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l'odyssée de la nuit.

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l'odyssée de la nuit. | Jeu 6 Avr - 12:58
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S O M B R E . O D Y S S E E
nos folies et nos histoires détraquées


son ventre crie famine dans une complainte mélancolique qu'il ne parvient plus à entendre tant son chant lui est familier aujourd'hui. La douleur provoquée par le retournement de son estomac qui cherche par tous les moyens à ingurgiter quelque chose le laisse de marbre. Pourtant, il plonge dans la casserole d'eau bouillante les restes d'un paquet de ramyeons, une maigre tromperie pour duper son ventre, lui faire penser que tout va bien quand tout va mal. Voilà déjà plusieurs semaines que le syrien ne mange plus à sa faim tant les finances lui manquent, qu'il se surprend à voler quelques billets dans le coffre gumiho mais uniquement lorsque le geste est déjà fait, qu'il a piétiné sa dignité sans grand respect pour ce qu'il est. Il survit en avalant quelques nouilles lorsqu'il constate qu'il n'a rien mangé depuis des jours, et un paquet lui sert parfois de pitance plus plusieurs repas. Le peu de graisse qu'il possédait s'est envolé, tout comme une part de ses muscles et de sa fierté, ne laissant sur ses os qu'une chair flasque et fine. Certains au dortoir remarquent son changement, lorsqu'ils se croisent (ce qui devient de plus en plus rare), et les plus anciens se souviennent que c'en est nullement la première fois. Tasyr, en revanche, compte bien s'assurer que cela en soit la dernière, conclue tôt ou tard par la mort désirée qu'il est bien trop lâche pour appeler maintenant. Les maigres économies qu'il parvient à amasser en quémandant auprès de proches et à dérober ne servent pas à satisfaire ses besoins primaires, et est sitôt dilapidé dans chaque substance capable de le faire goûter au vrai bonheur un laps de temps éphémère, renvoyant par le miroir l'image d'un garçon beau et heureux alors que ses joues sont creuses et son teint ivoire. Mais le diablotin n'est pas seul dans sa cage dorée dont il lustre chaque jour les barreau avec un semblant d'affection (combien de fois a-t-il choyé ses démons pour qu'il reviennent, eux qui le connaissent si bien, qui savent pertinemment sa peur du bonheur qui représente l'inconnu ?). Hae Won l'accompagne dans sa folie, et si la jeune femme n'a pas encore sombré aussi bas que lui, il affirme avec conviction que ça n'est jamais qu'une question de temps. Il la façonne à son image, sourit avec légèreté de la voir aussi stone que lui, dépose des baisers dans son cou et ses mains sur ses seins sans qu'aucun des deux n'en ait cure par l'état dans lequel ils sont captifs. Hors la situation devient critique, frise la catastrophe : l'argent amassé ne suffit plus, il faut trouver plus rentable, plus rapide, plus stable. De cet instant est née l'idée : acheter pour revendre plus cher. Tasyr est devenu un semblant de dealer irrégulier choisissant avec soins ses clients et ceux qu'il veut enchaîner. Les ramyeon sont prêts, il plonge des baguettes sales à même la casserole pour s'en délecter sans grande conviction pourtant, juste assez pour apaiser son estomac. Les baguettes s'échappent de ses doigts qui se mettent à trembler ; il jure, s'échappe jusqu'au canapé dont il soulève les assises avec frénésies à la recherche de son Graal. Noue avec habitude le garrot à son bras, plonge l'aiguille dans sa peau en serrant les dents ; ses épaules s'affaissent dans un soupire béat alors que ses orbes se détournent de sa veine qui noircit un peu plus chaque jour.

* * *

« T'es en retard. » il ouvre les yeux au son des pas sur le macadam d'Itaewon, reconnaissant la démarche féline de sa complice. Itaewon et sa chaleur, et sa vie, et ses étrangers. Itaewon et ses bas quartiers, et sa rue dédiée à la prostitution, à l'échangisme, aux homosexuels et aux travestis. Son quotidien est rythmé par la drogue, Haewon, et les reventes (parfois par une vie de fraternité, lorsqu'il en trouve le temps, mais préfère laisser le travail à Hera, bien trop stone pour comprendre ses hurlements). Le diablotin de Syrie pose son regard faussement courroucé sur sa cliente, laisse un sourire doux fleurir à la pointe de ses lèvres alors que ses pupilles dilatées trahissent déjà son état. « Je l'ai testé pour toi l'autre jour. Celle-là, elle est précieuse. Elle vaut son prix, crois-moi. »

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MACFLY
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Re: l'odyssée de la nuit. | Dim 9 Avr - 13:11
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S O M B R E . O D Y S S E E
nos folies et nos histoires détraquées


Les mains fermement accrochées à l’évier, je mirais le reflet d’un corps marqué par le manque et la fatigue. Les cernes assombrissant un visage terne et crispé alors que je tentais de contrôler les tremblements distinctifs d’une envie malsaine et nocive. Je me laissais glisser contre le mur froid pour tenter d’apaiser cette brûlure qui me consumait de l’intérieur. D’un geste vif j’attrapais mon téléphone pour composer le numéro d’un être aussi vil que fourbe, mon démon à l’apparence humaine, mais je reposait aussitôt l’appareil, serrant les poings sur une lutte que j’étais sûre de perdre. Dans des gestes lents et imprécis, je me dirigeais vers mon armoire, jetant un œil sur le lit de mon tortionnaire. Je savais où il se trouvait ce soir, je savais que je n’avais qu’à le rejoindre, qu’il m’attendait. Il m’attendait toujours. Je sortais de mon tiroir la maigre liasse de billets durement acquis grâce à un salaire misérable de barmaid et des pourboires peu généreux. Je faisais rouler entre mes doigts les morceaux de papiers qui représentaient une échappatoire à laquelle je brûlais de céder. J’avais le besoin de ressentir cette sensation de soulagement, de combler ce vide en moi avec une substance qui rendrait ce monde tellement plus doux. « Et merde ! » J’allais succomber. Il fallait que je cède ou la folie s’emparerait de moi et je ne répondrais plus des erreurs que je pouvais commettre. J’enfilais ma veste avant de sortir du dortoir des Gumiho pour me diriger vers le repère de mon nouveau dealer. Le fond de l’air était chaud, mais je frissonnais déjà en pensant que j’allais encore une fois m’exiler dans un monde imaginaire. Les mains dans mon sweat bien trop large pour ma petite taille, je me frayais un chemin parmi les âmes perdues d’Itaewon. Depuis que j’étais arrivé en Corée du Sud, j’avais passé une bonne partie de mon temps à errer dans ces rues où la luxure, la perdition et le chaos régnaient comme une ombre destructrice et pourtant si agréable. Je me sentais chez moi alors que mes pas résonnaient faiblement dans le tumulte des cœurs en mal d’amour. Je voyais déjà les iris noirs de mon démon briller et me transpercer avec une lucidité déconcertante. Les seuls échanges que je m’étais accordé avec lui étaient ces brèves rencontres qui se soldaient toutes par la même discussion. Tasyr affichait un sourire triomphant, et il avait de quoi. Je revenais sans cesse vers lui, le fuir était devenu impossible, et davantage alors que nous partagions la même chambre. « Depuis quand l’heure a-t-elle une importance ? » Mes yeux se posaient sur le sachet qu’il tenait entre ses doigts fins et abîmés par la consommation excessive de substance qui ne faisait qu’altérer une perception de la réalité déjà bousillée par une vie de débauche et d’instincts destructeurs. Je sentais mes veines bouillir réclamant ce moment de répit qui me faisait défaut. « Combien ? » J’avançais, réduisant la distance entre nous, usant d’une séduction qui ne servait strictement à rien. Je ne le voulais pas dans mon lit, je ne voulais que ce qu’il se plaisait à me vendre sous couvert d’un moment d’extase qui viendrait faire taire une âme torturée par un passé qui se rappelait à moi bien trop souvent. Sans attendre a réponse je lui glissait les quelques billets dans la poche de son jean avant de récupérer la poudre que mon corps s’attendait déjà à ingérer. « J’espère qu’elle le vaut ! » Sous son regard victorieux je parais le dessus de ma main de ce voile blanc que je m’empressais de respirer avec avidité. J’avais beau essayer de lutter, je finissais toujours par craquer, je revenais inlassablement vers un plaisir noircit par l’interdiction qui le caractérisait. Je m’étais habituée à la sensation qui précédait cette évasion mentale, les secondes s’étiraient pour finalement me laisser pantoise, extatique sur les éléments le plus infimes qui m’entouraient. Mais avant d’être complètement happée par ce bonheur fictif, j’avais toujours eu cette dépression, ce moment de battement qui me forçait à réfléchir sur la meilleure manière d’éviter les ennuis. Comment pouvais-je rentrer me coucher gentiment après ça ? J’avais besoin d’autre chose, et lentement la tristesse et l’inquiétude laissaient place à l’électricité et la vision déformée d’un basculement total. Je lâchais prise. « On fait quoi maintenant ? J’ai besoin de partir je crois… » Je me retournais comme pour chercher le signe d’une quête à réaliser, et je pointais du doigts la verdure noyée d’ombre du parc qui se trouvait de l’autre côté de la rue. La lucidité me quittait peu à peu, déformant mes gestes et même ma voix, mais je conservais néanmoins le reste du sachet, une recharge bienvenue pour combler un autre manque, un autre jour. « Je pense que… je vais aller m’asseoir un peu, tu as assez de couilles pour te montrer avec une consommatrice ou tu comptes rester percher sur ton trottoir toute la nuit ? »

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MACFLY

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