Un faible frisson me parcourt. Depuis le temps que je suis ici, il est normal que mon corps me lance une alerte. En effet, mes pieds nus sont plongés dans ce petit cours d'eau pour pouvoir me sentir comme chez moi. Au point d'en oublier l'heure qui passe ... Pour m'occuper, j'ai pris de la musique ainsi qu'un bon livre. A défaut de pouvoir assister à quelconque concert aujourd'hui, je tiens tout de même à penser du bon temps même si la soirée commencerait à trop s'éterniser aux yeux de certains. Je devrais rentrer au plus vite mais pour le moment, je suis bien trop occupée à sécher mes orteils. Glissant instinctivement mes mains sur ces derniers, je me les essuies via mon jean trop serré. Je n'ai beau pas complexé sur ma taille de guêpe, je sais très bien que je devrais encore quelques centimètres au niveau des hanches pour pouvoir faire de la concurrence aux autres filles mannequins de mon âge. Du coup, faire écraser mon estomac quotidiennement me paraît être une solution pour me motiver comme il se faut. Ou pas. En fait, en réalité, je crois que je me suis juste trompée en essayant cette tenue et cela me fait trop mal pour l'avouer. Je suis assez être la meilleure en matière de mode et compagnie. Enfin, récupérant mon sac à bandoulières qui traînait par terre sur ma droite, j’accélère le pas quand je vois de loin les minutes affichées sur le panneau. Il n'est pas question de patienter encore des heures et des heures. Certes, la capitale est active mais on ne peut pas trop en demander aux conducteurs de bus. En plus, j'ai l'impression d'avoir écouté toute ma bibliothèque musicale. Quel gâchis ! Montant à bord, je prends place sur les dernières rangées et oublie complètement mes écouteurs pour me contenter d'observer les autres passagers. Je vois une fille à l'air ronchon, me faisant penser qu'elle a passé une mauvaise soirée. Quant à celui qui se tient à ma gauche, lui, il n'a pas tendance à tenir l'alcool. Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres avant d'être emportée machinalement vers l'avant quand le bus se stoppe d'une traite. Sans prévenir, bien évidemment, ce qui a le don de motiver une demoiselle à lâcher un juron. " J'suppose qu'il n'est pas aussi pressé que nous de rentrer chez lui. " ironisai-je, pas anxieuse pour un sou. Et puis, bon, je doute qu'on puisse descendre en plein milieu de la voie. La sécurité prime, n'est-ce pas ? " Espérons qu'il reparte vite. "