music ☽ Elle a quelque chose Hojoo,
quelque chose en moi, quelque chose qui déconne.
Elle est pas si différente d’moi Hojoo au fond – l’danger la fait vibrer, l’danger l’attire comme une flamme.
Elle aussi elle a envie d’vivre. Envie d’vivre quitte à en crever. Peut-être même envie d’vivre justement à en crever.
C’pour ça qu’j’me suis promis qu’j’tomberais pas seul. C’pour ça qu’Hojoo, j’ai promis d’l’entraîner avec moi, d’la faire sombrer avec moi jusqu’en enfer s’il le faut. Parce qu’un gars comme moi peut pas finir autre part qu’en enfer.
Même si l’enfer, j’y suis déjà.
« Salut miss HJ, » que j’réponds, alors qu’elle m’taxe ma clope. J’arque un sourcil, j’souris, j’rigole quand elle m’pose sa question – j’hausse les épaules aussi.
« En enfer. » En fait j’sais pas où j’ai envie d’aller, j’sais pas où j’ai envie d’fuir. Nulle part, y a nulle part qui m’vient en tête.
J’veux juste m’éloigner. Mais j’sais même pas d’quoi m’éloigner.
Des souvenirs, d’la réalité ?
Ouais c’sûrement ça. J’veux m’éloigner d’ce monde trop pourri, d’ce monde qu’a une certaine justice pourtant. C’était à prévoir qu’un mec comme moi pouvait pas crever autrement qu’rongé d’l’intérieur.
J’la visualise déjà, la maladie qui m’bouffe. J’la vois quand j’ferme les yeux, gravé sous mes paupières, gravé sur ma rétine. J’la vois partout.
Et c’est ça que j’veux fuir. C’est ça qu’j’veux fuir, en entraînant Hojoo avec moi (quitte à chuter avec elle).
J’tends la main, j’souris. Sourire en coin, sourire ironique, sourire provocant, certainement pas rassurant. J’souris, glisse un « tu m’suis ? » alors qu’mes doigts attrapant les siens.
C’est pas doux, c’est pas romantique – c’est rude, sûrement trop agressif.
C’est moi ouais, c’est moi, elle est habituée maintenant Hojoo. J’la soupçonne même d’aimer ça au fond. Parce qu’y a la violence, et puis y a l’danger aussi.
L’adrénaline, l’sang qui coule dans les veines comme un torrent déchaîné.
Et ça fait du bien, ça fait tellement de bien. Tu l’ressens ça aussi Hojoo, non ?
C’est sûrement pour ça qu’j’aime bien passer du temps avec elle – parce qu’elle m’suivrait partout, petite fille en quête d’aventures. Parce qu’elle s’défendra pas, elle montera pas sur ses grands cheveux.
Parce qu’elle plongera avec moi. A en perdre la tête.
Avec moi.
Alors sans prévenir j’la tire, j’commence à marcher, et puis j’accélère. J’sais pas pourquoi, juste pour sentir l’vent sur ma face, la décharge courir dans mes veines. Juste pour m’sentir heureux, un peu.
Et comme un chien qui flaire sa piste, quand j’commence à entendre une musique, c’est par instinct que j’me dirige vers elle. Une fête.
« Tu veux t’amuser ? »
Et le sourire sur mes lèvres.