La première fois qu'elle la revue, Nam Hi ne savait pas trop comment l'aborder. C'est pas comme si elles s'étaient quittées la vieille. Et encore... Elle l'avait vu changer, s'enfoncer quand elles étaient plus jeune et elle, n'avait rien pu faire que de la regarder sombrer. Pourtant, elle aurait bien voulu que Mei Lin comprenne qu'elle était là, comme avant. La coréenne s'en foutait elle du changement de classe sociale des amis de ses parents, mais royalement. Puis y a eu ce jour, ou plutôt ce moment dans leur vie où il n'y a plus eu de nouvelle. Nam Hi n'a rien fait, elle a même tournée la page. Les amitiés ça va et ça vient. Même si quand elle a eu besoin de parler à quelqu'un, elle aurait bien voulu avoir Mei Lin près d'elle. Comme quand elles étaient enfants, car y a eu une période où elles étaient inséparables. Sauf que les gens changent, sauf qu'on voit pas trop comment faire pour aider à cet âge là. Alors la première fois qu'elle la revue. Son regard s'est posée sur cette silhouette qui avait changé. Plus de trait d'enfant, plus de regard joyeux, heureux et plus de sourire. Non, son amie d'enfance, sa meilleure amie d'avant était un zombi. Elles se sont juste jaugés du regard sans s'adresser un mot. Chacun leur vie après tout, Mei s'est que si elle a besoin, Nam sera là. Car les promesses d'enfants, l'amitié qui a pu les lier avant était fort. Et ne dit-on pas que l'amitié est toujours là? Qu'il ne suffit que d'un regard, pour que cette promesse revienne. Peut être ou peut être pas.

Ce soir là, Nam ne sort pas. La télé allumée, elle attend rien de spéciale. Juste se changer les idées comme il lui arrive si souvent. Un programme d'une chaine américaine pour continuer à perfectionner son anglais. Ce serait le comble si elle ratait l'interro qu'il a prévu. Surtout qu'elle sait qu'il est plus exigeant avec elle, vu qu'à n'importe quel moment, elle peut réclamer de l'aide à Shin Ya. Après tout, il est son professeur aussi bien à la fac que particulier. Un livre de cours sur les genoux, elle tourne frénétiquement les pages tout en jetant un coup d'oeil à l'épisode. Les autres vont et viennent à leur gré mais rien ne la perturbe. Mais il est con! sauf les personnages de la série. Faut pas lui demander le nom, c'est juste un truc qu'elle aime bien comme ça sans plus. Les scénaristes ne savent plus quoi inventer! Nam Hi dit ça à la personne qui vient de s'installer à côté d'elle sans trop la regarder. Pas de réponse par contre. Elle tourne sa tête pour tomber sur celle qu'elle évite depuis qu'elles sont ensembles chez les Pyo. Ah! C'est toi Comme à chaque fois, la coréenne a mal au coeur en voyant le zombie que son amie est devenue. Alors, elle détourne son regard, laissant le silence venir, s'installer. Les autres continuent à passer, à parler à vivre. Et pourtant, le divan parrait être un autre lieu, comme si une bulle protectrice silencieuse venait les englober. A la télé, des rires se font entendre, et là dans le monde réel, juste le silence.

Nam Hi tourne une page de son cours avant de jeter un coup d'oeil à sa voisine. Puis n'y tenant plus, elle ferme son livre d'un coup. S'installe sur ses genoux en regardant la jeune fille. Mei! Parle-moi. Elle tend sa main pour lui toucher l'épaule sauf qu'elle se reprend. Qu'est-ce qu'il y a? Tu sais que tu peux tout me dire, hein... Après tout ce temps de silence entre elles deux, après avoir fait comme si l'autre n'existait pas. Voilà que la future interprète essaye de casser le mur qu'il y a entre elles. Elle est où la gamine avec qui je courrais dans les ruelles, sautait dans les flaques d'eau? Elle est morte y a longtemps car Nam Hi n'a pas su la retenir. Mei, même si on se parle plus depuis longtemps, tu sais que je serai toujours là si tu as besoin, hein?.

### la vie joue parfois de drôles de tour.
pourtant, elle savait qu'en allant dans une université de séoul, elle allait retrouver des personnes de son passé. son frère lui-même était un étudiant de la yonsei. mais c'était plus facile de rester là, pour ne pas avoir à revenir sur la capitale au moins une fois par mois, pour engendrer un peu moins de fatigue, un peu moins de stress. pour autant, ce n'était peut-être pas la meilleure décision non plus. elle se posait encore parfois la question, trouvait accessoirement quelques réponses plausibles.

elle ne s'en était jamais plainte, de sa vie ici. il faut dire, en quatre ans, elle s'est formé un petit groupe de gens, et ça lui a toujours suffit. ce ne sont pas de ces amitiés vraies, honnêtes, animées, telle qu'on les connait. elle est loin de tout ça mei lin. il n'y a que lenny qui a réussi à sortir du lot, devenant certainement un véritable ami, chose qui ne lui était pas arrivée depuis longtemps. les autres, et bien... c'était davantage des connaissances, des personnes avec qui elle traînait à l'occasion, buvait, s'accordait une nuit. il y avait d'un côté ceux avec qui elle travaillait au xs night club, et de l'autre les membres de la fraternité qu'elle avait choisi d'intégrer. juste pour être un peu moins seule.

un an, avant que le premier fantôme de son passé ne réapparaisse. mais ce ne fut pas n'importe qui. nam hi venait à son tour d'intégrer la yonsei, mais surtout les pyobeoms. le coeur serré, mei lin n'avait même pas réussi à lui adresser ne serait-ce qu'un seul mot. le silence était devenu le meilleur moyen de communiquer, finalement. pourtant, à chaque fois que ses yeux se posaient sur nam hi, c'était tout un tas de souvenirs qui resurgissaient, qui pouvaient lui faire du bien. ça lui rappelait souvent à quel point elle avait pu être heureuse, le temps de quelques années. et nam hi... nam hi avait été son évidence, elles étaient inséparables, tout comme leurs familles. la regarder faire sa vie était difficile, mais elle ne montrait rien, comme à son habitude.

si la dépression avait pris le pas sur le reste, cela l'avait simplement éloignée de ces personnes qu'elle aimait, ces personnes qui lui donnaient envie de sourire, de vivre simplement. nam hi avait toujours fait partie de ces gens là, de ceux qui l'inspiraient pour ses histoires, et dont elle ne se lassait jamais de leur présence. ses sentiments ont simplement fait qu'elle a coupé tout contact, préférant certainement les protéger de ce mal qui la ronge depuis tout ce temps.

puis il y a des moments comme celui là, ou les masques que l'on porte constament ne suffisent plus. mei lin était à bout de force. les cours reprennaient, et outre ses rendez-vous avec son éditeur pour l'éventuelle publication d'un nouveau livre, elle devait également assurer à son travail. si cela était son quotidien depuis longtemps, une nouvelle tête avait fait apparition dans le quotidien de la demoiselle, remettant en question cette double vie, cette double facette cachée depuis bien des années à présent.

dans ce dortoir, la vie suivait son cours. les gens passaient er repartaient, faisant leur vie. et en rentrant, mei lin ne réfléchissait pas vraiment à ce qu'elle faisait, et alla instinctivement dans la pièce commune s'installer sur le canapé, son téléphone portable dans les mains, juste à côté de nam hi. plus les jours passaient, plus sa peur grandissait, et la jeune femme avait un réel besoin de réconfort, qu'on la rassure.

si habituellement, mei lin abordait un regard noir, comme vide de tout sentiment, c'était différent à ce moment précis. la peine et l'angoisse se lisaient dans ses yeux, et elle ne pouvait rien faire pour le cacher. le bruit de la télévision n'était qu'abstrait, et seule la voix de son ancienne amie arrivait à parvenir à ses oreilles. et même si elle ne prêtait pas attention aux remarques faites à propos de ce qui semblait être diffusé sur l'écran en face d'elle, la petite blonde continuait d'actualiser sa page internet, bloquée sur la recherche "kim dae". l'entente de son prénom, par contre, lui fit relever lentement la tête. ses pensées étaient embrouillées, sans qu'elle ne fasse un seul mouvement.

seul le silence répondait à nam hi, quelques secondes tout au plus. entendre ces paroles était réconfortant, mais amplifiait son angoisse. empêchant ses yeux de déborder, elle se pinçait les lèvres avant de reposer son regard sur l'écran de son portable. "d'toute façon c'est foutu." d'un mouvement de pouce, elle actualisait une nouvelle fois la page de recherche. "comme si un être normalement composé était capable d'tout ça... j'suis vraiment trop conne."

comme un besoin de prononcer ces mots, de dire à voix haute ce qu'elle pensait vraiment. le silence avait beau faire partie de leur relation depuis bien des années à présent, il était peut être temps de le briser. nam hi avait fait le premier pas, lui rappelant le bonheur qu'elle a désespérément continué de cherche en arrivant ici. "j'voulais pas qu'tu vois tout ça. mais t'es jamais loin, et j'sais pas comment faire pour pas t'faire souffrir. tu mérites pas ça."

Un fantôme du passé, voilà ce que Nam Hi a eu droit quand elle est revenue d'Oxford. Un rappel des jours heureux, des dimanches dans le restaurant de son papa. Des fous rire, des jeux d'enfants. Mei est son fantôme, celle qui lui rappelle ces moments d'insouciance. Puis la vie a décidé de les séparer. Elle l'a vue s'éloigner d'elle sans pouvoir faire quelque chose. De la petite fille joyeuse, sa cadette est devenue un zombi. Et y a eu cette rupture silencieuse entre elles. Les longs silences quand elles se retrouvent ensembles dans une des pièces de la fraternité. Les regards en coins mais jamais d'échanges.

Pourtant ce soir, Nam Hi fait le premier pas. Elle lui parle s'attendant à un regard noir. Mais non, le regard est vide, mort, triste. L'etudiante prend sur elle attendant une remarque, une réflexion. Car après tout, qui est-elle pour demander ça. Mei joue avec son téléphone. Nam Hi ne dit rien, ne comprenant pas de quoi elle parle. Puis, leur regard se croisent enfin. Elle se mordille la lèvre avant de rejeter sa chevelure en arrière. Voir quoi? La question est absurde, la voir changer. Quoi d'autre?

La quatrième année bouge dans le divan pour prendre le téléphone. Ce soir, elles vont parler. Vraiment parler. Pour que Lei Lin comprenne qu'elle a pas besoin d'être seule. T'es silences me font souffrir et tes regards noirs. Comme si c'était de ma faute. Elle pose le téléphone à côté de son livre de course. Enfin y a aussi de ma faute, je... Laisse-moi parler Mei. Alors, elle lui prend les mains, essayant de sourire sincèrement. Mais ça lui fait mal. J'aurai dû être près de toi. M'imposer pour que tu me rejettes pas. C'est ce que maman disait... avant Sa voix se meurt, une boule de tristesse lui prend la gorge. Les Heo ne sont certainement pas au courrant que ses parents sont... Elle l'a relache, cherche dans la poche de son mini short un mouchoir. Excuse-moi Une voix faible, triste voilà ce qu'on peut entendre dans la salle commune. La coréenne essuie ses larmes qui ne coulent pas encore. Elle a trop pleuré à s'en rendre malade, fatigué. Ne t'inquiète pas. Ça va passer Avec le temps. Les deux filles étaient si liées avant. Mei aurait été au courant pour Tae Hyun, elle aurait même été la marraine si elles étaient restées souder.

Tu sais quand je t'ai vue en mars dernier.. Je Comment lui dire quand un mois de temps sa vie à totalement basculer. Je voulais que tu me sers dans tes bras. Je.. Là, Nam Hi a été trop loin dans son explication. Tu sais je souffre depuis un an si on ne compte pas les quatre mois où elle s'est caché pour que nul ne voit sa grossesse. Je sais même pas si t'es parents sont au courant. Puis là, y a cette unique larme qui coule sur sa joue, celle qui pique l'oeil, celle qui laisse une traînée noir sur la peau blanche. Mes parents sont morts Mei. Et aucunes autres souffrance ne pourra remplacer celle sue je ressents Heureusement sue Shin Ya était là. Il l'a laissé le tapé, lui hurler dessus. Il s'est occupée d'elle, d'eux deux. Si son prof d'anglais n'aurait pas été présent, ne se serait pas imposé dans sa vie. Nam Hi n'aurait jamais revue Mei Lin. Dis moi ce qui va pas, tu va voir, ça fait toujours du bien d'en parler.

### elle n'est pas vraiment du genre à montrer ses émotions, à laisser transparaître quelconque sentiment. cette carapace qu'elle s'est forgée avec le temps se craquelle, disparaît beaucoup plus facilement depuis quelques temps. à croire que cacher sa vraie nature est bien plus difficile qu'il n'y paraît. pourtant, cela fait de nombreuses années maintenant qu'elle reste renfermée, éloignée des autres.

mei lin ne sait pas vraiment pourquoi elle se met à parler, elle sait juste qu'elle en a besoin. mais surtout, elle sait qu'il n'y a qu'à nam hi qu'elle arriverait à raconter certaines choses. parce que nam hi, c'est cette petite fille avec qui elle a grandit, avec qui elle a été heureuse de nombreuses années. c'est celle qui, finalement, l'a toujours vue grandir, et qui surtout, a toujours été là pour elle. même dans leurs silences, en fin de compte. alors la petite blonde ne se voit pas vraiment être assise à côté de quelqu'un d'autre à ce moment précis.

la tete relevée, elle se pince simplement les lèvres lorsque sa vis-à-vis se met à parler. elle ose timidement tourner la tête, sans pour autant avoir le courage de croiser son regard. son téléphone lui est enlevé des mains alors qu'elle écoute cette vérité, loin de ce qu'elle a toujours imaginé. "c'pas ta faute" mais elle est vite interrompue mei lin, la jeune femme ayant vraisemblablement beaucoup de choses à dire. rien d'étonnant quand on connait un minimum leur relation passée.

la coréenne sait que si elles en sont là aujourd'hui, c'est en grande partie de sa faute. après tout, elle a fait le choix de tirer un trait sur son passé sans se soucier de ce que cela pourrait faire aux autres, telle une égoïste qui a eu besoin de tout recommencer à zéro, pour oublier ce qui a provoqué cette dépression, cette déviance sociale qui la fait tant souffrir et qui l'inspire à la fois. elle ravale sa salive lentement tout en baissant le regard, ne sachant pas quoi dire, ni ou se mettre.

"ça aurait rien changé. ils auraient pas voulu t'façon." elle se pince les lèvres n'osant toujours pas regarder nam hi. elle peut malgré tout sentir que la demoiselle a la voix qui déraille. la blonde sent comme un raté dans son coeur. nam hi était de ces véritables amis, un peu comme lenny, les seuls qui auraient pu la comprendre, et très certainement accepter ses secrets. mais comme une vieille habitude, elle a voulu tout garder pour elle, pensant que c'était le mieux à faire pour tout le monde.

elle laisse ses mains dans celles de nam hi, ne faisant aucun geste. seul son visage traduit son état, et son malaise. les souvenirs de leurs retrouvailles lui transpercent le coeur. c'est difficile de se rappeler à quel point elle a joué l'ignorante, comme si une nouvelle étrangère débarquait au dortoir. entendre sa vis-à-is lui avouer que cette dernière année a été difficile la bouleverse, la nouvelle qui suit davantage encore.

pas besoin de se leurrer, elle sait très bien que ses parents ne sont pas au courant, après tout, c'est bien eux qui ont commencé à s'éloigner de leurs amis, devenus trop "pauvres" pour traîner avec eux. sa machoire se crispe, ce sentiment d'avoir raté tant de choses, tant d'occasions d'être à son tour une amie. au lieu de ça, elle a continué de fuir, pour finir par avoir toute la vérité en face, sans aucun répit. mei lin peut sentir ses yeux s'humidifier, mais elle le cache d'un mouvement de tête. "j'suis désolée nam... j'savais rien d'tout ça. tu t'rends pas compte..." à quel point elle est désolée, mais toujours trop fière pour en dire plus.

un long soupir s'échappe de ses lèvres. elle joue avec ses doigts nerveusement, et laisse le silence prendre place quelques secondes avant de le briser. "y'a que tout est parti en couille... d'ma vie à c'que j'ai toujours caché aux autres. j'te parie tout c'que tu veux que m'man est dans un de ses spa d'luxe à gerber en train d'se taper un masseur, et p'pa en train de s'taper sa secrétaire à la maison." les yeux fermés, elle n'ose même pas observer la réaction de nam hi. elle se prend la tête entre les mains avant de se redresser. "tu vois les histoires qu'tu lis dans l'journal le dimanche ? bah c'est moi. c'est tout c'que j'cache, mais c'est fini tout ça. c'est tout c'que j'ai dans l'ventre et qui m'faisait du bien. et même ça, j'ai réussi à l'foutre en l'air." toutes ces histoires, tous ces rêves de vies improbables qu'elle aurait aimé vivre. tous ses secrets si bien cachés sous cette carapace, ce pseudonyme, et qui affichent la véritable facette de celle qui écrit. et cette peur qui s'accroît quand elle se rend compte qu'elle est finalement seule pour traverser tout ça. du moins, de ce qu'elle en croit.

Avant, Nam Hi essayait de comprendre ce qu'elle aurait pu faire pour que Mei Lin, ne séloigne pas. Reste l'adolescente qu'elle était. Des nuits et des nuits, à y réfléchir les yeux ouverts tourner vers le plafond. Mais jamais elle a trouvé la solution. Et ce soir, après des années de silence et de regard, elles se parlent enfin. Hey ! Je suis ton aînée. J'ai le droit de dire que c'est de ma faute si je veux. Elle lui sort ça, en souriant. Comme avant, après tout. Elle écoute, la réponse. Elle écoute, comprenant les paroles. Sauf que le passé est derrière eux maintenantt. Pourtant Nam Hi parle de sa mère, et là comme à chaque fois. Un sanglot se fait entendre dans sa voix. Elle garde cette douleur qui s'estompe petit à petit. Plus d'un an s'est passé depuis ce jour où elle est devenue orpheline et tutrice de son propre enfant.

Mei, c'est pas de ta faute. J'aurai dû venir te voir quand on s'est vu l'année passé. J'aurai dû te le dire. D'un revers de la main, elle essuie une larme sur son visage. Avant de changer de sujet, de vouloir savoir ce qu'à son amie d'enfance. Je ... Non, elle ne peut pas comprendre ce que sa cadette ressent, elle n'a jamais connu ce genre de chose. Oh canilouette. La distance entre elles deux diminue avant que l'étudiante en langue étrangère prenne dans ses bras l'écrivain. D'une main appaissante, elle lui caresse les cheveux. Je suis là, j'ai toujours été là. Elle lui attrape les épaules pour la fixer dans les yeux en se recoulant. Tu te souviens? C'est nous deux contre le monde entier, non? Oh que oui, dans leur jeu, les autres étaient les méchants et elles, des super héroïnes. On a peut être dépasser l'âge d'essayer d'apprendre à voler mais on peut faire bouger les choses autrement.

Prendre la main qui est tendu, avoir quelqu'un sur qui compter, c'est une chose que la Pyo connait. Sans cette aide inespérée où elle serait aujourd'hui. Alors, tu vas me faire un vrai sourire. Sinon, je vais me sentir obliger de te chatouiller hein. Elle serait certainement dans un endroit miteux, Tae Hyun serait nul ne sait où, enlever de sa garde certainement. Un chocolat chaud ça te dit?

### c'est difficile pour elle d'énoncer ces mots, cette vérité qu'elle cache depuis tant de temps. à vrai dire, mei lin n'en a jamais parlé. tous ces sentiments qui sont toujours restés enfouis, et qui s'évaporent petit à petit. cette double vie à mener de front sans que personne ne puisse s'en appercevoir. ça a marché, un temps, mais il faut se rendre à l'évidence. elle ne peut plus continuer à avancer seule, elle s'est trop coupé du monde, et celui-ci se retourne contre elle.

ce n'est pas de la pitié qu'elle recherche, mais de la lumière. cette étincelle quand tout est trop sombre et qu'on en voit plus le bout. et parfois, elle se demande si elle ne devrait pas faire comme ces femmes ultra courageuses qu'elle s'imagine dans ses nouvelles. alors peut être que venir s'asseoir à côté de nam hi, c'était provoquer cette chance, cette petite étincelle qui lui permettrait de garder la tête hors de l'eau un peu plus longtemps. mais elle ne lui en voudrait pas si son amie d'enfance ne voudrait plus d'elle dans sa vie, ou lui repproche cette période de fuite.

un sourire emplit de tristesse s'affiche sur son visage a entendre sa vis-à-vis. mais la blonde reste silencieuse, la nouvelle de la mort des parents de nam hi la bouleverse, mais elle refuse de le montrer, comme d'habitude. l'ainée continue pourtant de dire que ce n'est pas de sa faute, mei lin elle, continue malgré tout de croire qu'elle est entièrement responsable de leur éloignement. cette étincelle qu'elle cherchait tant est enfin devant elle, qui se met rapidement à parler.

le simple fait de pouvoir sentir nam hi la prendre dans ses bras fait couler une larme discrètement sur sa joue, qu'elle essuie en se redressant. il fait bon de se sentir entourée dans ce genre d'instant. de voir que malgré leur passé difficile, il leur est toujours possible de parler si elles en ont réellement besoin. "je sais..." sa voix est presque faible tandis qu'elle pose son regard sur sa vis-à-vis. "nous deux contre le monde entier..." son regard se repose sur le sol alors qu'elle continue d'écouter son amie, attentivement. "ouais, p't'être..."

elle est un peu perdue mei lin, ne sachant pas vraiment quoi faire maintenant qu'elle a réussi à poser des mots sur tout ce qui ne va plus depuis bien trop longtemps. elle finit par esquisser un léger sourire, se remémorant l'un de leurs nombreux souvenirs d'enfants. "t'sais bien que j'aime pas ça. mais j'suis d'accord pour l'chocolat chaud." peut être que ça leur fera du bien de se retrouver autour d'une boisson chaude, pouvoir parler calmement. ça les aiderait peut être à vaincre cette distance qui s'est créée entre elles depuis bien trop longtemps maintenant.

Le passé ne pourra jamais être changé, le futur est incertain. Mais le présent est là. Mei-Lin a besoin d'elle, sa douce Mei. Nam Hi se souvient des fossettes sur son visage quand elle lui souriait. Elle se souvient de cette petite main qui attrapait la sienne avant de la tirer dans les ruelles de leur quartier. De l'éclat de rire de l'enfant vivante, curieuse. De leur rêve. Elles étaient des supers héroïnes embêtant le frère de Mei. Jouant à tout et n'importe quoi. Puis le sourire a disparu, les éclats de rires. Les yeux de la plus jeune ont perdu l'éclat de joie, devenant lointain, triste. Et elle, ne savait pas quoi faire. L'éloignement c'est fait petit à petit, pour ne laisse que des photos, des dessins sur un mur de chambre d'enfant qui ont un jour disparu. Laissant place à des souvenirs nostalgiques.

Mais ce soir, Nam Hi est là comme elle aurait toujours dû l'être. Elles se retrouvent d'une manière étrange. Mei-Lin est mal. L’aînée sert la plus jeune dans ses bras. Car elles en ont besoin toutes les deux, comme un appel au temps passé où elles courraient dans les flaques de pluie où elles étaient seules contre le monde entier.

Et tu sais que ça ne m'empêchera pas de mettre ma menace à éxucation. Qui parle à cet instant? La jeune femme peu sur d'elle, ou l'enfant mal fagoté. Elle lui sourit, tapant dans ses mains. Tant mieux; sinon je t'aurai forcé à en boire. La réalité peut être cruelle à chaque instant. Deux âmes séparés, en ayant subbit les aléas de la vie se retrouve un instant. Allez viens, je vais te faire un chocolat chaud. Nam Hi lui attrape la main, laissant la télévision allumée. A ce moment, elle ne veut pas lâcher cette main se rappelant de l'enfant que Mei-Lin était. Je crois avoir vu des pépittes de chocolats et des marshmallow. Elle dit ça sur le ton de la confidence, lui souriant timidement. Si on nous demande, on dira qu'il y a un voleur d'accord? Parole d'enfant, parole d'amité qui doucement revient s'entre meler dans leur vie. Mei, tu m'as manquée.

### si mei lin s'est toujours mis en tête que son passé devait rester derrière elle pour pouvoir avancer, elle se rend surtout compte d'une chose. certaines choses, certaines personnes, ne peuvent tout simplement pas sortir de nos vies comme ça. parce qu'on a besoin d'eux, parce qu'on trouve en ces âmes ce qui nous manque pour être complet. comme un puzzle complexe qui ne prend forme qu'en puissant en chacun de ces tous petits éléments, pour faire ce que nous sommes. l'écrivaine s'est voilé la face bien trop longtemps, nam hi fait partie de ces personnes dont elle a toujours eu besoin dans sa vie, certainement la seule à ses yeux qu'elle n'aurait pas dû abandonner, mais au contraire, garder près d'elle, pour pouvoir tout lui confier, ses joies, ses craintes, sa douleur. parce qu'elle sait que nam hi l'aurait comprise, ne l'aurait pas jugée, et elle en a à nouveau la preuve en se retrouvant dans ses bras.

tous les souvenirs refont surface par de simples contacts, anodins. voir son amie taper dans ses mains, comme à chaque fois d'elles débutaient un nouveau jeu, une nouvelle aventure. mei lin finit par lâcher un petit rire, prise entre la nostalgie, et l'instant. "j'en doute pas d'toi." tous ces moments qu'elles ont pu passer ensemble ne semble pas avoir disparu. peut être enfouis et entassés sous d'autres souvenirs, mais ils sont prêts à être dépoussiérés et mis au goût du jour. "j'te suis." à ces simples mots, la demoiselle pouvait sentir une main attraper son poignet pour l'amener dans la cuisine. oubliant son portable sur le canapé, elle suivait nam hi sans rien dire, une pointe de gourmandise faisant son apparition dans son regard à entendre sa vis-à-vis parler de chocolat et de marshmallow. "sérieux ? j'vais t'chercher ça pendant qu'tu prépare le chocolat chaud alors." elle chuchottait presque, comme lorsqu'elles étaient enfants, et se préparaient à une chasse au trésor. "j'vois pas d'quoi tu parles." un sourire amusé se glisse sur ses lèvres alors qu'elles arrivent dans la cuisine. un pas seulement avant de s'arrêter pour observer nam hi. "tu m'as manqué aussi nam." ces mots habituellement si difficiles à prononcer sorte naturellement de sa bouche, ses réflexes d'enfance ressortes sans qu'elle ne puisse le contrôler.

rapidement, l'écrivaine plonge sa tête dans les placards à la recherches des friandises nécessaires pour parfaire leur boisson chaude. maintenant que le premier obstacle a été franchit, mei lin sait qu'elle doit des explications. elle se mordille un instant l'intérieur de la joue avant de lâcher un soupir. "t'sais nam, j'ai pas voulu t'faire souffrir en partant. mais j'savais pas comment faire. j'voulais juste pas t'faire couler avec moi parce que tu l'méritais pas." elle finit par se relever, tourner le dos au meuble pour pouvoir observer la pièce. "tout c'qui comptait pour p'pa, c'était qu'on traîne avec des gens d'la haute, qu'on oublie notre passé d'pauvres comme si ça n'avait jamais existé. pourtant, j'me suis jamais sentie aussi heureuse qu'à cette période. il nous aurait tué d'nous voir ensemble. j'voulais pas avoir à t'faire supporter ça. et le reste..." la tête finalement baissée, elle retourne rapidement à la recherche de ces pépites de chocolat, la peur encore bien présente de ce que pourrait penser nam hi.

Le souvenir de l'enfance, de moment joyeux revient en sur mémoire. Le passé ne peut être changé mais le futur peu prendre n'importe quel chemin. Une amitié peut effacer des larmes encré au plus profond d'un être... Sinon, il y a toujours le chocolat chaud. Deux sourires innocents se rencontre dans la cuisine. Nam Hi éclate de rire quand Mei Lin lui dit qu'elle ne voit pas de quoi elle parle. Haaa! Demain, une rumeur comme quoi un voleur est entrée dans la cuisine et n'a juste que volé des pépites de chocolats et des marshmallow se fera entendre. Sinon, des souris. L'étudiante sort une casserole et apporte le lait pour le mettre à bouillir sur le feu avant de rajouter des morceaux de chocolat noirs.

Elle remue avec une cuillière en bois tout en écoutant sa cadette. Ne la quittant pas du regard. Je sais. Enfin, elle s'en doute. Je ... Ton père a un jour apporté les lettres que je vous écrivais à oppa et toi. Il les a déchiré devant moi en me disant qu'on ne se verrait plus jamais. Mais c'est du passé tout ça. Elle se souvient de la douleur qu'elle a ressentit. D'un revers de la main, elle essuie les larmes qui perlent sur ses joues. Tu sais que j'ai essayé de me faire passer pour une gosse de riche? Sauf qu'elle parle avec l'argot de ceux de la ville, enfin quand elle était adolescente. Je me disais que si vous croyez que nous aussi, on était devenu riche. Tu aurais voulu me revoir. C'est idiot, Nam Hi le sait. Elle pouffe de rire en se souvenant des cries de surprise de sa mère quand sa fille revenait avec de la contre façon. Mais j'ai arrêté assez vite hein... D'un geste de la main, elle remet une de ses mèches de cheveux derrière l'oreille, continuant à remuer le lait avec la cuillière en bois de l'autre. Mais maintenant, Heo Mei Lin. Elle pointe sa cadette de la cuilière. Je vous interdis de me quitter... Sinon, je te chatouille jusqu'à ce que.... Le lait se met à bouillir. C'est prêt.

### les souvenirs d'un bonheur unique refont surface. ce même bonheur pour lequel elle s'est accrochée, jusqu'à sombrer. ce même bonheur qu'elle a toujours cherché ailleurs, en vain. si à cet âge elle n'a pas tout compris, elle en a pourtant subit les conséquences, fait les mauvais choix. mais ce que mei lin a appris de tout ça, c'est que le passé ne revient jamais, qu'on le veuille ou non.

elle a beau désirer plus que tout retrouver la lumière sur le chemin de sa vie, la douleur l'empêche encore d'observer les éclaircies. celles qui l'aideront à se relever, encore une fois, et à continuer sa recherche. c'est peut être là son plus grand rêve, mais aussi sa plus grande peur. à trop vivre dans l'obscurité, elle s'est habituée à tout ça, et ne sait pas comment gérer sa route vers la lumière.

habituée à écrire, la demoiselle n'a jamais su expliquer clairement ce qu'elle pouvait ressentir. il a toujours fallut pour elle trouver des moyens détournés pour faire comprendre ce qu'elle a dans le ventre et dans la tête, ce qui l'empêche finalement de redevenir ce rayon de soleil qui illuminait chaque pièce ou elle se trouvait. alors elle regarde simplement son amie affairée à préparer leurs chocolats chauds en se pinçant les lèvres, avant de rapidement retourner à la recherche des leurs friandises.

stoppée dans son élan, en face d'un placard, mei lin baisse la tête, presque honteuse d'apprendre de quoi son propre père a été capable pour se détacher de sa vie d'avant. "il a osé..." sa voix faible trahit sa surprise alors qu'elle se relève, le paquet de marshmallow dans les mains. appuyée sur le plan de travail, elle écoute seulement nam hi, la tristesse prennant le pas sur le reste à l'entendre raconter ses ruses. "c'est pas ça nam... c'était pas la thune le problème... enfin si... c'est compliqué." tout ce qu'un peu d'argent a pu provoquer dans son quotidien. si on dit que l'argent ne fait pas le bonheur, mei lin ne peut que le confirmer quand elle voit ou ça l'a menée, en fin de compte.

elle reste silencieuse, jusqu'à finalement entendre son nom. lentement, elle se retourne vers l'autre demoiselle, les yeux humides mais un léger sourire sur le visage. "plus jamais." son regard se pose sur nam hi, puis sur la casserole. elle apporte deux tasses à son amie avant d'aller poser le reste sur le comptoir pour qu'elles puissent s'installer, discuter. il y a de nombreuses années à rattraper entre elles, mei lin le sait. elle a encore beaucoup de choses à apprendre de ce qu'elle a raté durant tout ce temps.