu'il ne veuille plus d'elle. après tout, c'était pour ça qu'il était parti non ? parce qu'il ne désirait plus qu'elle soit à ses côtés. c'est ce qu'elle pense depuis plus d'un an. un an de souffrance, loin des bras protecteurs de cet homme qui avait partagé de nombreuses années de sa vie. et ce n'est qu'aujourd'hui qu'elle trouva le courage nécessaire de l'approcher, du moins l'espérait-elle. alors, rasant le mur, elle ferma les yeux et pris son courage à deux mains en se dirigeant vers l'accueil. elle se servit d'une excuse inventée pour une entrevue, affirmant qu'elle était là pour un entretien d'embauche. et elle s'excusait de ce mensonge quand où lui autorisait l'accès au dernier étage. et devant la porte fermée, la louve était alarmée, mais elle soupira et toqua avant d'entrer quand elle y fut invitée. « chato--- monsieur cha. jung wan ? euh.. c'est mademoiselle shim. kee young. je viens pour l'entretien... » et elle ne savait pas quoi faire, pas quoi dire, voulait-il seulement qu'elle soit là. se souviendrait-il d'elle au moins ? « enchantée ? »

Comme d'habitude, j'étais assis derrière mon bureau, malaxant mes yeux en essayant de les rendre moins douloureux. J'étais fatigué et lorsque ma fatigue était importante, j'avais beaucoup de mal à fixer mon attention. C'est pourquoi j'avais retiré mes lunettes pendant un court laps de temps, le temps de me détendre un peu. Je les portais presque tout le temps, mes yeux fatiguaient mais je devais me donner deux fois plus pour pouvoir faire mon opération au plus vite. C'était le plus important pour moi aujourd'hui. Je demandais alors à mon secrétaire de m'amener un sandwich le plus rapidement possible. Je n'avais pas beaucoup de temps ce midi. Pour tout dire, quinze minutes maximum. Ensuite j'avais un entretien d'embauche puis une réunion des actionnaires à laquelle je ne pouvais décemment pas être en retard. J'attendis donc le retour de mon secrétaire pour avaler un morceau, lui demandant ensuite de me prévenir lorsque mon rendez-vous serait arrivé. J'en profitais ensuite pour aller m'allonger quelques minutes sur le canapé de mon bureau, me laissant aller rapidement dans les bras de morphée. Le médecin m'avait recommandé de bien faire attention au travail et dès que je me sentais faiblir, je prenais une petite heure pour dormir un peu histoire de ménager mes yeux.

Je fus réveillé par la main ferme de mno secrétaire qui me disait qu'il était l'heure de me relever. Frottant délicatement mes yeux, je remettais soigneusement mes lunettes avant de lui demander si mon rendez-vous était arrivé. Il me répondit que oui et que la jeune femme en question n'allait pas tarder. Je me rasseyais derrière mon bureau, prenant son CV d'une main avant de le poser face à moi, à côté d'une feuille blanche et d'un stylo. Elle toquait alors à la porte tandis que je laissais un « entrez. » d'une voix posée. Je l'entendais entrer, se présenter et je tiquais sur son prénom. Kee Young. Non, ce n'était pas possible. C'était une erreur. Ce n'était pas elle, ça ne pouvait pas être elle. Demeurant impassible, je lui répondais « de même, Miss Shim. Si vous voulez bien vous asseoir.. » d'une voix toujours aussi maîtrisée alors que j'écrivais quelques mots sur ma feuille. Puis, je relevais la tête vers elle comme si je pouvais la voir, lui demandant « bien. J'aimerais que vous me parliez un peu de votre parcours pour commencer. » d'une voix douce alors que je m'interdisais de penser à autre chose que le boulot. Je l'avais oubliée volontairement, elle devait en avoir fait de même. C'était impossible que ce soit elle. Et même si c'était le cas, je continuerais de feindre l'ignorance, pour son bien..

la douche était si froide qu'elle en serra les poings fortement. enfonçant ses ongles dans la chair de ses mains. si elle n'avait pas eu mal, elle l'aurait probablement fait jusqu'à en saigner, néanmoins elle se concentrait pour calmer sa respiration. et elle s'interrogeait ; est-ce qu'il ne la reconnaisse vraiment pas ou le faisait-il exprès ? au fond, elle ne savait pas quelle était la solution la plus horrible ((ou la plus douloureuse))... avoir été oublié était un sentiment désagréable, mais qu'il le fasse exprès se montrerait insupportable. puisqu'ainsi cela confirmerait qu'il ne voulait réellement plus d'elle. pour une raison qu'elle ignorait et son désespoir était sincère, vraiment. parce qu'elle détestait ne pas savoir. ou perdre ce qu'elle avait. elle avait déjà perdu trop de choses. et espérait très sérieusement qu'elle venait d'en retrouver une, même si cela ne semblait pas sur le bon chemin. il fallait croire qu'elle s'était fait pas mal d'illusions en venant ici. et c'était douloureux d'être confrontée à nouveau à la réalité.

sans plus de cérémonie, elle prit place sur la chaise, sentant bien que ses jambes commencèrent à la lâcher. et ses yeux ne quittaient pas l'homme en face d'elle. il revenait dans son champs de vision après beaucoup, beaucoup trop de mois d'absence. on parlait même d'années, à présent. elle écoutait ses paroles comme si dieu existait et qu'il était face à lui, sensible à son timbre, à ses gestes. elle voulait lui demander comment il allait, si ses yeux lui faisaient mal, si elle lui avait manqué. elle avait tant à dire, mais il ne lui parlait que de ce job, pour lequel elle postulait apparemment. « euh... oui, bien. j'ai commencé à mes dix huit ans en tant qu'assistante dans une galerie d'art avant de devenir consultante. » elle ne mentionna pas le fait qu'elle était à présent la directrice de celle-ci, parce qu'elle n'oubliait pas qu'elle était là en tant qu'étudiante cherchant un boulot en complément de ses cours. « j'ai fais de nombreux stages dans l'entreprise de ma famille, le groupe architectural shim, à plusieurs postes afin de connaître un large choix de métier et trouver ce qui me plaisait. » mais ce qui lui plaisait était en face d'elle. enfin. elle avait trouvé. après tout ce temps. « je... j'ai vécu plusieurs mois en italie, récemment ou j'ai exercé en tant qu'organisatrice événementielle. » petit à petit, elle essayait de glisser des informations sur sa vie, pour lui apprendre ce qu'elle était devenue pendant son absence, mais elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle avait été très heureuse tandis qu'il n'était pas là, parce que ça n'était pas le cas. alors, subtilement, elle tenta de le lui faire comprendre. « j'ai traversé beaucoup de chose, enfin de boulot je veux dire, j'ai longtemps cherché ce que je voulais, mais il me manque quelqu'u-- quelque chose. de très important. » il devait comprendre, il devait le savoir, ce qui manquait à sa vie, c'était lui. et uniquement lui.

C'est vrai, j'avais délaissé beaucoup de choses dans ma vie au point de le regretter plus qu'amèrement aujourd'hui. C'est pourquoi j'avais foncé tête baissée dans le travail, terminant à des horaires de dingues pour éviter de penser à ce qui me rendait définitivement très malheureux. J'étais un homme au coeur brisé en mille morceaux et pourtant, je me tenais droit, fièrement et je continuais de faire perdurer le travail de mon défunt père. C'était difficile parfois de me réveiller sans pouvoir regarder ce qu'il y avait autour de moi. C'était difficile aussi pour moi de ne pas pouvoir intéragir avec mes collègues normalement. J'ai toujours besoin de mon assistant et à force, ça me pesait. Il fallait que je grandisse, que je devienne plus mature et que j'arrive enfin à me payer cette opération qui me faciliterait tant la vie. Je n'étais pas au bout de mes peines, loin de là. Je devais assumer un poste que je n'avais jamais assumé auparavant et j'avais peur de ne pas être à la hauteur, peur de décevoir mes parents ...


Elle était entrée dans mon bureau comme un mirage. Comme si elle était venue pour me coller mon passé douloureux au visage. J'étais abruti. J'étais presque triste de me dire que cette femme aurait pu être celle que j'avais aimée pendant si longtemps. Je soupirais alors doucement, cherchant à me mettre au travail sans me déconcentrer mais c'était difficile. Sa voix ressemblait à la sienne... et ce parfum si doux. Il ne fallait pas que je montre le moindre signe de faiblesse c'est pourquoi je l'écoutais attentivement m'expliquer qu'elle travaillait dans une galerie d'art en tant que consultante depuis qu'elle avait dix-huit ans puis elle évoquait plusieurs stages en entreprise ce qui me confortait dans l'idée qu'elle était sérieuse et travailleuse. Je me contentais donc d'un « d'accord, je note tout ça. Si jamais vous avez un numéro à me laisser pour que je puisse avoir des échos sur vos différents stages, je suis preneur. » d'une voix posée.


Je la laissais alors continuer, entendant qu'elle avait passé quelques mois en Italie où elle avait travaillé dans de l'événementiel. Je relevais alors la tête, me demandant si elle disait vrai. Si c'était le cas, c'était très important puisque cela pourrait lui avoir donné une certaine expérience de la foule, ce qui était en soit très important pour le métier de mannequin. Je prenais toujours des notes lorsque je l'entendis me révéler qu'il y avait quelqu'un ou quelque chose de très important qui lui manquait aujourd'hui. Feignant toujours un peu l'ignorance, je lui glissais un « dites moi ce dont vous avez besoin et un de mes assistants vous l'apportera sur le champ. » d'une voix calme tandis que je tentais de la fixer à travers mes lunettes tintées, ajoutant brièvement « puisque je vous engage aujourd'hui, je veillerais à ce que vous ne manquiez de rien. » d'une voix absente tandis que je commençais à préparer mes différents dossiers pour ma prochaine réunion...