« - on rentre les enfants. » 17 heures. Et cette femme trentenaire qui a gâché sa jeunesse à avoir des enfants à à peine 24 ans, récupérant ses deux tourments qui se chamaillent sur la balançoire. Pauvre mère. Cet endroit en face de la fac n’est pas vraiment un lieu convenable pour les marmots. Il y a des jeunes partout, et même aegir, le plus calme de tous les orages est venu avec une bouteille d’alcool se prélasser dans l’herbe. Ça sent un peu la beuh, mais ça sent surtout la cigarette. Il fait beau alors il faut sortir. Ae est seul. pas de ashvin qui l’empoisonne mais qui le distrait, pas de boni qui le sermonne mais qui l’instruit, pas de tasha qui le met dans la merde mais qu’il adore voir sourire contre lui. pas tout ce beau monde. Aujourd’hui est comme son jour de congé. Il est fatigué de devoir courir, de devoir trouver les mots qui vont bien pour se faire entendre. Tout ça pèse sur son organisme et il est crevé. Il a mal aux articulations parfois, mais il continue de s’agiter pour eux. Tous ces gens. Profs, amis, ennemis, inconnus, camarades, sang, amour. Il commence alors à s’assoupir contre la pelouse, l’esprit un peu brouillé par le litre de jäger bomb qui trône fièrement dans une bouteille de coca à l’étiquette déchirée.

Cependant, une présence interpelle le jeune homme presque aussitôt. Le prince baisse légèrement ses lunettes de soleil, dévoilant ses yeux fantomatiques. Un sourire trône soudainement sur son visage affichant un air faussement détendu. Yuki. Son bol d’air pur. une libération. Parce qu’il sait tout simplement qu’entre eux une certaine alchimie s’est opérée. Yuk’ artiste. Ae modèle. Une sorte de message pour faire comprendre que lui aussi est en quelque sorte un trésor mais qu’il est simplement dissimulé derrière une épaisse couche de fragilité. « - toujours prêt. » il le laisse boire un peu. Ça ne fera qu’installer un peu plus une atmosphère délicieuse. Le blond passe un bras sous sa tête avant de ricaner « - j’aurai pu le faire s’il n’y avait pas eu autant de 2004-2005 dans les parages. » avoue aegir d’une légèreté sans faille. « - tu choisis. Le corps ou le décor. » il peut se déplacer lui. aller dans un endroit plus tranquille pour satisfaire l’inspiration et les pupilles de yuki. C’est à lui de trancher. « - tu connaitrais pas un lieu sympa ? » pour ce genre de choses.

C’était une journée assez légère aujourd’hui et on pouvait deviner un changement d’attitude chez aegir qui, pour une fois, laissait la vie l’emmener et le guider à bon port. Pour l’instant on pouvait avouer que ça avait plutôt bien fonctionné. On avait mis yuki sur sa route et ça ne pouvait pas mieux tomber. Ae, qui d’ordinaire n’a pas vraiment confiance en son sex appeal ou en son charisme peu légendaire, se montrait de plus en plus séducteur et on avait le droit d’admettre qu’il fonçait littéralement dans le rentre dedans léger du garçon à côté de lui. peut-être sont-ce aussi les 40 degrés du jägger mélangé ardemment pour ne laisser qu’un goût excellent, qui rendent l’esprit du russe beaucoup plus léger, comme s’il oubliait tout, jusqu’à sa propre maladie. Alors oui. Ils se cherchent avec l’artiste mais c’est agréable. Les yeux du bellâtre finissent par s’ouvrir quand son voisin fait évocation de la salle de dessin probablement vide. Il est même prêt à bondir avant que ce ne soit trop tard, mais yuki a l’air plutôt serein alors pas de danger. « - va pour la salle de dessin. » il attrape la bouteille avant de se redresser avec un mal ouvertement visible. Son visage se crispe avant d’afficher un sourire maladroit comme pour dire – tout va bien.

Ae entre, pose son blouson et ses lunettes de soleil rayées ainsi que sa bouteille, déclinant l’invitation de l'étudiant quand il lui demande s’il veut quelque chose de rafraichissant. L’alcool lui suffit largement, d’ailleurs il va arrêter là, sinon il sera incapable de se concentrer pendant le dessin. Il retire son t-shirt en premier avant de lever un sourcil vers le jeune homme assis par terre ses crayons à la main. « - tu comptes vraiment faire de la peinture ou je ne sais quoi ? » lance le prince des orages un air de défi dans le ton. « - allez lève-toi et finit le travail. » il ricane et s’assoit un peu avachi sur une chaise au hasard.