/// si la vie de mei lin peut parfois être trop remplie, la demoiselle s'accorde dès qu'elle le peut un moment de détente. parce qu'il est difficile de jongler entre une vie d'écrivaine, et une vie d'étudiante obligée de travailler pour ses études, elle a besoin de souffler. ça lui fait toujours du bien, et même si la plupart du temps, elle n'arrive à se détendre qu'en prenant sa plume, depuis son arrivée à la yonsei, la demoiselle a pu trouver une autre occupation qui lui permet d'oublier le monde autour, le temps de quelques heures. si au début elle n'y voyait pas grand intérêt, l'écrivaine est devenue une adepte de cette activité qui plus est assez relaxante pour elle. le yoga est devenu un nouveau moyen d'extérioriser ce qu'elle ressent, et le meilleur pour paraître un peu plus détendue. et il faut dire qu'elle en a plus que besoin ces derniers temps, avec tous ces changements dans sa vie. tout a commencé avec min ah qui a débarqué dans sa vie, menaçant sans même la connaître de dévoiler son secret. puis il y a eu nam hi, qu'elle a finit pas retrouver après tant d'années de silence, mais à qui elle n'ose pas encore parler de ce qui risque d'éclater dans la presse à n'importe quel moment. alors plutôt que de penser à tout ça, elle préfère dès qu'elle en a l'occasion se réfugier dans une des salles de danse de l'université, une à deux heures, pour faire un peu de yoga et vider son esprit un peu trop embué de questions plus ou moins existencielles. il n'y a rien de mieux à ses yeux après une longue journée de cours, et avant d'affronter à nouveau la vie en rentrant au dortoir. ça lui laisse un peu de temps pour se concentrer sur le plus important, elle-même. alors comme à chaque fois qu'elle préfère rester à l'université plutôt que de s'isoler sur le toit du dortoir pyobeom, mei lin part se changer avant d'aller s'enfermer dans l'une des salles pour s'exercer. son tapis au sol, une légère musique en fond, calme, pour l'aider davantage à se détendre, l'étudiante se tient face au miroir avant d'entamer une heure d'entraînement. tout juste le temps qu'elle peut se permettre aujourd'hui. elle laisse toutes ses pensées s'échapper et ne pense plus à rien, se concentre uniquement sur la mélodie qui émane des enceintes. une heure loin de tout souci, toute peine. la voilà même à lâcher un soupir de bien être avant de relâcher ses muscles, restant debout, observant son reflet. elle reprend lentement son souffle et attrape la serviette préalablement posée non loin pour essuyer les quelques gouttes de sueur qui coulent dans sa nuque. elle fait quelques pas, reprend ses esprits lentement, se prépare déjà à affronter à nouveau le monde extérieur.

La vie avait parfois d’étrange façon de s’amuser. Si nous avions l’occasion de faire une croix sur le passée, l’envie d’y remettre les pieds étaient de courte durée. Trop compliquée. Trop triste. Parfois même trop nocif. Nous préférions avancer vers ce futur incertain plutôt que s’accrocher à ses souvenirs lointains. Enfin cela, c’était sans doute ainsi qu’une personne dotée d’une raison en état de marche, ce qui n’était pas mon cas. J’avais cette mauvaise manie de refaire marche arrière comme j’en ai eu la multiple envie avec mon ex Sora. Et comme si ce n’était pas déjà assez difficile ainsi, le destin s’était mis en tête de jouer avec mes émotions une énième fois quand je passais la porte de cette salle de danse.

Cela devait faire quelques mois que Haru et moi étions officiellement en couple. J’avais enfin réussi à faire un pas en avant pour m’éloigner de mon passé. Avancer, ne plus stagner. C’était mon objectif. Ce soir, elle m’avait demandé de passer la prendre après son cours de danse. Cependant, j’arrivais avec une vingtaine de minutes en retard, l’entrainement de Baseball s’étant éternisé, et en tant que capitaine, je me devais de tout vérifier avant de partir, tel un capitaine coulant avec son bateau. Et comme si ca ne suffisait pas, mon portable n’avait plus de batterie. De ce fait, je n’avais pu la prévenir de mon retard. Je n’allais pas tardé à me faire réprimander, mais je comptais sur mon regard de cockers pour l’attendrir. Quand j’arrivais sur place, les lampes étaient déjà éteintes dans les locaux. Par chance, l’une des salles étaient encore éclairée. Ne réfléchissant pas plus, je m’y précipitais ne me doutant pas qu’il se pouvait que d’autres personnes puissent également les utilisés. J’entrais dans la pièce presque avec fracas, le rouge aux joues, le souffle court de ma course. « Je suis désolé, Haru, j’ai eu un contre temps. Je te promets de me faire pardonner comme il se doit. » Reprenant enfin mon souffle, et récupérant un peu de salive, je redressais les yeux sur une jeune femme qui ne s’avérait pas être ma copine. Ou plutôt plus celle actuelle. Mes yeux s’écarquillèrent sous la surprise, et je restais pétrifié quelques instants n’y croyant pas. « Dae ? …. Non, Mei Lin ? Que fais-tu là ? » Le destin avait un humour douté qui aimait me refaire plonger les pieds joies dans mes anciennes histoires amoureuses, aussi compliquées qu’elles soient…

/// quoi qu'on en dise, la vie est parfois cruelle. le destin sait jouer de sacrés tours. et si mei lin en a déjà fait les frais à plusieurs reprises, elle aime imaginer que les surprises, aussi inatendues soient-elles, arrêtent de lui tomber sur le coin de la figure. sa vie est assez mouvementée pour apporter de nouvelles épreuves à surmonter, mais il faut croire qu'elle n'est pas au bout de ses peines. elle continue de savourer l'instant, respire lentement en faisant quelques pas. mei lin se détend encore un peu, dans son monde, et elle ne s'attend pas vraiment à l'intrusion soudaine d'un homme dans la pièce. le plus surprenant, c'est cette voix, qu'elle reconnait instantanément. qu'elle n'a jamais vraiment oublié dans le fond. son regard se pose rapidement sur celui qui se retrouve devant elle. les bâtements de son coeur s'accélèrent alors qu'elle comprend que c'est bien lui. il nam. la surprise est grande, à vrai dire, ce n'est pas vraiment dans une salle de danse de l'université qu'elle pensait tomber sur lui. loin de là même. et pourtant... l'écrivaine n'ose plus bouger, paralysée lorsqu'elle entend ce prénom. 'dae'. c'est tout ce qui la fait plonger en ce moment, et voilà qu'il apparaît devant elle. "il nam... ?" ses yeux s'écarquillent avant qu'elle ne secoue légèrement sa tête, essayant de ne pas montrer le choc qu'elle ressent à le revoir. parce que dans le fond, elle ne l'a jamais vraiment oublié... elle s'en veut encore de lui avoir menti aussi longtemps, et d'être partie avec aussi peu d'explications. et pourtant, il fallait qu'elle tombe sur lui, par un hasard terrifiant. "je..." ses sourcils se froncent alors qu'elle tente de reprendre plus d'assurance. "je faisais du yoga. mais toi, qu'est-ce que tu fais là ?" c'est la seule question qu'elle a en tête à cet instant précis. mais de nombreuses nouvelles interrogations parviennent peu à peu à son esprit. elle se doute qu'il lui en veut pour ce qu'elle a fait, mais ne veut pas se montrer faible. elle prend une grande inspiration sans pour autant pouvoir encore bouger. et même s'il est difficile de poser son regard sur lui, elle continue de le fixer, avec un lot de souvenirs qui remonte à la surface. tant de choses qu'elle a mis de côté pour ne pas se morfondre en y repensant.

Je n’étais pas dans un rêve éveillé. J’avais même tenté de me pincer le bras juste pour m’assurer qu’il s’agissait de la réalité. Je ne m’attendais pas à retomber sur elle de la sorte, des années plus tard. Aussi radicale qu’avait été la rupture, tout autant l’était les retrouvailles. Dans mon esprit, le vrai du faux se mélanger un instant, me renvoyant à ce passé qui me suivait quoi que je fasse. Je ne l’avais jamais réellement oublié, telle une relation qui n’était pas vraiment terminée. Ce gamin que j’avais été, qui s’était senti abandonné par sa première copine alors qu’il en avait été si fier jusqu’à s’en vanter auprès de ses copains, avait du mal à pardonner cet acte de sa part. Il hurlait dans mon crâne après des explications, après des excuses. « Pourquoi ? » revenait inlassablement dans mes pensées telles une prière redondante. De vieux souvenirs remontant de mon inconscient. Je fis taire cette voix alors que je ne pouvais détourner mes yeux de la jeune femme, la dévisageant intensément au point que ca me m’était mal à l’aise, mais c’était plus fort que moi. Je n’y croyais toujours pas mes yeux. Du yoga. Il fallait que je tombe sur elle alors qu’elle faisait du yoga. Sa question me déconcertait quelque peu, je détournais enfin le regard de sa personne pour les baisser un bref instant sur mes chaussures, passant une main distraite dans mes cheveux. « Qu’est-ce que je faisais la, déjà ? » murmurais-je plus pour moi-même que pour elle. « Ah ! je passais chercher ma copine à son cours de danse, mais je suis en retard à cause de l’entrainement de baseball. » Déclarais-je un peu perdu par la situation, relevant mon visage comme si j’avais trouvé enfin ce que je cherchais. Observant les alentours, je rajoutais : « Relativement, j’ai dû me tromper de salle. » Je n’avais pas pesé mes mots. Ils étaient sortis de ma bouche sous le stress du moment, ne prenant pas conscience que le mot « copine » puisse éveiller de vieilles blessures. Dure retour au présent. Des années passées où on avait évolué chacun de notre côté sans se retourner sur le chemin de l’autre avant qu’ils ne se recroisent à nouveau …

/// elle ne compte plus le nombre de mois, d'années même, depuis qu'elle l'a laissé. les images de cette séparation parviennent à son esprit avec un choc déconcertant. ce jour où elle a finalement tout laissé derrière elle, pour démarrer une nouvelle vie, se dessiner un futur qui lui ressemble. pourtant, mei lin est loin de ce qu'elle avait rêvé, imaginé. une vie de mensonges qui perdure, une douleur omniprésente qu'elle n'a jamais réussi à taire complètement, des envies inassouvies par peur qu'on sache ce qu'elle est réellement. et voilà que le seul à avoir réussi à la connaître sous son vrai jour est à nouveau en face d'elle, quatre ans plus tard. il nam. le premier homme qu'elle ait réellement aimé ; certainement le seul qu'elle a autant aimé, aussi. celui qu'elle a laissé, et qu'elle n'a pourtant jamais vraiment oublié. cette place si particulière qu'il a pris dans sa vie n'a pu être comblée par quelqu'un d'autre, même après tout ce temps. les retrouvailles sont brutales, mais l'écrivaine renfile bien trop rapidement sa carapace, sa froideur habituelle, sans pour autant pouvoir le contrôler. son regard se perd sur cette silhouette qu'elle a vainement effacé de ses souvenirs. immobile, elle se mordille l'intérieur de sa joue. la nervosité prend place en elle, sans savoir quoi faire, comment réagir face à cette situation. dans un souffle, elle lâche un : "je vois..." sans grande conviction, et se décide finalement à récupérer sa bouteille d'eau encore au sol. son regard se repose difficilement sur son vis-à-vis, les sourcils légèrement froncés. "effectivement oui." elle boit rapidement quelques gorgées, puis se dirige vers ses affaires pour les rassembler avant de les ranger. "y'avait que deux salles de prises quand j'suis arrivée. t'as qu'à aller voir par là bas." ses sentiments se bousculent, comme si la seule envie qu'elle puisse avoir est de fuir, s'échapper et faire comme s'il ne s'était rien passé. au fond d'elle pourtant elle sait, qu'elle lui doit des explications, qu'il a le droit de tout savoir. elle ne saurait dire si elle est vraiment prête pour ça, mais si elle a bien appris une chose, c'est que rien n'arrive jamais par hasard. alors elle reste plantée devant lui, prête à affronter ses choix s'il le faut.

Ils étaient rares les moments où je doutais, où ma confiance légendaire se faisait la male pour me laisser seul face à mon triste sort. Et Mei Lin, elle avait toujours eu ce don de me faire paraitre tel un adolescent maladroit face à elle. Et même si je tentais de le cacher, rien n’avait changé à ce niveau. Je passais une main dans mes cheveux, signe de ma nervosité présente. La froideur qu’elle faisait preuve à mon égard n’arrangeait en rien mon mal aise, ne faisant que l’accentuer d’avantage. Je restais planter là, debout dans mon coin, ne sachant quoi ajouter ni quoi faire sans paraitre grossier, plus que je ne l’avais déjà été. Ce n’est que quand la jeune femme lui indique qu’une salle autre que la sienne était également occupé que je réagis. Elle m’indiquait sa position. Je hochais de la tête, y jetant un coup d’œil. « Merci, et désolé du dérangement. » Je me détournais d’elle avançant vers la sortie. Je m’arrêtais avant de lui lancer sans la regarder. « Ca m’a fait plaisir de te revoir. » Toutes mes questions étaient toujours sans réponses. Une incompréhension vis-à-vis de son comportement de l’époque était toujours présente dans mon esprit. Cependant, il était également vrai que j’étais heureux d’avoir pu la revoir, ne serait-ce que quelques minutes. Le destin nous avait remis sur le même chemin le temps de brève retrouvaille. Je réajustais mon sac sur mon épaule, avant de reprendre la route vers Haru. Il s’avérait que la seconde salle était vide. Tout le monde était déjà parti. Dans un mouvement de panique, je passais un coup de fils à la gumiho, histoire de savoir où elle se trouvait. Je n’avais aucune envie d’apprendre dans les journaux du lendemain qu’elle avait été kidnappée et tuée. Elle décrochait à la seconde sonnerie, m’indiquant qu’elle avait fini par sortir avec une bande d’amies. Rassuré, je raccrochais, me résignant à rentrer simplement. Pourtant, quand je passais devant la première salle où se trouvait mon ex auparavant, je me stoppais alors que la lumière me parvenait. Impulsivement, j’entrais de nouveau, lui barrant la route. « Il se trouve que je me retrouve tout seul ce soir, ca te dit qu’on aille boire un verre ? Il me semble qu’on a une ou deux choses à se dire. » Lâchais-je d’une seule traite, néanmoins accompagné d’un sourire rassurant pour ne pas qu’elle croit monter à l’échafaud. Ce n’était pas une proposition pour régler nos comptes, loin de là. Je voulais simplement passer un bon moment avec une vielle amie, nous rappelant nos souvenirs d’antan.

/// si depuis quatre ans, l'écrivaine a mis son passé de côté, elle ne s'attendait pas vraiment à ce que celui-ci refasse surface aussi violemment. les retrouvailles avec son amie d'enfance lui ont été bénéfiques, mais devant il nam, c'est tout un tas de sentiments aussi différents les uns des autres qui s'installent en elle. il y a cette part d'elle qui est heureuse de pouvoir le revoir, poser à nouveau les yeux sur cette personne qui a eu tant d'importance dans sa vie. mais de l'autre... c'est le désarroi, la peur de ce qu'il va se passer ensuite, de ne pas réussir à oublier qu'il était celui qu'elle a aimé, sincèrement. bien sûr, il y en a eu d'autres après lui. mais jamais elle n'a retrouvé quelqu'un capable de la faire se sentir elle-même, quelqu'un avec qui elle n'a pas besoin de cacher ce qu'elle est vraiment. mei lin, cette jeune femme pourtant si sûre d'elle, ne fait que douter en la présence du jeune homme. se montrer froide et distante, ça ne lui est jamais arrivé avec lui, mais cette carapace qu'elle s'est formée n'est que trop présente pour être cette gamine douce et affectueuse d'antan. silencieuse, elle ose à peine un signe de la tête suivit d'un "de rien" à peine audible alors qu'il quitte finalement la salle. elle se stoppe un instant à sa dernière remarque, fébrile. elle ne sait pas quoi penser, quoi faire, alors elle le laisse simplement partir, comme elle l'a fait quelques années en arrière. il lui faut quelques secondes, avant qu'elle ne se reprenne, enfile sa veste, et rassemble ses affaires. perdue dans ses pensées, elle se demande si elle devrait le rattraper, prendre le temps de lui expliquer ce qu'il s'est passé. mais elle se résigne bien vite, prête à rentrer au dortoir, et reprendre le court de sa vie. si elle est retombée sur lui aujourd'hui, elle le recroisera sûrement, peut être réussira-t-elle à trouver le bon moment pour lui donner ces explications qu'elle lui doit. c'est alors qu'il réapparaît, sans qu'elle ne s'y attende, encore une fois. les sourcils froncés, ses yeux se reposent instinctivement sur il nam. ce sourire qu'elle ne connait que trop bien la rassure alors qu'elle baisse légèrement la tête. "je... ok." reprennant un peu d'assurance, mei lin se décide à plonger son regard dans celui de son vis-à-vis. ce moment qu'elle craint depuis si longtemps, elle va devoir l'affronter plus rapidement que prévu, elle sait qu'elle n'a pas vraiment le choix. "tu veux aller où ?" une moue sur le visage, elle tente de rester impassible, chose bien difficile devant lui.