+++ c'était LA révélation de l'année, elle en était persuadée - genre vraiment vraiment vraiment persuadée ! elle guettait cette information depuis des mois, enquêtant chaque jour sur l'entreprise, elle le savait. elle sentait qu'il préparait un truc de dingue et elle ne s'était pas trompée. un des concepteurs de sa trouvaille avant vendu la mèche, faut dire qu'elle le draguait depuis plus d'un mois pour le faire parler. bordel qu'il avait été résistant ! mais hier soir, enfin, AMEN, il avait craché le morceau, affirmé ce qu'elle avait deviné aux vues de ses recherches et à présent elle était bien décidée à récupérer les preuves matérielles pour en faire un scoop choc, qui marquerait l'université et la ville entière. alors, elle quitta sa chambre te une fusée ((oui encore)), prenant soin de ne pas bousculer les loups sur son passage, épreuve qu'elle rata évidemment. elle ne prit même pas le temps de s'excuser convenablement, mais hurla plutôt des désolées incompréhensibles... s'ils arrivaient encore à la supporter, c'était à se demander comment. néanmoins, peu importe, elle ne s'en préoccupait pas plus que ça et sorti de son dortoir, passant en vitesse tous les autres. mais dans sa course, la demoiselle reconnu un étudiant de son cursus et, parce qu'elle voulait un témoin, passa à ses côtés en lui empoignant le poignet pour l'emporter avec elle ((heureusement qu'elle se battait et avait de la force, sinon la scène aurait été ridicule)). « POSEPASDEQUESTIONETSUISMOI » brailla-t-elle durant leurs courses jusqu'à sa moto, avant de lui tendre un casque sans grande cérémonie et le fixer lui et son air ahuri. « j'sais que t'es en journalisme, comme moi, je te croise parfois, met le casque, ptn J'AI UN SCOOP DE OUF ! » et elle lui tendu le casque encore plus avant de le déposer sur sa main plus franchement tout en montant sur le véhicule. « tu te grouilles ou tu te torches le cul !? » vulgaire et impatiente. min ah brillait dans ses défauts.

Les cours, c’étaient barbants. J’avais encore passé la moitié de la nuit à fumer et à danser au milieu de tous ces gens que je ne connaissais pas. J’avais sûrement roulé une ou deux pelles à des inconnus.
Maintenant, j’avais envie de faire une grosse sieste au milieu du terrain de foot, juste histoire d’emmerder un peu ses sportifs sans cervelles. Cette journée était longue, monotone et sans aucun intérêt. Un peu de bagarre ne pouvait pas me faire de mal. Je souriais déjà à l’idée de voir leurs sourcils froncés, prêts à me mettre un coup de boule. Ces mecs-là, je pouvais pas me les blairer. Mon plan était parfait.

Je sentis une main sur mon poignet et me laissait entrainer par cette nana que je connaissais de vue. Je n’avais pas spécialement envie de la repousser. Elle avait l’air marrante, et l’idée d’un scoop me faisait clairement envie, bien plus que ce beau strip teaser de la veille. Je n’acceptais pas les ordres, mais aujourd’hui, j’avais envie de m’amuser. Alors non, je ne posais pas de questions et j’enfilais le casque qu’elle me tendait. Son air autoritaire me plaisait et si je n’étais pas complètement gay, elle aurait pu être mon genre de fille. Je montais derrière elle, glissant mes bras autour de sa
taille. Je n’avais pas dit un mot et elle avait l’air de s’en foutre royalement.

« Bon il est où ton scoop. T’as intérêt à ce que ce soit un truc de dingue ma grande! »

Je ne pouvais pas la laisser gâcher mon après-midi bagarre avec les débiles pour un scoop tout pourri. D’un côté je sentais l’adrénaline monter. Elle avait l’air du genre à ne pas se préoccuper des lois.

« C’est quoi le plan ? Je suis pas un ninja. »

Je haussais le ton en espérant qu’elle puisse m’entendre malgré les vrombissements du moteur. Il fallait que son plan tienne la route, je ne voulais pas me retrouver en taule, ou pas tout de suite en tout cas.

+++ elle aimait bien min ah, quand on l'écoutait comme ça. qu'on lui disait rien et qu'on suivait ses plans sans intervenir, sans demander ceci ou cela. il marquait des points le garçon, elle se disait, pendant qu'ils mettaient leurs casques, qu'elle avait attrapé le bon pokemon. et que si tout se passait bien cette après-midi, elle l'inviterait à rejoindre son équipe. c'était une occasion en or, vous savez ? c'est pas comme si tout le monde avait cette chance. elle le laissa prendre place, mettre ses mains autour de sa taille et l'écoutait tandis que celui-ci daignait enfin lui répondre. pendant un instant, elle cru sincèrement qu'il était muet. « c'est 'ma grande min ah' je te pris, j'suis pas une môme qu'on appelle ma puce ou ma grande ! » et elle s'affaira ensuite à allumer le monstre, ignorant jusqu'à sa question. de toute manière, il finirait bien par le savoir. une fois qu'ils seront sur place. et elle ne s'inquiétait pas tout ce qu'elle entreprenait, dans ses articles, plaisaient. souvent parce qu'elle tapait là où ça faisait mal ; et aussi parce que l'information était plus que wtf. comme aujourd'hui. et bien sûr, elle ne compris que la moitié de sa phrase, mais elle avait suffisamment entendu pour pouvoir lui répondre six petit mots, un sourire caché derrière son casque. « nan, t'es un futur criminel. » malheureusement elle démarra tout de suite après, sans lui laisser l'occasion de finalement prendre ses jambes à son coup. de toute façon, quand elle lui aura expliqué, elle est sûre qu'il n'échangerait sa place pour rien au monde. ils n'arrivèrent sur plus qu'une dizaine de minute plus tard. par chance, l'entrepôt n'était pas si loin du campus et elle pouvait accéder à l'arrière du bâtiment sans grandes difficultés. ainsi, elle se gara dans un angle et releva la visière de son casque en attendant que monsieur accepte de descendre. « ok. le plan ? tu vois l'usine limite abandonnée pas loin ? on va s'y infiltrer, y a la poule aux œufs d'or à l'intérieur mon gars. » il allait halluciner, c'était sûr ! « le hic c'est que depuis que j'ai plus besoin de mon informateur et que j'lui ai fait comprendre en le larguant, ben j'ai plus le droit d'aller là-bas. ils veulent pas que ça se sache avec le jour J, du coup, pour l'amour de notre travail, on va passer par la fenêtre à l'arrière. » non, min ah n'avait jamais de plan, tout au feeling, le talent était là.

Cette fille avait du caractère, et même si je ne le montrais pas encore, j’avais le mien et je n’avais pas peur d’aller jusqu’au clash, j’aimais ça. Si j’avais envie de l’appeler ma grande, je le ferais et si ça ne lui plaisait pas, tant pis pour elle. Elle avait choisi de me trainer avec elle, elle devait maintenant en assumer les conséquences et surtout m’assumer moi. Je ne préférais pas répondre à sa remarque, la laissant croire qu’elle avait entièrement le contrôle. Ce n’était que le début, et ma curiosité m’obligeait à continuer. Je lâchais un rire franc à l’entente du mot criminel. J’avais déjà fait pas mal de connerie dans ma vie, et pour une fois, celle-ci n’avait aucun rapport avec mon frère, alors elle me faisait du bien.

Je me laissais transporter par sa grosse bécane. Je n’aimais pas trop être passager, mais c’était l’occasion de me laisser guider par une nana. C’était plutôt agréable comme petite promenade, je ne cherchais même pas deviner où je me faisais enlever. Je le découvrirais bien assez tôt. Je haussais un sourcil sous mon casque une fois l’engin arrêté. Je ne savais même pas ou je me trouvais. Un entrepôt ? Pourquoi ? Je descendais de sa moto en retirant mon casque.

« La poule aux œufs d’or ? Y’a quoi là-dedans exactement, ma grande ? »

 Je m’étais senti obligé de la taquiner, j’avais le droit après tout. Elle allait faire de moi un hors la loi.

« Mmh… pourquoi tu l’as largué avant ? C’est un peu con quand même non ? Enfin t’aurais pu faire un effort de te le coltiner encore quelques jours pour éviter qu’on passe à travers des fenêtres. »

Sa stratégie était pourrie, alors je me doutais que son plan était du même niveau, mais c’était justement ce qui rendait la chose excitante. Je ne savais pas ce que l’on devait trouver à l’intérieur, mais si c’était vraiment du lourd, elle aurait intérêt à partager l’info avec moi.

« Si t’écris un article, tu mets mon nom en dessous ! Bae Sun Hee ! Je nous vois déjà en première page ! »

C’était bien beau de rêver. Le journalisme ce n’était pas ma passion, mais celle de mon frère. J’avais choisi ce cursus pour lui, mais je n’étais pas forcément très doué. Je lui rendais son casque et lui collait une petite tape dans le dos avant de m’avancer vers l’entrepôt.

« Alors tu te bouges princesse, y’a mon futur là-bas apparemment »

Je lui souriais avant de partir en trottinant.

+++ elle. Elle le fusilla du regard. Ce garçon qu'elle ne connaissait pas et qui se foutait clairement d'elle. Min Ah, Min Ah détestait quand ça n'allait pas dans son sens, elle avait horreur qu'on contrarie ses plans - ou ses dires. Elle avait été plus que gentille dans la manière très amicale de lui dire qu'on ne pouvait pas l'appeler ma grande. Non pas qu'elle y prenait beaucoup d'importance en soi, elle s'en fichait bien, mais le simple fait qui le fasse exprès la chauffait. L'énervait. Elle et sa grande gueule n'avait pas l'habitude qu'on ne fasse pas comme elle le disait. C'est que généralement, elle impressionnait ; ou qu'on avait si mal à la tête avec elle, qu'on écoutait rien que pour qu'elle la ferme. Et rien que pour son irrespect flagrant ((elle exagérait tant !)) elle refusait catégoriquement de répondre. « Tu verras bien microbe. » petit bout de femme enfantin. Mais la louve n'était déjà plus agacée, c'était parti aussi vite que ça venait d'arriver, elle gueulait souvent pour rien, sur le coup et oubliait juste derrière. Sauf quand on la poussait à bout. Et ce n'était pas bien difficile, vu comme elle était impulsive.

Elle se concentra sur ses mots et le regarda en haussant les sourcils, il la croyait vraiment si bête ? « C'est pas con, c'est toi qui réfléchit pas. Je voulais simplement savoir le lieu où il était, c'est plus amusant de le dérober ensuite par ses propres moyens que de s'y faire conduire comme un simple chien. » min ah aimait l'aventure, aimait les situations à risques et l'adrénaline de ne pas respecter les règles ; niquer le système. « En plus, c'est du vu et revu, faire copain-copain avec l'ennemi, coucher avec à la limite et être invité à n'apercevoir le produit qu'une petite minute. Ils flippent carrément de perdre leur job, j'aurais pas pu faire tout ce qu'on va faire là, toi et moi. » elle n'aimait pas, elle détestait quand c'était aussi calculé, aussi facile, si peu original. Elle, une nuit en cellule ça l'intéressait plus qu'une nuit dans un pauvre lit. Elle lâcha son air qui semblait hautain et retrouva les étoiles de ses yeux. La simple rédaction de l'article la mettait en joie. « Putain t'as vraiment un nom de gonzesse. » commentaire faux et inapproprié qui la fit sourire néanmoins, un rire et un hochement de tête, ça ne la dérangeait pas de mettre deux noms sur ses écrits et elle trouvait ça légitime. « T'inquiète si ça réussit j'oublierais pas et si ça foire, il n'y aura que ton nom en bas de la page ! » amusée, elle finit par se présenter. Enfin du moins, simplement à dire son prénom, elle n'a pas besoin de partir dans une biographie, la jumelle.

Par contre, Princesse ça lui plaisait bien. Elle avait l'habitude de l'être, alors forcément... elle s'activa pour revenir à sa hauteur et reprit aussitôt. « Il te faut un nom de code, sinon c'est pas drôle, hm... vas-y je suis gentille je te laisse choisir, mais si ça me plait pas on change. » la notion choix était tellement différente, avec la louve. Plus personne ne s'en formalisait avec elle, dans ceux qui la connaissaient. Et lorsqu'ils arrivèrent près du bâtiment, elle fit moins de bruit pour venir jusqu'à la fenêtre qu'elle avait déjà examinée il y a quelques jours. Toujours cassée, elle pourrait l'ouvrir sans grande difficulté. Néanmoins pour y accéder, ils allaient devoir grimper sur deux mètres de mur sale et bruyant. « Il y a des accroches un peu partout donc ça va pas être trop dur, même pour un gringalets comme toi. Mais va pas trop vite, ça pourrait s'entendre et alerter les gardes. » même s'ils n'étaient pas si près au final, c'était amusant de le paniquer. Elle en rajouterait probablement une couche avec des caméras plus tard.