Un soupire passe la barrière de ses lèvres pour la millième fois. Attrapant sa veste et son sac à main dans lequel elle range soigneusement son téléphone portable et son rouge à lèvre, Chae Nah quitte sa chambre. Malgré les hauts talons sur lesquels la jeune femme est perchée, elle dévale les marches du dortoir pour s’arrêter devant ce dernier. Elle rabaisse un peu sa jupe tandis que son regard observe attentivement les alentours. « C’est une blague ?! » Râle-t-elle déjà en sortant nerveusement son téléphone portable. Comment Il Nam peut-il être en retard alors qu’il la harcèle depuis une heure pour qu’elle se dépêche ! Un énième soupire lassé de devoir attendre comme un gland dehors mais également, de ne pas trouver ce fichus portable ! Pourquoi est-ce qu’ils font ça déjà ? Ah oui, un cadeau pour maman ! Et pourquoi Ma Nah en est dispensée ? Ah oui parce qu’elle est la préférée du grand frère !

C’était bientôt l’anniversaire de maman, et tradition oblige, le cadeau était de mise. Cela faisait 25 ans que je me creusais la tête pour lui trouver quelque chose de différents chaque année, et une pâtisserie de plus à son honneur n’allait plus faire l’affaire cette fois. Je l’avais senti au sous-entendu qu’elle m’avait lâché cette semaine. Aussi gros qu’une maison. Je renvoyais un énième message à Chaenah pour être certain qu’elle soit prête quand je passerais la prendre. Manah était sensé être de la partie, mais elle était si paisiblement endormie que je n’osais la réveiller. De ce fait, je partis sans elle au bord de ma voiture pour me retrouver bloquer dans les embouteillages. Si seulement j’avais choisi une moto au lieu de la voiture quand il avait été temps de choisir un véhicule. J’entendais encore ma mère me dire de faire un choix judicieux, mais surtout qu’elle ne voulait pas voir mes sœurs sur une moto quand je devrais jouer les chauffeurs. Soupirant, j’attendais que la fils avance. Quand j’arrivais enfin devant la fraternité, Chaenah s’impatientait déjà. J’eus un sourire alors qu’une petite voix me susurrait : bien fait. Quand elle entrait dans l’auto, je détaillais son accoutrement, la fusillant du regard. « Dis-moi que c’est une blague ? Tu comptes vraiment sortir comme ca ? »

La main cherchant activement son téléphone portable dans son sac dans le but d’incendier son frère au téléphone qui aurait dû déjà être là, ce n’est que lorsqu’elle l’a finalement en main que sa voiture apparaît face à elle. Le salaud, il le faisait exprès, elle en était certaine ! Si il y a bien quelqu’un qui faisait tout pour la faire chier, c’est bien Il Nam ! Préparer des plats avec des ingrédients qu’elle n’aime pas, manger le dernier chocolat, acheter ce qu’elle voulait depuis longtemps pour l’offrir à Ma Nah, s’arranger pour qu’elle se fasse engueuler par leurs parents bien que cela soit toujours en vains en ce qui concerne papa … Il faisait tout, absolument tout pour qu’elle pète un plomb, comme si il se vengeait de quelque chose, d’elle ne sait quoi.

D’un pas contrarié faisant claquer durement ses talons contre le sol, elle se dirige vers la voiture. Elle ouvre la portière, s’installe et prend un soin particulier à claquer la porte en la fermant. Car si Il Nam semblait s’arranger pour l’agacer, elle n’hésitait nullement à lui rendre la pareille.
Ses lèvres préparaient un reproche assassin, une manière de lui faire comprendre qu’elle l’avait attendue longtemps alors qu’elle l’a prévenue depuis longtemps qu’elle était prête, mais il fut le plus rapide à dégainer. Son regard semblable à des mitraillettes figé sur elle, une première remarque au sujet de sa tenue fugue. Agacée de l’entendre constamment pester sur ses tenues, elle lève les yeux au ciel. « Et toi, dis moi que c’est une blague de m’avoir fait attendre un milliard d’année ? » Réplique-t-elle sur le même ton. Son regard se baisse sur sa tenue. Un débardeur, une jupe et des talons, à ses yeux rien de choquant. « Qu’est-ce t’as encore à reprocher à ma tenue ? Elle est très bien ma tenue et non, ne t'imagine même pas une seconde que je vais remonter pour me changer ! » Mais elle le savait, pour lui c’était presque une abomination. Lui, il voudrait qu’elle porte des culottes en cotons, des pulls en laine avec des chats et salopettes. Please Honey, Kyliebb ne porte pas ça.

Je lui jetais un coup d’œil désapprobateur alors qu’elle claquait la porte avec tant de violence. Rien ne m’obligeait à venir la chercher. Si elle était si mécontente que je passe la prendre, elle pouvait tout aussi bien y aller à pied. Apres tout, c’était bien ce qu’elle faisait d’habitude : demander à d’autres garçons qu’elle aimait tant à appeler oppa. C’était l’anniversaire de notre mère, j’aurais aimé qu’on puisse passer un moment ensemble pour lui trouver un cadeau et par la même occasion peut etre pour se rapprocher. Retrouver cette complicité perdue. Elle mettait déjà une mauvaise ambiance avant même de commencer. Comment garder sa bonne humeur quand j’avais l’impression d’être une corvée pour la jeune femme ? Cette journée que je voulais familiale, se changeait déjà en vrai cauchemar. Elle avait réussi sans prononcer un mot à me faire dégainer le premier. « Désolé, j’ai été surpris par les embouteillages. » grommelais-je alors que je démarrais la voiture. « Fais comme tu veux. » finis-je par répliquer sur un ton de reproche face à sa tenue. « Apres tout, c’est toi que ca regarde si tu veux attirer les sifflements des mecs. » lâchais-je en enclenchant mon clignotant pour m’engager sur la route. J’étais resté poli dans mes provocations, refusant d’insinuer que sa tenue suggérait bien plus que de simple sifflement, et des regards.

Des piques, des piques, des piques. Voilà à quoi se résume leur relation. Il n’en a pas toujours été ainsi pourtant. Avant, Chae Nah aurait dit que Il Nam l’aime bien. Aujourd’hui, elle affirmerait que ce n’est plus le cas. Elle l’a déçu comme elle a déçu son entourage et désormais elle a la sensation de l’entendre lui reprocher ses erreurs dans chaque son de sa voix. Elle sait qu’elle a merdé, elle sait qu’elle a été conne et si elle pourrait tout changer, elle le ferai mais elle reste trop blessée par ce passage de sa vie pour y revenir, même pour dire à voix haute que oui putain elle a fait une erreur. Alors elle active son mode de défense, optant même parfois pour l’attaque avant qu’il n’ouvre la bouche. De toute façon si il ne l’aime plus, elle ne le décevra plus et il ne souffrira pas de ses erreurs, voilà.
« Ouais pis si ça aurait été Ma Nah t’aurait carrément roulé sur les voitures en mode batmobile pour arriver à l’heure voire carrément en avance ! » Mais non, elle, il la laissait poireauté comme une clocharde sur le canapé du dortoir. Oui bon, un clochard aurait été heureux d’être à sa place mais peu importe. Ce qu’il y a aussi d’étrange dans sa relation avec son frère c’est que quand bien même elle essaye de le repousser d’elle, elle ne peut s’empêcher de lui reprocher de préférer Ma Nah a elle, ce qui en soit, tout à fait compréhensible. « Ouais. » Elle l’a à peine écouté lorsqu’il vint à lui parler à nouveau de sa tenue, de mec ou peu importe. C’est toujours pareil de toute façon. « On achète quoi à maman ? » Elle tente de changer de sujet, les yeux rivés sur le paysage qui défile par la fenêtre.