La journée avait été une nouvelle fois des plus éprouvantes pour moi. Je venais à peine de reprendre le poste de mon père que je me demandais si j'allais tenir le coup. C'était difficile de savoir si j'allais tenir et c'était encore plus compliqué de tenter de m'en sortir seul. Pourtant, je tentais tant bien que mal de m'éloigner de ceux qui me prenaient en pitié dès qu'ils apprenaient pour ma maladie.. ou alors je m'éloignais de ceux que je pourrais blesser. C'était plus fort que moi, j'avais le sentiment que c'était mon problème, que je devais le régler seul et que pour cela, je n'avais pas d'autre choix, je devais éviter de garder près de moi ces personnes qui devraient souffrir avec moi, à cause de moi. Ce soir là, je trainais des pieds. C'était flagrant que j'étais mort de fatigue et pourtant, je me refusais à rentrer chez moi avant d'avoir bu un bon verre de vin. C'était mon rituel tout comme le lieu de ce rituel était toujours le même. Le bar d'Eun Hye. Cette femme était adorable et c'était sûrement à cause de son charme que je revenais tout le temps vers elle...

J'avais poussé la porte de son bar comme à mon habitude donc. Tranquillement, je m'étais assis à ma place habituelle avant de héler un serveur afin qu'il m'apporte ma consommation. L'esprit ailleurs, je n'avais pas remarqué qu'il m'avait déjà apporté mon verre de vin. Je le buvais lentement, attendant la fermeture de l'établissement comme un rituel. Oui, j'avais l'habitude de discuter avec elle après la fermeture du bar et maintenant, je ne savais pas trop si je serais capable de faire autrement chaque soir. Je buvais donc avec lenteur lorsque j'entendis des pas qui se rapprochaient de moi. Et ce parfum... floral, si doux et si épicé à la fois. C'était Eunhye j'en mettrais ma main à couper. Je la saluais donc d'un « bonsoir, Eunhye. Tu as fini ta journée ou pas encore ? » d'une voix douce alors que je tentais de voir à quel endroit se dessinait sa silhouette gracieuse, en vain. J'étais trop fatigué ce soir je crois. Je me contentais donc d'ajouter « j'aimerais boire un verre en ta compagnie, si tu veux bien. » d'une voix apaisée alors que je me contentais à présent de cacher ma fatigue grandissante. C'était vraiment pas le moment...