+++ min ah raffolait véritablement de ce genre d'histoire. ces situations qui s'offraient à elle sur un plateau d'or, entouré d'argent et servit de diamants. un mélange à la fois précieux et délicat, mais terriblement explosif. elle savait qu'elle était en mesure de mener une danse qui la ferait probablement jubiler, mais qui donnerait la nausée à sa partenaire. malgré tout, et contrairement à ce qu'on disait d'elle, la nouvelle louve n'était pas là pour détruire les autres et si elle aimait tant découvrir les secrets qui berçaient la douce vie des étudiants c'était uniquement pour les faire accepter comme ils étaient. une vie ne pouvait contenir des mensonges, des supercheries, c'était un fardeau qu'elle ne connaissait que trop bien, alors pour elle, il était naturel et normal de dire à voix haute ce qui était dit tout bas, ce qu'on cachait derrières les voiles et les masques. c'est de là que partait les rumeurs qu'elle lançait très régulièrement, accompagné d'articles sanglants et révélateurs, parfois très humiliants aussi. hors, répétons-le, min ah n'est pas méchante. bien qu'elle puisse quand même avoir ce côté peste qui exaspère, mais avec lequel elle vit très bien. allant jusqu'à emmerder ceux à qui ça poserait problème ((de toute façon son frère le dit, elle est parfaite comme elle est)). on peut penser ainsi qu'elle est née pour nous pourrir l'existence. et tandis qu'elle cache une enveloppe dans le sac de sa victime, papier contenant une partie de son prochain article, celle-ci donne rendez-vous à la fameuse 'Kim Dae' en l'invitant ((quelle générosité !)) à venir prendre un café à dix huit heures au starbucks afin de négocier ((ou pas)) son silence...

+++ les vacances viennent de se terminer, et même si pour beaucoup d'étudiants, cela est signe de détente, soirées, et autres activités plus intéressantes les unes que les autres, celles de mei lin n'ont été faites que d'écriture. enfermée du matin au soir dans sa chambre au dortoir, à bosser sur son nouveau livre. débordée par cette vie cachée depuis plusieurs années maintenant, elle n'a même pas pris le temps de fêter son passage en cinquième année, préférant laisser les autre le célébrer pour elle. il n'y a eu qu'elle, son ordinateur et ses cahiers pendant tout ce temps. et ses soirées au xs, avec calvin toujours prêt à l'emmerder un peu lors de leurs heures de travail ensemble. mais ça lui va bien, elle n'a pas besoin de plus pour se sentir un peu mieux, dans son monde. c'est tout ce qu'il lui faut, la plupart du temps. et même si elle s'est toujours cachée pour écrire, elle a surtout appris à vivre de cette manière. mais si mei lin a toujours cru réussir au mieux à cacher cette double existence, cette autre partie d'elle qu'elle ne veut montrer à personne, les doutes se sont installés en elle lorsque, ce jour-là, en rentrant, elle a trouvé cette enveloppe dans son sac. elle ne saurait dire si la fatigue liée à ses plannings bien chargés y a joué, ou si son éditeur a décidé de vendre la mèche, mais à la lecture de ce papier, mei lin sait. son secret est en danger. c'est tout ce qu'il faut pour la voir s'énerver, et partir (presque) comme une furie vers le lieu de rendez-vous. elle ne sait pas qui aurait pu découvrir que c'est elle, kim dae, et elle a peur. les bras et les jambes tremblant, les poings serrés, elle entre dans le starbuck's pile à l'heure, son regard noir parcourant déjà la salle pour essayer de savoir qui lui a donné ce rendez-vous. reprennant de l'assurance, mei lin s'avance dans la salle. peut être est-il temps de parler de certaines vérités.

+++ l'heure arrivait. Plus le temps avançait et plus Min Ah s'excitait. C'est qu'il ne lui en fallait pas beaucoup. Elle adorait véritablement ce genre de plan. Ceux qu'elle avait en main et dont elle pouvait se servir. Pas forcément de manière mauvaise, mais elle était sûre de pouvoir en faire quelque chose de bien. Sûre et certaine même ! Min Ah avait une relation très sincère envers la franchise, elle préférait la vérité au mensonge ((est-ce si surprenant pour une apprentie journaliste aussi passionnée ?)), ainsi quand elle découvrait un secret elle était de ceux qui poussaient les gens à tout révéler. À ne pas es cacher. Peu importe les moyens qu'elle utilisait, c'était totalement justifié pour elle. Alors qu'elle guette l'horloge et la porte d'entrée, la louve reconnait vite la blonde lorsque celle-ci passe les portes. C'est qu'elle s'était bien renseignée sur elle, pour être sûr de tout connaitre. Ainsi, et armée de son sourire - irresponsable provocation - la brune fit signe à la jeune femme. L'invitant à prendre place à sa table. Tandis qu'elle leur commandait deux cafés. Serrés. « Contente que tu ais pu te libérer ! » si l'ironie et le sarcasme était une personne, Min Ah en serait la représentante attitrée. Elle poussa la chaise libre de son pied et lui indiqua celle-ci du regard, pour conforter l'idée qu'elle ferait mieux de s'asseoir. « Kwon Min Ah, section journalisme, tu me donnes l'exclusivité d'une interview n'est-ce pas ? » elle faisait comme si rien n'était, comme si elle ne s'apprêtait pas à révéler son secret. et au fond, ça l'amusait, elle guettait ses réactions avec attention.

+++ quand elle a publié pour la première fois l'un de ses textes, jamais mei lin n'aurait pensé en arriver là. à devoir se justifier d'un pseudonyme pour cacher cette voie qui s'est dessinée devant elle. c'était pas vraiment prévu qu'elle soit contactée par un éditeur, et qu'à l'âge de dix huit ans, son premier livre paraisse en librairie. que par son éditeur, un magazine s'emploie semaine après semaine à publier de nouveaux textes en fin de pages. un pur hasard, qui fait d'elle aujourd'hui le centre d'attention d'une personne dont elle connait à peine le nom. c'était pas faute d'avoir fait signer des clauses de confidentialité à toutes les personnes qui détiennent la vérité à propos de sa réelle identité. tant de précautions qu'elle s'est efforcé de prendre, pendant toutes ces années, pour que tout ça se retrouve réduit en cendres. un coup dur, qui laisse davantage encore ressortir sa colère plutôt que sa peine. parce qu'elle fera tout ce qu'elle peut pour que tout ça ne s'ébruite pas, elle le sait déjà. la machoire toujours aussi serrée, elle hausse un sourcil en voyant une brune lui faire signe. calmement, avec toute l'assurance dont elle a toujours su faire preuve, mei lin s'avance vers cette jeune femme dont le visage lui est inconnu. "si ça peut t'faire plaisir." elle hausse les épaules nonchalamment avant de s'asseoir sur la chaise qu'on pousse dans sa direction. "j'pense pas avoir à m'présenter. que m'vaut cet honneur ?" son visage est impassible, l'écrivaine n'est pas prête à dire quoi que ce soit ou même faire des confessions à quelqu'un qui, vraisemblablement, n'a pas grand chose de mieux à faire que s'immiscer dans sa vie pour découvrir qui elle est réellement. et pour vouloir balancer une vérité, accesoirement.