for the best

ft. il su ♡ byeol

Les grandes entrées, ça me connait. J’y suis même habituée depuis longtemps. Etant chanteuse de comédie musicale, c’est même ce que je fais de mieux, après chanter bien sûr sinon j’aurai jamais décroché de rôle. Comme aujourd’hui. J’ai dit à personne que je passais d’audition, pour ne pas me porter la poisse (on est très superstitieux dans le milieu) mais aussi pour ne pas avoir à annoncer que je l’avais pas pu si tel avait été le cas. Et le premier à qui je voulais le dire, c’est Il Su. A l’heure qu’il est, il doit être au studio de danse alors c’est presque en courant que je m’y rends. C’est pour ça que je parlais de grandes entrées. Parce que je suis rentrée dans la salle comme une tornade en hurlant son nom. En fait je suis pratiquement certaine de ne pas avoir crié, c’est juste l’écho de la salle qui m’a fait passer pour une folle. A moitié. Sauf qu’il est pas tout seul dans la salle. Non y’a tous ses élèves. « Oups … ». Après des excuses gênées, je sors à reculons, me faisant le plus petite possible. Mais la patience et moi, on est pas très copines. On s’entend même pas du tout. Je trépigne devant les portes battantes, ne pouvant m’empêcher de me hisser sur le bout de mes chaussures pour l’espionner depuis la petite vitre. Niveau discrétion, j’avais déjà fait mieux. Il a suffi d’un regard pour qu’il comprenne que je l’observais depuis mon hublot et à chaque fois, il me foudroyait du regard pour que j’arrête de jouer les fouines. « Tsss ». Je voulais juste savoir quand il allait finir, je suis pas là pour dévoiler ses secrets à la concurrence. Je finis par m’asseoir sur le petit banc à côté en espérant que le temps passe plus vite. Et quand les premiers élèves sortent enfin, j’étais à la limite de me laisser choir dessus comme une baleine sur une plage. Mais je l’ai pas fait, la classe en toutes circonstances voyons !

M’assurant que plus personne ne reste à part lui, je peux enfin le rejoindre. « Quoi ? Me regarde pas comme ça, j’ai oublié de vérifier si y’avait du monde ». Je lève les yeux au ciel comme si j’avais commis le péché le plus grave au monde (alors qu’entre nous, celui-ci n’arrive qu’en bas de la liste). « Mais tu me pardonneras quand tu sauras pourquoi ». Mes commissures s’étirent jusqu’aux néons du plafond, sautillant jusqu’à lui. « Tu veux savoir ? ». Je lui laisse pas le temps de répondre que j’enchaîne : « De toute façon t’as pas le choix, t’es obligé de m’écouter ». Je fais durer le suspens parce que je sais qu’il adore ça (ironie quand tu nous tiens) avant de lui partager la nouvelle. « Devine qui a décroché un premier rôle ? ». Il a pas intérêt de faire genre qu’il sait pas sinon ce soir, il dort sur le canapé. Et en plus, il aura pas la suite de la surprise.

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ft. Byeol♡ byeol

On entame la dernière demi-heure, la plus difficile. C'est le moment où ils commencent à se relâcher et ou à geindre « On peut faire une pause ? » NON ! PAS DE PAUSE ! Tu vas pas me dire que t'es pas capable de remuer ton cul plus de dix minutes ? Oui, non? NON ! ALORS REJOINS LES AUTRES ! ( Ça c'est moi quand au début de l'année on m'a poussé à bout. Un mec, toujours le même, se plaignait et nous coupait au moins quatre fois dans l'heure pour sa petite pause. Au bout de la cinquième fois j'ai pété un câble. ) Depuis ce malheureux incident ils ne demandent plus et ça me ravit. Après je ne suis pas sadique non plus, j'accorde au moins une pause toutes les heures ( ce qui est déjà trop à mon goût. )

Je relance la musique après quelques étirements et là... Byeol. Elle me fait sursauter, la télécommande de la chaîne hi-fi m'en échappe des mains. Un bruit démoniaque sort des enceintes. J'ignorais qu'elle possédait de tels décibels, c'est entre le bruit de la baleine échouée ( tmtc ) et Nora pendant les soldes. Tout le monde est plié en deux et se couvre les oreilles.
Je l'aime mais
l'amour à ses limites.
Elle s'en va comme elle est apparue, je la fixe jusqu'à ce qu'elle s'efface complètement. Des rires commencent à s'élever dans la salle, je me retourne, plus un bruit. Je préfère ça.
On arrive à finir le cours sans trop de dommages et parce que je sais que ça va l'enrager, je prends mon temps avant de la rejoindre, tellement qu'elle finit par se décider elle-même d'aller à ma rencontre. « Je te regarde comme je veux. » J'éteins les lumières de la salle, ferme à clé derrière nous. « Je pense pas que ce soit pardonnable. » Elle sourit trop, comment est-ce physiquement possible ? On dirait le Joker. « T'es flippante quand t'es heureuse. » C'est faux, mais elle n'a pas besoin de savoir ce que je pense, surtout après le coup qu'elle vient de me faire. « Tu veux savoir ? — No... » Elle me coupe la parole, je roule des yeux. « Devine qui a décroché un premier rôle ? » Je lâche mon sac de sport, écarquille grands les yeux. Ma bouche forme un « o » parfait avant de se muer en demi-lune, elle dessine sur le coin gauche de mes lippes une petite virgule mutine, égal à moi-même je réponds. « J'aurais parié sur moi mais... Toi me regarde pas comme ça. » Son poing se lève mais je le réceptionne promptement d'une main. Alors que je me penche sur son visage, tout près, trop près, je souffle avec le bonheur dans le timbre. « Je suis fier de toi. »  Et j'ajoute avant dans la prendre dans mes bras. « T'es la meilleure, je savais que tu l'aurais. » Personne ne peut nous arriver à la cheville, personne.

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ft. il su ♡ byeol

Je me doutais bien qu’il ne laisserait pas mon intrusion impunie. Surtout que ses élèves avaient dû en profiter pour glisser quelques gloussements après ma fuite. Mais si je lui avais annoncé par sms ou bien si j’avais attendu, j’en aurai tout autant pris pour mon grade alors dans tous les cas, je préférais lui annoncer de vive-voix et en personne. Bon peut-être (je dis bien peut-être) que j’aurai pu d’abord jeter un œil au lieu de débouler de la sorte mais il oubliera, il en rigolera sûrement même après ! Du moins c’est le scénario que je m’imagine mais quand j’ai enfin la possibilité de le rejoindre, ce n’est pas avec un sourire qu’il m’accueille, plutôt avec un regard foudroyant dont il a le secret. Si je le connaissais pas, j’aurai pu me dire que le pire m’attendait et d’ailleurs, c’est probablement ce qu’il se dit lui aussi. Il doit me maudire de milliards de façons différentes durant les microsecondes dont j’ai besoin pour arriver à sa hauteur. Mais je m’en fous, je suis trop heureuse pour penser que mon copain veut me faire la peau pour lui avoir fait honte devant plusieurs personnes. Puis honte de quoi ? Je suis sûre que beaucoup l’enviaient de m’avoir à ses côtés ! Et je n’étais pas une inconnue pour ses élèves. Une fois, l’un d’eux s’était amusé à m’appeler Madame Moon alors que j’attendais qu’Il Su finisse son cours. Depuis, je crois que c’est devenu une private joke entre les étudiants.

« C’est que tu dois avoir des goûts particuliers alors, si tu trouves que je fais peur quand je suis heureuse ». Même ses piques, je les chasse du revers de la main et je lui annonce ce pourquoi j’étais venue. Bien évidemment, sinon ce serait pas lui, j’avais prévu sa réponse. Ma lèvre se retrousse comme pour lui montrer que sa blague n’est vraiment pas drôle puis mon poing se joint à la fête. Mais on arrive tellement à lire les intentions de l’autre qu’il m’arrête à mi-chemin et m’attire contre lui. Il a aussi le pouvoir de me faire oublier pourquoi j’étais contrariée, de chasser les ondes négatives autour de moi. Et la plupart du temps, je lui fais ravaler son petit sourire sournois mais pas aujourd’hui. Mes doigts se referment sur sa nuque et le rictus peint sur mes lèvres s’étire pour faire écho au sien. « J’espère que tu l’es ». Tant que lui l’était, je me fichais pas mal du jugement des autres. Bien sûr que j’allais prévenir ma famille et mes amis mais tant qu’Il Su le savait, les autres pouvaient attendre. « Bientôt on sera deux ». Je prends conscience que mes paroles peuvent être mal interprétées alors je me rattrape avant qu’il ne se mette à me faire un AVC dans le couloir. « Non je suis pas enceinte !! ». Je suis pas contre l’idée d’avoir un enfant mais non, pas maintenant. « Ce que je voulais dire c’est que … le spectacle pour lequel j’ai décroché le premier rôle est à la recherche d’un chorégraphe. Et disons que j’ai un peu (beaucoup) parlé de toi aux producteurs ». J’aplati les plis imaginaires de sa veste, mes dents s’attaquant à ma lèvre. Je crains un peu sa réaction sans avoir vraiment de raisons mais on sait jamais ce qui peut se passer ! « Et ils aimeraient beaucoup te rencontrer. Enfin si t’es d’accord ». J’espère qu’il le sera et qu’il acceptera. Pas pour moi ou pour me faire plaisir. Mais pour lui et sa carrière. Il est comme moi et je sais à quel point ça compte pour lui.

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ft. Byeol♡ byeol

« C'est un énorme compliment d'être à mon goût je te ferai dire, très peu peuvent s'en vanter. » Mon sourire s'élargit quand ses mains se nouent autour de mon cou, mon rire s'élève face à sa mine faussement contrariée et tout s'écroule quand elle m'annonce : « Bientôt on sera deux. »
Comment
ça
bientôt
on
sera
deux ?
?
?
?
… ?
?????????????????!!!!?????????!!!!!
J'ai l'impression d'avoir été en apesanteur, de défier la loi de la gravité avec mon allégresse et pan. Elle a appuyé sur le bouton qui arrête tout, la chute est rude. La première chose à laquelle je pense c'est : « C'était pas prévu. » ensuite « Comment on va faire ? » après « On n'est pas prêt. » … « Pas prêt du tout. » Chaque heure de mes journées est minutieusement programmée, aucune place au hasard ou aux imprévus et celui-là est colossal. Pourtant je suis déjà en train de reconfigurer l'avenir. Une courte ébauche de nous, d'une famille construite avec elle avant qu'elle ne déclare : « Non je suis pas enceinte !! » Le soulagement est démesuré. Un rire nerveux s'empare de moi, j'essaie de  le refouler pour ne pas qu'elle le prenne mal car cet hypothétique enfant j'aurais été prêt à l'accepter. Aussi dingue que cela puisse paraître jamais je n'aurais voulu qu'elle s'en occupe seule ou qu'elle le fasse disparaître. On n'en a jamais vraiment parlé auparavant, j'ignore ce qu'elle pense que je ferai si cela venait à réellement nous arriver et en gloussant comme un con à qui on vient de retirer non pas une écharde mais une forêt toute entière, j'imagine que son idée est déjà toute construite.


Grâce à Byeol j'ai pu passer l'audition et ( évidemment, comme si on pouvait laisser place au doute ) la décrocher. On est en pleine répétition, Byeol est sur scène avec d'autres chanteuses pour faire quelques vocalises. Je l'admire des coulisses le cœur gonflé de fierté. Nos rêves d'enfant composés de scènes prestigieuses, de presse élogieuse, de popularité et de richesse tout ça est a portée de main désormais. C'est trop beau pour être vrai, tout est trop parfait.
Trop parfait.
« Allô ? — 10 minutes de pause. » Le metteur en scène congédie ses artistes, je m'éloigne un peu pour prendre l'appel de mon père. « Pourquoi tu dois aller là-bas ? Depuis quand ? Pourquoi je ne suis pas au courant ? Si je ne te laisse pas parler c'est parce que je m'inquiète. » J'inspire, expire. Il continue de m'expliquer mais je ne l'écoute plus. « Non ce médecin est nul, je m'occupe de tout quand je rentre. Je t'avais dit de ne pas aller le voir. Papa, ne me contredis pas j'ai toujours raison. » Laisse-moi avoir le contrôle sur ça car tout le reste m'échappe. « À ce soir, je t'aime aussi. » Je sursaute en me retournant, Byeol a suivi toute la conversation. Elle sait pour mon père, il adore se faire plaindre quand elle est là car elle s'occupe de lui comme s'il était à deux doigts de rencontrer la grande Faucheuse ( ce qui n'arrivera pas de si tôt car il va guérir ) mais j'évite de lui en parler. C'est mon père, mon problème. Elle a déjà assez à faire avec sa propre famille, surtout avec son branleur de frère. « 5 minutes ! » Je lui souris et pointe l'endroit qu'elle vient de quitter d'un petit signe de tête. « Je crois qu'ils ont besoin de toi.»

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ft. il su ♡ byeol

Quand je vois son visage se décomposer, je me dis que je l’ai cassé, que y’a tous ses neurones qui sautent un à un comme les plombs lors d’une coupure de courant. Mais je crois que c’est un peu ce qui se passe quand il s’imagine que je viens de lui annoncer que je suis enceinte. Alors déjà, j’étais moi-même pas au courant et ensuite, j’aurai trouvé une manière plus délicate de lui dire. Si encore on en avait parlé mais non. Cet hypothétique bébé, ça aurait été un accident. Mais j’étais pas là pour épiloguer sur un enfant qui n’était pas prêt de voir le jour et le rassure en lui disant ce qu’il y avait derrière mes paroles. J’avais compris au moins une chose : les bébés, fallait pas en parler.


La scène avait toujours été mon endroit préféré. L’école, la maison, les grands galas, j’avais jamais aimé y être. Je me sentais pas à ma place, épiée et trop à l’étroit dans les longues robes que ma mère achetait spécialement pour l’occasion. Je ne cache pas le fait qu’avoir de l’argent, c’est confortable mais je ne m’en étais jamais servi pour obtenir ce que je voulais vraiment. Et ce premier rôle, je l’avais eu grâce à mon talent, toute seule comme une grande et pas parce que mon nom était affiché en grand sur la devanture d’un hôpital. Ce rôle, il était fait pour moi et personne ne pourrait dire le contraire. J’étais heureuse d’être là, d’autant plus que je ne faisais pas l’aventure seule, Il Su avait lui aussi décroché l’audition (c’était pas une grande surprise). C’était la première fois qu’on bossé tous les deux ensembles alors c’était un peu étrange de voir l’autre dans son milieu, depuis les coulisses. D’habitude, on a le droit qu’à une courte avant-première quand on répète chacun dans notre coin avant le grand jour mais ça me donnait l’envie de faire encore mieux juste pour lui.

Je profite de la pause pour le rejoindre mais quand je le vois au téléphone, la mine sombre, je ralentis ma course et m’approche discrètement pour ne pas le déranger. C’est son père. Je sais qu’il va pas fort depuis quelques temps, mais c’est pas le genre à se laisser abattre, il en joue même parfois mais Il Su, c’est loin de le faire rire. Mais tout ira bien, tout ira bien. Quand il se tourne vers moi, je suis toute surprise que lui, j’étais perdue dans mes pensées. Son sourire me ramène sur Terre mais je vois bien qu’il est un peu forcé. Et je sais aussi qu’il aime pas m’en parler, qu’il pense ne pas avoir à le faire parce que c’est sa famille mais j’aimerai être là pour lui. Son père, je le connais depuis longtemps maintenant et il a plus été une figure paternelle pour moi que le mien. « T’es sûr que ça va ? ». Il me congédie d’un hochement de tête mais comme c’est ni le lieu ni le moment, j’insiste pas et retourne aux répèts. Mais son visage, j’arrive pas à le retirer de ma tête. Alors dès qu’elles sont finis, je le retrouve. J’attends qu’il rassemble ses affaires avant de revenir sur son coup de fil. « Je sais que tu veux pas en parler mais … garde pas ça pour toi, d’accord ? Je m’inquiète aussi pour ton père ». J’aurai jamais mon mot à dire sur tout ça mais je veux juste qu’il sache que je suis là comme lui a été là pour moi quand mon frère, disparu depuis quatre ans maintenant, a refait surface à travers un pauvre petit sms. Et Il Su me connait, il sait que je lâcherai pas. « Tu veux qu’on aille se poser ailleurs qu’à la maison ? Tu veux aller le voir ? ».