T’aimes ça, courir le soir, voir le soleil se coucher, et finalement rester seul sous la nuit étoilée. Ça t’apaise, tu te sens toujours mieux. T’as l’impression étrange que tous tes problèmes sont insignifiants, à côté de l’immensité de notre univers. Alors ouais, tu cours le soir. On est samedi, t’es rentré chez toi pour le week-end. Chez toi, ou presque. Tu ne considères pas franchement cette maison, cette famille comme la tienne. Tu ne te sens pas bien, tu t’y sens opprimé. Ta mère fait sa petite femme parfaite, ton beau-père te regarde de haut, et y’a lui, aussi. Tu ne supporteras pas longtemps cette situation. Savoir qu’il est là, juste à quelque mètres de toi, ça te rends fou. Tu rentres vers vingt-deux heures. La maison est silencieuse. Ta mère et son mari dorment, surement. Hyuk Jae doit être en train de faire des trucs bizarres avec sa sœur, tu préfères même pas y penser. Alors tu vas prendre ta douche, une longue douche glacée. T’aimes pas l’eau chaude, t’as l’impression d’étouffer sous la chaleur de l’eau. Finalement, tu te sèches, enfiles un caleçon et pars t’affaler sur ton lit, dans ta chambre. Une fois sous la moelleuse couverture, il ne te faut pas longtemps pour t’endormir, t’es crevé, l’entrainement d’aujourd’hui était épuisant. Alors ouais, moins de cinq minutes plus tard, tu commences déjà à ronfloter.

C’est le froid qui te réveille. Tu frisonnes, t’es sur le toit de votre maison, allongé sur une épaisse couverture. Le vent s’engouffre sous ton tee-shirt et tes poils se redressent. Il fait encore frais, pour la saison. C’était une mauvaise idée, de venir sur le toit. Mais c’était la tienne, pourtant. Tu l’as forcé à te suivre même. Tu ne sais même pas s’il viendra vraiment. Tu ne sais jamais quoi pensé avec lui, t’as toujours la désagréable impression d’être de trop ici. Dans cette parfaite petite famille, et puis avec lui, aussi. Il semble tellement heureux avec sa sœur que toi, ouais, t’as l’impression de ne pas être à ta place. Tu soupires, ça fait longtemps que t’es ici, il ne viendra plus, finalement. T’imaginais vraiment que t’avais une place, même minime, dans son cœur. C’est déjà difficile pour toi d’accepter qui tu es vraiment, qui tu aimes vraiment, mais le fait que celui qui fait battre ton cœur ne ressente pas la même chose, ça te tue. Tu te redresses finalement, te frottes les yeux et tires un peu sur ton tee-shirt. C’est la pleine lune ce soir, les étoiles sont belles, mais ta préférée n’est pas là.

t’as du mal à trouver le sommeil et ce même si so hyun est dans tes bras. tu l’observes alors dormir avec un sourire tendre sur les lèvres. cette femme, c’est ta sœur, mais c’est aussi la femme de ta vie. sans elle, tu n’es pas toi-même, tu n’es pas entier. tu l’aimes de tout ton corps et peut-être même un peu plus que ce que tu devrais. votre relation n’est pas saine, t’en as conscience mais tu te moques de ce que les gens peuvent penser et encore plus de ce que lui peut penser. lui, c’est le gamin que ta belle-mère a ramené chez vous après son remariage avec ton père. hyuk jae qu’il s’appelle comme toi… tu ne l’aimes pas vraiment. tu peux pas dire que tu le détestes, mais tu l’apprécies pas. en plus, chaque fois que tu veux te rapprocher de lui il t’envoie chier. alors, tu le laisses faire sans broncher parce que finalement, à part votre nom, vous n’avez rien en commun. tu entends la porte d’entrée qui s’ouvre, sûrement jae qui rentre de son jogging. toi aussi tu vas courir, mais contrairement à lui, tu préfères les premières lueurs de jour. t’as l’impression de te réveiller avec le soleil et ça te donne bonne mine. enfin tu penses. l’eau coule et tu te doutes qu’il doit prendre une douche après cet exercice. l’eau est toujours gelée après sa douche. tu l’as remarqué quand t’as eu la mauvaise surprise de passer après lui. toi t’aimes l’eau chaude, presque brûlante, qui rend ta peau rouge. vous êtes totalement différent comme le feu et l’eau, la journée et la nuit. vous n’êtes pas compatibles et ne le serez probablement jamais. il finit par rentrer dans sa chambre pour s’affaler sur son lit. tu ne sais pas combien de temps passe avant qu’il ne se mette à ronfler, mais ça te berce, et pas longtemps après lui, tu tombes de sommeil.

tu peines à garder les yeux ouverts alors que tu lis ton cours sur les muscles du corps humain. ça t’endort toute cette pratique mais avec l’examen qui arrive bientôt, tu ne peux pas faire l’impasse sur un truc aussi important. alors tu t’obliges à imprimer dans ta tête toutes les zones, tous les tissus musculaires, si bien que tu en oublies l’heure. tu as rendez-vous sur le toit avec jae. sauf que les minutes passent et tu es trop dans tes révisions pour t’en rendre compte. ce n’est que lorsque tu jettes un coup d’œil à ta montre que tu te rends compte que t’es clairement en retard. tu ne prends pas de veste alors que tu te rend sur le toit pour le retrouver. il est debout, dos à toi et tu souris. tu t’approches légèrement de lui et tapotes son épaule tout aussi doucement. « désolé, je t’ai fait attendre. » lui dis-tu, toujours en souriant malgré la situation. tu sais qu’il ne résiste pas à ton sourire. « t’avais quelque chose à me dire pour me demander de venir te rejoindre ici… » tu frisonnes parce qu’il fait quand même froid, très froid.

T’attends. De là où t’es, t’as une vue parfaite sur la ville, sur ces milliers de petites lumières. C’est beau, les phares des lumières éclairent les routes également, qui bougent au gré du vent. Du respires à pleins poumons. C’est le printemps. L’air est fleuri, c’est agréable. T’es bien, là, sur ce toit. Mais tu te sens un peu seul malgré tout. Il n’est pas là, et son absence ce ressent. Il t’avait promis de venir. Mais il n’est pas là, et tu ne peux t’empêcher de t’imaginer tout et n’importe quoi. Il n’a peut-être tout simplement pas envie de venir. T’as l’impression que vous êtes proches, t’as l’impression qu’il ressent la même chose que toi, que comme toi, son cœur bat vite quand vous êtes ensemble, que lui aussi, il sourit bêtement en pensant à toi. Mais cette soirée, elle te prouve le contraire. Tu lui as proposé de petit rendez-vous nocturne il y a trois jours, et depuis, tu ne dors plus, tu es stressé, mais en même temps, tu as hâte. Si c’était son cas également, il serait déjà là. Tu t’apprêtes finalement à retourner à l’intérieur. Tu te redresses finalement, et, jettes un dernier regard à la ville endormi. Tu t’apprêtes à partir quand tu sens une main sur ton épaule, sa main. Et ta peau te brûle immédiatement. Tu te tournes vers lui, et il sourit, et toi, tu fonds, presque immédiatement. « C’est pas grave » que tu lui dis, et dans un souffle, tu rajoutes « t’étais avec ta sœur ? » sa sœur, oui, comme son père ou sa maison, ou même sa famille. C’est pas la tienne, toi, t’es à part, et ça te va, tu ne veux pas faire partie de cette famille, pas en tant que son frère, en tout cas. Il frisonne, en tee-shirt, tu m’étonnes ! Tu te baisses pour prendre la couverture et la poser sur ses épaules. « Non… Je voulais juste te voir. » tu lui dis, les joues rouges

il fait un peu froid dehors mais t’as rien pris parce que t’étais en retard pour ton rendez-vous avec jae sur le toit. tu sais pas ce qu’il te veut, mais t’es quand même monter pour lui tenir compagnie. quand tu arrives il est dos à toi et t’as l’impression qu’il a toute la misère du monde sur les épaules. il semble déçu que tu ne sois pas là. est-ce que ça fait longtemps qu’il t’attend ? est-ce qu’il va être fâché de voir que tu as oublié votre rendez-vous ? pour ne pas le faire attendre plus longtemps, tu poses ta main sur son épaule pour qu’il se retourne et tu lui souris, t’excusant pour le retard. apparemment, ça ne le gêne pas et tu souris en l’entendant te dire que c’est pas grave. si c’est grave, tu n’as pas tenu ta promesse. il te demande si t’étais avec ta sœur et tu secoues la tête. t’étais pas avec elle. « non j’étais en train de réviser pour mon examen… » grimaces-tu pour montrer que t’aimes pas du tout bosser. t’es pas un mec qui reste assis sur une chaise pour bosser la théorie. mais à cause de jae, tu l’as toujours fait parce que tu ne supportes pas de ne pas gagner. c’était lui ou toi, et donc au lieu de perdre, tu as tout fait pour être le meilleur. tu pouvais pas le laisser être le premier, c’était impensable. tout ça à cause de ta compétitivité que tu ne peux pas refreiner dans ce genre de situation. tu finis par lui demander ce qu’il te voulait et tu frisonnes à cause du froid. tu le regardes prendre la couverture et la poser sur tes épaules. tu continues de lui sourire et le remercies d’un signe de tête. il est vraiment attentionné avec toi et tu aimes bien ça. ça réchauffe ton cœur instantanément et tu pourrais presque te balader à poil que tu n’aurais pas froid. sa réponse te fait encore plus sourire et ses joues prennent une teinte rouge. il est mignon comme ça. « ça te va bien ce rouge au teint. » que tu lui dis le taquinant un peu parce que t’aimes ses réactions. tu t’allonges sur le toit, déployant la couverture sous toi et tu lui fais signe de venir près de toi. « viens observer le ciel avec moi. » et tu souris alors que ta tête touche le sol froid et que tes yeux se perdent dans l’immensité des étoiles qui s’offrent à toi. tu fermes ensuite les yeux profitant du silence de la nuit ponctuée simplement par le moteur de quelques voitures et les conversations des passants qui te parviennent étouffées.