CIGARETTE DAYDREAMS ☄ jiduk
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CIGARETTE DAYDREAMS ☄ jiduk | Sam 25 Mar - 19:31 Citer EditerSupprimer
you wanna find peace of mind
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lim ji hye & han jae duk
music ☽☽☽
J'ai faim.
J'sais pas d'puis combien d'temps j'ai pas bouffé, j'sais même pas d'puis combien d'temps j'suis ici, à Séoul.
Une nouvelle vie qu'ils disaient. Mon cul ouais, dans mon ancienne vie au moins j'avais d'quoi m'remplir l'ventre. Là j'ai plus rien.
A peine une poignée d'pièces dans la poche, quelques billets à la banque. Et puis c'compte bloqué, accessible qu'à ma majorité. Tout c'fric, le reste d'l'héritage, inaccessible, ça m'fout la haine.
Qu'est-ce qu'elle est conne ma mère d'avoir fait ça.
Mais j'ai même plus l'énergie d'la détester.
J'ai peine à la forcer d'foutre la main dans la poche, d'ramasser l'peu qui s'y trouve pour m'acheter la première chose que j'peux au combini. Même pas d'quoi m'rassasier une heure. Mais pour moi un véritable trésor.
J'savoure pas, j'avale tout, et puis j'ressors, et puis j'déambule comme d'habitude. En c'moment, j'crèche pas loin d'une maison. J'ai cru comprendre qu'la meuf qui vit ici est malade, va fréquemment à l'hôpital. Là elle est censée y être.
Et quoi j'vois son père qui s'taille, j'sais déjà c'que j'vais faire.
J'attends quelques minutes. J'ai pas d'montre, portable perdu y a bien longtemps, alors j'compte juste dans ma tête. Et quand l'attente m'paraît interminable, j'grimpe par-dessus l'ptit portail.
J'sais pas s'ils ont des caméras. Au pire j'en ai rien à foutre. J'irai en prison et puis quoi ?
Au moins là-bas y a d'quoi manger.
Y a une fenêtre entrouverte, au premier étage. Faut escalader mais c'pas grave, j'suis plus à ça près. Tant qu'j'peux récupérer d'quoi bouffer. D'quoi m'assurer d'pouvoir manger dans les prochains jours aussi.
J'ai à peine la force d'me hisser sur la première fenêtre. J'sens déjà mon énergie qui commence à s'épuiser, la pauvre barre d'tout à l'heure qui fond comme de la glace dans mon organisme.
Putain j'déteste ça.
Mais j'ai faim.
Alors j'm'accroche, alors j'pousse sur mes jambes, j'tends le bras et au moment où j'attrape un p'tit rebord avec la main, j'entends la porte d'entrée qui s'ouvre.
Et j'me fige. Peut-être que si j'bouge plus j'pourrai m'fondre dans l'mur.
Les pensées défilent dans ma tête, moi-même j'arrive plus à suivre. Y en a qu'une qui tourne en boucle, l'incompréhension. Ils ont des gardiens ou une connerie du genre ? J'l'avais jamais remarqué.
J'commence à tourner la tête, lentement. Silencieusement. Et puis j'croise son regard. C'est pas un gardien, c'est pas une connerie du genre.
C'est une fille. Une jeune fille.
La jeune fille, celle qu'est aux portes d'la mort.
J'ai faim.
J'sais pas d'puis combien d'temps j'ai pas bouffé, j'sais même pas d'puis combien d'temps j'suis ici, à Séoul.
Une nouvelle vie qu'ils disaient. Mon cul ouais, dans mon ancienne vie au moins j'avais d'quoi m'remplir l'ventre. Là j'ai plus rien.
A peine une poignée d'pièces dans la poche, quelques billets à la banque. Et puis c'compte bloqué, accessible qu'à ma majorité. Tout c'fric, le reste d'l'héritage, inaccessible, ça m'fout la haine.
Qu'est-ce qu'elle est conne ma mère d'avoir fait ça.
Mais j'ai même plus l'énergie d'la détester.
J'ai peine à la forcer d'foutre la main dans la poche, d'ramasser l'peu qui s'y trouve pour m'acheter la première chose que j'peux au combini. Même pas d'quoi m'rassasier une heure. Mais pour moi un véritable trésor.
J'savoure pas, j'avale tout, et puis j'ressors, et puis j'déambule comme d'habitude. En c'moment, j'crèche pas loin d'une maison. J'ai cru comprendre qu'la meuf qui vit ici est malade, va fréquemment à l'hôpital. Là elle est censée y être.
Et quoi j'vois son père qui s'taille, j'sais déjà c'que j'vais faire.
J'attends quelques minutes. J'ai pas d'montre, portable perdu y a bien longtemps, alors j'compte juste dans ma tête. Et quand l'attente m'paraît interminable, j'grimpe par-dessus l'ptit portail.
J'sais pas s'ils ont des caméras. Au pire j'en ai rien à foutre. J'irai en prison et puis quoi ?
Au moins là-bas y a d'quoi manger.
Y a une fenêtre entrouverte, au premier étage. Faut escalader mais c'pas grave, j'suis plus à ça près. Tant qu'j'peux récupérer d'quoi bouffer. D'quoi m'assurer d'pouvoir manger dans les prochains jours aussi.
J'ai à peine la force d'me hisser sur la première fenêtre. J'sens déjà mon énergie qui commence à s'épuiser, la pauvre barre d'tout à l'heure qui fond comme de la glace dans mon organisme.
Putain j'déteste ça.
Mais j'ai faim.
Alors j'm'accroche, alors j'pousse sur mes jambes, j'tends le bras et au moment où j'attrape un p'tit rebord avec la main, j'entends la porte d'entrée qui s'ouvre.
Et j'me fige. Peut-être que si j'bouge plus j'pourrai m'fondre dans l'mur.
Les pensées défilent dans ma tête, moi-même j'arrive plus à suivre. Y en a qu'une qui tourne en boucle, l'incompréhension. Ils ont des gardiens ou une connerie du genre ? J'l'avais jamais remarqué.
J'commence à tourner la tête, lentement. Silencieusement. Et puis j'croise son regard. C'est pas un gardien, c'est pas une connerie du genre.
C'est une fille. Une jeune fille.
La jeune fille, celle qu'est aux portes d'la mort.
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Re: CIGARETTE DAYDREAMS ☄ jiduk | Dim 26 Mar - 4:05 Citer EditerSupprimer
Cigarette Daydreams
Feat Han Jae Duk
Sick on my journey,
only my dreams will wander
these desolate moors.
Matsuo Basho
Rêves évanouis, coeur meurtri, visage décrépi. Cela fait plusieurs mois, déjà, que Ji Hye a cessé de se reconnaître. A quel moment s’est-elle perdue en route ? Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Ji Hye ne réfléchit plus correctement, son univers tourne au ralenti. Plus rien n’a de sens ; ni son sommeil où elle flotte au-dessus de rêves inexistants et plonge dans des abysses cauchemardesques, ni son éveil où tout n’est que déambulation sans but et chimères qui s’envolent jour après jour, semaine après semaine. La guérison lui semble inatteignable, la maladie interminable. Ji Hye d’habitude si rayonnante n’est plus qu’un soleil sur le coucher qui ne trouve pas de raison de briller face à cette nuit qui la dévore petit à petit. Pas de raison ou plus de raison. Les premiers mois de sa maladie étaient, ironiquement, presque faciles. Elle avait cette colère qui rugissait au plus profond de son coeur. Colère face à ce Dieu qui l’avait abandonnée à une sombre maladie, colère envers ce garçon auquel elle avait offert ses plus beaux espoirs et son plus grand amour mais qui malgré tout ça, l’avait salement abandonnée. Mais quand la colère s’évanouit, il n’y a plus rien. Plus rien pour faire battre cet organe qui lui semble maintenant bien inutile. Tout ce qu’il reste, c’est la lassitude, car l’énergie pour quoique ce soit d’autre n’y est pas. Et quand la lassitude n’est pas là, c’est la douleur, les médicaments, l'hôpital, et encore plus de médicaments. Ji Hye n’a jamais été suicidaire, n’a jamais eu envie de mourir. Pourtant, face à cette existence vide de chaleur et d'envie, elle se questionne sur ce qui la pousse à continuer, malgré tout. L’instinct de survie ? Peut-être… Cette pensée lui semble bien ridicule. Cependant, aucune autre explication ne lui vient à l’esprit.
Ji Hye s’éloigne du miroir de sa salle de bain pour aller à la fenêtre regarder la voiture de son père démarrer. C’est bientôt l’heure du déjeuner, mais il ne peut pas rester plus longtemps avec elle. Elle apprécie déjà son effort. Il lui a fait promettre de rester sage et de ne pas bouger, mais cancéreuse ou pas, l’obéissance n’a plus été la plus grande qualité de Ji Hye depuis un moment déjà. C’est avec une perruque imitant à la perfection ses cheveux de jais autrefois si longs et si beaux qu’elle décide de tenter une escapade à l’extérieur. Elle ne trompe personne cependant : son teint de porcelaine ferait pâlir un mort ; son allure générale donne l’impression qu’une simple pichenette la briserait en deux. Elle est vide de toute énergie, mais cette maison l’oppresse. Les heures qu’elle y passe sont bien trop longues. Tant pis si elle ne peut pas sortir ; elle le doit.
Ji Hye se fige lorsqu’en ouvrant la porte, ses yeux tombent un homme tentant d’escalader la façade de sa maison. Sur le coup, son coeur s’arrête. « J-Jin Kyung ? » Elle s’en veut du désespoir qui résonne dans sa voix. Qui d’autre cela pourrait-il être ? Il n’y avait que lui pour essayer de s’infiltrer chez elle par la fenêtre de sa chambre… Sa gorge se noue, son coeur éteint s’emballe. Avec dépit, elle se rend compte que sa colère évanouie ne lui a pas fait tourner la page, pas encore. Mais c’est avec un désarroi certain qu’elle finit par constater que ce n’est pas celui qu’elle se languit tellement de revoir.
Leurs corpulences sont similaires, leur taille pas bien différente. Leurs regards eux, n’ont bien entendu rien en commun. Une personne normale se serait peut-être alarmée d’une telle situation. Ji Hye n’est pas anormale mais sa réaction n’est peut-être pas des plus attendues. « Qu’est-ce que tu veux ? » Sa voix est plus neutre, plus mesurée. La fatigue y reste pour autant aussi palpable que sur son visage, mais Ji Hye ne baisse pas les yeux. Avec la mort qui plane au dessus de sa tête, ce n’est pas un voleur qui va lui faire peur. Prise d’un coup de fatigue, elle pose sa main contre le cadran de la porte. Elle en profite alors pour le détailler à nouveau, et constate que son teint n’est pas beaucoup plus lumineux que le sien, que ses vêtements ne sont pas des mieux entretenus et que son corps n’a pas l’air d’être des mieux nourris. Ji Hye soupire alors et passe son autre main dans son cou. « Ce n’est pas la peine de m’agresser si jamais tu te projettes là dedans. Si tu as faim, suis-moi. » Ji Hye ne perd pas de temps à l’entendre et retourne à l’intérieur de la maison. Sa décision peut sembler inconsciente, mais au final, c’est peut-être une bonne alternative. Plutôt que de se débattre telle une abeille prise dans les filets d’une araignée, il vaut mieux rester calme et attendre son moment.
only my dreams will wander
these desolate moors.
Matsuo Basho
Rêves évanouis, coeur meurtri, visage décrépi. Cela fait plusieurs mois, déjà, que Ji Hye a cessé de se reconnaître. A quel moment s’est-elle perdue en route ? Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Ji Hye ne réfléchit plus correctement, son univers tourne au ralenti. Plus rien n’a de sens ; ni son sommeil où elle flotte au-dessus de rêves inexistants et plonge dans des abysses cauchemardesques, ni son éveil où tout n’est que déambulation sans but et chimères qui s’envolent jour après jour, semaine après semaine. La guérison lui semble inatteignable, la maladie interminable. Ji Hye d’habitude si rayonnante n’est plus qu’un soleil sur le coucher qui ne trouve pas de raison de briller face à cette nuit qui la dévore petit à petit. Pas de raison ou plus de raison. Les premiers mois de sa maladie étaient, ironiquement, presque faciles. Elle avait cette colère qui rugissait au plus profond de son coeur. Colère face à ce Dieu qui l’avait abandonnée à une sombre maladie, colère envers ce garçon auquel elle avait offert ses plus beaux espoirs et son plus grand amour mais qui malgré tout ça, l’avait salement abandonnée. Mais quand la colère s’évanouit, il n’y a plus rien. Plus rien pour faire battre cet organe qui lui semble maintenant bien inutile. Tout ce qu’il reste, c’est la lassitude, car l’énergie pour quoique ce soit d’autre n’y est pas. Et quand la lassitude n’est pas là, c’est la douleur, les médicaments, l'hôpital, et encore plus de médicaments. Ji Hye n’a jamais été suicidaire, n’a jamais eu envie de mourir. Pourtant, face à cette existence vide de chaleur et d'envie, elle se questionne sur ce qui la pousse à continuer, malgré tout. L’instinct de survie ? Peut-être… Cette pensée lui semble bien ridicule. Cependant, aucune autre explication ne lui vient à l’esprit.
Ji Hye s’éloigne du miroir de sa salle de bain pour aller à la fenêtre regarder la voiture de son père démarrer. C’est bientôt l’heure du déjeuner, mais il ne peut pas rester plus longtemps avec elle. Elle apprécie déjà son effort. Il lui a fait promettre de rester sage et de ne pas bouger, mais cancéreuse ou pas, l’obéissance n’a plus été la plus grande qualité de Ji Hye depuis un moment déjà. C’est avec une perruque imitant à la perfection ses cheveux de jais autrefois si longs et si beaux qu’elle décide de tenter une escapade à l’extérieur. Elle ne trompe personne cependant : son teint de porcelaine ferait pâlir un mort ; son allure générale donne l’impression qu’une simple pichenette la briserait en deux. Elle est vide de toute énergie, mais cette maison l’oppresse. Les heures qu’elle y passe sont bien trop longues. Tant pis si elle ne peut pas sortir ; elle le doit.
Ji Hye se fige lorsqu’en ouvrant la porte, ses yeux tombent un homme tentant d’escalader la façade de sa maison. Sur le coup, son coeur s’arrête. « J-Jin Kyung ? » Elle s’en veut du désespoir qui résonne dans sa voix. Qui d’autre cela pourrait-il être ? Il n’y avait que lui pour essayer de s’infiltrer chez elle par la fenêtre de sa chambre… Sa gorge se noue, son coeur éteint s’emballe. Avec dépit, elle se rend compte que sa colère évanouie ne lui a pas fait tourner la page, pas encore. Mais c’est avec un désarroi certain qu’elle finit par constater que ce n’est pas celui qu’elle se languit tellement de revoir.
Leurs corpulences sont similaires, leur taille pas bien différente. Leurs regards eux, n’ont bien entendu rien en commun. Une personne normale se serait peut-être alarmée d’une telle situation. Ji Hye n’est pas anormale mais sa réaction n’est peut-être pas des plus attendues. « Qu’est-ce que tu veux ? » Sa voix est plus neutre, plus mesurée. La fatigue y reste pour autant aussi palpable que sur son visage, mais Ji Hye ne baisse pas les yeux. Avec la mort qui plane au dessus de sa tête, ce n’est pas un voleur qui va lui faire peur. Prise d’un coup de fatigue, elle pose sa main contre le cadran de la porte. Elle en profite alors pour le détailler à nouveau, et constate que son teint n’est pas beaucoup plus lumineux que le sien, que ses vêtements ne sont pas des mieux entretenus et que son corps n’a pas l’air d’être des mieux nourris. Ji Hye soupire alors et passe son autre main dans son cou. « Ce n’est pas la peine de m’agresser si jamais tu te projettes là dedans. Si tu as faim, suis-moi. » Ji Hye ne perd pas de temps à l’entendre et retourne à l’intérieur de la maison. Sa décision peut sembler inconsciente, mais au final, c’est peut-être une bonne alternative. Plutôt que de se débattre telle une abeille prise dans les filets d’une araignée, il vaut mieux rester calme et attendre son moment.
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Re: CIGARETTE DAYDREAMS ☄ jiduk | Dim 26 Mar - 14:21 Citer EditerSupprimer
you wanna find peace of mind
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lim ji hye & han jae duk
music ☽☽☽
J’me dis qu’elle est là, j’me dis qu’elle pourrait appeler les flics, j’me dis que j’pourrais me faire coffrer.
J’me dis aussi que j’m’en fous, qu’elle peut bien le faire, j’la retiendrais pas.
J’essaierais même pas de la retenir.
Mais quand elle prend la parole, c’est absolument pas c’que j’attendais. Elle crie pas, elle hurle pas, elle menace pas. Non, juste un mot, non juste un nom.
Et j’me fige, j’ouvre la bouche, j’m’apprête à répondre.
Ma mère dirait que j’suis un enfoiré d’faire c’que j’m’apprête à répondre. Rien qu’d’envisager d’me faire passer pour le mec qu’elle appelle avec tant de désespoir, la fille.
Ma mère penserait sûrement que j’suis un crevard – mais finalement c’est elle qu’est crevée. Là où elle est, elle peut pas me juger.
Là où elle est, j’espère qu’elle peut pas m’voir.
Alors j’ouvre la bouche, mais elle reprend la parole, m’interrompt dans mon élan. Supercherie démasquée avant même d’avoir commencé, j’referme les lèvres, j’reste là, sans bouger, toujours suspendu contre son mur. Position pas très confortable, les bras qui commencent à trembler ((la faim ou la douleur ?)) mais moi j’bouge toujours pas.
Peut-être qu’à force d’rester là j’vais finir par fusionner avec le mur. Par disparaître.
Peut-être qu’à force d’pas parler, elle va finir par croire que j’suis pas là, qu’c’est qu’un mirage, une hallucination de son esprit. Peut-être la faute des médicaments. Non, sûrement. Elle rentrera chez elle, certaine d’avoir rêvé. Et moi j’pourrais continuer mes p’tites affaires.
Sauf que non, elle est pas conne. Sauf que oui, elle sait. Et pourtant ça l’empêche pas de rentrer chez elle.
Elle m’invite, et puis elle rentre.
Et là c’est moi qu’ai l’impression d’rêver. Peut-être qu’finalement j’suis écroulé sur l’caniveau, en train d’crever, et que j’imagine tout ça. Mais dans l’doute, j’me laisse tomber au sol, j’avance vers la porte, j’pose un pied à l’intérieur, jambes tremblantes.
Peut-être qu’finalement elle veut me séquestrer et puis me tuer, vendre mes organes. Mais au fond j’en ai plus rien à foutre de tout ça. J’sais juste que j’ai faim.
« J’ai faim. »
Elle m’apparaît cassée, ma voix. Sûrement à force d’avoir trop peu parlé, sûrement à force d’avoir trop crié, trop ragé, trop hurlé, à en perdre la tête. Peut-être à force d’avoir trop peu mangé aussi, d’avoir trop faim, le ventre vide.
Ou peut-être qu’j’ai plus rien, même la voix qui déserte.
« J’ai faim. »
Un peu plus fort cette fois. J’suis dans la maison, j’ai les prunelles qui parcourent les meubles, pas pour évaluer c’que j’veux voler, pas par curiosité. Ou juste la curiosité d’savoir où est la cuisine, d’savoir où est la bouffe.
« J’sais même pas si j’aurais la force d’te bousculer. Tu peux appeler la police, fais c’que tu veux. J’ai juste faim. » J’ai juste tellement faim qu’j’pourrais en crever, les entrailles en train d’se décomposer dans mon organisme. Sûrement mon estomac qui bouffe tout c’qui passe à sa portée, même mon propre corps. Ça m’étonnerait pas ça.
Papa m’racontait souvent une historie du genre, pour me faire peur, parce que ça l’faisait rire de m’voir flipper. C’était l’assurance que j’mange bien tous les repas aussi.
Mais aujourd’hui c’est pas que j’veux pas, aujourd’hui c’est que j’peux plus. Y a plus d’repas, y a plus rien.
Y a qu’moi et mon ventre affamé.
Et tous les deux on trouve enfin la cuisine, tous les deux on s’y rend enfin, on ouvre le frigo – mais on a pas l’temps. Alors on passe aux placards, j’chope la première boîte d’biscuits que j’trouve. J’l’ouvre et j’commence à dévorer, j’compte même pas, j’fous l’tout dans ma bouche et j’mâche.
Y a des miettes qui volent, mais y a mon estomac qui s’remplit aussi. Et j’ai l’impression d’être au paradis.
Pour un peu j’en pleurerais presque.
J’ai la gorge qui s’bloque, j’commence à m’étouffer, j’tousse un peu, j’tousse beaucoup, j’recrache quelques miettes, quelques bouts, et une fois calmé, j’recommence à manger. Comme un affamé.
Mais j’suis un affamé après tout.
Et j’ai tout dégueulassé, j’m’en rends compte que quand j’finis enfin l’paquet, que j’m’avise de jeter un regard à la ronde. « J’espère que tu comptes pas sur moi pour le ménage. »
J’ai repris un peu du poil de la bête, toujours dans la provocation. J’lui dirais pas merci, probablement pas maintenant. Mais j’lui lance un regard, j’plante mes yeux dans les siens.
J’souris.
J’me dis qu’elle est là, j’me dis qu’elle pourrait appeler les flics, j’me dis que j’pourrais me faire coffrer.
J’me dis aussi que j’m’en fous, qu’elle peut bien le faire, j’la retiendrais pas.
J’essaierais même pas de la retenir.
Mais quand elle prend la parole, c’est absolument pas c’que j’attendais. Elle crie pas, elle hurle pas, elle menace pas. Non, juste un mot, non juste un nom.
Et j’me fige, j’ouvre la bouche, j’m’apprête à répondre.
Ma mère dirait que j’suis un enfoiré d’faire c’que j’m’apprête à répondre. Rien qu’d’envisager d’me faire passer pour le mec qu’elle appelle avec tant de désespoir, la fille.
Ma mère penserait sûrement que j’suis un crevard – mais finalement c’est elle qu’est crevée. Là où elle est, elle peut pas me juger.
Là où elle est, j’espère qu’elle peut pas m’voir.
Alors j’ouvre la bouche, mais elle reprend la parole, m’interrompt dans mon élan. Supercherie démasquée avant même d’avoir commencé, j’referme les lèvres, j’reste là, sans bouger, toujours suspendu contre son mur. Position pas très confortable, les bras qui commencent à trembler ((la faim ou la douleur ?)) mais moi j’bouge toujours pas.
Peut-être qu’à force d’rester là j’vais finir par fusionner avec le mur. Par disparaître.
Peut-être qu’à force d’pas parler, elle va finir par croire que j’suis pas là, qu’c’est qu’un mirage, une hallucination de son esprit. Peut-être la faute des médicaments. Non, sûrement. Elle rentrera chez elle, certaine d’avoir rêvé. Et moi j’pourrais continuer mes p’tites affaires.
Sauf que non, elle est pas conne. Sauf que oui, elle sait. Et pourtant ça l’empêche pas de rentrer chez elle.
Elle m’invite, et puis elle rentre.
Et là c’est moi qu’ai l’impression d’rêver. Peut-être qu’finalement j’suis écroulé sur l’caniveau, en train d’crever, et que j’imagine tout ça. Mais dans l’doute, j’me laisse tomber au sol, j’avance vers la porte, j’pose un pied à l’intérieur, jambes tremblantes.
Peut-être qu’finalement elle veut me séquestrer et puis me tuer, vendre mes organes. Mais au fond j’en ai plus rien à foutre de tout ça. J’sais juste que j’ai faim.
« J’ai faim. »
Elle m’apparaît cassée, ma voix. Sûrement à force d’avoir trop peu parlé, sûrement à force d’avoir trop crié, trop ragé, trop hurlé, à en perdre la tête. Peut-être à force d’avoir trop peu mangé aussi, d’avoir trop faim, le ventre vide.
Ou peut-être qu’j’ai plus rien, même la voix qui déserte.
« J’ai faim. »
Un peu plus fort cette fois. J’suis dans la maison, j’ai les prunelles qui parcourent les meubles, pas pour évaluer c’que j’veux voler, pas par curiosité. Ou juste la curiosité d’savoir où est la cuisine, d’savoir où est la bouffe.
« J’sais même pas si j’aurais la force d’te bousculer. Tu peux appeler la police, fais c’que tu veux. J’ai juste faim. » J’ai juste tellement faim qu’j’pourrais en crever, les entrailles en train d’se décomposer dans mon organisme. Sûrement mon estomac qui bouffe tout c’qui passe à sa portée, même mon propre corps. Ça m’étonnerait pas ça.
Papa m’racontait souvent une historie du genre, pour me faire peur, parce que ça l’faisait rire de m’voir flipper. C’était l’assurance que j’mange bien tous les repas aussi.
Mais aujourd’hui c’est pas que j’veux pas, aujourd’hui c’est que j’peux plus. Y a plus d’repas, y a plus rien.
Y a qu’moi et mon ventre affamé.
Et tous les deux on trouve enfin la cuisine, tous les deux on s’y rend enfin, on ouvre le frigo – mais on a pas l’temps. Alors on passe aux placards, j’chope la première boîte d’biscuits que j’trouve. J’l’ouvre et j’commence à dévorer, j’compte même pas, j’fous l’tout dans ma bouche et j’mâche.
Y a des miettes qui volent, mais y a mon estomac qui s’remplit aussi. Et j’ai l’impression d’être au paradis.
Pour un peu j’en pleurerais presque.
J’ai la gorge qui s’bloque, j’commence à m’étouffer, j’tousse un peu, j’tousse beaucoup, j’recrache quelques miettes, quelques bouts, et une fois calmé, j’recommence à manger. Comme un affamé.
Mais j’suis un affamé après tout.
Et j’ai tout dégueulassé, j’m’en rends compte que quand j’finis enfin l’paquet, que j’m’avise de jeter un regard à la ronde. « J’espère que tu comptes pas sur moi pour le ménage. »
J’ai repris un peu du poil de la bête, toujours dans la provocation. J’lui dirais pas merci, probablement pas maintenant. Mais j’lui lance un regard, j’plante mes yeux dans les siens.
J’souris.
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Re: CIGARETTE DAYDREAMS ☄ jiduk | Lun 27 Mar - 3:15 Citer EditerSupprimer
Cigarette Daydreams
Feat Han Jae Duk
Un feu qu’elle pense éteint se ravive, réveillant en elle une douleur qu’elle veut enterrer et oublier à jamais. Son visage danse sous ses yeux, son doux sourire fait écho à ses innombrables souvenirs de lui. Son coeur, pour ce qu’il en reste, est prit dans un étau face à cette peine presque effacée qui l’assaille de nouveau. Sa chaleur n’est qu’une empreinte laissée contre sa peau, son odeur, elle, s’apparente à ce relent froid emplissant une pièce où on aurait trop fumé. Cet inconnu qui est là, il ne la rassure pas. Ji Hye ne sait même pas pourquoi elle lui vient en aide alors qu’il s’apprêtait sans doute à rentrer chez elle par effraction. L’erreur qu’elle a commise, de le méprendre avec celui qu’elle a toujours aimé, le seul, est celle qui entraîne son imprudence. Telle une droguée en manque de son poison, elle ne veut pas que ce trouble la quitte. Même si c’est nauséabond et vénéneux, même si ça la tue presque plus que cette stupide maladie… Elle le revoit lui, même si c'en est qu’une infime partie. Mais tout ça, au fond, ça n’a que très peu de sens. Ils n’ont rien à voir l’un avec l’autre bon sang, rien ! Et pourtant… Ji Hye vient d’avoir 18 ans. Peut-on lui en vouloir de faire encore preuve d’un trop plein de stupidité ?
La faim de ce jeune homme la tire hors de ses pensées. Là encore, elle doute. Doit-elle blâmer sa voix qui s’élève ou cette aura de détresse qu’il dégage ? Elle ne se retourne pas, mais pourtant elle le sent. Elle le sent sur ses pas, elle le sent derrière elle. Elle sent cette envie qui le consume trop fort pour rester coincée à l’intérieur de son corps. Alors cette envie l’oppresse à son tour, elle ne lui répond pas. Pas tout de suite. Il s’en fiche de toute façon, ça aussi elle peut le sentir. Ji Hye ne se met pas à sa place, mais il l’oppresse. Alors elle le guide vers la cuisine, sans se retourner. Il pourrait avoir un couteau et vouloir la planter qu’elle ne se retournerait pas. Elle ne lui fait pas confiance mais qu’est-ce que ça change de toute façon ? Confiance ou pas, la trahison te prend toujours par surprise et te la met bien profond, quoique tu fasses.
C’est d’ailleurs cette même surprise qui la saisit lorsque le jeune homme la dépasse pour ne faire plus qu’un avec sa cuisine. Ji Hye se doute qu’il ne la voit plus. Elle le regarde s’agiter, valser d’un bout à l’autre tel un lion dans la savane en quête d’une proie à dévorer. Immobile, elle continue de l’observer. Ji Hye sait qu’elle pourrait parler, mais c’est la première fois qu’elle est témoin d’un tel spectacle. Elle ne juge pas, elle ne pense rien. Elle ne sait juste pas quoi faire. Il semble se débrouiller très bien pendant quelques instants. Et puis, il tousse. Les sourcils de Ji Hye s’arquent, elle esquisse un pas. Pour l’aider. Mais elle se ravise et constate qu’il finit par se sentir mieux. Constate qu’il se perd à nouveau dans sa frénésie. Alors elle se déplace et fait le tour de la table, face à lui mais de l’autre côté. Son air neutre ne la quitte pas même s’il la provoque. Une autre Ji Hye aurait peut-être ri à cette remarque, ou se serait peut-être offusquée. Celle-ci se contente juste de hausser les épaules.
Elle ne lui rend pas son sourire, mais n’hésite pas à supporter son regard. Il paraît que les yeux sont le miroir de l’âme. Peut-il voir la sienne ? Ji Hye voit en lui ce même vide qui grandit de jour en jour, cette même envie de survivre malgré des pensées bien trop sombres pour leur jeune âge. A sa dégaine, il l’imagine tout aussi emprisonné qu’elle. Emprisonnés dans des vies qu’ils ne souhaitent pas avoir. Elle emprisonnée entre quatre murs sans horizons, lui dans un extérieur où les toits n’existent pas. Ji Hye se demande quelle a été sa vie, qu’est-ce qui l’a mené à venir devant sa porte. Sur cette réflexion, elle tourne les talons et sort quelques trucs de son frigo. Une boîte qu’elle met à réchauffer, une brique qu’elle garde en main le temps de prendre un verre. Elle le sert ; du lait. C’est bon pour les os, paraît-il. Et il semble tout aussi prêt à se briser qu’elle, sous ses airs insolents. « Je ne vois pas pourquoi je devrais appeler la police, soit dit en passant. Tu n’as rien fait de mal, si ce n’est ne pas savoir manger. » Ji Hye se doute bien qu’il a eu autre chose en tête de ne pas mettre de miettes partout. Elle ne perçoit pas cela comme une raison de lui parler comme on parlerait à un sauvage. « Et à priori, on est plus proche de tomber raides de fatigue que de s’entretuer alors, pas de danger. J’imagine. » Le bip du micro-ondes s’élevant enfin, elle sort le Tupperware et manque de le faire tomber en le posant sur la table. Une goutte brûlante tombe sur le jeune homme, Ji Hye s’excuse. « C’est chaud, désolé. » Elle prend une cuillère pour touiller quelques secondes, et pousse le tout vers lui en lui adressant un bref regard. « Assied-toi et mange. C’est pas empoisonné. Juste un peu piquant, ça réchauffe les coeurs. Soi disant. » Ce n’est qu’une soupe, préparée par le cuisinier familial, juste pour elle. Le genre de choses consistantes pour les gens malades. Ji Hye lui donne sa part, mais elle s’en fiche. Ce n’est pas de la générosité ; elle n’a pas faim et au moins, ça l’occupe. Il l’occupe. « Je ne compte pas non plus sur toi pour le ménage, mais j’espère au moins que tu pourras me dire qui tu es. » La douceur que l’on sent dans sa voix ne s’accompagne toujours pas du sourire qu’on lui aurait imaginé à cet instant. Elle s’en rend compte et réalise qu’elle ne lui a pas rendu son sourire plus tôt. Après un bref soupir, ses lèvres s’étirent en un sourire aussi délicat que sa personne. Un sourire qui ne quitte pas ses lèvres et qui n’effleure pas son regard.
La faim de ce jeune homme la tire hors de ses pensées. Là encore, elle doute. Doit-elle blâmer sa voix qui s’élève ou cette aura de détresse qu’il dégage ? Elle ne se retourne pas, mais pourtant elle le sent. Elle le sent sur ses pas, elle le sent derrière elle. Elle sent cette envie qui le consume trop fort pour rester coincée à l’intérieur de son corps. Alors cette envie l’oppresse à son tour, elle ne lui répond pas. Pas tout de suite. Il s’en fiche de toute façon, ça aussi elle peut le sentir. Ji Hye ne se met pas à sa place, mais il l’oppresse. Alors elle le guide vers la cuisine, sans se retourner. Il pourrait avoir un couteau et vouloir la planter qu’elle ne se retournerait pas. Elle ne lui fait pas confiance mais qu’est-ce que ça change de toute façon ? Confiance ou pas, la trahison te prend toujours par surprise et te la met bien profond, quoique tu fasses.
C’est d’ailleurs cette même surprise qui la saisit lorsque le jeune homme la dépasse pour ne faire plus qu’un avec sa cuisine. Ji Hye se doute qu’il ne la voit plus. Elle le regarde s’agiter, valser d’un bout à l’autre tel un lion dans la savane en quête d’une proie à dévorer. Immobile, elle continue de l’observer. Ji Hye sait qu’elle pourrait parler, mais c’est la première fois qu’elle est témoin d’un tel spectacle. Elle ne juge pas, elle ne pense rien. Elle ne sait juste pas quoi faire. Il semble se débrouiller très bien pendant quelques instants. Et puis, il tousse. Les sourcils de Ji Hye s’arquent, elle esquisse un pas. Pour l’aider. Mais elle se ravise et constate qu’il finit par se sentir mieux. Constate qu’il se perd à nouveau dans sa frénésie. Alors elle se déplace et fait le tour de la table, face à lui mais de l’autre côté. Son air neutre ne la quitte pas même s’il la provoque. Une autre Ji Hye aurait peut-être ri à cette remarque, ou se serait peut-être offusquée. Celle-ci se contente juste de hausser les épaules.
Elle ne lui rend pas son sourire, mais n’hésite pas à supporter son regard. Il paraît que les yeux sont le miroir de l’âme. Peut-il voir la sienne ? Ji Hye voit en lui ce même vide qui grandit de jour en jour, cette même envie de survivre malgré des pensées bien trop sombres pour leur jeune âge. A sa dégaine, il l’imagine tout aussi emprisonné qu’elle. Emprisonnés dans des vies qu’ils ne souhaitent pas avoir. Elle emprisonnée entre quatre murs sans horizons, lui dans un extérieur où les toits n’existent pas. Ji Hye se demande quelle a été sa vie, qu’est-ce qui l’a mené à venir devant sa porte. Sur cette réflexion, elle tourne les talons et sort quelques trucs de son frigo. Une boîte qu’elle met à réchauffer, une brique qu’elle garde en main le temps de prendre un verre. Elle le sert ; du lait. C’est bon pour les os, paraît-il. Et il semble tout aussi prêt à se briser qu’elle, sous ses airs insolents. « Je ne vois pas pourquoi je devrais appeler la police, soit dit en passant. Tu n’as rien fait de mal, si ce n’est ne pas savoir manger. » Ji Hye se doute bien qu’il a eu autre chose en tête de ne pas mettre de miettes partout. Elle ne perçoit pas cela comme une raison de lui parler comme on parlerait à un sauvage. « Et à priori, on est plus proche de tomber raides de fatigue que de s’entretuer alors, pas de danger. J’imagine. » Le bip du micro-ondes s’élevant enfin, elle sort le Tupperware et manque de le faire tomber en le posant sur la table. Une goutte brûlante tombe sur le jeune homme, Ji Hye s’excuse. « C’est chaud, désolé. » Elle prend une cuillère pour touiller quelques secondes, et pousse le tout vers lui en lui adressant un bref regard. « Assied-toi et mange. C’est pas empoisonné. Juste un peu piquant, ça réchauffe les coeurs. Soi disant. » Ce n’est qu’une soupe, préparée par le cuisinier familial, juste pour elle. Le genre de choses consistantes pour les gens malades. Ji Hye lui donne sa part, mais elle s’en fiche. Ce n’est pas de la générosité ; elle n’a pas faim et au moins, ça l’occupe. Il l’occupe. « Je ne compte pas non plus sur toi pour le ménage, mais j’espère au moins que tu pourras me dire qui tu es. » La douceur que l’on sent dans sa voix ne s’accompagne toujours pas du sourire qu’on lui aurait imaginé à cet instant. Elle s’en rend compte et réalise qu’elle ne lui a pas rendu son sourire plus tôt. Après un bref soupir, ses lèvres s’étirent en un sourire aussi délicat que sa personne. Un sourire qui ne quitte pas ses lèvres et qui n’effleure pas son regard.
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Re: CIGARETTE DAYDREAMS ☄ jiduk | Mer 29 Mar - 20:24 Citer EditerSupprimer
you wanna find peace of mind
looking for the answer
looking for the answer
lim ji hye & han jae duk
music ☽☽☽
Maman, elle disait toujours ça,
on ne se rend compte de ce que l'on a, que quand on l'a perdu.
J'ai jamais de quoi elle parlait, elle m'l'a jamais dit. Y avait cette nostalgie dans son regard, mais moi j'lui ai pas vraiment posé la question.
J'm'en foutais en fait.
Aujourd'hui j'me rends juste compte à quel point elle avait raison. C'est quand j'ai plus eu d'quoi bouffer, que j'ai découvert qu'j'avais d'la chance d'avoir à bouffer avant.
L'avantage c'est qu'maintenant, j'sais en profiter. En profiter pour dévorer jusqu'à plus faim. Comme j'le fais avec ces foutus biscuits. En vérité, si on m'demandait l'goût qu'ils ont, j'saurais même pas répondre.
Je mange pas, j'me contente d'avaler, sans savourer.
Ça excite peut-être pas mes papilles, mais ça ravit mon estomac vorace, qui en réclame toujours plus. Comme un monstre affamé.
J'me demande si on peut crever d'trop manger.
Puis j'me dis c'qu'c'est pas demain qu'ça m'arrivera ça. Et même si c'était l'cas, ce serait franchement une belle mort. Mieux qu'd'mourir d'faim.
J'étouffe un bâillement, j'laisse mon regard s'perdre dans la cuisine, peut-être en quête d'encore un peu d'bouffe, quand j'la vois bouger. Mettre quelque chose dans l'micro-onde, et puis remplir un verre de lait. J'ai jamais été fan d'lait. Mais j'ai plus l'courage d'faire le difficile. J'ai plus l'luxe d'faire le difficile aussi. Alors j'prends l'verre, et puis j'le vide d'un trait. Ça aide à faire passer l'tout. Ça fait du bien.
« Tomber raide de fatigue ? T'es en train de m'inviter à dormir ? » J'sais qu'c'est pas c'qu'elle a voulu dire, mais j'me dis qu'ça coûte rien d'essayer.
J'sais qu'j'devrais m'méfier, mais ça fait longtemps qu'j'me méfie plus. Ça fait longtemps qu'j'sais plus m'méfier, juste profiter des occasions tant qu'elles sont là. C'est l'principal. Et puis si j'dois en crever, bah j'crèverais.
Et là, le micro-onde sonne. Elle qui sorte la boîte, qui la dépose, moi attiré par l'odeur, obnubilé par le parfum d'la soupe. Et puis une goutte qui vole sur ma joue, m'fait sursauter. Mais qu'j'essuie sans un mot, avant de m’asseoir. Parce qu'j'ai faim. Et tant pis si j'dois subir ça pour manger.
« Ouais, j’sais pas si y a un cœur à réchauffer. » Sûrement qu’j’ai perdu l’peu d’cœur que j’avais l’jour où j’ai tout perdu. Et puis c’est quoi ces conneries même ? « Merci. » Ni plus, ni moins. En vérité j’prête à peine attention à sa tirade. J'm'en fous un peu, j'veux juste pouvoir dévorer à nouveau. Dévorer toujours, toujours plus.
Alors j’commence à avaler sa soupe. Un peu plus lentement cette fois, j’parviens au moins à prendre conscience qu’c’est quand même bon c’qu’elle m’propose.
J’me demande si elle l’a cuisiné elle-même. Ça m’fait sourire d’imaginer ça, elle a tous les airs de la gosse de riche qu’a même un domestique pour lui faire ses lacets.
Et puis ensuite j’me rends compte qu’tout ça au fond j’m’en fous.
C’est sûrement la dernière fois qu’j’la vois. Elle va crever d’toute manière, j’en suis sûr. La pitié, j’connais pas, j’vais pas pleurer sur son cas.
Mais j’me demande c’qu’on peut ressentir quand on sait qu’on va mourir.
J’finis mon repas sans un mot d’plus, l’esprit concentré sur c’que j’avale, la chaleur du liquide qui coule dans ma bouche, emplit on estomac, presque à le faire exploser. J’sais pas depuis combien d’temps j’ai pas autant manger. Sûrement un bon mois, peut-être même plus.
Sûrement depuis ma naissance, même.
Ils étaient pas hyper riches mes parents. C’est ça d’se faire déshériter par la belle famille.
Mais au moins j’aurais vécu ça une fois dans ma vie. On peut pas en dire autant d’mon père, c’tolard, c’crevard.
Probablement pire qu’moi.
J’fais claquer l'truc contre la table, j’souris à nouveau. L’sourire d’celui qu’a mangé à sa faim – enfin.
Et puis j’regarde à la ronde, j’analyse un peu mieux les lieux. J’ai l’impression d’retrouver la vue, même si j’ai aussi l’impression qu’j’vais exploser. J’pousse même l’audace jusqu’à poser mes mains sur mon ventre. Mais pas jusqu’à déboutonner mon pantalon.
On est pas dans un film quand même (et j’suis pas con comme ces mecs-là).
« Euuuuuuuuuh ouais donc tu disais quoi ? » Elle parlait quand j'commençais à manger, j’viens juste d’tilter (en fait j’avais sciemment fait semblant d’pas entendre, c’est que j’étais suffisamment occupé quand même, elle devait bien l’voir). « Tu veux savoir qui j’suis ? »
J’me demande pourquoi elle veut savoir ça. C’est pas comme si on allait s’revoir. Ni même comme si ça l’intéressait vraiment. J’suis sûr qu’elle a bien d’autres trucs à foutre. A moins qu’elle veuille faire la gamine rebelle, à jouer avec le feu.
Et j’souris à cette pensée. J’sens mes lèvres s’tordre en une moue ironique.
« J’sais pas. » J’hausse les épaules. « J’suis personne. » C’est c’qu’ils disaient tous, les profs. Qu’j’étais personne, qu’j’serais jamais personne. Juste un cas désespéré, juste un raté, un moins que rien.
Comme mon père.
Mais finalement j’aime bien être personne. Au moins t’as pas d’comptes à rendre, au moins tu peux pas décevoir. A part toi-même mais ça va, pour l’instant j’vis suffisamment bien avec moi.
J’me lève, j’contourne la table, lentement. J’souris pas, j’souris plus. Mais j’suis pas sérieux non plus. Y a toujours la lueur dans les yeux j’suis sûr. Celle qu’maman détestait parce qu’elle la jugeait trop provocante. Celle qu’avait disparu avec la bouffe.
« J’suppose qu’t’as pas fait tout ça gratos hein ? Tu veux quoi en échange ? » Et puis le sourire qui s’étire, impertinent.
J’lève la main, lentement. J’veux pas qu’elle prenne peur quand même. Et puis j’laisse mes doigts courir sur son épaule, effleurer son cou, alors que j’me baisse pour atteindre son oreille, pendant qu’mon souffle caresse sa peau. Et c’est là qu’j’chuchote enfin la dernière question, « que j’reste dormir ? »
Paraît que tout travail mérite salaire après tout,
((ou qu’tout salaire mérite travail, ici.))
Maman, elle disait toujours ça,
on ne se rend compte de ce que l'on a, que quand on l'a perdu.
J'ai jamais de quoi elle parlait, elle m'l'a jamais dit. Y avait cette nostalgie dans son regard, mais moi j'lui ai pas vraiment posé la question.
J'm'en foutais en fait.
Aujourd'hui j'me rends juste compte à quel point elle avait raison. C'est quand j'ai plus eu d'quoi bouffer, que j'ai découvert qu'j'avais d'la chance d'avoir à bouffer avant.
L'avantage c'est qu'maintenant, j'sais en profiter. En profiter pour dévorer jusqu'à plus faim. Comme j'le fais avec ces foutus biscuits. En vérité, si on m'demandait l'goût qu'ils ont, j'saurais même pas répondre.
Je mange pas, j'me contente d'avaler, sans savourer.
Ça excite peut-être pas mes papilles, mais ça ravit mon estomac vorace, qui en réclame toujours plus. Comme un monstre affamé.
J'me demande si on peut crever d'trop manger.
Puis j'me dis c'qu'c'est pas demain qu'ça m'arrivera ça. Et même si c'était l'cas, ce serait franchement une belle mort. Mieux qu'd'mourir d'faim.
J'étouffe un bâillement, j'laisse mon regard s'perdre dans la cuisine, peut-être en quête d'encore un peu d'bouffe, quand j'la vois bouger. Mettre quelque chose dans l'micro-onde, et puis remplir un verre de lait. J'ai jamais été fan d'lait. Mais j'ai plus l'courage d'faire le difficile. J'ai plus l'luxe d'faire le difficile aussi. Alors j'prends l'verre, et puis j'le vide d'un trait. Ça aide à faire passer l'tout. Ça fait du bien.
« Tomber raide de fatigue ? T'es en train de m'inviter à dormir ? » J'sais qu'c'est pas c'qu'elle a voulu dire, mais j'me dis qu'ça coûte rien d'essayer.
J'sais qu'j'devrais m'méfier, mais ça fait longtemps qu'j'me méfie plus. Ça fait longtemps qu'j'sais plus m'méfier, juste profiter des occasions tant qu'elles sont là. C'est l'principal. Et puis si j'dois en crever, bah j'crèverais.
Et là, le micro-onde sonne. Elle qui sorte la boîte, qui la dépose, moi attiré par l'odeur, obnubilé par le parfum d'la soupe. Et puis une goutte qui vole sur ma joue, m'fait sursauter. Mais qu'j'essuie sans un mot, avant de m’asseoir. Parce qu'j'ai faim. Et tant pis si j'dois subir ça pour manger.
« Ouais, j’sais pas si y a un cœur à réchauffer. » Sûrement qu’j’ai perdu l’peu d’cœur que j’avais l’jour où j’ai tout perdu. Et puis c’est quoi ces conneries même ? « Merci. » Ni plus, ni moins. En vérité j’prête à peine attention à sa tirade. J'm'en fous un peu, j'veux juste pouvoir dévorer à nouveau. Dévorer toujours, toujours plus.
Alors j’commence à avaler sa soupe. Un peu plus lentement cette fois, j’parviens au moins à prendre conscience qu’c’est quand même bon c’qu’elle m’propose.
J’me demande si elle l’a cuisiné elle-même. Ça m’fait sourire d’imaginer ça, elle a tous les airs de la gosse de riche qu’a même un domestique pour lui faire ses lacets.
Et puis ensuite j’me rends compte qu’tout ça au fond j’m’en fous.
C’est sûrement la dernière fois qu’j’la vois. Elle va crever d’toute manière, j’en suis sûr. La pitié, j’connais pas, j’vais pas pleurer sur son cas.
Mais j’me demande c’qu’on peut ressentir quand on sait qu’on va mourir.
J’finis mon repas sans un mot d’plus, l’esprit concentré sur c’que j’avale, la chaleur du liquide qui coule dans ma bouche, emplit on estomac, presque à le faire exploser. J’sais pas depuis combien d’temps j’ai pas autant manger. Sûrement un bon mois, peut-être même plus.
Sûrement depuis ma naissance, même.
Ils étaient pas hyper riches mes parents. C’est ça d’se faire déshériter par la belle famille.
Mais au moins j’aurais vécu ça une fois dans ma vie. On peut pas en dire autant d’mon père, c’tolard, c’crevard.
Probablement pire qu’moi.
J’fais claquer l'truc contre la table, j’souris à nouveau. L’sourire d’celui qu’a mangé à sa faim – enfin.
Et puis j’regarde à la ronde, j’analyse un peu mieux les lieux. J’ai l’impression d’retrouver la vue, même si j’ai aussi l’impression qu’j’vais exploser. J’pousse même l’audace jusqu’à poser mes mains sur mon ventre. Mais pas jusqu’à déboutonner mon pantalon.
On est pas dans un film quand même (et j’suis pas con comme ces mecs-là).
« Euuuuuuuuuh ouais donc tu disais quoi ? » Elle parlait quand j'commençais à manger, j’viens juste d’tilter (en fait j’avais sciemment fait semblant d’pas entendre, c’est que j’étais suffisamment occupé quand même, elle devait bien l’voir). « Tu veux savoir qui j’suis ? »
J’me demande pourquoi elle veut savoir ça. C’est pas comme si on allait s’revoir. Ni même comme si ça l’intéressait vraiment. J’suis sûr qu’elle a bien d’autres trucs à foutre. A moins qu’elle veuille faire la gamine rebelle, à jouer avec le feu.
Et j’souris à cette pensée. J’sens mes lèvres s’tordre en une moue ironique.
« J’sais pas. » J’hausse les épaules. « J’suis personne. » C’est c’qu’ils disaient tous, les profs. Qu’j’étais personne, qu’j’serais jamais personne. Juste un cas désespéré, juste un raté, un moins que rien.
Comme mon père.
Mais finalement j’aime bien être personne. Au moins t’as pas d’comptes à rendre, au moins tu peux pas décevoir. A part toi-même mais ça va, pour l’instant j’vis suffisamment bien avec moi.
J’me lève, j’contourne la table, lentement. J’souris pas, j’souris plus. Mais j’suis pas sérieux non plus. Y a toujours la lueur dans les yeux j’suis sûr. Celle qu’maman détestait parce qu’elle la jugeait trop provocante. Celle qu’avait disparu avec la bouffe.
« J’suppose qu’t’as pas fait tout ça gratos hein ? Tu veux quoi en échange ? » Et puis le sourire qui s’étire, impertinent.
J’lève la main, lentement. J’veux pas qu’elle prenne peur quand même. Et puis j’laisse mes doigts courir sur son épaule, effleurer son cou, alors que j’me baisse pour atteindre son oreille, pendant qu’mon souffle caresse sa peau. Et c’est là qu’j’chuchote enfin la dernière question, « que j’reste dormir ? »
Paraît que tout travail mérite salaire après tout,
((ou qu’tout salaire mérite travail, ici.))
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Re: CIGARETTE DAYDREAMS ☄ jiduk | Dim 16 Avr - 17:32 Citer EditerSupprimer
Cigarette Daydreams
Feat Han Jae Duk
Son père, il lui avait dit un jour : celui dont le ventre crie famine ne peut converser avec celui qui est repu. Ji Hye n’avait pas très bien compris, ce jour là. Elle l’avait même soupçonné de faire un mauvais usage de cet adage. Ils étaient dans la voiture. Ji Hye était collée contre la vitre, jusqu’à ce qu’un mendiant l’effraie et la face reculer contre son paternel. Celui-ci n’avait même pas daigné regarder le miséreux, cet homme qui avait laissé l’enfant pensive. Pourquoi ne l’aidaient-ils pas ? Ce n’est pas notre rôle, de venir en aide aux autres. Son père n’était pas le plus généreux des hommes et n’avait pas particulièrement essayé de mêler ses enfants aux différentes couches de la société. Le manque… Une notion bien inconnue à la jeune femme. Elle n’en a qu’un, de manque. Le manque de lui. Insultant serait de comparer la faim de ce jeune inconnu à un amour brisé et pourtant. Son insipide richesse ne lui permet pas de combler ce besoin omniprésent, dévorant.
Ji Hye reste un moment coite face à sa question. Elle le soupçonne de détourner volontairement l’objet de ses paroles. Cherche-t-il vraiment à rester ici ? Ji Hye n’a pas le temps de répondre que déjà, le micro-onde la coupe dans sa réflexion.
Et puis là encore, elle ne lui répond pas, plongée dans une observation presque malsaine de sa personne. Aucun de ses mouvements n’échappe à son regard, de ce coude qui se plie à ce poignet qui ondule, à ces lèvres qui se teintent de rouge sans jamais faire mouche face à la chaleur du liquide. Un sourire casse ce rythme, sourire qu’elle n’explique pas. Mais il continue à manger, il a l’air d’apprécier. Sa frénésie semble amoindrie, la fièvre qui l’habitait il y a encore quelques minutes plus contrôlée. Ji Hye ne peut qu’imaginer le contentement qu’il ressent à cet instant. Il semble enfin s’éveiller au monde, s’éveiller à ce qui l’entoure. Lui qui n’était focalisé que sur son estomac et cette faim écrasante est maintenant alerte, conscient de son environnement auquel il prête maintenant beaucoup plus d’attention. Etrangement, Ji Hye qui se vexe pourtant toujours si facilement n’est pas vraiment heurtée par le fait qu’il ne l’est pas écouté. Il fallait s’y attendre. Et finalement, c’est elle qui sourit. Personne. Tout comme cet Ulysse prêt à entourlouper le cyclope Polyphème, dont l’oeil fut crevé dans son sommeil. Doit-elle s’attendre au même sort ? Loin d’elle l’idée de dévorer ce jeune homme, cela dit. « On est tous quelqu’un. » Elle ne sait pas elle-même s’il s’agit là d’un soupçon de réconfort. « Je veux une vraie réponse. »
Son regard le suit alors qu’il se lève et se rapproche d’elle. Que veut-il maintenant ? Peut-être que c’est lui le Polyphème de cette histoire, prêt à la bouffer au moindre clignement de paupière. Ji Hye voit en lui cette irrévérence qui semblait endormie plus tôt, sans doute elle aussi trop affamée pour se montrer sous son plus beau jour. Ji Hye fronce alors les sourcils face à cette main qui se montre soudainement très audacieuse à vouloir la toucher. Elle retient un mouvement de recul, se fige pour se laisser faire. La soie de sa manche qui glisse sur son épaule n’est pas aussi douce que son toucher. Elle n’aurait pas pensé cela, pour un garçon qui galère bien plus qu’elle. Son souffle contre sa peau lui arrache un frisson, elle voit les poils fins de ses bras se hérisser face à cette soudaine proximité. Ji Hye ne sait pas ce qu’elle en pense, Ji Hye ne sait pas ce qu’elle veut répondre. Alors elle tourne la tête. Elle sent leurs lèvres si proches, la chaleur émanant du jeune homme caressant la sienne. Pourtant, son regard ne quitte pas le sien, ne s’aventure pas ailleurs. Ji Hye sait qu’un peu plus de proximité la ferait sans doute loucher. La respiration de cet inconnu tape contre sa joue, tout comme l’inverse est sans doute vrai. « Ce n’est pas ce que tu recherches depuis le départ, rester dormir ? » Elle parle tout bas, sans trop savoir pourquoi. Sans doute parce qu’il vient de donner le ton. Ou peut-être parce qu’elle ne veut pas briser cette tranquillité fébrile que leur soudaine proximité semble avoir apporté. Elle étouffe un rire, très consciente de la nouvelle dimension qu’il a apporté à cette histoire de sommeil. « Je doute que dormir avec une moitié de cadavre soit matière à fantasme ou un remboursement très honnête de ma part pour l’aide apportée. » Elle repense à certains de ses mots et laisse sa main s’aventurer sur son torse et la laisse là un moment. « Tu vois, il y a bien un coeur là-dedans. J’attends toujours une réponse, M. Personne sans coeur. »
Ji Hye reste un moment coite face à sa question. Elle le soupçonne de détourner volontairement l’objet de ses paroles. Cherche-t-il vraiment à rester ici ? Ji Hye n’a pas le temps de répondre que déjà, le micro-onde la coupe dans sa réflexion.
Et puis là encore, elle ne lui répond pas, plongée dans une observation presque malsaine de sa personne. Aucun de ses mouvements n’échappe à son regard, de ce coude qui se plie à ce poignet qui ondule, à ces lèvres qui se teintent de rouge sans jamais faire mouche face à la chaleur du liquide. Un sourire casse ce rythme, sourire qu’elle n’explique pas. Mais il continue à manger, il a l’air d’apprécier. Sa frénésie semble amoindrie, la fièvre qui l’habitait il y a encore quelques minutes plus contrôlée. Ji Hye ne peut qu’imaginer le contentement qu’il ressent à cet instant. Il semble enfin s’éveiller au monde, s’éveiller à ce qui l’entoure. Lui qui n’était focalisé que sur son estomac et cette faim écrasante est maintenant alerte, conscient de son environnement auquel il prête maintenant beaucoup plus d’attention. Etrangement, Ji Hye qui se vexe pourtant toujours si facilement n’est pas vraiment heurtée par le fait qu’il ne l’est pas écouté. Il fallait s’y attendre. Et finalement, c’est elle qui sourit. Personne. Tout comme cet Ulysse prêt à entourlouper le cyclope Polyphème, dont l’oeil fut crevé dans son sommeil. Doit-elle s’attendre au même sort ? Loin d’elle l’idée de dévorer ce jeune homme, cela dit. « On est tous quelqu’un. » Elle ne sait pas elle-même s’il s’agit là d’un soupçon de réconfort. « Je veux une vraie réponse. »
Son regard le suit alors qu’il se lève et se rapproche d’elle. Que veut-il maintenant ? Peut-être que c’est lui le Polyphème de cette histoire, prêt à la bouffer au moindre clignement de paupière. Ji Hye voit en lui cette irrévérence qui semblait endormie plus tôt, sans doute elle aussi trop affamée pour se montrer sous son plus beau jour. Ji Hye fronce alors les sourcils face à cette main qui se montre soudainement très audacieuse à vouloir la toucher. Elle retient un mouvement de recul, se fige pour se laisser faire. La soie de sa manche qui glisse sur son épaule n’est pas aussi douce que son toucher. Elle n’aurait pas pensé cela, pour un garçon qui galère bien plus qu’elle. Son souffle contre sa peau lui arrache un frisson, elle voit les poils fins de ses bras se hérisser face à cette soudaine proximité. Ji Hye ne sait pas ce qu’elle en pense, Ji Hye ne sait pas ce qu’elle veut répondre. Alors elle tourne la tête. Elle sent leurs lèvres si proches, la chaleur émanant du jeune homme caressant la sienne. Pourtant, son regard ne quitte pas le sien, ne s’aventure pas ailleurs. Ji Hye sait qu’un peu plus de proximité la ferait sans doute loucher. La respiration de cet inconnu tape contre sa joue, tout comme l’inverse est sans doute vrai. « Ce n’est pas ce que tu recherches depuis le départ, rester dormir ? » Elle parle tout bas, sans trop savoir pourquoi. Sans doute parce qu’il vient de donner le ton. Ou peut-être parce qu’elle ne veut pas briser cette tranquillité fébrile que leur soudaine proximité semble avoir apporté. Elle étouffe un rire, très consciente de la nouvelle dimension qu’il a apporté à cette histoire de sommeil. « Je doute que dormir avec une moitié de cadavre soit matière à fantasme ou un remboursement très honnête de ma part pour l’aide apportée. » Elle repense à certains de ses mots et laisse sa main s’aventurer sur son torse et la laisse là un moment. « Tu vois, il y a bien un coeur là-dedans. J’attends toujours une réponse, M. Personne sans coeur. »
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Re: CIGARETTE DAYDREAMS ☄ jiduk | Sam 29 Avr - 22:27 Citer EditerSupprimer
you wanna find peace of mind
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lim ji hye & han jae duk
music ☽☽☽
« On est tous quelqu’un. » « Pas moi. »
C’est c’qu’ils arrêtaient pas de me dire, tous – que j’valais rien, qu’j’étais personne, parce que j’avais pas d’avenir. Pas d’passé non plus.
Parce qu’j’avais strictement rien, parce que j’savais strictement rien.
Y avait les adultes en général, et puis les profs, et puis même maman – elle a jamais été d’accord avec ma manière d’vivre, ma manière d’voir l’monde. Elle a toujours cru qu’j’finirai comme p’pa quand elle l’a rencontré.
Bonne nouvelle pour elle, j’suis en train d’devenir exactement comme p’pa quand il l’a rencontrée.
J’me doute bien qu’elle, elle va finir par penser la même chose. Tout l’monde finit par penser la même chose avec moi, c’sûrement pour ça qu’j’en profite tant qu’ça dure, sûrement pour ça j’finis par m’barrer avant qu’les autres le fassent.
C’sûrement pour ça qu’j’essaie pas d’être quelqu’un d’autre, qu’j’me montre comme j’suis dès l’début.
Ça évite les complications et puis c’moins chiant après.
Alors j’me lève pour la r’joindre. Ça m’demande des efforts d’rester debout, j’préférerais m’allonger dans un coin et pioncer jusqu’à demain.
Y a encore la soupe qui m’brûle l’ventre, un peu la gorge aussi, y a l’goût des épices, l’goût d’la vie aussi – et j’aime bien ça.
Mais j’sais que j’peux pas dormir, j’sais pas si j’en ai envie aussi.
Alors à la place j’me rapproche d’elle, j’lui susurre des mots, j’attends sa réaction, j’me délecte d’cette proximité.
J’me demande c’qu’elle a dans la tête aussi.
« Ce n’est pas ce que tu recherches depuis le départ, rester dormir ? » « C’est pas c’que tu veux toi aussi ? »
Avoir un toit sous lequel dormir, ça m’dérangerait pas. Sûrement même qu’j’aimerais bien ça. J’sais pas quand c’était, la dernière fois – probablement à l’hôtel, quand j’suis arrivée, quand j’croyais avoir les sous pour survivre, avant qu’j’me rende compte qu’pas du tout.
« C’est qui le demi cadavre ? Moi ou toi ? » J’pense qu’c’est un peu des deux, j’pense qu’si on s’combinait, on arriverait sûrement à faire un cadavre entier.
Au fond on est peut-être pas si différents tous les deux. Elle, elle a sa maladie qui la bouffe, qui la détruit et puis qui la tue aussi. Moi, c’autre chose, moi c’moi-même qui m’détruis et puis qui m’tue.
J’suis ses gestes, j’vois sa main qui s’pose sur mon torse, j’souris – et j’continue malgré ses paroles. « Qui te dit que c’est mon cœur ça ? »
Le cœur, c’juste un moyen d’pomper l’sang non ?
Y a tout l’monde qui l’associe au seuil des sentiments, j’jamais été d’accord avec ça. Pour moi c’rien d’particulier. Pour moi c’juste une manière s’survivre – et j’ai pas d’cœur au sens où les autres l’entendent.
Et j’hausse les épaules.
« J’m’appelle Jae Duk. Mais tu peux continuer à m’appeler M. Personne sans cœur, j’aime bien. » J’arque les sourcils, j’continue à sourire. L’sourire un peu moins franc, un peu plus tordu, l’sourire un peu plus pervers aussi – l’sourire ironique, chargé d’cynisme, l’sourire qui rend tout l’monde méfiant.
Et j’pose ma main sur la sienne. Geste faussement romantique – mais faut pas oublier qu’moi, j’ai rien d’romantique, qu’j’ai plutôt tendance à détester ça. C’pas mon genre, j’trouve ça inutile, trop d’efforts pour rien.
Parce qu’finalement, ça sert pas à grand-chose, d’être romantique. A part à s’coltiner des fans d’films à l’eau d’rose qu’attendent de toi beaucoup plus que c’qui est humainement possible d’donner.
« Mais j’aime bien quand tu m’touches comme ça, petite coquine. »
Un jour un pote m’a demandé pourquoi j’faisais toujours des sous-entendus, pourquoi j’en mettais toujours là où y en avait pas.
Pourquoi j’traitais toujours les gens comme plus dévergondés qu’ils l’sont réellement.
Sûrement qu’c’est devenu un réflexe, à force d’avoir trop fait ça. Sûrement qu’vivre dans la rue m’a vraiment transformé en bon à rien, en moins que rien. Et qu’la seule chose qu’j’sache encore faire, c’est ça.
C’est dire d’la merde, c’est faire l’con – et puis c’est m’conduire comme une pute.
Y en a qui trouvent dégueulasse d’vendre leur corps, pour moi c’est juste normal, juste une manière comme une autre d’gagner sa vie, d’survivre. Y a qu’les riches qui comprennent pas ça.
« Alors tu m’laisses dormir ici ce soir ? »
J’ai vraiment pas envie d’retourner à la rue – pas tout d’suite.
« On est tous quelqu’un. » « Pas moi. »
C’est c’qu’ils arrêtaient pas de me dire, tous – que j’valais rien, qu’j’étais personne, parce que j’avais pas d’avenir. Pas d’passé non plus.
Parce qu’j’avais strictement rien, parce que j’savais strictement rien.
Y avait les adultes en général, et puis les profs, et puis même maman – elle a jamais été d’accord avec ma manière d’vivre, ma manière d’voir l’monde. Elle a toujours cru qu’j’finirai comme p’pa quand elle l’a rencontré.
Bonne nouvelle pour elle, j’suis en train d’devenir exactement comme p’pa quand il l’a rencontrée.
J’me doute bien qu’elle, elle va finir par penser la même chose. Tout l’monde finit par penser la même chose avec moi, c’sûrement pour ça qu’j’en profite tant qu’ça dure, sûrement pour ça j’finis par m’barrer avant qu’les autres le fassent.
C’sûrement pour ça qu’j’essaie pas d’être quelqu’un d’autre, qu’j’me montre comme j’suis dès l’début.
Ça évite les complications et puis c’moins chiant après.
Alors j’me lève pour la r’joindre. Ça m’demande des efforts d’rester debout, j’préférerais m’allonger dans un coin et pioncer jusqu’à demain.
Y a encore la soupe qui m’brûle l’ventre, un peu la gorge aussi, y a l’goût des épices, l’goût d’la vie aussi – et j’aime bien ça.
Mais j’sais que j’peux pas dormir, j’sais pas si j’en ai envie aussi.
Alors à la place j’me rapproche d’elle, j’lui susurre des mots, j’attends sa réaction, j’me délecte d’cette proximité.
J’me demande c’qu’elle a dans la tête aussi.
« Ce n’est pas ce que tu recherches depuis le départ, rester dormir ? » « C’est pas c’que tu veux toi aussi ? »
Avoir un toit sous lequel dormir, ça m’dérangerait pas. Sûrement même qu’j’aimerais bien ça. J’sais pas quand c’était, la dernière fois – probablement à l’hôtel, quand j’suis arrivée, quand j’croyais avoir les sous pour survivre, avant qu’j’me rende compte qu’pas du tout.
« C’est qui le demi cadavre ? Moi ou toi ? » J’pense qu’c’est un peu des deux, j’pense qu’si on s’combinait, on arriverait sûrement à faire un cadavre entier.
Au fond on est peut-être pas si différents tous les deux. Elle, elle a sa maladie qui la bouffe, qui la détruit et puis qui la tue aussi. Moi, c’autre chose, moi c’moi-même qui m’détruis et puis qui m’tue.
J’suis ses gestes, j’vois sa main qui s’pose sur mon torse, j’souris – et j’continue malgré ses paroles. « Qui te dit que c’est mon cœur ça ? »
Le cœur, c’juste un moyen d’pomper l’sang non ?
Y a tout l’monde qui l’associe au seuil des sentiments, j’jamais été d’accord avec ça. Pour moi c’rien d’particulier. Pour moi c’juste une manière s’survivre – et j’ai pas d’cœur au sens où les autres l’entendent.
Et j’hausse les épaules.
« J’m’appelle Jae Duk. Mais tu peux continuer à m’appeler M. Personne sans cœur, j’aime bien. » J’arque les sourcils, j’continue à sourire. L’sourire un peu moins franc, un peu plus tordu, l’sourire un peu plus pervers aussi – l’sourire ironique, chargé d’cynisme, l’sourire qui rend tout l’monde méfiant.
Et j’pose ma main sur la sienne. Geste faussement romantique – mais faut pas oublier qu’moi, j’ai rien d’romantique, qu’j’ai plutôt tendance à détester ça. C’pas mon genre, j’trouve ça inutile, trop d’efforts pour rien.
Parce qu’finalement, ça sert pas à grand-chose, d’être romantique. A part à s’coltiner des fans d’films à l’eau d’rose qu’attendent de toi beaucoup plus que c’qui est humainement possible d’donner.
« Mais j’aime bien quand tu m’touches comme ça, petite coquine. »
Un jour un pote m’a demandé pourquoi j’faisais toujours des sous-entendus, pourquoi j’en mettais toujours là où y en avait pas.
Pourquoi j’traitais toujours les gens comme plus dévergondés qu’ils l’sont réellement.
Sûrement qu’c’est devenu un réflexe, à force d’avoir trop fait ça. Sûrement qu’vivre dans la rue m’a vraiment transformé en bon à rien, en moins que rien. Et qu’la seule chose qu’j’sache encore faire, c’est ça.
C’est dire d’la merde, c’est faire l’con – et puis c’est m’conduire comme une pute.
Y en a qui trouvent dégueulasse d’vendre leur corps, pour moi c’est juste normal, juste une manière comme une autre d’gagner sa vie, d’survivre. Y a qu’les riches qui comprennent pas ça.
« Alors tu m’laisses dormir ici ce soir ? »
J’ai vraiment pas envie d’retourner à la rue – pas tout d’suite.
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Re: CIGARETTE DAYDREAMS ☄ jiduk | Lun 1 Mai - 0:55 Citer EditerSupprimer
Cigarette Daydreams
Feat Han Jae Duk
Pas moi. L’immédiateté de sa réponse déroute Ji Hye. Son impertinence ne le quitte pas et pourtant voilà qu’il fait preuve d’un discours si vide d’amour-propre aux yeux de la jeune fille. Son humeur n’est pas au beau fixe, c’est vrai. L’espoir déserte son coeur, ça aussi c’est vrai. Pour autant, elle ne s’est jamais considéré comme personne. Y a-t-elle seulement réfléchi, dans un univers où être quelqu’un avait toute son importance ? Sans doute que non. « Pourquoi une si mauvaise estime de toi-même ? Si tu n’étais vraiment personne, je ne t’aurais pas vu. Si tu n’étais vraiment personne, je ne t’aurais pas laissé rentrer chez moi avec autant de… Sérénité. » Ji Hye aurait pu lui donner une leçon. Elle aurait pu lui dire qu’il a toute la liberté de faire de lui-même quelqu’un, s’il pense sincèrement n’être personne. Mais elle et lui ne se connaissent pas. Et même si c’était le cas, quelque chose chez ce jeune homme la laisse penser qu’il n’a pas envie de recevoir de leçons. Peut-être est-ce encore la faute à ce regard si perturbant…
« Oh, moi, ce que je veux tu sais… » Un rire s’étouffe dans sa gorge. C’est vrai, ça, qu’est-ce que tu veux Ji Hye ? Je veux vivre. Tu es sûre de ça ? Oui, oui, oui ! Je me désespère de vivre putain. Ce désir qui la brûle sans relâche, nuit et jour et ne la quitte jamais. A l’inverse de cette petite pluie qui elle s’échappe de ses yeux si éteints lorsque le noir s’abat sur sa chambre, lorsque la solitude et la peur l’étreignent comme le plus passionnel des amants. Elle ne devrait pas avoir peur de la mort. Elle qu’elle côtoie au quotidien, à l’hôpital, dans la rue, dans les yeux de ses proches parfois. Souvent. La mort... Une meilleure amie, presque. Plus que cette mère qui n’ose plus l’approcher, comme si la pestilence qu’elle imagine émaner de sa personne est déjà trop oppressante pour cette pauvre femme. Cette faible femme. Ji Hye ne veut pas être comme elle. Ne veut pas succomber. Et pourtant… Son regard est toujours perdu dans celui de ce nouvel alter-ego. Pourrait-il remplacer cette solitude qui l’étouffe ? Pourquoi pas ? N’est-il pas en train de le faire, déjà ?
Ji Hye hausse les épaules. Sourit. « Un peu toi, un peu moi… Les deux, il faut croire. » Ressent-il de la pitié à son égard ? Ca, Ji Hye n’arrive pas à le savoir. Au fond, elle n’y pense pas trop, ne préfère pas y penser. La pitié, elle y est hermétique, maintenant. Au début, ça fait mal, au début, on a un peu l’impression d’être un chien. Moins que ça. Et puis ça passe, on y devient hermétique. Ou peut-être que cette peine se fond tellement à ton âme que tu ne la sens même plus. Mais finalement, face à cette main posée sur sa poitrine, c’est le sourire qui l’emporte. « Aux dernières nouvelles, je pense pas qu’un phallus t’ait poussé au milieu de la poitrine alors, oui, c’est ton coeur. » Phallus, c’est un mot qui ne la déplaît pas trop. Un mot qui donne des airs de poésie même au plus intime de nos attributs. Au fond, la maladie, ça fait réaliser à Ji Hye qu’il y a bien plus intime qu’une bite ou qu’une chatte dans la vie. Qu’il y a plus dramatique à cacher. Peut-être qu’elle devrait la changer, sa philosophie de vie…
Jae Duk. Elle lui prêtait des airs de Myung ou de Dae quelque chose. Mais Jae Duk, c’est bien. « Jae Duk… » Ca glisse sur la langue. Son sourcil se soulève lorsque sa main se pose sur la sienne, un peu perdue face à ce changement d’attitude. Juste un peu. Et puis finalement, c’est un rire franc qui lui échappe. Petite coquine. Alors celle-là, si elle s’y attendait. Elle calme son éclat en posant ses doigts sur ses lèvres, l’air un peu plus mutin et éveillé. « Eh beh dis donc, c’est que ça se permet déjà les familiarités, petit coquin. Si tu pensais jusqu’à maintenant que c’était ton coeur qui te pulsait dans le pantalon, je te le confirme, ça, c’est un phallus. » Non, elle ne le prend pas pour un imbécile. Elle n’oserait pas. Mais puisqu’il semble si attaché à cette idée de ne pas avoir de coeur… D’une pulsation haute à une autre plus basse, peut-être s’est-il perdu en chemin.
Ji Hye ne répond pas à sa question et à la place, lui prend la main. Ou un doigt, plutôt, son index, par lequel elle le tire hors de la pièce, traversant l’immense séjour pour monter les escaliers. L’épreuve lui semble un moment fatigante mais heureusement ne s’éternise pas. Elle se retourne un instant et lui sourit, l’air beaucoup moins neutre qu’à son arrivée. Coquin ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Elle ouvre finalement une porte, derrière laquelle se révèle une salle de bain dont la taille ne fait écho qu’au reste de la maison. Elle lui lâche alors la main, lui fait face. Pour la deuxième fois depuis qu’il y est là, elle prend bien compte des centimètres qui les séparent. Franchement, qu’est-ce qu’elle fout là. Ce n’est pas sérieux… Sans vraiment crier gare - en même temps, ce serait bizarre, de crier « gare » - elle pousse jusqu’à atteindre un mur opposé, contre lequel elle le plaque. Violemment, non ; son état ne l’aurait pas permis. Avec douceur, non plus ; ses égards n’en sont pas à là. Avec délicatesse, oui ; car c’est bien ce qu’est Ji Hye ; délicate. Elle se rapproche de lui, colle presque son corps contre le sien. Et c’est une main tendue qui fait finalement tomber l’eau au dessus de leur tête. Une douche à l’italienne. Ji Hye sourit et tire sur son tee-shirt. L’eau colle son peignoir à son corps, mais ça aussi, elle s’en fout. « Allez, ça te rendra service. »
« Oh, moi, ce que je veux tu sais… » Un rire s’étouffe dans sa gorge. C’est vrai, ça, qu’est-ce que tu veux Ji Hye ? Je veux vivre. Tu es sûre de ça ? Oui, oui, oui ! Je me désespère de vivre putain. Ce désir qui la brûle sans relâche, nuit et jour et ne la quitte jamais. A l’inverse de cette petite pluie qui elle s’échappe de ses yeux si éteints lorsque le noir s’abat sur sa chambre, lorsque la solitude et la peur l’étreignent comme le plus passionnel des amants. Elle ne devrait pas avoir peur de la mort. Elle qu’elle côtoie au quotidien, à l’hôpital, dans la rue, dans les yeux de ses proches parfois. Souvent. La mort... Une meilleure amie, presque. Plus que cette mère qui n’ose plus l’approcher, comme si la pestilence qu’elle imagine émaner de sa personne est déjà trop oppressante pour cette pauvre femme. Cette faible femme. Ji Hye ne veut pas être comme elle. Ne veut pas succomber. Et pourtant… Son regard est toujours perdu dans celui de ce nouvel alter-ego. Pourrait-il remplacer cette solitude qui l’étouffe ? Pourquoi pas ? N’est-il pas en train de le faire, déjà ?
Ji Hye hausse les épaules. Sourit. « Un peu toi, un peu moi… Les deux, il faut croire. » Ressent-il de la pitié à son égard ? Ca, Ji Hye n’arrive pas à le savoir. Au fond, elle n’y pense pas trop, ne préfère pas y penser. La pitié, elle y est hermétique, maintenant. Au début, ça fait mal, au début, on a un peu l’impression d’être un chien. Moins que ça. Et puis ça passe, on y devient hermétique. Ou peut-être que cette peine se fond tellement à ton âme que tu ne la sens même plus. Mais finalement, face à cette main posée sur sa poitrine, c’est le sourire qui l’emporte. « Aux dernières nouvelles, je pense pas qu’un phallus t’ait poussé au milieu de la poitrine alors, oui, c’est ton coeur. » Phallus, c’est un mot qui ne la déplaît pas trop. Un mot qui donne des airs de poésie même au plus intime de nos attributs. Au fond, la maladie, ça fait réaliser à Ji Hye qu’il y a bien plus intime qu’une bite ou qu’une chatte dans la vie. Qu’il y a plus dramatique à cacher. Peut-être qu’elle devrait la changer, sa philosophie de vie…
Jae Duk. Elle lui prêtait des airs de Myung ou de Dae quelque chose. Mais Jae Duk, c’est bien. « Jae Duk… » Ca glisse sur la langue. Son sourcil se soulève lorsque sa main se pose sur la sienne, un peu perdue face à ce changement d’attitude. Juste un peu. Et puis finalement, c’est un rire franc qui lui échappe. Petite coquine. Alors celle-là, si elle s’y attendait. Elle calme son éclat en posant ses doigts sur ses lèvres, l’air un peu plus mutin et éveillé. « Eh beh dis donc, c’est que ça se permet déjà les familiarités, petit coquin. Si tu pensais jusqu’à maintenant que c’était ton coeur qui te pulsait dans le pantalon, je te le confirme, ça, c’est un phallus. » Non, elle ne le prend pas pour un imbécile. Elle n’oserait pas. Mais puisqu’il semble si attaché à cette idée de ne pas avoir de coeur… D’une pulsation haute à une autre plus basse, peut-être s’est-il perdu en chemin.
Ji Hye ne répond pas à sa question et à la place, lui prend la main. Ou un doigt, plutôt, son index, par lequel elle le tire hors de la pièce, traversant l’immense séjour pour monter les escaliers. L’épreuve lui semble un moment fatigante mais heureusement ne s’éternise pas. Elle se retourne un instant et lui sourit, l’air beaucoup moins neutre qu’à son arrivée. Coquin ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Elle ouvre finalement une porte, derrière laquelle se révèle une salle de bain dont la taille ne fait écho qu’au reste de la maison. Elle lui lâche alors la main, lui fait face. Pour la deuxième fois depuis qu’il y est là, elle prend bien compte des centimètres qui les séparent. Franchement, qu’est-ce qu’elle fout là. Ce n’est pas sérieux… Sans vraiment crier gare - en même temps, ce serait bizarre, de crier « gare » - elle pousse jusqu’à atteindre un mur opposé, contre lequel elle le plaque. Violemment, non ; son état ne l’aurait pas permis. Avec douceur, non plus ; ses égards n’en sont pas à là. Avec délicatesse, oui ; car c’est bien ce qu’est Ji Hye ; délicate. Elle se rapproche de lui, colle presque son corps contre le sien. Et c’est une main tendue qui fait finalement tomber l’eau au dessus de leur tête. Une douche à l’italienne. Ji Hye sourit et tire sur son tee-shirt. L’eau colle son peignoir à son corps, mais ça aussi, elle s’en fout. « Allez, ça te rendra service. »
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Re: CIGARETTE DAYDREAMS ☄ jiduk | Mer 3 Mai - 20:47 Citer EditerSupprimer
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Et elle parle, avec toute l’assurance d’la fille qui sait sûrement pas c’que c’est que d’se sentir personne – mais elle au moins elle sait c’que c’est que d’se sentir en train d’crever.
Alors peut-être qu’au fond elle peut m’comprendre (un peu) même si son discours j’y crois pas.
J’me contente d’hausser les épaules, j’espère qu’ça lui suffira. Et puis d’toute manière j’ai pas envie d’parler d’ça, mais j’crois qu’j’ai pas envie d’parler tout court.
J’crois qu’finalement j’ai juste envie d’me poser dans l’lit, et d’dormir jusqu’à la semaine prochaine ou l’mois prochain j’sais pas trop encore.
Alors j’me lève et puis j’la rejoins. J’sais même pas trop pourquoi ; sûrement un réflexe, sûrement l’instinct qui m’pousse à faire ça, qui m’pousse à agir comme ça, à parler comme ça. J’sais pas mais c’est comme ça et puis j’m’en fous d’savoir l’pourquoi du comment, ça fait longtemps qu’j’ai arrêté d’chercher.
« Un peu toi, un peu moi… Les deux, il faut croire. » Ouais les deux peut-être, ouais les deux probablement.
Et j’sais pas pourquoi ça m’plaît, j’sais pas pourquoi ça m’fait sourire, mais en tout cas j’souris. J’souris et j’sens mes lèvres gercées qui tirent et j’crois qu’j’ressemble à rien mais j’ai jamais ressemblé à rien donc finalement ça aussi j’m’en fous.
« Aux dernières nouvelles, je pense pas qu’un phallus t’ait poussé au milieu de la poitrine alors, oui, c’est ton coeur. » Et là j’ris franchement – j’la pensais pas aussi franche ni aussi crue.
Comme quoi elle non plus elle est pas forcément inintéressante.
« Peut-être qu’j’ai une malformation congénital et qu’en fait j’ai un phallus à la place du cœur. » C’est con mais j’me dis qu’sa remarque aussi elle était conne alors on peut être cons ensemble – parce qu’on est jeunes même si on est usés.
Même si j’vois dans ses yeux et dans son attitude qu’elle est plus si jeune qu’ça, à l’intérieur, là, tout au fond. Même si j’vois dans ses yeux et dans son attitude qu’elle est bousillée aussi, qu’elle est comme moi, même si elle c’pas pour les mêmes raisons.
Mais elle, elle rigole, alors moi aussi même si en vrai j’pas spécialement envie d’rire. Maman, elle disait toujours qu’j’étais qu’un grand gamin, à m’marrer pour rien – j’espère elle est contente d’voir qu’sur ce point j’ai changé. Qu’maintenant j’ai à peine la force d’rire. Qu'ça m'coûte et qu'ça dure pas longtemps.
« T’aimes bien ça hein, dire l’mot phallus ? » Ouais bon j’la joue peut-être pas très fine. Ouais bon, j’devrais peut-être me calmer, lui faire les yeux doux si j’veux vraiment qu’elle m’laisse rester. Mais j’sais pas comment on fait, j’sais plus comment on fait, j’ai oublié, j’me rappelle juste qu’j’suis fatigué.
Qu’j’ai envie d’dormir, peut-être pour toujours.
Et puis là elle commence à m’prendre l’index, puis elle m’tire hors de la pièce et on commence à monter les escaliers. J’lui jette un coup d’œil, j’me demande si elle va y arriver. Maman, elle, elle avait du mal. A la fin, elle m’demandait toujours d’l’aider. Et elle a fini par passer la majeure partie d’son temps en bas.
Mais Jihye, elle s’bat encore et j’sais pas pourquoi j’aime bien ça. J’aime bien aussi quand elle m’traîne dans la salle de bain, qu’elle m’lâche la main pour m’plaquer contre l’mur, pour s’rapprocher d’moi aussi, coller son corps au mien. Pendant un instant j’me demande si elle a décidé d’accepter ma proposition. J’me dis même qu’j’aimerais bien ça.
Et c’là que j’sens l’eau qui nous tombe dessus.
Et là j’peux pas m’empêcher d’cligner des yeux. La surprise. J’m’y attendais pas ouais, c’est l’cas d’le dire. « Allez, ça te rendra service. » « T’es en train d’dire que j’pue là ? » J’fais l’mec outré mais en fait j’m’en fous un peu de c’qu’elle peut bien dire ou même d’c’qu’elle peut bien penser.
J’toujours appris à m’foutre du regard des autres de toute manière.
« Par contre j’espère tu m’laveras mes fringues après, pour la gêne occasionnée. » Ouais tant qu’à faire, autant aller plus loin, toujours plus loin. J’ai l’habitude de toute, j’le fais toujours. Sûrement un réflexe ou une connerie dans l’genre.
« J’savais pas qu’tu kiffais l’faire dans la douche par contre… » D’un autre côté j’la connais pas donc l’inverse serait chelou m’bon. Et puis après tout chacun ses fantasmes.
Surtout qu’j’dois avouer qu’j’suis pas spécialement contre.
Mais d’un autre côté j’suis pas spécialement contre pour quoiqu’ce soit, j’suis pas vraiment en état d’faire la fine bouche (comme tout à l’heure j’étais pas en état d’faire la fine bouche pour la bouffe, sans mauvais jeu d’mot ; ouais j’me découvre un talent pour l’humour ouais).
J’lève la tête, j’laisse l’eau m’couler sur l’visage, j’ferme les yeux, j’profite un peu. Mais ça devient vite désagréable avec les fringues. Alors j’lui jette un regard en biais, j’m’écarte pour retirer mon tee-shirt. « T’veux me mater en train d’me dessaper ou t’veux faire la même ? » que j’lui demande.
Ouais j’ai pas vraiment d’pudeur. Enfin j’ai appris à pas en avoir. Quoiqu’j’en ai jamais eu tant qu’ça – avant j’étais juste normal,
et puis j’ai connu la rue. Et ça a changé.
Quand t’passes tout ton temps dehors, t’apprends à t’en foutre qu’ils t’voient dans tous tes états. Qu’ils t’voient crade comme un poux, couvert d’terre, qu’ils t’voient en train d’pisser derrière un buisson ou qu’ils t’voient t’changer dans les toilettes publiques pour essayer d’te laver avec un filet d’eau du robinet.
Ouais la rue ça permet d’se désinhiber. Alors maintenant j’en ai plus rien à foutre.
Mais elle peut-être qu’si, après tout c’est une coréenne. Pourtant ça m’empêche pas d’la regarder toujours d’biais, toujours sous la douche, les doigts sur l’haut d’mon pantalon. Au pire elle peut s’casser, là j’pense surtout à m’laver.
En plus elle est luxueuse la douche, un peu comme l’reste d’la baraque ouais. Et l’eau elle est chaude, c’normal mais j’peux qu’apprécier.
Alors j’vire mon pantalon et puis l’caleçon aussi, alors j’me jette sous l’jet pour bien en profiter, alors j’ferme les yeux pour bien en profiter aussi. Et j’fais plus trop attention à elle.
J’sais qu’j’ressemble à un animal – mais j’en ai rien à foutre.
Et elle parle, avec toute l’assurance d’la fille qui sait sûrement pas c’que c’est que d’se sentir personne – mais elle au moins elle sait c’que c’est que d’se sentir en train d’crever.
Alors peut-être qu’au fond elle peut m’comprendre (un peu) même si son discours j’y crois pas.
J’me contente d’hausser les épaules, j’espère qu’ça lui suffira. Et puis d’toute manière j’ai pas envie d’parler d’ça, mais j’crois qu’j’ai pas envie d’parler tout court.
J’crois qu’finalement j’ai juste envie d’me poser dans l’lit, et d’dormir jusqu’à la semaine prochaine ou l’mois prochain j’sais pas trop encore.
Alors j’me lève et puis j’la rejoins. J’sais même pas trop pourquoi ; sûrement un réflexe, sûrement l’instinct qui m’pousse à faire ça, qui m’pousse à agir comme ça, à parler comme ça. J’sais pas mais c’est comme ça et puis j’m’en fous d’savoir l’pourquoi du comment, ça fait longtemps qu’j’ai arrêté d’chercher.
« Un peu toi, un peu moi… Les deux, il faut croire. » Ouais les deux peut-être, ouais les deux probablement.
Et j’sais pas pourquoi ça m’plaît, j’sais pas pourquoi ça m’fait sourire, mais en tout cas j’souris. J’souris et j’sens mes lèvres gercées qui tirent et j’crois qu’j’ressemble à rien mais j’ai jamais ressemblé à rien donc finalement ça aussi j’m’en fous.
« Aux dernières nouvelles, je pense pas qu’un phallus t’ait poussé au milieu de la poitrine alors, oui, c’est ton coeur. » Et là j’ris franchement – j’la pensais pas aussi franche ni aussi crue.
Comme quoi elle non plus elle est pas forcément inintéressante.
« Peut-être qu’j’ai une malformation congénital et qu’en fait j’ai un phallus à la place du cœur. » C’est con mais j’me dis qu’sa remarque aussi elle était conne alors on peut être cons ensemble – parce qu’on est jeunes même si on est usés.
Même si j’vois dans ses yeux et dans son attitude qu’elle est plus si jeune qu’ça, à l’intérieur, là, tout au fond. Même si j’vois dans ses yeux et dans son attitude qu’elle est bousillée aussi, qu’elle est comme moi, même si elle c’pas pour les mêmes raisons.
Mais elle, elle rigole, alors moi aussi même si en vrai j’pas spécialement envie d’rire. Maman, elle disait toujours qu’j’étais qu’un grand gamin, à m’marrer pour rien – j’espère elle est contente d’voir qu’sur ce point j’ai changé. Qu’maintenant j’ai à peine la force d’rire. Qu'ça m'coûte et qu'ça dure pas longtemps.
« T’aimes bien ça hein, dire l’mot phallus ? » Ouais bon j’la joue peut-être pas très fine. Ouais bon, j’devrais peut-être me calmer, lui faire les yeux doux si j’veux vraiment qu’elle m’laisse rester. Mais j’sais pas comment on fait, j’sais plus comment on fait, j’ai oublié, j’me rappelle juste qu’j’suis fatigué.
Qu’j’ai envie d’dormir, peut-être pour toujours.
Et puis là elle commence à m’prendre l’index, puis elle m’tire hors de la pièce et on commence à monter les escaliers. J’lui jette un coup d’œil, j’me demande si elle va y arriver. Maman, elle, elle avait du mal. A la fin, elle m’demandait toujours d’l’aider. Et elle a fini par passer la majeure partie d’son temps en bas.
Mais Jihye, elle s’bat encore et j’sais pas pourquoi j’aime bien ça. J’aime bien aussi quand elle m’traîne dans la salle de bain, qu’elle m’lâche la main pour m’plaquer contre l’mur, pour s’rapprocher d’moi aussi, coller son corps au mien. Pendant un instant j’me demande si elle a décidé d’accepter ma proposition. J’me dis même qu’j’aimerais bien ça.
Et c’là que j’sens l’eau qui nous tombe dessus.
Et là j’peux pas m’empêcher d’cligner des yeux. La surprise. J’m’y attendais pas ouais, c’est l’cas d’le dire. « Allez, ça te rendra service. » « T’es en train d’dire que j’pue là ? » J’fais l’mec outré mais en fait j’m’en fous un peu de c’qu’elle peut bien dire ou même d’c’qu’elle peut bien penser.
J’toujours appris à m’foutre du regard des autres de toute manière.
« Par contre j’espère tu m’laveras mes fringues après, pour la gêne occasionnée. » Ouais tant qu’à faire, autant aller plus loin, toujours plus loin. J’ai l’habitude de toute, j’le fais toujours. Sûrement un réflexe ou une connerie dans l’genre.
« J’savais pas qu’tu kiffais l’faire dans la douche par contre… » D’un autre côté j’la connais pas donc l’inverse serait chelou m’bon. Et puis après tout chacun ses fantasmes.
Surtout qu’j’dois avouer qu’j’suis pas spécialement contre.
Mais d’un autre côté j’suis pas spécialement contre pour quoiqu’ce soit, j’suis pas vraiment en état d’faire la fine bouche (comme tout à l’heure j’étais pas en état d’faire la fine bouche pour la bouffe, sans mauvais jeu d’mot ; ouais j’me découvre un talent pour l’humour ouais).
J’lève la tête, j’laisse l’eau m’couler sur l’visage, j’ferme les yeux, j’profite un peu. Mais ça devient vite désagréable avec les fringues. Alors j’lui jette un regard en biais, j’m’écarte pour retirer mon tee-shirt. « T’veux me mater en train d’me dessaper ou t’veux faire la même ? » que j’lui demande.
Ouais j’ai pas vraiment d’pudeur. Enfin j’ai appris à pas en avoir. Quoiqu’j’en ai jamais eu tant qu’ça – avant j’étais juste normal,
et puis j’ai connu la rue. Et ça a changé.
Quand t’passes tout ton temps dehors, t’apprends à t’en foutre qu’ils t’voient dans tous tes états. Qu’ils t’voient crade comme un poux, couvert d’terre, qu’ils t’voient en train d’pisser derrière un buisson ou qu’ils t’voient t’changer dans les toilettes publiques pour essayer d’te laver avec un filet d’eau du robinet.
Ouais la rue ça permet d’se désinhiber. Alors maintenant j’en ai plus rien à foutre.
Mais elle peut-être qu’si, après tout c’est une coréenne. Pourtant ça m’empêche pas d’la regarder toujours d’biais, toujours sous la douche, les doigts sur l’haut d’mon pantalon. Au pire elle peut s’casser, là j’pense surtout à m’laver.
En plus elle est luxueuse la douche, un peu comme l’reste d’la baraque ouais. Et l’eau elle est chaude, c’normal mais j’peux qu’apprécier.
Alors j’vire mon pantalon et puis l’caleçon aussi, alors j’me jette sous l’jet pour bien en profiter, alors j’ferme les yeux pour bien en profiter aussi. Et j’fais plus trop attention à elle.
J’sais qu’j’ressemble à un animal – mais j’en ai rien à foutre.
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