journée basique. t’as volé un portefeuille dans le métro et t’as eu un peu de chance. cinquante mille wons (~ 41€) ont atterrit dans tes poches. tu vas pouvoir acheter du poulet pour les gosses et garder le reste pour plus tard. mais pour le moment faut que tu ailles dans un magasin de maquillage. t’es en rupture de fond de teint. tout ça parce que tula a piqué dans tes affaires. tu supportes pas ça, mais tu t’en es rendu compte trop tard. t’as pété un câble. on touche pas à tes affaires, surtout pas alors que t’es le mec le plus avare du monde et ce même si tu voles tes produits de beauté. ton surnom picsou tu l’as pas volé lui d’ailleurs. il te correspond très bien. t’es comme ce canard de disney, tu aimes l’argent et t’y fais attention. tu peux devenir assez chiant à ce sujet si on te fait chier. du coup, quand tu dérobes des sommes d’argent que tu trouves être raisonnables pour votre situation, tu ne peux pas t’empêcher de mettre de côté le plus que tu peux pour les jours où vous revenez bredouille à la maison. bien sûr t’aurais aimé prendre plus, mais tu vas te contenter de ça. du coup, tu entres dans cette boutique de maquillage pour un fond de teint mais aussi pourquoi pas un fard à paupières pour fêter ta réussite de la journée. tu salues les employés de la boutique. t’es toujours poli, même si tu sais que tu vas les voler. tu flânes donc dans les rayons à la recherche de ton bonheur et une employée vient t’aborder. elle te demande si c’est pour ta petite amie et tu secoues la tête. t’es tout seul et ça depuis des années maintenant. t’es pas fait pour être en couple. ça te fait peur d’être dépendant de quelqu’un sentimentalement parlant parce que t’as peur d’être abandonné. tu sais que t’aurais pu avoir quelques histoires, mais tu finissais toujours par fuir quand ça devenait sérieux. autant ne pas prendre de risque. tu lui dis donc que c’est pour toi et la jeune femme semble totalement surprise. elle doit être surprise. sauf que c’est pas si surprenant que ça. tu dois pas être le seul à te maquiller. y a des tas de mecs qui le font, notamment les idols. bon, c’est sûr qu’ils doivent pas venir acheter leur maquillage tout seul dans ce genre de boutique mais quand même. tu lui dis gentiment que tu veux pas d’aide et elle s’en va. bah oui, si elle est dans les parages, comment tu vas fait pour chiper ce dont tu as besoin. tu regardes tous les teintes de fard à paupières avant d’en choisir une marron. tu jettes un coup d’œil autour de toi, rapidement pour ne pas paraitre trop suspect, et hop, le fard disparait de tes mains pour apparaitre dans ta poche avant. t’es fier de toi et tu te tournes pour te diriger vers le rayon fond de teint quand tu vois son regard sur toi. ce type ne te lâche pas des yeux. il a vu ton vol, il sait ce que tu as fait t’en es persuadé. tu commences à paniquer. est-ce qu’il va te dénoncer ? Est-ce qu’il va dire quelque chose ? tu sens déjà une sueur froide te parcourir le dos alors que tu cherches une porte de sortie si jamais il venait à te balancer.

Tae Ho se demandait souvent ce qu’on considérait comme hors du commun, ce qui définissait ce commun, qui avait établi toutes les règles que l’on devait suivre sans même réfléchir à leur légitimité si on ne voulait pas être catégorisé comme différent. Il se demandait aussi ce qu’il y avait à ne pas être comme tout le monde, à se démarquer, à sortir du moule. Il se demandait à qui cela ne plaisait pas : aux gens ou à la société en général, mais la société n’était-elle pas faite de gens ? Il se demandait aussi régulièrement pourquoi les gens n’aimaient pas les excentricités, pourquoi ils avaient si peur de la différence alors que c’était pourtant la chose la moins effrayante au monde. Il aimait parfois imaginer un monde où tout le monde était pareil, monotone, triste, commun, et peut-être tous heureux de faire partie d’une même communauté. Puis il aimait imaginer un monde où tout le monde serait différent, tellement différents des uns des autres, puis il finissait par se demander : si tout le monde est différent, alors le sont-ils vraiment ? Et il partait dans un cycle de réflexion qui ne s’arrêtait jamais avant qu’il ne se décide à le coucher sur papier pour ne pas l’oublier. Tae Ho aimait se considérer comme différent, hors du commun. Il n’avait pourtant aucun réel attribut qui faisait qu’il possédait une caractéristique évidente pour se différencier, non. Il cherchait simplement à se démarquer par son attitude et sa façon de s’habiller. C’était peut-être pour cela qu’il se maquiller, pour affirmer sa différence, c’était peut-être pour cela qu’il en faisait bien trop, pour réellement se démarquer, et c’était aussi sûrement pour cela qu’il se retrouvait dans un magasin de maquillage, jetant des regards noirs à chaque vendeuse qui osait s’approchait de trop près de lui avec un air sur le visage qui disait ‘’mais qu’est-ce qu’il fout là celui-là’’. Il ne les aimait pas. Il parcourut les différents produits, ne s’attardant que sur ce qui brillait trop ou sur ce qui avait une couleur affriolante, puis, quelque chose attira son attention. Il avait levé les yeux juste au bout moment pour voir un jeune homme glisser quelque chose dans sa poche. Les lèvres de Tae Ho s’étirèrent en un sourire. C’était bien la première fois qu’il voyait un gars faire ça. Il finit d’observer le stand auquel il était posté, avant de rattraper le petit paniqué, amusé. Il ne commença même pas par un salut, même pas par un ‘’j’ai vu ce que tu as fait’’. Il se pencha juste en avant pour attraper un fond de teint et lui dire. « celui-là, c’est le meilleur que tu peux trouver, il coûte un peu cher, mais tu sais te débrouiller j'ai l'impression » il lui fit un clin d’œil, tout en lui glissant le fond de teint entre les mains. « tu verras, tu le regretteras vraiment pas, il fait une peau sublime et en plus t’as l’impression d’avoir rien mis c’est génial » Il continuait de parler, puis emporta le gamin à sa suite. « mais attend, si t’achète ça, il te fauuuut » il accentua bien sur le verbe falloir « cette poudre, genre vraiment vraiment » Il lui sourit, amicalement, mais aussi avec un petit air de ‘’je sais ce que tu fais’’.

il t’a vu. tu le sais à la façon dont il te regarde. il t’a vu mettre ce fard à paupière dans ta poche et tu paniques. est-ce qu’il va te dénoncer ? est-ce que tu étais dans la merde ? ouais sûrement. tu commences à transpirer alors qu’il se rapproche de toi. est-ce qu’il va te menacer avant de rapporter ce qu’il a vu ou alors pour que tu lui voles aussi quelque chose ? t’en sais rien et plus tu le vois avancer vers toi et plus t’as envie de fuir. sauf que t’es jambes sont comme collées au sol. t’arrives pas à bouger alors qu’il est enfin à ta hauteur. tes yeux regardent partout sauf lui et tu t’attends à tout sauf à ce qui suit. il se penche vers les fonds de teint pour en prendre un dans ses mains et t’en vanter les mérites. tu le regardes avec de grands yeux ouverts alors qu’il te fait son speech. qu’est-ce qui lui arrive ? pourquoi est-ce qu’il agit comme ça. t’es clairement sûr qu’il t’a vu dérober le fard. alors pourquoi il ne dit rien ? pourquoi agit-il comme si c’était parfaitement normal ? pas que tu vas t’en plaindre, au contraire. mais t’aimerais comprendre ses raisons. est-ce qu’il va utiliser ce qu’il a vu pour te faire du chantage, pour te faire faire ce qu’il a envie ? t’es pas rassuré face à cette éventualité. même si tu te donnes un genre, t’es trop gentil pour dire non. il te donne même le fond de teint en te faisant un clin d’œil. ce qui a juste pour effet de te rendre encore plus confus par rapport à ses intentions. il continue même à vanter les mérites du maquillage avant de t’entrainer à sa suite vers les poudres pour te dire que tu devais absolument en prendre une. il te sourit amicalement mais t’arrives pas à te détendre. t’es encore méfiant avec lui. c’est sûr qu’il aurait eu des tas d’occasion de te balancer, mais jusqu’à maintenant, il ne l’a pas fait. est-ce que tu peux lui faire confiance ? est-ce que tu dois lui faire confiance ? t’as énormément de question qui se bousculent dans ton petit crâne et t’es prêt de l’explosion. « pourquoi ? » est la seule question qui te vient. ouais t’aimerais bien savoir pourquoi il fait tout ça sans rien dire à la sécurité du magasin. « enfin, je veux dire, tu sais… pourquoi tu dis rien ? » tu n’entres pas dans les détails au cas où quelqu’un vous entende. cependant, tu sais très bien qu’il comprendra où tu veux en venir. tes yeux se posent alors sur le fond de teint qu’il t’a tendu. est-ce qu’il attend que tu le glisses dans une de tes poches pour reporter le vol ? ou veut-il simplement que tu sois pris sur le fait pour accentuer ta culpabilité ? t’en sais rien. t’es totalement perdu et confus à ses côtés. mais d’un autre côté t’es heureux qu’il s’y connaisse si bien en maquillage, au moins tu peux avoir des conseils. parce que c’est clairement pas tula qui t’en donnerait et pourtant c’est la seule fille de votre famille.

Tae Ho voyait bien que le gamin était perdu, qu’il ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait. En même temps, ce n’était pas tous les jours qu’on se retrouvait face à un gars qui arrive comme une fleur pour nous montrer tout un tas de produit. Mais ça l’amusait, et tant qu’il s’amusait, il se fichait bien de ce qu’on pouvait penser de lui. Il tendait des poudres au jeune, l’ensevelissant presque sous tous les produits et toutes les informations qu’il lui donnait. Il se considérait parfois presque comme une encyclopédie du maquillage, et c’était une de ses grandes fiertés. Il s’arrêta un moment lorsqu’il réalisé que le garçon ne suivait pas la cadence, et fronça les sourcils en entendant la question qu’il lui posa. Pourquoi… pourquoi quoi ? il ne comprenait pas trop où il voulait en venir, pourquoi c’était une question bien vague. Il s’apprêtait à lui en faire la remarque quand le plus jeune se mit à préciser le fond de ses pensées. Pourquoi… Pourquoi il ne disait rien ? Oh ! « je dis rien ? mais pourtant je parle depuis avant, non ? » Il avait un petit sourire taquin ancré sur ses lèvres, et un sourcil arqué à cause de son amusement. Tae Ho avait très bien compris où il voulait en venir, mais il avait tellement envie d’embêter le petit voleur, de le faire mariner dans son petit stress qu’il n’allait pas lui expliquer que s’il volait, c’était son problème et pas celui du plus âgé. « donc, qu’est-ce que je disais… oui ! cette poudre-là, su-per » Il fit un signe avec sa main pour accentuer ses paroles, et s’éloigna de ce stand pour migrer vers un autre. Il espérait qu’il serait suivi, mais se demandait tout de même s’il le faisait parce qu’il s’y sentait obligé ou parce que Tae Ho était une présence qui méritait qu’on suivre, qu’on admire, qu’on aime et il s’était un peu trop emporté. Il tapota le haut du crane du gamin, rigolant discrètement derrière son autre main. « allleeeeeeeeeeeeez, détend-toi un peu » Il lui attrapa les épaules pour le secouer un peu. « t’es tout crispé, tu vas avoir une crampe, c’pas la peine » Il tenta de le faire sourire un peu. Ohlala. C’était peut-être un bien piètre voleur qu’il avait en face de lui, mais plus il était tendu, plus il allait se faire remarquer de toute façon. Il avait bien envie de se jouer de lui, mais en même temps il lui faisait de la peine… Non, il allait encore le faire attendre encore un peu. « dis-moi, au fait, c’est pour toi tout ça ? » Il montra ses mains, et aussi ses poches.

tu suis le type sans savoir à quoi tu dois t’attendre. est-ce qu’il va te balancer quand tu t’y attendras le moins ? est-ce qu’il va garder ton secret ? t’en sais strictement rien. alors pour le moment, tu n’as pas d’autres choix que de le suivre sans broncher. après tout, il te tient, tu ne peux rien dire. t’es pas spécialement effrayé par le fait de te faire chopper, mais plus par le fait que tu n’arrives pas à savoir ce qu’il te veut. si dès le début il t’avait dit ce qu’il avait en tête peut-être que tu ne serais pas aussi stressé à l’idée de rester avec cet inconnu. pourtant plus le temps passe et plus t’arrives à l’apprécier un peu. en fait, s’il n’y avait pas cette épée de damoclès au-dessus de ta tête, tu aurais même pu prendre plaisir à l’entendre te parler de maquillage. c’est rare d’ailleurs de trouver un mec qui s’y connait autant et c’est le cas de ce mec. cependant, tu ne peux pas t’empêcher de lui demander pourquoi il ne dit rien par rapport à ce qu’il t’a vu faire. sa réponse te prend au dépourvu et tu lèves des yeux perdus vers lui. est-ce qu’il le fait exprès ou c’est juste pour t’emmerder ? tu sais pas vraiment et t’as du mal à le cerner. t’as l’impression qu’il t’enfonce avec lui dans sa conversation sur les poudres sans que tu ne puisses t’en sortir. t’y comprends vraiment rien et encore moins quand il reprend sur ce qu’il disait avant que tu le coupes pour lui demander la raison de son silence. tu le suis sans un mot dans un autre rayon sans vraiment t’en rendre compte. t’aurais pu profiter de ce moment pour t’enfuir en courant avant qu’il ne puisse t’exposer. mais non, tu restes. sûrement parce que tu es intrigué par cet homme qui te ressemble mais qui en même temps est tellement différent de toi. il te tapote le crâne comme on le ferait avec un gamin et tu ne peux pas t’empêcher de grimacer. t’es plus un enfant et même quand tu l’étais, tu supportais pas ce genre de comportement. d’ailleurs, il te secoue même un peu après t’avoir demandé de te détendre et tu peines à ne rien laisser tomber. c’est quoi son problème à ce type ? pourquoi il te touche autant sans raison ? t’es pas le genre à détester le contact humain, au contraire, mais la plupart du temps c’est toi qui l’instaure ce contact. c’est rare que ce soit quelqu’un d’autre. t’es complètement déboussolé et tu ne peux que hocher la tête sans qu’aucun son ne sorte de ta bouche. il est bien mignon mais comment tu peux te détendre alors qu’à tout moment il peut te faire mener au poste. tu soupires même avant de le regarder encore plus perdu. c’est bien la première fois qu’on te demande si le maquillage que tu as dans les mains est pour toi. d’ordinaire, on te demande si c’est pour ta copine ou pour ta sœur, jamais pour toi. c’est bien une première fois et tu ouvres la bouche et les yeux de surprise. il ne cessera jamais de te surprendre alors que ça ne fait que quelques minutes qu’il est entré dans ta vie. « euh… » commences-tu avant de te stopper à la rechercher de tes mots. bien sûr que tu vas lui dire la vérité, mais tu sais pas encore comment tu vas formuler ta phrase. « oui c’est pour moi… » finis-tu par avouer après quelques secondes de silence. t’as jamais eu honte de te maquiller, de porter des vêtements que seul toi apprécie ou même d’avoir des couleurs de cheveux remarquables. mais là, devant lui, tu sais pas pourquoi, mais t’es presque gêné, comme s’il te jugeait. « pourquoi ? » demandes-tu plus sur la défensive que tu l’aurais voulu. ton regard se fait suspicieux et tu prépares ton cœur à être blessé. t’as jamais prêté attention à ce qu’on pensait de toi, mais ça fait quand même un peu mal quand on te fait des réflexions sur la personne que tu es.

Il était peut-être timide, le gamin, se disait Tae Ho. Timide et mal à l’aise en société, il ne savait pas. Il n’y avait pas beaucoup de mot qui quittaient sa bouche, et malgré ses efforts pour le secouer un peu, il ne parlait pas plus. Ce n’était pas grave, l’homme était tout à fait capable de tenir une conversation, aussi longue que courte, seul comme un grand. Il avait assez d’idées en tête pour tenir des heures sans s’arrêter, et ce n’était pas un petit silencieux qui allait l’arrêter. Bon. Il voulait tout de même qu’il parle un peu. Peut-être il ne lui laissait pas le temps d’en poser une ? il s’arrêta une petite seconde pour contempler cette idée… non, il ne parlait pas énormément, s’il devait qualifier son rythme de parole, il dirait qu’il se situe dans un jour lent. Il se remit à sourire, essayant de mettre l’enfant en confiance… Ça ne semblait pas marcher. Le pauvre se contentait de hocher la tête… Bon Tae Ho, calme toi un peu, t’es peut-être un peu trop motivé, y’a des gens qui ne supportent pas ça. Il se tut, attendant qu’il parle un peu, qu’il te sorte quelques mots, même une petite onomatopée ça t’irait et… Ah ! Enfin ! Le maquillage était donc pour lui, il avait vu juste. Son visage s’illumina encore plus qu’il ne l’était avant. « ah ! » Il continua de regarder les stands et étagères face à lui. « j’avais raison, je le savais » Même si cela lui brûlait les lèvres, il évitait tout commentaire sur le fait qu’il parlait enfin (même si cela n’avait été que 4 ou 5 mots), craignant qu’il se taise définitivement à cause de ce petit commentaire. Il plantait carrément ses ongles dans la pauvre de sa main pour se retenir… Il aimait bien trop taquiner les gens, mais le petit semblait si stressé qu’il était certain que cela n’allait pas être bien reçu. Il entendit le ton de ce pourquoi, et essaya d’analyser le pourquoi du comment. Est-ce qu’il se sentait agressé ? Il le regarda, une petite moue compatissante sur sa belle gueule. « ohlala je te juge pas » Il lui fit un petit clin d’œil, avant de se reconcentrer sur tous les produits (il sentait bien qu’ils comprenaient bien mieux le langage des cosmétiques que le langage de son interlocuteur). « c’était pour savoir ce que je devais te montrer. si c’est pour toi c’est plus facile de choisir que pour une de tes conquêtes » Il regarda une poudre colorée, regardant les ingrédients derrière alors qu’il s’en fichait éperdument, en réalité. Bon, maintenant qu’il avait bien ça derrière la tête, il pouvait continuer ses petites recherches. Il se fichait bien de l’embêter, il embêtait tout le monde, de toute façon. Il aimait bien s’imposer dans les vies des gens, se mêler à leurs conversations, à parler à un inconnu comme si c’était son meilleur ami. Il se souvient même, une fois, il s’était installé à une table à un café où il y avait déjà 3 personnes… C’était les meilleurs moments de sa vie. Il s’arrêta, posa ses poings sur ses hanches, et se plaça face au plus jeune. « tu t’appelles comment ? et t’inquiète pas, je vais pas te dénoncer. » Il leva un peu les yeux au ciel. Tae Ho n’était pas une balance… sauf s’il n’aimait pas la personne.

est-ce que tu devais le remercier de fermer sa bouche et de faire comme si de rien était ? t’es pas sûr. il ne te semble pas être menaçant au point qu’il révèlera à la sécurité que t’es en train de les voler, mais pas non plus amical au point que tu peux t’en faire un ami. il semble plutôt un peu fou d’ailleurs. et c’est toi qui parle, qui le trouve plus fou que tu ne l’est toi. et c’est dur pourtant, d’avoir un grain plus que toi. pourtant, au fil de la conversation t’arrives un peu à te détendre et encore plus quand il est content d’apprendre que le maquillage était pour toi. en même temps pour qui ça aurait pu être ? au squat, y a que tula et toi qui mettez du maquillage et il est hors de question que t’achète des trucs pour la jeune femme. elle se maquille de trop à ton goût pour une fille. et le pire, c’est qu’elle pourrait dire la même chose de toi. tu te maquilles de trop pour un mec. t’es d’ailleurs le seul à te maquiller. habitude prise du cirque qui malheureusement ne t’a pas quitté en même temps que toi tu as quitté le chapiteau. tu finis par demander pourquoi il te pose cette question sur un ton un peu trop agressif. t’es sur la défensive. pourquoi ? tu sais pas vraiment. est-ce qu’il te juge ? est-ce qu’il va se moquer ? t’es pas certain vu la façon dont il te présente les produits comme s’il était dans son environnement. c’est juste que t’es méfiant de nature et encore plus avec les gens que tu connais pas. sa voix te parvient et tu le regardes en biais. il te juge pas mais tu continues de le regarder suspicieux quand il se retourne vers les cosmétiques et qu’il reprend la parole. tu ouvres la bouche surpris. est-ce que t’as l’air d’un type qui collectionne les conquêtes ? s’il dit ça c’est que ça doit être vrai. ou alors, t’as pas l’air de quelqu’un qui puisse se poser ? est-ce qu’il le voit qu’émotionnellement parlant t’es instable ? sûrement vu la façon dont tu te comportes avec lui. tu pousses un soupir alors qu’il continue de faire ses trucs. ce serait le bon moment pour prendre la fuite et le planter là. mais il t’intrigue, peut-être trop d’ailleurs. alors, tu restes près de lui et ce alors même que tu pourrais partir sans qu’il ne dise quelque chose. il s’arrête et tu sursautes presque tant tu ne t’y attendais pas. il te demande alors ton prénom et t’annonce encore une fois qu’il ne te dénoncera pas. tu te détends un peu mais pas trop. on sait jamais ce qui pourrait se passer. s’il décidait de changer d’avis, fallait que tu sois quand même alerte. « picsou. » réponds-tu pour ton prénom. il a pas besoin de savoir ton réel. ton surnom c’est parfait et tant pis s’il ne s’en contente pas. « et toi ? » questionnes-tu à ton tour plus par politesse que pour réellement savoir. ça t’intéresse pas vraiment de savoir ça. tu plantes alors ton regard dans le sien. « j’peux vraiment te faire confiance ? » tu demandes parce que t’es pas encore prêt à lui faire confiance, mais tu peux tendre vers une confiance s’il répond par l’affirmative.

Il avait essayé, vraiment, il avait essayé de se retenir de rire lorsqu'il avait entendu le plus jeune lui donner ce prénom farfelu, mais il n'avait pas pu, et si le léger pouffement ce serait à peine entendu au départ, mais le fait qu'il avait finit par manquer d'air à cause de la concentration qu'il avait pour ne pas se moquer de picsou, le força à prendre une énorme respiration qui le fit rire, au final. C'était malheureux, il ne voulait pas se moquer, parce que déjà le jeune paraissait assez susceptible et pas trop sûr de lui, mais aussi parce qu'il avait quand même l'air sympa, et c'était malheureux de s'apporter si facilement la foudre des gens. Il réussit finalement à se calmer suffisamment pour répondre à sa question, espérant ne pas l'avoir vexé. « picsou... dis donc, c'est original ça » commença-t-il avec un sourire en coin, se retenant une nouvelle fois de rire. « moi c'est tae ho, enchanté » répondit-il avec son sourire éternellement charmeur, celui qu'il utilisait à chaque fois qu'il se présentait à une nouvelle personne, et qui faisait briller les yeux des filles, étonnait certains garçons, et en dégoûtait d'autres. Il fut surpris de constater que le garçon ne semblait toujours pas lui faire confiance et il se demandait ce qu'il devait faire pour qu'il arrête enfin de stresser sur le fait qu'il pourrait potentiellement le dénoncer. « mon mignon » dit-il en déposant lourdement sa main sur l'épaule de picsou, dans un geste totalement théâtral. « si j'avais voulu te dénoncer, de 1) je me serais pas emmerdé à venir te parler, de 2) tu serais déjà passé par la porte, et de 3) j'ai la tête d'une sale balance ? j'suis pas miss catho » dit-il, tout en sachant que le pauvre picsou ne comprendrait pas sa référence à miss catho, celle qui était tellement in love de Jésus qu'elle dénonçait ses potes pour de la drogue... Il grimaça. « mais bon, j'ai l'impression que je t'embête donc je vais te laisser ? » Il finit par dire, lâchant les épaules du garçon.

tu vois bien à son expression que ton surnom le fait rire, mais qu’il se retient. t’as pas été tout à fait honnête avec lui. t’aurais du lui donner ton prénom et pas ton surnom. mais ce surnom fait partie de toi. il est toi. il te correspond tellement qu’il est presque écrit sur ta carte d’identité. tu ne pourras jamais te défaire de ce nom et ce même si tu le voudrais. c’est comme ça au squat vous avez tous un surnom qui vous est propre et qui restera collé à vous pendant toute votre vie. le jeune homme finit par rire et tu n’es pas vexé du tout. t’as l’habitude d’entendre les moqueries quand tu te présentes en tant que picsou. « enchanté tae ho. et picsou c’est qu’on surnom… mais c’est pratiquement mon prénom. » que tu réponds avec un léger sourire, te décrispant un tout petit peu. tu pourrais lui raconter ton histoire et celle des gamins, mais t’es pas assez proche de lui pour ça. tu commences tout juste à te sentir un peu moins menacé. pourtant t’arrives pas totalement à lui faire confiance et du coup, tu demandes te méfiant encore un peu. tu sens que ça commence à l’agacer ton comportement et tu tiques légèrement quand il pose sa main sur ton épaule et t’appelles mon mignon. tu pourrais le rembarrer facilement, mais tu ne fais rien l’écoutant te parler. tu te rends compte qu’il marque plusieurs points dans ses paroles. s’il l’avait voulu y a bien longtemps que tu aurais été escorté dehors avec deux policiers t’encadrant. cependant, ce n’est pas le cas, puisque t’es toujours dans le magasin avec lui. t’hausses un sourcil quand il te parle d’une miss catho. c’est qui celle-là encore ? c’est une personne ? ou c’est une référence coréenne que tu n’as pas compris ? encore un truc où toi, le pauvre petit japonais tu captes que dalle. t’as beau avoir eu un père coréen, vu que t’as passé pas mal d’années avec des japonais, y a encore des choses qui t’échappent. tu le vois grimacer et il te lâche enfin. tu pousses un soupir. « non c’est bon. désolé… j’ai pas pour habitude de faire confiance aux gens. » que t’avoues. t’es plutôt méfiant quand il s’agit d’étrangers. cependant, avec lui t’es prêt à faire des efforts. d’ailleurs pour lui prouver, tu vas lui donner ton vrai prénom. « j’m’appelle ji soo. » c’est un grand pas pour toi et t’espères qu’il appréciera ton effort. c’est pas souvent que tu laisses quelqu’un entrer dans ton intimité de cette façon.