THERAPY ☄ dukah
Invité
Invité
THERAPY ☄ dukah | Dim 19 Mar - 14:50 Citer EditerSupprimer
give me a therapy
i'm a walking travesty
i'm a walking travesty
han jae duk & goo ah reum
music ☽ Ça fait des minutes, peut-être des heures, sûrement même des jours, que j’tourne en rond.
J’ai perdu la notion du temps au bout du cinquième verre, de la deuxième piqûre.
J’ai plus conscience de rien, j’me rappelle plus de rien – j’me sens juste vivant. J’me sens juste vivant l’espace d’une nuit, un jour, une éternité.
Jusqu’à c’que j’me réveille dans un appart que j’connais pas, dans un lit que j’connais pas, avec une meuf que j’connais pas. Elle dort et moi j’me casse.
J’titube dans les rues, j’sais pas trop où j’vais, j’sais juste que j’vais quelque part.
J’aperçois mon reflet sur la fenêtre d’une voiture, j’souris. J’ai pas fière allure, j’ressemble à un déchet mais c’pas grave, j’ai l’habitude. La coupure sur la joue, aussi, j’ai l’habitude. J’sais pas comment j’me la suis faite, j’ai aucun souvenir.
Mais en fait j’m’en fous.
J’me souris à moi-même, j’me dis qu’au moins j’suis encore vivant.
Plus pour longtemps mais ça aussi j’m’en fous. J’vais pouvoir rejoindre papa, lui dire qu’c’est un gros con d’s’être barré comme ça – même si la vie après la mort j’y crois pas. Moi j’crois qu’y a qu’du néant. Qu’quand on meurt, on meurt et c’est tout. Y a rien après.
Mais j’aime bien l’idée d’pouvoir engueuler mon incapable d’paternel.
Ma mère aussi peut-être. Lui d’mander pourquoi elle s’est cassée comme ça, sans un mot. Elle avait pas l’droit d’me quitter, elle aussi. Elle m’avait promis d’rester, promis d’survivre. Et finalement elle a crevé sans un mot. De toute manière les promesses j’y ai jamais cru, elle a fait qu’me confirmer dans mes pensées.
C’pour ça qu’j’fais des promesses. Parce que j’sais qu’j’les tiendrais pas. Mais ça m’fait rire d’voir des gens qui y croient, qui en sont persuadés. Qui finissent tous par apprendre qu’moi, on peut pas m’faire confiance. Parce que j’suis pas un mec bien.
J’suis juste un déchet.
C’est c’qu’ils m’disaient tous, mes profs. Pas forcément à haute voix, mais dans leurs yeux. Dans leurs yeux pleins de mépris et d’haine.
Mais j’ai fini par obtenir la vie qu’j’voulais. L’reste j’en veux pas, l’reste ça m’sert à rien. Tant que j’peux bouffer, tant que j’peux faire c’que j’veux, sans avoir à rendre d’comptes à personne.
Et là j’sais pas c’que j’fais, j’sais pas c’que j’veux. J’sais juste que j’traîne, l’esprit vide. Et qu’j’atterris près du dortoir des neugdae.
Enfin j’crois qu’c’est ça.
J’y mets pas souvent les pieds, j’connais pas c’lieu, j’connais pas beaucoup d’neugdae non plus.
Et en fait tout ça, ça m’intéresse pas. La vie étudiante ça m’a jamais intéressé même si y a pleins d’étudiantes canons faut l’avouer. Et c’plus facile d’pécho pendant leurs soirées – elles boivent, elles ont plus trop conscience d’rien. Elles sont moins farouches non plus.
L’défi j’en ai rien à foutre. D’fierté, j’en ai pas. Tant que j’peux tirer un coup, ça m’va. Même si elles sont aussi faciles qu’la pute trouvée au coin d’une rue. Même si elles sont moches aussi parfois. Faut bien s’satisfaire de c’qu’on trouve.
C’est c’que papa m’disait souvent. Sauf qu’lui, il est pas mal tombé, maman était quand même bien canon.
(J’pense qu’c’est d’elle que j’tiens, vu sa gueule à lui.)
J’me laisse tomber d’vant l’dortoir, j’adresse un sourire à deux nanas qu’en sortent, et j’attends.
J’sais pas quoi.
Mais j’attends.
(Qu’elle sorte, peut-être.)