tasyr + sister morphine
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tasyr + sister morphine | Ven 7 Avr - 9:57 Citer EditerSupprimer Tasyr & Lei
La tonalité résonne une, trois, cinq fois en vain avant de basculer sur la messagerie. Énième appel non abouti — signe sans doute qu'il serait temps pour elle de cesser d'insister. Lei se torture la lippe, tracassée, un peu blessée. En elle, deux courants se battent en duel : il y a la part rationnelle qui lui souffle que ça arrive, que c'est normal même ; mais il y a celle, enfantine et émotionnelle, peu soucieuse de s'avérer raisonnable, qui se refuse à l'admettre. S'il arrive à Tasyr de ne pas lui répondre, il a toujours tôt fait de la rappeler. C'est un fait auquel elle trouve terriblement déconcertant de découvrir une exception.
La nuit rabat déjà son manteau sombre sur la ville, parée de néons lumineux par centaines là où d'autres ciels se constelleraient d'étoiles. Piquée d'éclats de rire insouciants auxquels elle prenait part il y a encore un instant. L'ombre d'un sourire danse encore sur ses lèvres, mais de plus en plus forcé à mesure que les minutes s'égrènent et que l'inquiétude se loge au creux de sa gorge. Un pouce attentionné vient lisser le pli menaçant de se creuser entre ses sourcils et de surprise, ses paupières papillonnent alors qu'elle décroche enfin les yeux de l'écran. Elle a un peu honte de s'être laissée happer ailleurs alors qu'elle est avec les autres, esquisse un geste pour ranger son téléphone, mais n'y parvient pas. Il y a une bouche de métro, plus loin, qui fait de l’œil à son cœur soudain en berne. Comme à chaque fois qu'il lui faut trancher entre deux possibilités, Lei regrette de ne pouvoir laisser la décision aux mains de quelqu'un d'autre. Mais personne parmi ses proches ne trancherait en faveur de Tasyr, elle le sait. Je- je crois que je vais rentrer, elle finit pourtant par souffler en regardant le bout de ses pieds, coupable de les laisser en plan sur un coup de tête déraisonné. Dire ce qui la ronge est impossible, mentir inenvisageable, alors elle inspire un grand coup et leur colle à tous un baiser d'excuse assorti d'une litanie de "désolée !" avant de tourner les talons et de s'engouffrer dans la marée de séoulites engorgeant les voies souterraines. Ses yeux scannent les alentours, ses pas la mènent aux cartes où s'étalent les circuits de Yongsan-gu et de l'index, elle dessine plusieurs fois la ligne 6 pour s'assurer d'aboutir à la bonne station.
C'est une mauvaise idée. Le constat la poursuit tout au long du trajet alors qu'elle considère à retardement les raisons qu'elle aurait de ne pas s'arrêter à destination, front accolé à la vitre froide. Ce qui ne l'empêche pas de descendre au moment venu, parce qu'au fond — elle préfère le déranger un instant et s'assurer qu'il va bien plutôt que ne pas oser et découvrir sur le tard que ce n'était pas le cas. Ça et le besoin égoïste sans doute de découvrir ce qui peut le retenir loin d'elle.
Sans doute serait-elle plus inquiète de parcourir seule l'enchevêtrement de rues suspectes si elle était moins inconsciente, mais c'est précisément le genre de préoccupations qu'elle tend à oublier, naïve poupée accoutumée à ce que l'univers soit clément avec elle. Les premiers coups qu'elle frappe contre la porte du studio de Tasyr sont trop hésitants, presque inaudibles. Lei réitère le geste avec plus d'assurance au bout de quelques minutes d'attente, puis insiste encore — sans plus de succès que ses appels. Elle en est presque à abandonner lorsque le panneau de bois s'écarte pour révéler tout au plus un fantôme. Sa main se crispe sur l'anse de son sac alors que ses lèvres s'entrouvrent sur une stupeur muette. Hey..., elle salue à retardement, sans oser hausser la voix, les yeux rivés sur les ecchymoses qui zèbrent la peau pâle de son ami. J'ai essayé d'appeler mais tu ne répondais pas, alors- D'un geste vague elle signe "alors me voilà". Force un sourire espiègle, plus pour lui que par envie. Sa main libre s'élève par réflexe, se suspend à mi-chemin, puis ses doigts entrent en contact avec une rare parcelle d'épiderme intact ; ébauche de tendresse compatissante sitôt stoppée de peur d'éveiller la douleur. Tu es en sale état. Besoin, hm, d'un coup de main ? Ses lèvres se plissent en une moue désolée, et même elle est obligée de pouffer brièvement à cette idée ; Lei ferait probablement la plus basique (pour ne pas dire piètre) des infirmières, mais elle aime autant le cajoler qu'il semble généralement apprécier ses attentions — c'est déjà un début.
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La tonalité résonne une, trois, cinq fois en vain avant de basculer sur la messagerie. Énième appel non abouti — signe sans doute qu'il serait temps pour elle de cesser d'insister. Lei se torture la lippe, tracassée, un peu blessée. En elle, deux courants se battent en duel : il y a la part rationnelle qui lui souffle que ça arrive, que c'est normal même ; mais il y a celle, enfantine et émotionnelle, peu soucieuse de s'avérer raisonnable, qui se refuse à l'admettre. S'il arrive à Tasyr de ne pas lui répondre, il a toujours tôt fait de la rappeler. C'est un fait auquel elle trouve terriblement déconcertant de découvrir une exception.
La nuit rabat déjà son manteau sombre sur la ville, parée de néons lumineux par centaines là où d'autres ciels se constelleraient d'étoiles. Piquée d'éclats de rire insouciants auxquels elle prenait part il y a encore un instant. L'ombre d'un sourire danse encore sur ses lèvres, mais de plus en plus forcé à mesure que les minutes s'égrènent et que l'inquiétude se loge au creux de sa gorge. Un pouce attentionné vient lisser le pli menaçant de se creuser entre ses sourcils et de surprise, ses paupières papillonnent alors qu'elle décroche enfin les yeux de l'écran. Elle a un peu honte de s'être laissée happer ailleurs alors qu'elle est avec les autres, esquisse un geste pour ranger son téléphone, mais n'y parvient pas. Il y a une bouche de métro, plus loin, qui fait de l’œil à son cœur soudain en berne. Comme à chaque fois qu'il lui faut trancher entre deux possibilités, Lei regrette de ne pouvoir laisser la décision aux mains de quelqu'un d'autre. Mais personne parmi ses proches ne trancherait en faveur de Tasyr, elle le sait. Je- je crois que je vais rentrer, elle finit pourtant par souffler en regardant le bout de ses pieds, coupable de les laisser en plan sur un coup de tête déraisonné. Dire ce qui la ronge est impossible, mentir inenvisageable, alors elle inspire un grand coup et leur colle à tous un baiser d'excuse assorti d'une litanie de "désolée !" avant de tourner les talons et de s'engouffrer dans la marée de séoulites engorgeant les voies souterraines. Ses yeux scannent les alentours, ses pas la mènent aux cartes où s'étalent les circuits de Yongsan-gu et de l'index, elle dessine plusieurs fois la ligne 6 pour s'assurer d'aboutir à la bonne station.
C'est une mauvaise idée. Le constat la poursuit tout au long du trajet alors qu'elle considère à retardement les raisons qu'elle aurait de ne pas s'arrêter à destination, front accolé à la vitre froide. Ce qui ne l'empêche pas de descendre au moment venu, parce qu'au fond — elle préfère le déranger un instant et s'assurer qu'il va bien plutôt que ne pas oser et découvrir sur le tard que ce n'était pas le cas. Ça et le besoin égoïste sans doute de découvrir ce qui peut le retenir loin d'elle.
Sans doute serait-elle plus inquiète de parcourir seule l'enchevêtrement de rues suspectes si elle était moins inconsciente, mais c'est précisément le genre de préoccupations qu'elle tend à oublier, naïve poupée accoutumée à ce que l'univers soit clément avec elle. Les premiers coups qu'elle frappe contre la porte du studio de Tasyr sont trop hésitants, presque inaudibles. Lei réitère le geste avec plus d'assurance au bout de quelques minutes d'attente, puis insiste encore — sans plus de succès que ses appels. Elle en est presque à abandonner lorsque le panneau de bois s'écarte pour révéler tout au plus un fantôme. Sa main se crispe sur l'anse de son sac alors que ses lèvres s'entrouvrent sur une stupeur muette. Hey..., elle salue à retardement, sans oser hausser la voix, les yeux rivés sur les ecchymoses qui zèbrent la peau pâle de son ami. J'ai essayé d'appeler mais tu ne répondais pas, alors- D'un geste vague elle signe "alors me voilà". Force un sourire espiègle, plus pour lui que par envie. Sa main libre s'élève par réflexe, se suspend à mi-chemin, puis ses doigts entrent en contact avec une rare parcelle d'épiderme intact ; ébauche de tendresse compatissante sitôt stoppée de peur d'éveiller la douleur. Tu es en sale état. Besoin, hm, d'un coup de main ? Ses lèvres se plissent en une moue désolée, et même elle est obligée de pouffer brièvement à cette idée ; Lei ferait probablement la plus basique (pour ne pas dire piètre) des infirmières, mais elle aime autant le cajoler qu'il semble généralement apprécier ses attentions — c'est déjà un début.
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Re: tasyr + sister morphine | Ven 7 Avr - 14:11 Citer EditerSupprimer Tasyr & Lei
La pluie laisse toujours place au soleil, tu verras. Un jour, les nuages sombres au dessus de ta tête disparaîtront, et tu goutteras au bonheur qui t'es dû - ils essayent tous de dessiner à nouveau l'ébauche d'un sourire sur ses lèvres froides au moyen de comparaisons et métaphores, litanie qui semble les contenter (eux qui pensent qu'au moyen de quelques mots, ils accomplissent la bonne action, qu'ils n'ignorent pas la détresse). Lui les laisse parler, s'épuiser en réflexions inutiles ; laisse glisser sur sa peau les remèdes inefficaces et les promesses fastidieuses qui s'envoleront tôt ou tard. Il a cessé d'y croire. Il s'est battu, a joué, a perdu. Damoclès plonge son corps maigrichon dans son ombre, privant sa peau blafarde des rayons du soleil - mais au fond, voilà une vieille amie qu'il commence à connaître, et dont la présence le réconforte presque. Tant de fois, il a tenté de noyer ses démons, avant de les chérir pour qu'ils reviennent ; tant de fois, effrayé par l'inconnu, il a sombré à nouveau dans la chaleur des maux connus, durs mais plaisants. Ceux qui lui rappellent qu'il meurt parce qu'avant tout il est vivant. Sa vie est un chaos, un enfer que même Cerbère ne se serait senti capable de garder, Tasyr lui-même ne sait plus ce qu'il est, ni sur quel pied il doit danser. Les combats lui procurent l'adrénaline suffisante pour anesthésier son palpitant-glace, peignent sur sa peau de somptueux dessins qu'ils appellent ecchymoses. L'héroïne qu'il dépose avec tendresse au creux de ses veines lui assurent le repos de l'âme, et le sentiment de ne pas être si insignifiant, et noircit sa peau en lui rappelant sa condition. Il s'oublie dans ce qu'il est, et seul persiste son désir s'abandon, de mourir. Ainsi que la lâcheté de ne pas oser le faire de suite, de vouloir survivre jusqu'au moment fatidique.
Le syrien ne se souvient ni du combat, ni même de l'issue finale, mais subsiste sur ses lippes fendues le sourire-venin qui trahit sa joie malsaine. Ses dents s'enfoncent dans le tissus si fort qu'elles en creuse ses joues déjà osseuses. Il contracte son corps, et ses muscles ressortent à l'identique de cette veine trop saillante, trop sombre, trop abîmée. L'aiguille s'enfonce, sa mâchoire manque de se briser tant il mord férocement l’extrémité du garrot de fortune : chaque piqûre est plus douloureuse que la précédente, mais l'empressement limite la cohérence de ses pensées, et jamais l'idée de trouver un nouvel endroit ne l'a effleuré. Ses paupières se plissent puis se closent ; l'humidité suinte de son front pour perler jusqu'à sa tempe - il n'a pas même songé à prendre une douche, encore baignant dans la sueur de ses efforts, prisonnier d'un survêtement. Ses épaules s'affaissent soudainement ; sa gorge se serre et sa voix se brise dans un soupire de délivrance. Il est toujours trop tard, lorsqu'il se pose cette même question dont la réponse lui semble à la fois si évidente et assurément absente : pourquoi fait-il ça ? L'eau s'agglutine au coin de ses yeux plissés en une piètre demie-lune, les murmures sont silence en premier lieu, échos sourds et perfides par la suite. « je sais pas. » Il laisse tomber le tissus, l'injection, saisit son visage à deux mains pour glisser ses doigts sales dans ses cheveux emmêlés. « je sais pas, je sais pas, je sais pas, je sais pas, je sais pas putain ! » Du dos de sa main, il efface les quelques larmes de rage qui ont échappé à la prison de ses prunelles brunes - alors que la pièce est vide, il semble adopter une position de repentir, dans l'espoir qu'on lui pardonne ses péchés.
Le temps défile à la façon d'un film bien trop ancien : par saccades ingérables qu'il ne peut dompter. Droit face à la gamine-fée pour qui il pourrait se laisser ronger par la vermine sans frein, il papillonne des cils, ne peut assourdir le grognement rauque qui fait écho à chaque paroi de sa gorge. Tasyr ne sait plus ce qu'il s'est passé, entre cet instant où l'aiguille sale a pénétré sa peau, et celui où l'enfant pénètre sa forteresse. Il baisse ses pupilles dilatées sur la main qui s'élève, frissonne de son touché, déglutit sans discrétion. S'il n'avait qu'un unique souhait à chérir, celui-ci aurait été qu'elle ne le surprenne jamais dans un état semblable (mais fort heureusement, Haewon n'est pas là aujourd'hui, et seules traînent ses affaires, ses sous-vêtements et des restes de leur maigre déjeuné que ni l'un ni l'autre n'ont eu le courage de ranger). « De toutes façons, j'ai pas le choix hein ? » ses efforts sont colossaux pour le maintenir dans une stature droite sans tremblements, alors que ses chevilles désirent pourtant déjà se dérober à son poids. Il ouvre la porte plus grand, la laissant craquer, la laissant se briser plus qu'elle ne l'est déjà, invite la douceur incarnée à s'effrayer du monstre qu'il est. Et sans même refermer, il bondit sur le canapé sur lequel il s'affale de tout son long, un bras dans le vide, les paupières closes et l'esprit déjà haut. « t'aurais quand même pu choisir un meilleur moment pour débarquer, j'ai eu une rencontre ce matin et je suis complètement décalqué. » - une rencontre avec le diable par moyens illégaux, une négociation serrée, mais malgré toutes ses supplications, il ne semble pas encore prêt à l'accepter à ses cotés.
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La pluie laisse toujours place au soleil, tu verras. Un jour, les nuages sombres au dessus de ta tête disparaîtront, et tu goutteras au bonheur qui t'es dû - ils essayent tous de dessiner à nouveau l'ébauche d'un sourire sur ses lèvres froides au moyen de comparaisons et métaphores, litanie qui semble les contenter (eux qui pensent qu'au moyen de quelques mots, ils accomplissent la bonne action, qu'ils n'ignorent pas la détresse). Lui les laisse parler, s'épuiser en réflexions inutiles ; laisse glisser sur sa peau les remèdes inefficaces et les promesses fastidieuses qui s'envoleront tôt ou tard. Il a cessé d'y croire. Il s'est battu, a joué, a perdu. Damoclès plonge son corps maigrichon dans son ombre, privant sa peau blafarde des rayons du soleil - mais au fond, voilà une vieille amie qu'il commence à connaître, et dont la présence le réconforte presque. Tant de fois, il a tenté de noyer ses démons, avant de les chérir pour qu'ils reviennent ; tant de fois, effrayé par l'inconnu, il a sombré à nouveau dans la chaleur des maux connus, durs mais plaisants. Ceux qui lui rappellent qu'il meurt parce qu'avant tout il est vivant. Sa vie est un chaos, un enfer que même Cerbère ne se serait senti capable de garder, Tasyr lui-même ne sait plus ce qu'il est, ni sur quel pied il doit danser. Les combats lui procurent l'adrénaline suffisante pour anesthésier son palpitant-glace, peignent sur sa peau de somptueux dessins qu'ils appellent ecchymoses. L'héroïne qu'il dépose avec tendresse au creux de ses veines lui assurent le repos de l'âme, et le sentiment de ne pas être si insignifiant, et noircit sa peau en lui rappelant sa condition. Il s'oublie dans ce qu'il est, et seul persiste son désir s'abandon, de mourir. Ainsi que la lâcheté de ne pas oser le faire de suite, de vouloir survivre jusqu'au moment fatidique.
Le syrien ne se souvient ni du combat, ni même de l'issue finale, mais subsiste sur ses lippes fendues le sourire-venin qui trahit sa joie malsaine. Ses dents s'enfoncent dans le tissus si fort qu'elles en creuse ses joues déjà osseuses. Il contracte son corps, et ses muscles ressortent à l'identique de cette veine trop saillante, trop sombre, trop abîmée. L'aiguille s'enfonce, sa mâchoire manque de se briser tant il mord férocement l’extrémité du garrot de fortune : chaque piqûre est plus douloureuse que la précédente, mais l'empressement limite la cohérence de ses pensées, et jamais l'idée de trouver un nouvel endroit ne l'a effleuré. Ses paupières se plissent puis se closent ; l'humidité suinte de son front pour perler jusqu'à sa tempe - il n'a pas même songé à prendre une douche, encore baignant dans la sueur de ses efforts, prisonnier d'un survêtement. Ses épaules s'affaissent soudainement ; sa gorge se serre et sa voix se brise dans un soupire de délivrance. Il est toujours trop tard, lorsqu'il se pose cette même question dont la réponse lui semble à la fois si évidente et assurément absente : pourquoi fait-il ça ? L'eau s'agglutine au coin de ses yeux plissés en une piètre demie-lune, les murmures sont silence en premier lieu, échos sourds et perfides par la suite. « je sais pas. » Il laisse tomber le tissus, l'injection, saisit son visage à deux mains pour glisser ses doigts sales dans ses cheveux emmêlés. « je sais pas, je sais pas, je sais pas, je sais pas, je sais pas putain ! » Du dos de sa main, il efface les quelques larmes de rage qui ont échappé à la prison de ses prunelles brunes - alors que la pièce est vide, il semble adopter une position de repentir, dans l'espoir qu'on lui pardonne ses péchés.
Le temps défile à la façon d'un film bien trop ancien : par saccades ingérables qu'il ne peut dompter. Droit face à la gamine-fée pour qui il pourrait se laisser ronger par la vermine sans frein, il papillonne des cils, ne peut assourdir le grognement rauque qui fait écho à chaque paroi de sa gorge. Tasyr ne sait plus ce qu'il s'est passé, entre cet instant où l'aiguille sale a pénétré sa peau, et celui où l'enfant pénètre sa forteresse. Il baisse ses pupilles dilatées sur la main qui s'élève, frissonne de son touché, déglutit sans discrétion. S'il n'avait qu'un unique souhait à chérir, celui-ci aurait été qu'elle ne le surprenne jamais dans un état semblable (mais fort heureusement, Haewon n'est pas là aujourd'hui, et seules traînent ses affaires, ses sous-vêtements et des restes de leur maigre déjeuné que ni l'un ni l'autre n'ont eu le courage de ranger). « De toutes façons, j'ai pas le choix hein ? » ses efforts sont colossaux pour le maintenir dans une stature droite sans tremblements, alors que ses chevilles désirent pourtant déjà se dérober à son poids. Il ouvre la porte plus grand, la laissant craquer, la laissant se briser plus qu'elle ne l'est déjà, invite la douceur incarnée à s'effrayer du monstre qu'il est. Et sans même refermer, il bondit sur le canapé sur lequel il s'affale de tout son long, un bras dans le vide, les paupières closes et l'esprit déjà haut. « t'aurais quand même pu choisir un meilleur moment pour débarquer, j'ai eu une rencontre ce matin et je suis complètement décalqué. » - une rencontre avec le diable par moyens illégaux, une négociation serrée, mais malgré toutes ses supplications, il ne semble pas encore prêt à l'accepter à ses cotés.
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Re: tasyr + sister morphine | Ven 7 Avr - 16:51 Citer EditerSupprimer Tasyr & Lei
De toutes façons, j'ai pas le choix hein ? Elle hoche la tête de droite à gauche, sourire bien en place mais gorge nouée. Négation ferme, bien que muette. Elle a donné tout ce qu'elle pouvait en terme de désinvolture ; partout où son regard embrasse la chair émaciée, atrophiée, déchirée, Lei est étreinte d'émotions brutales qui lui font ravaler ses mots, de peur que sa voix ne tremble, que sa fausse assurance ne s'étiole et qu'il ne la repousse en percevant à quel point tout ça est bien trop lourd pour elle. Il ouvre plus grand et le carnage se révèle dans son ensemble, vapeur de sueur rance qui pique le nez et les yeux, corps en lambeaux sur fond de décrépitude ; tableau décadent. Elle fronce les sourcils, petite princesse désabusée, perdue loin de son confort organisé. Si elle avait été plus forte, plus logique, plus mûre, comme ses mamans ou comme ses sœurs, sans doute aurait-elle trouvé quoi dire. Un électrochoc pour arracher Tasyr à ses limbes, à sa déchéance destructrice, mais tout commentaire meurt à la coupe de ses lèvres avant d'avoir eu le temps de prendre forme. Si elle avait été plus responsable, elle s'activerait déjà à attaquer le chaos à tour de bras, trier les ordures, rassembler les frusques crasses qui parent le sol non moins sordide. Au lieu de quoi elle avance en ouvrant grand les yeux à chaque pas, évitant avec soin tout ce qu'elle croise de douteux, Lei l'enfant choyée qui pour rien au monde ne se chargerait de tâches ménagères si on ne l'y obligeait parfois. Elle pile net à la vue de dessous féminin, tente de résister à la morsure de la jalousie qui engouffre ses crocs acérés quelque part dans son cœur. C'est bête, elle n'a jamais eu de mal à le partager avant que tout ne se gâte — elle aimait beaucoup trop en voir d'autres apprendre à l'apprécier et n'aspirait qu'à pouvoir le regarder rire ; la possessivité n'avait pas sa place dans leur équilibre. Mais tout est plus difficile maintenant que les doutes se sont logés entre eux, mus par une tentative de couple échouée sur les rives du temps. C'est étrange comme le savoir avec un autre ne lui laisse plus qu'une amertume passagère, qu'elle balaye d'un tant qu'il est heureux amplement satisfait ; mais comme l'imaginer à proximité d'une autre lui ronge les veines comme un acide. C'est vraiment bête, et en un battement de paupières elle se fustige, enterre la sensation. Peut-être n'est-il même pas question de jalousie causée par des relents de sentiments ambigus, mais par la conscience de ne rien savoir de ce qu'il trame lorsqu'il l'évite, lorsqu'il ignore ses appels ? Lei n'a jamais été douée pour faire la part des choses, lorsque les ressentis se parent de négativité, de teintes de gris.
Il la dépasse en coup de vent pour se crasher dans le canapé qui a sans nul doute connu des jours meilleurs, et ça l'arrache à ses pensées. T'aurais quand même pu choisir un meilleur moment pour débarquer, j'ai eu une rencontre ce matin et je suis complètement décalqué. Oh. Elle le rejoint plus lentement, s'appuie de ses bras tendus sur l'accoudoir où il repose, et penche un peu la tête en le fixant, à l'envers, de son air de gamine innocente. Je croyais que je ne te dérangeais jamais ? Ça sonne comme si de rien ; la bravade est sous-jacente, tout en délicatesse. Ses iris perçants le défient de la mettre à la porte, de briser leur simili-harmonie en lui avouant que parfois, elle le dérange. Que c'est le cas maintenant. Elle le fait de plus en plus souvent, en ce moment : réclamant sa présence comme une enfant, poussant et poussant encore en quête de limites qu'il n'a jamais encore eu l'audace de fixer. A lui accorder tous les droits et à trop la gâter, peut-être l'a-t-il pourrie lui aussi. Est-ce qu'il le regrette ? Lei n'a jamais aimé céder de terrain sur l'échiquier qu'est son royaume et, malmené entre les cases blanches et noires, Tasyr en est le roi. Bien sûr qu'elle ne partira pas tant qu'il n'aura pas eu le cran de lui dire clairement de s'en aller.
Ses bras à elle n'ont jamais su le secouer efficacement, ne prétendent même pas essayer ; elle ne sait que l'enlacer avec l'intensité de l'amour qu'elle lui porte et ses mains, lorsqu'elles l'approchent, ne connaissent ni rigueur ni fermeté, rien que douceur, bien qu'une voix sarcastique lui souffle de plus en plus souvent qu'on ne guérit aucun mal avec des baisers. Elle ne sait jamais trop, Lei, si agir ainsi encourage sa chute ou si elle n'a tout simplement aucune prise sur lui. Avant oui — c'était une certitude. Fut un temps où elle pouvait égoïstement lui demander de vivre pour elle, résolument aveugle à sa souffrance intérieure tant qu'il lui laissait généreusement croire qu'elle pouvait l'apaiser. Mais depuis sonabandon retour, rien n'est tout à fait comme avant. Tu as quelque chose ici ? Boîte à pharmacie, trousse de secours ? Sa voix se fait plus basse pour calmer le jeu, phalanges glissées entre ses mèches négligées pour masser lentement son cuir chevelu aussi déplaisant au toucher qu'à la vue ; mais c'est Tasyr et Lei ne flanche pas. Les yeux ainsi clos il semble étrangement calme, portant ses plaies comme une parure plutôt que comme un fardeau. Et ça remue quelque chose de désagréable en elle, une contradiction.
C'est douloureux. Le voir ainsi est incroyablement douloureux. Empathie exacerbée, elle souffre pour lui, estomac dans les talons et cœur au bord des lèvres, peau hérissée de frissons comme si c'était sa carne et non celle d'un autre qui se colorait de teintes bleu, vert et violacée aux accents jaunis, de stries couturées de sang séché. Mais il y a une beauté dans la laideur de son laisser-aller. Quelque chose de fascinant dans le sens le plus torturé du terme, et ses doigts se crispent sous le poids d'une lubie inacceptable : l'envie de le capturer à travers l'objectif. Lei ravale l'envie déplacée et préfère s'éloigner, partant inspecter la cuisine après avoir posé son sac à côté de la table encombrée. Il n'y a pas de glace pour les contusions ; elle opte pour laver une casserole et un carré de tissu de très mauvais gré, fait tiédir de l'eau et s'en met de côté dans un bol, puis laisse bouillir le reste pour y plonger le linge décrassé plus tôt — si inconsciente soit-elle, elle a suffisamment regardé de séries médicales (sa seule source d'inspiration en matière de soins. C'est risible.) pour savoir qu'elle ne veut pas aggraver de risques d'infection. Maladroite, elle s'y brûle un peu le bout des doigts en le récupérant et l'essorant, mais souffle un grand coup pour ravaler ses geignements de bébé et ajoute un peu de sel dans le bol avant de retourner auprès de Tasyr, tissu aseptisé et désinfectant de fortune en mains.
Les pourquoi lui brûlent les lèvres. Pourquoi tu te massacres comme ça, pourquoi tu ne sais plus être heureux, pourquoi je n'arrive plus à te rendre le sourire ; ce n'est même pas un égo trip — elle a seulement toujours, naïvement, considéré leur bonheur comme intimement lié, et ne parvient pas à assimiler le fait qu'il soit devenu imperméable au réconfort qu'elle voudrait pouvoir lui offrir. Au lieu de le dire, elle travaille en silence, assise à ses côtés pour tamponner les blessures de son visage, son cou, ses bras, ses doigts tuméfiés par les coups portés ; chasser prudemment les excédents de sang craquelé, jusqu'à mettre à jour les reliquats de peau intacte. Tu as l'air un peu plus humain, elle commente en lâchant le tissu dans l'eau considérablement noircie et en s'immobilisant, une main de Tasyr emprisonnées entre les siennes, sur son giron. Qui a gagné ? La rencontre, je veux dire. Parce que bien sûr, elle suppose qu'il faisait référence à l'un de ces combats de boxe auxquels il aime se livrer. Rien d'autre.
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De toutes façons, j'ai pas le choix hein ? Elle hoche la tête de droite à gauche, sourire bien en place mais gorge nouée. Négation ferme, bien que muette. Elle a donné tout ce qu'elle pouvait en terme de désinvolture ; partout où son regard embrasse la chair émaciée, atrophiée, déchirée, Lei est étreinte d'émotions brutales qui lui font ravaler ses mots, de peur que sa voix ne tremble, que sa fausse assurance ne s'étiole et qu'il ne la repousse en percevant à quel point tout ça est bien trop lourd pour elle. Il ouvre plus grand et le carnage se révèle dans son ensemble, vapeur de sueur rance qui pique le nez et les yeux, corps en lambeaux sur fond de décrépitude ; tableau décadent. Elle fronce les sourcils, petite princesse désabusée, perdue loin de son confort organisé. Si elle avait été plus forte, plus logique, plus mûre, comme ses mamans ou comme ses sœurs, sans doute aurait-elle trouvé quoi dire. Un électrochoc pour arracher Tasyr à ses limbes, à sa déchéance destructrice, mais tout commentaire meurt à la coupe de ses lèvres avant d'avoir eu le temps de prendre forme. Si elle avait été plus responsable, elle s'activerait déjà à attaquer le chaos à tour de bras, trier les ordures, rassembler les frusques crasses qui parent le sol non moins sordide. Au lieu de quoi elle avance en ouvrant grand les yeux à chaque pas, évitant avec soin tout ce qu'elle croise de douteux, Lei l'enfant choyée qui pour rien au monde ne se chargerait de tâches ménagères si on ne l'y obligeait parfois. Elle pile net à la vue de dessous féminin, tente de résister à la morsure de la jalousie qui engouffre ses crocs acérés quelque part dans son cœur. C'est bête, elle n'a jamais eu de mal à le partager avant que tout ne se gâte — elle aimait beaucoup trop en voir d'autres apprendre à l'apprécier et n'aspirait qu'à pouvoir le regarder rire ; la possessivité n'avait pas sa place dans leur équilibre. Mais tout est plus difficile maintenant que les doutes se sont logés entre eux, mus par une tentative de couple échouée sur les rives du temps. C'est étrange comme le savoir avec un autre ne lui laisse plus qu'une amertume passagère, qu'elle balaye d'un tant qu'il est heureux amplement satisfait ; mais comme l'imaginer à proximité d'une autre lui ronge les veines comme un acide. C'est vraiment bête, et en un battement de paupières elle se fustige, enterre la sensation. Peut-être n'est-il même pas question de jalousie causée par des relents de sentiments ambigus, mais par la conscience de ne rien savoir de ce qu'il trame lorsqu'il l'évite, lorsqu'il ignore ses appels ? Lei n'a jamais été douée pour faire la part des choses, lorsque les ressentis se parent de négativité, de teintes de gris.
Il la dépasse en coup de vent pour se crasher dans le canapé qui a sans nul doute connu des jours meilleurs, et ça l'arrache à ses pensées. T'aurais quand même pu choisir un meilleur moment pour débarquer, j'ai eu une rencontre ce matin et je suis complètement décalqué. Oh. Elle le rejoint plus lentement, s'appuie de ses bras tendus sur l'accoudoir où il repose, et penche un peu la tête en le fixant, à l'envers, de son air de gamine innocente. Je croyais que je ne te dérangeais jamais ? Ça sonne comme si de rien ; la bravade est sous-jacente, tout en délicatesse. Ses iris perçants le défient de la mettre à la porte, de briser leur simili-harmonie en lui avouant que parfois, elle le dérange. Que c'est le cas maintenant. Elle le fait de plus en plus souvent, en ce moment : réclamant sa présence comme une enfant, poussant et poussant encore en quête de limites qu'il n'a jamais encore eu l'audace de fixer. A lui accorder tous les droits et à trop la gâter, peut-être l'a-t-il pourrie lui aussi. Est-ce qu'il le regrette ? Lei n'a jamais aimé céder de terrain sur l'échiquier qu'est son royaume et, malmené entre les cases blanches et noires, Tasyr en est le roi. Bien sûr qu'elle ne partira pas tant qu'il n'aura pas eu le cran de lui dire clairement de s'en aller.
Ses bras à elle n'ont jamais su le secouer efficacement, ne prétendent même pas essayer ; elle ne sait que l'enlacer avec l'intensité de l'amour qu'elle lui porte et ses mains, lorsqu'elles l'approchent, ne connaissent ni rigueur ni fermeté, rien que douceur, bien qu'une voix sarcastique lui souffle de plus en plus souvent qu'on ne guérit aucun mal avec des baisers. Elle ne sait jamais trop, Lei, si agir ainsi encourage sa chute ou si elle n'a tout simplement aucune prise sur lui. Avant oui — c'était une certitude. Fut un temps où elle pouvait égoïstement lui demander de vivre pour elle, résolument aveugle à sa souffrance intérieure tant qu'il lui laissait généreusement croire qu'elle pouvait l'apaiser. Mais depuis son
C'est douloureux. Le voir ainsi est incroyablement douloureux. Empathie exacerbée, elle souffre pour lui, estomac dans les talons et cœur au bord des lèvres, peau hérissée de frissons comme si c'était sa carne et non celle d'un autre qui se colorait de teintes bleu, vert et violacée aux accents jaunis, de stries couturées de sang séché. Mais il y a une beauté dans la laideur de son laisser-aller. Quelque chose de fascinant dans le sens le plus torturé du terme, et ses doigts se crispent sous le poids d'une lubie inacceptable : l'envie de le capturer à travers l'objectif. Lei ravale l'envie déplacée et préfère s'éloigner, partant inspecter la cuisine après avoir posé son sac à côté de la table encombrée. Il n'y a pas de glace pour les contusions ; elle opte pour laver une casserole et un carré de tissu de très mauvais gré, fait tiédir de l'eau et s'en met de côté dans un bol, puis laisse bouillir le reste pour y plonger le linge décrassé plus tôt — si inconsciente soit-elle, elle a suffisamment regardé de séries médicales (sa seule source d'inspiration en matière de soins. C'est risible.) pour savoir qu'elle ne veut pas aggraver de risques d'infection. Maladroite, elle s'y brûle un peu le bout des doigts en le récupérant et l'essorant, mais souffle un grand coup pour ravaler ses geignements de bébé et ajoute un peu de sel dans le bol avant de retourner auprès de Tasyr, tissu aseptisé et désinfectant de fortune en mains.
Les pourquoi lui brûlent les lèvres. Pourquoi tu te massacres comme ça, pourquoi tu ne sais plus être heureux, pourquoi je n'arrive plus à te rendre le sourire ; ce n'est même pas un égo trip — elle a seulement toujours, naïvement, considéré leur bonheur comme intimement lié, et ne parvient pas à assimiler le fait qu'il soit devenu imperméable au réconfort qu'elle voudrait pouvoir lui offrir. Au lieu de le dire, elle travaille en silence, assise à ses côtés pour tamponner les blessures de son visage, son cou, ses bras, ses doigts tuméfiés par les coups portés ; chasser prudemment les excédents de sang craquelé, jusqu'à mettre à jour les reliquats de peau intacte. Tu as l'air un peu plus humain, elle commente en lâchant le tissu dans l'eau considérablement noircie et en s'immobilisant, une main de Tasyr emprisonnées entre les siennes, sur son giron. Qui a gagné ? La rencontre, je veux dire. Parce que bien sûr, elle suppose qu'il faisait référence à l'un de ces combats de boxe auxquels il aime se livrer. Rien d'autre.
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Re: tasyr + sister morphine | Ven 7 Avr - 18:17 Citer EditerSupprimer Tasyr & Lei
Le canapé grince de son poids, mais ses cris d'agonie restent inaudibles aux oreilles du gamin morose. Son bras pend dans le vide comme s'il allait s'en décrocher, son teint blême lui confère la pâle image d'un mourant, tout comme son souffle erratique qui s'échappe de ses lèvres grises au centre noirci par les fumées et les diluées aux trop peu de diluants. Si la crasse jonche le sol à en user les plaintes, il ne s'en est jamais senti mal à l'aise - un peu comme si tout n'était jamais que connecté d'une façon logique, comme s'il pouvait ne serait-ce qu'espérer mieux ; quelle vaste plaisanterie pour lui. Les sous-vêtements d'Haewon sont éparpillés entre les draps et le parquet, les siens enchevêtrés par dessus et par dessous tout comme ses t-shirts, tout comme ses pantalons et ses chaussures. Des paquets vides de ramyeons s'entassent au coin de la table, saupoudrés de restes de tubes crus qui poussent l'audace jusqu'à s'inviter dans les cendriers pleins. Pourtant (quelle traître sensation, quand on y pense), il se sent entre ces quatre murs si bien que le confort d'un palais lui aurait semblé dérisoire, si bien sur ce sofa usé qu'il ne peut s'en déloger ; si haut dans ses pensées qu'il méprise quiconque dans un grisant sentiment de supériorité. Et le sourire-moquerie dessine une courbe sur ses lèvres alors qu'il sert la mâchoire si fort que ses veines se détachent de son cou. Il est si misérablement à sa juste place parmi les ordures que l'euphorie teinte ses prunelles. Déferle ensuite l'orage de l'inquiétude et des regrets, lorsque son âme tournant dans un vide cruel comprend que dans sa tombe se dresse l'innocence incarnée qu'il souhaitait protéger de tous les maux (encore aurait-il fallu le protéger de lui-même). « t'as rien à faire là » désire-t-il hurler avant que le piège ne se referme sur elle aussi, mais seuls les grognements quittent l'antre de sa gorge en quelques sons inaudibles.
Sa tête bascule désagréablement sur le côté lorsque Lei pose ses bras sur l'accoudoir, et il en blâme le canapé à défaut de n'avoir la force de le lui reprocher à elle. Ses prunelles se lèvent pour se poser sur le visage poupon de la jeune femme, la sondent de longues secondes durant avant que, d'un geste trop brusque et trop peu mesuré, leurs front s'entrechoquent. Il grimace de douleur, ne pense pourtant pas même à reculer, et ses bras s'enroulent autour de la nuque de son amie pour la garder captive de son étreinte. « tu ne me déranges jamais. J'étais juste surpris, je ne pensais pas te voir là, maintenant. Et on ne peut pas dire que tu tombes au meilleur moment, mais peu importe. » peu importe, et bien peu de choses importeront lorsqu'il s'agit d'elle. Elle qui fait de lui sa marionnette sans une once de conscience, en a-t-elle seulement des remords ? Elle pour qui il se damnerait une fois encore s'il en avait le pouvoir, elle à côté de qui tout semble fade et si dénué d'intérêt qu'elle devient pour lui la première de ses priorités. Les souvenirs lui échappent à mesure que de nouveaux factices, créés de toutes pièces par son esprit délirants, s'immiscent. Ses dents dévorent la chair de sa lèvre, son index se glisse sur celles de Lei dans un mouvement lent et calculé ; qu'il se meurt, autant qu'il se lamente, de cette envie puissante de fondre sur sa bouche nacrée. Seule s'oppose à ses désirs ce sourd et grondant respect qu'il a pour elle (et qu'il n'aura jamais pour personne d'autre).
Les caresses sur son crâne sale appellent le sommeil, calment son souffle pour n'en laisser qu'une sereine respiration. Les peurs sont là, présentes au fond de sa gorge à tel point qu'elles s'emmêlent dans une boule qui l'écartèle et qu'il ne peut avaler, à tel point qu'elles assèchent sa bouche ; dans un même temps, la drogue flirte avec son sang, apaisant ses tourments pour les rendre si futiles qu'il se convainc qu'il y songera demain. Humidifiant ses lippes du bout de la langue, il rouvre une paupière dans une lenteur flegmatique (il les avait close dès lors que les doigts de la fée eurent touché ses fibres, apaisé par son contact). « je sais pas. Oh non... mieux, je crois que je m'en moque complètement. » il étouffe la naissance de son rire sarcastique contre ses lèvres puis contre la paume de sa main, se prélassant en félin roi dans ce sofa qui recueille ses idées noires et ses lubies depuis bien trop longtemps. gamin ingrat qui se veut roi. idiot nageant dans un délire parsemé de réalité, suffisamment pour le maintenir un tant soit peu éveillé. homme soulagé qu'elle n'en remarque rien, que son innocence candide appose sur ses yeux un voile assez opaque pour la priver de sa triste vision sur son sort.
Les doigts cessent leurs douces caresses, quittent ses mèches sales, et l'absence de chaleur soudaine creuse une moue réprobatrice sur le visage de Tasyr. Il hésite à la retenir, user de son égoïsme pour lui aboyer, lui intimer, de continuer, mais une fois encore, elle fait de lui ce que jamais personne n'arrivera à faire. Il saisit l'opportunité de son absence pour extirper de sa poche son téléphone. « oh. » il se rappelle désormais, ces appels qu'elle a vainement tenté de lui passer ; il se souvient à quel point son corps lourd le paralysait, l'empêchant d'esquisser le moindre geste pour décrocher. Il avait laissé ses yeux se poser sur l'écran sans jamais ne faillir, et ces longues minutes de tentatives lui avaient parues seulement secondes frivoles. Il saisit le coin de ses lèvres entre ses dents. La pulpe de ses doigts pianote jusqu'à ce qu'il ne porte le portable à son oreille, se lamentant misérablement dans un pleurnichement si soudain qu'il le surprend lui-même. « Hae... pourquoi t'es pas là ? T'avais dit que ça prendrait pas longtemps, pourquoi t'es toujours pas là ? » le vide en guise de réponse, un silence lourd. Il a oublié d'appuyer sur l'icone sans même sans apercevoir ; mais déjà Lei revient, coupant court à ses minauderies bien tristes.
Une seconde seulement pour que la douleur, pourtant minime en comparaison de ce qu'il a déjà enduré, le fasse geindre bruyamment. Il crispe sa mâchoire. Deux secondes ; le souffle coupé, les prunelles vissées sur le plafond sans intérêt. Trois secondes, le râle masculin d'une complaisance indigne qu'il masque en essayant vainement de se convaincre qu'il est satisfait de la voir prendre soin de lui. Son cœur s'emballe, défaille, déraille à mesure que l'eau salée s'incruste dans ses plaies, mord sauvagement ses tissus pour les cicatriser ; à nouveau la sueur perle à son front, mais ses pommettes remontent dans un sourire discret. dégoût envers sa propre personne, une fois encore. « la rencontre ? Quelle rencontre ? » surpris par la question, il tente de se remémorer les éléments de la journées qui lui apparaissent de façon bien décousue, se mêlant à ceux qu'il a inventé sans en avoir conscience, et il ne parvient à démêler le vrai du faux, cherchant le pardon dans une moue attristée. « excuse... j'ai pris cher aujourd'hui, je suis encore sonné, je galère à me souvenir de tout exactement. je sais pas, je suis désolé. Mais je suppose que ça n'est pas moi, je gagne jamais. » jamais contre les vices, jamais contre la cruauté, jamais contre les duels : trop couard pour être brave et décrocher la victoire. Mais un jour, tout ça changera, j'te promets.. Tasyr redessine le visage de visage de l'enfant d'un regard embrumé par les questions, mordille sa lèvre sous l'incompréhension. Une question lui brûle le bout de la langue, calcine sa bouche à la manière de ses cigarettes qu'il aime suicider criminellement. « Est-ce qu'on est toujours ensemble ? J'arrive pas vraiment à savoir et ça me tue. j'veux dire, j'ai super envie de faire des trucs là maintenant, mais en même temps si j'ai pas le droit, vaut mieux pas, c'est pas cool. » jamais il ne lui avait parlé comme ça, comme à toutes celles qu'il tente de charmer de manière si franche ; la lucidité et les souvenirs lui manquent cruellement, tous comme la solitude durant laquelle il s'invente un paradis factice en lequel il plane. Les substances illicites le rongent de jour en jour, creusent son corps, blêmissent sa peau, égrainent parfois ses souvenirs (temporairement pour l'instant, mais qu'en est-il du futur ?), dérèglent ses multiples comportements ; il n'en a pas même honte, du moins pas encore, pas avant de ne l'avoir réalisé.
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Le canapé grince de son poids, mais ses cris d'agonie restent inaudibles aux oreilles du gamin morose. Son bras pend dans le vide comme s'il allait s'en décrocher, son teint blême lui confère la pâle image d'un mourant, tout comme son souffle erratique qui s'échappe de ses lèvres grises au centre noirci par les fumées et les diluées aux trop peu de diluants. Si la crasse jonche le sol à en user les plaintes, il ne s'en est jamais senti mal à l'aise - un peu comme si tout n'était jamais que connecté d'une façon logique, comme s'il pouvait ne serait-ce qu'espérer mieux ; quelle vaste plaisanterie pour lui. Les sous-vêtements d'Haewon sont éparpillés entre les draps et le parquet, les siens enchevêtrés par dessus et par dessous tout comme ses t-shirts, tout comme ses pantalons et ses chaussures. Des paquets vides de ramyeons s'entassent au coin de la table, saupoudrés de restes de tubes crus qui poussent l'audace jusqu'à s'inviter dans les cendriers pleins. Pourtant (quelle traître sensation, quand on y pense), il se sent entre ces quatre murs si bien que le confort d'un palais lui aurait semblé dérisoire, si bien sur ce sofa usé qu'il ne peut s'en déloger ; si haut dans ses pensées qu'il méprise quiconque dans un grisant sentiment de supériorité. Et le sourire-moquerie dessine une courbe sur ses lèvres alors qu'il sert la mâchoire si fort que ses veines se détachent de son cou. Il est si misérablement à sa juste place parmi les ordures que l'euphorie teinte ses prunelles. Déferle ensuite l'orage de l'inquiétude et des regrets, lorsque son âme tournant dans un vide cruel comprend que dans sa tombe se dresse l'innocence incarnée qu'il souhaitait protéger de tous les maux (encore aurait-il fallu le protéger de lui-même). « t'as rien à faire là » désire-t-il hurler avant que le piège ne se referme sur elle aussi, mais seuls les grognements quittent l'antre de sa gorge en quelques sons inaudibles.
Sa tête bascule désagréablement sur le côté lorsque Lei pose ses bras sur l'accoudoir, et il en blâme le canapé à défaut de n'avoir la force de le lui reprocher à elle. Ses prunelles se lèvent pour se poser sur le visage poupon de la jeune femme, la sondent de longues secondes durant avant que, d'un geste trop brusque et trop peu mesuré, leurs front s'entrechoquent. Il grimace de douleur, ne pense pourtant pas même à reculer, et ses bras s'enroulent autour de la nuque de son amie pour la garder captive de son étreinte. « tu ne me déranges jamais. J'étais juste surpris, je ne pensais pas te voir là, maintenant. Et on ne peut pas dire que tu tombes au meilleur moment, mais peu importe. » peu importe, et bien peu de choses importeront lorsqu'il s'agit d'elle. Elle qui fait de lui sa marionnette sans une once de conscience, en a-t-elle seulement des remords ? Elle pour qui il se damnerait une fois encore s'il en avait le pouvoir, elle à côté de qui tout semble fade et si dénué d'intérêt qu'elle devient pour lui la première de ses priorités. Les souvenirs lui échappent à mesure que de nouveaux factices, créés de toutes pièces par son esprit délirants, s'immiscent. Ses dents dévorent la chair de sa lèvre, son index se glisse sur celles de Lei dans un mouvement lent et calculé ; qu'il se meurt, autant qu'il se lamente, de cette envie puissante de fondre sur sa bouche nacrée. Seule s'oppose à ses désirs ce sourd et grondant respect qu'il a pour elle (et qu'il n'aura jamais pour personne d'autre).
Les caresses sur son crâne sale appellent le sommeil, calment son souffle pour n'en laisser qu'une sereine respiration. Les peurs sont là, présentes au fond de sa gorge à tel point qu'elles s'emmêlent dans une boule qui l'écartèle et qu'il ne peut avaler, à tel point qu'elles assèchent sa bouche ; dans un même temps, la drogue flirte avec son sang, apaisant ses tourments pour les rendre si futiles qu'il se convainc qu'il y songera demain. Humidifiant ses lippes du bout de la langue, il rouvre une paupière dans une lenteur flegmatique (il les avait close dès lors que les doigts de la fée eurent touché ses fibres, apaisé par son contact). « je sais pas. Oh non... mieux, je crois que je m'en moque complètement. » il étouffe la naissance de son rire sarcastique contre ses lèvres puis contre la paume de sa main, se prélassant en félin roi dans ce sofa qui recueille ses idées noires et ses lubies depuis bien trop longtemps. gamin ingrat qui se veut roi. idiot nageant dans un délire parsemé de réalité, suffisamment pour le maintenir un tant soit peu éveillé. homme soulagé qu'elle n'en remarque rien, que son innocence candide appose sur ses yeux un voile assez opaque pour la priver de sa triste vision sur son sort.
Les doigts cessent leurs douces caresses, quittent ses mèches sales, et l'absence de chaleur soudaine creuse une moue réprobatrice sur le visage de Tasyr. Il hésite à la retenir, user de son égoïsme pour lui aboyer, lui intimer, de continuer, mais une fois encore, elle fait de lui ce que jamais personne n'arrivera à faire. Il saisit l'opportunité de son absence pour extirper de sa poche son téléphone. « oh. » il se rappelle désormais, ces appels qu'elle a vainement tenté de lui passer ; il se souvient à quel point son corps lourd le paralysait, l'empêchant d'esquisser le moindre geste pour décrocher. Il avait laissé ses yeux se poser sur l'écran sans jamais ne faillir, et ces longues minutes de tentatives lui avaient parues seulement secondes frivoles. Il saisit le coin de ses lèvres entre ses dents. La pulpe de ses doigts pianote jusqu'à ce qu'il ne porte le portable à son oreille, se lamentant misérablement dans un pleurnichement si soudain qu'il le surprend lui-même. « Hae... pourquoi t'es pas là ? T'avais dit que ça prendrait pas longtemps, pourquoi t'es toujours pas là ? » le vide en guise de réponse, un silence lourd. Il a oublié d'appuyer sur l'icone sans même sans apercevoir ; mais déjà Lei revient, coupant court à ses minauderies bien tristes.
Une seconde seulement pour que la douleur, pourtant minime en comparaison de ce qu'il a déjà enduré, le fasse geindre bruyamment. Il crispe sa mâchoire. Deux secondes ; le souffle coupé, les prunelles vissées sur le plafond sans intérêt. Trois secondes, le râle masculin d'une complaisance indigne qu'il masque en essayant vainement de se convaincre qu'il est satisfait de la voir prendre soin de lui. Son cœur s'emballe, défaille, déraille à mesure que l'eau salée s'incruste dans ses plaies, mord sauvagement ses tissus pour les cicatriser ; à nouveau la sueur perle à son front, mais ses pommettes remontent dans un sourire discret. dégoût envers sa propre personne, une fois encore. « la rencontre ? Quelle rencontre ? » surpris par la question, il tente de se remémorer les éléments de la journées qui lui apparaissent de façon bien décousue, se mêlant à ceux qu'il a inventé sans en avoir conscience, et il ne parvient à démêler le vrai du faux, cherchant le pardon dans une moue attristée. « excuse... j'ai pris cher aujourd'hui, je suis encore sonné, je galère à me souvenir de tout exactement. je sais pas, je suis désolé. Mais je suppose que ça n'est pas moi, je gagne jamais. » jamais contre les vices, jamais contre la cruauté, jamais contre les duels : trop couard pour être brave et décrocher la victoire. Mais un jour, tout ça changera, j'te promets.. Tasyr redessine le visage de visage de l'enfant d'un regard embrumé par les questions, mordille sa lèvre sous l'incompréhension. Une question lui brûle le bout de la langue, calcine sa bouche à la manière de ses cigarettes qu'il aime suicider criminellement. « Est-ce qu'on est toujours ensemble ? J'arrive pas vraiment à savoir et ça me tue. j'veux dire, j'ai super envie de faire des trucs là maintenant, mais en même temps si j'ai pas le droit, vaut mieux pas, c'est pas cool. » jamais il ne lui avait parlé comme ça, comme à toutes celles qu'il tente de charmer de manière si franche ; la lucidité et les souvenirs lui manquent cruellement, tous comme la solitude durant laquelle il s'invente un paradis factice en lequel il plane. Les substances illicites le rongent de jour en jour, creusent son corps, blêmissent sa peau, égrainent parfois ses souvenirs (temporairement pour l'instant, mais qu'en est-il du futur ?), dérèglent ses multiples comportements ; il n'en a pas même honte, du moins pas encore, pas avant de ne l'avoir réalisé.
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Re: tasyr + sister morphine | Ven 7 Avr - 23:03 Citer EditerSupprimer Tasyr & Lei
Il a les yeux rivés vers le plafond comme s'il était seul, égaré même quand elle est là. Les commissures étirées dans le mauvais sens alors qu'elle hésite, de peur d'accentuer le mal ; résultat, elle le suppose ailleurs. Perché sur elle ne sait quelles hauteurs oniriques, à en croire son teint exsangue, ses veines anormalement enflées qui la narguent, et le soupire rauque qu'il exhale, qui la laisse incertaine. A quoi tu penses ? elle voudrait demander, où es-tu ? parce qu'elle ne comprend pas. Ne pas le comprendre l'a toujours laissée un peu boudeuse, capricieuse, fait rare et déplaisant, contrariant. Elle se ronge la lèvre inférieure autant que les sangs, et son index dérape soudain en un réflexe d'enfant blessée, d'enfant vilaine, appuyant un peu vicieusement sur les rebords accidentés d'une excoriation tranchant le dos de la main du syrien. Rétribution sournoise pour... beaucoup de choses : les plaies ouvertes qui lui maculent le corps, son effroyable maigreur, les appels inaboutis, ses silences angoissants, et même le "Hae" dépité soufflé plus tôt alors qu'elle est près de lui. Pseudo gaucherie, réponse passive-agressive à tout, mais Lei regrette aussitôt parce qu'il paye déjà assez, il paye tout le temps — à quoi pensait-elle ? Excuse... j'ai pris cher aujourd'hui, je suis encore sonné, je galère à me souvenir de tout exactement. La culpabilité la brûle, brûle, brûle et elle s'empresse de se repentir, lèvres embrassant les doigts maigres de Tasyr qu'elle a croisés entre les siens, avec une infinie délicatesse. C'est pas grave, elle l'interrompt, pressante et à nouveau indulgente, toujours trop prompte à le disculper, et s'en voulant déjà trop fort de lui avoir tenu rigueur, en pensées, de son égarement. Pourquoi faut-il qu'elle soit comme ça ? Il l'avait prévenue que c'était un mauvais moment — avait laissé entendre en filigranes qu'elle n'aimerait sans doute pas ce qu'elle verrait. Je sais pas, je suis désolé. Mais je suppose que ça n'est pas moi, je gagne jamais. La peur se referme sur son palpitant en un étau glacé, elle se sent inutile et impuissante face à son défaitisme, sa
perdition. Ça dépend sûrement des combats que tu mènes, elle tente, encourageante, mais ne sait quoi ajouter d'autre, parce qu'il s'abîme et qu'elle peut ne se mentir qu'à elle-même, pas à lui.
Mais à présent il a les yeux rivés sur elle, juste sur elle, ses pupilles dilatées par des substances dont elle ne veut pas questionner sur la nature ; et ça apaise le monstre rugissant au creux de sa poitrine, curieux amalgame de terreur et de douleur et d'appréhension terrible à l'idée de le perdre. Et elle veut enterrer l'évidence (Mizaru, Kikazaru, Iwazaru, sa conscience la nargue, perfide, mais elle la fait taire). Non, bien sûr qu'elle ne peut pas le perdre. Bien sûr qu'elle ne le dérange pas et qu'il sera toujours là, bien sûr qu'il est encore son Tasyr même décharné et amoché et absent et étrange — elle veut y croire, se berce d'illusions candides alors même qu'il s'effrite sous ses doigts maladroits, sous ses yeux aveugles, et sa bouche muette. Est-ce qu'on est toujours ensemble ? il demande soudain et elle incline la nuque, interrogatrice. Ensemble ? J'arrive pas vraiment à savoir et ça me tue. j'veux dire, j'ai super envie de faire des trucs là maintenant, mais en même temps si j'ai pas le droit, vaut mieux pas, c'est pas cool. Elle hausse les épaules, perplexe. Bien sûr qu'on est toujours ensemble. A la vie à la mort, non ? Elle suppose, confuse autant qu'il l'est, habituée à bénéficier de tout ce qu'il a de finesse et d'égards, à ne pas avoir à se poser de questions. Et puis elle doute. Des... choses ? Incertaine, elle reste un instant comme inerte à le fixer comme une ahurie avant de percuter. Et de rougir jusqu'à la racine des cheveux (comme s'il n'avait pas déjà posé ses mains partout sur son corps, comme s'il n'avait pas été le premier). Oh. Oh. P-pas ensemble comme ça non, on n'est plus un- un couple, je veux dire, elle balbutie en se traitant d'idiote, en se demandant aussi comment il peut lui demander une chose pareille. Tu es avec Dewei maintenant, tu l'aimes vraiment. Tu te souviens ? Il y a des accents paniqués dans sa voix. Il ne lui demanderait jamais ça s'il était dans son état normal, pas à elle qui a vu sa vie détruite par ça — la déloyauté, les mensonges, l'infidélité. Pas à elle qui ne sait faire confiance à presque aucun homme sur ce plan, si ce n'est lui. Elle n'ose plus croiser son regard paumé, peur de s'y perdre, peur de vouloir le réconforter, peur de vouloir tout lui céder. Quand n'a-t-elle pas été faible pour lui ? Pour s'occuper les mains elle s'arme à nouveau du tissu gorgé de l'eau devenue froide, et reprend sa tâche où elle l'avait arrêtée, appliquant avec moins de légèreté et de maîtrise, non pour le punir comme plus tôt, mais simplement parce que troublée. C'est presque brusque et elle se suspend, horrifiée. Désolée...
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Il a les yeux rivés vers le plafond comme s'il était seul, égaré même quand elle est là. Les commissures étirées dans le mauvais sens alors qu'elle hésite, de peur d'accentuer le mal ; résultat, elle le suppose ailleurs. Perché sur elle ne sait quelles hauteurs oniriques, à en croire son teint exsangue, ses veines anormalement enflées qui la narguent, et le soupire rauque qu'il exhale, qui la laisse incertaine. A quoi tu penses ? elle voudrait demander, où es-tu ? parce qu'elle ne comprend pas. Ne pas le comprendre l'a toujours laissée un peu boudeuse, capricieuse, fait rare et déplaisant, contrariant. Elle se ronge la lèvre inférieure autant que les sangs, et son index dérape soudain en un réflexe d'enfant blessée, d'enfant vilaine, appuyant un peu vicieusement sur les rebords accidentés d'une excoriation tranchant le dos de la main du syrien. Rétribution sournoise pour... beaucoup de choses : les plaies ouvertes qui lui maculent le corps, son effroyable maigreur, les appels inaboutis, ses silences angoissants, et même le "Hae" dépité soufflé plus tôt alors qu'elle est près de lui. Pseudo gaucherie, réponse passive-agressive à tout, mais Lei regrette aussitôt parce qu'il paye déjà assez, il paye tout le temps — à quoi pensait-elle ? Excuse... j'ai pris cher aujourd'hui, je suis encore sonné, je galère à me souvenir de tout exactement. La culpabilité la brûle, brûle, brûle et elle s'empresse de se repentir, lèvres embrassant les doigts maigres de Tasyr qu'elle a croisés entre les siens, avec une infinie délicatesse. C'est pas grave, elle l'interrompt, pressante et à nouveau indulgente, toujours trop prompte à le disculper, et s'en voulant déjà trop fort de lui avoir tenu rigueur, en pensées, de son égarement. Pourquoi faut-il qu'elle soit comme ça ? Il l'avait prévenue que c'était un mauvais moment — avait laissé entendre en filigranes qu'elle n'aimerait sans doute pas ce qu'elle verrait. Je sais pas, je suis désolé. Mais je suppose que ça n'est pas moi, je gagne jamais. La peur se referme sur son palpitant en un étau glacé, elle se sent inutile et impuissante face à son défaitisme, sa
perdition. Ça dépend sûrement des combats que tu mènes, elle tente, encourageante, mais ne sait quoi ajouter d'autre, parce qu'il s'abîme et qu'elle peut ne se mentir qu'à elle-même, pas à lui.
Mais à présent il a les yeux rivés sur elle, juste sur elle, ses pupilles dilatées par des substances dont elle ne veut pas questionner sur la nature ; et ça apaise le monstre rugissant au creux de sa poitrine, curieux amalgame de terreur et de douleur et d'appréhension terrible à l'idée de le perdre. Et elle veut enterrer l'évidence (Mizaru, Kikazaru, Iwazaru, sa conscience la nargue, perfide, mais elle la fait taire). Non, bien sûr qu'elle ne peut pas le perdre. Bien sûr qu'elle ne le dérange pas et qu'il sera toujours là, bien sûr qu'il est encore son Tasyr même décharné et amoché et absent et étrange — elle veut y croire, se berce d'illusions candides alors même qu'il s'effrite sous ses doigts maladroits, sous ses yeux aveugles, et sa bouche muette. Est-ce qu'on est toujours ensemble ? il demande soudain et elle incline la nuque, interrogatrice. Ensemble ? J'arrive pas vraiment à savoir et ça me tue. j'veux dire, j'ai super envie de faire des trucs là maintenant, mais en même temps si j'ai pas le droit, vaut mieux pas, c'est pas cool. Elle hausse les épaules, perplexe. Bien sûr qu'on est toujours ensemble. A la vie à la mort, non ? Elle suppose, confuse autant qu'il l'est, habituée à bénéficier de tout ce qu'il a de finesse et d'égards, à ne pas avoir à se poser de questions. Et puis elle doute. Des... choses ? Incertaine, elle reste un instant comme inerte à le fixer comme une ahurie avant de percuter. Et de rougir jusqu'à la racine des cheveux (comme s'il n'avait pas déjà posé ses mains partout sur son corps, comme s'il n'avait pas été le premier). Oh. Oh. P-pas ensemble comme ça non, on n'est plus un- un couple, je veux dire, elle balbutie en se traitant d'idiote, en se demandant aussi comment il peut lui demander une chose pareille. Tu es avec Dewei maintenant, tu l'aimes vraiment. Tu te souviens ? Il y a des accents paniqués dans sa voix. Il ne lui demanderait jamais ça s'il était dans son état normal, pas à elle qui a vu sa vie détruite par ça — la déloyauté, les mensonges, l'infidélité. Pas à elle qui ne sait faire confiance à presque aucun homme sur ce plan, si ce n'est lui. Elle n'ose plus croiser son regard paumé, peur de s'y perdre, peur de vouloir le réconforter, peur de vouloir tout lui céder. Quand n'a-t-elle pas été faible pour lui ? Pour s'occuper les mains elle s'arme à nouveau du tissu gorgé de l'eau devenue froide, et reprend sa tâche où elle l'avait arrêtée, appliquant avec moins de légèreté et de maîtrise, non pour le punir comme plus tôt, mais simplement parce que troublée. C'est presque brusque et elle se suspend, horrifiée. Désolée...
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Re: tasyr + sister morphine | Jeu 13 Avr - 15:13 Citer EditerSupprimer Tasyr & Lei
Les images du temps sont brouillées, noyées par une épaisse vapeur qui annihile ses sens, détourne les souvenirs, brouille la lucidité. Il se souvient de certaines choses, est incapable d'imaginer d'autres, mais reste conscient de ses oublis à tel point que la culpabilité ronge chacune de ses veines à la manière de crocs acérés affamés de remords. Ses paupières sont lourdes, ses reniflements se font plus gutturaux à mesure qu'il y mêle ses grognements de désespoir. Lei est une enfant-étoile, une reine-douceur, une poupée-candeur qu'il a rencontré à un moment de sa vie où les cadavres de son enfance jonchaient le macadam foulé par les sorcières en sabbat. A un moment de sa vie où il était encore pourtant si naïf que le sourire-lumière même de la gamine a suffit à insuffler un espoir certain au creux de son palpitant pour le faire battre plus fort. A un moment où il a goûté à nouveau à la sensation chaleureuse d'avoir une famille alors qu'il avait vu la sienne périr peu à peu par la bêtise des hommes (alors en homme, il poursuit leurs desseins pour tous les réduire en poussière, à commencer par lui-même). Il voudrait tout chérir jusqu'à la fin des temps : chacun de ses touchés, chacun de ses regards, chacun de ses sourires, chacun de leurs souvenirs ; il geint soudainement sans raison apparente, si ce n'est celle d'avoir perdu des morceaux d'un eux. Ses pupilles dilatées cerclées d'un rouge vif ne veulent se détourner d'elle, il claque des dents par automatisme sous ses mots incertains, couvre enfin son visage de son bras lorsque la réalité le rattrape ; alors il se demande comment il a pu oublier ça, de quelle façon abjecte il a su s'assujettir si puissamment à l’héroïne pour la laisser contrôler les images de sa vie. « pardon. » Il ne sait quoi ajouter, le gamin est mortifié par un oubli d'une telle ampleur. Il bat des paupières, se recroqueville un peu plus, un peu mieux, dans le sofa qui manque de s'effondrer à ce simple geste. « Dewei. J'aime dewei, c'est vrai. Je suis vraiment désolé. pardon. » Il n'a jamais été angoissé à l'idée de se retrouver dans la même pièce qu'elle, bien au contraire. De chacune de leurs rencontres, elle irradiait d'une lumière si douce qu'il s'en sentait comblé de bonheur, prompt aux réactions juvéniles et aux taquineries ; celles qui veulent dire je suis là, regarde moi, m'oublie pas. Mais pour la première fois, il souhaite être loin, bien loin d'elle sur qui il risque à tout moment d'éclabousser sa noirceur et ses démons, voler une part de sa candeur - mais peut-être est-il justement déjà trop loin.
Les doigts de l'enfant No effleurent les traces de sa douleur d'une légèreté grisante, caressent par l’intermédiaire d'un tissus son épiderme malmené. Les combats ont laissé des traces qui disparaîtront dans quelques jours ; ses combats internes en ont laissé d'autres qui ne partiront pas. Sa mâchoire se serre soudainement avant que ses lèvres n'expulsent le râle rauque mais presque muet d'une douleur certaine : la poigne s'est faite trop ferme, trop oppressante, et elle semble le réaliser avec une forme d'effroi qu'il ne trouve que trop peu seyant sur son visage délicat. Tasyr enroule ses doigts autour du poignet de la femme-enfant, esquisse l'ombre d'un sourire bancal. « c'est pas grave. J'ai pas eu si mal que ça. » c'était plus douloureux qu'il ne le laisse croire, et pourtant. Triste garçon si mal en point qui se convainc seul qu'il est nuisible pour tous (alors qu'il n'est qu'une poussière dans l'existence), âme esseulée qui clame d'une culpabilité certaine qu'il mérite chaque maux qu'il reçoit. Il plisse les paupières lui intime d'un ordre doux de ne pas cesser, de reprendre, de poursuivre, d'offrir une possibilité brève de rédemption par la souffrance. C'est une pensée futile qui germe lentement à la façon d'une graine nocive. On en hait la douleur, on se plie et on rampe face à elle. Mais on se hait tout autant, rongé par une culpabilité plus vénéneuse encore que cette première ; alors on en vient à songer que l'on mérite ce qui arrive. alors on en vient à penser qu'il est si doux d'être puni, comme une confession, comme le prix à payer pour se libérer d'un péché. Avant même de s'en apercevoir, il a sombré, addict à ce venin-là aussi, et pardon pour tous les autres. Ça n'est jamais agréable, un moment douloureux qui fait grogner, qui fait hurler les plus faibles, les plus douillets ; la satisfaction vient après comme une morphine-vieille amie bien accueillie. Le syriens se redresse de moitié pour enfouir son visage contre le buste de Lei, les cheveux humides, les dents serrées. Et s'il frémit et trésaille autant, c'est avant tout puisque depuis qu'il a saisit son maigre poignet entre ses doigts, il n'a jamais cessé de la forcer à appuyer, à cet unique endroit où sa veine brunie est déjà pourrie, où les coups ont laissé des séquelles, et où ses ongles ont trop raclé la peau.
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Les images du temps sont brouillées, noyées par une épaisse vapeur qui annihile ses sens, détourne les souvenirs, brouille la lucidité. Il se souvient de certaines choses, est incapable d'imaginer d'autres, mais reste conscient de ses oublis à tel point que la culpabilité ronge chacune de ses veines à la manière de crocs acérés affamés de remords. Ses paupières sont lourdes, ses reniflements se font plus gutturaux à mesure qu'il y mêle ses grognements de désespoir. Lei est une enfant-étoile, une reine-douceur, une poupée-candeur qu'il a rencontré à un moment de sa vie où les cadavres de son enfance jonchaient le macadam foulé par les sorcières en sabbat. A un moment de sa vie où il était encore pourtant si naïf que le sourire-lumière même de la gamine a suffit à insuffler un espoir certain au creux de son palpitant pour le faire battre plus fort. A un moment où il a goûté à nouveau à la sensation chaleureuse d'avoir une famille alors qu'il avait vu la sienne périr peu à peu par la bêtise des hommes (alors en homme, il poursuit leurs desseins pour tous les réduire en poussière, à commencer par lui-même). Il voudrait tout chérir jusqu'à la fin des temps : chacun de ses touchés, chacun de ses regards, chacun de ses sourires, chacun de leurs souvenirs ; il geint soudainement sans raison apparente, si ce n'est celle d'avoir perdu des morceaux d'un eux. Ses pupilles dilatées cerclées d'un rouge vif ne veulent se détourner d'elle, il claque des dents par automatisme sous ses mots incertains, couvre enfin son visage de son bras lorsque la réalité le rattrape ; alors il se demande comment il a pu oublier ça, de quelle façon abjecte il a su s'assujettir si puissamment à l’héroïne pour la laisser contrôler les images de sa vie. « pardon. » Il ne sait quoi ajouter, le gamin est mortifié par un oubli d'une telle ampleur. Il bat des paupières, se recroqueville un peu plus, un peu mieux, dans le sofa qui manque de s'effondrer à ce simple geste. « Dewei. J'aime dewei, c'est vrai. Je suis vraiment désolé. pardon. » Il n'a jamais été angoissé à l'idée de se retrouver dans la même pièce qu'elle, bien au contraire. De chacune de leurs rencontres, elle irradiait d'une lumière si douce qu'il s'en sentait comblé de bonheur, prompt aux réactions juvéniles et aux taquineries ; celles qui veulent dire je suis là, regarde moi, m'oublie pas. Mais pour la première fois, il souhaite être loin, bien loin d'elle sur qui il risque à tout moment d'éclabousser sa noirceur et ses démons, voler une part de sa candeur - mais peut-être est-il justement déjà trop loin.
Les doigts de l'enfant No effleurent les traces de sa douleur d'une légèreté grisante, caressent par l’intermédiaire d'un tissus son épiderme malmené. Les combats ont laissé des traces qui disparaîtront dans quelques jours ; ses combats internes en ont laissé d'autres qui ne partiront pas. Sa mâchoire se serre soudainement avant que ses lèvres n'expulsent le râle rauque mais presque muet d'une douleur certaine : la poigne s'est faite trop ferme, trop oppressante, et elle semble le réaliser avec une forme d'effroi qu'il ne trouve que trop peu seyant sur son visage délicat. Tasyr enroule ses doigts autour du poignet de la femme-enfant, esquisse l'ombre d'un sourire bancal. « c'est pas grave. J'ai pas eu si mal que ça. » c'était plus douloureux qu'il ne le laisse croire, et pourtant. Triste garçon si mal en point qui se convainc seul qu'il est nuisible pour tous (alors qu'il n'est qu'une poussière dans l'existence), âme esseulée qui clame d'une culpabilité certaine qu'il mérite chaque maux qu'il reçoit. Il plisse les paupières lui intime d'un ordre doux de ne pas cesser, de reprendre, de poursuivre, d'offrir une possibilité brève de rédemption par la souffrance. C'est une pensée futile qui germe lentement à la façon d'une graine nocive. On en hait la douleur, on se plie et on rampe face à elle. Mais on se hait tout autant, rongé par une culpabilité plus vénéneuse encore que cette première ; alors on en vient à songer que l'on mérite ce qui arrive. alors on en vient à penser qu'il est si doux d'être puni, comme une confession, comme le prix à payer pour se libérer d'un péché. Avant même de s'en apercevoir, il a sombré, addict à ce venin-là aussi, et pardon pour tous les autres. Ça n'est jamais agréable, un moment douloureux qui fait grogner, qui fait hurler les plus faibles, les plus douillets ; la satisfaction vient après comme une morphine-vieille amie bien accueillie. Le syriens se redresse de moitié pour enfouir son visage contre le buste de Lei, les cheveux humides, les dents serrées. Et s'il frémit et trésaille autant, c'est avant tout puisque depuis qu'il a saisit son maigre poignet entre ses doigts, il n'a jamais cessé de la forcer à appuyer, à cet unique endroit où sa veine brunie est déjà pourrie, où les coups ont laissé des séquelles, et où ses ongles ont trop raclé la peau.
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Re: tasyr + sister morphine | Sam 15 Avr - 3:27 Citer EditerSupprimer Tasyr & Lei
Il a l'air si fatigué, lessivé ; à deux doigts de se briser et elle se maudit, Lei, de ne plus savoir recoller les morceaux correctement, de ne pas même parvenir à les rattraper pour les assembler et prétendre qu'ils tiennent encore ensemble, ses éclats épars. Tasyr est un puzzle qui se fait discordant et dont les contours de chaque pièce s'étiolent jusqu'à ne plus se chevaucher naturellement. Et peu importe l'avalanche d'émotions qu'elle voudrait déverser dans chaque craquelure pour les gommer une à une, ses doigts dérapent sur son derme rubicond et se referment sur du vide. Toujours plus de vide. Pardon. Il s'empoisonne aux remords, se replie autour de sa conscience éprouvée, Dewei. J'aime dewei, c'est vrai. Je suis vraiment désolé. pardon. C'est déjà oublié, elle chuchote facilement. Parce que ce qui devrait être blessant ou outrageant est aisé à gommer avec Tasyr, et que même quand ça ne l'est pas, elle fait semblant. Personne n'a besoin de savoir après tout ; les mots meurent dans le cimetière de leurs dénis, avec les cadavres des non-dits qu'ils prétendent enterrés.
Ses mains s'activent à nouveau, échouant à effacer les ecchymoses de son corps mais essayant tout de même, maladroites, empressées, jusqu'à déraper. Mais il la retient d'arrêter, clame J'ai pas eu si mal que ça avec une assurance fumeuse, en laquelle elle croit (c'est plus facile comme ça). Et lorsqu'il se serre contre elle, elle esquisse un rire amusé, un rire de fée, comme s'il ne s'agissait que d'un jeu et qu'elle pouvait le soustraire à la vue du monde autant qu'à ses peines (un rire un peu étranglé, tandis qu'il lui fait broyer une plaie dont elle n'ose pas regarder l'état) (elle songe brièvement "quelque chose ne va pas—") (non. tout va bien. il est contre elle et tout va bien). Lei enroule un bras autour de ses épaules, joue appuyée sur sa tempe et cœur battant la chamade sous son oreille, entre satisfaction coupable et panique inavouée. Pendant un instant elle chantonne un air inventé, enfantin, les yeux rivés sur le mur d'en face, mais bien malgré elle ses prunelles inquiètes dévient sur ce qui le fait frémir — la peine qu'il s'inflige à travers la prise de Lei — et la nausée lui monte à la gorge. Tasyr- elle s'interrompt, déglutit ; il y a tant à dire, tant de qu'est-ce que tu fais, pourquoi tu le fais, arrête alarmés à déverser, qu'elle en a le tournis. Et, lâche, les ravale. je peux te photographier ? elle s'entend demander à la place, lèvres effleurant les contours psychédéliques que dessine un hématome à la naissance de ses cheveux. Électrisée et effarée à la fois par la façon dont il s'anime à chaque contact blessant, comme s'il aspirait à expérimenter cette douleur (mais ça ne peut pas être ça, ce serait trop étrange, non ?).
Sa propre question l'horrifie quelque part, mais qu'est-elle ? Une gamine immature dont l'esprit rechigne à assimiler la gravité des choses.
Elle voit éclore des pétales pourpres sur le canevas de sa peau, émergence de teintes vives acidulées sur fond pastel, et aspire à en faire un tableau. C'est plus aisé, de regarder la misère comme si elle était belle, que de l'affronter dans tout ce qu'elle a d'abominable. C'est plus aisé, de s'assurer qu'on fait de l'Art plutôt que de songer qu'on fait du mal.
Alors elle dénoue le bras qu'elle avait glissé derrière lui, l'étire pour attraper l'anse de son sac du bout des doigts, fouille en aveugle jusqu'à refermer sa prise sur son appareil. Je ne vais nulle part, elle rassure en le détachant prudemment d'elle, le repoussant en douceur contre l'accoudoir inconfortable. Souffle : je veux juste t'immortaliser, avec quelque chose de pétillant dans les yeux. Regard candide et avide qui étudie tous ces pans de vie étendus devant elle et les histoires qu'ils narrent ; ici et là, des coupures qui fredonnent des anecdotes brutales dont les rumeurs la terrifient mais dont l'aesthetic la captive. Click. Elle les décortique — ici la main terriblement amochée, là une clavicule esquintée. Le creux d'un coude bleui par des veines saillantes, dont une ressortant plus encore que les autres, chemin de croix. Une lèvre éclatée, entrouverte sur un râle muet tandis qu'il excite sa peine en l'éveillant de ses propres mains. Lei corrige les réglages de l'appareil, consciencieuse, mais surtout pour se donner un répit, le sang battant sourdement à ses oreilles.
Ce n'est pas bien. Elle prétend l'ignorer mais son âme le sait et- click. Elle se damne un peu plus, viseur traquant les gestes qu'esquisse Tasyr pour ne rien manquer des meurtrissures qu'il exhibe. Elle lui rend une de ses mains lorsqu'il la réclame, le laisse en user comme bon lui semble en se mordant durement la lèvre pour refouler l'écho des "c'est mal mal mal mal" qui tambourinent contre sa cage thoracique.
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Il a l'air si fatigué, lessivé ; à deux doigts de se briser et elle se maudit, Lei, de ne plus savoir recoller les morceaux correctement, de ne pas même parvenir à les rattraper pour les assembler et prétendre qu'ils tiennent encore ensemble, ses éclats épars. Tasyr est un puzzle qui se fait discordant et dont les contours de chaque pièce s'étiolent jusqu'à ne plus se chevaucher naturellement. Et peu importe l'avalanche d'émotions qu'elle voudrait déverser dans chaque craquelure pour les gommer une à une, ses doigts dérapent sur son derme rubicond et se referment sur du vide. Toujours plus de vide. Pardon. Il s'empoisonne aux remords, se replie autour de sa conscience éprouvée, Dewei. J'aime dewei, c'est vrai. Je suis vraiment désolé. pardon. C'est déjà oublié, elle chuchote facilement. Parce que ce qui devrait être blessant ou outrageant est aisé à gommer avec Tasyr, et que même quand ça ne l'est pas, elle fait semblant. Personne n'a besoin de savoir après tout ; les mots meurent dans le cimetière de leurs dénis, avec les cadavres des non-dits qu'ils prétendent enterrés.
Ses mains s'activent à nouveau, échouant à effacer les ecchymoses de son corps mais essayant tout de même, maladroites, empressées, jusqu'à déraper. Mais il la retient d'arrêter, clame J'ai pas eu si mal que ça avec une assurance fumeuse, en laquelle elle croit (c'est plus facile comme ça). Et lorsqu'il se serre contre elle, elle esquisse un rire amusé, un rire de fée, comme s'il ne s'agissait que d'un jeu et qu'elle pouvait le soustraire à la vue du monde autant qu'à ses peines (un rire un peu étranglé, tandis qu'il lui fait broyer une plaie dont elle n'ose pas regarder l'état) (elle songe brièvement "quelque chose ne va pas—") (non. tout va bien. il est contre elle et tout va bien). Lei enroule un bras autour de ses épaules, joue appuyée sur sa tempe et cœur battant la chamade sous son oreille, entre satisfaction coupable et panique inavouée. Pendant un instant elle chantonne un air inventé, enfantin, les yeux rivés sur le mur d'en face, mais bien malgré elle ses prunelles inquiètes dévient sur ce qui le fait frémir — la peine qu'il s'inflige à travers la prise de Lei — et la nausée lui monte à la gorge. Tasyr- elle s'interrompt, déglutit ; il y a tant à dire, tant de qu'est-ce que tu fais, pourquoi tu le fais, arrête alarmés à déverser, qu'elle en a le tournis. Et, lâche, les ravale. je peux te photographier ? elle s'entend demander à la place, lèvres effleurant les contours psychédéliques que dessine un hématome à la naissance de ses cheveux. Électrisée et effarée à la fois par la façon dont il s'anime à chaque contact blessant, comme s'il aspirait à expérimenter cette douleur (mais ça ne peut pas être ça, ce serait trop étrange, non ?).
Sa propre question l'horrifie quelque part, mais qu'est-elle ? Une gamine immature dont l'esprit rechigne à assimiler la gravité des choses.
Elle voit éclore des pétales pourpres sur le canevas de sa peau, émergence de teintes vives acidulées sur fond pastel, et aspire à en faire un tableau. C'est plus aisé, de regarder la misère comme si elle était belle, que de l'affronter dans tout ce qu'elle a d'abominable. C'est plus aisé, de s'assurer qu'on fait de l'Art plutôt que de songer qu'on fait du mal.
Alors elle dénoue le bras qu'elle avait glissé derrière lui, l'étire pour attraper l'anse de son sac du bout des doigts, fouille en aveugle jusqu'à refermer sa prise sur son appareil. Je ne vais nulle part, elle rassure en le détachant prudemment d'elle, le repoussant en douceur contre l'accoudoir inconfortable. Souffle : je veux juste t'immortaliser, avec quelque chose de pétillant dans les yeux. Regard candide et avide qui étudie tous ces pans de vie étendus devant elle et les histoires qu'ils narrent ; ici et là, des coupures qui fredonnent des anecdotes brutales dont les rumeurs la terrifient mais dont l'aesthetic la captive. Click. Elle les décortique — ici la main terriblement amochée, là une clavicule esquintée. Le creux d'un coude bleui par des veines saillantes, dont une ressortant plus encore que les autres, chemin de croix. Une lèvre éclatée, entrouverte sur un râle muet tandis qu'il excite sa peine en l'éveillant de ses propres mains. Lei corrige les réglages de l'appareil, consciencieuse, mais surtout pour se donner un répit, le sang battant sourdement à ses oreilles.
Ce n'est pas bien. Elle prétend l'ignorer mais son âme le sait et- click. Elle se damne un peu plus, viseur traquant les gestes qu'esquisse Tasyr pour ne rien manquer des meurtrissures qu'il exhibe. Elle lui rend une de ses mains lorsqu'il la réclame, le laisse en user comme bon lui semble en se mordant durement la lèvre pour refouler l'écho des "c'est mal mal mal mal" qui tambourinent contre sa cage thoracique.
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