Tu seras pour moi unique au monde

Feat Woobabe ♥

 

OOD ⊹ En le voyant secouer la tête, Ji Hye a envie de faire la moue. L’idée qu’il refuse de venir avec elle lui déplait plus que de raison et elle se surprend à insister. Pourtant, elle sait que forcer la main a quelqu’un qui n’a pas envie de faire quelque chose n’est pas forcément la chose la plus sympathique à faire mais… Voilà. Ji Hye est comme ça, elle ne peut pas s’en empêcher. Elle lui parle de thé par rapport à son mal de gorge mais Ji Hye n’est pas complètement stupide, malgré ce que trop de personnes se prêtent à penser. En le regardant, la demoiselle comprend bien qu’il n’est pas une personne qui doit avoir un entourage très étendu. Peut-être est-ce par choix, peut-être que non. Il s’y est fait, sans doute. Mais elle se souvient de sa propre solitude, elle se souvient de la maladie, elle se souvient de tout. On pense s’y habituer, on pense qu’il n’y a pas mort d’homme… Mais l’être humain n’est pas fait pour vivre seul. Ji Hye s’imagine peut-être des choses sur ce dénommé Dongwoo, mais elle préfère tenter sa chance. Qui sait, après tout.

La surprise traverse son regard lorsqu’il se déplace, après qu’elle se soit laissée aller à frissonner. Est-elle en train d’halluciner, ou bien se serait-il mis face au vent à cause de cela ? La demoiselle sait que de temps en temps, comme beaucoup trop de femmes d’ailleurs, elle a tendance à se faire un peu trop de films. Mais d’un autre côté, elle n’était pas complètement naïve, ni complètement ingénue. Elle reconnaissait les compliments subtils tout comme les haines silencieuses. Alors, pourquoi son esprit devrait-il lui jouer des tours maintenant ? Peut-être parce que la galanterie de ce jeune homme à quelque chose de surprenant. Pas à cause de son accoutrement mais parce qu’ils ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam et que, dans ce contexte, les garçons de nos jours ne sont pas si attentifs que ça aux réactions féminines. Alors Ji Hye papillonne frénétiquement des paupières, étonnée et ne sachant pas comment réagir face à ça cela. Au moins, il ne tarde pas à accepter de la suivre, ce qui lui évite de se poser trop de questions sur quoi faire à cet instant. Outre ses amis, les garçons qu’elle fréquente sont pour la plupart aussi intéressés qu’elle et ce genre d’attention à son égard est inexistante. Même si d’autres traitements ne la dérange pas plus que cela, rien qu’avec ce petit geste, ce Dongwoo en a déjà fait bien plus que beaucoup d’autres qu’elle a rencontré.

Une fois dans le salon de thé le plus proche (de toute façon avec son sens de l’orientation hors du commun, Ji Hye les aurait sans doute perdu s’il avait fallut en chercher un autre), Ji Hye se rend compte qu’elle n’a pas lâché son pull et le laisse aller dans un mélange de brusquerie et de délicatesse. Que pense-t-il d’elle ? Sans doute qu’elle est trop chiante, déjà. Ji Hye soupire, mais se laisse aller au soulagement ressenti en étant enfin au chaud.

Constatant qu’il ne semble pas vouloir choisir lui-même sa boisson, Ji Hye commande pour eux deux Earl Grey avec du lait de soja, car même au coeur de ses maladresses Ji Hye ne changeraient ses résolutions végétariennes pour rien au monde. En tenant le plateau dans les mains, elle lui adresse un bref regard et rougit subitement avant de baisser les yeux vers son lait de soja. Elle se rend compte qu’elle, a la possibilité de chipoter là-dessus, là où lui ne se pose certainement pas la question tant qu’il a quelque chose pour ne pas crier famine. Jusqu’à ce qu’ils s’assoient, Ji Hye ne lui adresse pas un regard, trop occupée à se flageller cérébralement. Il doit la penser bien futile, comme fille. Mais déjà, pourquoi est-ce qu’elle s’inquiète de ce qu’il pense d’elle hein ? On s’en fiche, non ? La main de Dongwoo sur la table la pousse à le regarder à nouveau. « Je… n'ai pas de mal à la gorge. » Sa phrase lui fait pencher légèrement la tête sur le côté. Tiens, elle n’avait pas remarqué plus tôt son étrange syntaxe. Il est très compréhensible et cela ne lui ai pas particulièrement dérangeant à elle mais… « Je n'ai… pas de l'habitude de beaucoup parler… avec des gens. » Peut-être l’est-ce pour d’autres ? L’idée qu’il soit malade ou retardé ne lui effleure même pas l’esprit : son regard est bien trop éclairé pour qu’elle le croit stupide ou déficient. Un manque de culture alors ? Ji Hye n’a jamais été confrontée à cela auparavant. Elle redresse la tête et lui fait un hochement. « Oh… » Il réussit à la laisser elle-même sans voix. Ji Hye qui est trop déstabilisée pour ne pas savoir quoi dire, ça n’arrive pas souvent. Mais à la longue, elle va finir par ne plus s’en faire : avec ce garçon, rie ne semble se passer comme prévu de toute façon. Quelques secondes plus tard, elle pose ses coudes sur la table et sa tête entre ses mains mises en croupe, et le regarde. Elle le fixe un bref instant, comme si le regarder avec plus d’attention et plus de proximité - puisqu’il est à sa hauteur maintenant, wouhou - va lui permettre de mieux le sonder et le comprendre. Mais ce garçon est trop surprenant pour qu’elle trouve les réponses qu’elle cherche. « Que t’est-il arrivé… » Presque comme un chuchotement, Ji Hye pense tout haut et ne s’en rend compte que trop tard. Elle se racle la gorge et se recule, perturbée par le fait d’avoir laissé échapper sa pensée. « Tu peux me parler alors, cela peut faire du bien de parler à quelqu’un. Et puis eh, je suis plutôt sympathique comme oreille ! Enfin, personne. » Elle lui sourit. Ji Hye ne fait pas particulièrement référence au fait de se confier, mais bien au fait de parler tout court. Même si c’est pour parler de la pluie et du beau temps, il y a bien toujours une pensée ou un éclat d’esprit qu’il nous titille de partager avec quelqu’un. « Où est-ce que tu habites… ? Je veux dire, tu as une maison, une famille ? Des proches ? » Elle cale une mèche de ses cheveux derrière son oreille et reprend. « Je… Je veux pas te faire peur hein. Tu n’es pas obligé de répondre si tu n’en as pas envie. » Ji Hye ne pense pas être quelqu’un de particulièrement effrayant mais sait-on jamais.