Il y avait des choses qu'il ne comprenait décidément pas, et de ces choses, sa vice présidente Hera faisait partie (tout comme pourquoi les chats miaulent et pas les chiens, pourquoi le bleu s'appelle bleu et pas rouge, et pourquoi il n'arrive pas à finir le niveau un de Mario alors que son petit cousin en est au seize). Il se souvenait du savon mémorable qu'elle lui avait passé en octobre dernier -sous prétexte qu'il n'aurait pas su coller les affiches correctement, et qu'il était rentré plein de colle liquide- et elle l'envoyait à nouveau sur le terrain, lui qui pensait avoir été suffisamment maladroit pour se dispenser le temps d'une vie ou deux de toute activité physique autre que la musculation du poignet. Tasyr traîne les pieds, il connaît encore par cœur le chemin jusqu'à son ancienne et toute première fraternité. Son eastpak sur l'une de ses épaules dont la lanière traîne au sol contient le matériel digne d'un véritable expert - mais malheureusement pour lui, il n'est pas un expert. Il s'arrête face à la bâtisse (qui a de la gueule, faut l'avouer. Plus de gueule en tout cas que leur baraque à eux, mais il s'en fout, le plus grand périple qu'il entreprend c'est quand il doit quitter son bureau pour aller dans sa chambre). Il n'ose pas entrer, et pour la première fois de sa vie, c'en est vraiment par politesse (c'est faux, sa flemme refuse de le laisser s'éloigner d'un pas de plus du dortoir gumiho, puisque cela signifie un pas de plus à faire dans le sens arrière).
Le président gumiho s'arrête entre un poteau électrique et le mur à la gauche du portail, estime que c'en est l'endroit parfait. Comme quelques mois plus tôt, il pose son sac sur le sol et en tire le pot de colle liquide (dont il sait d'avance que la moitié terminera sur ses vêtements, mais entre nous, il n'a jamais été très doué pour tout ce qui était liquide). Les affiches suivent rapidement, et parce qu'il veut en finir le plus vite possible, il s'empresse de tartiner l'un sur l'autre, puis finir par plonger l'autre dans l'un. Muret, poteau, et finalement le sol, tout finit par y passer tant que les affiches lui restent. Il a dit qu'il voulait faire ça vite, pas qu'il voulait faire ça bien. Il observe son art (du picasso, ou du moderne, il ne sait pas encore trancher), ça lui suffit. Alors il repose le sac sur son épaule et il trace son chemin. De toutes façons, il est presque sûr que même s'il s'était appliqué, Hera aurait trouvé quelque chose à lui reprocher, alors par habitude, il ne prend même plus la peine d'essayer (il suppute qu'elle est si fane de lui qu'elle gère mal son stress, d'où ses gueulantes à répétition). C'est pas joli, ça fait presque mauvaise pub.
Mais taz, il a jamais été doué pour la pub, si ce n'est pour se laisser berner par celle-ci. Après tout, il continue d'acheter ses foutus activia depuis deux ans dans l'espoir de tomber sur celui qui fera enfin danser Shakira dans son bidou.