RISIBLE AMOUR

Feat Mihyun ♥

Non, elle n'avait plus la force de le regarder, elle ne voulait plus le voir parce que ça lui rappelait trop de mauvais souvenirs. Ca lui rappelait trop de mauvaises idées sur lesquelles elle avait fondé l'espoir d'une belle histoire d'amour. Après avoir passé 2 ans entre les mains d'un bourreau, quoi de plus normal que d'espérer une belle idylle avec le danseur? C'était une jeune fille, Mia. C'était un bébé parfois encore, dans ses réactions. Elle avait le coeur d'une romantique, peut-être trop fleur bleue malgré son côté un peu brusque qui prenait toujours le dessus. Elle se foutait d'être mal jugée par les gens, elle se foutait d'entendre les gens dire d'elle que c'était une hypocrite, elle en était une, elle faisait exprès, c'était le but de la manoeuvre. Que personne ne sache qui elle était vraiment, d'où elle venait et ce qui se cachait derrière ses rires mélodieux et cette joie de vivre débordante.

Elle l'avait laissé voir, lui. Elle l'avait laissé entrer dans sa vie, dans son intimité, quoique pas totalement heureusement, mais elle avait baissé sa garde et voilà le résultat. Non seulement elle était souillée physiquement mais elle était brisée mentalement, son coeur lui faisait mal, elle le sentait se serrer dans la poitrine. Depuis qu'elle était arrivée dans la fraternité, elle l'avait repéré. C'est vrai, qu'elle l'avait vu. Elle l'avait tout de suite trouvé mignon, attrayant avec son sourire qui pouvait ensoleiller les mondes les plus sombres. Il avait ensoleillé le sien. Puis, il y a eu ce soir-là où il avait enfin décidé de faire le premier pas. Son coeur s'était envolé vers les cieux, c'était peut-être ça aussi, le bon côté de leur relation. Le début. Les 2 mois passés où il n'existait plus qu'eux et le monde à côté était un détail. Le monde entier était un détail quand elle regardait ce garçon. Il n'y avait que lui pour elle, et ce depuis longtemps maintenant. Réaliser que ce n'était pas réciproque lui avait fendu le coeur en deux, et je suis gentille. Non, ça l'avait pulvérisé, son coeur. Maintenant qu'elle lui avait dit ses 4 vérités, qu'attendait-elle de lui, au final? Qu'il ne se montre pas heureux, qu'il se montre aussi malheureux qu'elle, putain. Qu'il lui prouve au moins une fois qu'elle a le dessus sur lui, qu'elle l'a autant brisé qu'elle et que, ouais... Elle était le centre de son monde. Du coup, en le voyant rire avec son amie, elle s'était dit qu'il était temps de se faire une raison. De grandir. De devenir une femme, une vraie, avec son fardeau, le traîner, et fonder sa vie malgré ce boulet attaché à son pied.

Fonder sa vie sans lui dedans. Ouais, elle allait commencer, maintenant. Elle allait vraiment arrêter d'espérer. Pour commencer, elle eut le cran de lui claquer la porte de sa chambre au nez. Mais aussitôt, elle posa une main sur sa bouche, les yeux s'humidifiant rapidement. Elle regarda vers la fenêtre de sa chambre, tandis que les larmes dévalèrent ses joues. Elle ferma les yeux. Est-ce que c'était normal d'être à ce point atteinte par une relation qui n'aura duré que 2 mois et qui aura été secrète? Elle essayait de se persuader que ce n'était pas normal, pourtant ça l'était. C'était plus que normal. Il lui avait offert, en 2 mois, ce qu'elle avait espéré toute sa vie.

Son corps de gymnaste glissa contre la porte. Elle ramena ses genoux contre elle et les entoura de ses bras, une position qu'elle avait déjà eu le soir où ils étaient allés au cinéma plein air. Un soir où il l'avait embrassé. Le soir où elle lui avait dit qu'elle avait quelqu'un. Elle avait déjà mis un frein à cette histoire ce soir-là, mais elle n'avait pas tenu longtemps. Elle était vite retombée dans ses bras. Repensant à tout ça, elle baissa les yeux vers son jean, tandis que de son pouce gauche, elle commença à tracer les lignes des coutures, pensive. Elle savait qu'il était juste derrière. Elle appuya son coude droit sur son genou, et son front vint prendre appui sur ses doigts. La bouche entrouverte, elle essayait de se calmer, de reprendre une respiration calme alors que les larmes coulaient toujours sur ses joues. Bon sang, il fallait qu'elle se calme. Elle étendit ses jambes au sol et vint essuyer ses larmes de ses deux mains, avec force, avec envie parce qu'elle voulait se montrer forte. Elle voulait être forte.

Mais sa voix... La voix de Taehyun retentit. La forçant à arrêter tout mouvement. « Tu ne peux pas me demander l'impossible. Tu ne peux pas me demander d'oublier ce que je n'ai pas envie d'oublier. » Elle leva les yeux au ciel. Pourtant, ça nous sauverait. pensa-t-elle un moment. Elle aurait aimé avoir un bouton "erase" dans son cerveau pour supprimer cette partie de sa vie, effacer aussi celle que Tae s'entêtait à garder aussi en tête. C'était beau, c'était intense, mais ça devait s'arrêter là. Il s'excusa, pour les choses qui tournaient si mal entre eux. Elle appuya doucement sa tête contre la porte, le regard rivé vers la fenêtre, elle resterait là tant qu'il n'aurait pas fini de parler, elle l'écouterait jusqu'au bout, elle ferait au moins ça pour lui, parce qu'il pouvait toujours tout lui demander qu'elle le ferait quand même tant elle l'aimait. Elle ne demandait que ça, de le croire, mais à chaque fois qu'elle était sur le point de le faire, il se débrouillait toujours à lui rappeler qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance.

« Je... » Aussitôt, elle redressa la tête, la bouche toujours entrouverte. Le regard un peu trop intéressé, un peu trop pensif à ce petit mot prononcé. Sa main gauche se releva, par réflexe, et alors qu'elle tourna légèrement la tête sur le côté, elle attendait. Elle attendait de voir ce qu'il allait dire, comme si on allait lui annoncer si elle avait réussi ou non son concours. Elle était pendue à ce putain de mot, comme si sa vie en dépendait. Comme si ce qui allait suivre allait tout changer. Putain mais oui, ça allait tout changer. Elle attendait ça comme depuis trop longtemps. Il n'avait que ça à dire, en fait, pour tout changer. Pour les sauver. Elle espérait du plus profond de son coeur qu'il allait le faire. Mais au lieu de ça, il réussit à la briser une fois de plus. « ... Je ferai attention la prochaine fois. » sa main retomba sur sa cuisse. Sa mâchoire se serra, nerveusement, alors qu'elle regardait toujours droit devant elle. Ses sourcils se froncèrent légèrement.

Elle le détestait encore plus. Ouais, c'était clair là. Il ne l'aimait pas. Comment voulait-il la garder s'il n'était pas foutu de laisser parler son coeur? Il était grand temps qu'il la rassure, mais il venait encore de se planter. Alors, de la colère, elle se redressa, attrapa son sac et ouvrit la porte d'un geste brusque. Qu'est-ce que je peux attendre de toi, quand t'es même pas foutu de m'ouvrir ton coeur? elle claqua la porte derrière elle, le regard fixé dans celui du danseur, puis elle lui passa sous le nez, le pas décidé, le sac sur son épaule.