ocean eyes (nowei#12)
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ocean eyes (nowei#12) | Dim 23 Avr - 2:16 Citer EditerSupprimer
I've been watching you for some time,
can't stop staring at those ocean eyes.
burning cities and napalm skies,
fifteen flares inside your ocean eyes
« C'est juste pour une nuit. » Mes mains retracent les traits de ses épaules mais ne parviennent pas à détendre ses muscles angoissés. Pas assez. Rien que la conversation le raidit, rien que m’entendre prononcer des noms de son passé le raidit. Des noms de Ville, comme Daegu. Des noms de personnes qui l’ont heurté, comme Yura. Même mes mots rassurants qu'à moitié : juste pour une nuit. Rien que quelques heures pendant lesquelles il est forcé de rentrer 'chez lui', son ancien chez lui, un appartement où je devine qu’il ne s'est jamais senti bien mais puisque sa mère, sa soeur, son frère et lui y vivaient, il était bien forcé d’appeler ça chez lui. Et comme toujours, j'serai là. « Juste le temps de récupérer tes affaires et ensuite, on rentre. » On rentre — je sais que ça l’apaise un peu parce que c’est de notre nouvel appartement dont je parle, et il est parfait. Parfait selon mes critères (un peu inhabituels, comme avoir une baie vitrée pour les plantes), parfait selon les siens (beaucoup plus… désintéressés ? Je crois qu’en fait, presque n’importe quel endroit lui aurait convenu). « On a un balcon » que je lui rappelle, et il esquisse un sourire parce que j’ai tellement soulé tout le monde avec ce putain de balcon, que je voulais sans vis-à-vis, mais avec des grilles en fer forgé, et chaque fois que j’instaurai une nouvelle exigence Na Wei levait les yeux au ciel, mais toujours avec ce sourire. « Et on pourra même aller sur le toit. » Parce qu’on est au dernier étage, avec vue sur la ville, et toit privatisé — parce qu’on a mis de l’argent dans ce putain d’appart et j’ai soulé pour qu’on fasse bien cinquante-cinquante, fidèle à moi-même. « Et on a aussi… » Il me lance un regard moitié blasé, moitié amusé, l’air de me demander si j’compte lui énumérer tout ce qu’on vient d’acheter. « Une super chambre d’amis, que Niran a déjà réservée. Mais Lei la veut aussi, alors… je suppose qu’on va devoir investir dans un canapé ? » Et je suppose qu’on peut affronter Daegu, qu’on peut affronter Yura, qu’on peut affronter ses démons — juste pour une nuit, parce qu’après on rentre chez nous.
► ocean eyes
w/ nowei #12
I've been watching you for some time,
can't stop staring at those ocean eyes.
burning cities and napalm skies,
fifteen flares inside your ocean eyes
« C'est juste pour une nuit. » Mes mains retracent les traits de ses épaules mais ne parviennent pas à détendre ses muscles angoissés. Pas assez. Rien que la conversation le raidit, rien que m’entendre prononcer des noms de son passé le raidit. Des noms de Ville, comme Daegu. Des noms de personnes qui l’ont heurté, comme Yura. Même mes mots rassurants qu'à moitié : juste pour une nuit. Rien que quelques heures pendant lesquelles il est forcé de rentrer 'chez lui', son ancien chez lui, un appartement où je devine qu’il ne s'est jamais senti bien mais puisque sa mère, sa soeur, son frère et lui y vivaient, il était bien forcé d’appeler ça chez lui. Et comme toujours, j'serai là. « Juste le temps de récupérer tes affaires et ensuite, on rentre. » On rentre — je sais que ça l’apaise un peu parce que c’est de notre nouvel appartement dont je parle, et il est parfait. Parfait selon mes critères (un peu inhabituels, comme avoir une baie vitrée pour les plantes), parfait selon les siens (beaucoup plus… désintéressés ? Je crois qu’en fait, presque n’importe quel endroit lui aurait convenu). « On a un balcon » que je lui rappelle, et il esquisse un sourire parce que j’ai tellement soulé tout le monde avec ce putain de balcon, que je voulais sans vis-à-vis, mais avec des grilles en fer forgé, et chaque fois que j’instaurai une nouvelle exigence Na Wei levait les yeux au ciel, mais toujours avec ce sourire. « Et on pourra même aller sur le toit. » Parce qu’on est au dernier étage, avec vue sur la ville, et toit privatisé — parce qu’on a mis de l’argent dans ce putain d’appart et j’ai soulé pour qu’on fasse bien cinquante-cinquante, fidèle à moi-même. « Et on a aussi… » Il me lance un regard moitié blasé, moitié amusé, l’air de me demander si j’compte lui énumérer tout ce qu’on vient d’acheter. « Une super chambre d’amis, que Niran a déjà réservée. Mais Lei la veut aussi, alors… je suppose qu’on va devoir investir dans un canapé ? » Et je suppose qu’on peut affronter Daegu, qu’on peut affronter Yura, qu’on peut affronter ses démons — juste pour une nuit, parce qu’après on rentre chez nous.
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Re: ocean eyes (nowei#12) | Mer 3 Mai - 0:43 Citer EditerSupprimer
cause i fear i might break and i fear i cant take it
some night i'll lie awake, feeling empty
i can feel the pressure, its getting closer now
we're better off without you
Son « C'est juste pour une nuit. » je l'ai entendu hier soir, quand j'ai mis nos affaires dans le coffre avant de partir ce matin, quand on a fait une pause dans une station. Moi pour fumer, elle pour appeler Lei et enfin maintenant, devant ça, mon ancien chez moi. Nuo insiste à me rattacher à notre présent : le balcon avec lequel elle m'a pris la tête, le toit qui donne sur la ville, les disputes de sa sœur et de Niran puis tout le reste comme pour me rassurer, me rappeler que tout ce qu'on va rencontrer ce soir appartient à une époque révolue, qu'ensemble on a réussi à construire une vie plus « belle », plus elle et que peu importe ce qu'on aura à affronter ça ne durera " qu'une nuit ". « On investira dans c'que tu veux. » Je m'en fous, cet appart elle peut le repeindre en bleu et accrocher des fleurs au plafond si ça la fait kiffer. Bon ok, j'compte pas la laisser gagner pour tout à chaque fois parce que y'aura jamais assez de « ok mais » pour lui soutirer des trucs que j'veux aussi d'mon côté ( comme moins de vêtement par exemple. ) Nos deals on sait tous les deux que c'est un prétexte pour emmerder l'autre, dans l'fond elle aura toujours c'qu'elle veut parce que j'veux vivre dans un endroit où elle est bien, c'est pour ça que j'ai quitté l'autre appart. Trop de mauvais souvenirs, celui de son visage qui se décomposait face au canapé couvert de sang que j'ai jamais pu ravoir ou encore le voile de tristesse qu'elle essayait même plus de cacher en jetant un coup d'oeil en direction de la salle de bain. Parfois ses doigts se baladaient sous l'évier pour se rassurer que y'avait rien mais ils rencontraient toujours « quelque chose » alors elle restait immobile quelques secondes, perdait ses couleurs puis quittait la pièce pour se blottir contre moi, sans un mot parce que y'avait pas besoin. Dans notre nouveau chez nous elle peut vérifier, y'a plus rien de dissimuler sous l'évier parce qu'on part de zéro et que les seuls trucs que j'prends sont dans la boite à pharmacie. J'suis totalement transparent avec elle aujourd'hui alors savoir où se trouve ces pilules j'pense que ça la rassure. Ok, elles sont toujours là mais elle a plus la sensation d'perdre le contrôle, d'me perdre moi. Alors si elle veut un nouveau canapé, des rideaux plus blancs parce que ceux-là sont « blanc cassé » et que c'est pas celui qu'elle aime, je m'opposerai pas.
« Bon. » Ça serait mentir de dire que tout va bien, là tout de suite j'ai l'impression d'avoir un marteau piqueur à la place du cœur, d'avoir l'équilibre d'un navire qui chavire. Une nausée d'appréhension me submerge mais j'respire, tout s'estompe quand Nuo m'regarde avec ses yeux qui rassurent, elle m'enveloppe de douceur et la seule façon dont j'suis capable de répondre pour le moment c'est en joignant nos mains. Elle s'occupe de moi constamment, depuis qu'on se connait elle fait que ça. Elle fait tellement et moi si peu... J'veux prendre en considération c'qu'elle peut ressentir. Tout ça pour elle c'est aussi une épreuve : rencontrer ma mère, gérer mes angoisses etc... Je lui ai dit sur le chemin qu'elle avait pas à se mettre la pression pour lui plaire parce que ma mère en fera pas pour elle alors qu'elle se plie pas en quatre, ça en vaudra pas la peine.
Je lui ai jamais vraiment parlé du quartier que j'habitais, parce que y'a rien à dire, c'est la zone. Vieil immeuble décrépit, tagué sous tous les angles avec au rez-de-chaussée des « vieux gars » comme elle dit. Ils sont encore moins bien habillés qu'moi, franchement quand j'sortirai mon jogging le plus miteux j'pourrai cash lui mettre dans la tête « j'suis moins pire que les vieux gars de Daegu. » Les mecs en nous voyant progresser vers eux dégagent comme si on avait la peste, ils doivent sûrement m'connaître, c'pas réciproque. « Regarde. » J'lui désigne les boîtes aux lettres communes, plus précisément celle avec mon nom écrit dessus « Lee Nawei » vu qu'on n'est pas les seuls Lee de l'immeuble Hyunki avait écrit nos prénoms. Je fixe son écriture, j'arrive pas à sourire ou à pleurer, j'arrive à rien pourtant j'aimerais dégager un truc.
Ça sera pas pour ce soir,
t'façon la dernière fois que je lui ai rendu visite vaut largement tous les sanglots du monde, ça m'apaise pas d'me convaincre comme ça mais au moins ça prouve que j'suis loin d'être insensible à sa mort, à lui. Peu importe c'que les autres pourront en dire, j'y tenais à mon frère.
« Te tiens pas à la rambarde, elle est cassée. » On monte une à une les marches, je ralentis la cadence au fur et à mesure qu'on accède au quatrième étage, le nôtre. J'attends devant la porte sans pouvoir frapper ou sortir ma clé. Ça va faire bizarre de la revoir après être parti tout ce temps, qu'est-ce qu'on va se dire ? Qu'est-ce qu'elle va penser ? Comment elle va réagir vis-à-vis de Nuo ?
C'est con,
ou pas j'sais pas mais.
J'avais pas envie de revenir juste pour les affaires ou pour montrer l'décor « paradisiaque » de Daegu à ma meuf. J'suis là parce que j'ai envie qu'elles se rencontrent autant que je l'appréhende. J'suis fier de Nuo, de notre relation même si je l'ai flingué à plus d'une reprise. On est toujours ensemble malgré tout le reste et j'veux que maman voit ça. Que j'suis « heureux » parce que j'ai trouvé une raison d'exister.
« Si toi ça va pas, on s'casse. T'as juste à tirer sur ma manche. » Comme moi j'ai fait avec toi pour Yuki. « Ok ? » Elle hoche la tête, j'souris, un truc vrai qui lui donne envie d'faire pareil. Ma main effectue une douce pression dans la sienne pour la rassurer et j'insère la clé dans la serrure, elle s'ouvre sur la pièce « à vivre » qui semble avoir été figée dans le temps.
Sauf que la télé est allumée mais qu'ma mère est pas devant puis y'a plus de bouteilles au sol qu'dans mon souvenir parce qu'on n'est plus là pour les lui ramasser. J'sais pas vraiment quoi faire maintenant, appeler « Maman ? » comme pour dire « Maman je suis rentré c'est moi ! » mais c'est pas nous, ça nous ressemble pas et je l'ai jamais fait parce qu'elle a jamais été là pour m'accueillir quand je rentrais des cours. J'peux pas non plus faire « visiter » l'appart à Nuo parce que y'a pas vraiment grand chose à voir. Le truc de la boîte aux lettres j'savais que c'était le genre de choses qui lui ferait plaisir mais ici, y'a qu'du chaos. Ou alors... Faut regarder d'plus près. J'ferme derrière nous avant de la guider jusqu'à un meuble du salon où le portrait des Lee « trône » je le précise entre guillemets parce que ma mère a entassé des vieux magazines devant. Je les dégage pour qu'elle puisse mieux voir. « Là c'est Cha, moi et... Hyunki. » On avait seize ans avec Cha, Hyunki vingt-deux. C'est la dernière photo qu'on a pu prendre de lui. Ma mère est jamais sur les photos parce qu'elle aime pas ça et qu'elle trouvait toujours des excuses pour pas être avec nous. « Là c'est la télé. »
J'lâche un rire nerveux en la voyant parce qu'elle fait partie de la famille cette boîte à images à la con puis surtout que sur la route j'ai eu l'temps d'lui parler d'certains trucs comme la télé ou l'fait que quand j'étais petit et que je m'entendais encore avec mon frère on se disait bonne nuit en morse en frappant contre le mur qui séparait nos chambres. Cha s'amusait à le faire avec ma mère et à chaque fois on était sûrs d'pouvoir entendre « C'EST PAS BIENTOT FINI VOS CONNERIES ?! J'ESSAIE DE DORMIR PUTAIN ! » Et on s'marrait, puis on recommençait jusqu'à ce qu'elle sorte de sa piaule avec son chausson à la main pour taper contre nos portes avec.
« Nawei ? » Je resserre entre mes doigts d'gosse paumé le portrait de famille que j'ai embarqué inconsciemment avec moi en me tournant vers la télé comme pour m'aider à affronter ce palace à cauchemars aidé d'eux. Man', t'habites pas le palace tu l'sais hein ? Tu l'sais qu'tes un cauchemar. « Nawei. » Je redresse enfin la tête mais n'ose toujours pas la regarder. Sa voix c'est comme une vieille boite à musique, elle renferme des souvenirs et la sienne ferait mieux d'rester fermer.
« Pourquoi tu te fais tabasser ? » J'relève pas, garde la tête bien basse dans mon bol de céréales. « C'est parce que t'es gay ? — Non. » Ma mère est pas délicate, elle sait pas filtrer, elle a jamais su. « Tu peux le dire à ta mère si tu l'es. — Mais putain j'ai pas une gueule de pédale laisse-moi tranquille merde ! » Je lâche la cuillère dans mon bol, éclabousse la table de lait et me lève pour aller rejoindre ma chambre. « Oh, reviens tout de suite. T'es chez moi encore et j'ai le droit de savoir pourquoi cette pute de prof m'appelle. Elle va nous envoyer les services sociaux, c'est ça que tu veux ? T'façon vous voulez tous me faire du mal toi, ta sœur, ton frère et ton connard de père ! Vous en avez rien à foutre de ma gueule. » Je claque la porte, ferme à clé. « OUVRE-MOI TOUT DE SUITE ! » La poignée monte, descend, elle s'agite comme une folle. J'reste devant impassible, y'a que ça a faire quand elle a une crise : attendre. « Il voulait pas de vous votre père c'est moi, MOI T'ENTENDS ! Qui vous a élevé toute seule et j'ai eu de la reconnaissance ? NON AUCUNE ! » Moi aussi j'ai envie d'crier ma frustration, celle d'être incompris, d'plus la comprendre aussi. Si t'étais une mère comme dans les clichés qu'on te sert à bouffer à la télé j'serai peut-être un fils comme t'aimerais. Mais on n'est dans la réalité et dans c'monde là t'es une mauvaise mère et moi un déchet. « J'ai toujours été là... » Qu'elle répète maintenant en boucle dans un murmure malade et dégressif en se laissant glisser contre la porte. C'est faux maman, t'étais où quand je t'appelais à l'aide pour que tu viennes me chercher quand on m'a mis à terre, qu'j'ai dû ramper hors des vestiaires parce que j'arrivais plus à tenir debout ? T'étais pas là. 12 appels manqués, 1 heure à t'attendre. Finalement c'est Hyunki qui a décroché, c'est lui qu'est venu, pas toi. T'étais où quand j'faisais mes crises d'angoisses qu'tu faisais semblant d'ignorer alors que t'étais juste de l'autre côté de la porte. Tu les entendais mes sanglots, mes spasmes douloureux qui s'enrayaient pour repartir de plus belle mais t'es pas venue non plus ces fois-là man' et pourtant t'étais là. T'avais juste à faire quelques pas, m'souffler d'la tendresse même pour de faux. J'aurais tout accepté un « ça ira » ou un « je suis là » j'demandais même pas qu'tu m'dises que tu m'aimes et pourtant... J'en avais besoin. « Nawei... » Une plainte, des sanglots. J'commence à perdre le nord, j'suis hors de moi, j'pourrais casser un mur rien qu'avec ma douleur. J'pourrais aussi geindre comme elle, parce que ce qu'elle fait c'est putain d'injuste. Pourquoi je devrais lui ouvrir, être là alors qu'elle est pas foutue de l'être pour moi ? « S'il te plaît. » Sa voix est faible, chevrotante. Ma main gauche forme un poing alors que celle de droite retire le verrou. Elle est assise par terre, ses jambes longues dénudées de moitié après être tombée. La jupe de sa robe est toute chiffonnée, elle aurait pu tirer dessus pour se rhabiller un peu plus mais même ça elle est pas capable de le faire toute seule. Elle veut que j'vois son mal, son besoin d'attention. Ses yeux larmoyants m'attrapent dans ses filets alors que sa bouche mime mon prénom. Je la rejoins et la prends dans mes bras. Ses pleurs se régulent tandis qu'elle s'accroche à moi en crispant ses phalanges dans le dos de mon t-shirt... Et demain tout redeviendra comme avant. Tu vas recommencer à vivre égoïstement, nous accuser de tout c'qui part en couilles chez toi puis on ira te chercher à quelques rues d'ici dans ton bar fétiche pour t'en sortir parce que la patronne nous aura appelé pour le faire. Man' t'es pas un cadeau mais j't'aime et j'suis sûr qu'toi aussi, tu sais juste pas le montrer ni l'dire mais on va apprendre à l'faire hein ? On va apprendre à l'dire mais surtout à l'faire bien,
s'aimer.
« Man. » Elle s'est coupée les cheveux, a perdu du poids mais pourtant ça reste la même. Elle a toujours son petit air fragile cassé par ses orbes d'un noir ténèbres, exactement les mêmes que moi. Physiquement j'suis celui des trois qui lui ressemble le plus, Hyunki a tout pris de papa ( de c'que j'ai pu voir des photos que j'ai trouvé de lui ) et Cha c'est un subtil mélange des deux, même si, d'après man' quand elle sourit c'est le portrait craché d'notre père. Elle est nostalgique de lui, elle a beau craché sur sa gueule pendant ses crises, j'sais qu'elle l'aime encore, c'est triste.
On s'regarde, on se jauge sans trop savoir c'qu'on recherche. Elle est assez loin pour que j'puisse dire que notre distance est ridicule et pourtant on bouge pas, figé par la vision de l'autre. « Où est Aecha ? » Violent comme premier contact mais j'montre rien, faut pas. « En sécurité. » Dans ses yeux j'peux lire « Je suis dangereuse, c'est ça que t'essaies de me dire ? » mais elle le formule pas. « Tant que tu l'as trouvé. » Elle examine Nuo de la façon la plus hostile qui soit. « Tu es ? » Elle s'avance d'un pas léonin comme si elle s'apprêtait à lui sauter à la gorge mais non, elle récupère juste le portait que j'avais encore dans la main pour le ranger alors qu'elle s'en carre que je l'ai déplacé, qu'elle essaie pas d'me faire croire le contraire parce qu'on le voyait à peine derrière son bordel. « Je peux savoir pourquoi tu reviens ? » Elle élude finalement sa propre question pour le simple plaisir de rabaisser Nuo. Je contrôle ma respiration. « Pour toi. » J'ai menti à Nuo, je m'en fous des affaires, j'voulais la voir elle et dans ses yeux y'a une lutte entre deux émotions : est-ce que j'ai le droit de faiblir ? Est-ce que je le repousse ? Je sais comment elle pense, y'a pas vraiment de logique, le seul fil conducteur c'est sa dépression. Elle est tellement profonde que c'est devenue une partie d'elle, d'son caractère. C'est ancré, y'a rien qui sera capable de la guérir et sur ce point, j'la comprends mieux que personne. Ce qui arrive ensuite j'le dessine dans ma tête. Y'a des scènes parfois qui s'imposent et j'dois les illustrer même sans papier. Ça progresse dans mon esprit et la vie devient alors une toile vierge jusqu'à ce que j'finisse d'imaginer.
Je la reproduis avec un crayon que j'aurais taillé jusqu'à ce que la pointe soit capable de blesser. Des traits fins pour ses courbes, des paupières closes pour pointer sa vulnérabilité, des épaules voûtées qu'une ombre sous forme de résidus de gomme pressent pour la faire courber toute entière. Ils l'écrasent jusqu'à ce que ses genoux cèdent, qu'elle finisse par ne plus jamais pouvoir se relever. J'essaie de souffler sur ces saletés mais ils sont imprimés dans le dessin contrairement à ma mère que j'efface sans le vouloir. J'essaie de la redessiner debout, avec les yeux grands ouverts pour chasser son démon mais les petits bouts de gomme la supprime aussitôt, se noircissent d'elle. Le film se répète inlassablement jusqu'à ce que Nuo me réveille. « Merci d'être passé.» Qu'à dit maman avant de disparaître de notre vue.
Merci d'être passé,
c'est tout ce qu'elle a dit.
► pressure
w/ nowei #12
cause i fear i might break and i fear i cant take it
some night i'll lie awake, feeling empty
i can feel the pressure, its getting closer now
we're better off without you
Son « C'est juste pour une nuit. » je l'ai entendu hier soir, quand j'ai mis nos affaires dans le coffre avant de partir ce matin, quand on a fait une pause dans une station. Moi pour fumer, elle pour appeler Lei et enfin maintenant, devant ça, mon ancien chez moi. Nuo insiste à me rattacher à notre présent : le balcon avec lequel elle m'a pris la tête, le toit qui donne sur la ville, les disputes de sa sœur et de Niran puis tout le reste comme pour me rassurer, me rappeler que tout ce qu'on va rencontrer ce soir appartient à une époque révolue, qu'ensemble on a réussi à construire une vie plus « belle », plus elle et que peu importe ce qu'on aura à affronter ça ne durera " qu'une nuit ". « On investira dans c'que tu veux. » Je m'en fous, cet appart elle peut le repeindre en bleu et accrocher des fleurs au plafond si ça la fait kiffer. Bon ok, j'compte pas la laisser gagner pour tout à chaque fois parce que y'aura jamais assez de « ok mais » pour lui soutirer des trucs que j'veux aussi d'mon côté ( comme moins de vêtement par exemple. ) Nos deals on sait tous les deux que c'est un prétexte pour emmerder l'autre, dans l'fond elle aura toujours c'qu'elle veut parce que j'veux vivre dans un endroit où elle est bien, c'est pour ça que j'ai quitté l'autre appart. Trop de mauvais souvenirs, celui de son visage qui se décomposait face au canapé couvert de sang que j'ai jamais pu ravoir ou encore le voile de tristesse qu'elle essayait même plus de cacher en jetant un coup d'oeil en direction de la salle de bain. Parfois ses doigts se baladaient sous l'évier pour se rassurer que y'avait rien mais ils rencontraient toujours « quelque chose » alors elle restait immobile quelques secondes, perdait ses couleurs puis quittait la pièce pour se blottir contre moi, sans un mot parce que y'avait pas besoin. Dans notre nouveau chez nous elle peut vérifier, y'a plus rien de dissimuler sous l'évier parce qu'on part de zéro et que les seuls trucs que j'prends sont dans la boite à pharmacie. J'suis totalement transparent avec elle aujourd'hui alors savoir où se trouve ces pilules j'pense que ça la rassure. Ok, elles sont toujours là mais elle a plus la sensation d'perdre le contrôle, d'me perdre moi. Alors si elle veut un nouveau canapé, des rideaux plus blancs parce que ceux-là sont « blanc cassé » et que c'est pas celui qu'elle aime, je m'opposerai pas.
« Bon. » Ça serait mentir de dire que tout va bien, là tout de suite j'ai l'impression d'avoir un marteau piqueur à la place du cœur, d'avoir l'équilibre d'un navire qui chavire. Une nausée d'appréhension me submerge mais j'respire, tout s'estompe quand Nuo m'regarde avec ses yeux qui rassurent, elle m'enveloppe de douceur et la seule façon dont j'suis capable de répondre pour le moment c'est en joignant nos mains. Elle s'occupe de moi constamment, depuis qu'on se connait elle fait que ça. Elle fait tellement et moi si peu... J'veux prendre en considération c'qu'elle peut ressentir. Tout ça pour elle c'est aussi une épreuve : rencontrer ma mère, gérer mes angoisses etc... Je lui ai dit sur le chemin qu'elle avait pas à se mettre la pression pour lui plaire parce que ma mère en fera pas pour elle alors qu'elle se plie pas en quatre, ça en vaudra pas la peine.
Je lui ai jamais vraiment parlé du quartier que j'habitais, parce que y'a rien à dire, c'est la zone. Vieil immeuble décrépit, tagué sous tous les angles avec au rez-de-chaussée des « vieux gars » comme elle dit. Ils sont encore moins bien habillés qu'moi, franchement quand j'sortirai mon jogging le plus miteux j'pourrai cash lui mettre dans la tête « j'suis moins pire que les vieux gars de Daegu. » Les mecs en nous voyant progresser vers eux dégagent comme si on avait la peste, ils doivent sûrement m'connaître, c'pas réciproque. « Regarde. » J'lui désigne les boîtes aux lettres communes, plus précisément celle avec mon nom écrit dessus « Lee Nawei » vu qu'on n'est pas les seuls Lee de l'immeuble Hyunki avait écrit nos prénoms. Je fixe son écriture, j'arrive pas à sourire ou à pleurer, j'arrive à rien pourtant j'aimerais dégager un truc.
Ça sera pas pour ce soir,
t'façon la dernière fois que je lui ai rendu visite vaut largement tous les sanglots du monde, ça m'apaise pas d'me convaincre comme ça mais au moins ça prouve que j'suis loin d'être insensible à sa mort, à lui. Peu importe c'que les autres pourront en dire, j'y tenais à mon frère.
« Te tiens pas à la rambarde, elle est cassée. » On monte une à une les marches, je ralentis la cadence au fur et à mesure qu'on accède au quatrième étage, le nôtre. J'attends devant la porte sans pouvoir frapper ou sortir ma clé. Ça va faire bizarre de la revoir après être parti tout ce temps, qu'est-ce qu'on va se dire ? Qu'est-ce qu'elle va penser ? Comment elle va réagir vis-à-vis de Nuo ?
C'est con,
ou pas j'sais pas mais.
J'avais pas envie de revenir juste pour les affaires ou pour montrer l'décor « paradisiaque » de Daegu à ma meuf. J'suis là parce que j'ai envie qu'elles se rencontrent autant que je l'appréhende. J'suis fier de Nuo, de notre relation même si je l'ai flingué à plus d'une reprise. On est toujours ensemble malgré tout le reste et j'veux que maman voit ça. Que j'suis « heureux » parce que j'ai trouvé une raison d'exister.
« Si toi ça va pas, on s'casse. T'as juste à tirer sur ma manche. » Comme moi j'ai fait avec toi pour Yuki. « Ok ? » Elle hoche la tête, j'souris, un truc vrai qui lui donne envie d'faire pareil. Ma main effectue une douce pression dans la sienne pour la rassurer et j'insère la clé dans la serrure, elle s'ouvre sur la pièce « à vivre » qui semble avoir été figée dans le temps.
Sauf que la télé est allumée mais qu'ma mère est pas devant puis y'a plus de bouteilles au sol qu'dans mon souvenir parce qu'on n'est plus là pour les lui ramasser. J'sais pas vraiment quoi faire maintenant, appeler « Maman ? » comme pour dire « Maman je suis rentré c'est moi ! » mais c'est pas nous, ça nous ressemble pas et je l'ai jamais fait parce qu'elle a jamais été là pour m'accueillir quand je rentrais des cours. J'peux pas non plus faire « visiter » l'appart à Nuo parce que y'a pas vraiment grand chose à voir. Le truc de la boîte aux lettres j'savais que c'était le genre de choses qui lui ferait plaisir mais ici, y'a qu'du chaos. Ou alors... Faut regarder d'plus près. J'ferme derrière nous avant de la guider jusqu'à un meuble du salon où le portrait des Lee « trône » je le précise entre guillemets parce que ma mère a entassé des vieux magazines devant. Je les dégage pour qu'elle puisse mieux voir. « Là c'est Cha, moi et... Hyunki. » On avait seize ans avec Cha, Hyunki vingt-deux. C'est la dernière photo qu'on a pu prendre de lui. Ma mère est jamais sur les photos parce qu'elle aime pas ça et qu'elle trouvait toujours des excuses pour pas être avec nous. « Là c'est la télé. »
J'lâche un rire nerveux en la voyant parce qu'elle fait partie de la famille cette boîte à images à la con puis surtout que sur la route j'ai eu l'temps d'lui parler d'certains trucs comme la télé ou l'fait que quand j'étais petit et que je m'entendais encore avec mon frère on se disait bonne nuit en morse en frappant contre le mur qui séparait nos chambres. Cha s'amusait à le faire avec ma mère et à chaque fois on était sûrs d'pouvoir entendre « C'EST PAS BIENTOT FINI VOS CONNERIES ?! J'ESSAIE DE DORMIR PUTAIN ! » Et on s'marrait, puis on recommençait jusqu'à ce qu'elle sorte de sa piaule avec son chausson à la main pour taper contre nos portes avec.
« Nawei ? » Je resserre entre mes doigts d'gosse paumé le portrait de famille que j'ai embarqué inconsciemment avec moi en me tournant vers la télé comme pour m'aider à affronter ce palace à cauchemars aidé d'eux. Man', t'habites pas le palace tu l'sais hein ? Tu l'sais qu'tes un cauchemar. « Nawei. » Je redresse enfin la tête mais n'ose toujours pas la regarder. Sa voix c'est comme une vieille boite à musique, elle renferme des souvenirs et la sienne ferait mieux d'rester fermer.
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Hi past, « Pourquoi tu te fais tabasser ? » J'relève pas, garde la tête bien basse dans mon bol de céréales. « C'est parce que t'es gay ? — Non. » Ma mère est pas délicate, elle sait pas filtrer, elle a jamais su. « Tu peux le dire à ta mère si tu l'es. — Mais putain j'ai pas une gueule de pédale laisse-moi tranquille merde ! » Je lâche la cuillère dans mon bol, éclabousse la table de lait et me lève pour aller rejoindre ma chambre. « Oh, reviens tout de suite. T'es chez moi encore et j'ai le droit de savoir pourquoi cette pute de prof m'appelle. Elle va nous envoyer les services sociaux, c'est ça que tu veux ? T'façon vous voulez tous me faire du mal toi, ta sœur, ton frère et ton connard de père ! Vous en avez rien à foutre de ma gueule. » Je claque la porte, ferme à clé. « OUVRE-MOI TOUT DE SUITE ! » La poignée monte, descend, elle s'agite comme une folle. J'reste devant impassible, y'a que ça a faire quand elle a une crise : attendre. « Il voulait pas de vous votre père c'est moi, MOI T'ENTENDS ! Qui vous a élevé toute seule et j'ai eu de la reconnaissance ? NON AUCUNE ! » Moi aussi j'ai envie d'crier ma frustration, celle d'être incompris, d'plus la comprendre aussi. Si t'étais une mère comme dans les clichés qu'on te sert à bouffer à la télé j'serai peut-être un fils comme t'aimerais. Mais on n'est dans la réalité et dans c'monde là t'es une mauvaise mère et moi un déchet. « J'ai toujours été là... » Qu'elle répète maintenant en boucle dans un murmure malade et dégressif en se laissant glisser contre la porte. C'est faux maman, t'étais où quand je t'appelais à l'aide pour que tu viennes me chercher quand on m'a mis à terre, qu'j'ai dû ramper hors des vestiaires parce que j'arrivais plus à tenir debout ? T'étais pas là. 12 appels manqués, 1 heure à t'attendre. Finalement c'est Hyunki qui a décroché, c'est lui qu'est venu, pas toi. T'étais où quand j'faisais mes crises d'angoisses qu'tu faisais semblant d'ignorer alors que t'étais juste de l'autre côté de la porte. Tu les entendais mes sanglots, mes spasmes douloureux qui s'enrayaient pour repartir de plus belle mais t'es pas venue non plus ces fois-là man' et pourtant t'étais là. T'avais juste à faire quelques pas, m'souffler d'la tendresse même pour de faux. J'aurais tout accepté un « ça ira » ou un « je suis là » j'demandais même pas qu'tu m'dises que tu m'aimes et pourtant... J'en avais besoin. « Nawei... » Une plainte, des sanglots. J'commence à perdre le nord, j'suis hors de moi, j'pourrais casser un mur rien qu'avec ma douleur. J'pourrais aussi geindre comme elle, parce que ce qu'elle fait c'est putain d'injuste. Pourquoi je devrais lui ouvrir, être là alors qu'elle est pas foutue de l'être pour moi ? « S'il te plaît. » Sa voix est faible, chevrotante. Ma main gauche forme un poing alors que celle de droite retire le verrou. Elle est assise par terre, ses jambes longues dénudées de moitié après être tombée. La jupe de sa robe est toute chiffonnée, elle aurait pu tirer dessus pour se rhabiller un peu plus mais même ça elle est pas capable de le faire toute seule. Elle veut que j'vois son mal, son besoin d'attention. Ses yeux larmoyants m'attrapent dans ses filets alors que sa bouche mime mon prénom. Je la rejoins et la prends dans mes bras. Ses pleurs se régulent tandis qu'elle s'accroche à moi en crispant ses phalanges dans le dos de mon t-shirt... Et demain tout redeviendra comme avant. Tu vas recommencer à vivre égoïstement, nous accuser de tout c'qui part en couilles chez toi puis on ira te chercher à quelques rues d'ici dans ton bar fétiche pour t'en sortir parce que la patronne nous aura appelé pour le faire. Man' t'es pas un cadeau mais j't'aime et j'suis sûr qu'toi aussi, tu sais juste pas le montrer ni l'dire mais on va apprendre à l'faire hein ? On va apprendre à l'dire mais surtout à l'faire bien,
s'aimer.
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« Man. » Elle s'est coupée les cheveux, a perdu du poids mais pourtant ça reste la même. Elle a toujours son petit air fragile cassé par ses orbes d'un noir ténèbres, exactement les mêmes que moi. Physiquement j'suis celui des trois qui lui ressemble le plus, Hyunki a tout pris de papa ( de c'que j'ai pu voir des photos que j'ai trouvé de lui ) et Cha c'est un subtil mélange des deux, même si, d'après man' quand elle sourit c'est le portrait craché d'notre père. Elle est nostalgique de lui, elle a beau craché sur sa gueule pendant ses crises, j'sais qu'elle l'aime encore, c'est triste.
On s'regarde, on se jauge sans trop savoir c'qu'on recherche. Elle est assez loin pour que j'puisse dire que notre distance est ridicule et pourtant on bouge pas, figé par la vision de l'autre. « Où est Aecha ? » Violent comme premier contact mais j'montre rien, faut pas. « En sécurité. » Dans ses yeux j'peux lire « Je suis dangereuse, c'est ça que t'essaies de me dire ? » mais elle le formule pas. « Tant que tu l'as trouvé. » Elle examine Nuo de la façon la plus hostile qui soit. « Tu es ? » Elle s'avance d'un pas léonin comme si elle s'apprêtait à lui sauter à la gorge mais non, elle récupère juste le portait que j'avais encore dans la main pour le ranger alors qu'elle s'en carre que je l'ai déplacé, qu'elle essaie pas d'me faire croire le contraire parce qu'on le voyait à peine derrière son bordel. « Je peux savoir pourquoi tu reviens ? » Elle élude finalement sa propre question pour le simple plaisir de rabaisser Nuo. Je contrôle ma respiration. « Pour toi. » J'ai menti à Nuo, je m'en fous des affaires, j'voulais la voir elle et dans ses yeux y'a une lutte entre deux émotions : est-ce que j'ai le droit de faiblir ? Est-ce que je le repousse ? Je sais comment elle pense, y'a pas vraiment de logique, le seul fil conducteur c'est sa dépression. Elle est tellement profonde que c'est devenue une partie d'elle, d'son caractère. C'est ancré, y'a rien qui sera capable de la guérir et sur ce point, j'la comprends mieux que personne. Ce qui arrive ensuite j'le dessine dans ma tête. Y'a des scènes parfois qui s'imposent et j'dois les illustrer même sans papier. Ça progresse dans mon esprit et la vie devient alors une toile vierge jusqu'à ce que j'finisse d'imaginer.
Je la reproduis avec un crayon que j'aurais taillé jusqu'à ce que la pointe soit capable de blesser. Des traits fins pour ses courbes, des paupières closes pour pointer sa vulnérabilité, des épaules voûtées qu'une ombre sous forme de résidus de gomme pressent pour la faire courber toute entière. Ils l'écrasent jusqu'à ce que ses genoux cèdent, qu'elle finisse par ne plus jamais pouvoir se relever. J'essaie de souffler sur ces saletés mais ils sont imprimés dans le dessin contrairement à ma mère que j'efface sans le vouloir. J'essaie de la redessiner debout, avec les yeux grands ouverts pour chasser son démon mais les petits bouts de gomme la supprime aussitôt, se noircissent d'elle. Le film se répète inlassablement jusqu'à ce que Nuo me réveille. « Merci d'être passé.» Qu'à dit maman avant de disparaître de notre vue.
Merci d'être passé,
c'est tout ce qu'elle a dit.