every champion was once a contender who never gave up

yoon joon & caem

J'aimais l'odeur du chlore qui baignait les lieux, la caresse d'une goutte d'eau froide le long de ma tempe brûlante et la musicalité de l'eau à chacun de mes mouvements. Dans ces moments là, j'étais aussi proche de lui que j'en étais éloigné. Il vivait, pulsait dans un cœur battant mais sans ternir des pensées inexistantes. La natation était le seul moyen par lequel je daignais m'exprimer autrement que par cette indifférence qui me poursuivait. J'atteignis le mur, y apposai la paume et extrayais la tête d'un monde de silence pour celui en proie aux échos de voix d'un coach hyperactif. Je retirai mes lunettes et mon bonnet, libérant une masse de cheveux sombres et attrapai le rebord. Je pivotai, pressai mon dos au carrelage et fermai les yeux. Le sang frappait mes tempes moulées par mes cheveux. Ma respiration y faisait écho. Je la posai, les lèvres entrouvertes, en inspirant longuement et profondément pour calmer les soubresauts d'un muscle sollicité. Je rouvris les yeux puis me hissai hors du bassin sans faire attention à des collègues que je connaissais mal pour la plupart. Néanmoins …. Je m'installai sur le banc, près d'une serviette que j'y avais abandonné moins d'une heure plus tôt et la déroulai sur mes épaules trempées. Les bras sur mes cuisses, j'observais les quelques nageurs qui crawlaient dans les lignes. Il en faisait partit. Je n'avais pas bien compris pourquoi le coach tenait absolument à ce qu'on s'entraîne ensembles, mais j'avais finit par céder par intérêt personnel. J'avais l'habitude d'occuper illégalement les lieux à la nuit tombée quand l'envie m'en prenait, Yoon Joon m'offrait l'occasion de le faire en toute impunité. Les autres nageurs se retirèrent un à un. Le coach fut le dernier, après une rapide discussion avec celui qui devenait mon compagnon de soirée, sans autre alcool que l'adrénaline qui courait dans nos veines. A priori. Je me redressai et laissai tomber la serviette pour me rapprocher des plongeoirs. J'aurais dû l'interpeller. Mais j'eus une pensée involontaire pour une certaine jeune fille, jetée à l'eau par un mélange d'inconscience et de moquerie que je ne parvenais pas à regretter. Je ressentais rarement la surprise, comme je goûtais peu à un intérêt aussi poussé que celui qu'elle me poussait à développer pour elle. Mes paupières voilèrent momentanément une vision dérobée et l'obscurité momentanée me fit oublier jusqu'au clapotis de l'eau. Une demi seconde. De silence, d'image, de question. Elle ne me hantait pas plus qu'une autre. En revanche, elle avait ce talent indéniable de me pousser à m'interroger sur ce qu'elle était. Je rouvris les yeux, et les portai sur l'homme qui s'approchait en longeant le bassin.  « Il paraît que tu as besoin d'un coach personnel ? » lui lançai-je en oubliant jusqu'à l'existence d'une femme qui s'éveillerait plus tard dans un conscient curieux. Je courbais les épaules.  « Pourquoi ? » La question avait été posée, détachée. Je m'intéressais rarement aux autres et je ne me donnais la peine de le questionner que parce qu'il était mon ticket pour rester durant la soirée. Je l'observais une demi seconde et lui montrai le plongeoir d'un geste du menton. Je réinstallai bonnet et lunette en l'attendant puis plongeai. Un souffle. Deux. Le sang qui coule, le sang qui chauffe, qui hurle en écho avec un cœur réveillé. Les longueurs filèrent, avalées, jusqu'à ce mur que ma paume épousa avant que ma tête n'échappe de nouveaux aux flots agités par nos bras. Je ne fis pas attention à sa performance, je m'étais seulement servis de lui pour m'échauffer à nouveau.  « Alors … qu'est-ce que tu veux exactement ? » La question n'était pas aussi triviale qu'elle y paraissait. Je lui tendais une perche, du même genre que celles qu'utilisaient les maîtres nageurs pour enseigner aux enfants. Sauf que la mienne était destinée à éveiller ma curiosité, élément déclencheur et essentiel à un échange un peu plus structuré que l'indifférence.