Ma soeur est partie tôt ce matin me laissant de l'argent pour que je puisse faire deux trois courses pour moi manger. J'avoue que je m'attendais à ce qu'elle me fasse des bons petits plats qui m'attendrait bien sagement dans le frigo. Mais non.. Au moins, j'ai une raison de sortir et faire mon jogging. Les écouteurs dans mes oreilles, un vieux training qui n'est pas à moi vu comme je flotte de dans, et me voilà prête à courir juste pour m'acheter de quoi manger. J'ai besoin de courir pour me vider l'esprit, c'est une nouvelle vie pour moi. Et ça me fait peur. J'aimerai bien que quelqu'un soit là pour me guider, me dire qu'il peut m'expliquer tout ce que j'ai oublié. Je tourne dans une rue, mon regard se pose sur la devanture d'un magasin et je passe la porte. Je sais même pas ce que j'ai envie de manger, alors je prends des trucs simples. Pizza, chips, ramens. Enfin des trucs dont j'ai pas trop besoin de me prendre la tête et dont je sais que je raffole. A la caisse, je me retourne en sentant le regard sur moi d'une personne. Je me retourne et lui sourit de loin, avant de payer et de reprendre mon chemin vers l'appartement de ma soeur.

J’avais faim ; le genre de faim qu’un snack ne comblerait pas. J’étais donc parti me chercher des nouilles instantanées et tout un tas de joyeusetés pour combler ma faim à l’épicerie en bas de chez moi. Je voulais pas parcourir des kilomètres, j’avais juste faim, pas envie de faire du tourisme. Ni de la marche nordique. J’avais collé mon vieux tee shirt pacman et un pantalon noir, en guise de tenue. J’étais pas parti pour le défilé de l’année et je m’en foutais, j’avais mon jeu en chargement, et c’était ce qui m’importait. Je ne savais pas exactement ce a quoi je pensais. J’étais totalement absent, je connaissais trop bien la supérette, je me baladais instinctivement, rayon soda, puis rayon nouilles instantanées. Avant de me diriger vers le rayon snacks et de m’arreter. Figé. Je secouais la tête, ne perdant pas de vue la silhouette devant moi. Une silhouette si lointaine et pourtant qui semblait si proche. Elle était là. Ou du moins semblait être la. Mais ce n’était pas possible. Ca ne devait qu’une personne lui ressemble. Mais non, elle se retourne sourit, et s’en va. Je la regarde s’éloigner totalement absent, sans entendre la caissière qui m’appelait pour poser mes articles sur le tapis. Je venais de voir Eunsil. Ma Eunsil. Mon fantôme.

A la caisse, j'ai senti un regard sur moi. Et j'ai cherché d'où on pouvait m'observer avant que je souris à la personne. Quoi que la caissière est obligée de me rappeler qu'elle existe. Pourtant mon regard est toujours sur le mec qui me regarde étrangement, et je lui souris comme si c'était normale avant de payer. Sortie du magasin, je me retourne une dernière fois pour le regarder comme si il me rappelait quelque chose mais rien. Alors, je relance la musique pour me remettre à courir en direction de l'appartement de ma soeur. J'ai faim après tout.

Le four allumé, juste le temps de prendre une douche et d'ouvrir mon ordinateur. Voyons voir si ils ont bougés quelque choses depuis la semaine passé. J'aimerai être un peu plus active mais eunie m'empêche d'être tout le temps sur mon pc,à croire qu'elle a peur de je sais pas quoi. Le premier serveur a été modifié mais toujours une faille, le deuxième rien. Bon, ils l'auront voulu. Ils sont mignons non? Bluebird deux petits lapins laissés sur place virtuellement qui bouche leur système.J'avais prévenu, ils ne m'ont pas écouté. Je regarde l'heure et grimace. Demain, cours. Je me déco du dns et proxy à distance, mets l'ordinateur en veuille. Et je range mon désordre avant d'aller dormir.

Les cours sont répétitifs en plus je m'ennuie. Tout ce que le prof explique je le sais déjà. J'aurai dû prendre un autre cursus. Je réfléchis alors qu'on apprend à faire une addition de binaire. Au faite, j'ai faillit aller en chimie, je sais pas pourquoi. Peut être les rêves que je fais et les rires qui résonnent dans ma tête. Une explosion, une odeur d'oeuf pourri, une éruption de volcan, un arc en ciel. C'est des choses que je pense avoir fait avec quelqu'un. Une personne qui était près de moi qui rigolait à mes côtés. C'est pour ca que je traîne du côté des labos de chimie Après mon cours de math. Juste pour retrouver cette sensation d'excitation intellectuel. Puis aussi pour avoir un mini flash. Derrière une des fenêtres mon regard se pose sur un étudiant. J'ai l'impression de l'avoir vu. Alors je pose mes mains sur la vitre, collant mon nez à la fenêtre tout en me mettant sur la pointe des pieds. Et quand il me regarde, je lui souris et fais signe de la main. Mais je reste pas longtemps vu que ma pause est bientôt finie. Je le regarde encore une fois, lui souriant. En plus, il est pas mal dans sa blouse blanche. Je rougis en me rappelant que je n'ai pas le droit d'avoir ce genre de penser. Ma soeur me l'a expliqué. Alors je me détourne de la fenêtre, du couloir, rentre dans mon local et je vais écouter le cours de cisco ca au moins c'est intéressant, les réseaux.

J’avais mis l’incident de la supérette dans un coin de ma tête. Les fantômes n’existaient JaeHwa. Il fallait que je m’en persuade. Je dormais mal, et j’étais pas dans mon assiette depuis. Et si c’était vraiment elle ? Son sourire était là. Tout le temps. J’essayais de me concentrer loin de tout ça, histoire de ne pas faire exploser mon expérience, je ne suis pas sur qu’une énième éprouvette me serait donnée pour cette expérience-ci. Tout se passe bien, les composants se mélangent, et il n’y a pas de réaction dangereuse. J’augmente un peu l’intensité du feu et je regarde si je vois des effets. Rien à signaler. Je prends une tige pour mélanger, et j’observe des bulles. Intéressant. Je tente d’augmenter le feu, avant de relever brièvement la tête et de la voir. Et de rebaisser la tête aussi vite. Je fais comme si je ne la voyais pas et pourtant, elle est là. Je sors mon éprouvette du feu, je relève la tête de manière faussement détendue. Elle m’adresse un sourire. Merde, c’est vraiment pas un fantôme ? Elle est réellement là, à m’observer. A me sourire. Je l’observe se décoller de la vitre et partir. Mais c’était quoi ça ? Elle se souvenait ? Ou c’était juste une vaste blague cosmique ?

Mon nez contre la vitre du labo, je ne peux pas m'empêcher de regarder celui que j'ai croisé quelques jours avant dans une supérette. La manière dont il est concentré, son froncement de sourcil, son regard vers moi. C'est une sensation étrange, mon estomac se retourne. Et pourtant, je lui souris. Je veux qu'il ne voit que moi, que je suis là. Y a quelque chose qui m'attire vers lui. Mais je ne veux pas me poser des questions. Après tout, personne ne me donnera de réponse. Et pourtant, j'en ai. Des millier, des millions, des milliards. Dès que je pense avoir trouver une réponse convenable, d'autres me traversent l'esprit. Un dernier regard en sa direction, un signe de la main. Mon sourire s'efface alors que je tourne les talons pour me rendre au cours. Sauf que mes pensés tournent à cent à l'heure là. Je n'écoute rien. Pourquoi il m'a regardé comme ça? Pourquoi il n'a pas répondu à mon sourire? Pourquoi, pourquoi, pourquoi...

Dès que la cloche sonne, je me mets à courir en direction de son local. Je traverse tout les bâtiments. Je veux savoir, ou au moins le revoir avant de rentrer. Même pas besoin de lui parler non. Juste le voir c'est bien. Et c'est là que ma légendaire mal adresse fait des siennes. Je suis tellement perdue dans mes pensés et mes questions, que je râte la dernière marche de l'escalier pour me vautrer devant tout le monde. Ils rigolent tous, et moi je grimace. Pas de douleur, j'ai l'habitude de ça. Juste que ça faisait quatre jours que je ne m'étais plus vautrée. J'aurai bien voulu arriver à un cinquième jour.

J’avais passé ma journée a réfléchir. J’étais à moitié là. Pour cause, voir sa copin… ex-copine… apparaître telle un fantôme par-ci, par là, me donnait matière à cogiter. J’en étais toujours indéniablement amoureux, et pourtant, j’étais persuadé qu’elle était a des kilométres de là. Qu’elle m’avait oublié. Et que ma tête était en train de me faire des tours. Que je devenais doucement fou, mais au fond, ne l’avais-je pas mérité ? Même si une grande part de moi espérait que j’étais parfaitement sain d’esprit, et qu’elle était là, je restais perplexe. Et moi, et la perplexité c’était un mauvais mélange. Très mauvais mélange même. Mélanger des produits qui ne se mélangeaient pas, et créer une sorte de fusion a tendance volcanique, c’était mon genre. Et c’était exactement ce que j’étais en train de faire. Une fumée blanche s’échappait de mon éprouvette, et des bulles se formaient dans le produit. J’avais collé mes lunettes de protection et j’observais avec une curiosité non feinte les réactions, tout en ignorant les soupirs blasés de mon binôme qui lui ne voulait pas voir ce genre de truc qui pouvait « tuer son année ». Pffff. La vie est courte, fallait en profiter. Je jette un regard vers la vitre, et ne constate qu’elle est vide. Je soupire intérieurement, j’étais en train de perdre la boule. Totalement.

Personne est venu m'aider, ils étaient tous là à rire. Et ai fait comme eux. Et pourtant cette scène met familière. Comme si, elle s'était déjà produit, pas une seule fois mais un milliard de fois. La sur le sol, un soupir résonne dans mon esprit. Quelqu'un qui me demande si je serai pas amoureuse du sol à la place de lui. Je n'arrive pas à discerner ses traits qui sont trop flou. Mais je me vois attraper un sac en faisant la moue avant de le lui tendre et me relever pour partir en courant car je vais être en retard au boulot. Je lève la tête vers la porte, la même que dans mon souvenir où je me retourne en criant qu'il a pas intérêt d'être en retard sinon il n'aura pas de surprise. Et les autres qui rigolent et lui, celui sans traits qui m'envoie un baiser avant de rejoindre les autres.

Alors, je reste là, assise sur le sol, ramenant mes jambes contre ma poitrine. Je laisse mes larmes couler. Revivant encore et encore ce souvenir qui est pas douloureux. Juste qui prouve que je suis déjà venu ici pour quelqu'un. Est ce qu'il est encore là ? Pourquoi n'est il pas près de moi. Je me relève en essuyant mes larmes. Je me tourne vers les etudiants qui sortent des labos, cherchant mon inconnu du regard. Et je lui souris avec mes yeux gonflés par mes larmes, larmes qui coulent encore. Je fais un pas dans sa direction .