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For the sake of the others… ~ ft. Boni

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For the sake of the others… ~ ft. Boni | Ven 17 Mar - 19:33

For the sake of the others…

ft. Go Bo Ni

Qui l’aurait cru ? Qui aurait imaginé un jour, Zhang Hera franchir le seuil de ce café avec les bras chargés de la sorte ? Oh, et elle n’était pas seule ! Intransigeante et autoritaire, la vice-présidente Gumiho avait chopé quelques membres de sa fraternité au passage pour l’aider à porter tout ceci : vêtements neufs, nourriture de bonne qualité et même croquettes pour chien. À défaut d’avoir pu faire les courses elle-même faute de temps, ses chargés de commissions n’avaient pas lésiné sur la qualité des produits. Sans doute craignaient-ils un peu la tête si mademoiselle n’avait pas été satisfaite. Hera leur avait donné l’équivalent de son salaire d’égérie perçu le mois dernier – qui malheureusement s’était avéré l’un des moins valorisés faute de nombreux shooting et exhibitions annulés sous des prétextes bidons à cause de certains hématomes qu’elle avait dû cacher. Si elle avait le coeur sur la main ? N’abusons pas pour le moment, ses yeux s’ouvraient certes peu à peu sur la réalité du monde, néanmoins elle n’en était pas encore à jouer la bonne sainte. D’ailleurs, si elle s’était rendue au rendez-vous proposé par l’étudiante Go Bo Ni, que Hera connaissait notamment par le biais de leur sensibilité réciproque à la cause animale, la singapourienne avait eu seulement l’intention de déposer ces dons et pensait repartir aussitôt. Pourquoi avoir prévu aussi large si ce n’était pas pure générosité au point d’y verser tout son salaire ? Juste parce que Hera avait toujours à coeur d’être irréprochable et ne voulait pas qu’on puisse lui faire la moindre remarque. D’autant plus que, malgré le masque qui le dissimulait pour le moment, son visage répandu sur toutes les affiches publicitaires de la ville était loin de s’avérer inconnu. Elle ne souhaitait pas spécialement être reconnue dans la mesure du possible. Parce que oui, étrangement, Hera n’aimait pas avoir l’impression qu’elle puisse être « gentille ». Comme si la bonté signifiait être faible, alors que paradoxalement, son père était considéré comme un homme charitable et en tirait du respect plus que du dénigrement de la part de ses pairs.

Général dans les veines, Hera dicta à ses porteurs de la suivre tandis qu’elle pénétra à l’intérieur du café, lieu de rendez-vous, saluant poliment les personnes présentes et se dirigea jusqu’à Boni :
« Salut, comment vas-tu ? Tu as dit qu’on pouvait apporter de tout, alors j’ai amené de tout. Où est-ce qu’ils te le déposent ? »

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Re: For the sake of the others… ~ ft. Boni | Ven 17 Mar - 22:39

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Elle a les membres qui fourmillent d’impatience, les gestes précipité de celle qui se sent obligée d’aller vite (parce qu’elle a hâte que tout se termine, hâte de se lancer enfin, de sortir enfin). Parce que c’est l’aspect social qu’elle aime le plus, Boni, rencontrer des gens, leur parler, apprendre à leurs côtés, apprendre d’eux. Et les aider, évidemment, mais sans pitié, juste comme quelqu’un rendant service à son prochain, à cet être humain qu’elle respecte parce que humain.
Alors elle a hâte, alors elle court partout, slalome entre les tables pour amener ça, et puis changer ça de place, et finalement le remettre puisqu’il était mieux là. Elle ne s’arrête que quand elle entend une voix à ses côtés, se retourne pour tomber nez à nez avec la vice-présidente des gumiho, à qui elle adresse son plus grand sourire. « Oh t’es là finalement ! » Elle est contente, elle est heureuse, toute excitée – excitée aussi bien évidemment parce qu’elle est venue, la jeune femme, même si c’était pas donné, même si elle était si froide dans ses messages qu’on se serait cru au pôle nord. Mas elle est venue. Et pour ça, Boni, elle est contente, elle est heureuse. « Euuuuuuuuuuh, vous pouvez poser sur la table là-bas, le temps qu’on prépare tout ! Vous avez acheté du thé ? On essaie toujours de leur en faire pour ceux qui aiment les boissons chaudes. La café, on l’a fait maison, c’est quand même meilleur, on en a mis dans les thermos là-bas ! Et y a les gobelets à côté. » Elle tourne la tête à droite, finit par un demi-tour sur elle-même pour un tour d’horizon de la pièce, avant de finalement reporter son attention sur sa camarade. « On va pas tarder à faire les groupes pour partir, on veut essayer à deux ou trois, pour couvrir le plus de terrain possible. T’en es ? » Elle prend pas vraiment la peine d’expliquer plus, son esprit déjà encombré par bien trop de pensées. Habituellement avec sa mère, elles font le tour seules, c’est la première fois qu’elles ouvrent leurs maraudes à d’autres – et voir le petit monde ici, ça la comble de joie, la jeune femme. Voir tant de gens se mobiliser, ça lui fait chaud au cœur. Mais elle est pas habituée, Boni, tellement pas habituée, que ça lui donne envie de courir dans tous les sens, et puis de danser aussi pourquoi pas.

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Re: For the sake of the others… ~ ft. Boni | Ven 17 Mar - 23:52

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L’égérie dût reconnaitre que la surprise de Boni à sa vue pouvait être justifiée. Elle-même ne savait pas encore vraiment ce qu’elle faisait là. Ou peut-être si, cette petite voix – non pas de la schizophrénie – bien plus sensible à la condition des plus démunis qu’on ne pourrait le soupçonner. Notamment parce qu’elle avait rencontré et s’était lié d’amitié avec des gens ayant eu parfois un parcours difficile, misérable. Parce qu’à l’hôpital, elle avait commencé à apprendre avoir les humains autrement. À ouvrir les yeux sur une vérité trop difficile à accepter dans sa famille pour des raisons qu’ils se gardaient bien de taire.

Cependant, Hera avait fait un don. Elle s’était même déplacée jusqu’ici alors quand Boni lui demanda si elle comptait participer à la tournée, le plus naturellement du monde, Hera commença à répondre :
« N… »
Sauf que son interlocutrice n’attendit pas sa réponse avant de s'en retourner vaquer à d’autres occupations. Bon, tant pis. Hera haussa les épaules et tourna les talons prête à partir, nullement honteuse. Ce fut sans compter sur les murmures accompagnant les regards posés sur elle. Bien que décontractés, ses vêtements étaient toujours chics, visiblement onéreux. Elle était bien coiffée, élégante dans sa façon de se tenir, et le port de son masque ne manquait pas de susciter les médisances.
« Bien une bourgeoise, ça se donne bonne conscience et se flatte son égo à faire des dons, mais c’est précieuse pour faire mettre la main à la pâte… »
Ces messes basses sifflèrent à ses oreilles. Ses muscles tressaillirent légèrement puis se contractèrent. Hera se figea et prit une profonde inspiration pour ne pas leur balancer un sac de croquettes à la figure — oui, non pas le café, elle avait un peu retenu la leçon avec les retours de boissons chaudes au visage, merci mais non merci, elle ne souhaitait pas que la soirée tourne au carnage. Ils allaient voir si elle était précieuse ! À juger par les poignées d’amour qui dépassaient du pantalon de l’une, assurément, l’égérie était plus sportive qu’eux ! La singapourienne prit donc sur elle et commença par retirer son masque. Déjà, comme ça, ils seraient au clair qu’elle ne le portait pas parce qu’elle trouvait les pauvres écoeurants et vecteurs de maladies. Certes, elle était princesse mais elle n’était pas totalement inculte non plus ! Surtout en tant qu’étudiante en médecine…

Boni s’en étant allée à courir un peu dans tous les sens, ne sachant que faire pour le moment, Hera décida de prendre un peu les choses en main pour bien prouver qu’elle était parfaitement en capacité de participer activement à cette maraude. De son naturel directif, la jeune femme embaucha deux autres personnes avec lesquels, elle s’attela de trouver les sachets de thé parmi les provisions et de préparer les thermos pour la distribution. Bien sûr, elle ne faisait pas que donner des ordres mais participait également car de toute façon, n’était-elle pas la plus efficace ?

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Re: For the sake of the others… ~ ft. Boni | Dim 19 Mar - 14:21

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Et elle tourne à droite, à gauche, prépare quelques sandwichs, quelques aliments, va chercher les carafes de cafés pour les distribuer dans les thermos. Elle parle avec sa mère, avec d’autres gens, s’occupe d’accueillir quelques personnes qui viennent par curiosité, intrigués devant tant d’énergie, et décident finalement de rester, parce que pourquoi pas ? Puis elle s’arrête une seconde, en apercevant Hera, en la voyant dicter des ordres. Elle sourit, s’approche d’elle. « Oh t’es restée alors ? Ça me fait super plaisir ! » Elle jette un regard à la ronde, adresse des sourires, puis revient sur sa camarade. « Vous vous en sortez ? Je pense qu’on va pas tarder. Faut encore expliquer comment ça va fonctionner mais… globalement, c’est pas très dur à comprendre. Le plus dur ça va être pour les trajectoires, faut pas qu’on se croise et faut que tout le monde connaisse les lieux. » Et elle rigole. C’est le plus compliqué, effectivement. Ils sont pas si nombreux, une petite dizaine, mais suffisamment pour que ça devienne trop pour ne former que deux groupes. Alors elles improviseront, alors elles se débrouilleront. « Je pense aller vers Itaewon, c’est un des quartiers que j’connais le plus. Tu voudras venir avec moi ? » Elle s’arrête un instant, rouvre la bouche, s’apprête à ajouter quelques choses quand la voix de sa mère retentit dans la pièce. « Merci d’être venus ! On pensait à former des groupes de deux ou trois, quatre si vous sentez en avoir besoin. Chacun partira avec deux sacs remplis de sandwichs et autres aliments, de sachets de thé, de sachets de biscuits. » Elle reprend sa respiration, regarde aux alentours. « De gobelets et de couverts et assiettes en carton. » « Du carton recyclable évidemment, » intervient Boni avec un clin d’œil. Elle sourit à sa mère, puis reporte son attention sur la jeune femme. « Ça te va ? Je sais pas si tes porteurs nous accompagneront ? » Elle sourit, rit un peu même, avec légèreté, avec simplicité. Parce que y a les thermos, aussi, les thermos à ne pas oublier. Deux minimums pour chaque groupe, l’un pour le thé, l’autre pour le café. Mais elle le sait, Boni, qu’elles pourront se débrouiller au fond. Parce qu’elle a l’habitude, avec sa mère, parce que porter beaucoup de choses ne la dérange pas, parce que ça lui fait pas peur, même. Elle se demande juste pour Hera, se demande si ça lui convient, elle pour qui c’est sa première fois (elle qui probablement ne s’était jamais imaginé le faire, même). C’est que ça peut faire peur dans un premier temps. Mais ça aussi elle le sait, Boni, qu’Hera n’est pas le genre de femme à avoir peur pour si peu.

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Si de primes abords, il était aisé de deviner que Hera et Boni n’avaient pas grand chose en commun, la singapourienne se rendit encore un peu plus compte à quel point, elles pouvaient presque être des opposés parfois. Bien que toutes les deux vraisemblablement pleinement investie dans ce qu’elles entreprenaient – et si Boni était engagée dans sa cause, Hera elle se découvrait un peu plus chaque fois qu’elle se consacrait à une cause : la fraternité, les animaux et aujourd’hui, les démunis –, tandis que la brune était organisée et méthodique, la blonde courait plutôt activement dans tous les sens, telle une girouette tant elle semblait vouloir s’occuper un peu de tout. Oui, étrangement, elles se ressemblaient et s’opposaient.

La bonté des coeurs comme celui de Boni désemparait encore quelques Hera. Son ravissement au constat que la singapourienne fut restée alors que cette dernière pensait encore n’agir que par fierté, encore loin de comprendre vers quels revirements ses choix la menaient. La perspective de faire équipe avec sa seule connaissance de l’assemblée la rassura néanmoins quelque peu. Non pas d’un tempérament trouillarde, mais si on pouvait lui épargner des remarques sur son identité d’égérie notamment. Pas le temps de lui répondre que la gérante du café prit la parole pour expliquer le principe de cette tournée. Une fois fait, Boni réengagea Hera à l’accompagner, faisant le tour de ce qu’elles devaient emportés.

Si les malheureux embauchés par la vice-présidente gumiho s’empressèrent de se défiler et se proposant notamment de faire équipe avec des ajumma – qui auraient bien besoin d’aide pour préserver leurs dos arasé par le quotidien, prétextèrent-ils – un autre bénévole se proposa d’accompagner les deux jeunes femmes.
« Je connais assez bien le quartier aussi et nous ne serons pas trop de trois pour porter tout ça. Et, la nuit tombée deux jeunes femmes peuvent sembler être des proies faciles. »
Bien que ses mots et son regard furent attentionnés, Hera se sentit un peu piquée au vif. Il disait ça à cause de son port distingué et de ses vêtements trahissant sa classe sociale ? Ok ! Puisque c’était ainsi, l’égérie ôta son beau manteau, elle fouilla dans un carton de vêtements d’occasions, prit une petite doudoune fine lambda – dont la seule élégance s’avéra d’être saillante sur son corps à la taille bien marquée avec une poitrine plutôt généreuse pour une sud-coréenne – et la remplaça dans le stock par son beau manteau bien chaud. Sa longue chevelure voluptueuse, elle l’attaque en queue haute, puis s’empara de la charge à emmener restante laissée par une Boni également bien chargée.
« Bien ! Nous sommes parés ! » Elle s’adressa au jeune homme qui se retrouvait les mains vides pour le moment. « Économisez donc vos forces pour le retour, qui sait ? Sans doute serons-nous trop faibles et devrez-vous nous porter ! »
Elle s’exprima sans insolence ni mépris, juste… à sa façon. Un regard vers Boni, elle lui fit signe de son accord pour qu’ils se mettent tous les trois en route. Masque enfilé derechef, direction : Itaewon !

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ft. zhang hera

Et elle continue à parler, Boni, elle part dans son tripe, dans son délire, elle se calme pas, personne peut la calmer. C’est la tornade Boni, fidèle à elle-même, impossible à arrêter, mais que personne ne veut essayer d’arrêter, également. Elle se stoppe néanmoins quelques secondes, le temps d’écouter le jeune homme à leurs côtés. Elle lui adresse un sourire, plein de légèreté, même si elle ne partage absolument pas sa manière de voir les choses. « Merci ! Même si on est pas des proies faciles, faut pas avoir peur. » Parce qu’elle a pas peur, Boni, qu’elle a jamais peur. Elle sort souvent avec son petit canif, planqué dans ses poches, pour rassurer son peur, mais au fond elle compte pas le sortir, au fond elle est persuadée qu’elle en aura pas besoin. Parce qu’elle se méfie de rien, qu’elle croit en la bonté humaine, qu’elle n’a jamais eu aucun problème de ce genre également. Les agressions, ça n’a jamais été pour sa personne. Elle en a déjà vu ou aperçu, au détour d’une ruelle, est même une fois intervenue en criant et en menaçant d’appeler la police, pour faire fuir un voleur qui tentait d’arracher son sac à une dame. Et pourtant, elle se méfie toujours, et pourtant, elle part toujours aussi confiance, toujours aussi légère. Elle regarde alors sa camarade s’habiller, fait de même, pendant que sa mère finit de remplir les sacs. Elle se permet même un petit rire, sorti un peu de nulle part. « Tant qu’à être portée, je veux bien être portée comme une princesse ! J’ai jamais essayé, pour une fois j’aimerais bien. » Elle rit encore un peu, fait un clin d’œil, puis file chercher deux sac, l’un chargé de nourritures, l’autres de vêtements et couvertures, et deux thermos. Elle embrasse sa mère sur la joue, garde le sac le plus lourd, donne le reste aux deux autres et la petite troupe s’envole enfin, en direction d’Itaewon. « Ça vous dérange si on fait un petit crochet ? » qu’elle demande, avant de finalement n’en écouter qu’à sa tête, pour prendre un détour. Elle prend une fois à droite, une fois à gauche et avance en gambadant en direction d’un couple de jeunes non loin, protestant en même temps contre l’autre type qui essaie tant bien que mal de récupérer son sac (comme s’il était trop lourd pour ses faibles bras de femme). Pourtant quand elle arrive devant les sans-abris, elle ne peut s’empêcher de sourire de toutes ses dents. « Salut les gars comment vous allez ? J’vous présente Hera et Ilnam. Et Hera et Ilnam j’vous présente Saera et Hyunsoo. » Et elle sourit à nouveau, leur tape un peu la discussion, tout en sortant ses victuailles, un sandwich pour chacun, un en plus en cadeau, des sucreries, tout ce qui traîne et qu’elle peut se permettre de leur donner, tout en en gardant le maximum. Et du coin de l’œil, elle vérifie que ses camarades n’aient pas besoin d’aide.

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Clairement, ce type que Hera apprit ultérieurement être prénommé Ilnam, n’était pas un mauvais gars. Ses intentions étaient même plutôt sympathiques, voire presque légitime pour un sud-coréen. Les femmes de cette société ne se devaient-elles pas d’entretenir une image fragile et vulnérable pour plaire à ces messieurs ? Sauf que voilà, il était mal tombé avec ces deux-là. Peut-être du fait de leurs origines étrangères ? Cela ne sautait pas forcément aux yeux concernant Hera mais ô combien celle-ci n’hésiterait pas à revendiquer fièrement sa nationalité singapourienne si nécessaire ! Mais si son visage s’avérait connu dans toute la capitale sud-coréenne, potentiellement reconnue par son interlocuteur, la jeune femme tenait également à s’affirmer aujourd’hui comme Zhang Hera l’étudiante et non l’égérie de la plus célèbre marque de la péninsule. Sans grande surprise, Boni n’était pas non plus de ces filles qui quémander à être prise sous l’aile d’un homme. À elles deux, elles ne manquèrent pas le charrier – peut-être un peu injustement du fait de sa gentillesse –, néanmoins, d’un fond assurément bon, il ne sembla pas le prendre mal. Même, le jeune homme parut presque intimidé par ces deux jeunes femmes au tempérament si ferme. Aussi différentes furent-elles, sans mentir pouvait-on dire qu’il n’y en avait pas une pour rattraper l’autre. Boni marchait en tête, d’un pas dynamique. Le regard de Hera balayait le cadre des rues d’une ville qu’elle ne connaissait encore que trop peu. Les grands axes oui, les petites ruelles en revanche, à l’instar de la bifurcation que pris Boni. Cette dernière demandait mais exécutait sans attendre de réponse. Étrangère au programme de la soirée, en conséquence, Hera n’en trouvait rien à redire et se contentait de suivre mouvement. Leur partenaire masculin tentait encore de les délester de leur charge, en vain.

Tous trois arrivèrent jusqu’à un couple de sans-abri auprès desquels Boni fit les présentations. Hera s’inclina légèrement pour les saluer - qui aurait cru qu’un jour, elle poserait ne serait-ce qu’un regard sur des sans-abris ? Néanmoins, remettons chaque chose dans son contexte, ce n’était pas non plus comme si elle avait eu occasion d’en croiser par le passé - puis, tandis que la blonde distribuait à manger au couple, les chamailleries entre la singapourienne et le leur trop-gentil accompagnateur ne tardèrent pas à reprendre. L’attention de Hera s’arrêta alors sur un gamin, un ado qui était assis dans un coin, proscrit sur lui-même. Elle fit signe à Ilnam de se pousser, prit une inspiration et s’avança jusqu’à l’ado face auquel, elle s’accroupit. Cherchant dans son sac, elle sortit un sandwich mais le jeune homme ne sembla pas vouloir s’en saisir, la fixant, elle et son masque. Le trouvait-elle si répugnant au point de devoir se couvrir sa bouche en sa présence ? Si telle était sa pitié, il n’en voulait pas ! Il Nam vint alors à son aide, lui ôtant sans demander l’autorisation, ce fameux masque, et adressant un sourire au gamin. La surprise put se lire autant dans les yeux de l’adolescent que de l’égérie, puis finalement son estomac l’emportant sur une fierté plus mal placée qu’il ne l’aurait cru, le garçon accepta leurs dons.

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Et elle continue à parler, Boni, sourire aux lèvres, joie dans la tête, malgré la misère qui s’offre à ses yeux. Le couple qu’elle connaît bien maintenant, voit depuis quelques temps, avec qui elle prend toujours un grand plaisir à discuter. Elle les connaît et elle les aime, Boni, elle les aime simplement, comme des amis – et elle les aime justement comme ça, comme des amis. C’est avec un clin d’œil complice qu’elle extirpe un paquet de serviettes de son sac pour la glisser entre les mains de la miss, « je sais pas quand t’en auras besoin, mais mieux vaut prévenir que guérir non ? »

Et elle éclate de rire.

Parce qu’elle est comme ça, Boni, légère, simple, à ne se soucier de rien. Elle discute encore un peu, en tendant thé et aliments, quand un coup d’œil à sa droite puis à sa gauche, lui dévoile l’absence à ses côtés de ses camarades. Qu’elle aperçoit alors non loin. Et sur un dernier sourire, dernier au revoir, dernière promesse de se revoir vite, elle rejoint les deux en gambadant, « hey, comment ça va par ici ? » Elle remarque tout de suite l’absence de masque sur le visage d’Hera et sa présence inopinée dans la main du garçon. Elle se tourne alors vers la jeune ferme, sourcil arqué, question muette, avant de reporter son attention sur leur nouveau protégé. « Comment ça va mon gars ? Tu prendras du thé ou du café ? Ou juste de l’eau ? » La voix compatissante, douce de celle qui sait comment s’y prendre devant les animaux sauvages – bien que le garçon en question n’en soit pas un. Même si elle y croit, Boni, à ce courant de pensée qui met les deux espèces sur le même pied d’égalité.

Mais là n’est pas la question.

Elle laisse ses camarades se charger de tout, alors qu’elle commence à programmer mentalement le reste de leur itinéraire. Et quand ils sont fin prêts, elle adresse un ultime au revoir de sa main libre avant de s’élancer, le pas toujours aérien, en direction de la suite de leur périple. « J’vous préviens, y a des zones qui sont jugées plus… à risque ? Je sais pas si ça vous dérange de vous salir les mains, mais en tout cas moi pas du tout ! » Léger rire. Elle sait très bien que ce n’est pas au goût de tout le monde, que nombreux seraient les gens dérangés par cette manière de faire. Ainsi que par la prochaine personne qu’ils croisent, l’homme qui vit dehors depuis tellement longtemps qu’il a perdu le fil, et la moitié de sa tête également. Il parle seul, divague souvent – il fait peur, et c’est peut-être pour ça que Boni l’aime autant. « Bonjour toi ! Comment ça va ? Besoin de quoi aujourd’hui ? » Et elle fait signe à ses deux compatriotes de le servir.

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Pour le coup, Hera n’avait pas eu conscience que le port de son masque, tandis que la netteté de son teint sous ses yeux témoignait de sa parfaite santé, pouvait sous-entendre un message de dégoût, un souhait de se protéger de la saleté. Indéniablement malgré son échange de manteau, son apparence plutôt sobre, dans ses manières, sa façon d’être, le moindre de ses gestes trahissaient son extraction sociale des plus élevées. Une gosse de riche qui fait la charité, par obligation ou pour se donner bonne conscience, alors que finalement, la singapourienne s’était laissée embarquer dans cette aventure plutôt par fierté et pour prouver qu’elle était capable de se détacher de son snobisme naturel. Certes pour l’humanisme pur et simple, on repassera, mais après tout, n’était-ce pas d’avoir fait un premier pas dans cette direction le plus important ?

Alors quand Boni vint les rejoindre et lui adressa une question muette à la vue de son visage révélé, Hera lui adressa un sourire serein pour lui assurer que tout était okay. Après tout, pourquoi devrait-elle garder à tout prix son anonymat ? Certes, ceux qui vivaient dans la rue n’avaient sans doute pas manquer de voir les affiches publicitaires, cependant, l’égérie n’était pas venue ici avec un armada de caméra pour se donner une bonne image ou autre. Et puis, que des intriguant aillent colporter qu’elle participait à une telle action si quelqu’un venait à la reconnaitre ! Que risquait-elle ? Le courroux de sa grand-mère ? Tant pis ! La nouvelle cage dorée que ses grands-parents avaient érigé en la faisant placer comme égérie ne la tiendrait pas éternellement captive ! Hera avait l’impression de faire quelque chose de bien, peut-être même une bonne action, pourquoi devrait-elle s’en cacher ?
« Depuis que je vis aux dortoirs des gumiho, je crois que mes mains non plus peur de rien… » rétorqua Hera en feignant un soupir.  Elle décrocha un infime coup de coude à leur partenaire en redressant le menton pour faire entendre qu’elles attendaient donc sa réponse. Inexorablement, bien que de manière plutôt gentiment amusante, le jeune homme gonfla un peu le torse avant de répondre par la positive.

Le trio finit par arriver à la rencontre d’un vieux homme à l’apparence piteuse, pour ne pas dire repoussante. En plus de ses dents noircies que laissent entrevoir ses lèvres, celles-ci se mouvaient pour prononcer des paroles qui semblaient parfois insensés, ou plutôt dont le destinataire demeurait obscure. Après l’avoir salué, Boni laissa les deux autres s’en occuper. Forcément, Hera prit les devants vis à vis de Il Nam qui hésita un instant. Tandis que Hera voulut lui tendre une tasse de thé chaud, l’homme s’exclama tout d’un coup en envoyer valser le gobelet d’un revers de la main :
« YAH ! Qu’attends-tu pour venir me saluer gamin ! dit-il à Il Nam. « Viens t’asseoir là ! » Il s’assit dignement en tailleur faisant signe au jeune homme de faire de même en face de lui. « Fille, sers-nous le thé maintenant ! » ordonna-t-il à Hera qui se contenait déjà de lui envoyer à la figure, son thé ! « Alors comme ça, tu veux épouser ma fille ? » Sa tête se tourna vers Boni qu’il héla. « Dis-moi gamine ! Toi qui a bonne tête, tu crois que je devrais donner ma fille à ce gars là ? » Et par fille, il désigna Hera qui lui tendait une nouvelle tasse de thé chaud. Sans attendre la réponse de Boni, un mollard partit dans le visage de Il Nam : « Dégage ! Pour qui te prends-tu ? »

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