C'est ce que l'on appelle les effets de l'afer-attaque. Jasun avait dû sauter de la fenêtre du première étage pour s'échapper de chez les Sango et encore! Il n'était pas reparti indemne, puisque l'une d'eux avait réussi à l'attraper pour lui faire subir la pire des souffrances (bon ok, j'abuse, ya pire quand même): une coloration. Alors voilà le résultat des courses pour Jasun lors de cette attaque: un coup dans les boules, des mains pleines de colle glu et de sel, des cheveux rouges, et une cheville sûrement tordue lors de sa chute. Bref, il n'était pas vraiment en forme, comme un vrai guerrier de l'époque, mais au moins, la mission avait été un franc succès et il avait au moins ça pour se consoler. L'erreur qui lui fut fatale, c'était de ne pas avoir attendu le retour de Soonae en bas, au salon, et d'être rapidement monté dans sa chambre pour passer ses mains sous de l'eau chaude, et admirer sa nouvelle couleur. Penché au-dessus du lavabo, il se frotta frénétiquement les mains afin de faire partie la colle glu grâce à l'eau chaude et au sel. Merci Kwan Sun pour le tuyau. Quand ses mains retrouvèrent leur aspect naturel, Jasun partit se rincer les cheveux, encore plein de coloration, le temps de pause ayant été largement dépassé, il se doutait qu'il allait se retrouver avec des cheveux mi bruns mi rouge. Génial.

Mais alors que l'eau rougeâtre coula dans la douche, il entendit toquer à la porte de sa chambre. Tae, tu vas voir qui c'est? demanda Jasun, coupant l'eau chaude et attrapant une serviette pour se sécher les cheveux. Soudain, la voix de Tae retentit: oh putain. lâcha son meilleur ami. Jasun viens vite. Quoi? Qu'est-ce qu'il y a? Qui c'est? sans perdre de temps, Jasun approcha de la porte de sa chambre. Et là... Frayeur.

Soonae. Le nez en sang, et un cocard.

C'est ce qu'on appelle les effets d'une montée d'adrénaline en toute puissance. Et les effets de voir sa petite soeur chérie dans cet état.

Ca sentait vraiment, vraiment, pas bon du tout

Elle était furieuse, dépitée, épuisée, dégueulasse. Réellement dégueulasse en fait. Les autres ne l’avaient pas vraiment attendue, et Soon Ae s’était trainée depuis le dortoir Neugdae, le nez en sang et pleine de boue. Son haut déchiré pendouillait sur ses épaules, laissant la majeure partie de son buste dévoilé. Elle le savait, qu’elle n’aurait pas dû participer à cette attaque. Mais c’était sa première, elle s’était laissée emballée par l’excitation, l’idée peut-être un peu trop tentante de faire du mal à ces gens de manière volontaire et calculée. Sur le papier ça avait l’air drôle, mais c’était sans compté sur l’équipe qu’on lui avait assigné. Avec Bao, c’était clair depuis le début, elles se détestaient. Le plus frustrant, c’est que la Yu avait beau se débattre, essayer, recommencer, elle gagnait toujours. L’avantage certain de savoir ce battre. Parfois, son entêtement ne suffisait pas. C’était presque un comble de rentrer au dortoir dans un état infligé par une des leurs, et non par un Neugdae. Dépitée, Soon Ae poussa la porte du dortoir des Gumiho, abandonnant à l’entrée ses chaussures encrassée. Elle ne prit même pas la peine de passer par sa chambre. Qu’importait son corps divulgué et ses joues maculées de boues séchées, ses cheveux englués dans la terre. Au diable son nez ruisselant de sang et son œil qui la lançait terriblement. Elle n’avait qu’une envie, aller se plaindre, voire carrément fondre en larme dans les bras du seul qui comprendrait réellement la douleur de son humiliation.

Machinalement, elle gravit les escaliers pour se planter devant la porte de la chambre de Jasun. Elle grimaça lorsqu’apparu Taehyun derrière la porte, ayant sincèrement espéré se jeter dramatiquement dans les bras de son grand-frère dès l’ouverture du panneau de bois. Qu’importait, l’ainé se montra rapidement, aborant lui aussi des traces de l’attaque. « Oppa tes cheveux… ? » S’étouffa l’impatiente, ébahie devant la couleur de sa tignasse. Elle secoua cependant la tête, disséminant quelques fragments de boue çà et là, prenant conscience de ce qu’elle était venue faire ici. « Oppaaaaaa. » Geignit-elle sans retenue, les larmes aux yeux, entrant définitivement dans son rôle de petite dernière éplorée. « J’ai mal, regarde ce qu’elle m’a fait… »

Les cheveux humides et la serviette sur les épaules, Jasun regarda sans s'arrêter sa petite soeur, le nez en sang et l'oeil bleu. Si de l'extérieur, le jeune homme ne laissait rien paraître si ce n'est d'abord de la surprise, en lui, c'était un vrai festival de sentiments. D'abord la surprise, oui. Puis, de l'incompréhension: elle était allée attaquer des gens dans une putain de fraternité, où était la logique à ce qu'elle rentre amochée? Quel enfoiré avait osé lever la main sur elle? La haine prit le dessus. Ses poings se serrèrent. Il l'écouta. Elle? Les sourcils froncés, il essuya le sang qui coulait du nez de sa soeur d'un revers de la main, puis l'attrapa doucement par le poignet et la fit entrer dans la chambre afin de claquer la porte derrière elle. Qui ça elle?! Dis moi qui c'est avant que j'casse quelque chose. Et d'un signe de tête, lui fit signe de s'asseoir sur son lit. Putain j'vais péter un câble. déclara le frère aîné en partant dans la salle de bain pour aller chercher du coton, le pas décidé. Garde la tête penchée en avant surtout! il la pointa du doigt, l'air très sérieux, avant de se tourner pour foutre la salle de bain en l'air à la recherche de ces putains de cotons.

Il faisait preuve d'impatience, mais évidemment que Soonae n'y était pour rien. C'était juste que la voir en train de pleurer et souffrir le plongeait dans états incontrôlables. C'était son sang, sa chair, la dernière, il ne connaissait pas le mot "raison" dès que cela touchait sa tête blonde préférée. Alors, quand il trouva ce qu'il était parti chercher, il retourna sans tarder à son lit, où Taehyun était assis à côté de Soonae. Jasun lui prit la place, et commença à passer du coton pour les imbiber du sang de sa soeur. Ses mains tremblaient de colère. Néanmoins, il fallait qu'il reste calme devant elle. Il n'aimait pas s'énerver sous ses yeux, même si elle était pire que lui parfois. Tu vas tout me raconter, et tu loupes aucun détail. déclara alors le matheux, les sourcils froncés alors qu'il tenait de sa main libre le menton de sa cadette.

Elle reniflait, immobile devant la porte, les yeux fixés sur son frère ainé. Elle oscillait entre la vague envie de fondre en larme pour de vrai, et la rage qui agitait son cœur. Elle était fière Soonae, alors forcément, quand on touchait à son amour propre, ça n’allait pas vraiment. Elle avait pas l’habitude qu’on lui fasse du mal, c’était son rôle à elle, de blesser les gens autour d’elle. Les jambes flageolantes et le visage maculé de boue, elle n’avait plus grand-chose de la poupée coléreuse et scandaleusement délicate. Elle avait oublié de grandir sûrement. Oublié qu’à son âge on ne pleurait plus pour un bobo, oublié qu’à son âge, Jasun ne devrait plus avoir à veillé sur elle, mais elle s’entêtait. Soonae était trop avide de son attention, trop avide d’attention tout court en fait. Elle renifla quand il essuya le nez qui coulait encore de son nez, et séchait le long de ses lèvres à la pulpe éclaté. Eclaté par le poing de Bao. Elle savait que son frère était furieux, elle le connaissait assez bien pour le voir. C’aurait été mentir de dire qu’elle n’était pas venue dans ce but. Celui de l’enrager, avec presque l’espoir qu’il irait faire ravaler son sourire à cette fille. Elle était lâche Soonae, et elle n’en avait pas honte.

Tandis qu’il disparaissait, elle se laissa guider par le colocataire de son ainé et s’installa sur son lit, fronçant le nez à l’idée de souiller les draps avec la terre qui la recouvrait. Jasun revint rapidement, le regard un peu fou et le pas rageur, pour s’installer à côté d’elle sans donner de crédit aux salissures qu’elle causait. La tête penchée, elle le laissa imprégner le coton du liquide rouge et épais, grimaçant un peu. « Elle… Bao. On devait étaler la terre dans l’entrée du dortoir des Neugdae. Et là, elle m’a balancé son sac de boue à la figure. Alors tu sais bien comme je suis, je me laisse pas faire, hein Oppa ? J’ai fait pareil. Et on s’est battue. Mais tsais cette fille, elle a pas d’honneur, elle m’a fichu par terre et elle m’a mis un coup de poing, et de la terre à la figure. » Elle débalait tout, avec un certain plaisir à piailler comme une enfant qu’elle n’était plus, désireuse de replacer les rôles comme il le fallait. Bao dans celui de la sorcière, Yu Soon Ae dans celui de l’innocente et naïve petite sœur. Gigotant un peu, elle se défit de la prise de son grand-frère pour essuyer plus grossièrement son nez. « Elle m’a mis de la boue dans les cheveux ! » Asséna-t-elle comme si c’était le point le plus dramatique dans l’histoire.

Alors qu'il était en train de passer du coton pour imbiber le sang qui coulait du nez de Soonae, Jasun gardait les sourcils froncés, concentré sur ce qu'elle allait lui raconter. Peut-être un peu trop, même. Si bien qu'il aurait pu mal faire sa petite improvisation d'infirmier. Alors c'était Bao, cette fille qui se prenait pour un mec et qui n'avait donc aucun charme si ce n'était celui de vous casser les couilles tout le temps et de faire la thug. Ouais, Jasun n'aimait pas ce genre de fille. Celles qui voulaient se faire passer pour des bonshommes mais qui ne valaient pas un con au final. Voilà ce qu'il pensait de celle qui avait frappé sa soeur. Il ne l'aimait guère de base mais maintenant, la seule envie qu'il avait: frapper à la porte de sa chambre et lui arracher la tête. Bao. Jasun planta son regard dans celui de sa petite soeur. Bao, Bao... Il répétait ce prénom comme si ça lui permettrait de garder en tête sa cible. Mais vu ce qu'elle avait fait à Soonae, même atteint d'alzheimer il n'aurait jamais oublié ça. Il comptait bien aller se venger. Bouge pas! s'écria Jasun quand Soonae commença à se défaire de son emprise. C'est bientôt fini. mais son ton était sec, et froid. Comme un hiver sibérien. Parce qu'il avait la haine qui s'était emparée de son corps entier...

Jasun se leva d'un bond, jeta les cotons usés dans la poubelle sous son bureau, puis se dirigea à grands pas vers la salle de bain pour aller chercher deux cotons propres qu'il tortilla entre ses doigts avant de les rentrer doucement dans les narines de Soonae. Il se recula, pour la regarder.  Donc en gros tu vas attaquer les Neugdae avec elle et tu reviens le nez pété, à cause d'elle. L'intelligence de Bao. Il regarda son colocataire un instant, un sourire crispé aux lèvres, avant de déclarer, passant son doigt sur ses lèvres. Quand Jasun faisait ça, c'est qu'il était plus crispé qu'il ne le laissait paraître. J'crois que j'vais aller lui remettre le cerveau en place à cette connasse. La politesse n'avait jamais été le point fort de Jaja, ça, tous ses proches le savaient. Pour autant, il n'en restait pas un grand frère protecteur et droit avec sa petite tribu. Et d'ailleurs, il n'y avait qu'avec eux qu'il se comportait de la sorte. Le reste, c'était de la merde. Fille ou pas fille j'en ai rien à cirer, j'vais la calmer. Alors, sans prévenir, Jasun se leva et quitta sa chambre. Il claqua la porte derrière lui et descendit le couloir. Elle est où sa chambre à elle? A la recherche de la chambre de Bao. Ca y est, il avait pété son câble. Il frappa alors à la première porte qu'il trouva, comme un fou furieux. Un Gumiho lui ouvrit. Hé, elle est où la chambre de Wang Baobab? et une fois la réponse obtenue, Jasun se dirigea droit vers la porte de la chambre numéro 3.  Il tambourina. Ouvre la porte. Pas de réponse.

C’était une gamine Soonae, une gamine qui faisait la grande, et une grande qui jouait l’enfant. Elle avait toujours trouvé moyen de tirer le meilleur de sa versatilité pour arriver à ses fins. Tantôt femme qui s’affirmait, tantôt môme un peu paumée. Elle savait jouer de son statut, de son corps de fille qui ne la quittait pas malgré la vingtaine qui approchait. Devant Jasun, elle avait tout intérêt à revêtir son manteau de fragilité. Et ça marche, elle le savait. Son frère était déjà furieux, rien que de manière d’essuyer rageusement le sang qui souillait ses lèvres, d’employer son ton le plus sec pour la maintenir en place. La jeune fille s’immobilisa, peu désireuse de contrarier son frère à son égard. Elle restait raide sur le lit, sale et douloureuse, à le laisser effacer les traces de sa bagarre avec un simple morceau de coton. Elle savait comment il était quand il était furieux, plus encore lorsqu’elle provoquait cette colère.

Prétendre qu’elle ne jubila pas lorsqu’il se leva pour se diriger vers la porte – non sans lui avoir fourré de bout de coton dans les narines, qu’elle s’empressa de retirer dès qu’il eut le dos tourné. Intérieurement, elle ricanait de le voir se diriger d’un pas lourd vers la chambre de Bao. Soonae rêvé d’une bataille en bonne et due forme, voir son frère la venger comme il le faisait toujours, dans la rage. Dès que Jasun fut sorti de la chambre, elle fila sous le nez de son colocataire pour courir dans le couloir, s’arrêtant sur le seuil de la chambre pour l’observer tambouriner la porte de la jeune femme. Sa langue passa avidement sur sa lèvre inférieure, comme elle attendait avec la même impatience que son ainé – doublé d’un sourire maniaque. Cependant, sa déception fut grande lorsque personne n’ouvrit. Dépitée, elle grimaça, prête à taper du pied pour signifier son mécontentement, mais elle se retint. Ils attendirent quelques secondes, mais rien. Bao fuyait probablement. Ou bien elle n’était pas là, qu’importait. Soonae héla Jasun, une moue contrariée assombrissant son visage. « Oppa… elle n’est pas là je crois. Qu’est-ce qu’on va faire ? » Soupira-t-elle en reniflant, s’approchant pour saisir son frère pas le bras. La jeune fille pressa sa joue sur son bras dans une étreinte plus sincère que précédemment. Quelque part, elle était quand même reconnaissante d’avoir un ainé si dévoué et corvéable. « Tu veux bien m’aider à laver mes cheveux ? » Demanda la blonde en tirant sur une mèche collée par la boue. A présent qu’elle l’avait chauffé à blanc, il allait falloir lui trouver de quoi se calmer pour les heures à venir. Bao ne perdait rien pour attendre. Elle espérait simplement pouvoir assister à sa mise à mort.

Qu'est-ce qui lui passait par la tête au juste, pour aller toquer à la porte d'une fille dans le but de lui péter les dents? Il était dérangé ce garçon, évidemment, mais il l'était encore plus quand on touchait à la petite dernière de la famille. Il ne répondait plus de lui quand il la voyait triste, mais quand il la voyait amoché (et ça n'était que rarement arrivé), quelque chose dans son cerveau arrêtait de fonctionner. Ce qu'on appelle la raison. Alors il était là, à toquer à la porte de Bao, une fille qu'il connaissait forcément puisque dans la même fraternité que lui. Tous les gumiho se connaissaient entre eux mais ça ne voulait pas forcément dire qu'ils s'entendaient bien. Exemple: Jasun ne s'entendait même pas avec la moitié. Et Bao ayant le même caractère que lui, au féminin, ça faisait forcément des étincelles. Il rêvait d'une occasion pour la faire descendre de sa tour d'ivoire, il en avait trouvé une maintenant, et pour la faire descendre de sa tour, rien de tel qu'un coup de poing.

La violence sur les femmes étant interdite et lourdement punie, il tortilla sa bouche dans tous les sens en entendant la douce voix de Soonae. Ha... Si elle lui faisait perdre la raison, elle arrivait toujours à la lui faire entendre. Il tourna la tête pour regarder sa tête blonde, souillée par les coups et la boue, avant de pousser un soupir, tiraillé entre l'envie de défoncer la porte ou de retourner à sa chambre. Mouais, elle n'avait pas l'air de vouloir répondre. Alors, toujours en regardant Soonae, Jasun finit par froncer les sourcils. Dis donc toi... Tout d'un coup, ça lui venait. T'as jeté les cotons que je t'avais mis dans le nez? Ok il était franchement bien énervé comme ça mais si elle s'y mettait à son tour, ça n'allait pas le faire. Il s'éloigna de la porte de la chambre 3, sans quitter Soonae du regard. Heureusement, cette gamine avait le pouvoir de contrôler chacune des réactions de son frère aîné, parce que c'était, malgré tout, son petit bébé, et qu'elle le resterait toujours même quand elle faisait des conneries. Même quand on lui avait annoncé qu'elle s'était faite virer de son lycée pour harcèlement sur son prof. Ouais, même là, il avait su ne pas lui en vouloir, parce qu'il n'existait pas de juste milieu avec les Yu aux yeux du futur trader.

Alors, quand sa soeur se saisit de son bras pour y coller sa joue, il baissa la tête pour la regarder. Le premier sourire de la soirée apparut sur les lèvres du brun, un sourire attendri, et amusé devant l'état de sa soeur (non, oublions le sang, parlons de la boue qu'elle avait dans les cheveux). D'ailleurs, de sa main libre, il attrapa une mèche de ses cheveux, terriblement séchée par la boue, avant de grimacer. Dégueu. déclara-t-il, prenant finalement la direction de sa chambre. Ok, on y va. J'aurai l'occasion de l'attraper de toute façon. Elle perd rien pour attendre il jeta un dernier regard vers la porte de la chambre 3, avant de retourner à la sienne. Il ferma la porte derrière lui et se dirigea vers la salle de bain de sa chambre. Ah et remet toi du coton dans le nez, putain, c'est pas pour rien si je t'en avais mis. Il remonta les manches de son polo, tandis que sa jeune soeur s'avança dans la salle de bain. Ben ouais, si elle devait pencher la tête en avant le temps que son frère lui lave les cheveux, fallait bien qu'elle ait quelque chose dans le nez pour empêcher le sang de couler. Sinon l'eau n'allait être qu'un mélange dégueulasse de sang et de boue...