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    :: Défouloir :: 2018

[+18] You're getting close and the lights are off (+) jera

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[+18] You're getting close and the lights are off (+) jera | Mar 16 Mai - 0:30
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Tu me rends dingue. Tes regards, ton souffle, tes mimiques. Un toucher. La colère et la frustration. J'oscille, déchiré, entre conscience et inconscience, entre raison et désir, entre retenu et érotisme. J'aimerais dire non. J'aimerais affirmer que tu ne m'obsèdes pas. Physiquement. Un fantasme, qui ternit cette « amitié » imaginée, qui rougit une relation sans nom en y ajoutant une touche de tension et un grain de folie. J'aimerais dire oui. Puis tourner la page, oublier et peut-être enfin te considérer comme une des amies ayant réussit à forcer un passage qui ne flirte pas avec le danger.
 


TENUE Les coups résonnèrent derrière le panneau. Je réajustai la lanière de mon sac sur mon épaule et attendis que les derniers échos s'éteignent avant de cogner à nouveau. Un râle se mêla alors aux sons produits par mon poings, trahissant l'arrivée de l'homme que j'étais venu voir. J'esquissai un fin sourire amusé tandis que la porte s’entrebâillait. « Qui cogne à ma porte comme un sauvage ? » Je penchai la tête sur le côté, les lèvres étirées. « Je Ha. » Le panneau s'ouvrit brutalement, révélant un homme de taille moyenne au visage marqué par de fines rides. Ses cheveux noirs, striés de mèches blanches et grises, retombaient souplement sur son front et une fine moustache soulignait sa moue moqueuse. « J'aurais dû m'en douter. Tu es le seul à être aussi impatient. Rentre ! » Posant la main sur la chambranle, je retirai mes chaussures et pénétrai l'antre de celui que j'appelai « mon oncle » depuis tout petit, et qui était en réalité un très bon ami de ma mère. « Alors, quel démon peut te pousser à enfin me rendre visite après ces quelques semaines sans presque nouvelle ? » « Tu m'as appelé une dizaine de fois. » lui rappelai-je amusé en le suivant dans la cuisine. « Je ne t'ai pas vu pour autant. Alors ? » Je m'avançai et posai mon sac sur la table. Le fermoir sauta, la fermeture glissa et je révélai à ma seule et unique figure paternelle un appareil brisé. Calfeutrant au mieux le choc que me procurait une vision à laquelle je ne m'étais plus confronté depuis vendredi soir, j'en sortis les débris pour les lui montrer. « J'aimerais savoir s'il est possible de le réparer. » « Voyons voir ... » Il enfila ses lunettes et se pencha sur mon matériel. La gorge serrée, je l'observai. Le silence, seulement troublé par ses mouvements, s'étira. Anxieux, je finis par retirer ma veste kakie et par me laisser tomber sur une chaise en piochant dans les cerises posées au milieu de la table. «Qui l'a mit dans cet état ? » demanda t-il finalement en se redressant, « tu n'es pas du genre à laisser traîner ton appareil. » Je passai les mains sur mon visage. Mes doigts s'attardèrent sur mes yeux, puis sur l'arrête de mon nez tandis que les images de la soirée défilaient sous mes paupières mouvantes. « Un salopard. » exhalai-je finalement tendu. « Je l'ai exceptionnellement laissé traîner ce jour là et il s'est excité dessus. » « Pourquoi ? » insista t-il en me regardant sous ses lunettes. Je passai une main à la base de mes chevelure en m'adossant à ma chaise. « Une ... » Je plissai les pommettes en penchant légèrement la tête, encore peu habitué à la sonorité d'un mot que je ne parvenais pas à intégrer. «  .. amie … était dans le pétrin. Je me suis un peu énervé sur ce type et j'ai oublié mon appareil. » expliquai-je succinctement en pinçant les lèvres. « Une amie hein ? » releva t-il en appuyant sur ses lunettes pour se replonger dans un examen attentif des morceaux. « Je ne sais pas ce qu'elle est. » avouai-je brusquement. « J'ai du mal à la considérer comme une amie mais je suis forcé de reconnaître qu'elle n'est plus non plus une étrangère. Et ça me prend la tête. » fis-je en frottant mes paupières. « Tu es amoureux d'elle ? » Heureusement non « C'est plus trivial. », répondis-je calmement. « Tu as envie de coucher avec elle ? » Je levai un sourcil et observai mon oncle, dont le sourire en coin trahissait le plaisir qu'il avait à me faire parler. « Et mon appareil ? » « Je ne pense pas que je vais pouvoir le récupérer mais je vais essayer. » dit-il en se redressant. « Viens avec moi. » Je repoussai ma chaise et me levai pour le suivre dans son atelier, le cœur battant. Des appareils électroniques et des machines envahissaient la pièce, pour combler une passion que je lui avais toujours connu. Je m'adossai à un meuble dans un coin et l'observai, les bras croisés, alors qu'il posait mon appareil sous une énorme loupe. « Donc tu as envie de coucher avec elle ? » réitéra t-il buté. La mâchoire contractée,je lui coulai un regard noir. «  Je croyais que les aînés ne parlaient pas sexualité ? » « Dans les dramas peut-être. » répliqua t-il en se redressant pour me regarder. « Je vais prendre ton intervention pour un oui. Et donc où est le problème ? » Un sourire ironique étira mes lèvres pleines tandis que je levais la tête, presque amusé. « Bien. » cédai-je en débarrassant une chaise pour la rapprocher de sa table de travail. Je m'y installai et le regardai, en évitant consciemment de poser les yeux sur mon appareil. « Je ne veux pas m'attacher à elle en couchant avec. Puis je ne crois pas qu'on puisse être amis en s'adonnant à ce genre de jeux. » «Ce n'est pas ce que vous les jeunes appelez des sexfriends ? » « Apparemment. Mais moi je veux juste qu'on me foute la paix et qu'on arrête de m'emmerder. » grognai-je en croisant les bras, les paupières légèrement baissées. « Je voulais juste oublier les femmes une année voir deux. Je n'ai pas été foutu de tenir six mois ! » Ji Soo posa ses outils puis croisa les mains en se tournant vers moi. « La frustration n'est pas la meilleure amie de la paix. » déclara t-il en m'observant. « Pas plus que l'obsession. » « Il n'y a aucune obsession là dedans. » ripostai-je impulsivement, néanmoins conscient de flirter avec le mensonge. « Mais ça viendra, surtout si elle est ton « amie ». Tu sais quel est ton soucis ? Cette fille est comme une tablette de chocolat. » Je haussai un sourcil, imperméable à son sourire amusé. Il réajusta ses lunettes rondes et précisa. « Quand tu voulais du chocolat et que je te disais oui, tu étais généralement raisonnable. Tu ne prenais pas plus d'une barre. Cependant, quand je t'interdisais pour une raison ou une autre … tu finissais toujours par craquer au bout de quelques heures. Et tu finissais la tablette, parce que tu y avais pensé obsessionnellement toute la journée. » Je plissai les lèvres et les incurvai brièvement en une ébauche de sourire. Mais elle disparut, assassinée par la tentative vaine de comprendre sa remarque. « Et ? » « Cette fille est ta tablette de chocolat. Plus tu résisteras, et plus tu auras envie de faire durer le plaisir. Si tu ne veux pas de relation avec elle, ne va pas trop à l'encontre d'un désir qui ne t'engage à rien où tu risques de te retrouver dans une configuration qui ne te plaira pas. »

« Ton appareil photo est irréparable. Essais de voir si tu es encore assuré mais sinon, il va falloir que tu investisses dans un nouvel appareil. » Mon soupir frôla ma lèvre inférieure tandis que je poussai la porte de la chambre. Je cherchais machinalement Lenny du regard en jetant ma veste sur mon lit et, constatant son absence, m'approchai des tiroirs du bureau pour les vider. Posant les dossiers par terre ou sur le lit, je les fouillai un à un pour retrouver l'assurance. Néanmoins, j'avais peu d'espoir. Je le possédais depuis plusieurs années et aucun contrat n'excédait plus de deux ans. Quelques dizaines de minutes plus tard, le parquet disparaissait sous un tapis de feuilles souillées d'écritures sombres. Jetant une copie de cours sur une pile en désordre, je m'adossais au bureau et y pressai la tête. Il n'y en avait aucune trace au studio … s'il n'était pas là, il avait dû finir à la poubelle. Je soupirai et commençai à rassembler les feuillets, jusqu'à ce que mon œil soit attiré par une en-tête que je n'avais pas remarqué jusqu'ici. « Bingo. » fis-je en l'attrapant. Comme escompté, mon appareil n'était plus assuré depuis plusieurs années. Cependant, j'avais la facture et l'adresse du magasin. Je me mordis la lèvre,  rembruni à l'idée d'en racheter un. J'avais du mal à faire le deuil d'un objet qui représentait plus qu'un outil de travail. Sans m'attarder sur des émotions qui me poussaient à ressasser des souvenirs amers, je pliai la feuille et la rangeai dans la poche de mon jean avant de m'attaquer au rangement. Un quart d'heure plus tard, la chambre avait reprit son aspect habituel. Je fermai le tiroir et tâtai mes poches pour trouver mes clés de voiture … sans succès. Retenant un grognement, j'attrapai ma veste pour en fouiller les poches. Je la soulevai, les doigts enfoncés dans le vêtement, et me figeai en remarquant la boîte emballée qu'il avait jusqu'ici dissimulé. Perplexe, je posai le tissu et attrapai le mot épinglé sur le devant. Merci. Sora. «Quelle tête de mule » soupirai-je en observant la boîte. Qu'avais-je réellement fait pour elle ? Distribuer des coups de poings ? Écouter ? Je la soupesai, peu certain d'avoir envie de l'ouvrir. Elle pesait son poids. J'excluais machinalement les gâteaux qui m'étaient venu spontanément à l'esprit et déchirai le papier sans plus tergiverser. Les battements de mon cœur furent soufflés dès que je posai les yeux sur le carton. Figé, je demeurai un long moment à observer le dessin de l'appareil qui y figurait, sans parvenir à prendre conscience de ce que j'avais dans les mains. Elle n'avait quand même pas osé ? Je serrai les dents et, sans réellement comprendre les émotions qui m'agitaient, posai le carton sur le lit. M'y laissant tomber, j'attendis quelques secondes avant de l'ouvrir pour regarder à l'intérieur. J'exhalai un profond soupir, étirai ma nuque puis sortis la réplique parfaite de mon appareil photo. Même marque, même année. Même objectif remarquai-je en remarquant ce dernier dans le polyester. Je fermai les yeux et bloquai ma respiration pour contenir le vif sentiment qui me noyait. Sora venait de dépenser plus de trois millions de wons pour remplacer un appareil photo qui avait été cassé par son agresseur. Était-elle folle ? Ne m'avait-elle pas entendu quand je lui avais dit que je ne voulais plus en entendre parler ? Posément, je rangeai l'appareil avec une précaution qui tranchait avec l'ombre qui noyait mon regard. Refermant le carton, je plongeai la main dans la poche de mon blouson pour récupérer un téléphone … absent. « Et merde ! » grondai-je en me redressant pour chercher autour de moi. Je bougeai le coussin, les objets qui traînaient sur le bureau et ce jusqu'à trouver le fuyard, posé sur la chaise sous la table. Je l'attrapai et composai le numéro d'Il Nam, avec le sentiment de le mêler à cette relation chaque fois que j'étais confronté à elle. « Tu sais où pourrait être Sora ? » demandai-je après une brève introduction. « Elle a laissé quelque chose au dortoir et je dois lui rendre. » fis-je avec un calme factice que seuls mes traits tendus trahissaient. « Merci. Je te rappelle plus tard. » dis-je en raccrochant. Attrapant le carton et ma veste, je quittai la maison Neugdae pour rejoindre ma voiture. Je m'installai sur le siège passager, posai la boîte sur le siège à côté et mis ma ceinture avant de démarrer abruptement. Les mains crispées sur le volant, j'eus une pensée involontaire pour ce type. Est-ce qu'il était repartit ou avait-elle été forcée de le côtoyer ? Je contractai la mâchoire et tournai le volant pour slalomer entre les voitures. Ma paume glissa, mes doigts se refermèrent et mes pensées m'entraînèrent sur un terrain sur lequel je ne tenais pas particulièrement à m'aventurer. Un éclat rouge, un klaxon et je freinais abruptement pour ne pas mordre la ligne. Je tendis le bras pour retenir un carton qui faillit voler tandis que ma ceinture me coupait le souffle. Le cœur battant, je me laissai aller contre mon siège et crispai les doigts sur le volant. Une tablette de chocolat ? Elle représentait une grande majorité des raisons qui m'avaient poussé à m'éloigner des femmes en sortant de l'hôpital. Et la pseudo amitié qui nous liait ne l'avait pas fait changer de comportement. Elle s'obstinait toujours à ne pas m'écouter et se targuait à faire le contraire de ce que je désirais. Elle m'avait poussé à la confrontation, à la désirer et maintenant quoi … ? Elle me faisait des cadeaux à quelques millions de wons pour apaiser sa conscience ? Et en plus du reste, je m'inquiétais pour elle ? Je serrai les lèvres et appuyai sur la pédale d'accélération pour redémarrer. Je m'arrêtai une vingtaine de minutes plus tard à quelques mètres de l'immeuble de Vogue et attrapai le carton pour le ranger dans le coffre. Il claqua, avec une brusquerie qui tranchait avec les précautions prises pour poser l'appareil quelques secondes plus tôt. Verrouillant la voiture, je posai le pied sur le trottoir et m'apprêtai à le remonter quand j'entendis claquer l'asphalte. Je me retournai et l'aperçus, s'éloignant de sa démarche féline caractéristique.

Sans réfléchir, je la rejoignis en quelques enjambées et enroulai les doigts autour de son bras pour la forcer à faire volte face. Sa peau froide était douce sous la pulpe brûlante de mes doigts, échauffées par une colère qui noyait mes veines et irradiait deux obsidiennes que je posais sur elle. « Je peux savoir ce qui t'a pris ? Je t'ai bien signifié que je ne voulais plus en entendre parler et tu fais quoi ? Tu m'offres un appareil à plus de trois millions de wons ? Tu le fais exprès ? » fulminai-je en plantant mon regard dans le sien. Je vis mon reflet dans ses yeux et serrai brutalement les dents. J'y échappai. La tête levée, j'inspirai profondément pour calmer l'animal qu'elle avait déchaîné d'un geste. Je pris sur moi et desserrai instinctivement les doigts, en un mouvement qui me fit prendre conscience d'un toucher oublié. Il brûla. Je la relâchai, brusquement gêné et laissai retomber mon bras. « Tu me rends dingue. » grognai-je en fermant momentanément les yeux avant de les poser à nouveau sur elle. « Je n'ai rien fait qui mérite un cadeau pareil. » expliquai-je plus posément, la voix aggravée par des émotions encore vives. « Comment … mais bon sang Sora tu imaginais vraiment que j'allais accepter ? Tu n'y es pour rien bordel ! Te donner mon amitié ne signifiait pas pour moi attendre d'être payé en retour simplement parce que j'ai été là pour toi ce soir là. Te donner mon amitié ne veut pas dire que je peux accepter sans broncher un truc pareil !» insistai-je avant de prendre le temps de respirer doucement Les paupières à moitié baissées, je soufflai, le cœur mordu par un soupçon de culpabilité. Je me souvenais sa peine ce soir là, cette fragilité qu'elle avait laissé entrevoir et combattu. Je me sentis redescendre . Encore  une fois, je me laissai dépasser par mes émotions, qu'elle avait le talent certain d'exacerber. « Écoute .. » repris-je avec un calme fragile, « je ne doute pas que tu l'ais fait pour moi et le geste me touche … vraiment. » admis-je en songeant aux différents sentiments qui m'avaient envahit avant que la fureur ne vienne me frapper. « Mais ça me met mal à l'aise. Alors ce qu'on va faire, c'est que je vais te rembourser. » fis-je en glissant les pouces dans mes poches. Les doigts recroquevillés et enfoncés dans mes paumes, je tournai momentanément la tête puis me concentrai à nouveau sur elle, les yeux plissés. « Je te l'ai dit, je suis un ami compliqué. Car en plus de tous le reste que je maintiens,  je refuse les cadeaux, en particulier quand ils sont coûteux. Alors pour une fois ...je te demande de m'écouter et d'arrêter de faire ta tête de mule. Prends l'argent et laisse moi … respirer quand tu es dans les parages. »
 
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Re: [+18] You're getting close and the lights are off (+) jera | Dim 21 Mai - 0:30
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You're getting close and the lights are off
Je Ha & Sora





LOOK DU MARDI

Lundi matin, aux aurores.
Un certain nombre de personnel qui avait organisé le défilé de Vogue vendredi soir, avait été réquisitionné dans les deux salles de réception. Il y avait la décoration à enlever, des matériaux à récupérer, une scène à démonter.. Bien que l’événement soit terminé, dans ce milieu, il fallait que tout soit fait vite, toujours plus vite. Nous avions la matinée pour nous occuper de nos propres affaires, puis les techniciens pourraient s'attaquer aux restes dans l'après-midi. Tout avait un timing parfait à respecter et nous nous agitions tous comme une véritable fourmilière. Dans les loges, je m'affairai avec deux stylistes autour des diverses tenues du show. Toutes soigneusement emballées dans une protection plastifiée assez épaisse, elles devaient pour le moment toute regagner les studios du magazine pour y être stockées. Celles crées par Steven Kim étaient rangées sur un portant à part, toutes dans des housses haut de gamme qui les protégeaient de tout écart de température. D'ici quelques jours, elles allaient certainement suivre leur créateur en Amérique, et le plus tôt serait le mieux. Une fois ma tâche terminée, je me décidai à aller offrir mon aide pour la décoration, quand une chevelure rousse attira mon attention près de l'entrée de la salle. « Sora-unnie ~ » me lança Alicia d'un petit mouvement de main, avant de me rejoindre. Elle n'était pas coréenne mais elle adorait m'appeler unnie et son air juvénile me faisait sourire naturellement. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » Les mannequins n'étaient jamais appelés pour ce genre de travaux backstage. « La rédactrice en chef m'a dit qu'elle voulait me voir, et elle m'a proposé de la rejoindre ici. Tu crois que.. j'ai fait une erreur lors du défilé ? » me demanda t-elle, ses doigts se perdant nerveusement dans une boucle rousse qu'elle fît tourner sur elle-même. « T'as assuré, ça doit être pour te féliciter. » lui assurai-je pour la rassurer, alors qu'elle me suivait jusqu'à la scène. J'attrapais un ciseau qui traînait sur une table, afin de m'occuper des rubans qui ornaient le podium. Ma bouche se plissa alors que je m'arrêtai quelques secondes dans mes mouvements. « Tu es bien rentrée vendredi ? » « Oui, Tae Ho m'a ramené, il ne voulait pas que je rentre aussi tard à pied. Il a une toute petite voiture, c'était très drôle car il est tellement grand, je me demandais comment il pouvait y rentrer ! Mais c'était plus spacieux que je ne le pensais. » s'amusa t-elle de son accent slave que je percevais dans son anglais parfait. Converser dans sa langue maternelle était plus facile pour elle, et l'était tout autant pour moi. Je lâchai un soupir, soulagée qu'elle soit rentrée en sécurité. Jeha avait eu raison de pousser Tae Ho à veiller sur elle. Elle était encore jeune et naïve.. Je ne l'étais pas et pourtant.. Je passai le ciseau sous l'attache, la découpant pour relâcher un large ruban que je commençai peu à peu à embobiner sur lui-même. « Et toi unnie, ta fin de soirée s'est bien passée ? Tu t'es réconciliée avec ton boyfriend ? » Mes mains se crispèrent autour du tissu, haussant aussitôt les sourcils, surprise. Je me retournai vers elle, elle étirait ses lèvres en une expression enjouée, ses yeux pétillant de malice. « My boyfriend ? » « Oui, le grand brun ! Le photographe ! Il voulait te rejoindre dans les loges pour te féliciter, alors je l'ai aidé. » lança t-elle, semblant assez fière de son action. Elle faisait référence à Jeha.. ? Alors c'était comme ça qu'il avait accédé à l'étage ? Je ne m'étais même pas posée la question dans la manière dont il avait passé la sécurité, ni comment il était arrivé dans la salle où il avait dû.. intervenir.. Mes lèvres se serrèrent un instant, avant de lever les yeux vers Alicia qui trépignait littéralement d'impatience. J'esquissai un petit « Tsss.. », avant de secouer négativement le menton. « Nous n'avons pas ce genre de relation. » fis-je, avant de continuer à faire le tour du podium, le ruban formant peu à peu un petit rouleau épais dans ma main. « Mais il voulait absolument te voir, et après pendant la soirée, je vous ai vu partir par l'entrée ! Tu portais sa veste et il avait sa main dans ton dos ! Si il ne l'est pas pour le moment, tout porte à croire que c'est un futur boyfriend, unnie ! ~ » s'exclama t-elle, en tapotant mon avant-bras d'excitation. Je levai les yeux au ciel, avant de les reposer sur elle. Voilà que lui et moi étions shippés maintenant ! J'imaginai tout à fait sa tête si il entendait ça, ses oreilles devaient siffler actuellement. Surtout que tout le monde savait que nous étions tous les deux comme chien et chat et qu'il était assez rare de nous voir calme l'un en face de l'autre. My boyfriend.. Je ne pouvais nier l'attirance physique que j'avais pour lui, même si c'était peut-être un tout qui m'attirait, me troublait et m'agaçait dans ses changements d'humeur constant. Le désir était étrangement incontrôlable et je me demandai si j'allais réussir à le ranger sagement dans une boîte, pour ne plus y toucher.. Je voulais encore le toucher.. y goûter.. my perdre.. La voix de la jeune femme me sortit de mes rêveries, de mes fantasmes alléchants dirais-je plutôt, dont j'entrepris d'effacer la moindre trace sur mon visage. « Oh, et son appareil ! Son pauvre Nikon, il avait l'air d'être dans un sale état. C'était un bon modèle en plus.. » enchaîna t-elle, avant d'être apostrophée quelques secondes par une autre assistante. C'est vrai.. L'appareil photo de Jeha avait été réduit en miette par ce connard de styliste, du moins je le pressentais, n'ayant pas eu l'occasion de le voir de mes propres yeux. Mais j'avais bien compris à l'expression du brun que cela n'avait rien d'une rayure.. En plus, sachant pertinemment que c'était une de ses passions et profession, il devait particulièrement tenir à cet objet.. J'avais donc décidé de lui en racheter un nouveau, comme ça sur un coup de tête, et je comptais parcourir la capitale cet après-midi. J'espérais qu'on ne terminerait pas trop tard, parce que j'aurais voulu.. Je coupai net la dernière attache, le bout du ruban tombant souplement sur le sol, alors que je m'étais figée. Le modèle.. Ma bouche s'entrouvrit, un fin filet d'air s'y échappant. J'enfonçai l'ivoire dans ma lèvre inférieure, fermant les yeux dans une mimique agacée. « Et merde.. c'est pas vrai, je suis une idiote.. » murmurai-je en un lourd soupir. J'étais complètement à l'ouest.. Mais les appareils photos, il y en avait pleins ! Je savais que c'était un Nikon, mais le modèle.. Il y en avait peut-être des centaines, que je n'en avais même pas conscience ! Et pour m'en avoir acheté un, un petit modèle de base, j'avais bel et bien compris qu'ils avaient tous des spécificités différentes, et que je ne pouvais en prendre un au hasard. Surtout pour un photographe professionnel ! Je passai ma main dans mes cheveux châtains, tendue.. Qu'est-ce que j'allais faire.. ? Est-ce qu'il aurait pu le laisser à la fraternité ? Biensûr que non, il avait dû le ramener à son studio. Comment allais-je faire pour savoir le modèle ? Ce n'est pas comme si je pouvais lui demander sans qu'il ne se doute de quelque chose ! Et puis, même si- « Un Nikon D750, il paraît qu'il délivre une excellente qualité d'image en plus ! » reprit-elle, après avoir terminé sa conversation. Mes paupières s'échappèrent, alors que je me retournai brusquement vers elle. « Qu'est-ce que tu as dit ? Tu peux répéter D7.. Attends, il faut que je le note ! Mais comment tu.. Comment tu l'as su ? » Ahurie, j'attrapai rapidement mon portable pour en ouvrir la page d'un bloc-note. « Nikon D750, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder dans la sacoche car il y avait un bruit de verre cassé et c'était pas beau à voir à l'intérieur.. Je l'ai lu sur le boitier, mon père est photographe et il en a un également. Tu ne le diras pas à ton boyfriend que j'ai regardé dedans hein ? » demanda t-elle d'une petite moue, mais cette fois-ci je ne relevai pas le terme. Je notai avec attention la référence du modèle, fixant les chiffres qui s'affichaient à l'écran, avant de l'enregistrer. Et les coins s'étirèrent peu à peu. « T'es un ange.. merci beaucoup. » lui assurai-je d'un large sourire reconnaissant, alors qu'elle me lançait plusieurs pourquoi à la suite, jusqu'à ce que la rédactrice face son apparition dans l'allée. Je lui lançais un « Fighting! » du poing levé, avant qu'elle ne disparaisse quelques secondes après derrière elle vers l'extérieur.

Lundi, début d'après-midi.
Descendant l'étage de la résidence des Neugdae, j'esquissai un chignon déstructuré d'une main agile, tout en rejoignant le salon déjà occupé. Mes pas me portèrent dans la cuisine, plus précisément vers le frigo que j’entrouvrais pour récupérer une bouteille d'eau fraîche. J'attrapai un verre sur le plan de travail afin de le remplir, avant de remettre le tout au frais. Le liquide doucement, glissa entre mes lèvres, ma gorge s'étirant, les yeux s'attardant sur la porte du frigo couverte de photos en tout genre des loups de la maison. Et puis, je m'arrêtai dans ma lourde gorgée en haussant les sourcils. Je me penchai vers les papiers glacés pour apercevoir sur l'une d'entre elles Jeha, ce qui était plutôt assez rare puisqu'il préférait prendre lui-même les clichés. Son expression naturelle démontrait d'ailleurs sa surprise à être devant l'objectif. Mais ce qui retenait en particulier mon attention, c'était.. qu'il avait son appareil photo autour du cou et qu'on le voyait très bien, surtout son objectif. Ça me serait peut-être utile.. Un coup d'oeil à droite, un coup d'oeil à gauche, et je décrochai la photo, la rangeant discrètement dans la poche extérieure de mon sac. Peu de temps après, je montai dans la voiture de Camille qui me déposa en centre-ville, me délaissant pour rejoindre son Il Sung adoré. De toute façon, si ce n'était pas pour du shopping, elle ne m'aurait certainement pas suivi faire le tour de la capitale à la recherche des meilleurs boutique de photographie. Liste en main, je m'engouffrai au coeur de Séoul..

Deux heures plus tard, je commençais à sentir le désespoir me gagner. Quatre boutiques, deux différents arrondissements et aucune n'avait le modèle que je désirais. Peut-être que ce n'était pas un modèle courant que l'on pouvait trouver facilement. Et pourtant, en faisant plusieurs recherches ce week-end, j'avais pu constater qu'il était plutôt bien classé dans les meilleurs appareils photos de l'année. Alors, étaient-ils si prisés, au point de ne plus en trouver ? Je soupirai avant de tourner dans une avenue, mon sac cognant contre ma hanche au rythme de ma démarche rapide. Je m'arrêtai devant une façade en bois bleutée qui contrastait énormément avec le visuel de la rue, mais qui permettait à n'importe qui de ne pas la louper. Je m'approchai de la large vitrine qui mettait aussi bien en valeur les différents appareils photos, que certains matériaux et accessoires. Je détaillai chaque niveau, avant de m'accroupir, abaissant les lunettes de soleil sur mon nez. Et puis, mon corps se figea, jusqu'à avancer les mains contre la vitre pour voir l'étiquette qui m’intéressait. Mes lèvres s'entrouvrirent, j'attrapai mon téléphone pour relire les chiffres et les lettres griffonnés. Je les comparai, une fois, deux fois, avant de sourire. C'était celui-là, le Nikon D750 ! Aussitôt soulagée, je me décidai à rentrer dans la boutique. Une petite cloche m'avait accueilli à l'intérieur, ainsi qu'un homme dans la cinquantaine, aux tempes grisonnantes et au visage avenant. Je le saluai poliment, m'avançant vers le comptoir, lui demandant si je pouvais voir le Nikon D750 en vitrine. Il le récupéra afin de le déposer devant moi, m'incitant à le manipuler. « Ce n'est pas pour moi, c'est un cadeau.. ah ! » Je plongeai la main dans mon sac, en ressortant la photo que j'avais emporté avec moi. « Pouvez-vous me dire si c'est le même objectif s'il vous plaît ? » lui demandai-je, en la lui présentant devant lui. Il attrapa une loupe et s'y pencha, plissant doucement ses yeux parsemés de fines rides. « Oui... C'est l'objectif d'origine. C'est un cadeau pour votre petit ami photographe ? Il ne préférerait pas le modèle au-dessus ? » m'indiqua t-il d'un sourire, en pointant du menton les autres appareils. Ma bouche s’entrouvrit un instant, s'étirant en coin. Il était la deuxième personne à insinuer ça.. Est-ce qu'il savait que les femmes et les hommes pouvaient être amis de nos jours ? Enfin amis.. Tout le monde n'avait pas envie de terminer au lit avec son ami.. « C'est un ami, et non, c'est ce modèle-là qu'il veut. Vous l'avez en stock ? » Il me demanda d'attendre, avant de disparaître dans l'arrière boutique. Je passai mes doigts sur la surface lisse de l'objet, détaillant l'écran et les différents boutons qui l'habillaient. Il n'avait vraiment rien à voir avec le mien, c'était vraiment un professionnel celui-ci. Le prix aussi était professionnel.. pensai-je, en attrapant l'étiquette. Il devait certainement beaucoup le chérir. Vu l'expression qu'il avait affiché, Jeha y tenait énormément. C'était le genre d'objet pour lequel on développait une valeur sentimentale, un peu comme l'instrument de musique d'un musicien, ou moi avec ma machine à coudre. J'avais le devoir et surtout, une certaine.. envie de lui offrir. De lui rendre un bien qu'il n'aurait pas dû perdre à cause de moi. Il fallait qu'il l'ait dans son magasin, ou sinon, j'étais bonne pour repartir en chasse ! Mais il revint quelques minutes plus tard avec un carton à l'effigie de l'appareil photo. Le soulagement se lisait sur mon visage, alors que je lui indiquais que je le prenais tout de suite. Il me montra tout de même son contenu : l'appareil, l'objectif, le chargeur, et le câble pour le relier à l'ordinateur. Tout y était, j'avais finalement trouvé ! Mon acharnement de cet après-midi aura fini par payer ! Je tendis ma carte bancaire et il encaissa le tout. Heureusement, j'avais pas mal d'économies de côté avec les différents endroits où j'avais travaillé, dont le Nymphéa où je gagnais pas mal de pourboires, mais il était clair que j'allais devoir un peu renflouer mon compte avec un bon virement, après une telle somme en moins. Je n'avais jamais autant dépensé en une fois, et pourtant, je n'en éprouvais aucun remord. Qu'une satisfaction intérieure, et une excitation palpable, alors que je quittai les lieux. Est-ce qu'il allait l'aimer ? Et si il avait profité de cet.. incident.. pour vouloir en racheter un autre plus performant ? Et si il l'avait déjà fait ? Je me plantai en plein milieu de la rue, mes sourcils se fronçant. Et bien.. je n'aurais qu'à le garder pour moi, si il n'en voulait pas.. Ma mâchoire se crispa, alors que je ramenai mes cheveux sur une épaule. Je soupirai. Ne soyons pas si négative, il n'avait sans doute pas eu le temps encore de faire quoique ce soit, partons sur cette idée. J'espérai l'avoir complètement devancé sur l'achat d'un nouvel appareil. Les questions affluaient dans ma tête, alors que je me demandais comment j'allais lui offrir, les pires scénarios me passant en tête. J'avais pris les transports en commun jusqu'à une station, à dix minutes de la fraternité. Lorsque la pluie me surprit en plein milieu d'une avenue. « Sérieusement ? » Je levai le visage vers le ciel nuageux, les gouttes y tombant doucement, puis de plus en plus, au rythme de mes pas qui accéléraient. Pourquoi n'avais-je pas pensé à prendre un parapluie ? J'avais pensé à tout, au plan de la capitale, aux adresses des photographes, à la photo, mais pas au parapluie ! Et elle s'intensifia. Inquiète à l'idée que l'eau s'infiltre à travers la poche qui contenait mon paquet, je le plaquai contre moi, le protégeant des pans de ma veste. Un abri ? Pas un seul. J’atteignis enfin la maison et une fois sur le palier, j'entrai aussitôt. J'étais trempée.. Je pestai dans le vestibule, ôtant ma longue veste pour la délaisser sur un porte manteau. J'avançai dans le couloir, tournant la tête dans le salon où les voix de plusieurs loups attirèrent mon attention. Ainsi que la silhouette de Jeha qui se dessinait dans la cuisine. Je passai mes doigts dans ma chevelure complètement mouillée en le fixant un instant. J'avais l'impression qu'il avait senti mon regard lorsqu'il releva le sien, et ma main se resserra contre les lanières de la poche que je tenais, comme si je craignais qu'il n'y voit à travers. Je détournai les yeux, disparaissant rapidement vers l'escalier.

Mardi, fin de matinée.
Il était là, dans la même salle que moi. Steven Kim. Il était venu assister à la grande réunion de ce matin, alors que l'on débriefait sur le défilé de vendredi soir. Je m'étais préparée à ce qu'il soit présent, je ne l'avais pas croisé depuis la soirée, et cela m'allait très bien comme ça. Nous étions tous debout en cercle, pendant que la rédactrice en chef du magazine, et la chef de notre département esquissaient un bilan, avant de féliciter le styliste. Les applaudissements et quelques sifflements retentissaient, et son sourire faussement modeste se dessina. Mes bras pour leur part étaient restés soigneusement croisés. Désormais, tout m'agaçait en lui. Le rideau s'était levé, et j'en découvrais tout ses défauts. Et tout n'était que superficialité et j'étais désormais la seule à y voir clair dans son jeu. Et ça y est, voilà qu'il nous faisait un discours.. pensai-je, en soupirant silencieusement. Je tentais d'apaiser la chaleur vorace de l'agacement qui me dévorait intérieurement, en pensant à autre chose. Est-ce que Jeha avait trouvé le paquet sur son lit ? J'avais profité qu'il soit parti avant moi ce matin, pour entrer dans sa chambre, l'y délaissant avec un petit mot. Je n'avais pas osé lui donner directement, sans savoir vraiment pourquoi. Peut-être.. parce que je n'avais pas envie de me disputer avec lui ou parce-que j'aimais bien l'idée de la surprise à laquelle on ne s'attendait pas. M'attendant à un appel téléphonique enflammé, j'en oubliai presque qu'il n'avait pas mon numéro, alors que de nouveaux applaudissements annoncèrent la fin de la réunion. Apparemment, une réservation avait été faite pour midi dans un restaurant en ville pour toute l'équipe de design. Et Steven Kim y était aussi convié, biensûr. Répugnant à l'idée d'être à nouveau dans la même pièce que lui, je préférais pour une fois mentir en prétextant un empêchement. Après tout, on avait été prévenu à la dernière minute, et la chef m'excusa. Je récupérai mes affaires, enfilant mon imperméable noir et alors que j'allais franchir la porte de la salle, le styliste qui était à quelques mètres à peine s'interposant dans l’entrebâillement de celle-ci. « Tu t'en vas déjà, Sora ? » lança t-il assez fort, comme si il voulait que tout le monde l'entende. Il se pencha un peu plus en avant.. Je détestai cette proximité, mais tout le monde nous regardait. « Il faut qu'on parle. » murmura t-il plus bas, osant m'offrir un sourire mielleux qui m'hérissa. Je me crispai, méfiante des oreilles à proximité qui étaient plus tendues qu'on ne le pensait. L'homme me fixait, sans gêne, sans honte et je mourrai d'envie de le gifler à cet instant précis. J'imaginai le bruit que cela ferait, l'écho dans la salle qui aurait imposé un silence pesant par ce geste incompréhensif et presque fou. Et pourtant, si il n'y avait pas tout ce monde, je ne me serais pas gênée. Mais au lieu de cela, je me concentrai sur autre chose pour conserver un calme presque balayé par une fierté enragée. Je me concentrai sur les mots de l'email que j'allais prochainement envoyer à diverses presses américaines avec les photos de Jeha.. Quel joli boucan allions-nous faire.. Mon sourire s'étira à son tour, provocante. « Good luck. » lui assurai-je, avant de le contourner pour gagner le long couloir. J'entendis sa voix scander mon prénom, une fois, deux fois, une dernière fois plus fort, peut-être trop car il arrêta, l'équipe devait regarder. Mais je ne m'étais pas retournée, mimant un appel téléphonique, portable à l'oreille. Je pris l'ascenseur, appuyant plusieurs fois sur le bouton pour fermer les portes, comme si je craignais qu'il n'ait eu l'audace de me suivre. Je n'avais pas peur de lui. J'avais plutôt peur de lui en foutre une devant tout le monde et de ne pas pouvoir m'expliquer par la suite. Souffle.. Souffle..

Je traversai rapidement l'entrée du bâtiment, avant de descendre plusieurs marches jusqu'à rejoindre le trottoir de l'avenue. Quand est-ce que cet homme allait se tirer ? Le plus tôt serait le mieux. Le voir dans les barrages me rendait.. mal à l'aise et je haïssais le fait de ressentir cela à cause de lui. Les talons claquaient avec virulence sur le sol grisâtre, quand mon corps fût arrêté net dans sa fuite maîtrisée. On venait de m'attraper le poignet, et pendant un instant, j'avais cru que c'était le styliste qui m'avait suivi jusque là. Mon poing se referma, mais lorsque je fis volte face.. « .. Jeha ? » fis-je, en découvrant qui me tenait. Ce n'était pas lui.. Mais le soulagement qui commençait à me gagner fût soufflé par sa voix qui porta presque dans toute la rue.  « Je peux savoir ce qui t'a pris ? Je t'ai bien signifié que je ne voulais plus en entendre parler et tu fais quoi ? Tu m'offres un appareil à plus de trois millions de wons ? Tu le fais exprès ? » Sur le coup, je tressautai sous la pulpe de ses doigts, mes yeux s'écarquillant sous ma frange brune. Je mis de longues secondes avant de réellement saisir le sens de ses paroles et de sa venue. Le cadeau que j'avais laissé dans sa chambre ce matin, il avait dû le voir. Je m'étais attendue à ce qu'il réagisse un peu de cette manière, mais pas jusqu'à venir à ma rencontre devant le lieu où je travaillais. Je sentais sa poigne se resserrer, son visage penché vers le mien dans une proximité qui trahissait une tension palpable. Tension que l'on pouvait sentir tout autour de nous, alors que mes pupilles vrillaient à droite et à gauche. « Jeha, tout le monde nous regarde. » lui fis-je remarquer d'un ton calme, qui contrastait volontairement avec le sien pour le faire reculer. Et c'est ce qu'il fît, brusquement, en relâchant mon poignet. Quelques personnes avaient ralenti pour nous observer d'un oeil curieux, avant de finalement reprendre leur route. « Tu me rends dingue. » « ça, je l'ai bien remarqué. » murmurai-je en le voyant aussi agité, lançant un peu plus d'huile sur le feu, alors qu'il replanta aussitôt son regard dans le mien. « Je n'ai rien fait qui mérite un cadeau pareil. » reprit-il. « Tu m'as aidé.. et pour moi c'est- » lui répondis-je, avant qu'il ne m'interrompe. « Comment … mais bon sang Sora tu imaginais vraiment que j'allais accepter ? Tu n'y es pour rien bordel ! Te donner mon amitié ne signifiait pas pour moi attendre d'être payé en retour simplement parce que j'ai été là pour toi ce soir là. Te donner mon amitié ne veut pas dire que je peux accepter sans broncher un truc pareil ! » Je n'avais pas imaginé grand chose mais je me doutais effectivement qu'il n'accepterait pas cela sans broncher, comme il dit. C'est donc bel et bien un bon ami, et non un profiteur. Mais le terme payé ne me plaisait pas, ce n'était pas du tout cela.. Je fronçais mes sourcils, me mordant la lèvre inférieure. « Ecoutes.. Je ne doute pas que tu l'ais fait pour moi et le geste me touche … vraiment. Mais ça me met mal à l'aise. Alors ce qu'on va faire, c'est que je vais te rembourser. » Ce nouveau terme fût un peu comme une claque verbale, comme si il me renvoyait le cadeau offert.. Je me sentais soudainement.. un peu vexée qu'il veuille me rembourser. Mes ongles s'enfoncèrent dans l'imperméable noir, les bras croisés, alors que je fermai un instant les paupières, les lèvres formant une ligne appuyée. « Jeha.. » Il tourna la tête. « Je te l'ai dit, je suis un ami compliqué. Car en plus de tous le reste que je maintiens,  je refuse les cadeaux, en particulier quand ils sont coûteux. Alors pour une fois ...je te demande de m'écouter et d'arrêter de faire ta tête de mule. Prends l'argent et laisse moi … respirer quand tu es dans les parages. » Arrêter de faire ma tête de mule.. Prendre l'argent.. Pourquoi est-ce que je ne retenais dans ses paroles que ce qui m'agaçait le plus ? Et l'irritation accumulée après la réunion, et la soudaine apparition d'un Jeha en furie, éclata. Dès qu'il prononça le dernier mot de sa phrase, je pointai aussitôt du doigt le brun en avançant d'un pas. « Non, toi écoute ! Pour moi, t'es un ami et ce que ce connard t'a fait à cause de moi, ça m'a fait chier, voilà ! Tu comprends ?! » m'écriai-je brusquement, le menton relevé. Et on ne touche pas à mes amis. Je ne pense pas qu'il saisissait vraiment mon geste.. Des regards à nouveau se tournèrent vers nous, intrigués par notre dispute. Je les sentais poser sur nous.. Et retenant une vive exaspération, j’entrouvris mes lèvres pour en dire plus, avant de lâcher un lourd soupir, agacée. Je me reculais, passant nerveusement la main dans mes cheveux longs, cherchant à regagner un calme constant, qu'il venait de me faire perdre. Je me mis de profil, mon regard se perdant vers la route, et ses alentours. « Je l'ai acheté pour te faire plaisir et surtout, effacer ton expression que j'ai aperçu dans le rétroviseur lorsque tu étais devant le coffre.. Ce n'était pas de la culpabilité, ni pour te payer, c'était.. pour te faire aller mieux.. N'est-ce pas cela l'amitié ? J'ai.. j'ai peut-être exagéré. Tu es un ami compliqué et moi, je suis une amie un peu trop.. impulsive peut-être. » C'est vrai que maintenant que j'y pensais un peu plus, sa réaction était justifiée. J'aurais pu certainement réagir de la même manière, si j'avais été à sa place. J'aurais sans doute été traversé par toutes les émotions possibles, et j'aurais fini par exploser. Je piétinai quelques secondes sur place, faisant une moue désapprobatrice. Je comprenais sa possible.. gêne vis à vis de mon action, mais ce n'était absolument pas mon but premier de le troubler de cette manière ! Buté comme il l'était lui aussi, il n'allait pas profiter pleinement de son nouvel appareil si il se sentait redevable envers moi.. Quel foutu dilemme. Mais me rembourser ne me plaisait vraiment pas.. Et pourtant, je donnai un petit coup de pied à ma fierté froissée, ma mâchoire roulant de droite à gauche, avant de finir par me retourner vers lui. « Bon, tu n'as qu'à me rembourser la moitié.. mais c'est toi qui me rend mal à l'aise maintenant.. » lui avouai-je, mes cils s'abaissant. « C'était un cadeau et là, tu fais trop attention à l'argent, alors que pour moi, cela avait juste une valeur plus simple en te l'offrant.. celle de faire plaisir. Je n'ai pas réfléchi à autre chose, désolée. Je ne pensais pas que cela prendrait tant d'ampleur.. » continuai-je, avant de relever à nouveau les paupières, m'accrochant à ses prunelles sombres qui m'observaient. Bon, ça va, je reconnaissais être en faute.. un peu. « Mais au moins tu n'es pas un profiteur.. En réalité, je préfère te voir gueuler, qu'accepter bien trop simplement. » avais-je conclu en faisant une nouvelle moue, les coins de ma bouche s'étirant. Cela confirmait encore une fois que c'était une bonne personne, et sans doute un bon ami. Et c'était ce que je retenais au final. Alors le grincheux.. « Est-ce que la surprise t'a plu au moins.. ? » demandai-je d'une voix plus douce, après quelques longues secondes de silence. « Tu as vu, c'est exactement le même, j'ai eu dû mal à le trouver ! C'était bien le bon objectif ? Tu voudrais bien savoir comment j'ai fait, hein ? Je cultiverais le secret. » rajoutai-je, taquine, en mettant l'index devant mes lèvres arrondies. Mais il faut dire que Alicia m'avait beaucoup aidé pour le coup, et la photo du frigo aussi. Le destin avait bien voulu que je lui achète, non ? Et j'étais assez fière de moi. Je lui décrochai un sourire chaleureux, avant que mes yeux ne soient attirés par du mouvement près du bâtiment de Vogue sur ma droite, dans le dos de Jeha. C'était l'équipe de design qui descendait les marches, ils se rendaient certainement au restaurant comme prévu. Deux assistantes me repérèrent, me saluant d'un mouvement de main, attirant le regard de ma chef à côté d'elles dans notre direction. Je m'inclinai légèrement vers elle comme pour lui souhaiter un bon appétit, mais son regard comme d'autres autour d'elle détaillaient le brun qui m'accompagnait d'un oeil averti. D'ailleurs, celle-ci remua lentement son menton comme si elle approuvait ce qu'elle voyait. Quelque chose me disait qu'elle devait croire que mon imprévu, c'était lui. Adieu mon image de femme de carrière qui ne pense qu'au boulot.. J'eus un rictus amusé, jusqu'à ce qu'il disparaisse brusquement face à la contrariété qui refaisait surface. Steven Kim, suivi par sa propre escorte, descendait à son tour de l'entrée pour les rejoindre. Le styliste se tourna, remarquant lui aussi notre présence. Et vu son expression, il sembla plutôt troublé de nous voir ensemble. Je pouvais le voir d'ici qu'il essayait de cacher son agitation sous un masque de bonne figure. « Viens, on devrait y aller. Il le payera plus tard de toute façon et le meilleur, c'est qu'il ne se doute de rien. » assurai-je à Jeha, en coulant un regard vers le loup, d'un sourire complice et confiant.       
  

 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: [+18] You're getting close and the lights are off (+) jera | Mar 23 Mai - 1:52
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Tu me rends dingue. Tes regards, ton souffle, tes mimiques. Un toucher. La colère et la frustration. J'oscille, déchiré, entre conscience et inconscience, entre raison et désir, entre retenu et érotisme. J'aimerais dire non. J'aimerais affirmer que tu ne m'obsèdes pas. Physiquement. Un fantasme, qui ternit cette « amitié » imaginée, qui rougit une relation sans nom en y ajoutant une touche de tension et un grain de folie. J'aimerais dire oui. Puis tourner la page, oublier et peut-être enfin te considérer comme une des amies ayant réussit à forcer un passage qui ne flirte pas avec le danger.
 


TENUE Je ne vis ni son poing serré ni le soulagement éphémère que peignit ses traits tendus. Dominé par la colère, j'étais aveugle à toute autre émotion que celle qui m'avait poussé à la rejoindre sur ce trottoir, à quelques mètres seulement de son lieu de travail. Une action folle et impulsive, qui traduisait un besoin presque viscéral de briser un lien qu'elle venait d'approfondir par son geste. Hors, je ne voulais pas plus lui être redevable que manipuler un appareil aussi coûteux, chaque heure de chaque jour, en songeant qu'il m'avait été offert par une femme qui pourrissait déjà mes nuits. « Je m'en moque. » sifflai-je à son attention, peu concerné par le regard des curieux. Néanmoins, je m'efforçais de calmer la fureur qui battait mes veines. Mes doigts fuirent sa peau brûlante, mes paupières s'abaissèrent et mon souffle se fit long … profond. Une seconde d'inattention. Il ne m'en fallut pas plus pour laisser échapper une vérité dérangeante. Je serrai les dents et lui coulai un regard sombre lorsqu'elle rebondit sur des mots volés par mon inconscience. Je me mordis la langue pour ne pas m'enfoncer davantage et repris le fil d'une conversation pour laquelle je n'avais pas su attendre. Je fus imperméable à ses froncements de sourcil, à son expression vexée et lui assénai une à une mes pensées, jusqu'à cette demande formulée d'un ton presque désespéré. Laisse moi respirer. J'aurais pu me maudire une seconde fois pour lui avoir laissé entrevoir cette nouvelle brèche mais sa soudaine exclamation et son doigt pointé vers moi me firent oublier mon propre aveu de faiblesse. Je haussai un sourcil en coulant un regard vers son index rageur puis remontai vers elle, le visage fermé. « Je comprends. » admis-je en la fixant, « c'est pourquoi les chocolats existent ou toutes autres conneries du même genre pour exprimer un remerciement profond sans mettre mal à l'aise la personne visée. Tu n'as pas à payer, dans tous les sens du terme, pour les erreurs d'un mec qui t'a fait bien plus de mal qu'à moi ! » Elle se détourna, la main dans ses cheveux et les lèvres entrouvertes. Je m'y attardais, une demi seconde avant de laisser mes yeux errer sur un public invisible et mouvant. Les pouces crochetés dans les poches de mon jean, je fis courir mes dents sur mon inférieur, le menton légèrement levé. Son visage se découpait en périphérie, sa peau blanche mise en valeur par une tenue sombre qui soulignait ses courbes naturelles. Pour me faire plaisir ? Une ombre de sourire étira mes lèvres contrariées en un rictus silencieux. Mais il s'effaça, alors que je me tournai spontanément vers elle, les yeux agrandis. Sombres. Voilés par la surprise qu'elle ait pu entrevoir une scène que j'avais tenté de lui cacher. Je glissai la main dans mes cheveux noirs, mal à l'aise. « Tu l'es ... » murmurai-je finalement en laissant retomber mon bras. « Et de surcroît, tu me connais mal. Pour me faire plaisir, il te suffisait de m'écouter et de ne pas revenir sur le sujet. Non seulement ça m'aurait surprit mais ça m'aurait évité de traverser Séoul à moitié furieux.  » claquai-je, la langue contre mon palais. Un soupir caressa ma lèvre inférieure, en un souffle qui brûla lorsqu'elle joua de nouveau sur une colère latente. Les doigts crispés et les pupilles dilatées, je la fixai sans oser y croire. J'aurais pourtant dû. Comment avais-je pu imaginer ne serait-ce qu'une seconde qu'elle céderait ? Une ébauche sombre s'esquissa sur mes lèvres incarnates, à la pointe d'une irritation qui me poussa à baisser la tête vers un sol aussi gris que les pensées qui m'agitaient. « Trois millions. » lui répétai-je en relevant le menton pour me concentrer sur son visage. « Cette somme n'a rien de simple. Si tu tiens tant que cela à me faire plaisir, pourquoi tu ne me laisses pas te rembourser intégralement ? ? » lui demandai-je en accentuant volontairement les dernières syllabes d'une phrase agacée. « Même un million et demi, c'est hors de propos. Cette amitié ne dure que depuis deux jours, tu trouves que ton geste et ton compte en banque en valent la peine ? » insistai-je en plantant deux obsidiennes bornées dans son regard fauve. J'avais néanmoins conscience de parler à un mur, d'autant plus que je me montrais tout aussi -voir plus- buté qu'elle. Mais je ne parvenais pas à comprendre sa manière de fonctionner et surtout … j'étais incapable de lâcher prise. Accepter reviendrait à tolérer une relation qui me convenait d'autant moins que j'avais déjà un mal fou à la considérer comme une « amie ». Je ne la regardais pas comme je pouvais regarder Séol, pas plus que je ne pensais à elle « platoniquement ». Elle était source de trop de fantasmes, de trop de pression physique pour être assimilée à ma définition de l'amitié. Je tournai la tête, les mains sur mes hanches étroites. Mes cils baissés masquaient une partie du paysage, marqués par les stries noirs qui habillaient mes paupières. Au fond, je savais déjà que je n'aurais pas gain de cause avec elle. Qu'allais-je devoir faire ? Lui rendre l'appareil ? La culpabilité me saigna à la pensée des émotions qui risqueraient de la heurter. Quelle idée avais-je eu de me prétendre son ami ! Elle me mettait dans une position que je fuyais depuis des mois. Contrarié, je me contractai. Une part de moi regrettait nos relations de départ. Malgré les conflits, elle ne me forçait pas alors à ressentir ce mélange d'émotions exacerbés qui me faisait désormais hésiter dès que je l'avais en face de moi. Sa voix glissa dans mon esprit en proie au doute, posant une question à laquelle je ne m'attendais pas. J'avais le corps tendu, à l'image d'un félin prêt à combattre. Je n'étais ni dans la douceur qu'elle exhalait, ni dans l'idée de converser tranquillement. Aussi la surprise se ficha t-elle dans mes pupilles dilatées tournées vers elle. Je la regardais avec une intensité qui excluait toute forme de réponse. La colère avait laissé place chez elle à une excitation étonnante, qui illuminait ses traits pâles et les couronnes fauves qui ceignaient deux cercles d'ébènes. Son doigt frôla ses lèvres pulpeuses à l'esquisse taquine. Je plissai les yeux, attentif malgré moi. Je ne m'étais que posé la question du pourquoi, en excluant le comment. J'ai eu du mal à trouver. Le modèle était prisé, et ce malgré les plus récents sortit entre temps. Je fis disparaître ma lèvre inférieure et la retins entre mes dents. Elle avait dû courir partout … et je ne la comprenais pas plus. Se sentait-elle redevable à ce point ? Une image se glissa alors sous mes paupières, pour y former un souvenir récent. Je n'avais levé les yeux que par instinct, pour croiser ceux d'une femme aux cils perlés. Des gouttes de pluie luisaient sur sa peau crémeuse et ses joues rougies par le froid, où ondulait ses longues mèches brunies par l'humidité. Elle était trempée jusqu'aux os, ce que trahissaient ses lèvres pourpres et naturellement attirantes. Néanmoins, je n'avais fixé que ses prunelles mordorées, décidé à ne plus fuir et à la saluer lorsque je la croisais. Elle s'était dérobée avant que je puisse articuler un mot et s'était détournée rapidement. Je ne m'étais posé aucune question mais à la lumière de la surprise à laquelle j'avais eu droit depuis… « C'est ce que tu avais dans les bras hier n'est-ce pas ? » De savoir qu'elle avait passé l'après midi à déambuler sous la pluie ne m'aidait pas, pas plus que le sourire qu'elle m'offrit et dont le dessin transcenda son regard. La colère s'évanouit, ainsi que la tension qui nouait mes épaules et il m'échappa pour refléter le sien, en un dessin qui me fit comprendre une nouvelle fois pourquoi j'avais dit oui. Je ne l'avais fait ni à cause de Steven, ni parce qu'elle était fragile à ce moment là. Je l'avais fait parce que je l'aimais bien et qu'elle réussissait à me toucher, malgré les surcouches de protection dont je m'étais entouré.

Son expression évolua et son regard se focalisa sur un point dans mon dos. Intrigué, je le suivis et tournai la tête vers l'immeuble de Vogue, et plus particulièrement vers les marches qui y conduisaient. Ils étaient plusieurs à le descendre comme à nous observer, avec une curiosité transparente. Je serrai les lèvres et penchai légèrement la tête pour les saluer, conscient d'être un point de mire momentané et probablement un sujet de spéculations. Mal à l'aise à l'idée d'être une nouvelle fois pris pour son petit ami, je me crispais, la mâchoire contractée et les dents serrées. Une tension qui s'évanouit brusquement lorsque j'entrevis son expression. Sombre et contrariée, son visage s'était refermé, reflétant son regard durcit. « Quoi ? » demandai-je impulsivement en pivotant de nouveau vers les marches. Mon cœur ralentit et la colère, momentanément oubliée, ronfla de nouveau dans un corps aux muscles bandés. « Cette enflure ... » laissai-je échapper en un râle sombre, tandis que mon corps s'avançait impulsivement vers lui. Je n'esquissai qu'un pas, les poings serrés. Qu'est-ce qu'il foutait encore dans les parages ? Mes ongles mordirent mes paumes tandis que la rage déferlait dans mes veines, incontrôlable. Un flot d'images blessait mes pensées, en un rappel brûlant et douloureux d'une soirée qui s'était déroulée quelques jours plus tôt. Je la revoyais contre le mur tandis qu'il crachait ses insultes, avec un sourire sardonique que je m'étais retenu de défigurer. J'entendais ses pleurs et ses hurlements face à la fenêtre, en ces sons qui faisaient échos à ces flashs, à ces clichés pris par ma mémoire. Son air angoissé, sa silhouette tétanisée, sa rage et son impuissance. Un appareil brisé. Je claquais mes dents, le menton relevé et les yeux plus noirs encore que les cheveux qui valsaient sur mon front. « Il t'a approché ? » demandai-je soudainement en reportant mon attention sur elle. Elle avait parlé mais ses mots ne m'avaient pas atteints. Ils n'étaient qu'une suite de sons sans forme, sans identité et sans signification. En revanche … Je la fixai, interpellé par les réminiscences d'un moment plus récent. Son poing serré et le soulagement qui l'avait étreint … « Il t'a approché n'est-ce pas ? » réitérai-je d'une voix altérée par les émotions sourdes qui battaient mes tempes. J'avançai le menton et mordis ma langue, pour retenir l'instinct primaire qui me dictait de le traîner moi même au commissariat. Réfléchis. J'inspirai profondément et coulai un regard en biais vers le groupe qui remontait le trottoir dans notre direction, puis vers Sora. J'aurais dû l'emmener ailleurs … mais l'idée qu'il puisse de nouveau l'accoster quand elle serait seule suffit à me retenir.  Je levai la main et la glissai contre sa joue. Elle était chaude, soyeuse sous les doigts qui voguèrent vers sa nuque puis sa chevelure. La seconde refléta les mouvements de la première et je pris son visage en coupe dans mes paumes, pour mieux pouvoir plonger dans les deux pierres dorées dardées sur moi. « Je suis désolé. » murmurai-je en l'attirant vers moi. Mon nez frôla sa pommette, ma joue la sienne puis ma bouche son oreille tandis que je la serrais dans mes bras en une étreinte qui trahissait ma tension. « Je vais encore me servir d'un quiproquo qui me hérisse, mais si je ne le fais pas, je vais lui briser les jambes. » Je sentais son corps souple contre le mien, sa poitrine rebondit contre mon torse, son souffle contre ma gorge. Je perdis la main dans ses cheveux et reculai pour plonger mes yeux dans les siens. Une demi seconde avant de perdre la tête. Une demi seconde avant de la pencher et de presser mes lèvres à la commissure de sa bouche. Un touché éthéré, qui suffit à réveiller sous la rage une sensation familière et des fantasmes troubles, que la fureur suffit néanmoins à tenir à l'écart d'un conscient malmené. Je reculai sans la quitter des yeux et laissai retomber mes bras pour chercher sa main. Je la pris d'autorité et la serrai dans la mienne afin de faire face au groupe qui arrivait. Je baissai la tête, ni plus ni moins et focalisai mon attention sur le seul qui m'importait. « Steven Kim » attaquai-je sans préambule, en prenant de court un petit monde qui s'attendait probablement à une présentation. « Je ne m'attendais pas à te revoir. » « Vous vous connaissez ? » intervint quelqu'un dont le ton trahit sa surprise face à une familiarité inattendue et un vouvoiement inexistant. Je ne vis pas le visage de l'intervenant, concentré sur un homme agité. « Nous nous sommes rencontrés à la soirée organisée vendredi soir. Un ... » salopard « voyou a agressé une amie et brisé mon appareil photo. » Était-ce mon imagination ou avait-il pâlit ? Son mal être évident ne suffit pas à le faire fuir et je croisais un regard dont la haine était savamment dissimulée, quoique perceptible pour qui la cherchait. Je ne pris pas la peine de masquer ma propre dureté, que je lui assénais sans ciller. « Ahh … c'est donc l'un des voyous qui vous a blessé au visage ? Vous nous aviez caché que vous étiez venu en aide à quelqu'un ! » Il se racla la gorge, prêt à rebondir et à reprendre une main que je n'étais pas prêt de lui laisser. Sans lâcher celle de Sora que je maintenais fermement, je tendis l'autre à Steven. « C'est l'occasion pour moi de te remercier une nouvelle fois. » le coupai-je alors qu'il s'apprêtait à parler. Son manque de volonté fut tout aussi visible que son irritation, mais il tendit néanmoins sa paume pour la glisser dans la mienne. Je serrais et écrasai ses doigts, jusqu'à percevoir la douleur dans ses yeux révulsés. « Par ailleurs, je vais abuser de ta générosité mais je pense à me rendre au commissariat pour porter plainte. J'ai des photos pour attester de ce qui s'est passé ce soir là, que j'avais heureusement récupéré avant que mon appareil ne serve d'exutoire à ce … voyou, mais un témoignage de plus pourrait aider la justice à faire son boulot. » lui demandai-je en pressant un peu plus la main que je n'avais pas lâché. Il se tendit sous mes doigts, sensible à la menace proférée. « Bien sûr. » grogna t-il en tentant de préserver un masque dont je ne voyais que des débris. « Merci. » Je relâchai sa main puis m'inclinai face au groupe. « Ravi de vous avoir rencontré. Maintenant, si vous voulez nous excusez, je vous l'enlève définitivement. » terminai-je avant de les contourner, non sans entraîner Sora dans mon sillage.

J'en avais la nausée. Essuyant ma paume contre mon jean, je retins la nuée d'insultes qui frappaient mes dents dans l'espoir de pouvoir échapper à mes lèvres pressées. Je fouillai ma poche, récupérai mes clés et déverrouillait ma voiture de laquelle on s'approchait, rigide et silencieux. Je ne lâchai sa main que lorsque j'eus besoin d'ouvrir sa portière, que je maintins ouverte devant elle. « Je t'emmène. » Je me moquais de l'endroit du moment qu'il était éloigné de ce … Un mouvement attira mon attention et je me figeai en reconnaissant Steven qui se hâtait dans notre direction. Je fermai la portière dès qu'elle fut installée et y laissai la paume plaquée, comme pour la prémunir inconsciemment d'une nouvelle confrontation. « Joli numéro. » siffla t-il dès qu'il fut suffisamment proche pour n'être entendu que de moi. « Je t'avais prévenu. » lui répondis-je durement. «Que si tu t'approchais une nouvelle fois d'elle, je te déglinguerais sans pitié. » « Combien ? » La question fut d'autant plus surprenante qu'elle n'avait aucun lien avec son entrée en matière. Je le fixai de longues secondes, noyé par une incompréhension d'autant plus sombre que je retenais mes poings d'éclater sa figure. « Combien pour les photos ? » répéta t-il. « Je suis prêt à t'en donner une fortune si tu en as réellement en ta possession ainsi que ma parole de ne plus l'approcher. » proposa t-il avec un dédain qui me hérissa. « Je ne vends pas mes photos aux ordures. » répliquai-je en me redressant. « Un million. » Un rictus étira mes lèvres, accompagné d'un soupir qui rebondit sur une inférieure asséchée. « Dégage avant que ma patience effilochée disparaisse et que je cède à mon envie d'ajouter un peu de symétrie à ce faciès écœurant. » « Steven, vous venez ? » « Je suis prêt à payer bien plus que les journaux. Réfléchis y. » « Va te faire foutre. » éructai-je, insensible à ses traits déformés et à l'exécration qu'il nourrissait à mon égard et qui enlaidissait d'autant plus son visage. Il finit par tourner les talons. Mon cœur, soufflé par la fureur qui marquait mes veines gonflées, se remit à battre quand il se fut éloigné de quelques mètres et je repliais les doigts en un poing sur la portière. Il me fallut toute mon imagination pour m'empêcher de l'interpeller violemment. Je me contrains à voir dans mon esprit  les titres des journaux américains et la descente aux enfers qui seraient la sienne une fois sa réputation détruite par quelques rumeurs.  Soufflant profondément, je vidais mes poumons et contournai ma voiture pour m'installer sur le siège avant. Je claquai ma portière, m'échinai quelques secondes sur une ceinture que je finis par abandonner. Aspirée, elle frappa un siège contre lequel je m'adossai avant de fermer les yeux, pour calmer un muscle chaotique et savourer un silence qui ne durerait pas. J'en avais encore le goût acre sur la langue. La colère me fatiguait, à l'instar de beaucoup d'autres choses que je ne maîtrisais pas, comme cette réaction impulsive qui m'avait poussé à intervenir. Je n'avais pas su m'en empêcher. De savoir qu'il l'avait abordé m'avait fait perdre le peu de calme que j'avais réussit à retrouver après ma précédente crise de fureur, causée par un appareil qu'elle m'avait offert parce que je l'avais aidé. Aidé … Une légère grimace se peignit sur mes traits et mes paupières dévoilèrent le par brise. « Je ne l'ai pas fait que pour toi. » précisai-je sans chercher à croiser son regard. « Ce pourri avait massacré mon appareil et il m'a clairement fait comprendre en venant qu'il se foutait de ce que je lui avais dit … je n'ai pas su me retenir. » expliquai-je calmement en tournant légèrement la tête vers elle. « Je suis désolé de t'avoir affiché auprès de tes collègues. Je t'autorise à mentionner mon caractère invivable et une incompatibilité de caractère qui t'a poussé à me plaquer. Ce ne serait pas très éloigné de la réalité. » Sur ces mots, j'attrapai une ceinture que je parvins à faire coulisser en douceur, l'attachai puis glissai mes clés dans le contact pour démarrer la voiture. Mes doigts encerclèrent le volant et je posai le coude sur une fenêtre préalablement ouverte, le pouce et l'index contre ma lèvre inférieure.Je m'efforçais de chasser ce type de sa mémoire, mais il me restait le problème de l'appareil photo à aborder. Puis … Je lui jetai un œil, inquiet malgré moi. « Est-ce que ça va ? » finis-je par craquer, concerné par son état d'esprit. Pourtant, je haïssais cette question. On me l'avait posé, encore et encore pendant des mois, en me forçant à alterner mensonges et silence. Mais je n'avais pas su la taire, d'autant plus que je m'intéressais sincèrement à ce qu'elle ressentait. Elle avait l'air de tenir le choc. Une nouvelle fois, elle s'était montré forte, notamment à travers ce sourire confiant qu'elle m'avait adressé avant que je ne me laisse entraîner par mon tempérament fougueux.

Je me garais devant le dortoir des Neugdae et coupai le moteur. Je ne lui avais pas même demandé si elle désirait vraiment rentrer ou si elle avait des rendez vous à honorer. Mes lèvres roulèrent sous mes dents et ma paume glissa le long de la boîte de vitesse pour se poser sur mon siège. « J'accepte. » dis-je soudainement, sans m'attarder sur la sensation persistante de faire une connerie. Une de plus. Je frottai mon menton puis continuai, en espérant effacer de sa tête toute autre idée malvenue par cette capitulation. « De ne te rembourser que la moitié. J'accepte le cadeau mais tu dois me promettre en échange que c'est la dernière fois que tu dépenses une telle fortune pour moi. Non en fait, promets moi de ne plus rien m'offrir. » Mon menton navigua vers la droite, tandis que je cherchais à plonger dans les deux ambres qui ornaient ses traits. « J'y tiens. » murmurai-je, en laissant de côté une fierté et un début d'angoisse. Mon cœur s'emballa et je pris sur moi de poser un souffle qui, je le sentais, m'échappait. Je repliai les doigts et serrai discrètement le poing en posant la tête contre une portière pour pouvoir mieux goûter à l'air qui pénétrait l'habitacle. Respire. Ce n'était qu'un cadeau destiné à me remercier parce que je l'avais aidé. Rien de plus. Je fis courir ma paume sur ma gorge, le corps échauffé par une panique que je m'efforçais de maîtriser. Je n'avais aucune envie de faire une crise devant Sora, d'autant plus pour quelques billets. Je lui dérobai complètement mon visage pour regarder vers l'extérieur et, les paupières à moitié fermées, pris quelques minutes pour annihiler les soubresauts d'une respiration incontrôlée. Elle s'apaisa doucement et je repris contenance, les muscles légèrement dénoués. Deux fois. J'avais faillit me faire prendre deux fois par la seule femme que je tenais absolument à éloigner des quelques faiblesses qu'elle ne connaissait pas déjà. Les lèvres entrouvertes, je posai les yeux sur elle. Sur ce visage que j'avais frôlé, sur cette bouche que j'avais capturé, sur cette tenue à peine entrevue et qui pourtant soulignait la beauté d'un corps pulpeux. « Laisse moi te prendre en photo. » fis-je soudainement, tant pour détourner son attention que pour contre balancer le million de wons que je lui devais. « Je te l'avais proposé quand on a passé la soirée ensembles. Laisse moi t'offrir un photo shoot pour te remercier. » Ce soir là, je n'avais pas eu l'intention d'aller jusqu'au bout d'une idée que j'estimais me mettre en danger. Aujourd'hui, une telle séance me semblait être un compromis idéal à cette histoire de cadeau qui pesait sur ma conscience et sur mes poumons. « Toi tu auras l'impression que j'honore un contrat passé ce soir là et moi celle de ne pas accepter totalement un geste qui reste pour moi inconsidéré.
 
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Re: [+18] You're getting close and the lights are off (+) jera | Lun 3 Juil - 0:51
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You're getting close and the lights are off
Je Ha & Sora





LOOK DU MARDI

Il avait souri. Il avait fini par sourire, en écho au mien. Au mien qui répondait à sa question d'une simple expression, ravie de ma surprise malgré sa réaction brusque. J'avais peut être un peu trop fait, mais mieux valait trop que pas assez non ? Oui, j'étais redevable, je n'aimais pas avoir de dettes, même auprès de mes amis. Il m'avait vu.. dans un état, dans une situation où j'aurais souhaité qu'il n'y ait aucun témoin. Gêne, embarras, rage, fierté blessée, et confiance écorchée. A quoi bon se montrer de cette manière ? Plutôt les autres que moi. Je préférais réconforter que l'être. Je mourrais d'envie qu'il oublie, qu'il oublie cette image de moi, et qu'il se focalise vite sur autre chose, que sur cette faiblesse éphémère d'un instant. Gueule contre l'appareil, et oublie le reste. Je voulais oublier aussi, je ne voulais pas faire comme si cela avait compté au point d'y penser tous les jours et toutes les nuits, comme si cela m'avait marqué au point d'en ressentir encore les méfaits sur ma peau et dans ma tête.. Je ne voulais pas y penser, je voulais rayer tout cela. Vengeance, voilà la seule chose qui m’intéressait actuellement, à laquelle j'avais passé mes heures d'insomnie à vouloir faire bon usage des photos prises du styliste par le photographe. Oui, tout cela en valait la peine, Jeha. Je suis impulsive avec les gens, avec mes sentiments et mes réactions. Et je savais que je ne faisais pas une erreur en te l'achetant. Je ne sais pas vraiment si c'est te payer en retour.. C'est dur et froid comme façon de penser je trouve. Plaisir.. Je voulais te faire plaisir parce qu'au fond, je t'aime bien, et.. je te remercie d'avoir été là.. Même si j'aurais préféré me débrouiller seule, mais je.. je n'ai pas pu... Ne revenons pas là-dessus. Si cette fin de soirée me hantait encore, je voulais que la tienne s'adoucisse davantage et combler cette perte que tu as subi à cause de moi. Tu n'avais pas à faire cela, tu n'avais pas à m'aider, tu n'aurais même pas dû être là à ce moment-là. Ça c'est fait, je ne sais pas comment, mais cela c'est fait. Accepte mon cadeau. Il esquissa une question, et je réalisais que malgré ma tentative de cacher le paquet en rentrant hier, il l'avait vu. Je fixais ses lèvres qui s'étiraient lentement. Lumineuse expression qui l'éclairait tout à coup, soudainement, sans que je ne m'y attende. Mon coeur se crispa en une inspiration bloquée de quelques secondes à peine, avant de se relâcher. Alors.. ça te fait plaisir ? C'est vrai que c'était un peu fou, oui, mais tu vois, en réalité, ce geste n'avait que des bons côtés.

Quelques secondes plus tard, je remarquai l'équipe de design qui sortait du bâtiment pour aller déjeuner, suivi de quelques pas par Steven Kim dont la vision me fît grogner intérieurement. Son air nonchalant me déplaisait particulièrement. Il était bien trop à l'aise, quand je voulais qu'il soit tapis plus bas que terre. Je voulais qu'il m'évite, moi et Jeha. Qu'il fuit, qu'il ait peur. Et le voir rester là à quelques mètres, à nous fixer, me rendait étrangement nerveuse, et je haïssais ce sentiment. Si vous saviez comme je mourrais d'envie de le frapper pour lui faire détourner le regard.. Pour lui faire ravaler cette confiance qu'il avait toujours, qui n'avait été qu’éraflé et qui lui permettait encore de me parler sans aucune honte. Ce n'était pas un homme, il n'était rien en réalité. Rien. Qu'une pourriture. Un courant froid effleura mon échine, m'arrachant un frisson désagréable et un soupir fébrile. Tentant d'atténuer la tension qui me chamboulait, j'offris un sourire à Jeha, l'encourageant à quitter ensemble les lieux. La vengeance ne viendrait que plus tard, mais n'en serait que plus délicieuse.. Mais l'expression perdit de son assurance, les coins de mes lèvres s'affaissant à sa soudaine question.  « Il t'a approché n'est-ce pas ? » Oui il m'avait approché mais ce n'était rien. Même si mon corps s'était figé, que la rage me rongeait, que le désir de vengeance me démangeait. Mes mains se recroquevillant sur elles-même, mon doigt s'acharnant sur le bouton de l'ascenseur pour m'en éloigner. Ma démarche rapide, les talons frappant le sol dans un rythme effréné démontrant un malaise constant qui me torturait en un flot d'émotions que je ne voulais ressentir. Un malaise que j'étouffais, que je ravalais en moi par orgueil. Je l'avais vu, je l'avais croisé.. et alors ? Il n'allait pas rester. Ce n'était l'affaire que de quelques jours, je pouvais parfaitement gérer. Oui.. Ce n'était rien. « On a eu une dernière réunion avec lui et l'équipe, c'est tout. Il va s'en aller, ce n'est qu'une question de jours. » répondis-je simplement, c'était la vérité après tout. Je pouvais tout à fait gérer. Je pouvais sentir le brun s'agiter à côté de moi, alors que l'équipe avançait dans notre direction. Mon regard vacillait entre les deux. Il valait mieux partir, et éloigner Jeha de là. Mais au moment où j'allais lui attraper le bras pour l'entraîner ailleurs, il le leva, sa main capturant soudainement ma joue. Surprise, j'écarquillais les yeux en le fixant. Ce n'était pas vraiment ce que j'avais prévu ! Elle glissa lentement vers ma nuque, et la deuxième s'aventura à son tour sur ma peau. Cela ne dura qu'à peine quelques secondes, et pourtant, je n'avais pas reculé. Concentrée sur ses yeux sombres penchés vers moi, je me sentais liée par une étrange confiance envers lui, patientant de voir ce qu'il avait exactement en tête. J'avais l'impression d'être dans une danse de couple, me laissant guider sans la moindre retenue, souple et décontractée. Ses excuses me firent hausser les sourcils, un tantinet inquiète alors qu'il m'attira tout à coup contre lui, ses bras se refermant autour de moi. « Jeha, qu'est-ce que tu.. ?! » J'avais légèrement rebondi contre son torse, son parfum d'homme torturant mes sens aiguisés alors que mon visage se nichait près de son cou. Mes doigts s'accrochant doucement à ses flancs, j'écoutais sa voix tendue chuchoter à mon oreille à propos d'un quiproquo. Je pouvais ressentir toute l'irritation qui parcourait son corps, s'accrochant au mien comme à une bouée pour ne pas perdre pied. Allait-il rejouer mon faux petit ami ? Mais pourquoi, qu'est-ce qu'il voulait faire ? On pouvait très bien partir, on avait déjà un plan, alors pourquoi rester ? Mon esprit s'agitait alors qu'il se reculait et je plongeais mes yeux pleins de questions dans les siens. Mais je me figeai instantanément lorsqu'il se pencha pour embrasser la commissure de ma bouche. Mes ongles rouges s'agrippèrent à son tee-shirt fin sous sa veste, le coeur enflammé qui se resserra. Les lèvres qui s'étaient entrouvertes comme si elles désiraient ardemment capturer les siennes qui s'éloignaient. Un flashback. Cette tension lors d'une danse entrelacée, les baisers marqués sur la peau, les baisers joueurs, taquins, qui s'attardaient un peu trop, sur le cou, sur la mâchoire, sur la joue, jusqu'à les charnues que l'on voulait profondément dévorer. Ma langue sur sa lippe offerte en un souffle, il captura la mienne sensuellement, bien trop doucement alors que la frustration me rongeait. S'en était suivi une étreinte passionnée, essoufflée, qui était partie de ces taquineries mutuelles. Comme ce baiser sur la commissure de mes lèvres qui ranima un désir qui ne m'avait jamais quitté. J'en oubliai les pas qui se rapprochaient de nous pendant un long instant, perdue dans une bulle éphémère qui éclata lorsqu'il glissa sa main dans la mienne. Je plissai les yeux en le détaillant, me demandant réellement où il voulait en venir, le suivant alors qu'il fît volte-face vers le groupe qui arrivait à notre hauteur. Il s'adressa directement à Steven Kim, pendant que je balayais les regards quelque peu indignés tournés dans ma direction, et plus particulièrement sur nos mains nouées. Je tentais vainement de la relâcher, mais sa prise se fît plus tenace, se resserrant aussitôt. Quelle scène devais-je avoir donné.. Je savais que les coréens étaient plutôt coincés pour ça, pour les échanges en public, et j'étais certaine que j'aurais un retour là-dessus prochainement.. Mon attention se reporta sur le styliste et sur la voix assurée de Jeha. Mais qu'est-ce qu'il comptait faire ? Lorsqu'il mentionna un voyou, l'agression et son appareil cassé, ma paume tressauta entre la sienne. Qu'est-ce qu'il faisait bon sang.. Il n'allait pas tout avouer comme ça quand même ? Non.. La discorde mutuelle que l'on partageait, qui nous nouait intérieurement, on pouvait la ressentir dans la pression de nos doigts sur les phalanges de l'autre. L'idée qu'il ait pu nous venir en aide me donnait envie de vomir. Si vous saviez.. Je voulais rire aux éclats à ce moment précis. Mon pouce glissa sur la peau de Jeha en une caresse régulière, un geste dont je n'avais même pas conscience mais qui m'aidait à garder un calme constant que je tentais de lui transmettre. Mais si il y avait une chose que j'adorais voir, c'était bel et bien ce malaise qui s'était emparé de l'artiste devant nous, et que l'on était les seuls à percevoir. Il marchait sur un fil qui risquait de casser à tout moment. Il avait blanchi, j'avais souri. La poignée de main que lui offrit le photographe le fît grimacer un bref instant, jusqu'à ce que je comprenne enfin l'enjeu de toute cette scène. Il voulait à nouveau le menacer. Comme nous l'avions soupçonné, Steven Kim pensait avoir détruit toutes les preuves en explosant l'appareil photo, mais en réalité, le loup avait gardé la carte mémoire sur lui. Je pensais taire cette information pour que la surprise des articles publiés avec les clichés ne soit que plus grande, mais Jeha avait choisi de jouer autrement. Il le mettait en garde, une seconde fois et ce connard semblait soudainement toute ouïe à ses paroles. Il me jeta un regard en biais, avant d’acquiescer, cachant son manque de volonté dans sa réponse. Le brun s'inclina vers ceux qui nous entouraient, et j'en fis de même, en indiquant un simple « A vendredi, et bon appétit. », avant de me laisser entraîner par la poigne chaude du loup.

Mais nous avions beau nous éloigner de cette pourriture, l'agitation qui nous tourmentait n'allait pas se défaire de nous aussi facilement. A chacun de nos pas dans la direction opposé, je respirai à nouveau, un peu mieux du moins. Je jetai un oeil à Jeha dont la mâchoire contractée trahissait l'envie de crier un bon coup. Il haïssait cet homme autant que je le haïssais, pour une fois nous étions d'accord sur ce point. On gagna sa voiture dont il m'ouvrit la portière, et je ne bronchais pas lorsqu'il m'affirma qu'il m'emmenait. Si je pouvais m'éloigner d'ici plus vite, je n'allais pas refuser. Alors que je m'installai sur le siège passager, il tourna brusquement son visage sur sa gauche, avant de refermer d'un coup bref le véhicule. Je me retournai sur moi-même, apercevant le styliste qui arrivait près de lui. Par réflexe, j'attrapai la poignée pour sortir, la portière s'entrouvrit légèrement, mais Jeha s'y appuya plus fermement dessus pour me maintenir à l'intérieur. Je grognai à ce geste, et en voyant l'autre connard lui faire face. Comment osait-il revenir ? Devrais-je faire le tour et passer par le côté conducteur ? Si cela dégénérait, je refusais de rester à ne rien faire dans la voiture ! Mais je pouvais apercevoir au loin le groupe qui attendait que la discussion de Steven Kim se termine. Il devait maintenir le peu d'image qu'il lui restait, il n'allait pas l'attaquer physiquement. Il ne pourrait pas. Tout à coup, j'écarquillai les yeux lorsqu'il prononça le mot « Combien ? ». Il s'enfonçait. Il touchait littéralement le fond. Avait-il déjà été humain ? Je me le demandais. Je me mordais la lèvre inférieure, reportant mon attention sur Jeha de l'autre côté de la vitre. Lui aussi n'en revenait pas de ce qu'il entendait. Cet homme faisait partie de ceux qui pensaient que tout pouvait se régler avec de l'argent, alors qu'au contraire.. cela ne faisait qu'empirer les choses. Il proposa un prix, il n'en faisait qu'à sa tête, et continua, sans prendre en compte la situation, ni Jeha. Egoïste, égocentrique. La boule au ventre qui me nouait, m'enfonçait des piques aiguisées alors que j'assistais à la scène. Cet homme me rendait malade, tout autant que de voir Jeha devoir lui faire face, comme si je craignais qu'il ne le contamine, tel un poison vicieux. Il insista jusqu'à la dernière seconde, avant de finir par tourner les talons vers ma chef qui l’interpellait au loin. Mes mains posées le long de la vitre, je détaillai le visage du photographe, tendu à l'extrême. Je levai lentement mes doigts contre le verre alors qu'il soufflait pour reprendre contenance. Je me demandais si je ne devrais pas prendre le volant, mais pour une fois, je n'émis aucune parole alors qu'il regagnait la place du conducteur. Il s'acharna sur sa ceinture, avant d'abandonner, s'affaissant sur son siège les paupières fatiguées. Je  soupirai à mon tour, tentant de regagner un rythme cardiaque stable afin de rejeter toutes ces mauvaises ondes que cet ordure nous avait envoyé. Respire. J'avais l'impression d'avoir été en apnée tout le long de cette scène presque surréaliste, et que je n'avais même pas pensé vivre. Recroiser à nouveau Steven Kim ensemble, impossible.. C'était lui qui mit fin au silence qui nous faisait tant de bien depuis quelques minutes. « Je sais.. Tu avais aussi une dent contre lui. » Et c'était vrai, c'était notre ennemi commun désormais. L'ennemi de mes ennemis, est mon ami, non ? J'esquissai un fin sourire, amusée, avant de faire glisser mes cheveux bruns sur une épaule. « Non, je ne te plaquerais pas. On va m'envier ton impulsivité passionnée en public, je ferais des jalouses. » fis-je avec humour, avant d'attraper à mon tour ma ceinture, l'attachant en un clic distinct. Il démarra la voiture, et on s'engagea quelques minutes plus tard dans une des grandes avenues de la capitale. C'était l'heure de pointe où tout le monde allait déjeuner. Les voitures défilaient à côté de nous, et le silence avait repris sa place, nos réflexions intérieures avec. Dès que Steven Kim mettrait un pied sur le sol américain, j'enverrais les emails à la presse, et il ne pourra alors plus repartir. Il sera poursuivi, harcelé par les paparazzis en tout genre qui iront creuser jusqu'à la moindre petite miette de mensonges pour en découvrir toute la vérité. Peut-être qu'ils exagéreront mes propos, je m'en fichais. Tant qu'ils le foutaient à terre et l'écrasaient, lui et son image si précieuse qu'il aimait tant. Il m'avait épuisé.. Je n'avais passé que peu de temps avec lui ce matin, mais j'avais l'impression qu'il avait aspiré toute mon énergie. Le voir dans la même pièce que moi m'avait forcé à garder un calme vacillant que j'avais peiné à conserver intact. Et la concentration pour porter ce masque superficiel qu'il arborait aussi devant tout le monde m'avait littéralement rendu.. malade sur le coup.. Vivement qu'il parte.. Je fermai de longues secondes les yeux, alors que la voix de Jeha retentit doucement dans l'habitacle. Mes paupières remontèrent aussitôt. « ça va.. Merci. » murmurais-je simplement. Pour tout. Et désolée que tu aies été encore là au mauvais moment. Je laissais échapper un soupir, avant d'appuyer sur un bouton, la fenêtre s'abaissant en entier. La voiture était entrain de pénétrer dans un tunnel éclairé par des spots orangés, lorsque je m'appuyais sur la portière pour sortir la tête vers l'extérieur. L'air s'infiltra à l'intérieur, rafraîchissant un peu nos idées embrouillées. J'appréciais le vent insufflé par la vitesse du véhicule que je prenais de plein fouet, faisant voler ma chevelure brune dans le vide. Je fermai à nouveau les yeux, inspirant, avant que le jour ne vienne reprendre ses droits en sortant du tunnel. Le soleil vint réchauffer ma peau, alors que je tendais ma main, jouant à faire des vagues invisibles sur une brise impétueuse. Au moins il faisait beau, c'était déjà ça, non ?

Vingt minutes plus tard, on se gara devant la fraternité des Neugdae. J'avais prévu à l'origine de manger seule en ville, mais finalement, j'étais plutôt ravie d'être rentrée. Je remontai calmement ma vitre pendant qu'il éteignait le moteur. « J'accepte. » Je tournai ma tête vers lui, troublée par le silence rompu et par ces paroles. J'haussai les sourcils comme pour demander plus de détails. « De ne te rembourser que la moitié. J'accepte le cadeau mais tu dois me promettre en échange que c'est la dernière fois que tu dépenses une telle fortune pour moi. Non en fait, promets moi de ne plus rien m'offrir. J'y tiens. » Ahhhh.. J'en avais presque oublié notre sujet de discussion peu avant que cela ne dégénère encore plus. L'appareil photo que je lui avais offert. J'observais ses pierres noires qui me fixaient. Ne plus rien lui offrir du tout ? N'était-ce pas un peu exagéré ? Pas que je prévoyais de débourser encore quelque chose pour sa personne, mais de là à en faire une promesse.. J'avais l'impression de devoir jurer avec mon sang dans la façon dont il énonçait cela ! « Tu veux me faire promettre ça ? Et prêter, ça fonctionnerait ? Si je te prête de l'aspirine par exemple, ça irait à l'encontre de la promesse ? » lui lançais-je, taquine, appréciant toujours de jouer avec les mots. Mais il ne répondit pas. Je tournai doucement la tête vers la gauche, remarquant sa silhouette appuyée sur le côté, contre la vitre. Il avait l'air.. fatigué, même si je ne savais pas si fatigué était le bon mot. Je me penchais légèrement vers l'avant, pour voir qu'il avait fermé les yeux, sa main remontant jusqu'à sa gorge. Est-ce qu'il était énervé ? Son ton n'avait laissé rien paraître pourtant. Non, ce n'était pas ça. Il avait peut être eu une sale matinée lui aussi, et cette dernière situation avec moi n'avait pas dû arranger les choses. Le reste de la journée allait être long... Je n'osais lui demander si il allait bien, comme si je sentais inconsciemment qu'il avait besoin de reprendre ses esprits, de ne pas être dérangé un court temps pour regagner un peu d'énergie perdue en connerie dû à un connard narcissique. Il acceptait le cadeau, c'était déjà bien, c'était déjà beaucoup. Il l'avait dit lui-même, je n'avais plus besoin d'insister, autant en faire de même. « Marché conclu. » finissais-je par lâcher, en m'appuyant entièrement sur le siège. Et peu à peu, sans que je ne m'en aperçoive, sa respiration reprit son rythme normal, alors que je patientais calmement à côté de lui. J'aurais pu partir, et le laisser seul, mais étrangement, je n'avais pas bougé. Comme si lui tourner le dos maintenant, après tout cela, aurait été mal poli, va savoir. Je ne me posais pas trop de questions, penchant mon visage sur la droite pour observer la façade de la fraternité qui se dessinait. Je croisais naturellement mes jambes, la fente de la robe soulignant la courbe de ma cuisse dévoilée, lorsqu'il me surprit à nouveau en reprenant la parole, attirant mon attention vers lui. Aujourd'hui, c'était lui le plus impulsif de nous deux. « Me prendre en photo ? » « Je te l'avais proposé quand on a passé la soirée ensemble. Laisse moi t'offrir un photo shoot pour te remercier. » J'entrouvris mes lèvres en le regardant silencieusement. Oui, je m'en souvenais maintenant. Encore cette soirée. Les jeux nous avaient fait pas mal parler, on avait bien ri aussi. Un sourire étira mes lèvres. « Tu as bien tenu l'alcool pour ne pas oublier ce détail, et je suis surprise que tu remettes cela sur le tapis de toi-même. Tu disais ça comme ça à ce moment-là. » Dans l'engouement de la soirée, l'esprit embrumé par le rhum blanc que nous avions enchaîné. « Toi tu auras l'impression que j'honore un contrat passé ce soir là et moi celle de ne pas accepter totalement un geste qui reste pour moi inconsidéré. » Hmm.. C'est vrai que j'avais gagné à ce moment-là dans notre duel de trois parties, et puis cela semblait l'arranger, alors.. pourquoi pas ? Ça pourrait être sympa. Bien qu'amateur, je prenais régulièrement en photo Ashvin dans les vêtements pour homme que je créais. Bien qu'il n'avait pas souvent besoin de mon aide pour poser, égérie de Vogue qu'il était, j'avais appris à savoir prendre le cliché quand il le fallait pour flatter sa silhouette longiligne et sa tenue. Mais être de l'autre côté de l'objectif était une autre histoire. « J'accepte un peu trop ce que tu me demandes aujourd'hui, ça me perturbe. » lâchai-je d'un petit rire. C'était vrai, et c'était plutôt inhabituel. Je fis rouler ma lèvre inférieure entre mes dents, avant d'y glisser le bout de ma langue, trahissant une légère réflexion de ma part, avant de me retourner. Sans prévenir, je me penchai vers lui, m'arrêtant entre les deux fauteuils. « Et si je ne t'inspire pas, hm ? J'ai jamais fait ça, je suis peut-être nulle devant un appareil photo, du genre figée, apeurée.. Arme-toi de patience.. » affirmai-je, mutine, ses prunelles sombres si près des miennes. Et puis, une tenue me vint aussitôt en tête. Une ébauche que je venais de terminer, mais que je mourrais d'envie de voir en photo pour en déterminer les améliorations potentielles pour la seconde version. « Demain en fin de journée, t'es libre ? Je finis à 17 heures, je peux te retrouver à ton studio peu après ? » lançais-je impulsivement, retrouvant mon tempérament impétueux. « Accorde-moi le choix de la tenue, et j'accepte. » fis-je, en relevant légèrement le menton, avant de lui tendre la main en signe d'accord. Finalement, cela m'enchantait plus que je ne le pensais. Et il avait de la veine, pour une étudiante en design de la mode, je n'allais choisir qu'une tenue, c'était presque un miracle.  

***

MERCREDI | Le lendemain, en fin de journée, j'arrivais au studio de Jeha, un peu plus tard que prévu. Que voulez-vous, les imprévus, cela arrivait et nous avions modifié l'heure de notre rendez-vous. Peu importe, j'étais libre. Je sonnais à l'interphone, avant de m'engouffrer dans les couloirs, jusqu'à sa porte qu'il ouvra les secondes qui suivirent. « Hellooo ~ » lui lançais-je d'un sourire en levant les yeux vers lui. J'entrai lorsqu'il m'y invita, chargée d'un tas de choses à bout de bras. Un peu familière des lieux, je déposai sur le comptoir de la cuisine une large poche orangée, avec un dragon dessus. « J'ai acheté japonais en venant. Je me suis dit que ça serait plus pratique si on a faim après, j'espère que tu aimes ça, sinon... eh bien je saurais pour la prochaine fois ! » affirmai-je, d'un rictus enjoué. Aujourd'hui, j'étais plutôt de bonne humeur. J'avais concrétisé un projet ce matin en cours, et cela me faisait déjà ça en moins. Ce mois avait été terriblement long et lourd niveau travail, et j'étais bien heureuse que cela s'allège enfin, malgré le fait que j'aimais ce que je faisais. J'aimais être bourrée de travail, que voulez-vous. Entrant calmement dans la pièce principale, je reportai mon attention sur le brun, le dévisageant quelques instants, avant que nos regards se croisent silencieusement. Mais je ne détournai pas le mien pour autant. Il avait l'air d'aller mieux que la veille lui aussi, moins fatigué. Du moins, c'était ce que laissait transparaître son apparence extérieure. « Bon... Puisque je suis là, je ne peux plus reculer hm ? J'te préviens, je ne sais pas ce que va donner cette séance photo. » lui avouai-je, mes lèvres s'enroulant sur elle-même alors que je fixai l'espace blanc à quelques mètres de moi. Mais aucun défi ne te fait peur, tu es Kang So Ra. Tu assures toujours ! Je fermai le poing en signe d'encouragement envers moi-même, mon autre main resserrant sa poigne sur la large housse suspendue le long de mon avant-bras. « Ah ! Pendant que tu fais les derniers réglages, tu peux m'indiquer où je peux me changer ? » fis-je, en levant la housse opaque vers lui. Je portai un simple haut court noir et un jean (Tenue), un grand sac ornant mon épaule, c'était assez loin de ce que j'avais prévu d'enfiler pour le photoshoot. Quelques minutes plus tard, dans une autre pièce, mes vêtements tombèrent un à un sur le sol, les pliant sagement dans un coin et puis, je fis lentement glisser la fermeture éclair de la housse.. Trois pièces y étaient rangées. J'enfilai le bas sur mes jambes nues, le haut vint ensuite, le crochetant en un bustier ajusté. Je ne pouvais me voir ici, mais j'espérais que cela rendait aussi bien que lorsque je l'avais essayé la dernière fois. J'avais toujours des choses à redire les secondes fois.. Perfectionniste. Une touche de rouge à lèvre d'un rouge vif, mes prunelles déjà habillées d'un ton charbonneux me donnant un air terriblement félin à travers le miroir que je tenais. Et la touche finale, des chaussures exceptionnelles que je ne sortais que pour des occasions assez spéciales, sagement rangées dans une boîte au fond de mon sac. J'en nouai les fines boucles autour de mes chevilles, enfilant la dernière pièce, qui formait une sorte de voile derrière moi. Et puis, j'ouvrai la porte. (Tenue shoot)

Le claquement des talons annonçait mon arrivée, résonnant dans la pièce principale. Jeha me tournait le dos pour le moment, alors que je m'avançais dans les lieux, gagnant le plateau qui lui servait pour ses séances photos. Je plissai les yeux un instant sous la lumière qui m'avait ébloui quelques secondes, jusqu'à rapidement m'y habituer. Je réajustai le corset, m'assurant qu'il était bien centré et fermé, avant de laisser glisser les mains sur mes hanches. « Alors, qu'est-ce que tu en penses ? » lui lançai-je, au coeur de la blancheur du plateau. Il était le premier à voir la tenue noire portée. Elle était composée d'un bustier bi-matière (Tenue devant), décolleté et se fermant via des petits crochets dorés sur le devant. Le dos était mis à nu, habillé d'un lacet en tissus qui en faisait la finition. (Tenue derrière) Le bas était une simple culotte moulante, taille haute, cousue dans une matière souple et agréable au toucher. J'avais rajouté une large veste style kimono, dont j'avais découpé divers motifs ethniques qui donnait au tissu un aspect aéré. Et la pièce finale, les chaussures, dont le talon avait la forme d'un revolver, ce qui me donnait des allures de James Bond girl quand je les portais. (Shoes) C'était la première fois que je portais tout ensemble, j'espérais que les matières se mariaient plutôt bien entre elles. Je fis glisser ma chevelure caramel sur une épaule, les mèches légèrement ondulées y retombant. « Je viens de terminer tout ça, mais ce n'est qu'une ébauche pour le moment. Ce n'est peut-être pas encore assez.. » Je passais mes ongles le long de l'ouverture du bustier. « .. extravagant pour une scène. Ça manque un peu de paillettes, ce genre de choses, mais cela devrait bien rendre en photo je pense. A toi de mettre cela en valeur. » fis-je, en me cambrant avec charme, avant de m'avancer calmement au centre du plateau. Je me demandais si il allait rester au même endroit, ou se déplacer, j'allais bien voir sa manière de travailler. Quelques minutes plus tard, réajustant la frange sur mon front, la séance commença. Pour le moment, je demeurais dans le mètre carré invisible que je m'imposais. Je changeais les poses, l'emplacement de mes mains, de mes bras, je croisais et décroisais mes jambes, désarticulant mon corps de quelques centimètres pour que chaque photo ne soit jamais la même. L'expression aussi, tantôt sérieuse, charmeuse, espiègle.. Mais en réalité, n'était-ce pas un peu ennuyant ? J'avais l'impression d'être ennuyante, et bien trop simple. Et je n'aimais pas être simple, ce n'était absolument pas dans mon caractère. Et je ne me sentais pas pleinement à l'aise. Ce n'était pas lui, mais moi, je me sentais raide, même si cela ne se voyait peut être pas. Bridée, je me bridais. Ça manquait.. de rythme. Et puis, une idée m'est soudainement venue ! « ça t'ennuie que je mette un peu de musique ? Je pense que je serais plus à l'aise. » lui demandai-je. J'installai des petites enceintes sur un de ses plans de travail, que j'avais très souvent sur moi pour la danse, faisant défiler la playlist de mon portable. En voilà une qui serait parfaite pour commencer..

MUSIC 1 | Un air acoustique, une simple guitare, une voix de femme charismatique, et une voix d'homme, douce et plus en retrait. Dès les premières notes, un sourire se dessina sur mes lèvres. C'était mieux. Lentement, je laissais mes hanches se balancer de droite à gauche au rythme des percussions et le reste du corps avait fini par suivre. Roulant sur lui-même de quelques pas, mes talons marquant les temps. Un peu de playback, jusqu'à ce que je laisse échapper quelques paroles, le bout de ma langue caressant le rouge passion. Les bras montaient vers le haut, en des serpentins éphémères, s’effleurant. La chevelure se perdant dans mon dos alors que le cou s'étirait, une gorge laiteuse offerte. Sans en avoir conscience, je m'étais mise à danser, naturellement, sans prise de tête. Je ne pensais même plus à poser sur le moment, je lui laissais le loisir de capturer ce qui l’intéressait, sans vraiment m'en soucier. J'évoluai de quelques vagues, tournant avec lenteur, puis de profil, mon index chatouillant la lèvre inférieure. Et puis, je continuai, transperçant parfois la lentille de son appareil d'un regard en biais, posé, envoûtant. Je me reposais sur la mélodie, sur les mots, j'en suivais toutes les variances, les tonalités chaudes des deux voix côte à côte. Un ralentissement qui pouvait surprendre, mais moi, je connaissais parfaitement le morceau. Et la musique explosa ! Je me mis à sautiller littéralement sur place, on ne pouvait rester sans bouger avec un tel changement de rythme ! Je tournoyai soudainement sur moi-même, faisant voler le kimono dans les airs, avant de me stopper net, mon corps se cambrant sans prévenir en arrière puis se redressant aussi vivement, le caramel rebondissant le long de mon visage enjoué. Je réitérai plusieurs fois ces mouvements au cours de la chanson, dès que la batterie accélérait. Je l'adorais, elle était d'une chaleur.. On avait juste envie de s'amuser dessus ! Tout s'agita, des coups de hanches, aux coups d'épaules, tout le monde s'accordait l'un après l'autre. Le tissu retomba sur mes avant-bras, dévoilant la nuque que l'on apercevait de temps en temps, et les épaules dansantes. Je le remontai le long de ma jambe, dévoilant l'une de mes cuisses pulpeuses, le talon caressant en équilibre le mollet, les yeux noircis feintant un air joueur et séducteur en direction de Jeha, avant de recouvrir le tout d'un geste vif. Tu vois, tu vois plus. L'énergie du morceau me fît tournoyer partout sur le plateau, incapable de tenir en place. Je me demandais si le loup arrivait à me suivre, mais c'était bien les défis, non ? Rollin' on the river. A ces paroles, je me penchais vers l'avant en agitant mes épaules, puis je me redressais, les cheveux châtains rebondissant en l'air me donnaient un aspect sauvage et débridé. Trois fois de suite, mon souffle endiablé s'infiltrant entre mes lèvres entrouvertes, dont les coins se retroussaient avec ardeur. Une frénésie du corps qui s'emballe, sans la moindre retenue. Je faisais mine d'avoir la chanteuse dans la peau, quelques mimiques dans les termes anglais que je répétais, il fallait faire honneur à cette beauté afro-américaine que j'avais toujours admiré pour sa joie de vivre sur scène. Je voulais faire ressortir cela sur les clichés. Avions-nous réussi, lui et moi ? Les enceintes avalèrent les derniers instruments, alors que je lâchai une exclamation enchantée en m'y approchant. « ça va, t'as réussi à me suivre ? Tu croyais tout de même pas que tu allais rester pépère, sans bouger, en appuyant juste sur ton bouton rouge hmm ~ » lui lançai-je, d'un large sourire dans sa direction. Cela aurait été bien trop simple, voyons. La musique, c'était plutôt une bonne idée. J'étais partante pour continuer avec cette stratégie et voir ensuite ce qu'il avait capturé. Je réajustais les quelques mèches rebelles qui partaient un peu n'importe comment, alors que je réfléchissais devant ma playlist. Il me fallait un autre style.. Pile au moment où j'apercevais une chaise dans un coin et une chanson sélectionnée d'une teinte bleutée sur mon écran. Tiens.. Pourquoi pas celle-ci ? J'empruntai la chaise que j'installai sur le plateau, avant de mettre la nouvelle musique qui transcenda à nouveau le studio.

MUSIC 2 | Je marchais au rythme du morceau, faisant peu à peu descendre le kimono le long de mes bras. Jusqu'à l'enlever entièrement, dévoilant la tenue plus moulante, ajustée presque à la perfection. Je lançais le tissu hors-champ, balançant mes hanches de droite à gauche, mes mains se nichant derrière ma nuque. Et puis, je reculai de deux pas, pour m'asseoir. He met Marmalade down in old New Orleans. Les jambes se croisent, flirtent entre elles. Les mains y passent, avant que les gambettes ne s'écartent brusquement. Le regard reste beaucoup plus fixe que tout à l'heure, comme si il avait choisi une cible qu'il ne pouvait perdre. Elles se mettent de côté, puis s'ouvrent à nouveau en un large arc de cercle dans les airs pour passer de droite à gauche, mettant en valeur une souplesse évidente. Je m'étais mise debout à côté de la chaise, posant mon talon sur celle-ci, laissant vagabonder mes doigts.. la cuisse, le mollet.. remontant lentement jusqu'à mon fessier que j'assurais d'une petite tape. Prunelles aguicheuses. Je passai derrière la chaise, m'y appuyant de mes avants-bras, agitant mes hanches en arrière, avant de me redresser. Me maintenant d'une main contre le dossier, j'étirai l'une de mes jambes vers le plafond d'une moue amusée, la redescendant doucement. Je repris ma place d'origine sur la chaise, de profil, ondulant sur moi-même. Puis, je me laissai partir en arrière, m'accrochant au barreau derrière moi, me cambrant dans le vide. Les jambes croisées, j'y restai de longues secondes, jusqu'à remonter en une douce vague. Je me plaçai face à l'objectif, relevant brusquement le haut de mon buste en arrière, les cheveux châtains formant un halo caramel au-dessus de ma tête durant une brève seconde, avant de retomber sauvagement sur mes épaules dénudées. Pour la suite, je voulais lui faciliter la tâche pour une minute, choisissant de rester assise et de prendre différentes poses sans trop danser. Je fixai l'appareil braqué sur moi, ou plutôt l'homme qui était derrière, la chanson séductrice me poussant à le titiller. Les lèvres entrouvertes, une morsure sur l'inférieure. Les cils qui papillonnent, le sourire affamé qui s'étire. Les cuisses se croisent et se décroisent, jusqu'à ce que je me décide à changer de position, me mettant dos à Jeha, le dossier devant moi. Vue dégagée sur la courbe de mes reins, parcourue d'un lacet joliment entrelacé. La mâchoire se tourne vers l'épaule, quelques mèches brunes y retombant. Et puis, je change à nouveau en mettant la chaise de profil, mon corps aussi l'était. Le dos en profite pour se courber, ma tête s'appuyant en arrière contre les barreaux en acier. La poitrine gonflée et le regard qui glisse en biais, vers lui. Les doigts glissent et agressent celui qui regardera ce cliché. Ils glissent sur la peau pâle, dessinent, font un croquis de ma silhouette. Ils dépassent, s'aventurent sur le corset, comme si ils allaient l'ouvrir, mais n'en ont pourtant aucunement l'intention. Tel était le but de cette chanson. Tenter, et seulement tenter. Je me relevai enfin, ondoyant sur moi-même jusqu'à descendre en équilibre sur mes talons, remontant sensuellement dans ce rythme lent et saccadé (Ici). Je me mis ensuite de dos, agitant mes hanches, me retournant sur le côté, une vague parcourant mes cuisses jusqu'à mon fessier rebondi (Ici). Je continuai à enchaîner plusieurs petits mouvements de ce genre, arquant chaque partie de mon corps pour lui assurer une allure plus que féminine et attirante. Sexy. Du bout des pieds jusqu'à la pointe de mes cheveux. J'avais même fini par m'allonger par terre, sagement installée sur le ventre, le fessier s'attirant les regards en un arrondi provoquant (Ici). Une fois debout, je m'étais calée au fond du plateau, mettant la chaise sur le côté, avant d'avancer vers Jeha. Lentement, les talons se croisant, les cuisses s'effleurant, les hanches aguicheuses. Je m'avançais, un peu trop sans doute, m'arrêtant devant son appareil, devant lui, le déstabilisant certainement dans le petit rire qui m'échappa parmi les voix soul du morceau. Les voix soul qui scandaient des Voulez-vous coucher avec moi, ce soir ? Ensuite, j'avais fini par m'amuser, par tourner sur moi-même, sautillant, jouant de mes atouts de femme que je savais parfaitement distinguer, et mettre en valeur. On danse, on danse et on sourit avec la bouche, avec les yeux enjôleurs.. (Ici) Et la musique s'arrêta.

« On fait une pause, tu me montres ce que ça donne ? » lui demandai-je en sortant de la zone éclairée pour le rejoindre. Je passais les mains dans ma nuque, soulevant les cheveux qui me tenaient soudainement bien chaud. Les joues légèrement rougies, je me penchai à côté de lui, nos épaules se touchant, nos avant-bras se frôlant alors que je montrai du doigt une photo, apparaissant à l'écran de l'appareil, qui me plaisait. C'était une sur la chaise, de dos, avec le lacet qui l'habillait. « J'aime beaucoup.. J'adore ce genre de cliché, de dos, j'trouve que c'est assez sensuel, surtout sans aucun haut. Ça sera pour une prochaine fois.. » commentai-je, d'une voix plus grave et charmeuse, une chaleur se dégageant entre nos deux peaux si proches.. avant de m'éloigner, lâchant un lourd soupir. « Pfiou ~ Je peux me servir un verre d'eau ? » lui demandai-je, me dirigeant vers la cuisine où la soif m'appelait. J'emportai mon verre avec moi, en délaissant un pour Jeha à côté de l'ordinateur où les photos qu'il chargait, défilaient. Je reprenais mon souffle qui, doucement, se calmait peu à peu. « Alors.. est-ce qu'il n'y a qu'un cliché sur vingt qui est bon, ou j'ai plutôt bien assurée et tu es splendidement comblé ? » lui lançai-je à côté de lui d'un nouveau sourire taquin. Je buvais une gorgée, mes cils noircis battant en rythme en direction du grand écran, une goutte d'eau s'échappant d'entre mes lèvres, coulant lentement jusqu'à ma gorge..        

    
 

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Re: [+18] You're getting close and the lights are off (+) jera | Ven 21 Juil - 5:01
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Tu me rends dingue. Tes regards, ton souffle, tes mimiques. Un toucher. La colère et la frustration. J'oscille, déchiré, entre conscience et inconscience, entre raison et désir, entre retenu et érotisme. J'aimerais dire non. J'aimerais affirmer que tu ne m'obsèdes pas. Physiquement. Un fantasme, qui ternit cette « amitié » imaginée, qui rougit une relation sans nom en y ajoutant une touche de tension et un grain de folie. J'aimerais dire oui. Puis tourner la page, oublier et peut-être enfin te considérer comme une des amies ayant réussit à forcer un passage qui ne flirte pas avec le danger.
 


TENUE Tu n'es pas drôle. Ces mots, qu'elle m'inspirait à chacune de nos rencontres, restèrent coincés dans une gorge étranglée par les prémices d'une panique familières. Puis ils s'évanouirent, de même que l'agacement qui les accompagnait, dès que mon front s'appuya contre la vitre glacée d'une voiture au moteur ronronnant. Nul autre bruit ne perturbait ce semblant de silence, comme si elle avait sentit que j'avais besoin de quelques secondes de solitude. Mais qu'elle parle ou s'abstienne, je ne parvenais pas à l'oublier, et ce même dans l'obscurité imposée par mes paupières closes. Je restais douloureusement conscient de sa présence. Je respirai son parfum, percevais son souffle, ses quelques mouvements contre son siège. Comment chasser l'angoisse quand celle qui la provoquait était si proche ? Mes lèvres se fuirent, l'air glissa. Il coula, sans emporter mes pensées, sans froisser les images, sans noyer le sang qui échauffait mes veines. Mais mes poumons gonflèrent et la panique acheva de se diluer dans les quelques syllabes qu'elle prononça brusquement. Je rouvris les yeux et me tournai vers elle, étonné qu'elle ait pu céder. Néanmoins … je ne parvenais pas à m'en contenter. Je me sentais encore redevable, hors c'était un sentiment que je me refusais d'éprouver à son égard. Aussi l'idée fusa t-elle et s'échappa sans que je ne puisse la retenir ou l'analyser. Je m'en empêchais. Au contraire, je plongeai tête la première dans un compromis qui soulagerait le poids d'une acceptation qu'elle m'imposait à moitié. La surprise noya l'or brun qui parait ses iris, suivit de  l'amusement. J'esquissai un sourire crispé et retins la remarque qui titillait mes lèvres pressées. Si la situation ne m'y avait pas contraint, jamais je n'aurais ne serait-ce qu'effleuré à nouveau cette idée. Mais cette femme avait le don de me faire faire des choses inattendus, comme celui de me prendre par surprise, tant par ses gestes que par ses mots. Mes pupilles gonflèrent, nuages d'encre dans deux amandes écarquillées. « Que tu sois celle qui prononce ces mots me perturbe moi. » lâchai-je, décontenancé qu'elle puisse voir les choses sous cet angle après la bataille acharnée que je venais de mener contre elle pour obtenir une moitié de prix. Mais ce combat n'était rien face à celui qu'elle provoqua lorsque sa lèvre disparue entre ses dents. Mes cils s'abaissèrent, voilèrent une partie d'un tableau qui m'échappa lorsqu'elle se pencha soudainement. Je reculai, instinctivement sur la défensive. « Quoi ? » Mon sourcil s'arqua à sa question inattendue. Ne pas m'inspirer ? Le rire piqua mes yeux et fis tressauter ma lèvre inférieure. Savait-elle seulement qu'elle m'inspirait justement trop ? J'étais incapable de me retrouver dans la même pièce qu'elle sans songer à tout ce que je m'interdisais. A tout ce que mon corps désirait et que mon esprit refusait. « J'en doute fortement ... » murmurai-je inaudible entre mes dents. « Quand à m'armer de patience … tu n'as visiblement aucune idée de celle que je déploie déjà pour toi au quotidien. » Si elle avait été une autre, il n'y aurait jamais eu de négociation et l'appareil aurait retrouvé sa légitime propriétaire manu militari. Mais Sora était aussi bornée que je pouvais l'être et tenter de lui faire entendre raison était aussi difficile que de ne pas nourrir de fantasme à son égard. Je l'effleurai de deux obsidiennes sombres et pensives, sans parvenir à comprendre ce que je ressentais réellement vis à vis de la situation. Une part de moi même continuait à maudire le soir où je m'étais obstiné à lui parler. Si, pour une fois, je m'étais contenté de la fermer … je me serais épargné déboires, nuits douloureuses et réflexions intensives. La seconde, quand à elle, commençait à s'interroger sur le bien fondé d'une décision de plus en plus difficile à tenir. Me tenir éloigné de mes propres désirs ne faisait qu'exacerber la tension qui me pourrissait et qu'un rien de sa part suffisait à intensifier. « Demain 17heures » acceptai-je sans broncher, préférant en finir le plus rapidement possible. Je fus cependant moins prompt à accepter sa main tendue. Une main que j'avais pourtant tenue et serrée moins d'une demi heure plus tôt. Une main dont la chaleur et le poids avait été une force face à un homme que l'on exécrait autant l'un que l'autre … ou presque. Ne sois pas ridicule Je Ha. Je levai la mienne et embrassai sa paume de mes doigts. « C'est ton photoshoot, tu es libre. » acceptai-je en la lâchant, sans avoir la moindre idée de ce qui m'attendait réellement. Je pensais me protéger. Mais la seule chose que j'étais parvenue à faire était de m'embourber plus profondément dans l'hésitation permanente qu'elle représentait.

TENUE L'eau roula paresseusement sur ma tempe, comme si elle prenait le temps de goutter la fraîcheur d'un épiderme en sursis. Je l'essuyai du pouce puis frottai vigoureusement mes cheveux. La serviette, épaisse, masquait à peine les fortes lumières qui baignaient le loft en cette fin d'après midi. Je coulai un regard à ma montre posée sur le lavabo et jetai la serviette dans le bac à linge. Mes cheveux, encore légèrement humides, retombèrent lourdement sur mon front. J'y glissai les doigts pour les plaquer en arrière et retournai dans la pièce principale pour vérifier une dernière fois les réglages. J'avais passé l'après midi à ajuster l'appareil et à le tester. Même modèle, même poids … si l'ancien n'avait pas encore trôner sur l'un des meubles, j'en aurais presque oublié qu'il ne m'appartenait pas. De base. Le temps glissa, poursuivit sa course. Insensible à l'horaire ou aux variations de la lumière, je ne fus conscient de son passage que grâce aux ondulations brunes qui retombaient souplement sur mon front, signe qu'elles séchaient sous la chaleur. Je soufflai sur l'une d'entre elle, tandis que la sonnerie de mon portable retentissait dans l'appartement. Délaissant mon appareil, j'attrapai le téléphone abandonné sur la table de la cuisine et décrochai en lisant le nom de ma petite sœur. Sa voix familière résonna et apaisa ce début d'appréhension que l'attente faisait naître. Malgré la fierté, malgré l'atmosphère résolument professionnelle qui régnait dans la pièce, je ne pouvais pas m'empêcher de redouter ce qui m'attendait. Sora avait le don de transformer chacune de nos rencontres en cauchemars personnel, et ce au point qu'il était miraculeux que j'ai pu m'attacher à elle ne serait-ce que d'un iota. « Je ne pourrais pas venir. » répondis-je quand elle répéta sa question. « J'ai un photoshoot dans moins de ... dix minutes. » Je m'adossai contre le plan de travail et baissai la tête, les jambes tendues. « Aucune idée. Je ne pense pas que ce sera long mais on ne sait jamais. » Surtout avec Sora. Sora l'imprévisible. La sonnerie retentit au même moment et je me redressai pour m'approcher de l'interphone et déverrouiller la porte d'entrée de l'immeuble. « Si je finis plus tôt je t'appelle mais je serais sans doute crevé de toute manière. » Concentré de moitié sur les arguments d'une sœur têtue, j'ouvris la porte et dévoilai la silhouette de Sora dans l'embrasure. Mon premier réflexe fut de détailler cette fameuse tenue qu'elle s'était choisie. Un top noir mettait sa poitrine en valeur et s'arrêtait au dessus de son nombril, comme pour souligner la finesse de son ventre musclé. Un jean simple, quoique déchiré par endroit, l'accompagnait. Le soulagement apaisa l'ombre qui baignait mes pupilles. Inconsciemment, je m'étais attendu à tout sauf à une tenue …. presque normale. « Entre. » J'ouvris complètement la porte pour la laisser entrer et refermai derrière elle, téléphone toujours en main. « Je te laisse, mon rendez-vous est arrivé. Je t’appellerais. Mmmh promis. » Je raccrochai en suivant des yeux la jeune femme, qui posa dans la cuisine un énorme sac frappé à l'effigie d'un dragon. « Tu as acheté japonais ... » repris-je en levant un sourcil, persuadé d'avoir demandé moins de vingt-quatre plus tôt à ce qu'elle ne débourse plus d'argent pour moi. Je mordis néanmoins ma langue et retins la remarque acerbe qui me démangeait. Ce n'était que quelques plats, pour lesquels je ne pouvais pas me permettre de perdre dix minutes supplémentaires en palabres. « Tu n'aurais pas dû. » m'efforçais-je de prononcer en frottant le bas de ma nuque. « Merci. » Ce fut un souffle à peine audible, une acceptation hésitante et difficilement arrachée. Les doigts dans ma chevelure sombre, je laissai retomber mon bras et glissai les mains dans les poches de mon jean avant de croiser son regard ambré. Pourquoi me sentais-je aussi mal à l'aise ? « Je le saurais pour deux. » répondis-je simplement à sa remarque en m'approchant de l'appareil photo. « Tu n'auras qu'à suivre ton instinct et sinon je te guiderais. Ça ira tout seul. » la rassurai-je en retirant le capuchon. Mais mes doigts s'immobilisèrent sur le cercle noir tandis que je me tournai vers elle, le sourcil arqué. Évidemment … comment avais-je pu croire deux secondes qu'elle poserait dans une tenue aussi simple ? « Tu peux aller derrière. » lui indiquai-je. Elle s'éloigna, sac à la main, et je reportais mon intention sur le cache que je tenais toujours serré entre mes doigts. Je le posais sur le bar, près d'un téléphone qui sonna de nouveau. « Dis moi. » répondis-je les coudes posés sur le bois. « Non, je n'ai pas parlé à Min Ri de la semaine. Pourquoi ? » Mes doigts frôlèrent deux arcades sourcilières tendues. « Si j'ai deux minutes. » Des claquements résonnèrent dans mon dos et les battements de mon cœur s'y calquèrent. Un rictus étira mes lèvres, desquels s'échappa un soupir moqueur. Il n'y avait aucune raison d'appréhender une simple …Ma voix intérieure se tue, soufflée par un spectacle qui légitimait toutes mes craintes. Oublié la tenue casual et le soulagement qui m'avait envahit à l'ouverture de la porte. Elle portait à présent un corset noir qui relevait ses seins, et dont les attaches dorées attiraient le regard pour le mener jusqu'à un bas … un bas unique et solitaire qui ne voilait que le minimum. Seule une paire de talons vertigineux complétait le tableau, en allongeant ses jambes nues aux muscles savamment dessinés, ainsi qu'une longue veste transparente. « C'est quoi cette tenue ? » m'exclamai-je, sans savoir si j'étais fasciné ou catastrophé par son choix. « Quelle tenue ? » Immobile, je fixais la jeune femme, sans parvenir à ordonner mes pensées si ce n'est celles qui insultaient mon manque d'intelligence. Mais quelle idée … quelle idée stupide et improbable avais-je eu de lui proposer cette séance. Étais-je à ce point masochiste ? Ou seulement naïf ? « Je Ha ? » « Je te laisse. » Je raccrochais, sans attendre de réponse de la part d'une cadette sur laquelle j'étais incapable de me focaliser. L'habitude me poussait à imaginer une porte de sortie et il m'en fallut de peu pour que je n'annule pas cette séance qui se présentait dans les pires conditions possibles. Je posais le téléphone sans quitter la brune des yeux qui, bras levé, repoussait sa lourde chevelure sur son épaule droite. Puis sa main navigua, au rythme de ses mots, sur les attaches qui retenaient ce qu'elle appelait un vêtement. « Ce que j'en pense … » murmurai-je avec un soupçon d'ironie, les lèvres crispées. « J'en pense que je plains sincèrement l'homme avec qui tu sortiras si tu comptes porter ça sur scène. » Détournant les yeux de son corps félin, je m'approchais du trépied et baissai la tête pour regarder dans le viseur. Elle était différente via l'écran. Inaccessible. Une image à capturer …. Je levai légèrement le menton vers elle alors qu'elle s'avançait. Je n'avais qu'à figer toutes ses sensations lourdes et ingérables que j'éprouvais à son égard. « Regarde moi. » Oubliant pulsions et fantasmes, je laissai parler et ressentir l'artiste qui, jusqu'ici, sommeillait. Hors Sora était pour lui une perle. Bien plus douée que ce qu'elle avait craint, j'avais peu à faire si ce n'est me sensibiliser à sa gestuelle pour mieux la photographier. Néanmoins, je ne fus pas long à remarquer qu'elle se retenait. Je me redressai légèrement pour la suivre des yeux, sans me protéger derrière un écran réducteur. Même si elle exhalait un naturel indéniable, son hésitation et son mal être étaient perceptibles. « A quoi penses tu ? » Établir un dialogue suffisait parfois à détourner suffisamment l'attention du mannequin pour qu'il oublie ses pensées les plus négatives. Mais la jeune femme avait une autre idée. Une idée qui lui ressemblait. « Je n'ai rien contre. » opinai-je simplement. Cette femme était beaucoup de chose mais, quelque soit l'étiquette que je lui accolais, elle était surtout une succession de mauvaises décisions. Celle ci était probablement l'une des pires que j'ai pris jusqu'ici car elle me poussait vers le rebord d'un ravin dont je ne percevais pas encore la présence. Un ravin dans lequel je ne pouvais que chuter.

Les premières notes furent jouées. Elle fut transcendée. Effleurée par les ailes de la musique, son visage s'illumina et son corps retrouva cette félinité qui était sienne. Fasciné par son changement d'attitude et sa manière de bouger, je retirai l'appareil photo de son support et l'approchai pour suivre sa danse de plus près. L'inspiration naquit dans ses pas, dans les rotations de ses poignets, dans le balancement de ses hanches et le voile mouvant de ses cheveux bruns. Elle fut même dans le regard charmeur qu'elle m'offrit en biais, touche de sensualité dans son tableau chorégraphié. Avait-elle seulement idée de ce qu'elle dégageait ? Ce mélange de beauté éthérée et de chaude volupté ? Je m'appuyais sur ce contraste pour prendre la série de cliché qui suivit, et ce jusqu'à ce que la musique s'emballe en entraînant Sora dans son sillage. Elle tournoya sur le rythme endiablé, si vite que je ne sus voir aucune des expressions que dessinaient ses traits noyés par la passion. Mon index travailla à capturer chacune d'entre elle, à glorifier le plaisir qui inondait ses yeux, étirait ses lèvres pulpeuses et rougissait ses joues crémeuses. Le kimono, ombre délicate et légère, la suivait par vagues et dévoilait ses courbes selon les pas esquissés par la danseuse. Jusqu'à cette immobilité brusque, cette cambrure inattendue qui fit voler sa chevelure et ressortir ses seins. Le doigt sur l'objectif, je laissai parler mon propre instinct et, laissant Sora dans son univers, m'éloignai de quelques pas pour rapprocher une chaise. J'y montai et pied, sur le dossier, me penchai légèrement sur elle pour la prendre de hauteur. Le flash crépita … puis le doigt ripa lorsque je remarquais le grain de beauté sur son sein ourlé. Des éclats mordirent la pulpe de mes doigts et une salve brûlante irradia mes veines malmenées. Je m'appuyai sur ma jambe arrière pour ne pas trébucher, à la fois sur le sol et sur un désir tourmenté. Pourquoi fallait-il qu'il renaisse au moment où son regard se posait de nouveau sur moi, avec cet éclat qui ajoutait de l'huile sur un feu déjà brûlant ? Elle roula des épaule et je m'accroupis pour ne prendre que le haut d'un corps mouvant. Le tissu qui glisse, dévoile, rebondit. L'eau noir qui coule, qui effleure, caresse, recouvre. Concentre toi. Mais ce n'était pas si dur. Le travail donnait une excuse à ma conscience, si ce n'est à mon orgueil, de regarder ce sur quoi je ne voulais jamais m'attarder d'ordinaire. La courbe d'une épaule, la finesse d'un bras musclé, la rondeur d'une hanche, la nudité d'une cuisse étirée. Je la mirai, si ce n'est la dévorai des yeux, en usant lâchement d'un appareil photo comme bouclier et raison. Et, comme si elle pressentit cet intérêt mal assumé, Sora en joua. La parure transparente fut un pan d'obscurité sur son corps dansant, qu'elle usa pour dévoiler et dérober. Je m'adaptais sans mot dire et baissai la tête pour ne regarder qu'au travers de viseur. Descendant de la chaise, je passai derrière elle tandis qu'elle tournoyait, le souffle court et le buste ondoyant. Puis elle se pencha, fouettant l'air de sa crinière. Une fois, deux fois, pour souligner de son être les dernières notes d'une chanson qui finit par rendre l'âme dans les hauts parleurs portatifs. Elle se redressa, féline, et s'approcha des enceintes. Sans redresser la tête, je posai de nouveau l'appareil sur le trépied. « Je savais, avant même que tu passes cette porte, que tu trouverais un moyen de me compliquer la vie. » répliquai-je, non sans une pointe d'humour. Même s'il avait frôlé l’ambiguïté, j'avais aimé ces quelques minutes. Nos passions s'étaient entrechoquées et j'avais aimé photographier cette part d'elle qui me fascinait plus que je ne désirais l'admettre. Elle dégageait énormément de choses quand elle s'abandonnait ainsi à la danse et j'y avais été sensible plus d'une fois. Mais qui de l'homme ou du photographe était le plus attiré ?

Une nouvelle chanson m'arracha à cette interrogation dont je connaissais la réponse. Mon premier regard fut pour la chaise, le second pour la jeune femme qui se déshabillait. Son kimono délaissa ses épaules et révéla un dos à la colonne dessinée par les cordons noirs qui retenaient le bustier. Déconcerté, je n'eus pas la présence d'esprit d'appuyer sur le bouton. Je la suivais des yeux, en détaillant sa tenue moulante et minimaliste. Profitant de mon hébétude muette, elle prit place sur la chaise puis fis valser des jambes sur lesquelles elle faisait courir savamment ses mains fines. Cuisses, genoux, ses doigts effleuraient sa peau comme s'il s'agissait d'un instrument de musique. Il me fallut quelques secondes pour me rendre compte que je m'étais figé, happé par une scène qui m'avait fait oublier le but premier de ma présence dans ce studio. Je secouai brutalement la tête et la baissai vers le viseur. Mais cette fois, l'écran fut d'un secours discutable. La voir debout, talon contre la chaise, à se frôler de doigts écarlates ne m'aidaient pas à me concentrer. Pas plus que … Voulez vous coucher avec moi … ce soir. Ils résonnèrent en écho dans un cerveau à la température grimpante. Le rire éclata, nerveux et bref, comme pour soustraire mon esprit corrompu par les mouvements lascifs de la danseuse. Je n'arrivais pas même à me concentrer. Où était passé le professionnel efficace et fier de son boulot ? N'avais-je donc aucune tenue, aucune résistance ou mieux encore, aucune fierté ? Je soufflai ma nervosité et me concentrai sur ce que je voyais dans le viseur. Jambe levée, descente assurée, lèvres plissées. Je crispai les doigts et me raidis. Résultat, la touche trop enfoncée ripa et l'appareil déséquilibré manqua sa cible. Dents serrées, je le rétablis en me fustigeant intérieurement. Ce n'était qu'une femme parmi tant d'autres. Non en réalité c'était une amie. Amie. Cette fille est comme une tablette de chocolat. Incapable de m'en empêcher, je redressai le menton lorsqu'elle se cambra en arrière. Je retins mon souffle lorsqu'elle cessa de bouger, et ce jusqu'à ce qu'elle remonte avec une grâce aérienne. Retrouvant, un peu de mes instincts professionnels, je levai l'appareil et la mitraillai. Mais ma concentration s'était diluée dans les mots percutants d'une chanson redondante, et plus sûrement encore dans le spectacle qu'elle offrait. Auréolée par une chevelure qui retombait en cascade, elle fit le tour de son support pour s'y asseoir de nouveau … et planta son regard dans le mien. Mon souffle s'étira et je sentis chacun de mes muscles durcir. Malgré l'écran interposé, j'étais sensible à la profondeur de ces deux ambres qu'elle dardait sur moi, comme aux mouvements érotiques de sa bouche. Voulez vous coucher avec moi. Elle allait me rendre fou. Je pris une profonde inspiration et baissai les paupières jusqu'à ce qu'elle se redresse. Libéré d'un regard trop intense, je me raclai la gorge et soulevai l'appareil pour m'avancer légèrement. Mauvaise, terrible, cauchemardesque idée. Pourquoi avait-il fallut que je m'avance alors qu'elle offrait ainsi son dos, et par conséquence son fessier, à mon regard déjà éprouvé ? Néanmoins fasciné par le travail et les finissions de son corset, je parvins à me concentrer suffisamment sur la pièce pour oublier la sourde tension qui menaçait de submerger un corps en perdition. Mes doigts glissèrent sur l'objectif et le firent coulisser pour zoomer … elle se retourna, se cambra en arrière, offrant sa poitrine à la caméra. Je ripais. « Et merde ! » m'exclamai-je avant de me mordre la lèvre. Le sang perla, libéré par une peau déchirée et envahit ma bouche d'un goût métallique qui ne doucha aucune des sensations qu'elle faisait naître. Mais j'abandonnais toute idée de jouer avec les boutons quand elle fit courir sa main sur les attaches de son vêtement, comme si elle s'apprêtait à se déshabiller. A découvrir son buste en écartant les pans de la pièce sombre. Comme si elle s'apprêtait à offrir plus qu'une danse déjà torturante. Je reculais. Elle se redressa. Ondoya. Plus qu'une femme, elle était la danse elle même. Elle était sensualité, elle était torture. Elle me prenait la tête! Ses cheveux volèrent et elle continua à onduler, à l'image d'un serpent hypnotique, jusqu'à se coucher par terre pour surjouer d'un talent qui massacrait chacune de mes neurones. La mâchoire crispée, je n'entendais plus que ces mots répétés à l'infini alors qu'elle se déhanchait avec une précision diabolique. Très bien. J'en avais envie. Terriblement et au point que j'étais à deux doigts de perdre la tête. L'accepter dénoua légèrement la tension qui pesait sur ma nuque et me donna la force de lever à nouveau l'appareil vers elle pour reprendre un boulot qui avait perdu tout son sens. Rien n'était professionnel dans cette séance. Rien. En quelques mouvements, elle venait de me faire perdre de vue ce qui était le plus important pour moi. Mais au moins, elle me forçait à prendre conscience d'une chose. Cette fille est comme une tablette de chocolat. J'inspirai profondément et me concentrai sur elle. Qui s'avança, s'approcha, les yeux rivés sur l'appareil. Jusqu'à ce rire. Je levai les yeux pour effleurer les siens des miens. « Oui. » Je l'avais lancé instinctivement. Quelques lettres qui se perdirent, en réponse à cette question répétée inlassablement. La musique se termina quelques secondes plus tard. J'ignorais si elle avait entendu, mais je l'avais admis plus pour moi que pour elle. J'avais envie de coucher avec elle. De balancer pour un soir tout ce qui me retenait. D'oublier quelques heures les pourquoi, les comment et les raisons à la con.

« Mmmh. » Je m'éloignai et m'installai sur ma chaise pour introduire la carte mémoire dans l'ordinateur. Les clichés apparurent et je les fis défiler. Il n'était pas difficile de se rendre compte que le sujet me laissait tout sauf indifférent. Le cadre, les zooms … La jeune femme me frôla et mon premier réflexe fut de reculer. Mais je me forçais à me détendre et pire encore à accepter les frissons qu'une telle proximité déclenchait sous ma peau. « Je peux te prendre à demi nue Sora … mais tu sais aussi bien que moi qu'il n'y aura pas de prochaine fois. » Elle s'éloigna, poursuivit d'une prise de conscience et d'une évidence. Je venais de faire un pas dont elle ne pouvait pas avoir conscience en admettant subtilement que je désirais plus. Mais vouloir une parenthèse n'était pas remettre en question tout ce que je voulais protéger, à commencer par mon équilibre. Une parenthèse … avais-je seulement conscience de ce que j'étais en train d'imaginer ? Je passai les mains sur mon visage et les glissai dans mon épaisse chevelure brune. J'étais incapable de réfléchir mais plus encore, je n'en avais aucune envie. Je ne m'étais plus écouté depuis des mois et mon obstination me faisait frôler la folie plus que la tranquillité à laquelle j'aspirais. Aaaaah et merde ! « Comblé ... » éclatai-je de rire contre mes paumes avant de me tourner vers elle, le siège suivant implicitement le mouvement de mon corps. « C'est sans doute la chose la plus ironique que tu m'aies jamais dite. » ajoutai-je en m'efforçant de calmer la frénésie de pensées qui heurtaient sourdement mes tempes. Je respirai quelques secondes, puis repris la souris pour faire défiler des photos qui exposaient plus sûrement ce que je ressentais que mon attitude. Pourtant, elle était aussi transparente. Un souffle plus court, une tension plus sourde. J'étais sensible à sa présence et ça me frustrait. Ma propre faiblesse me frustrait. « Je n'ai plus d'avis professionnel à te soumettre puisque tu l'as bousillé mais oui tu as assuré. Trop bien. » Je m''arrêtai sur le cliché suivant, dont le flou ne parvenait pas à dissimuler un cadrage raté. Sora n’apparaissait que sur la droite et le sol en était la vedette. Je plissai les lèvres et le supprimai. Malheureusement, ce n'était pas la seule photo manquée. Je vis défiler une dizaines d'erreurs et autant de preuves attestant de la disparition du photographe au profit de l'homme. Étrangement calme, je m'appliquais à les supprimer jusqu'à ce qu'une goutte d'eau détourne mon attention d'un orgueil blessé. Je posai les yeux sur la trace d'humidité abandonnée sur mon bras puis les levai vers la jeune femme. Une seconde goutte roulait sur sa gorge, énième tentation translucide sur sa peau marbrée. Je me redressai, souplement et lui fis face. Le mouvement fut lent, mes doigts paresseux. Ils se posèrent sur sa gorge, glissèrent jusqu'à cette perle que mon pouce recueillit d'une caresse. La toucher exacerbait le désir que je ressentais à son égard, désir qui effaçait chacune de mes idées fixes la concernant. « Si j'étais intelligent … je te dirais de foutre le camps. » murmurai-je gravement en plongeant dans son regard mordoré. « Et si tu l'étais, tu te serais rendue compte que ce photoshoot était tout sauf réussit professionnellement. » Je me penchai légèrement vers elle, comme pour goutter au souffle que laissait échapper ses lèvres entrouvertes. Le rideau de mes cils voyagea, ma gorge se serra. Je brûlais de presser mes lèvres aux siennes et de revivre ce qui m'avait hanté pendant des nuits. « Si tu as envie de faire quelque chose de plus, c'est maintenant. » Le désir battait chacune de mes syllabes et coulait dans mes prunelles gonflées. « Parce que même si tu n'es pas comblée, je ne te le reproposerais pas. » la prévins-je en saisissant son verre pour le porter à mes lèvres. Je bus d'une traite les quelques gorgées restantes, puis lui tendis son bien vide avant de reculer et de récupérer ma carte mémoire. Je la fis glisser dans l'appareil et m'éloignai, les sens en ébullition. Ma paume s'appuya contre ma nuque, puis sur le trépied que je déplaçais sur le côté de la scène. Alors je m'approchai de la chaise, que j'effleurai des doigts avant de la saisir et de la déplacer également. Elle racla le sol, en un bruit qui n'était plus suffisant. Le passé s'était tu. J'étais écroué dans un présent, un moment, une seconde qui ne cessait de se renouveler. J'allumai l'appareil et le tournai vers celle qui approchait. Le flash captura ce que je ne regardais pas. Elle était celle que je fixais. Tu vas le regretter. Probablement. Certainement.

« Cette nuit là ... » commençai-je sans la quitter de deux obsidiennes sombres aux échos profonds. « Tu m'as prouvé que tu aimais les défis et les marchés. Si je te propose maintenant de m'offrir deux minutes de ton temps contre deux minutes du mien, que réponds tu ? » Mes mots s'étirèrent puis s'évanouirent entre nous. Mais je n'attendis pas qu'elle entrouvre les lèvres pour donner son point de vue. La laissant méditer, je passai l'appareil photo autour de mon cou puis m'éloignai pour rejoindre le dressing dans lequel je récupérai un des patchwork blanc qui y était rangé. Alors je revins sur mes pas et l'étendis sur le parquet, là où avait été posé la chaise quelques minutes auparavant. Elle s'était échinée, seconde après seconde et inconsciemment, à saper toutes mes défenses. Elles s'étaient fracassées, autant sur ses mouvements que sur les paroles de mon oncle. Je frottais mes paupières, peu certain d'avoir pris la bonne décision. Et pourtant … « Tu t'allonges et tu me laisses te photographier. » lui dis-je en tournant la tête vers elle. Je n'avais aucune idée d'où me venait ce tableau. Malgré tout, et avant tout autre geste, j'avais besoin de me prouver à moi même que cette femme n'assassinait pas tout ce qui comptait pour moi. Elle s'approcha puis s'allongea. Ses cheveux formèrent un halo autour de son visage dessiné. Je me penchai et glissai les doigts dans sa chevelure pour les éparpiller puis, à moitié accroupi, levai l'appareil photo. Je le sentis au moment où je coulai un regard dans le viseur. Je n'avais pas su le faire, durant toute la séance, car je m'étais obstiné à séparer les deux comme je m'étais entêté à ne jamais penser consciemment à Sora en ces termes. Mais maintenant que j'avais admis, pour quelques heures, le désir que j'éprouvais pour elle, mes deux facettes se retrouvaient. Fusionnaient. Je la guidais, calmement, lui donnai des instruction suivant ce que mon inspiration murmurait. Je finis par baisser mon appareil pour tendre la main et pincer légèrement ses joues. Mon pouce et mon index s'enfoncèrent dans sa peau laiteuse et firent naître un voile de rougeur qui se répandit sous son épiderme. Elle était satin sous la pulpe qui glissa jusqu'à sa mâchoire avant de fuir. Je brûlais de la toucher. D'aller plus loin. Mais une nouvelle fois je me bridais, pour des raisons néanmoins différentes. Je ne voulais pas fuir, je voulais seulement reprendre un contrôle effiloché. Mon orgueil parlait, tant personnel que professionnel. Je la pris sous différents angles, dans différentes positions. Sur le ventre, sur le flanc. Debout ou allongé par terre, je laissai mon imagination prendre le dessus jusqu'à me redresser pour faire défiler les clichés sur l'écran interne. « Trois minutes quarante. » commentai-je avec une pointe d'humour dans mes pupilles dilatées. Malgré la situation, j'étais parvenu à passer outre les fantasmes. Bien qu'elle eut été allongée, la scène avait été  plus intemporelle que ses danses sensuelles et passionnées. Puis j'avais déjà atteint un point de non retour.

« Une seule ... » Les mots filèrent dès qu'elle se releva, comme un écho au passé et à une nuit avortée. J'effleurai son visage, plongeai dans deux puits fauves. «  .. demande. » achevai-je en la fixant. « Tu as trois minutes et quarante secondes pour compléter ce photoshoot comme tu l'entends. » Mes lèvres se fuirent et l'air y glissa pour effleurer ma langue. « Trois minutes et une poignée de secondes avant que je ne laisse définitivement tomber ce simulacre pour te demander de passer la nuit avec moi. » Je venais de signer une reddition de quelques mots, soufflés dans l'air d'une voix rauque mais assurée. Une seule, lui avais-je dit avec plus d'alcool dans les veines que de sang. Néanmoins, elle avait eu raison. Ce n'était pas l'alcool qui m'avait fait parlé cette nuit là, pas plus qu'il n'avait été à l'origine du désir que j'éprouvais pour elle. Une tablette de chocolat …. Il suffisait d'une fois pour oublier. Goûter, connaître …. et tourner la page.
 
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Re: [+18] You're getting close and the lights are off (+) jera | Lun 24 Juil - 14:50
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You're getting close and the lights are off
Je Ha & Sora





LOOK DU MARDI

Oui, je portais cela sur scène, de l'escarpin original au corset moulant à souhait. Et si il trouvait cela surprenant, il n'avait encore rien vu. C'était certainement la pièce la plus sobre que j'avais pu créer. Comme je lui avais dit, elle n'était pour l'instant qu'une base, qu'une ébauche d'une silhouette que je voulais garder en tête pour une tenue plus.. extravagante. Cela manquait de brillance, de paillettes, d'un mélange de matières plus savamment exécuté.. Je pouvais faire beaucoup mieux, et cet esquisse n'était qu'un début. Ça manquait de transparence.. de perles pâles qui coulent sur une peau dénudée.. Plaindre l'homme avec qui je sortirais.. Tous s'en était plus ou moins plaint. On te regarde, on t'admire, on te dévore.. trop. Et alors ? Cela n'allait pas plus loin, ce n'était qu'une séduction scénique, qu'une illusion le temps d'un numéro. Tel était le concept du Nymphéa, ainsi que celui du club dans lequel j'avais baigné à New York, durant mon adolescence. Il n'y avait rien de déshonorant, de rabaissant. Je choisissais tout ce que je portais, je pouvais modifier celles que l'on mettait en groupe, si j'en faisais de même avec celles de mes collègues. Ça me plaisait. Ma griffe était souvent portée par chacune d'entre elles, même les hommes y passaient. C'était long, ça me prenait du temps, beaucoup de temps parfois. C'était épuisant, mais j'adorais ça. J'aimais cet univers, j'y étais bien. Un de mes exs avait voulu que je quitte tout ça, bien trop jaloux, bien trop possessif, cela en était devenu maladif. Je lui avais ri au nez. Il était ridicule. Non. Non, je ne le ferais pas. Encore un autre que je n'aimais pas assez, peut être pas du tout finalement. Comment je le savais ? Parce que l'idée de quitter une partie de moi pour lui, ne m'avait même pas effleuré l'esprit. Parce que si je devais choisir entre ma passion et lui, aucune hésitation n'était restée coincée entre mes lèvres crispées. Je préférais qu'il me quitte, et on n'en parlait plus. Parce que pour l'amour, le vrai, tu laisserais tout tomber pour le garder, car tu n'as plus goût à rien sans lui si il te quitte.. Et parfois, c'était bien trop tard avant de s'en rendre compte.

La musique s'était arrêtée et j'avais quitté les lumières éblouissantes pour rejoindre Jeha, afin qu'il me montre déjà les photos prises. Je voulais avoir une première impression, si il y avait des défauts à corriger dans ce que je faisais, c'était bien maintenant ! Je soufflais doucement, calmant un rythme cardiaque emballé par la chorégraphie improvisée que je venais d'exécuter. L'écran attira aussitôt mon attention, alors qu'il cliquait sur quelques unes d'entre elles, dont l'une où j'étais assise sur la chaise, de dos. J'aimais la manière dont il avait zoomé sur les finitions du corset.. Je me souvenais à ce moment-là qu'il n'était qu'à un mètre derrière moi, lorsque je m'étais retournée, croisant et décroisant sensuellement mes jambes devant lui, et sous ses yeux qui n'avaient pas pu s'empêcher de fuir le viseur un court instant. Je l'avais vu, Jeha. Mon sourire s'étira alors que je m'appuyais légèrement sur le bureau, mon bras frôlant le sien, s'y collant alors que je commentais le cliché. J'avais senti sa crispation contre ma peau, alors que je faisais exprès de rajouter qu'un dos entièrement nu ferait davantage d'effet en photo.. Une prochaine fois ? Je l'avais lancé comme une pique, une pique de charme comme je les appelais, sans m'attendre à une telle réponse.. « Je peux te prendre à demi nue Sora … mais tu sais aussi bien que moi qu'il n'y aura pas de prochaine fois. » C'était moi qui avait laissé glisser un frisson le long de mon bras jusqu'au sien, est-ce qu'il l'avait senti lui aussi ? Surprise, je tournais mon visage vers lui, quelques secondes, dans un silence qui trahissait des coeurs qui se serraient et des corps tendus sous l'impulsion de quelques mots qui balayaient mon esprit de fantasmes inassouvis. Pourquoi est-ce que l'esprit allait aussi vite.. ? Le loup avait-il conscience de l’ambiguïté, de ce sous-entendu qu'il venait de me proposer ? Je n'avais pas l'habitude qu'il réponde à mes petites attaques de séduction, il les évitait souvent comme si il n'y prêtait aucunement attention. Comme si cela ne lui faisait rien, même si ses expressions dévoilaient un peu trop un malaise, que je trouvais étonnamment intéressant à titiller. Mais cette fois-ci, il entrait dans mon jeu, sans avoir eu l'occasion de beaucoup l'y inciter. N'était-ce que des paroles ? Les coins de mes lèvres s'étirèrent.. « Autant que tu me prennes nue alors, si il n'y aura pas de prochaine fois. » lâchais-je à mon tour, fixant avec malice et luxure ses deux prunelles sombres qui s'agrandirent une brève seconde. Suivons cette logique.. Sentant soudainement une chaleur familière monter aux creux de mes reins, je me redressais, ma main effleurant son avant-bras, avant de m'éclipser vers la cuisine. De l'eau, je réclame de l'eau ! J'attrapais une bouteille posée sur le plan de travail, et en servis deux verres. Revenant vers le photographe, j'en délaissais un devant lui, comme si j'avais senti qu'il en avait autant besoin que moi.. D'un peu de fraîcheur, pour atténuer un incendie qui dévorait nos chairs..

Je fis glisser le verre sur mes joues rosées, le faisant lentement rouler, soupirant d'aise sous le contact du froid translucide. Il agrandissait les clichés qui prenaient désormais tout l'écran, et je me détaillais soudainement avec attention. Certes, au Nymphéa, un photographe immortalisait souvent les nouveaux numéros pour alimenter notre site internet, mais également pour augmenter notre publicité. J'y avais vu mes propres clichés, mais c'était vrai, chaque photographe avait son propre regard, sa propre façon de prendre une photo, une personne, une pause, une action, une gestuelle, une présence. Je me découvrais à nouveau sous un autre regard, et je devais avouer.. que j'aimais bien ce qu'il y avait vu. Papillonnant des paupières, attentive à la série de la première chanson, j'étais curieuse de ce qu'il en pensait lui. Alors, comme à mon habitude, je lui lançais une perche taquine, qu'il prit évidemment au vol ! Mais à ma grande surprise, il éclata littéralement de rire, ses paumes étouffant sa bouche dessinée. Ironique ? Plus qu'un peu, je devais le reconnaître. C'est vrai que j'avais bien choisi le mot.. Comblé le photographe, mais aussi, peut-être, sans doute, l'homme derrière l'objectif... Depuis qu'il m'avait avoué un jour qu'il me trouvait sexy et désirable, j'en jouais. Beaucoup. Je ne pouvais pas m'en empêcher, c'était certainement dans ma nature. Comme si je souhaitais qu'il me le redise encore, ou qu'il n'oublie pas ses mots qu'il m'avait offert un peu malgré lui, dans son impulsivité naturelle et parfois.. attirante. Pourtant, le séduire n'avait pas été ma priorité devant ce mur blanc. Je voulais le photographe avant l'homme, mais il semblerait que j'avais déstabilisé, voir agacé le premier. Je n'arrivais pas entièrement à déchiffrer la tension qui l'animait à côté de moi.. Surtout lorsqu'il envoya que j'avais bousillé son avis professionnel. Et pourtant, il affirmait que j'avais assuré, même trop bien. Alors.. où était le problème ? Et c'est à ce moment-là que je le compris. L'écran de l'ordinateur le révélait sans le moindre artifice, alors qu'il s'acharnait à maintes reprises sur cette pauvre petite croix rouge. Des images floues, des plans de travers, des prises de vue tremblotantes et peu assurées, des zooms trop prononcés ou des captures involontaires.. Un peu plus d'une dizaine de clichés avait terminé dans la poubelle, tous faisaient partis de la seconde série, celle de la célèbre chanson du Moulin rouge. Je glissais la rangée de cils noircis vers le brun à côté de moi, détaillant sa main crispée sur la souris, ainsi que son expression frustrée qui le trahissait. Sa mâchoire roulait, agacé, alors que ses pierres noires suivaient la courbe d'une épaule d'un plan rapproché, avant de passer à la suivante d'un clic net. Si je m'étais évertuée à en avoir qu'un seul, il semblerait que l'un avait choisi de dominer l'autre. L'homme avait dominé le photographe. « Hmmm.. Il y a encore des réglages à faire, on dirait bien.. » murmurai-je après un long silence, en parlant ironiquement de l'appareil, sachant pertinemment que celui-ci n'y était pour rien. Je me mordillais la lèvre inférieure, cachant difficilement l'amusement qui perlait dans mes yeux ambrés. Je ne pouvais pas dire que je ne l'avais pas remarqué, un minimum du moins. La façon dont il s'arrêtait parfois un peu trop longtemps, l'appareil oublié entre ses mains et ses prunelles ténébreuses qui me dessinaient, me capturaient, le viseur disparu entre lui et moi. Il paraissait plus brusque, plus désemparé, quelques injures se perdaient dans la musique, m'arrachant un rire discret, mutin. Si il savait à quel point je ralentissais mes mouvements pour qu'il est le temps de prendre tout ce que je lui suggérais, tout ce qui pouvait l'intéresser, tout ce qu'il voulait.. dans le lapse de temps que je lui offrais. Et seulement dans ce lapse de temps. Et il râlait lorsqu'il avait manqué le coche, et il râlait encore en voyant défiler ses tentatives ratées pour me saisir en une image. Je me penchais un peu plus vers l'avant, cherchant à ce qu'il m'entende davantage. « On dirait que je t'ai un peu distrait.. Devrais-je ralentir le rythme pour que tu arrives à me suivre ? » lui susurrai-je d'une voix plus grave, un sourire naissant sur mes lèvres pleines. Je chatouillais doucement sa fierté, comme si je cherchais à ce qu'il m'avoue définitivement que je lui avais fait de l'effet et qu'il en avait perdu ses moyens. Je le savais, il le savait, mais c'était si délicieux à entendre.. Je me redressai légèrement, avalant une nouvelle gorgée d'eau, ne remarquant pas la petite goutte qui glissa le long du verre pour atterrir sur l'avant-bras de Jeha. Ni celle qui s'évertuait à faire son chemin vers ma mâchoire, puis évoluant dans une descente en courbe vers ma gorge.. Je n'en pris conscience que lorsqu'il se leva brusquement, me faisant face d'un mouvement souple, qui me fit à peine reculer. Ma main gauche appuyée sur la table, me permettait de garder une position stable alors que mon corps semblait être en état d'alerte. Je frissonnais à nouveau lorsqu'il avança sa main vers ma gorge, ses doigts agrippant ma nuque, son pouce épousant ma peau en un tracé humide. Lent, si lent.. J'avais l'impression qu'il laissait son pouce à cet endroit pour se faire un plaisir de sentir mon pouls s'accélérer sous le désir qu’exacerbait son toucher marqué. « Si j'étais intelligent … je te dirais de foutre le camp. » Essaye.. pensais-je aussitôt, alors qu'un seul coin de ma bouche s'étirait avec une certaine arrogance. On se lorgnait tous les deux, en chien de faïence, limitant les gestes brusques, comme si on persistait à rester sur nos gardes, avant de choisir le bon moment.. Le bon moment pour bondir. « Et si tu l'étais, tu te serais rendue compte que ce photoshoot était tout sauf réussit professionnellement. » « .. Je ne le suis pas alors, car je le trouve réussi, mais plus.. personnellement que professionnellement pour certaines parties.. » lui répondis-je doucement, en accentuant certains mots, certaines syllabes d'une langue taquine. Oui, l'homme s'en était mêlé, cela devenait alors plus personnel, et cela n'avait pas été pour me déplaire. A peine avais-je fini ma phrase, qu'il se pencha vers l'avant, vers moi, vers mes lèvres entrouvertes qui s'amusaient de voir qu'il voulait les faire taire. Viens plus près, sinon elles continueront à scander ce qu'elles veulent, à scander tout ce que tu penses, mais que tu ne dis pas. « Si tu as envie de faire quelque chose de plus, c'est maintenant.  Parce que même si tu n'es pas comblée, je ne te le reproposerais pas. » continua t-il, son souffle chaud heurtant doucement le mien, en un ultimatum exhalé. Moi, j'étais déjà comblée. Par ses photos du moins. La plupart qui avait possédé l'écran m'avait plu, splendidement satisfaite.. même si je crevais d'envie de les voir toutes, là, tout de suite, pour suivre l'évolution de son regard sur moi, et découvrir à quel moment, il avait vacillé.. « Je suis comblée et je veux plus.. Ne suis-je pas trop gourmande ? » lui lançais-je d'une moue mignonne. Comblée par le photographe, c'était une chose, mais par l'homme.. « Commençons par voir ce que tu as à me proposer pour te combler, toi.. » proposais-je en fixant sa gorge se tendre au rythme de l'eau qui s'y écoulait avec rapidité. J'haussai un sourcil, alors qu'il me rendait mon verre vide, avant qu'il ne me dépasse pour s'affairer sur la plateau, brisant la zone de tension dans laquelle nous étions coincé. Ma respiration se relâcha d'un seul coup, déchirant un calme et un stoïcisme difficiles à endosser. Mes doigts s'agitaient sur ma gorge nue, tentant de faire descendre une température qui ne cessait de faire des siennes. Je ne savais pas ce qui me retenait en réalité.. L'envie de se tourner autour encore un peu, ce jeu permanent du chaud et du froid, du chat et de la souris.. Mais sa présence me rendait de plus en plus tendue, fébrile, surtout depuis qu'il semblait vouloir réellement répondre à l'appel d'un appétit vorace que nous partagions l'un pour l'autre depuis de longues semaines.. Je l'avouais oui, de longues semaines.. Délaissant le verre vide près de l'ordinateur, j'empruntai ses pas vers les lumières qui éclairaient l'espace blanc, le détaillant au centre du plateau alors qu'il braquait son appareil vers moi.

« Cette nuit là … Tu m'as prouvé que tu aimais les défis et les marchés. Si je te propose maintenant de m'offrir deux minutes de ton temps contre deux minutes du mien, que réponds tu ? » A quoi est-ce qu'il pouvait bien penser ? Me demandais-je, alors qu'il disparaissait un bref instant des lieux. Il est vrai que l'on avait enchaîné pas mal de défis lors de cette soirée en question, enchaîné les verres aussi.. Qu'il était doux ce rhum contre ses lèvres.. Il était finalement revenu avec une sorte de fond qu'il installa sur le sol. « .. Je dirais que deux minutes, c'est court. » lâchais-je dans le silence qu'avait imposé l'arrêt de ses pas, beaucoup plus calmes soudainement. Mais c'était un défi non ? Cela devait certainement être faisable si la concentration restait pleinement réveillée, là était toute la difficulté. « Tu t'allonges et tu me laisses te photographier. » Voilà donc ce qu'il avait en tête. Il fallait désormais combler le photographe. Étrangement docile, levant néanmoins fièrement le menton, je m'avançais, puis m'allongeais devant lui, sur le support qu'il avait apporté. Je lui demandais si j'étais bien placée, si cela lui convenait, et il approuva. Je m'installais sur le dos, une jambe tendue, une jambe pliée. Je l'observais s'accroupir juste à côté de moi, s'occupant à sa guise d'étaler les longueurs caramélisées en un halo sauvage autour de moi. Silencieuse, mes cils s'aventuraient à le suivre dans le moindre de ses gestes, pendant que j'étendais mes bras au-dessus de ma tête, bombant une poitrine déjà bien mise en valeur. Si cela ne lui plaisait pas, il n'aura qu'à les bouger lui-même, ou à me le dire, et je suivrais. Il restait près du sol, levant son appareil pour capturer des clichés en des plans très rapprochés. Si j'avais semblé dominer la première partie de la séance, celle-ci je la lui laissais comme dans une égalité que je lui devais. J'écoutais et appliquais. J'essayais des choses, déployais mes bras plus haut, les resserrant, jouant délicatement avec la position de mes mains, les épaules vers l'avant mettant en valeur une clavicule marquée.. Il me disait quand changer d'angles, tourner mon visage, lever le menton, détendre mes traits.. Il ne disait presque rien sur mes yeux, mes yeux qui glissaient sur le côté, les relevant vers lui, vers le viseur où il me détaillait dans chacune de mes expressions. Mes yeux qui le transperçaient, et s'animaient souvent, bien trop vite, d'une lueur aguicheuse et affamée. Et puis, je tentais de jouer les timides, les angéliques, fermant mes lèvres tentatrices, la main cachant l'arrondi de mes seins sculptés dans le tissu sombre, les yeux papillonnant.. Candide. Mais la candide était prude. Et il avança sa main pour me pincer les joues, délicatement, pour que l'écarlate colore mon visage sans doute bien trop blanc pour jouer les jeunes intimidées. Un sourire amusé m'échappa, avant de me reconcentrer sur ce que je faisais. Et puis, on enchaîna : je m'installai sur les flancs, puis sur le dos, un bon moment, position qui accentuait la chute de mes reins que je voulais intensifier, pour lui.. Mais je le fis plus discrètement, écoutant ses instructions alors que je sentais ses doigts déplacer le lacet qui dessinait mon dos, enfonçant des petites piques sur ma peau torturée.. Pourquoi étais-je si sensible à de simples gestes qu'il ne calculait peut être même pas ? Je soupirais, avant de repasser sur le dos après de longues minutes. Alors qu'il me mitraillait encore une fois sur le socle qu'il avait installé, je me cambrais plus exagérément sur celui-ci.. Les épaules tendues en arrière, le haut du corps arqué, des mains qui griffent le sol, qui enserrent ma gorge, les lèvres qui s'entrouvrent comme si j'allais lâcher un gémissement du plus profond de mon être.. A la place, un soupir.. Un soupir long de deux secondes à peine, qui ne trahissait aucun ennui, à part celui d'une convoitise désirée d'un regard appuyé vers une silhouette accroupie et bien trop loin.. Et puis, le corps se relâchait de tout son long sur le sol, jusqu'à ce que le loup estime qu'il en avait eu assez.. Pas moi.

« Trois minutes quarante. » commenta t-il d'un air espiègle, alors que je me relevais pour être à nouveau à sa hauteur. Il semblait satisfait vu la manière dont il s’intéressait à l'écran de son appareil photo. Comblé le photographe, it's okay, baby. « Une seule.. Demande. » Je relevais mes cils soulignés d'un large trait noir vers lui, une lueur s'enflammant dans mes prunelles intéressées. A quoi bon nier mon envie ? A quoi bon effacer les expressions d'un corps noué par une tension intérieure, et qui ne demandait qu'à être soulagé de ce poids ? « Tu as trois minutes et quarante secondes pour compléter ce photoshoot comme tu l'entends. » A quoi bon attendre encore, alors que je pourrais m'avancer d'un pas, et l'embrasser sans peine ? Que voulais-je faire de plus que ça pendant ces-... « Trois minutes et une poignée de secondes avant que je ne laisse définitivement tomber ce simulacre pour te demander de passer la nuit avec moi. » Mon coeur rata un battement sous sa voix rauque, et mes yeux s'écarquillèrent sous ses mots, alors que chacun repassait en boucle, avec une lenteur qui sonnait comme une douce torture à mes oreilles. L'incarnat qui, lentement, prenait son temps à colorer mes joues d'une teinte plus rosée, je ne pouvais plus faire croire qu'il était dû aux pincements de ses doigts effectués un peu plus tôt.. Je me mordillais fortement la lèvre inférieure, avant de la relâcher. Pourquoi avait-il formulé cela d'une si belle manière ? Cela m'avait étonnamment.. déstabilisée. Je portais le dos de ma main d'une joue à l'autre. « .. Ce qu'il fait chaud sous ses lumières.. » Jolie menteuse. Mais tu l'auras cherché. «  Trois minutes et quelques, très bien. Alors.. » commençai-je, relevant mes yeux vers lui, le contemplant de longues secondes de haut en bas, sans vraiment m'en cacher. Un sourire et l'idée était là. J'ôtais délicatement et avec la plus grande attention l'appareil de son cou, pour venir le déposer sur le bureau, près de l'ordinateur. Puis je m'éclipsais de quelques pas vers mon téléphone posé un peu plus loin, faisant défiler la playlist du bout du doigt avant de sélectionner une nouvelle chanson...


MUSIC | Une voix féminine, sensuelle, quelques claquements de doigts.. D'une démarche lente et féline, je me présentais devant le loup, sans mot dire. Il avait certainement compris, ou il n'allait pas tarder à le faire. Une dernière danse. Je posai mes mains de part et d'autre de ses épaules, les faisant glisser du bout des doigts le long de ses bras, jusqu'à ce qu'elles attrapent leurs jumelles. Je les serrais doucement, venant placer sa main gauche sur ma hanche, et sa main droite sur ma taille. Elles étaient larges, chaudes, et je pouvais sentir quelques doigts se perdre entre la frontière du tissu et de ma peau dénudée.. Ce simple contact me faisait déjà perdre une bonne majorité de ma patience, alors que la musique venait à peine de démarrer. Inspire, expire. Je réduisais la distance entre nos deux corps d'un souffle, posant mes deux mains sur son buste que je savais ciselé. Le rythme était pour l'instant simple à suivre, et je levais les yeux vers lui, d'un sourire esquissé, comme pour lui dire "Tu te souviens ?". Je m'avançais, mon bassin s'appuyant lentement contre le sien, avant de les faire rouler ensemble de droite à gauche.. simplement. Simplement pour s'habituer à nouveau à l'autre, à ses sensations que l'on devait écouter par le toucher, et non par les mots. Et mon corps avait très envie de parler avec le sien.. Des basses plus puissantes s'emparèrent des enceintes, et mes ondulations commencèrent à devenir plus saccadées, plus brusques horizontalement. Mais plus souples, et volontairement plus collées à lui lorsque j'étais parcourue d'une vague de haut en bas, liant nos bassins d'une nouvelle caresse bien plus marquée. Mon buste rebondissait de quelques impulsions, le heurtant à peine, l'effleurant seulement, marquant les temps si nombreux. Les épaules s'agitaient aussi, naturellement, sans que je ne puisse les contrôler. Parfois, je me mettais légèrement de profil, ondoyant de quelques mouvements vifs et maîtrisés. Et puis mes bras voulaient aussi jouer, s'évertuant à prendre de la hauteur au-dessus de nos têtes. Je les étirais, si loin, si haut, jusqu'au bout de mes doigts, jusqu'au bout de mes ongles rougies. Eux aussi valsaient avec l'air, caressant ma blancheur, mes prunelles ambrées ne quittant jamais bien longtemps celles de Jeha, m'attachant à cette flamme familière, ardente qui y perlait. Ils glissèrent de droite à gauche, je les ouvrais comme si je voulais m'envoler. Ses mains.. Je pouvais sentir à quel point elles me tenaient fermement contre lui. J'avais confiance en ses mains, et en ses bras puissants. Alors, comme un nouvel appel à notre soirée d'une autre vie, je me cambrais en arrière, sans prendre la peine de m'accrocher à lui cette fois-ci. C'était lui qui s'accrochait à moi, et mes hanches semblaient adorer les siennes pour ne pas vouloir s'en détacher d'un centimètre. Seul le haut de mon corps se renversa en arrière, ma chevelure se perdant en cascade dans le vide. Quelques secondes, un peu plus, et je me redressai lentement, les lèvres s'étirant en un plaisir non dissimulé dans cette proximité que je désirais depuis un long moment.. Je tournoyai sur moi-même, tout à coup, m'adossant à lui. A lui, et à cette chaleur qu'il dégageait et qui m’enivrait, un peu trop, de plus en plus, au rythme du sang qui irradiait mes veines malmenées. Le refrain, et je me laissai aller contre son torse, la tête contre son épaule. Le cou qui s'étire, le menton qui monte, ma bouche embrassant sa gorge offerte durant une seconde d'inattention de sa part. La langue passe entre mes lèvres d'un air amusé, alors que je prenais un malin plaisir à coller mes fesses contre lui, ralentissant exprès mes hanches mouvantes. Nos huit chaloupés plongeaient les deux corps dans une tension sexuelle plus que palpable.. Difficile de se détacher de l'autre.. alors que je coulais lentement contre lui, pliant les genoux pour descendre légèrement, avant de remonter. Mon fessier s'appuyant contre lui en une longue ondulation, ma main se nichant jusqu'à sa nuque.. J'avais de plus en plus chaud, il me brûlait, lui et son souffle que je pouvais sentir près de mon cou. Et pourtant, j'y étais si bien. Je ne voulais pas qu'il me lâche. Si il le faisait, je le rattraperais. Mais il me fit tourner, une fois, deux fois, ça me faisait rire.. La fin du refrain sonnait et j'avais bondi, face à lui. Let's dance like we're making love. A ses paroles soudainement scandées, mes bras étaient passés le long de ses flancs, jusqu'à ce que mes mains viennent agripper fermement son dos. L'une de mes cuisses possessivement, s'était aventurée contre sa jambe jusqu’à sa hanche qu'elle crocheta dans une impulsion sauvage et incontrôlée. Et ça, tu te souviens ? Plaquée contre lui, nos respirations s'entrechoquaient, nos visages si près l'un de l'autre. Sa bouche à quelques centimètres.. Mes doigts se crispaient, se retenaient, froissant son haut épais, avant de prendre leur temps.. glissant jusqu'à ses reins creusés, ma jambe volage retrouvant le sol en un rictus tentateur. Ils longèrent la couture de son vêtement, se posant sur ses hanches étroites qui dansaient contre les miennes, avant de se faufiler de leur pulpe sous le tee-shirt ennuyant. Je le détaillai attentivement, m'imprégnant de chaque sensation que je lui faisais subir, alors que je parcourrai les dessins saillants de ses abdominaux.. Son ventre se crispait, sa respiration se faisait plus irrégulière.. D'un air félin, mes griffes en marquaient son territoire d'une nuit de quelques lignes tracées. So if you're ready, I'm ready to get it.. Come on. J'emportai son haut avec moi, le remontant lentement, l'incitant à lever ses bras pour l'enlever définitivement. Une barrière était tombée, une frontière que l'on venait d'ôter pour dévoiler son physique splendidement bien bâti.. Et je pris de longues secondes pour l'admirer, les lèvres entrouvertes, ma langue les humidifiant, sans doute un peu trop obnubilée par ses larges épaules et tout ce qu'il y avait avec ! C'était effectivement encore mieux à la lumière ! Je devais avouer que je ne savais pas par où commencer.. Si.. Si, je savais. Par ce que je voulais depuis le début.. Sans prévenir, d'un rire enjoué, j'agrippais le bord de son pantalon souple pour qu'il avance vers moi, pour que j'avance vers lui.. Mes lèvres esquissent les contours de sa mâchoire, déposent quelques baisers sous sa gorge, un délaissé sous son menton, dans le coin d'un sourire que je voulais revoir, sur une joue gonflée par sa respiration plus courte.. La pulpe de mes doigts se frayant un chemin sur ses épaules imposantes, ses dorsaux marqués, jusqu’à la naissance de sa nuque tendue. Je frôlais sa peau brûlante en quelques battements de cils, en quelques battements de coeur, en quelques claquements de doigts.. puis cette bouche que je désirais posséder plus que tout, dont la caresse légère me fit perdre en un instant la dernière once de patience qui me restait.. Je n'attendais pas après lui comme la dernière fois. Cette fois-ci, je n'attendais pas qu'il fasse le premier pas, j'allais le faire moi-même. Malgré le désir brut qui m'incendiait, ma bouche captura sa lèvre supérieure avec douceur, comme si elle savourait leurs retrouvailles si espérées. Sa forme, sa saveur, ses manières, sa bestialité qu'elle voulait à nouveau réveiller... Elles se reconnaissaient peu à peu, se redécouvrant, s'apprivoisant dans une lenteur sensuelle délicieuse.. Ma langue audacieuse glissant entre ses lèvres, invitant sa jumelle dans une danse qu'elle n'imaginait, cette nuit, qu'avec elle... On dansa encore, je ne pourrais pas dire combien de temps. Une bonne minute peut-être.. Je ne savais plus.. J'étais bien trop captivée par nos bouches qui se rencontraient de tant à autre, comme désespérées de se perdre alors qu'elles venaient de se retrouver..

Et puis, au bout d'un moment, je me détachai de notre étreinte intemporelle, de notre bulle de coton dans laquelle je m'enlisais déjà bien trop vite. Je voulais encore résister, un peu, juste encore un peu.. On a le temps, tu ne crois pas.. ? Mon oeil aiguisé repéra facilement ce qui se trouvait quelques mètres derrière lui. D'un sourire séducteur, je posai ma paume sur son torse nu pour le faire reculer de quelques pas, avant de l'inciter à s'asseoir sur la chaise qu'il avait fini par percuter. Laisse-moi encore jouer un peu, avant de m'attraper.. définitivement.. Je m'éloigne de quelques enjambées, savamment accentuées du haut de mes talons qui claquent sur le sol. Mes yeux s'accrochent aux siens, puis le contact se perd alors que je lui tourne le dos. Ma tête roule en arrière d'une épaule à une autre, les mèches caramel caressent la zone creusée, habillée d'un lacet sombre qui attire le regard dans sa découpe plongeante. Et puis, mes hanches refont à nouveau des siennes (ICI). Elles se mouvent de droite à gauche, lenteur hypnotisante. Les bras flottent dans l'air, suivent les lignes lascives de mon corps pulpeux, qui se tourne, ondule, s'amuse à se laisser envahir par des vagues.. Suis donc les reliefs langoureux qui s'agitent pour toi.. Je tourne sur moi-même, je laisse mes mains se balader sur une peau sensible, afin de rendre jaloux les siennes qui se crispent au loin.. Nous sommes à fleur de peau. Je ne vais pas faire durer cela trop longtemps, mes pas se rapprochent déjà. Je m'accroupis seulement devant lui, joliment en équilibre sur les talons revolver (ICI). Mon fessier jouant un mouvement de balancier des plus érotiques, mes doigts claquant un rythme répétitif qu'il ne semblait plus vouloir lâcher.. Regarde-moi.. lui susurraient silencieusement mes prunelles cendrées glissant vers lui. Dépravées.

Je me redressais enfin.. toujours de cet air aguicheur, et assuré qui ne m'avait presque pas quitté. Imperceptiblement liée à ses deux pierres noires dont la luxure qui s'en échappait, m'irradiait avant même de l'avoir touché.. Je m'avançais, lentement, un pas après l'autre.. écartant mes jambes pour nicher les siennes entre elles, le dominant d'une tête.. Avant de m'installer sans gêne sur lui, en un soupir agréable. Instinctivement, mes cuisses se resserrèrent contre ses hanches, mes bras autour de son cou, ma respiration courte effleurant sa bouche entrouverte alors que nos bassins s'épousaient peu à peu, creusant mon ventre de mille et une piques des plus familières. Ça me chatouillait, me démangeait.. J'en avais envie. J'avais envie de lui. J'avais envie de cet homme. « Oui.. » soufflais-je entre ses lèvres. « Oui.. je veux passer la nuit avec toi. Je te veux.. » murmurais-je, suave, comme un secret que l'on voulait garder pour nous, et seulement pour nous. Et je l'embrassai. Je l'embrassai sans plus attendre, mais pas comme un peu plus tôt où je prenais encore sur moi. Non.. Là, je l'embrassai sans la moindre retenue, sans la moindre barrière, sans la moindre contrainte. Je faisais mienne cette bouche piquante et alléchante, cette langue imprévisible et surprenante, ce souffle chaud et haletant.. « Si ce n'est que pour une seule nuit, laisse-moi profiter de cette bouche.. Embrasse-moi encore.. » Ce que je pouvais aimer l'embrasser.. Comment pouvais-je autant aimer ses lèvres qui devenaient de plus en plus gonflées sous nos baisers endiablés ? Elles ne devenaient que plus désirables.. Je dévorais tout. Je les modelais de mes baisers passionnés, je le laissais s'abreuver des miens, de tout ce qu'il voulait. Je sentais les battements de mon coeur tambourinaient comme jamais, échauffant mes veines et mon corps enlacé contre le sien. J'avais chaud, je brûlais, presque autant que pendant cette danse improvisée.. Est-ce que c'était parce qu'il était torse nu ? Mes seins écrasés contre celui-ci.. J'avais envie de cet homme et chaque muscle le criait et s'accrochait à lui désespéramment, possessivement.. Mes cuisses s'enflammaient, nos bassins s'embrasaient.. Mes hanches jouaient un va et vient répétitif, une sérénade érotique qui devenait de plus en plus addictive contre sa virilité marquée.. « Si tu oses encore t'enfuir, je t'attache.. » le menaçais-je d'un regard bestial, alors que j'avais descendu la main vers le haut de son pantalon, faisant claquer l'élastique du boxer contre la peau de son bas ventre. Hors de question qu'il sorte d'ici.. Si je semblais dominer la situation dans ma position d'attaque, il le faisait tout autant. Il me plaquait si fort contre lui, que je sentais que moi non plus, je ne pourrais m'échapper et qu'il pouvait faire ce qu'il voulait de moi.. D'ailleurs, je tentais un petit peu de l'influencer. Je relâchais son cou, laissant son torse respirer et enfin happer un peu d'air du studio. Tout comme nos bouches enflées par la débauche. Je laissai lentement courir mes ongles sur le corset moulant, crochetant doucement l'une des attaches, dévoilant un peu plus aux yeux de l'homme une poitrine voluptueuse.. Je tentais une seconde, et je fis mine d'avoir des difficultés, me mordillant la lèvre inférieure en regardant Jeha. «  On dirait que je n'arrive pas à l'ouvrir.. Tu peux m'aider.. ? » lui demandais-je d'une voix plus grave, d'une moue presque mignonne mais surtout des plus tentatrices. Et peu à peu, j'acceptais de perdre pied, et de fondre comme neige au soleil en m'offrant à nouveau à lui.. Si tu me rejettes maintenant, il n'y aura plus jamais de prochaine fois.       

    
 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: [+18] You're getting close and the lights are off (+) jera | Mer 26 Juil - 0:42
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Tu me rends dingue. Tes regards, ton souffle, tes mimiques. Un toucher. La colère et la frustration. J'oscille, déchiré, entre conscience et inconscience, entre raison et désir, entre retenu et érotisme. J'aimerais dire non. J'aimerais affirmer que tu ne m'obsèdes pas. Physiquement. Un fantasme, qui ternit cette « amitié » imaginée, qui rougit une relation sans nom en y ajoutant une touche de tension et un grain de folie. J'aimerais dire oui. Puis tourner la page, oublier et peut-être enfin te considérer comme une des amies ayant réussit à forcer un passage qui ne flirte pas avec le danger.
 



TENUELes images effleurèrent mes paupières chaudes tandis que ma langue soufflait ces mots que ma conscience ne pouvait plus retenir. Te prendre à demi nue. L’ambiguïté de ma propre phrase inspira mon imagination qui, de la pointe d'un pinceau écarlate, esquissa la jeune femme sans corset dans mon esprit brûlant. Et je brûlais … brûlais d'envie d'effleurer ses seins nus et d'en tracer le pourtour crémeux du bout de la langue, brûler de m'abreuver à même ses lèvres, de la serrer à l'étouffer et d'annihiler enfin cette tension qui ravageait mes veines et mon cerveau liquéfié. Une main crispée sur la souris, je plongeai la seconde dans mes cheveux et y appuyai légèrement le front pour tenter de remettre un peu d'ordre dans mes pensées confuses. Mais ces mots annihilèrent les derniers lambeaux de concentration qu'il me restait encore. Pénétrant ma chaire à vif, ils se logèrent dans une tête échauffée pour y ensanglanter mes fantasmes. Le désir dilata mes pupilles et noya mes iris au cœur de deux yeux agrandis. Par la surprise … et l'envie. Sa main m'effleura, m'arrachant un frisson qui descendit le long de mon bras pour se loger dans la pointe de mes doigts. Je serrais involontairement les dents pour contenir l'animal qu'éveillait la situation et reportai mon attention sur l'écran tremblotant. Sur les clichés ratés qui trahissaient cette soif d'elle, et dont la profondeur venait d'annihiler les dernières barrières que je maintenais encore entre nous. J'emmerdais ma conscience, mon passé et mes angoisses. Je m'étais entêté à croire que je pouvais gérer les nuits troubles, le manque de sommeil, les fantasmes opiniâtres et la tension que faisaient naître chacune de nos rencontres. Mais à quel prix ? Sombre, je fis rouler mes épaules raides, que le rire acheva de dénouer. Non je n'étais pas comblé. Le manque me ravageait même au point de bousiller mon travail, ce que la photo affichée achevait de démontrer. Plus qu'un raté, elle dévoilait mon manque de concentration et la fascination de l'homme pour l'artiste qui posait. Fascination tachée du sang de la luxure qui pesait toujours sur mon regard fixe. La frustration m'envahit, de même qu'un agacement que mon doigt saccadé révéla aussi sûrement que mon expression mécontente. Perfectionniste, je souffrais mal l'échec, d'autant plus quand la raison était aussi … frustrante. La remarque de Sora, ironique et joueuse, appuya sur mon orgueil blessé et je lui coulai un regard sombre, que le désir ne parvenait pas à adoucir. Mais l'effleurer des yeux suffit à approfondir l'envie qui me démangeait. La faire taire d'un coup de dent dans cette bouche aussi tentante qu'agaçante.Je détournai la tête pour effacer les dernières traces d'un échec que je digérais d'autant plus mal que mon esprit restait ailleurs. Même rater mes photos ne parvenait pas à me faire oublier la présence de la jeune femme dans mon dos, et dont le souffle caressa mon oreille. Je me retournai brusquement, l'épaule légèrement déviée et le visage à quelques centimètres du sien. Je sentais obscurément qu'elle cherchait une réaction. Mais mon intelligence s'était envolée dans le sillage de ce professionnalisme assassiné.  « Ça t'amuse n'est-ce pas ? » Ça t'amuse de me rendre dingue ? Plutôt que de mordre cette bouche mutine, ce fut ma langue qui fut victime de mes crocs. Malgré ce besoin d'assumer et cette envie d'aller plus loin, je me retenais encore inconsciemment. Jusqu'à cette goutte d'eau glacée  …. jusqu'à ce que je vois sa jumelle rouler sur sa gorge nacrée. Le mouvement fut brusque et instinctif, à l'image de celui qui conduisit ma paume à embrasser sa peau. Mon pouce navigua, cueillit l'eau, effleura sa veine. S'y attarda. Je n'étais qu'à un regard, un souffle, une seconde d'elle. L'air brûla ma lèvre inférieure et mon cœur tambourina sourdement dans ma cage thoracique oppressée. J'eus un dernier sursaut de conscience … une dernière reddition. Je préférais me brûler les ailes et goûter à ce que je m'interdisais. Immobile, j'observais Sora, sans savoir ce que dissimulait les ambres qu'elle maintenait sur mon visage. Que voulait-elle ? Que veux tu? L'ironie fit tressaillir le coin de mes lèvres à sa réponse, lèvres que je mourrais d'envie de presser contre les siennes. Lèvres que j'éloignais, de même que ma main qui retomba dans le vide pour enserrer un verre plutôt que sa jumelle aux doigts fins et aux ongles vernis. Quand elle reprit la parole pour répondre à ma question, son expression s'adoucit et fit apparaître la jeune femme mignonne entraperçue le soir où tout avait faillit déraper entre nous.  « Gourmande ... » répétai-je dans un murmure en reposant le verre. Mais elle venait de verbaliser le cœur du problème. Qu'avais-je besoin pour être comblé ? Toi. Trois lettres qui heurtèrent mes lèvres serrées tandis que je m'éloignais d'elle. L'indécision n'était plus qu'un souvenir relégué dans un passé oublié. Néanmoins … et avant de craquer définitivement et d'admettre à voix haute ce que je m'obstinais à lui cacher maladroitement depuis des semaines, j'avais besoin de panser les plaies d'une fierté déchirée.

La couverture battit l'air quand je l'installais sur le parquet, tache immaculée sur le bois noisette. Je voulais la prendre dans une atmosphère plus posée, plus éthérée afin de laisser parler ce mélange d'artiste et de fascination que je ne pouvais pas plus contrôler qu'ignorer. Elle aurait pu refuser … mais comme je l'avais escompté, elle se laissa prendre au jeu et s'allongea par terre avec cette grâce féline que j'admirais inconsciemment. Ce fut un mélange de voix, de souffle, et de silence. L'appareil crépitait, Sora bougeait sans bruit et le décor se posait, illustré par les clichés qui s'affichaient régulièrement sur l'écran de l'appareil. Quand à la tension, elle s'affinait autant qu'elle s'exacerbait à chacun de nos gestes. Ses bras allongés au dessus de sa crinière brune, sa poitrine qu'elle bombait en cambrant les reins, ses lèvres entrouvertes ou pressées. Mais malgré le désir qui battait mes veines, ma voix restait posée et mes gestes assurés. Je savais, tant à niveau professionnel que personnel, ce que je désirais vraiment. Elle et son regard que je sentais peser sur moi, elle et ses mimiques dessinées en éventail. Sensuelles, mignonnes, juvéniles. Lointaines. Ses doigts effleurèrent son bustier pour écrouer un sein qu'elle dissimula aussi bien que deux amandes aux cils recourbés. Les muscles raides, je me redressai pour la prendre en hauteur, avant de revenir vers elle pour rougir ses joues pâles. Mes doigts s'enfoncèrent momentanément dans son épiderme … puis s'éloignèrent. Elle était aussi proche qu'elle était éloignée, cette femme que je désirais plus que frôler, toucher ou photographier. Une nouvelle fois elle bougea mais cette fois pour m'offrir un dos partiellement dénudé. Je baissai légèrement l'appareil pour admirer une nouvelle fois son travail et finis par tendre la main pour remettre en place l'un des lacets tordus. Mon index sur sa peau chaude firent naître des frissons dans mon bras, frissons qui se répandirent allégrement dans mes veines pour frapper chacun de mes muscles noués. Je me relevai puis me penchai, les pieds de part et d'autre de ses hanches. Elle se retourna et, poussé par mon instinct, je m'accroupis au dessus d'elle. Ses cuisses caressèrent mes chevilles et je la pris de profil avant qu'elle ait totalement basculée. Souffle éteint, cœur battant, je m'éloignai pour poser l'appareil sur le trépied et mettre fin à cette parenthèse. Il cognait dans mes côtes, brutalisait mes os et mes poumons compressés. Un mouvement. Je levai légèrement la tête et la vis se cambrer, son corps souple maintenu en équilibre par ses jambes tendues et ses épaules rejetées en arrière. Elle ressemblait à une femme prête à avoir un orgasme. Deux obsidiennes ravagées observèrent puis le flash crépita pour immortaliser une photo à l’ambiguïté latente. Je repris l'appareil et, délaissant pour un temps mes pensées plus personnelles, fit défiler les photographies. Sans flou ni raté, elles étaient telles que je les avais imaginées, si ce n'est la dernière que je n'avais ni anticipé ni fantasmé. Je vérifiai l'heure et annonçai le temps que je lui devais et que j'avais mis en jeu lors de ma proposition. Je repassai la lanière autour de ma nuque et levai le menton pour plonger deux pierres noires dans l'ambre. Il frappa, résonna, tambourina. Je le laissai s'emballer et accélérer puis avouai ce à quoi je pensais depuis le début de la séance … depuis des semaines. En quelques mots seulement, je venais d'admettre la vérité criante et jusqu'ici nier d'un désir que je ne pouvais plus ni ne voulais réprimer. La surprise éclaboussa ses yeux, à l'image du sang qui coula et voilà ses joues à l'incarnat intensifié. Si je l'avais vu rougir quelques jours auparavant, les circonstances aujourd'hui apportait à ce tableau une touche particulière. Ses dents s'enfoncèrent dans son inférieure, puis ses mains dans ses joues chaudes. Un sourire s'accrocha aux commissures de mes lèvres, éthérée mais sans être éphémère. Il les colora, elles ainsi que les deux perles noires posées sur elle. Un dessin qui s'accentua imperceptiblement lorsqu'elle mentionna les lumières et la chaleur qu'elles déployaient.  « Vraiment ?» demandai-je, les yeux intensément posés sur elle. Elle les effleura des siens, puis les laissa voyager. Un sourire, un pas esquissé et ses mains écrouèrent la lanière de l'appareil que je tenais toujours dans les mains. Je haussai un sourcil léger mais ne fis aucune objection. La nuque courbée, la tête penchée, je la laissai retirer mon bien, qu'elle s'en alla poser sur le bureau. L'incertitude ne pesait plus sur un estomac brûlant. Elle restait. Je l'avais sentis à son regard, à son approche, à son silence tandis qu'elle rejoignait un téléphone qu'elle manipula avec dextérité. Immobile, je l'observais, sans avoir la moindre idée de la manière dont elle comptait user de son temps. Mais, et étrangement, je ne ressentais ni appréhension ni doute. Seulement un mélange d'anticipation et d'impatience.

Une voix, chaude et sensuelle, échappa aux hauts parleurs, accompagnée de claquements de doigts qui résonnèrent en arrière plan. Sora y calqua son pas pour s'approcher, d'une démarche aussi aérienne qu'animale. Il ne m'en fallut pas plus pour comprendre. Mon muscle accéléra sa course, mon souffle se fit erratique et une pointe de timidité poignarda mes prunelles dilatées. Je ne savais pas danser. Mal à l'aise, je me contractai légèrement, sans savoir comment me laisser aller au point de bouger contre elle avec mon seul désir pour point d'ancrage. En avais-je seulement envie ? Incertain, je sentis la tension raidir mes muscles et ma mâchoire crispée. Elle la balaya. Immobille à quelques centimètres de moi, elle la chassa d'une caresse sur mes épaules, d'une chute sur mes bras, d'une pression contre mes mains. Un toucher qui apporta une réponse à la question éveillée par son désir. J'avais envie de la serrer, de la frôler. De la bouffer. Quitte à reproduire les gestes d'un homme saoul à la volonté assassinée. Ma paume épousa sa taille, sa jumelle sa hanche et elle s'approcha, au point d'effleurer mon torse de sa poitrine bombée. Brûlant fut le souffle qui embrassa mes lèvres entrouvertes, embrasées furent les obsidiennes arrimées à son visage. Sa peau nue coulait sous mes doigts et il me fallut faire un effort monstrueux pour ne pas lui arracher ses vêtements. Le torse verrouillé, j'expirai silencieusement, en une exhalaison qui fit voler les mèches caramelles qui habillaient son front. La sienne incendiait mon menton penché vers elle. Ma peau tendue sous une bouche assoiffée. Les tempes bourdonnantes et l'esprit embrumé, je me noyais dans l'ambre et les sensations qu'elle provoquait par l'appui des ses paumes à la naissance de mes pectoraux. Ses lèvres s'étirèrent et une question muette assombrit deux amandes mordorées. Je me souviens. Malgré l'alcool, le brouillard et les cachets, je me souvenais de chaque détail d'une soirée qui m'avait depuis hanté. L'appui de son corps, la chaleur de son être, la saveur de sa bouche et la beauté des mouvements qui avaient été siens sur la piste. Mais plus encore, je me souvenais l'envie qui m'avait étouffé à chaque frôlement, chaque caresse, chaque regard. Son bassin s'appuya au mien et les images du passé s'évanouirent. Naturellement raide, je m'immergeai dans le champagne qui coulait dans ses iris. Oublie. Oublie la gêne et le mal être. Les joues échauffées, l'onyx irradié, je me laissai conduire, le corps ondulant. Lentement. Rapidement. Suivant les percussions d'une chanson qui inondait la pièce, Sora accéléra le rythme et ses mouvements se firent plus sauvages, plus torturants. Chaque pression intensifiait le feu qui ravageait mes veines et mon bassin noué. Elle dansait, emportée, les épaules mouvantes et le buste fuyant. D'abord passif, je finis par laisser parler mon propre corps et les envies qui l'animaient. Mes paumes abandonnèrent sa taille pour remonter et suivre le balancement de ses bras au dessus de sa tête. Elles suivirent les lignes musculaires, embrassèrent ses coudes, écrouèrent ses poignets, effleurèrent les lignes de sa main. Un baiser éthéré du bout des doigts, avant la chute de mes bras. Une pression sur ses joues, puis elles cascadèrent sur ses reins. Pour la serrer, la presser. Mes doigts s'enfoncèrent dans le tissu soyeux et mon front frôla le sien. Je ne voyais plus que ses yeux, n'étais plus conscient que de son souffle sur mes lèvres avides. Elle s'enfuit. Son visage partit en arrière, ses cheveux dégringolèrent sur mes bras et elle se cambra. Je resserrais mon étreinte autour d'elle et enroulai mon bras autour de sa taille pour la retenir. Hanche contre hanche. Plus que dans ma tête ou mon torse, je sentais chaque battement de mon cœur suffoqué dans mon bassin plaqué contre le sien. Je fronçais les pommettes, creusées en une fossette singulière, lorsqu'elle se redressa avec une lenteur qui me mit au supplice. Et si un bras demeurait autour d'elle, une main se perdit dans sa chevelure puis sur sa nuque chaude. Elle souriait. Un dessin chaud et expressif sur un visage qu'elle déroba en tournant et en plaquant son dos contre mon torse. J'expirai, profondément, contre une tempe à laquelle ma joue se pressa tandis que ma main épousait les courbes imperceptibles de son ventre. Une de mes jambes s'insinua entre les siennes, la seconde emprisonna. Elle se renversa. … et sur une veine battue violemment  posa ses lèvres. Le sang y roula, chauffé à blanc par une simple pression et un voile écarlate assombrit un regard tiraillé. Je n'avais aucune idée de ce qui me retenait de la plaquer quelque part pour capturer cette langue rebelle. Aucune idée de ce qui me forçait à endurer les mouvements sadiques de son fessier courbé contre un bassin tendu et compressé. Une plainte aggravée poignarda mes lèvres quand elle descendit pour mieux s'y plaquer au retour. Je penchai la tête pour appuyer mon front souffrant contre son épaule. Son parfum imprégna ma bouche, mes narines, mes veines déjà malmenées. Et tandis que sa main crochetai ma nuque allongée, je pressai les lèvres à la naissance de sa gorge. Ma langue s'en échappa, s'attarda sur son épiderme, en goûta la texture, la saveur pour imprégner un être écorché par la faim. Nos mains s'embrassèrent sur son ventre, s'entremêlèrent. Je l'éloignais. Guidé par la musique et cette femme qui me faisait perdre la tête, je la fis tourner sur elle même, pour accompagner les dernières notes du refrain. Son rire les accompagna, de milliers d'éclats rauques et mes pupilles gonflèrent, de même qu'un muscle aux percussions bruyantes. Elle bondit vers l'avant, crocheta mon torse de ses bras, leva la tête vers moi. Ses cheveux noisettes cascadaient autour d'un visage aux joues ensanglantées par le plaisir. Je sentis sa jambe remontée et m'écrouer d'une pression contre ma hanche. Je la regardais. Pleinement, intensément. Elle était si proche que j'entrevoyais les paillettes tapissant les anneaux qui couronnaient deux perles dilatées. Mes mains glissèrent, à l'image de sa jambe contre la mienne, et creusèrent sa taille. Je frôlais son front du mien, les paupières lourdes et la bouche sèche. Ma langue s'y attarda, instinctive, sans quitter celles qu'elle désirait réellement goûter. Mais l'idée qui germait dans mon esprit fut brouillée par l'intrusion de ses doigts sous mon haut. Un frisson violent parcourut ma peau, puis une vague brûlante alors qu'elle suivait des ongles les rainures de mes muscles. Chacun d'entre eux se contracta et ma respiration se fit abrupte. La ligne était franchie et le retour en arrière n'était plus envisageable. Je ne pouvais, ne savais plus. Mon souffle ne fut plus qu'un filet, tant sous son regard que sous le jeu de ses paumes sous un débardeur qu'elle tira vers le haut. Je levai les bras, l'attrapai et l'aidai à l'enlever. Mes cheveux tirés retombèrent souplement sur mon front et je secouai légèrement la tête avant de surprendre la couleur de ses yeux posés sur moi. Je tendis la main et la coulai sur sa joue pour la plonger dans sa chevelure brune. Un rire la fit tressaillir et je la suivis du regard alors qu'elle m'attirait vers elle. Délaissant sa chevelure, je fis glisser les bras sous les siens pour les presser contre ses omoplates. Je voulais sa bouche, mais la sienne voyagea pour incendier ma peau d'un tracé ardent. Elle redessina ma mâchoire, ma gorge, mon menton, la commissure impatiente de lèvres entrouvertes. Nos nez se frôlèrent, puis nos bouches quand elle se fut hissée sur la pointe des pieds. Mais ce ne fut qu'une caresse. Lente et frustrante. Au diable le … Ses lèvres se refermèrent sur ma supérieure,en un baiser lent et sensuel. Je fis rouler mon inférieure sur son menton et remontai les mains sur sa nuque pour la plaquer contre moi. Sa langue s'invita entre mes lèvres … je l'y gardais. L'écrouais de la mienne, l'entraînant dans une danse dont je connaissais mieux les pas. Un ballet instinctif, impulsif, sans qu'aucune de mes pensées ne s'y invite si ce n'est le désir de la serrer à l'étouffer et de la garder au creux de mes bras. Son parfum rebondit contre mes lèvres, mes doigts s'enfoncèrent dans ses cheveux, nos corps se plaquèrent, se soudèrent. Comment avais-je tenu jusqu'ici sans l'embrasser à pleine bouche ? Comment avais-je pu fuir quand c'était si chaud, si bon ? Si fascinant ? Ce baiser me prenait à la gorge, aux tripes, annihilant toute autre faculté si ce n'est celle de l'embrasser à pleine bouche. De boire à même ses lèvres, de me nourrir de son souffle, de me noyer dans chacune des secondes qui s'écoulaient, sans éprouver la moindre envie d'échapper à son étreinte. J'enfonçai légèrement mes dents dans son inférieure gonflée puis la maquillai de la langue, avant de plonger à nouveau dans sa cavité chaude et profonde. Jusqu'à ce qu'elle s'éloigne, en emportant une inférieure que je retins une demi seconde entre mes lèvres.

Nos regards se croisèrent puis se perdirent quand le sien fouilla la pièce. Qu'est-ce qu'elle avait encore en tête ? Un sourire étira de nouveau ses lèvres, sous mes yeux à l'ombre méfiante et impatiente, et sa main se pressa contre mon torse pour me faire reculer. Je levai un sourcil, hésitant, mais finis par obtempérer sous la pression de ses doigts sur ma peau nue, et ce jusqu'à ce que mes chevilles heurtent une chaise sur laquelle elle me poussa. Je tendis la main pour la retenir mais elle s'échappa et s'éloigna en roulant des hanches.  « Bordel. » jurai-je à mi voix en laissant tomber mon bras sur ma cuisse tendue. J'inspirai profondément et levai légèrement la tête. Elle dansait, dos à moi, comme pour attirer mon attention sur la chute plongeante de ses reins sous les lacets. Je serrai les dents, en un mouvement qui trahit ma tension. Ses bras ondulaient, ses jambes pliaient et ses cheveux suivaient, en un doux balancement, l'impulsion donnée par son corps souple. Elle cherchait à me rendre dingue. Mais ne l'étais-je pas déjà suffisamment ? La gorge sèche, je suivis de mes yeux plissés la lente ascension de ses mains sur elle. Je me redressai sur la chaise, à deux doigts d'en décoller pour la rejoindre et faire cesser un jeu dont je ne gérais plus les prolongations. Poings serrés, je me raidis alors qu'elle approchait pour finalement s'accroupir de profil. Elle jouait avec une patience qui s'effilochait et dont il ne subsistait plus que des lambeaux. D'autant plus que chacun de ses gestes était une projection érotique qui alimentait mes fantasmes et bousillait ma tête. Je m'approchai légèrement d'elle, buste penché, sans perdre de vue les yeux qu'elle maintenait levés vers moi. Comme pour me défier de ne pas craquer. Pas de suite. Je fronçai les pommettes, certain de ne pas en être capable. Mais elle m'épargna une défaite silencieuse lorsqu'elle se releva, comme si elle avait pressentit que j'étais à deux doigts de me comporter comme un animal. A deux doigts de lui sauter dessus. Je levai le bras, effleurai son poignet alors qu'elle avançait, le verrouillai sans avoir la moindre attention de la lâcher. Ses cuisses frôlèrent les miennes, s'y plaquèrent. Ma main libre suivit la courbe de son fessier alors que, tête levée, je fixai cette femme à l'expression enjôleuse. Je fis pression sur son poignet autant que sur son corps et elle s'assit à même mes cuisses, en redressant les siennes pour les plaquer contre mes hanches. J'enroulai les bras autour de son buste et entrouvris les lèvres pour aspirer son souffle. Effleurer les siennes. Sans hésitation, je la poussai vers moi pour plaquer son bassin au mien, prêt à capturer ses lèvres sans plus la laisser se dérober. Mais elle les mouva et chacun de ses mots me percuta les uns les autres. Ils résonnèrent dans ma tête et se reflétèrent dans l'obsidienne. Je te veux. Mots qui fuirent, mots silencieux, mots que traduisit cette bouche que je plaquais contre la sienne. Le voile de mes paupières dégringola, mes cils embrassèrent mes pommettes et ma langue se perdit contre la sienne. L'impatience le teintait de son feu, ainsi que l'animalité d'un désir trop réprimé. Je la mordais, l'écrouais, pour lui faire l'amour d'une bouche qui ne parvenait plus à quitter la sienne. J'aurais ainsi pu l'embrasser toute la nuit, tant il y avait matière à savourer. Lèvres gonflées, langue savoureuse. Je respirai son souffle, tournai la tête et approfondis un baiser piqué par la sauvagerie de deux êtres frustrés. Elle se recula, pour s'abreuver d'air, pour souffler à nouveau. Mes paupières battirent et l'ambre noya mon paysage. Une demi seconde avant que je ne plonge vers elle pour l'embrasser à pleine bouche. Mes paumes sur sa nuque la maintenait contre mon visage, de même que ses bras serrées autour de mes épaules. Ma lèvre glissa sur son menton, la seconde se perdit entre les siennes. Je la dévorais. Sans retenue ni arrière pensée, je me laissai emporter par cette danse brûlante et sauvage au meneur changeant. Il n'y avait ni dominance ni soumission, seulement la passion et la fièvre. Aux souffles erratiques se mêla soudain une plainte, un râle aggravé sous la pression de son bassin. Je levai légèrement la tête, pour respirer et elle en profita pour descendre sa main et menacer. Je rouvris les yeux et la fixai, de deux flaques d'encre ensanglantées.  « Tu l'as déjà fait » soufflai-je rauque contre sa peau.  « J'ai eu envie de t'arracher tes vêtements dès que je t'ai vu. » L'admettre à haute voix acheva de panser les blessures d'un orgueil qui s'endormit.  « En vérité, j'ai envie de le faire depuis que je t'ai aperçu à moitié nue dans cette salle de bain. » Une nuit, je m'abandonnais une nuit pour pouvoir enfin tourner la page et reprendre le contrôle d'une vie écorchée par une libido ingérable.

Ce fut elle qui s'éloigna. Dénouant les bras, elle recula légèrement pour poser les doigts sur son corsage. Faisant fit du froid qui caressait ma peau en manque, je penchai la tête pour suivre la danse qu'ils exécutèrent sur la première attache. Elle céda rapidement et les pans de tissu se fuirent pour révéler la rondeur de son sein tendu. Je retins mon souffle, qui ne fut bientôt plus qu'un filet, et ce jusqu'à ce qu'elle cesse de tripoter le deuxième bouton pour me demander de l'aide. Alerté par la familiarité du ton, je levai la tête et reconnu sur ses traits le fantôme d'une expression jadis dessinée lorsqu'elle m'avait demandé de faire les lacets de sa chaussure.  « Ne bouge pas. » répondis-je d'un ton éraillé en lâchant son corps souple pour les poser sur son vêtement et le bouton récalcitrant … qui céda sans difficulté. Mon sourcil s'arqua sur une pierre sombre.  « Tu l'as fait exprès n'est-ce pas ? » lui demandai-je avec un soupçon de sourire sur mes lèvres marquées. Mais, et malgré l'évidence, je défis une à une les attaches de son corset, pour finalement libérer son buste et sa poitrine. La pièce de tissu rejoignit le sol sans un bruit. Le cœur battant, la tête bourdonnante, je coulai la main droite sur son sein et en caressai la pointe du pouce en y traçant de lents cercles brûlants. Chaque passage, chaque toucher firent naître dans mes muscles raides des frissons presque douloureux. Succombant à la tentation, poussé par l'urgence et un désir qui couvait depuis des nuits, je la bloquai de mon bras libre et, la forçant à se cambrer, penchai la tête pour presser mes lèvres à sa clavicule. Ma langue en suivait le dessin, avec une paresse trompeuse. Mes dents frôlèrent sa peau, la rougirent, la marquèrent et ce jusqu'à ce que ma langue s'enroule autour de cette petite perle incarnate et rigide qui couronnait son sein esseulé. J'y refermais les lèvres et mes dents s'y enlisèrent, l'éclaboussant de carmin alors que je m'abreuvais à même sa peau des réactions de son corps. Paupière fermée, obscurité ensanglantée, je l'aspirai, la roulai contre ma langue, la mordillai en savourant chacune des réactions que je percevais sous mes paumes, dont celle qui en écrouait le second. Je ne la délaissai que quelques délicieuses secondes plus tard pour tracer un chemin brûlant jusqu'à sa clavicule, son menton puis cette bouche que je repris avec délectation. Mais l'animal éveillé désirait plus. Et l'homme s'endormit à la faveur d'un loup aux chaînes brisées. Poussé par le démon de la convoitise, je la serrai contre moi puis me redressai avec un empressement adoucit par la souplesse. Je la posai doucement sur le sol puis me penchai pour presser mes lèvres aux siennes. Le baiser volé fut éphémère, à l'image de ceux que je déposai sur sa joue, sa mâchoire, sa gorge. Mes mains, elle, cascadaient sur ses flancs, jusqu'à ce bas dans lequel mes pouces s'enfoncèrent. Je le tirai  et m'accroupis pour en suivre le trajet sur ses jambes allongées. Je ne l'avais vu presque nue qu'une fois, dans une scène tatouée dans ma mémoire, mais en pleine lumière, en tenue d'Eve, elle était … magnifique. L'éclairage soulignait ses muscles étirés et la rondeur pleine de sa poitrine. Je la mirai, la dessinai de mon regard sombre puis baissai la tête pour suivre une impulsion sauvage. Refermant les doigts sur sa cuisse, je la poussai à lever la jambe pour poser le talon sur la chaise derrière moi. Mon souffle rebondit sur le creux de son genou, où un fin réseau de veines bleutées tissaient leurs toiles sous sa peau fine. J'y appuyai les lèvres, les doigts enfoncés dans son épiderme. Je ne pensais plus, ne réfléchissais plus. J'étais l'esclave consentant de toutes les sensations qui me ravageaient, de la chaleur qui me bouffait et de mes fantasmes qui prenaient corps. Mon inférieure glissa sur sa cuisse, effleura son artère fémorale. Je m'y attardais. L'ivoire s'y enlisa, mon muscle l'humidifia et je l'aspirai entre mes dents pour la rougir et la tatouer du sang chaud qui battait sa peau. Quelques secondes avant de lever la tête et de souffler doucement au creux de sa féminité. Un bras enroulé autour de sa jambe, le second sur son fessier bombé, je pressai ma bouche aux lèvres chaudes de son entrejambe. La maintenant fermement contre mon visage, j'aspirai la perle qui s'y nichait et la torturai de ma langue affamée. Je lui fis l'amour avec mes dents, ma langue, mes lèvres dansantes. Je m'abreuvais à même sa féminité du nectar de son plaisir et jouai de ses cordes sensibles à la manière d'un musicien apprenant à caresser et apprivoiser un nouvel instrument. Je sentais les palpitations de son cœur contre mes lèvres, maquillées de sa saveur et marquée par sa chaleur. Je me fis à ses réactions, aux sons qu'elle produisait, aux contractions de ses muscles pour l'emmener au bord du gouffre et l'y pousser. Alors je remontai, doucement, sans relâcher la pression d'un bras qui l'entourait, en déposant mes lèvres sur son ventre, en humidifiant son nombril, en effleurant sa poitrine, en rougissant sa clavicule, jusqu'à cette bouche à laquelle je pressai la mienne. Et alors que je plongeai une main dans sa lourde chevelure, le photographe se réveilla dans mon regard pour figer son visage dans ma mémoire. Pour y dessiner ses pommettes hautes, ses yeux étirés, ses lèvres pulpeuses et gonflées. Quelques secondes seulement avant que je ne me penche à nouveau pour capturer sa bouche. Pour réveiller sa passion, sa folie, sa sauvagerie. Je la titillais d'une langue incandescente enroulée autour de la sienne, en remontant la main pour prendre son visage en coupe entre mes paumes. Les pouces sur ses joues, nos bouches se fondirent. J'aimais la pression de ses lèvres, le jeu de son muscle, la caresse de ses doigts. Son effluve qui marquait ma chaire et le tambour que je percevais sous la pulpe de mon auriculaire. Et cette bouche … cette bouche que j'avais à nouveau un mal fou à délaisser. Une main la délaissa, chuta entre nos deux corps et s'attarda sur le bouton d'un pantalon qui sauta.

Alors le passé se superposa à nouveau au présent sous mes paupières. Nos tenues ressemblaient à peu de choses près à celles qui avaient été nôtres lors de cette nuit avortée. Par une prise de médicament motivée par une recherche … La rougeur tissa sa toile sous mes joues et je reculai pour plonger mes yeux sombres dans les siens. Je n'avais rien. Dans un élan de détermination pure, je m'étais débarrassé de tout ce qui me rappelait mon couple et plus largement les femmes. Et ma sexualité. La gêne coula dans mes prunelles et je me mordis légèrement la lèvre en plongeant la main dans ma chevelure sombre.  « Je n'ai rien … » admis-je d'une voix rauque.  « Rien pour nous protéger. » Si je n'avais pas honte d'une décision que je venais allégrement de rompre avec elle, mon esprit altéré par le désir se surprit néanmoins à maudire pour la première fois depuis des mois mon obstination. Les pommettes surélevées, je fis jouer mes doigts à la base de mon crâne.  « Je n'ai aucune envie de m'enfuir ou de souffrir encore des semaines mais … si nous voulons aller plus loin, je vais devoir sortir. » Une décision qui m'enchantait d'autant moins que je n'aspirais qu'à m'oublier contre ses lèvres.
 
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Re: [+18] You're getting close and the lights are off (+) jera | Ven 4 Aoû - 17:02
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You're getting close and the lights are off
Je Ha & Sora







Les diablesses se dévoraient, et nul ne pouvait les séparer. Que quelqu'un ose.. Impossible. Leur union était bien trop.. délicieuse pour en perdre la moindre bouchée. Elles s'étaient longtemps agacées mutuellement, incomprises, troublées, leur rictus méfiant cachant en réalité un intérêt plus ou moins camouflé. Puis, elles avaient fini par s'entre-aider, se soutenir, laissant place à une sincérité dû à divers événements qui les avaient rapprochés. Et puis, peu à peu, les mots qui les traversèrent n'étaient pas la seule chose à laquelle elles prêtaient attention. La forme, la couleur, les expressions que les animaient, leurs langues qui y passaient avec provocation.. Une étrange fascination pour leur jumelle qui se faisait un malin plaisir de s'entrouvrir bien trop souvent, et de s'approcher de plus en plus.. C'est ainsi qu'elles étouffèrent enfin les voix qui pouvaient encore les dissuader, se rendant elles-même muettes pour pouvoir pleinement savourer le toucher.. le goût de l'autre.. Nos deux bouches devenaient dangereusement incontrôlables. Si je léchais sa lèvre inférieure, il mordait la mienne d'un coup de crocs. Puis sa langue traînait à son tour, avant que nos souffles ne s'appellent à nouveau. On était écroué de mille et unes sensations grâce à ces muscles qui ne se frôlaient plus, mais s’entrelaçaient presque à se faire mal.. Mais même dans cette intense pression, on était incapable de reculer durant de longues minutes, tant la sensation était exquise. L'appui violent de nos lèvres, les langues qui creusent, qui explorent, qui dansent, et qui glissent avec dextérité dans chaque recoin de ces gorges qu'elles n'auraient pu oublié, et l'ivoire, l'ivoire qui marque et désire posséder entièrement. A cet instant, je ne voyais aucune raison de le lâcher, tant j'étais éprise de me noyer dans cette bulle chaude, et humide. Mais une seule chose me fit reculer, respirer ! J'aspirais l'air, ma poitrine se gonflant sous l'excitation et les battements d'un coeur palpitant. Ses yeux dans les miens, une demi-seconde, et le feu les anima d'une flamme encore plus violente. Ses mains se perdirent dans ma nuque, et il m'attira brusquement à lui en un baiser des plus désespérés et passionnels. Surprise, mes doigts se resserrèrent sur leur prise, mes ongles s'enfonçant légèrement dans la peau nue de ses épaules carrées. Je voulais respirer, mais.. c'était trop bon. Il y avait bien trop d'envie, de désir, d'empressement dans l'étreinte de nos bouches. Il fallait.. endurer cette sensation de perdre pied, de perdre le contrôle et s'adapter à leur voracité étourdissante. Le loup avait faim, embrassant en une expression sauvage tout ce qui passait devant lui.. Sa bouche s'écartant pour capturer mon inférieur et la peau pâle de mon menton.. C'était terriblement animal, et une pique s'enfonça plus profondément au creux de mon ventre si malmené. L'impatience me nouait.. Bien trop de choses le nouaient. Les soupirs m'échappaient, seul instant où je pouvais expirer puis inspirer un peu d'air, avant qu'il ne vienne le capturer à même son muscle, l'aspirant sensuellement sans m'en laisser une seule dose. Si j'en voulais à mon tour, je devais le lui voler, en le distrayant d'un mouvement de bassin appuyé, lui faisant échapper une plainte rauque dont j'étais l'heureuse coupable. Je lui assénais que si il tentait maintenant de s'échapper, je l'attacherais sans le moindre regret et je profiterais de lui jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus.. Haletante, sa réponse m'avait surprise. Je l'avais déjà fait ? Si cela avait été le cas, crois-moi, je ne l'aurais pas oublié ! « J'ai eu envie de t'arracher tes vêtements dès que je t'ai vu. En vérité, j'ai envie de le faire depuis que je t'ai aperçu à moitié nue dans cette salle de bain. » J'écarquillais lentement mes prunelles sous l'aveux qu'il venait de me faire. Et quel aveux.. Mes doigts glissèrent sur son torse, nos regards assoiffés s'abreuvant de l'autre. Dans la salle de bain.. Tous les deux dans la salle de bain.. Je me remémorais à nouveau ce moment, ce moment inattendu rempli d'adrénaline, stressant à l'idée d'être découverts ensemble dans ce genre de pièce dans une tenue inappropriée. La chaleur qui s'en imprégnait, l'eau, les serviettes.. Le rouge me monta aux joues, mais il ne trahissait aucune timidité, mais un feu intérieur qui s'embrasait en moi bien trop chaudement, devenant désormais impossible à cacher.. Je me mordillais la lèvre inférieure en me rapprochant encore un peu plus de lui. « .. Pourquoi est-ce que tu me dis ça.. ? Maintenant, j'ai des images qui me viennent.. Les accoups de nos corps contre cette porte.. Le son répétitif du mouvement de l'eau qui accélère.. Est-ce que tu les entends ? » lui susurrai-je sensuellement contre ses lèvres, fermant les yeux quelques instants pour imaginer, avant de les réouvrir, dévoilant l'or teinté de sang. « Et j'en viens à regretter de ne pas avoir partagé ce bain avec toi.. » Bien qu'il n'y avait plus de bain, la situation actuelle était toute aussi agréable, même si ce mot était bien trop faible pour qualifier toutes les émotions qui me traversaient. Mais la première chose qui me venait tout à coup à l'esprit avec sa déclaration, c'était.. Déshabille moi.

Je sentais que cet homme allait m'épuiser et il me tardait de voir de quelle manière il allait s'y prendre.. Et je l'encourageais dès à présent à commencer. J'entrouvrais le corset d'un seul bouton, avant de jouer avec une faiblesse, demandant après son habilité en tant qu'homme pour continuer ce que j'avais entrepris. La seconde attache céda, aisément, bien trop facilement et j'esquissai un sourire à sa réflexion. « Je ne vois pas de quoi tu parles.. » C'était plus plaisant si c'était lui qui me déshabillait. Je voulais le laisser me découvrir.. C'est vrai, après tout, la dernière fois, c'était moi qui avait pratiquement tout enlevé ! Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour obtenir ce que l'on voulait.. Il dégrafa les attaches une à une, et aucune n'avait osé l'interrompre. Aucune n'avait empêché le vêtement qui épousait mon buste de se relâcher peu à peu, jusqu'à lui succomber. Il avait fini par atterrir sur le sol, et pendant ce temps-là, je capturais mille clichés de son regard qui s'attardait sur mon buste pulpeux de femme. Je pouvais y lire toute la convoitise qui le possédait et cela ne faisait qu'augmenter un peu plus ma propre libido ! Je me sentis frissonner sous la pulpe de ses doigts qui vinrent délicatement caresser l'un de mes seins. Comment une si petite zone pouvait être si sensible, pensais-je, avant qu'il ne passe un bras dans mon dos, me forçant sous le mouvement à me cambrer davantage. Il coula vers ma clavicule.. Non, tout était sensible en réalité.. Il y traça son chemin et je me raidissais en le sentant se rapprocher de mon cou chatouilleux sous les baisers puis s'en éloigner.  Il fondit sur la couronne rosée de sa bouche gonflée. Un soupir m'échappa, alors que je me penchais un peu plus en arrière pour m'offrir à lui. Puis un petit gémissement, sous la douleur vive d'une brève seconde.. La morsure de l'ivoire insatiable, qui voulait tout goûter sous ses crocs. Jeha me soulagea de la douceur de ses lèvres, de l'empressement de sa langue et de ses doigts, qui semblaient peindre avec attention la seconde rondeur féminine délaissée, la modelant de sa paume si chaude... Ce que je pouvais aimer ses mains.. L'avais-je déjà dit ? Je n'avais parlé que de sa bouche, mais ses mains étaient tous aussi aphrodisiaques ! Et puis, il les abandonna, longeant une veine battante, jusqu'à sa jumelle entrouverte qui l'appelait silencieusement.

Et puis, souplement, je suivis le mouvement qu'il engrangeait en me serrant soudainement contre lui et en se relevant. Il me déposa sur le sol, et je m'allongeais de tout mon long sur le dos, mon menton se relevant instinctivement lorsqu'il s'avança pour une ultime pression. La pluie de baisers se déversait sur ma peau laiteuse, qui frémissait à chacun de ses touchers éphémères. Je le laissais faire, je soulevais seulement mon bassin sous le bas de mon sous-vêtement qu'il descendait lentement le long de mes jambes, jusqu'à l'ôter entièrement. Mes cuisses s'épousèrent, l'une de mes jambes se replia comme pour voiler légèrement une féminité complètement mis à nue. Mise à nue sous son regard sombre, aux braises crépitantes qui brûlaient dans ses prunelles, en me mirant avec attention. J'étais fière de mon corps, je savais le montrer, le mettre en valeur. Je savais qu'il plaisait, et ce qui plaisait le plus. J'étais confiante dans ma nudité, mais comme tout le monde, je gardais toujours cette gêne intense de quelques secondes.. Cette gêne devant le jugement de deux pierres captivantes qui, peu à peu, me rassurèrent, et puis, sans le moindre regret, mon corps s'abandonna pleinement à lui.. Il agrippa l'une de mes cuisses, et me fit tendre la jambe jusqu'à ce que mon talon puisse s'appuyer sur la chaise derrière lui. Je suivais le mouvement, sans la moindre hésitation. Curieuse, et impatiente. Son souffle, je pouvais le suivre, exalté et fiévreux. Alors que je détaillai le plafond, je ne me fiais à cet instant qu'à un seul sens : celui du toucher. Il glissait contre mon genou, en embrasa mon épiderme puis, l'intérieur plus moelleux, plus tendre de ma cuisse, contre laquelle il referma l'ivoire. Mon corps se contracta sous la première attaque mais, je sentais que ce n'était pas la dernière. Je la prédisais même, alors qu'il descendait de plus en plus bas.. Le souffle qu'il expira volontairement me sembla brusquement beaucoup plus frais contre les lèvres de mon plaisir. Le mien devenait un filet tant l'attente me rendait folle. Et puis, il les épousa des siennes et je lâchais ce premier soupir. Le premier d'une longue lignée. Je sentis ma perle frémir sous le contact de sa bouche, me titillant avec dextérité du bout de la langue, mais aussi de ses lèvres, et de ce souffle chaud qui rebondissait contre cette zone bien trop.. Je mordillais tout à coup fortement mon inférieur, mes jambes se raidissant sous la poigne qui les gardait fermement dociles, elles ne pouvaient en échapper ! Les terminaisons nerveuses étaient tellement sensibles à cet endroit-là, que la simple caresse de son muscle humide m'envoyait des décharges électriques dans tout le corps. Une vague ardente qui remontait jusqu'à venir enflammer mes joues et ma gorge qui ne savait plus s'exprimer que par de douces plaintes suaves, dont je ne retenais plus la moindre note.. C'était très agréable.. Plus qu'agréable.. Le voir simplement entre mes cuisses m'excitait au plus haut point ! J'adorais cette image, j'en étais fascinée.. Cette bouche frénétique, avide qui s'acharnait à taquiner ma féminité dans un langage des plus érotiques, que l'on savait manier aussi bien l'un comme l'autre. Je ne pouvais pas empêcher mon bassin de jouer à nouveau sur ce petit va et vient, je n'arrivais pas à l'arrêter.. ça montait de plus en plus, ma respiration s'emballait, mon buste se cambrait souplement puis subitement, ma poitrine gonflée aux couronnes dressées, ma gorge entrouverte soumise à un nouveau gémissement, tous plus imprévisibles les uns après les autres.. De temps à autre, je tournais ma tête vers lui, le voir augmentait toutes les sensations qu'il me procurait. Son regard bestial se relevait, me fixait, et je gesticulais devant lui, de mes reins lascivement courbés sous ce plaisir plus profond, plus intense qui m'envahissait.. Je glissais mes doigts dans ses cheveux noirs, les ébouriffant légèrement, avant que mes mains ne regagnent le sol, se raidissant de part et d'autre de moi, sous l'assaut de ce début d'orgasme qui grossissait au creux de mon ventre.. Mes jambes tremblaient sous ses larges paumes lorsque la jouissance les fît se contracter violemment en un gémissement plus aiguë.. puis se détendre peu à peu, lorsqu'il relâcha sa prise autour de moi..      

J'avais chaud.. Il m'avait donné si chaud, et tout cela, rien qu'avec cette bouche.. Cette bouche qui continuait à s'acharner, glissant sur un corps qui reprenait son souffle, encore une fois. Et je doutais que ce soit la dernière fois que je le perdais. Admettre cela me fît à nouveau frissonner, de même que ses caresses qui atteignirent mes lèvres. Et alors que je m'apprêtais à l'étreindre, il se recula pour plonger son regard dans le mien, me détaillant silencieusement.. Bien trop longuement pour moi. Me détaillant avec cette même soif dévorante, une lueur sauvage éclairant mes prunelles fauves explosées.. Je ne te laisserais pas le temps de prendre plus d'un cliché dans tes souvenirs.. Impatiente, j'agrippai sa nuque de mes doigts, le forçant à réduire la distance, afin de récupérer mon dû. Je plaquai mon souffle contre le sien, ma seconde paume se perdant dans son dos, l'enlaçant, l'enchaînant à nouveau à moi.. Je voulais qu'il se rapproche, qu'il se rapproche encore plus.. Ma poitrine aux pics incarnat se frottant contre son torse musclé.. Je me rendais compte à quel point sa chaleur m'avait manqué, aussi étouffante soit-elle, elle n'en était que plus enivrante. Addictive. Nos muscles, enlacés dans une danse désinhibée, s'imbibaient de la saveur de l'autre.. Ses paumes se refermant autour du visage d'une femme déjà obnubilée par ce qu'elle tenait bien trop possessivement.. Mes cuisses, instinctivement, se contractèrent autour de ses hanches, trahissant mes pensées qui ne pouvaient être plus claires : je le voulais en moi.. Je le voulais, maintenant, tout de suite.. Je ne pouvais pas attendre plus longtemps ! Et comme si il avait lu en moi, comme si il m'avait comprise, sa main chuta entre nous deux, faisant aussitôt sauter le bouton de son pantalon qui devait être si étroit..  

Mais il s'arrêta subitement dans son élan, délivrant les pulpeuses gonflées aux morsures et au désir insatiable. Nos respirations irrégulières habillaient le silence qui dominaient le studio du photographe. Je passais d'un mouvement naturel le bout de ma langue sur mon inférieur, capturant les dernières fragrances d'une salive que je désirais à nouveau me délecter. Qu'avait-il ? Ma paume se referma sur sa joue, dont la pommette se teinta aussitôt d'une couleur carmine. « Si tu n'oses pas me demander, je peux très bien le faire pour toi.. » lui assurais-je, d'une voix enjôleuse, alors que mes cils s'abaissaient en direction de son pantalon. Je pouvais très bien l'enlever.. pensais-je, avant de remarquer un sentiment de malaise émanant de lui. « Quoi..? » Je penchais la tête sur le côté, soudainement attentive, malgré ma libido en ébullition qui me hurlait de le lui ôter de force ! « Je n'ai rien.. Rien pour nous protéger. » … Non.. C'est pas possible.. Silence. Mes pupilles s'étaient agrandies en deux larges cercles noirs, trahissant une énorme secousse mentale qui éclaboussait tout mon cerveau. C'était bien la première fois qu'on me faisait ça.. Ou la seconde avec lui.. Confusion d'abord, le déni ensuite, puis vint ensuite.. « Je n'ai aucune envie de m'enfuir ou de souffrir encore des semaines mais … si nous voulons aller plus loin, je vais devoir sortir. » .. L'indignation, et la révolte. Je lâchais une simple expiration agacée, avant de resserrer mon étreinte autour de lui. Une étreinte ferme et assurée. Mes talons frappèrent le sol et d'une impulsion des plus inattendues, je fis basculer Jeha sur le côté, puis sur le dos, le plaquant presque violemment sur le sol. Sans lui laisser le temps de réagir, je m'installai à califourchon sur lui, ma paume droite pressée contre son torse. « Est-ce que tu te foutrais de moi par hasard ? Comment est-ce que tu ne peux pas avoir de..  ! Aish ~ » lâchais-je, avant de mordre ma lèvre inférieure sous l'irritation qui m'envahissait, mais qui était loin d'être de la colère. C'était plus du.. Mais pourquoi le sort s'acharne t-il ?! Je le pointais tout à coup du doigt. « Toi, tu restes ici, c'est moi qui irait. Même si je dois me rhabiller avec tout ça, et aller à la première pharmacie que je trouverais dans cette tenue ! » m'écriais-je avec assurance. Qu'est-ce qu'il fallait pas faire pour coucher avec cet homme, j'vous jure ! Même entièrement nue sur lui ! « Je t'ai prévenu, si tu oses t'enfuir, tu.. » Ma voix s'était interrompue soudainement, mes paupières papillonnant de quelques battements de cils noircis. Je restais de longues secondes sans parler, prise dans les pensées qui affluaient, et qui me livraient sur un plateau d'argent la solution à notre problème ! C'est vrai, j'avais oublié ! Je gardais toujours un préservatif au cas où dans mon porte monnaie et dieu merci, je l'avais pris avec moi. Un immense soulagement m'avait envahi, l'idée de m'éloigner de lui m'avait littéralement désespérée.. Hors de question de fuir cette fusion charnelle qui n'avait pas encore eu lieu mais que je fantasmais depuis des semaines, tout comme lui, j'en étais désormais certaine ! Un sourire naissait naturellement sur mon visage, alors que mon regard  effleurait à nouveau le sien de cet air mi-sournois mi-enjoué. Il devait se demander à quoi je pensais, et surtout ce que j'avais encore imaginé pour le torturer, mais pour une fois, c'était tout le contraire ! Quoique.. Avec lenteur, je me penchais vers l'avant, venant épouser son buste du mien, mes avant-bras de part et d'autres de sa tête, nos nez se frôlant.. « .. Et si je te disais que dans quelques minutes, tu voudras me remercier, et que je vais nous éviter de sortir.. L'un comme l'autre.. » lui murmurai-je, avant de glisser jusqu'à son cou. Je l'embrassais, l'aspirais, le marquant de plusieurs rougeurs d'une couleur que je désirais vive et difficile à masquer. J'aimais laisser des traces de mon passage, laisser sur l'autre un tatouage presque indélébile d'une nuit de débauche partagée. Je voulais qu'il voit ses marques le lendemain matin, et que l'envie le dévore à nouveau. Comme je le serais sûrement. Je longeais sa clavicule bombée, puis son torse sculpté alors que mes mains glissaient sur ses bras robustes.. J'en dessinais lentement les renflements de chaque muscle qui se raidissait sous mon passage, chaque creux qui soulignait une musculature saillante et attirante.. Ma bouche vint titiller ses petites perles rosées, les mordillant, avant de creuser un peu plus de mon souffle ses abdominaux, tout en flattant ses flancs de mes paumes qui en détaillaient ses courbes jusqu'à ses hanches plus étroites. Je me reculais, délaissant son bassin pour me placer entre ses jambes, avant de lui ôter ce pantalon qui m'agaçait. Je le balançais plus loin, puis je me penchais vers son entrejambe, embrassant la délimitation entre son bas-ventre et son boxer. Je le fis descendre sur ses cuisses, lentement, mais avec un certain empressement que je ne pouvais voiler.. Mes prunelles dorées se levant vers les pierres sombres, mes lèvres longeant son sexe tendu, jusqu'à ce que le tissu soit entièrement retiré. Sa virilité était au plus mal, et je mourrais d'envie de la soulager un tant soit peu, avant de nous combler mutuellement. D'ailleurs, on pouvait dire qu'il avait plutôt été gâté par la nature.. pensais-je, alors que je l'attrapais entre mes doigts manucurés, jouant un lent va et vient pour en tester la sensibilité. Accroupie entre ses jambes entrouvertes, je les fis courir de bas en haut sur cette chaude proéminence et je suivais le mouvement des yeux avec une certaine fascination, avant de venir la laper.. Ma main la maintenant devant moi, alors que ma langue léchait sa virilité, reprenant la même progression lascive jusqu'à son gland.. Plusieurs fois, je répétais la même attention, savourant le souffle saccadé de Jeha qui lui échappait malgré lui, et qui me poussait plus que tout à continuer. Je refermais mes lèvres sur le bout de son gland, l'imbibant de ma salive, l'aspirant avec gourmandise, quelques gémissements incendiés les traversant pour qu'il les entende et l'excitent encore plus. Et puis, ce dernier regard vers lui et son corps tendu, torturé.. jusqu'à ce que je n'écarte les deux pulpeuses qui habillaient ma bouche, pour venir l'y engloutir entièrement. Son corps avait aussitôt frémi, et ses réactions ne cessaient de s'accentuer, au fil des bouchées que je prenais. Je la tenais possessivement d'une main, l'autre posait sur sa cuisse, alors que je me cambrais davantage en arrière pour mettre en valeur le creux de mes reins, et mon dos courbé entre ses cuisses. Je m'arrêtais parfois au bout de sa virilité, jouant du bout de ma langue à tourner autour, d'un sourire provocateur, avant de le suçoter, mon souffle brûlant le chatouillant un peu plus.. Jusqu'à enfoncer à nouveau son membre dans la cavité humide de ma gorge. Je m'imprégnais des sensations que je lui prodiguais, ses muscles se bandant sous la pulpe de mes doigts, sa voix rauque qui lâchait des expirations particulièrement suaves à mes oreilles, me poussant à accélérer le rythme.. de plus en plus vite.. jusqu'à ce qu'il atteigne.. presque la satisfaction ultime.. Avant que je ne m'interrompe d'un dernier bruit de suçon sur son membre durci, remontant rapidement le long de son torse, pour lui glisser un simple « .. Je reviens très vite.. Attends-moi.. »

Je me redressais, la langue se baladant entre mes lèvres carnassières en regardant le brun couché sur le sol, puis je me dirigeais vers la pièce à quelques mètres où j'avais laissé mes affaires. Empressée, les flammes de la luxure me consumant à petit feu, je farfouillais violemment dans mon sac, trouvant aussitôt mon porte monnaie que j'ouvrais avec facilité. Coincé dans un compartiment transparent, je récupérais l'emballage bleutée que je me remerciais d'avoir mis là. J'en profitais pour ôter mes chaussures à talons, revenant entièrement nue dans la pièce principale, où le loup demeurait, sous les lumières éblouissantes du studio. Je m'avançais vers lui d'une démarche chaloupée, ma chevelure brune coulant de part et d'autre de ma poitrine tendue, alors que je m'accroupissais devant lui. Je lui présentais sous son regard bestial, trahissant fortement le manque et la frustration qui le dominaient, l'objet de son attente. « Je ne sais pas ce que font les femmes ici, mais heureusement pour toi.. Les américaines savent être prévoyantes si il le faut. » lui lançais-je, d'un sourire aguicheur, alors que je déchirais presque sauvagement l'emballage. J'avais envie autant que lui... Terriblement envie.. Je fis glisser le préservatif entre ses cuisses, mes doigts le frôlant douloureusement.. Ma tâche faite, je grimpais sans perdre de temps sur lui, savourant à nouveau d'un soupir le contact de son bassin contre le mien d'un mouvement brusque, qui me fit lâcher un petit rire, alors que j'attrapais son visage de mes paumes pour venir l'embrasser avec fougue. Je pouvais sentir toute son impatience, son désir, son envie, son avidité dans la fureur de ses baisers qu'il m'écrouait.. Et j'aimais tellement ça que j'en redemandais encore.. Plus. Ma main chuta entre nos deux corps, capturant sa virilité enflée que je guidais avec ardeur en moi. Elle s’immisça lentement entre les lèvres chaudes de mon plaisir, un gémissement en choeur nous domina quand d'un coup de rein elle s'y introduisit entièrement. Les préliminaires et l'attente avaient été si longs, si tentants, si frustrants, qu'ils avaient doublé toutes les sensations physiques que l'on ressentait. J'avais l'impression que j'allais déjà explosé.. J'agrippais fermement sa nuque, le forçant à se rapprocher encore, à se coller à moi, et à ne plus me lâcher ! Nos bouches se retrouvaient, dansaient, s'abreuvaient de l'autre, se mordillant.. Mais elles étaient sans cesse interrompues par les gémissements de plus en plus fréquents qui nous soumettaient à une cadence irrégulière... Nos bassins étaient les maîtres dans ce va et vient si délicieux, si sauvage, si.. bon.. ! Mes lèvres dessinaient des croquis incontrôlables, des croquis sur sa mâchoire, sur son cou rougi par la débauche, une plainte plus aiguë se perdant près de son oreille, alors que je laissais ma tête partir en arrière, les yeux fermés, sous ses mains possessivement accrochés à moi.. Je resserrais à nouveau mon étreinte, nos regards se liant, nous embrassant sans briser ce contact visuel qui rendait nos baisers encore plus torrides.. Mes hanches rebondissaient contre lui, tout comme ma poitrine pulpeuse qui s'écrasait de temps à autre contre son torse qui me plaquait contre lui.. qui m'étouffait de sa chaleur bouillante.. Je me fichais de notre position qui n'était pas des plus confortables, nos corps assis sur le sol de son studio mais.. Aussi inconfortable soit-elle, notre union était enflammée, bestiale, primitive et rien ne pouvait la séparer.. Je lui assénais quelques coups de reins plus brusques, plus impétueux sous la pression de ses paumes sur la courbe de mon fessier.. Son prénom m'échappa, alors que le rythme ne cessait d'augmenter en intensité, la dernière syllabe vibrant dans un long gémissement des plus érotiques, mes cuisses se contractant contre ses hanches, mes ongles s'enfonçant dans sa nuque, mon corps se crispant d'un plaisir déchaîné et.. Divin.. Jeha...       

    
 

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.
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Re: [+18] You're getting close and the lights are off (+) jera | Lun 14 Aoû - 4:01
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Tu me rends dingue. Tes regards, ton souffle, tes mimiques. Un toucher. La colère et la frustration. J'oscille, déchiré, entre conscience et inconscience, entre raison et désir, entre retenu et érotisme. J'aimerais dire non. J'aimerais affirmer que tu ne m'obsèdes pas. Physiquement. Un fantasme, qui ternit cette « amitié » imaginée, qui rougit une relation sans nom en y ajoutant une touche de tension et un grain de folie. J'aimerais dire oui. Puis tourner la page, oublier et peut-être enfin te considérer comme une des amies ayant réussit à forcer un passage qui ne flirte pas avec le danger.
 



TENUE Un voile de carmin tissa paresseusement sa toile sous ses joues diaphanes. J'y glissai les yeux avant de les noyer dans deux amandes sombres à la poésie érotique. Et chaque mot, chaque syllabe pénétra ma chair et ma tête enflammée. Cette femme était au cœur de mes fantasmes depuis des semaines et mon cerveau malmené par cette envie indésirée avait imaginé tant de choses qu'une nuit n'y suffirait jamais. Mais le tableau susurré par ses lèvres gonflées, ces coups murmurés et ces remous à peine esquissés … ils poignardèrent mon imagination saturée de flashs qui intensifièrent ce que je ressentais pour elle. J'entendais Mais plus encore, je visualisais …. ressentais. La pression de son corps nu contre le mien, la chaleur de sa bouche, le toucher humide d'une peau qui glisse sous les doigts empressés. Mon souffle se brisa et mes yeux s'agrandirent, assombris par la sexualité d'une idée qui s'attardait sous mes paupières. Je m'approchai, la frôlai …. mon inférieure roula sur sa peau jusqu'à sa bouche. Je bus l'air à même ses lèvres, celui qui me manquait et qu'elle m'avait ravit d'une simple phrase. Mais elle le refit d'un geste, d'une demande … d'une kyrielle de sons et de soupirs qui rebondirent en écho dans mon être noué et noyé. Je me laissai porter, emporter par ce que j'éprouvais, par les envies qui me submergeaient, par les fantasmes qui me nourrissaient. Sa peau, sa bouche, ses seins, sa gorge …. je les goûtais, les peignais, les humidifiais de mes lèvres avides et de ma langue empressée. Mes boucliers s'étaient fracassés et mes doutes assassinés ne perturbaient plus l'homme exalté. J'étais libre, libre au point d'en vouloir plus. Je voulais la découvrir, la posséder, la marquer … m'en nourrir et m'en abreuver jusqu'à ce que la soif et la faim s'évanouissent. La chaise fut abandonnée d'un mouvement souple et je la couchai sur le sol pour mieux assouvir les besoins qui battaient mes veines. Je la sentis se contracter sous mes mains, mes dents … mes lèvres. Et si je ne voyais plus son visage, j'imaginais le plaisir altérer ses prunelles tandis que je plongeais la langue dans son intimité savoureuse. Mon bras se resserra autour de ses jambes et mes paupières chutèrent. Je la respirais, la buvais, la sentais sous ma bouche. Je percevais sa tension aussi bien que les battements fous de son cœur dans la larme incarnate que je retenais entre mes dents. J'aimais son parfum, riche et féminin. J'aimais sa manière d'onduler entre mes bras, la pression de ses doigts dans ma chevelure brune, la morsure de ses ongles dans ma tête bourdonnante. Et j'aimais la couleur de son regard, capturé alors que je levai fugacement la tête avant de replonger à nouveau entre ses cuisses pour la tourmenter. Jusqu'à ce qu'elle craque et se laisse emporter. Jusqu'à ce qu'elle se cambre et pousse un son plus aigu qui martela mes tempes avec plus de force qu'un muscle fou et agonisant. Je la libérai et, pressant mes paumes au sol, rejoignis ce visage dont je n'avais eu que de brefs aperçus. Mes pupilles se dilatèrent et je m'immobilisais pour la photographier d'un regard fasciné. Et j'étais déchiré, entre l'envie de l'esquisser dans ma tête et celle de mordre cette bouche pleine et entrouverte. Ma courte hésitation eut raison de l'impatience de la brune allongée, qui, nouant ses doigts autour de ma nuque, y imprégna une pression suffisamment forte pour que j'en oublie ce croquis silencieux. Je plaquais mes lèvres aux siennes et pliai les bras pour presser mon corps brûlant au sien. Les pointes dures et tendues qui coiffaient ses seins râpèrent ma peau nue et y envoyèrent des décharges électriques qui blessèrent mes veines et mon bassin noué. Un soupir déchira ma gorge puis une plante rauque lorsqu'elle emprisonna mes hanches de ses jambes en plaquant son intimité à la mienne. Il ne restait plus que mes propres vêtements pour m'empêcher de la prendre à même le sol. Et c'était une torture, que de la sentir aussi proche et pourtant aussi loin. Une main dans sa chevelure, je glissai la seconde entre nos deux corps entremêlés. Et si le bouton sauta sans bruit, ma conscience, elle, fit un réel et brusque tapage dans mon cerveau embrumé. Perturbé par une évidence qui ne m'avait jusqu'ici jamais effleuré, je relevai la tête et la dévisageai, conscient que l'énoncer à voix haute briserait en partie la bulle érotique dans laquelle nous avions été happé. Tendu, je fixai Sora, en tentant d'organiser mes idées pourtant simples. Elle ne m'y aidait pas. Sa langue coula sur sa lèvre, en un véritable appel à la luxure et sa paume se referma sur une joue brûlante et marquée par la gêne. Ou la connerie. Je plissai les lèvres et, repoussant les images qu'elle traçait d'un murmure rauque, la forçai à faire face à un détail plus prosaïque. Elle se figea et ses yeux s'agrandirent, sombres et hébétés. Et bien que mon cerveau brûlant soit totalement anéantit par le désir qui pulsait toujours vigoureusement dans mes veines, je remarquai et compris la pointe d'agacement dans ses pupilles rétrécies. Aussi me fis-je un devoir de préciser que je n'avais pas la moindre envie de m'enfuir ou de couper court une nouvelle fois à nos élans physiques. Néanmoins, et plutôt que de me laisser partir, elle resserra son étreinte autour de mes épaules puis me fis basculer avec une rapidité qui me prit au dépourvu. Ma tête cogna le sol et mon dos rejoignis le drap qui se froissa sous mes muscles instinctivement contractés. Le souffle court, je la sentis me chevaucher avant même de pouvoir bouger. Mes cils battirent et je la regardai fixement, sans comprendre son geste. J'allais avoir du mal à … Mes poumons se bloquèrent tandis que sa main s'enfonçait dans mon torse. Ses cheveux glissèrent, cascadèrent sur son bras tendu et ses doigts se contractèrent dans ma peau. Indigné, elle se mordit la lèvre inférieure après avoir râlé, incapable de comprendre la situation. Je ne l'aidais pas. Quand bien même j'aurais voulu lui confier que je n'avais pas plus eu l'intention de coucher avec elle qu'avec une autre femme, j'en aurais été incapable. J'étais … happé. Happé par le mouvement incessant de sa chevelure sur sa peau soyeuse, par l'éclat de l'ivoire sur sa bouche gonflée, par la rondeur de ses seins et la couleur de leurs couronnes et par la coupe triangulaire de son entrejambe plaquée à la frontière de mon jean. Les dents serrées, je me contractai et levai momentanément les yeux vers le plafond pour m'empêcher de faire une connerie et d'envoyer ainsi au diable cette merde de préservatif pour lui faire l'amour sans. «Quoi ? » m'exclamai-je gravement lorsqu'elle avança l'idée d'aller en acheter elle même. « Tu comptes sortir seule, de soir, dans cette tenue ? Tu es folle ? » Je ne savais pas même si l'indignation qui se peignait sur mes traits étaient due à une envie de la protéger ou à celle de garder jalousement et pour quelques heures la vision de cette femme dans ces quelques pièces de tissus disséminées autour de nous. « Je ne m’enfuirais pas. » répétai-je en un grognement rauque. « Je suis en train de devenir fou parce que je ne supporte pas l'idée de …. quoi ? » Son regard, jusqu'ici agacé, venait d'évoluer et un sourire étirait désormais ces deux fruits rouges et tentants que je brûlais de capturer. L'air glissa sur ma langue sèche mais sans parvenir à nourrir un corps sur lequel elle se pencha, féline. Ses cheveux effleurèrent ma peau, puis ses seins alors qu'elle encadrait mon visage de ses bras. Le désir, impatient, mordit à nouveau ma chair et assombrit deux obsidiennes poignardées alors qu'elle soufflait quelques mots contre mes lèvres. Ne pas sortir ? Je plissai les pommettes et levai légèrement un sourcil, en un geste qu'elle assassina d'un baiser sur ma gorge.

J'en oubliais sa phrase énigmatique, l'esprit accaparé par la danse de ses dents dans ma peau chaude. Je serrai les miennes et inspirai avant d'expirer doucement, les joues contractées et les paupières battantes. Je savourais chaque toucher, chaque pression de ses lèvres sur mon épiderme échauffé, chaque caresse de ses mains sur mes muscles bandés. Elle s'attarda sur mon torse et sur les perles dures qui habillaient mes pectoraux, puis sur les rainures creusées par mes abdominaux en déversant sous ma peau un mélange de plaisir et de désir qui altérait ma respiration. J'effleurai son bras des doigts mais elle se déroba et s'accroupit entre mes jambes. Avalant une goulée d'air, je redressai la tête et me hissai sur mes avants bras pour la suivre. Hors, je dus me faire violence pour la laisser faire et ne pas intervenir. Sa main fine se replia sur la fermeture qui glissa puis sur le tissu rêche qu'elle tira le long de mes jambes. Je m'appuyai sur mes coudes et me soulevai pour l'aider, décidé à l'attraper et à la ramener vers moi dès qu'elle aurait envoyé mon jean dans le décors. Sa bouche me manquait, de même que sa chaleur et l'appui de son corps contre le mien. Puis, et ce bien que ces préliminaires avaient un charme torturant, je la désirais à un point tel que seule l'idée de me perdre en elle me hantait. Un fantasme repoussé et déchiré par l'appui de sa bouche contre mon bassin et de ses doigts contre mes cuisses. Je cessai de respirer et de penser, les neurones anéanties par le tracé de sa bouche sur ma masculinité gonflée. Bloqué, mon souffle n'était plus qu'un filet tandis que je me noyais dans ce regard éclaboussé d'or et de sang qu'elle m'offrait durant sa descente. Quand enfin elle se redressa et se débarrassa du sous vêtements, mes poumons se libérèrent d'un coup et je les vidais en posant la tête sur le sol.Terrible idée. Sa main écroua ma virilité tendue et la parcourut, achevant de faire de moi un pantin désarticulé. Un voile écarlate tacha un plafond obscurcit et je baissai le menton pour protester. Si lui offrir du plaisir m'avait semblé d'autant plus naturel que j'en avais eu envie, son geste intime me prenait au dépourvu. Plus que coucher avec elle, j'avais l'impression de devoir lui faire confiance en m'abandonnant, ce qui réveillait l'instinct défensif d'un loup blessé. « Sora, att ... » Les mots moururent sur mes lèvres alors qu'elle approchait les siennes de mon membre. Sa langue s'y enroula puis y voyagea sensuellement. Une plainte s'arracha à ma gorge enrouée et je levai le menton en mordant mon inférieure, mon crâne glissant sur le sol. Les sons résonnaient dans ma bouche sans pouvoir s'en échapper, en une myriade de grognements raclés. Le plaisir me submergeait et la tension qui nouait chacun de mes muscles s'exacerbait à chacune de ses caresses. Les yeux perdus dans le vide et souillés de points sans couleur, je fronçai les sourcils, la tête compressée par un étau de sensations que je ne maîtrisais plus, pas plus que les sons produits par mes poumons comprimés. Et à sa langue succéda ses lèvres chaudes et humides. Elles vibrèrent contre la soie tendue sur l'acier, en y exhalant des sons qui se répercutèrent en écho dans mon être raidit par la luxure et l'envie. Puis elle s'immobilisa. Les poings serrés, je laissai mes paupières battre et l'air s'échapper entre mes dents entrouvertes. Une fièvre sensuelle battait mes tempes douloureuses et le nœud qui pesait sur mon bassin me terrassait. Mais l'accalmie fut de courte durée. Sa bouche enroba ma masculinité toujours prisonnière et le nœud s'alourdit violemment, pesant dans mon corps contracté. Le dos légèrement cambré, je peinais à respirer sous l'afflux de sang qui prenait d'assaut mes veines malmenées. J'avais une conscience accrue de son souffle contre ma peau, de ses doigts repliés, des profondeurs d'une bouche qui happait et torturait.Et elle dansait, bougeait, accélérant un rythme que seul les battements tordus et effrénés de mon cœur parvenaient à suivre. Mon corps ne m'obéissait pas plus. Il suivait la pression et le rythme imposée par Sora, à l'image d'un instrument de musique manipulé avec dextérité. Et elle en jouait trop bien. Les râles se multipliaient, ainsi que les tressautements qui parcouraient mes membres. Mais quand je sentis poindre la jouissance, elle s'écarta et se redressa, à l'image d'une ombre en périphérie d'un regard écorché. Ses mots, je les entendis à peine. Si les notes pénétrèrent mon cerveau douloureux, je fus incapable d'en discerner la signification. Seule la sensation de froid m'engourdit quand elle s'éloigna, poursuivie par la frappe sexy mais bruyante de ses talons contre le sol. Cette femme allait me tuer. M'achever. Je fermai les yeux pour tenter de retrouver un semblant de souffle et de maîtrise. Mais mon corps n'était plus qu'un amas de chair brûlante prêt à se disloquer. Je passai une main sur mon front fiévreux, la glissai dans mes cheveux puis, posant sa jumelle sur le drap froissé, me redressai en secouant la tête. La luxure, cette envie délirante et sauvage qui me paralysait, tachait de sang deux obsidiennes profondes. Et à cette ombre s'ajouta le manque. Le manque d'elle. Je glissai la langue sur mon inférieure sèche et me penchai légèrement sur le côté pour tenter d'apercevoir la porte du dressing. Elle en ressortit quelques secondes plus tard, pieds nus. Je la suivis des yeux, conscient de l'intense frustration qui pesait douloureusement sur chacun de mes muscles, dont celui qu'elle avait malmené pour mieux me rendre dingue.

Aveuglé par la beauté érotique qu'elle dégageait et par les émotions sourdes qui me submergeaient, je ne fus capable de remarquer le sachet tenu entre ses doigts que lorsqu'elle s'accroupit devant moi. Mes sourcils tressaillirent tandis que les pierres qu'ils couronnaient plongeaient dans l'or sauvage. J'en étais venu à oublier totalement cette histoire de préservatif  qui, en réalité, m'importait désormais aussi peu que le décors dans lequel nous nous trouvions. Je n'aspirais plus qu'à soulager le désir violent que j'éprouvais pour elle. Sourd à sa remarque, je le fus beaucoup moins à son ton suave et au sourire lent et ensorcelant qu'elle peignit sur ses traits. Elle déchira le sachet et ses mains coururent sur une masculinité douloureuse pour l'y placer, anéantissant les quelques dernières parcelles de patience que je semblais encore posséder. « Viens. » lâchai-je d'un ton rauque en refermant les doigts sur son bras. Elle me rejoignit et s'assit sur mes cuisses écartées. Et si la tension s'exacerba quand elle pressa brusquement son bassin nu contre le mien, je fus soulagé de la sentir aussi étroitement. Ses cheveux chatouillèrent mes bras que je nouais autour d'elle puis ses seins mon torse quand je la plaquais contre moi. Un rire naquit sur ses lèvres entrouvertes et colora l'ambre tandis qu'elle prenait mon visage en coupe dans ses paumes brûlantes. Je ne l'attendis pas. Je bondis vers elle et refermai ma bouche sur la sienne, sans chercher à dissimuler la tempête qu'elle avait déchaîné dans ma tête. Je la voulais, avec une intensité aussi douloureuse physiquement que psychologiquement. Dépossédé de raison et de bon sens, je n'aspirais plus qu'à me repaître d'elle de toute les manières possibles. J'enfonçai les mains dans son dos pour la serrer encore plus étroitement, pour l'écrouer et l'empêcher de fuir une nouvelle fois. Car elle était celle qui semblait s'échapper, s'éloigner depuis le début de cette confrontation sexuelle, celle dont la vengeance inconsciente venait de me frustrer plus sûrement que ces quelques dernières semaines n'étaient parvenues à le faire. Mes mains coulèrent et écrouèrent son fessier pour l'empoigner fermement. Et alors que ses doigts se refermaient sur l'objet de son désir, je l'aidai à se soulever d'une pression des poignets. Elle se laissa glisser sur la hampe, avec une lenteur qui ajoutait au supplice. Je cueillis son gémissement à même ses lèvres et fis rebondir contre sa langue un grognement enroué. Dieu que j'aimais son parfum, ce fumet riche en saveurs qu'elle exhalait et qui m'enivrait ! L'arrête de mon nez frôla sa joue embrasée puis ma bouche la sienne alors que je tentais d'y boire l'air entremêlé de nos deux souffles éraillés. Mais j'étais incapable de la respirer sans éprouver l'envie viscérale de mordre et dévorer sa langue taquine. Incapable de la sentir sans avoir envie de me perdre dans sa bouche avec autant d'ardeur et de passion que dans son corps ardent. Elle resserra les cuisses autour de mes hanches et trompa mes lèvres avec ma mâchoire, ma gorge avant de se jeter en arrière. Sa chevelure suivit le mouvement félin de son visage et coula dans son dos, jusqu'à mes mains enlisées dans sa fessier galbé. Les muscles bandés, j'accompagnai chaque mouvement, chaque frappe de son bassin de mes paumes enfoncées dans sa peau chaude. Et seul l'instinct les guidait, l'instinct et cette envie des plus primaires de fusionner avec cette femme. Ce fut elle qui me fit pencher la tête pour mordre et aspirer la veine battante qui pulsait sur sa gorge, elle qui m'inspira ce besoin soudain d'éclabousser sa peau de sang après l'avoir aspirer fortement entre mes dents … elle qui me conduisit à redessiner sa mâchoire de la langue, et ce jusqu'à cette oreille que je capturais entre deux rangées d'ivoires en une morsure aussi légère que sensuelle. Puis je redescendis, impulsif et incontrôlable, au rythme de ses coups de reins sauvages. Et les cils s'évanouirent pour dévoiler à nouveau deux amandes félines. Et malgré l'union brusque, et presque désespérées de nos bouches gourmandes, je m'efforçais de ne pas fermer les yeux. Car entrevoir le plaisir colorer les siens et contracter ses traits décuplaient chacune des sensations que provoquait en moi le mariage effréné de nos deux êtres aimantés. Nos souffles se bousculèrent et se mêlèrent, à l'image de nos langues et de nos corps enlacés. D'une pression des mains, je l'enjoignis à accélérer. Mais d'elle ou de moi, j'étais incapable de dire lequel des deux guidait l'autre. Nous étions échos l'un de l'autre, tant musicalement que physiquement. Mon prénom résonna, en une suite de notes aiguës et érotiques qui se fichèrent aussi bien dans ma chair que dans ma mémoire. Puis elle explosa, succomba en m'entraînant dans sa chute. Les contractions de son corps tout autour de moi m'achevèrent et des ondes déferlèrent dans mes veines tandis que je basculais dans un orgasme aussi foudroyant qu'intense.

Son souffle rebondissait sur mes lèvres entrouvertes, en une chaude caresse parfumée. Le front pressé contre le sien, je l'inspirai instinctivement et en nourris ma gorge brûlée par les sons qui s'en étaient arrachés. Mais seules nos respirations erratiques résonnaient encore dans la pièce baignée par les halos immaculés des projecteurs. Peu pressé d'échapper à son étreinte pourtant intime, je restai immobile et à l'écoute des battements irréguliers d'un cœur sonné. Et les secondes s'écoulèrent, immuables et insaisissables, pour muer le soulagement intense et le profond bien-être qui m'enveloppait en fatigue. Une fatigue agréable qui embrassait mes épaules et chatouillait mes paupières. Néanmoins, je choisis d'ouvrir les yeux. Mes cils glissèrent sur mes pommettes encore fiévreuses puis s'évanouirent pour dévoiler son visage maquillé de sang et ses prunelles aux éclats profonds. J'y plongeai, tête la première, happé par les vagues dorées qui couronnaient ses pupilles gonflées. Une mèche coula sur mon front dans mon mouvement pour reculer, à l'image des mains qui remontaient sur ses flancs moites. Elle état chaude. Captivante. J'inspirai doucement … pleinement et, d'un mouvement brusque, la fis basculer pour la plaquer contre le sol. Ses cheveux se répandirent tout autour d'elle, en un voile auburn qui recouvrit la blancheur d'un drap aux plis multiple. Paumes pressées contre le tissu, je la regardai avec intensité et, finalement, me penchai pour effleurer sa bouche pourpre et pulpeuse d'une jumelle gonflée. Le désir mordit paresseusement ma peau, comme pour éveiller de nouveau mes terminaisons nerveuses. « Ma façon de te remercier. » murmurai-je d'un ton rauque. Mon esprit se réveillait, de même que les souvenirs d'une étreinte qui paraient de nouvelles nuances de rouge les fantasmes qui, jusqu'ici, l'avaient hanté. Hors, et maintenant qu'il fonctionnait à nouveau de manière un tant soit peu normal, je notai l'intervention presque divine de cette femme dans cette histoire de préservatif. Je penchai légèrement la tête puis, échappant à son étreinte aussi agréable que qu'addictive, me laissait tomber sur le côté. Le sol frappa mon corps moulu et le froid piqua ma peau encore brûlante. J'avais l'impression de ressentir mon cœur un peu partout dans mon corps détendu et une part de moi n'aspirait plus qu'à l'abandonner aux délicieuses sensations qui le parcouraient encore. Je ne m'étais pas sentit aussi bien … depuis des mois. Ma tête était libérée de la frustration et ce même si je sentais le désir renaître doucement dans mes veines, en un vague reflet de ce qu'il avait été quelques minutes auparavant.  Les mains posées de moitié sur mon torse moite, je pris un moment pour réapprendre à respirer. Mais je ne m'autorisais que quelques secondes, conscient que m'attarder dans une bulle de sérénité me ferait plonger dans les méandres de l'inconscience, d'autant plus que je manquais cruellement de sommeil … et ce en partie à cause de la femme qui reposait près de moi. Me redressant dans un geste de rébellion, peu désireux d'abandonner la seule nuit que je m'autorisais à Morphée, je retirai le préservatif et le jetai dans la poubelle à quelques pas. Je lui avais affirmé que je n'étais pas capable de gérer les nuits de sexe débridée et sans attache. Je n'avais pas mentit. Je sentais poindre la gêne et la maladresse dans un regard qui, heureusement, fut noyé par une émotion moins transparente. Alanguie sur le drap, elle était d'une beauté saisissante, sensuelle, et le tableau touchait autant l'homme que l'artiste qui voyait en la toile esquissée une photo magnifique. Ce fut une impulsion à peine discernable, une volonté propre à l'homme de s'effacer une demi seconde pour échapper à sa gêne et une envie profonde du photographe d'immortaliser ce qu'il venait de voir et ressentir. J'étais un artiste qui s'appuyait autant sur ses émotions que sur celles des autres. Et quoique j'en dise, Sora me marquait suffisamment pour que j'ai besoin de l'exprimer et ce pour mieux ramener notre relation à cette « amitié » que nous voulions l'un comme l'autre. Une amitié sans complication et sans cette tension sexuelle dont je percevais encore la toile tissée entre nous. Le flash crépita et je reculai légèrement la tête en surprenant son regard. « Je l'effacerais ... » concédai-je en coulant un regard au cliché qui s'affichait sur l'écran. Comme je l'avais pressentit, il était superbe. La sensualité auréolait Sora qui ressemblait plus que jamais à un félin. Posant l'appareil sur le meuble, je glissai les doigts sur ma nuque et lui souris. Et si l'embarras colorait légèrement ce dessin inhabituel, il n'en était pas moins spontané. « Attends moi, je vais te chercher quelque chose et après … et bien je ne serais pas contre manger quelques sushis que tu as apporté … sans râler. » ajoutai-je avec une pointe d'humour avant de disparaître derrière le drap pour aller chercher un pantalon de survêtement. Je l'enfilai rapidement et attrapai une chemise avant de rejoindre la jeune femme qui s'était levée. M'approchant d'elle, je passai le vêtement déboutonné sur ses épaules. Mes mains s'y attardèrent, de même que mon regard sur son visage sublimé. Et le désir qui n'était jusqu'ici qu'un écho s'approfondit. « Même en chemise ... » grognai-je dans ma barbe en m'éloignant d'elle. Surtout en chemise. La scène me rappelait un après très différent, survenue suite une fuite qui l'avait marqué au point que l'idée de me laisser sortir l'avait répugné.  Je récupérai l'appareil photo sur la table, pensif, et m'approchai à nouveau de celle qui réveillait des sentiments primitifs que j'espérai effacer dans quelques heures. « Regarde. » l'enjoignis-je en lui tendant l'appareil afin qu'elle puisse juger elle même du cliché pris. Je l'abandonnai entre ses paumes et me tournai vers un sachet que j'ouvris pour en sortir les boîtes qu'elle avait ramené et dont la vue m'avait agacé sur le moment. Mon estomac, à présent, l'en remerciait de même que l'homme dont les prunelles intenses dévisageaient le visage de celle qui observait. « Je l'ajoute aux autres ? » lui demandai-je gravement en me penchant légèrement pour lui récupérer l'appareil photo et lui glisser, dans le même temps, un des sushis arraché à sa boîte en plastique. Mes doigts frôlèrent ses lèvres chaudes et pulpeuses tandis que je poussai doucement la boule de riz habillé de saumon contre sa langue. « Ou j'efface ? » Oublié l'embarras et l'idée qu'elle n'était qu'une relation pour cette nuit qu'une relation sexuelle. Je laissai mon instinct et mon naturel me guider, éveillé par la profonde sérénité qui résistait encore aux éclats de désirs qui se fichait à nouveau dans ma peau.

 
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Re: [+18] You're getting close and the lights are off (+) jera | Dim 27 Aoû - 2:41
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You're getting close and the lights are off
Je Ha & Sora







Mes paupières se fermèrent un instant sous l'agacement violent qui venait de m'envahir. Mais enfin, comment ne pouvait-il pas avoir de préservatifs ?! N'était-ce pas un essentiel chez les hommes d'en avoir toujours avec eux ? C'était peut être un cliché, mais au moins ils étaient prévoyants. Et lui.. Et lui ! Mais vraiment.. ! J'entrouvrais brusquement mes yeux, surprenant les prunelles sombres, presque hébétées, qui chutaient sur mon corps dépourvu de tissus. Les voyant descendre jusqu'à nos deux entrejambes plaquées, j'apposais brusquement ma paume sur son torse, comme pour le sortir de ses rêveries, car nous avions quelque chose à régler, et tout de suite ! Et c'était clairement moi qui allait sortir, et il n'y avait pas à débattre. La dernière fois que nous étions dans une telle position, je l'avais laissé franchir la porte de la chambre, et je l'avais retrouvé presque inconscient ! Une fois, mais pas deux. J'assurais mes arrières, et les siens dans un même temps. Je le voulais, et ce n'est pas maintenant qu'on allait faire machine arrière. Car moi, je n'avais plus aucune hésitation, et je craignais qu'il lui en reste, à son esprit qui s'échauffait bien trop, quand le corps à corps était si simple, et agréable à satisfaire.. Ses yeux s'écarquillèrent. « Quoi ? Tu comptes sortir seule, de soir, dans cette tenue ? Tu es folle ? » Non, pas comme ça, quand même. J'avais mes limites ! « Je ne vais pas y aller nue Jeha, et je te rappelle que je suis arrivée autrement ici, j'ai aussi d'autres habits. Et il n'est pas si tard. » Mais ma bouche se retroussa légèrement à ses paroles, et à sa brusque réaction. Il semblait avoir un côté gentleman en lui, côté que j'avais déjà entrevu, et que je notais à nouveau. Il s'inquiétait, et ça en était presque attirant. Mais ma libido était tellement en ébullition, que le premier qui oserait me faire chier dans la rue, se retrouverait le nez éclaté en moins de deux, face contre terre. Hors de question de perdre du temps sur le chemin ! « Je ne m’enfuirais pas. » scanda t-il, comme un loup prêt à grogner. Je ne dirais pas que je n'ai pas confiance, mais je préférais largement faire à ma façon cette fois-ci. Et pour moi, la question était réglée. L'ennui c'était.. Mes doigts glissèrent sur sa peau chaude, brûlante, et la position dans laquelle j'étais, était tellement idéale, que j'avais dû mal à m'imaginer m'en détacher.. L'ennui c'était que je fantasmais depuis plusieurs semaines sur cette bulle érotique qui nous englobait, et devoir m'en sortir, bien que quelques minutes.. l'idée en elle-même me rendait folle. Il scanda un peu la même chose sans finir sa phrase, alors que mon expression changea soudainement, comme si une petite ampoule venait de s'allumer au dessus de ma tête. Je me félicitais intérieurement d'être une femme moderne et indépendante ! Car j'avais prévu le coup dans mon porte monnaie, quelques emballages bleutés soigneusement rangés dans une poche intérieure. Et je ne les utilisais pas aussi souvent que l'on pourrait le penser, mais on ne savait jamais ce qui pouvait arriver au cours d'une soirée.. n'est-ce pas ? On avait plus besoin de sortir, on avait plus besoin de couper ce fil ardent qui nous liait, on pouvait le resserrer jusqu'à ce qu'on ne fasse plus qu'un.. Paresseusement, j'embrassais les lignes qui dessinaient son buste musclé, je les touchais comme si j'en faisais silencieusement le croquis dans mon esprit embrumé, pour ne pas en perdre le moindre souvenir, la moindre sensation. Je m'y attardais de longues secondes, avant de me décider à nous mettre définitivement sur un point d'égalité dans notre nudité. Il m'aida à lui ôter son jean qui semblait si serré.. Un frisson. Le manque de son corps contre le mien.. Et pourtant, j'en ressentais toujours tous les ravages sur mon épiderme enflammé. Joueuse, je l'étais. Tout comme ma langue qui longeait la limite de son sous-vêtement, ma langue qui échauffa un peu plus son membre libéré, d'une pointe humide et intéressée. Le bout de tissus fût envoyé avec les autres, tous un peu partout autour de nous, tâchant le sol clair de points noirs et blancs. Ying & Yang. Une moue amusée. Il avait brusquement retenu sa respiration puis l'avait relâché lorsque j'avais fini ma première excursion sous son bas ventre. J'avais lu la surprise, et le désir exploser dans ses pupilles rétrécies. J'y glissa finalement mes doigts, lentement, puis dans un mouvement répétitif maîtrisé. Il redressa la tête, après que son corps se soit instinctivement contracté sous la pression de ma paume. Mes yeux fauves naviguaient entre son expression troublée, et son membre qui réagissait de plus en plus à mes caresses. Et lorsqu'il essaya d'intervenir, esquissant à peine deux mots, mon muscle s'était chargé de le faire taire, léchant de toute sa longueur sa virilité enflée. Sa plainte rauque m'envoya des milliers de piques qui transpercèrent ma peau, jusqu'au creux de mon ventre, torturé. Je voulais encore l'entendre.. Je continuais à y voyager, savourant les sons qu'il émettait, les soupirs qu'il tentait de retenir entre ses dents serrées, mais à quoi bon ? Mes lèvres se mêlèrent à leur tour à la danse sensuelle que j'entreprenais, jouant d'une mélodie plus humide à l'oreille, à coups de suçons dont l’indécence résonnait dans tout le studio. Je voulais aussi qu'il l'entende.. Je lui laissais quelques secondes de répit, souriant à la vue de ses poings fermés et de son buste qui se soulevait sous sa respiration emballée. Mais ce n'était qu'un amuse-bouche, et c'était le cas de le dire. Ma bouche glissa sur sa virilité gonflée, écartant largement les lèvres pour venir la happer jusqu'au plus profond de ma gorge. Sa cuisse s'était tendue sous mes doigts, s'y appuyant fermement, alors que je le sentais légèrement bouger sous moi. Se cambrer. Mais j'étais bien trop concentrée sur ce que je faisais. Sur ma langue, et ma salive qui mouillaient son membre, se perdant entre l'ivoire qui le frôlait. Je pouvais sentir son pouls accélérer à chaque bouchée que je prenais, à chaque accélération que j'imposais, mais qui en réalité, suivait chacun de ses gémissements, comme une indication, une invitation à poursuivre mon élan. Même dans cette position, personne ne dominait vraiment. Et pourtant, j'avais toujours dû mal avec ce terme, la domination. D'ailleurs, descendre entre les cuisses d'un homme n'était pas une chose facile à obtenir de moi. Je le faisais, j'aimais le faire, mais c'était très rare que je le fasse dans un premier ébat. Pourquoi je le faisais avec lui ? Je n'en savais rien. Peut être était-ce parce qu'il était passé entre les miennes en premier, et que j'avais éprouvé l'envie de lui faire plaisir de la même manière. Inconsciemment, une étrange confiance régnait déjà entre nous, comme si physiquement, nous étions sur la même longueur d'onde, presque naturellement, et beaucoup plus que mentalement. Je ne m'y attardais pas plus que ça et pourtant, l'inconscience me guidait encore sur beaucoup de choses. Ma bouche le relâcha avant qu'il n'atteigne le plaisir ultime. Je voulais le retarder. Ma première pensée était qu'il prendrait davantage son pied si nos deux corps s'unissaient, après avoir délaissé son membre au bord de l'extase. Mais en réalité, sans vraiment m'en rendre compte, je le faisais languir, encore et encore.. Une douce vengeance après notre précédente nuit avortée par sa faute ! Ma libido était ce soir là presque dans le même état qu'aujourd'hui, alors qu'il sombrait sous les effets des somnifères.. Imaginez-vous la frustration immense que j'avais pu ressentir ? Et le lendemain, alors qu'il affirmait que cela ne se reproduirait pas ? Vous comprenez pourquoi, maintenant que je le tenais entre mes bras, entre mes lèvres serrées, je n'avais aucune intention de le laisser franchir la sortie ? Alors, je le soulageais, le torturais, puis le soulageais à nouveau, inconsciemment, mais avec un certain plaisir à le rendre dépendant de ma personne, pour quelques heures...

Je m'étais échappée dans la pièce d'à côté, pour récupérer ce qu'il me fallait, avec une rapidité qui trahissait la luxure qui échauffait mes veines malmenées. Les talons ôtés, je revenais vers les lumières, détaillant l'homme allongé sur le drap blanc. Il semblait sonné, son expression torturé et ses yeux explosés ne manquèrent pas de me frapper de plein fouet, par leur féroce frustration. Mais le voir dans cet état m'excitait encore plus, me ravageant sauvagement. Car le sentir perdre pied sous mes caresses, m'avait tout autant enfiévré.. Comment est-ce que cela ne pouvait-il pas me faire de l'effet.. C'était impossible. Il était bien trop captivant dans les plaintes graves dont j'étais l'auteur.. Et même si il n'en avait pas conscience, j'avais arrêté mes bouchées pour qu'il soit encore plus comblé juste après.. Je ne savais pas si il m'écoutait vraiment, j'esquissais un léger sourire, comprenant pertinemment ce qui était en ce moment entièrement au commande de sa personne. Et au garde à vous. Après ce que je venais de lui faire subir, croyez-moi que si il avait dû sortir, il n'aurait même pas été capable de faire la différence entre une pharmacie et une épicerie ! Mais heureusement pour lui, et pour moi, il était désormais protégé, il n'y avait plus rien qui nous retenait.. « Viens. » m'ordonna t-il, alors qu'il m'attirait à lui, sa main se refermant sur mon bras. Je ne me fis pas plus désirer, m'installant à nouveau sur ses cuisses écartées. Sa chaleur... Ce qu'elle avait pu me manquer, cette chaleur.. Emmerdante, je l'étais, alors que je rapprochais brusquement mon bassin au sien, sa virilité torturée contre ma féminité déjà humide sous les attentions toutes particulières qu'il lui avait offerte, ainsi que sous les réactions de ses sens tourmentés par mes soins. Voir l'autre prendre du plaisir était tout aussi hypnotisant, tu ne crois pas ? Et dans mon mouvement, je lui faisais sentir mon empressement en écho au sien, et à sa bouche qu'il écrasa contre mes lèvres, effaçant mon sourire provoquant, qu'il aspira d'une morsure. Plaqués, nos corps l'étaient, et il me tenait fermement, me retenait je dirais, de ses larges paumes qui épousaient mon dos nu. Je n'ai plus l'intention de m'enfuir tu sais.. et toi ? Je la veux cette nuit, j'en ai même rêvé.. Je lâchais un soupir suave, alors qu'elles empoignèrent mes fesses, forçant nos intimités à se frotter encore plus l'une contre l'autre.. Maintenant.. Je glissais son membre en moi, et l'impétueux coup de bassin qu'il m'asséna soudainement, nous fît gémir en une seconde à peine. Mes yeux s'écarquillèrent sous l'extraordinaire sensation qui venait de nous frapper. Je le savais, je le savais que cela serait encore meilleur si je le faisais attendre.. Je le lisais dans ses prunelles sombres agrandies, qu'il semblait tout aussi enivré. Et comme nos corps assoiffés, nos bouches ne semblaient jamais rassasiées, dansant, s'épousant, se dévorant à s'en faire mal. Mais cela en devenait presque aussi addictif que les mouvements saccadés de nos bassins entremêlés. Corps enlacés dans une étreinte torride, baisers enflammés, mille fois interrompus par une respiration affolée, des soupirs fiévreux, des plaintes imprévisibles et des gémissements de plus en plus interminables. Nos notes se mélangeaient, allant du grave à l'aiguë en une mélodie indécente, susurrée à nos oreilles par la luxure elle-même. C'est elle qui échauffait nos veines, nos membres hurlant au supplice, nos gorges si bavardes et intenables.. Je ne pensais même pas à me retenir, à quoi bon ? Je m'abandonnais à lui, avec lui, sans la moindre crainte, et c'est cet abandon qui intensifiait doublement ce plaisir au creux de mon ventre.. Mes cuisses se refermant davantage autour de lui, alors que mes lèvres se perdaient dans sa gorge, marquant sa peau déjà rougie de mes pulpeuses gourmandes. Je me noyais dans le parfum d'homme qui se dégageait de lui, citronné et terriblement masculin, le gravant dans ma mémoire et dans les souvenirs chauds de cette nuit.. Cette fragrance de bois de cèdre me rendait folle.. au point d'en lécher sa veine battante, remontant jusqu'à sa bouche entrouverte, et gémissante. Et dans un soudain à-coup, je me laissais partir en arrière, lui laissant à sa guise le soin de tracer son chemin le long de mon cou, et de graver à son tour, les mots qu'il n'osait dire, de quelques morsures qui accentuaient le plaisir que je prenais.. Accordant la même attention à mon oreille, son souffle y résonnant, alors que mes paupières se relevaient sous son regard reflétant la même émotion, le même désir. J'agrippais sa nuque pour le capturer à nouveau, pour savourer chaque seconde le goût de sa langue, de sa salive, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus que frôler nos lèvres qui ne pouvaient plus se fermer sous l'afflux du chant lascif qui s'en échappait. A l'écoute, nous l'étions l'un de l'autre, naturellement, facilement.. Ses paumes s'enfonçant davantage d'une pression sur mon fessier, et la cadence s'emballa en un instant. Le va et vient s'intensifia, plus profondément, follement, excessivement.. Bien trop mais on en avait jamais assez. Et ça venait, ça montait.. Cela devenait de plus en plus incontrôlable ! Cela nous envahissait, d'abord doucement, puis de plus en plus, et on devenait accro à cette petite sensation qui grossissait et finissait par nous dominer entièrement ! Et comme les animaux que nous étions, nous ne cherchions qu'à atteindre la finalité de ses décharges électriques si délicieuses qui excitaient chacun de nos membres agrippés l'un à l'autre. L'extase. La jouissance qui explosa enfin dans nos deux corps parcourus de spasmes, alors que les deux syllabes de son prénom m'échappèrent en une note irrégulière, et essoufflée..          

Il bascula en arrière sur le sol, et je me laissais tomber sur lui, complètement engourdie par les ondes de plaisir qui m'envahissaient. L'orgasme nous avait littéralement paralysé, exténué. Et quelle meilleure façon d'être exténuée, je n'en trouverais pas d'autres.. Mon souffle éreinté coula dans le creux de son cou, les battements de mon coeur frappant un monologue secoué contre celui de Jeha, dont je sentais le buste se soulever avec tout autant de difficultés. Ma joue frôla la sienne, je me redressais, juste un peu, pour venir coller doucement mon front au sien, quelques mèches de cheveux encadrant nos visages penchés l'un sur l'autre. Et le silence était perturbé par nos souffles, encore nos souffles, qui semblaient toujours vouloir s'accrocher à celui qui lui faisait écho. A s'en abreuver. Et on resta comme ça, un moment, sans parler, profitant encore de cette bulle qui nous entourait.. Ses cils chatouillèrent finalement mes paupières, m'incitant à reculer, mon visage s'éloignant de quelques centimètres. Son regard plongé à nouveau dans le mien m'enchaînait, m'empêchant d'aller trop loin. Comme si j'en éprouvais l'envie.. Ma poitrine se gonflait et se dégonflait, au rythme de l'air que j'expirais à travers mes lèvres entrouvertes. Les siennes étaient toujours aussi gonflées et cela ne les rendaient que plus attrayantes à embrasser. Ses pommettes fiévreuses, je sentais aussi les miennes s'échauffer et elle n'était pas les seules. Ses paumes enflammèrent un peu plus un corps fatigué par tout ce qu'il avait enduré, remontant lentement sur mes flancs. On resta comme cela, sans rien dire, à se regarder, à respirer, à jouir encore de notre étreinte si intime, et enlacée. Jusqu'à ce que tout à coup, il me fasse basculer sur le côté, puis sur le dos dans un mouvement vif et rapide. Ma tête percuta le sol, et je lâchais une petite plainte, plus sur le coup de l'attaque inattendue que sur le coup de la douleur. Surprise, et encore droguée aux effluves sexuelles que l'on dégageait, j'avais été incapable de lui résister. Mes doigts posés sur son torse, je laissais mes cils papillonner, légèrement hébétée alors que je le fixais aussi intensément que lui. Les coins de mes lèvres se retroussèrent avec amusement, alors qu'il se penchait pour venir les effleurer d'une caresse qui ranima aussitôt la flamme du désir qui n'avait jamais été éteinte. J'avais encore envie de lui, c'était indéniable. « Ma façon de te remercier. » Ma bouche s'étira un peu plus. Il m'avait renversé, comme je l'avais fait avec lui un peu plus tôt. « .. J'aime ta façon de me remercier. » murmurais-je d'une voix grave. J'étirai ma mâchoire, doucement, venant capturer sa lèvre inférieure d'un baiser lent et sensuel, plus délicat que passionné comme il y a encore quelques minutes. Ma main gauche se nicha à la naissance de ses cheveux bruns, comme pour le garder encore un peu plus contre moi, encore quelques secondes.. Jusqu'à ce que je relâche mon pulpeux otage, et que Jeha en fasse de même avec moi, se laissant tomber juste à côté. La pression de son corps contre le mien me manquait déjà.. Ce fût ma première pensée. Je me mordillais la lèvre inférieure, étirant ma tête en arrière, ma poitrine s'arrondissant, avant de tout relâcher. Ce que cela pouvait être.. bon.. Si délicieux.. Comment pouvait-on se passer de cette sensation de béatitude ? Cette adrénaline fulgurante et cette explosion si exaltante.. J'avais l'impression de baigner dans du coton, je n'arrivais pas à l'expliquer. J'avais l'impression que mon corps en entier était soulagé, comblé mais.. silencieusement, il m'en demandait encore. Je tournais ma tête vers le photographe qui reprenait lui aussi ses esprits, ses cils battant vers le plafond. Le bout de ma langue glissa sur mon inférieure, mes prunelles esquissant sa silhouette virile en tenue d’Adam, alanguie à mes côtés. Le désir était toujours là, gardant mon corps à une température plus que tempérée. Et plus je le regardais, moins elle allait baisser. La gourmandise était mon pire péché, et elle était bien trop amie avec la luxure, pensais-je, alors que je l'entendis se lever. Je m'étirais d'un air félin, me laissant paresseusement couler sur le flanc droit. Je pliais l'une de mes jambes, voilant ma féminité, alors que j'essayais de trouver une position confortable sur le sol encore chaud, témoin de nos ébats. Ma joue épousa le drap blanc froissé par endroit, les avant-bras en X se croisant nonchalamment devant moi, cachant inconsciemment les pointes rosées de mes seins, mais en rehaussant la rondeur voluptueuse, qui marquait la ligne arrondie sur mon buste d’Ève. J'inspirai calmement, fermant les paupières quelques instants, mes cuisses se resserrant sous les picotements érotiques qui les parcouraient encore. Lorsqu'un bruit attira aussitôt mon attention, ainsi qu'une lumière éblouissante. Mes prunelles fauves s'ouvrirent aussitôt, alarmées, se relevant vers l'auteur qu'elles fixèrent. « Je l'effacerais.. » m'affirma Jeha, alors qu'il observait l'écran où devait apparaître la photo qu'il venait de prendre. Je me demandais à quoi je ressemblais en ce moment même, ce qui lui avait plu pour qu'il prenne soudainement un cliché. « Je veux la voir avant. » Mes yeux brillaient avec intérêt. Je me redressais sur mes avants-bras, passant la main dans ma chevelure légèrement ébouriffée, avant de me laisser surprendre par le tracé courbé de la bouche du photographe. Il.. Il me souriait, l'ivoire se dévoilant entre ses lèvres, et je me figeais en le détaillant. Une nouvelle pique se nicha plus haut dans ma poitrine, provoquant un battement de coeur plus fort dans la cage qui le retenait. Mes cils battirent. Ce dessin gêné.. je ne l'avais encore jamais vu le porter et je me surprenais à trouver son embarras étonnamment mignon.. Il m'avait dit une fois qu'il avait dû mal à gérer les histoires d'une nuit, et je comprenais désormais qu'il n'en avait peut être pas si souvent l'habitude. « Attends moi, je vais te chercher quelque chose et après … et bien je ne serais pas contre manger quelques sushis que tu as apporté … sans râler. » Je roulais doucement sur le ventre. « Sans râler ? Je demande à voir ! » m'exclamais-je. La paume de ma main se nichant sous mon menton, je le suivis du regard alors qu'il passait devant moi. Penchant la tête sur le côté, je détaillais sans gêne sa silhouette de dos, suivant le tracé de ses épaules carrées, à ses fesses musclées, jusqu'à ses jambes solides aux ombres saillantes. J'aspirais l'air en un fin filet entre mes lèvres, avant qu'il ne disparaisse dans une autre pièce. Je soupirais. J'avais faim, mais j'avais encore envie de le croquer.. lui. Les sushis me tentaient aussi il faut dire. Je me décidais à mon tour de me lever, mes cheveux retombant sauvagement sur mes épaules, alors qu'il me rejoignait. Désormais habillé d'un bas de pantalon, il était revenu avec une de ses chemises dont je le laissais sagement m'en couvrir les épaules. Enjôleuse, je ne quittais pas du regard ses prunelles ténébreuses, alors que ses paumes chaudes s'attardaient encore sur moi. Je sentais cette légère tension qui persistait encore et toujours, avant qu'il ne finisse par se détourner pour aller récupérer son appareil. J'esquissai un sourire, alors que je passais les bras dans les manches. « C'est la seconde fois que je porte une de tes chemises.. Je commence à penser que tu as aimé quand j'ai mise celle de la dernière fois, la blanche, et que tu en redemandes encore.. » glissais-je, taquine, mes yeux de chat se plissant dans sa direction, alors qu'il récupérait son appareil. On disait souvent que c'était une sorte de fantasme une femme dans une chemise d'homme, et dans celle d'un amant, c'était tout aussi plaisant. Je fermais délicatement les boutons, m'avançant dans la cuisine. Je la laissais assez entrouverte, dévoilant plus qu'il ne fallait l'arrondi de ma poitrine.. D'une part parce que j'avais encore terriblement chaud, cela se comprenait et d'une autre, je l'aguichais pour lui montrer qu'elle m'allait aussi bien qu'à lui. Il s'avança vers moi, afin de me tendre l'appareil, m'incitant à le regarder. Mon regard s'attarda sur l'écran, puis sur la silhouette dénudée qui y apparaissait. Silencieuse, mon doigt appuya sur le zoom, puis sur les flèches pour mieux en détailler le cliché. « Je l'ajoute aux autres ? » C'était la première fois que quelqu'un me prenait en photo nue, prise par un professionnel en plus, et mon amant d'une nuit.. Peut être parce que c'était lui justement qui l'avait prise, après nos ébats, à cet instant précis, qui la rendait si.. érotique. Pas seulement dans mon absence total de vêtements, mais dans cette ambiance dans laquelle baignait l'arrêt sur image, cette ambiance chaude et charnelle qu'il avait réussi à immortaliser en une seule fois. Ce n'était pas que moi, c'était lui, c'était nous, sur ce seul et même cliché. Je le laissais récupérer l'appareil, relevant les cils vers lui alors qu'il avançait une des boules de riz vers moi. J'entrouvrais les lèvres, le laissant m'y faire goûter, ses doigts les frôlant une seconde, avant de les refermer. « Ou je l'efface ? » Délicieux ce japonais. « Ajoute la.. C'est comme un avant après avec les autres photos. Une finalité, une conclusion. » Je baissais mes paupières, récupérant à mon tour l'un des sushis, l'emmenant jusqu'à sa bouche qu'il entrouvrit. « On sait tous les deux ce qui s'est passé entre les deux dernières prises, mais il n'y aura aucune preuve.. » Sauf nos corps marqués. Je glissai la nourriture entre ses lèvres, avant de lécher d'un geste instinctif le bout de mes doigts qui l'avait frôlé, ma langue les humidifiant l'un après l'autre d'une moue pulpeuse. « Mais si un jour, je suis célèbre et que tu as le malheur de me menacer avec, je te retrouverais. » lui lançais-je de profil, mon regard coulant en biais vers lui, trahissant un sérieux et une détermination plus que clair, mais dont le sourire assurait le fait que je doutais qu'il soit un jour comme cela. Mais il valait mieux prévenir que guérir.  

Nonchalamment, je me hissai sur le plan de travail, m'asseyant à côté de Jeha qui avait les sushi devant lui. La chemise d'homme remonta un peu plus sur mes cuisses dénudées, dévoilant sous mes cils baissés une marque rougie en son creux. Écartant légèrement les jambes, j'y passais le doigt en une caresse, le souvenir de la bouche affamée du brun m'assaillant. Je relevais mes yeux vers lui, glissant le long de son torse-nu. « On dirait que cette fois-ci, il n'y en aura pas qu'un seul.. » affirmais-je, souriant doucement, en soulignant le fait que l'on avait pas lésiné sur les suçons ! Quelque chose me disait que j'allais encore devoir user de beaucoup de fond de teint cette semaine pour camoufler un minimum un peu tout ça car.. je sentais encore son souffle chaud accroché à mon cou en de fines morsures de plaisir et elles semblaient nombreuses dans les picotements qui me torturaient.. Tout en dégustant les plats froids, la tête penchée, je détaillai les expressions de Jeha et il me semblait.. « Dis-moi.. T'as l'air différent. Je dirais plus.. détendu. Le sexe à cette merveilleuse vertu ~ Il nous rend un peu euphorique, tu ne trouves pas ? » lui lançais-je taquine, le coin de mes lèvres s'étirant. Et pourtant, c'était ça. On avait l'impression de planer ! Ça soulageait un temps toutes les humeurs, on est comme sur un petit nuage, c'est doux et moelleux, et plus que bon pour la santé ! Lui qui a toujours l'air d'avoir tout un tas de problèmes qui lui tracassait l'esprit, lui qui a toujours l'air de se contenir, de ne jamais se lâcher vraiment, quelque chose me dit qu'il en avait bien plus besoin que moi de cette partie de jambe en l'air ! Même si ce terme me paraissait bien trop vulgaire, ou bien trop simple en réalité pour qualifier ce qui venait de se passer entre nous.. Après toute cette chorégraphie de séduction, de préliminaires tentants, frustrants, de toutes ces attentions, ces étreintes, ces.. baisers, cette union, on ne pouvait pas dire que l'on s'était simplement envoyé en l'air. Non.. on avait fait l'amour. Et je ne pouvais nier que je pensais déjà à le refaire ! Je me mordillais la lèvre inférieure, mon regard coulant un peu trop sur les courbes musclées de son buste. Celui-ci, au désir transparent, croisa le sien aux reflets sombres, et dans un même mouvement, j'attrapai son appareil posé un peu plus loin, mettant la lanière autour de ma nuque. Il fallait que je lui montre à quoi il ressemblait après avoir fait l'amour.. Je repliai une jambe sous moi, l'autre pendant dans le vide, alors que je me tournai un peu plus vers lui sur ma droite, l'appareil couvrant mon visage. « Alors, voyons comment moi je te vois.. » murmurais-je, mon index prêt à appuyer sur le bouton rouge. Ses clichés étaient sa propre vision de moi, et de mon corps. A moi de lui montrer ma vision. La façon dont je le regardais.. et elle était différente de la sienne. Je capturais ce brin d'étonnement, et ce léger malaise qui n'avaient duré qu'à peine quelques secondes après mes paroles, et pourtant, je les avais eu. J'étais focalisée pour l'instant sur son visage, et seulement son visage. Soudainement, je levais ma main gauche vers lui, l'avançant lentement vers ses quelques mèches ténébreuses qui retombaient sauvagement sur son front. Clic. Je m'y attardais quelques secondes, avant de venir épouser doucement sa joue de ma paume. Des petites piques brûlantes me chatouillèrent.. « On peut dire que tu as vraiment l'apparence d'un homme qui vient de faire l'amour avec tes cheveux ébouriffés.. Quelle jolie indécence que voilà. » susurrai-je, charmeuse, mon pouce caressant un instant sa pommette prise d'une légère rougeur. Clic. Mes doigts glissèrent vers sa mâchoire, le pouce sur son inférieure encore gonflée par l'envie. Clic. On pouvait voir sous son appareil que je tenais, dépasser le bas de mon visage, et ma bouche entrouverte, contrôlant une respiration au souffle irrégulier.    

Je le relâchais pour tenir l'appareil à deux mains, m'assurant d'améliorer ma stabilité. Et le zoom devint alors mon meilleur allié. Car c'était ce que je préférais.. « J'adore les plans rapprochés.. Et n'y vois aucune ambiguïté. J'aime souvent mettre en valeur un seul élément sur une photo.. » Je me focalisais sur son profil, dessiné. Le cadre se posa sur sa bouche, sa mâchoire saillante, son cou parsemé de mille baisers enflammant sa chair, et ses deux clavicules visibles dans un tracé linéaire. Clic. Je descendais plus bas, abandonnant son visage pour son torse. Au tour des épaules bombées, et du buste aux muscles étirés. Une épaule, et le flou en arrière plan. Clic. Ventre aux traits taillés. Clic. Ma langue glissa sur mon inférieure. « Je dois t'avouer que tu es plutôt bien fait, et j'ai un faible pour toutes les ombres qui marquent chacun de tes muscles. Ça devrait être splendide en noir et blanc.. » lui assurais-je, en abaissant l'objectif, alors que mes doigts s'attardaient sur son avant-bras. Mes ongles, lentement, suivaient les lignes de ses veines malmenées, trahissant un autre trait physique de sa personne, d'une virilité qui ne me laissait pas indifférente.  Les femmes aimaient les avant-bras des hommes. Encore une photo, encore une. Et puis, tout à coup, j'ouvrai ma bouche, me penchant vers lui, les yeux papillonnant pour quémander une nouvelle petite douceur nippone. Bein quoi ? Il ne fallait pas que je salisse l'appareil non ?  Mon pied vint se frotter contre son mollet, afin de m'assurer sa coopération. Je lui souriais, avant de relever l'écran devant moi, zoomant davantage pour venir capturer ses longs cils noirs abaissés vers ses pommettes. Clic. Puis ils balayèrent l'air dans ma direction. Je sentis mon coeur rater un battement. Clic. La lanière se tendit calmement, l'appareil s'immobilisa contre moi. Je déglutis silencieusement, calant mes cheveux sur un côté. Il avait vraiment un beau regard, il en disait parfois bien plus que des paroles, j'en étais persuadée. Je continuais ainsi à le prendre en photo dans ses mouvements, dans ses déplacements, avant de réaliser une chose plus qu'évidente. « Décidément, tu n'as vraiment rien à faire.. Tu es assez photogénique, t'as jamais posé pour un autre photographe en tant que mannequin ? » le questionnai-je simplement, curieuse qu'un homme avec un tel charisme et un corps aussi.. attrayant n'ait jamais été remarqué par quiconque. Mais que font les agences ? Car j'étais certaine qu'il y avait de quoi faire avec lui. J'ôtais l'appareil, et le déposai un peu plus loin sur le plan de travail. Je tendis le bras vers l'un des plateaux, attrapant une autre boule de riz en forme de rectangle, une crevette posée dessus. Je l'emmenai vers Jeha, et la glissai contre sa langue, savourant les petites décharges électriques qui titillaient le bout de mes doigts.. Caresse des deux pulpeuses passionnées et voraces d'un index intéressé. J'esquissai un petit rire, le sushi semblait un peu plus gros à manger que prévu ! « .. ça va ? » lui demandai-je, amusée, avant qu'il ne finisse par tout faire passer. Distraite, et observatrice. Sans prévenir, j'avançais ma main vers lui, agrippant doucement sa nuque, puis, y exerçant une légère pression. « Viens-là. » Je l'attirai vers moi, écartant les cuisses pour ne pas qu'il soit gêné par mes jambes. Je l'incitai à s'abaisser un peu, mon menton se releva et ma langue vint lécher le coin de sa bouche, un grain de riz se perdant entre mes lèvres charnues lorsque je me reculai. « Il en restait un peu là.. Tu manges un peu n'importe comment toi, hmm ? » lui lançais-je, taquine, alors que son souffle rebondissait à nouveau contre le mien. A quelques centimètres seulement. Cette sensation m'avait même manquée. Je caressai ses cheveux d'ébène à la naissance de sa nuque, mon regard accroché au sien dans une tension physique qui refaisait peu à peu des siennes. Malicieuse, elle nous titillait silencieusement, échauffant un peu plus à chaque seconde nos corps qui se souvenaient de l'autre, de chaque toucher, de chaque pression, de chaque étreinte. Comme happée, je me laissais envahir par l'envie qui ne m'avait jamais quitté, ma bouche venant épouser la sienne. Un peu sagement d'abord, puis plus sensuellement, savourant l'une après l'autre chacune de ses lèvres qui ne faisaient que m'appeler.. Ahh ce que je pouvais aimer l'embrasser.. pensais-je, mordillant son inférieure. Et chaque muscle, chaque membre semblait bel et bien le comprendre, se collant, s'accrochant, se refermant un peu plus autour du loup pour m'en délecter encore davantage.. Jusqu'à ce que je me cambre un peu plus en arrière, et voulant assurer mon équilibre, je posai ma main sur le côté et.. Je lâchais une petite exclamation contre sa bouche, alors que ma main venait de plonger dans la sauce soja. « Aish ! ~ Attends, il faut que je nettoie ça. » lâchais-je d'un dernier baiser, avant de regagner le sol puis l'évier juste en face. La cuisine me rappelait à l'ordre sur le fait que elle et moi, nous avions bien dû mal à nous entendre ! Je savonnais mes mains, puis les passer sous l'eau, avant de les secouer pour faire tomber les dernières gouttes, quant une idée me vint tout de suite en tête ! Je me retournais vers Jeha qui était de dos, et m'avançai pieds nus vers lui, avant de poser mes paumes trempées sur ses flancs. Je le sentis tressaillir, ce qui me fit rire instantanément. « Mais non, ce n'est pas froid, c'est dans la tête ! » lui assurai-je, en me collant un peu plus à lui pour ne pas qu'il s'échappe. Mes doigts coulèrent sur sa taille, puis son ventre qui se contracta à mon passage, alors que ma bouche se posa contre sa peau. Je parsemai celle-ci de quelques frôlements, de quelques baisers qui longèrent sa colonne, s'intensifiant le long de son omoplate, puis de son épaule droite sur laquelle l'ivoire se referma. Chair tendre au goût salé, ma langue atténuant la marque rougie d'un acte bestial. Je me hissai sur la pointe des pieds afin d'atteindre un peu le creux de son cou que j'effleurais seulement d'une nouvelle pression des lèvres, avant de les glisser près de son oreille. « Tu sais.. Dans mon sac.. j'ai encore de quoi nous protéger pour une seconde étreinte.. même peut être une troisième si je cherche bien. Alors, ne te relâche pas et reprends des forces. On en a pas fini nous deux.. » lui susurrai-je de ce ton suave et séducteur que je maîtrisais si bien. Mes seins s'écrasèrent un peu plus contre son dos, une de mes mains remontant vers son torse, l'autre sur les dessins creusés de son ventre, en un enlacement possessif et un brin entreprenant qui me caractérisait bel et bien. J'étais plus que claire, j'avais encore envie de lui, et me perdre encore contre lui me hantait, augmentant ma température corporelle de seconde en seconde. Maintenant que j'étais certaine de prendre vraiment du plaisir avec lui, je ne voyais pas pourquoi je ne lui mentionnerais pas ces deux nouvelles possibilités d'union charnelle entre lui et moi.. Si cela n'avait pas été le cas, je n'aurais pas plus insisté, et m'aurais satisfaite d'une seule fois mais là.. J'avais bien envie de jouir de chaque heure que nous offrait cette nuit en sa compagnie. Et oui, là, le sous-entendu était plus que voulu !       

    
 

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