Dans le ciel aux couleurs rosées le soleil se dissimulait doucement mais sûrement derrière les vagues, seules mélodies discrète du calme plat de l’océan. Dans l’immensité bleue, une ombre à la silhouette fantastique glissait. Apparence surnaturelle mi-femme mi-poisson, elle se déplaçait avec une aisance remarque entre la flore et la faune marine sans jamais sentir la nécessité de reprendre son souffle une seule seconde. Près d’un rocher entouré d’eau sur lequel un jeune homme était assis, elle finit par émerger. Elle se rapprochait un peu plus de lui, dévoilant ainsi une longue chevelure rose et un doux visage tendrement éclairé par un soleil timide. Sans la moindre crainte, sans la moindre peur, elle se hissait un peu sur la pierre pour s’élever à sa hauteur. Un sourire venait se dessiner sur ses lèvres tandis qu’elle venait trouver d’une de ses mains la sienne sans le moindre mot, une invitation à la rejoindre qu’il comprenait bien que muette.

Un ciel parsemé d’une couleur aux tons rosés caractéristique du coucher de soleil apparut doucement sous mon regard. Je clignais des yeux pour m’habitué au crépuscule qui tombait lentement. Je me tenais tranquillement sur un rocher entouré d’eau, ne portant qu’un jean taille basse. Un mouvement à la surface de l’eau attira mon attention. Baissant le regard, je percevais une silhouette prendre forme hors de l’eau. Je frottais mes yeux, surpris par la splendeur de la créature mi- femme mi poisson. Elle n’avait aucune crainte vis-à-vis de ma personne. Ni moi d’ailleurs. Elle me procurait cette douce sensation de sécurité et bien-être familier. Je me saisis de la main qu’elle me tendait sans aucune hésitation, la suivant dans les profondeurs de l’océan. Un instant, j’eu le réflexe de prendre ma respiration avant de plonger, mais bien vite, je me rendis compte que je n’avais plus besoin d’air pour voyager à ses côtés. « Où m’emmènes-tu ? » arrivais-je à articuler sans difficulté alors que de minuscules bulles s’échappaient de ma bouche.

Nullement apeurée, nullement intimidée, la sirène s’approchait du jeune homme en toute confiance. Dans ce monde où la peur est bannie, elle lui tend la main pour l’inviter à la rejoindre dans les profondeurs de l’océan. Il la suivait sans un mot, sans une crainte à son encontre, se contentant de reprendre sa respiration bien qu’il n’en aurait pas besoin. Ainsi ils s’engouffraient leurs mains enlacées dans les profondeurs illuminées de l’immensité bleue. A l’entente de sa voix la créature se retournait, laissant retenir un léger rire avant d’affirmer. « Tu le sauras bientôt, sois patient. » Elle se tourne à nouveau laissant virevolter sa chevelure rose, reprenant sa nage vers les profondeurs lui offrant l’occasion d’admirer la beauté encore peu connue de l’océan. Puis elle s’arrête finalement dans un endroit à l’allure presque fantastique. Elle se retourne, lâchant sa main. Ses yeux rencontraient le sien quelques secondes avant qu’elle ne se rapproche davantage de lui. Collant son corps contre le sien, elle dépose doucement ses lèvres sur les siennes.

Les profondeurs s’offraient à moi alors que je respirais sans mal dans l’étendue d’eau qui nous entouraient à présent. Je lui vouais étonnement une confiance aveugle, alors qu’elle m’emmenait dans un univers qui n’était pas le mien. D’un tempérament méfiant au quotidien, je me laissais aller avec elle. J’osais lui demandais où elle m’emmenait dans la crainte de la voir fuir. Soulagé alors qu’elle me répondait en souriant. J’acquiesçais simplement. Ca m’allait comme réponse. Je la laissais me faire la surprise. Ses cheveux roses flottant autour d’elle comme une auréole de couleur, je me surpris à la trouver belle. Notre espèce était pas la même, mais je la trouvais sublime. Si le paysage qui nous entourait était magnifique, je n’avais d’yeux que pour la créature qui avait su capturer mon cœur d’un simple regard. Après quelques instants qui me parurent une éternité, elle s’arrêtait enfin dans une clairière aquatique aux allures fantastiques inexplicables. On n’avait aucun mot pour expliquer ce genre de chose. Mes yeux se reposèrent sur elle, alors qu’elle s’approchait, collant nos corps l’un à l’autre. Un geste auquel je répondis avec consentement. Mes mains se perdirent dans le creux de ses reins avant de remonter le long de son échine, caressant la peau nacrée de son dos. Nos lèvres se rencontrèrent, et la naissance d’un baiser passionné nous liait telle un pacte que je venais de passer sans vraiment en avoir conscience. « Qui es-tu ? » finis-je par articulé alors que ce baiser m’avait fait plus d’effet qu’escompté. « Es-tu une sorcière venu pour m’ensorceler ? » déclarais-je à bout de souffle.

Après l’avoir guidé dans les profondeurs, entrainé dans ces lieux si peu visité par les hommes comme lui, la sirène se retourne vers lui. Un instant pour échanger un doux regard puis elle s’approche de lui, collant son corps au sien. Innocente, étincelante, elle pose ses lèvres sur les siennes pour échanger avec lui un tendre baiser. Un échange doux et sucré contrastant terriblement avec le sel de l’eau qui les entoure. Un simple moment qu’elle trouvait atrocement court lorsqu’il fut rompu, déjà addictive à ses caresses, sa bouche et sa présence contre elle. Lorsqu’il lui demandait qui elle était, si elle était une sorcière venue pour l’ensorceler, son rire cristallin s’envolait dans l’immensité. « Es-tu certain de l’ignorer ? » Réplique-t-elle mystérieuse, laissant glisser une main dans ses cheveux bruns puis redescendre sur sa joue. Un sourire aussi pétillant que irrésistible glissait ensuite sur ses lèvres. « Tu n’as pas à avoir peur de moi. » Le rassura-t-elle avant de laisser ses doigts parcourir son torse qu’elle entreprit de découvrir après quelques longues secondes.

Ce baiser si passionné, et si chaste à la fois que s’en était presque frustrant. J’aurais tellement voulu lui faire ressentir l’effet qu’elle me faisait à cet instant. C’était plus fort que tout ce que j’avais ressenti jusqu’alors. Même les baisers de celle qui était resté à mes côtés si longtemps ne pouvaient rivaliser avec celui-ci. Un bref moment, je me suis laissé penser que peut-être … peut-être que mon cœur n’était pas si éteint que cela. Peut-être pouvais-je retrouver les couleurs que j’avais perdus, ne laissant plus ma vie se guider par le noir et blanc. Peut-être qu’il m’était encore capable d’apprendre à avoir confiance et à aimer quelqu’un …. Je ne pus m’empêcher de lui demander qui elle était. J’étais tombé si facilement dans les filets d’une sirène si charmante. C’était paradoxal quand on savait que c’était également le surnom que je donnais à mon ex. Bien vite, j’étais à nouveau captivé par ses yeux pétillant de malice. Mystérieuse, elle n’avait aucune envie de répondre à ma question, et pourtant, cela m’imposa à mon esprit. « Tu es tout ce que je désire, mais que je n’ose m’avouer… » Murmurais-je tel un secret inavoué au milieu de cette étendue bleu qu’était l’océan. J’attrapais ses mains, entrelaçant ses doigts aux miens, et fébrilement je murmurais : « je n’ai pas peur de toi… » je jetais un coup d’œil autour de nous avant de reprendre. « Tu es sure que je peux faire ici ce que je redoute de faire dans la réalité ? Je peux vraiment me permettre tout ce dont j’ai envie ? » Tel un jardin secret …

Avait-elle réellement besoin de lui dire qui elle est ? Il le savait, au plus profond de lui, toujours plus profondément en son être. Elle était tout ce qu’il refoulait, la vérité de ce mensonge qu’il se fait à lui-même et auquel il tente de se persuader. Elle est les couleurs qu’il tente de noircir, celles qui le forcent à se frotter les yeux car il ne veut pas les voir ou plutôt, qu’il a peur de le voir. Alors à ses mots lui prouvant nettement qu’il n’avait pas besoin de la moindre explication, elle répondit par un simple battement de cil. Cependant alors qu’il affirmait ne pas avoir peur d’elle, elle penchait un peu la tête puis haussant un sourcil d’un air interrogateur. « Tu es sûr ? » Peut-être n’avait-il pas peur d’elle ici, maintenant, telle qu’elle est mais en est-il de même ailleurs loin du bleu de l’océan ? Celle-ci est sûrement moindre que cette peur de lui-même, de ses agissements et des conséquences de ces derniers mais est-elle inexistante pour autant ? A ses inquiétudes, elle ne peut retenir un léger sourire, serrant un peu plus fort leurs doigts entremêlés. « Qui le saurait ? » A son tour, elle observe les alentours pas un brin surprise de savoir qu’ils sont les seuls. Ses yeux retrouvent les siens. « Absolument tout ce dont tu as envie. » Son rictus s’élargie davantage et ses yeux papillonnent un peu plus tandis qu’elle vient murmurer à son oreille. « Ce sera ton secret. »

Je ne mentais pas. Je n’avais pas peur d’elle. Au du moins, pas ici. Elle était l’incarnation de mes fantasmes que je ne pouvais m’avouer. Elle avait tant de similitude avec celle que j’avais aimée autrefois. Je ne voulais plus me bruler les ailes. Pas encore une fois. Ca faisait trop mal d’aimer. D’aimer sincèrement. Corps et âme. Si je devais me donner à elle, ca serait tout entier. Il n’aurait outre mesure. Pourtant, ma jalousie possessive me faisait peur. Pourrait-elle le supporter ? Elle qui aimait tant la liberté ? J’avais déjà tant blessé avec mon égoïsme fixant des œillères à ma vision. Je n’étais pas prêt à repartir pour un tour. C’était encore trop tôt. Mon cœur meurtrit ne commençait que doucement à se reconstruire. Cependant, dans ces lieux fantasmagoriques, mes sens se décuplaient au point de se laisser aller. J’avais la sensation que je pouvais y faire tout ce dont j’avais toujours rêvé. Posant mon front contre le sien, je me confiais. Geste doux qui me rendait fragile. Comportement qui était loin de me caractériser, et pourtant… je n’étais qu’un gamin en manque d’affection. Toute ma vie, je n’avais cessé de chercher un point auquel me raccrocher. Et on m’avait enlevé le seul que j’avais toujours eu. J’étais tel un radeau partant à la dérive. Je déposais un chaste un baiser sur son front avant de descendre sur sa joue, et de lui offrir un collier de baisers autour du cou. Nos mains toujours entrelacées, je l’encerclais de mes bras dans une étreinte avec poigne, mais douceur. « Je t’ai toujours trouvé surprenante, tu sais ca ? » murmurais-je marquant un temps d’arrêt avant de reprendre : « Y aurait-il un endroit où tu pourrais être comme moi ? Avec des jambes je veux dire ? »

Ici, il pouvait faire tout ce qu’il souhait, agir comme bon l’entend et céder à la moindre de ses envies. Qui le saurait après tout ? Personne mis à part lui, à moins que lui-même ne l’efface de sa mémoire. Il ne risquerai rien, aucune blessure, aucun maux, aucun de regard indiscret. Il pouvait se détendre, se laisser aller à ses désirs, n’est-ce pas pour cette raison qu’elle est ici après tout ? Leurs mains entrelacées, elle le laissait embrasser son front, sa joue puis son cou à plusieurs reprises. Un sourire sur les lèvres, un frisson qui parcoure sa peau. Ses bras l’entourent bientôt et elle le regarde intensément de ses yeux charmeurs, passant elle aussi ses bras autour de son cou. A sa première question, elle ne bouge que sa tête de manière affirmative, les lèvres dessinées en un sourire. A la seconde, ses lèvres s’étirent davantage. « Bien sûr. » Elle passe une main dans ses cheveux, un regard sous-entendu. Puis elle se retire de son emprise, le prenant par le bras pour l’entrainer avec elle. Elle recule doucement, passant une porte jusqu’alors invincible. La luminosité autour d’eux augmente, elle s’en fait presque agréablement aveuglante. Et lorsque la vue leurs revient peu à peu, ils se trouvent dans une chambre. Elle baisse la tête vers ses membres inférieurs un instant. A la place de sa queue de sirène, des jambes. Elle relève son visage vers lui, s’approchant un peu plus afin d’effacer l’espace qu’elle avait précédemment créer entre eux puis sur la pointe des pieds, elle vient approcher ses lèvres des siennes.

L’univers du rêve paraissait si réel, mais il restait symbole d’imaginaire. Paradis où la moindre envie et où l’impossible se matérialisait. Bien que je n’arrivais toujours pas à croire que mon désir du moment était la tignasse rose à qui je m’amusais à faire la misère. A bien y réfléchir, il n’y avait rien de bien étonnant, elle lui ressemblait tellement, qu’il m’arrivait parfois de me perdre à me demander si je la détestais parce qu’elle était comme elle ou si elle était elle. La limite de la superposition entre les deux était infime au point que je confonde les souvenirs à la réalité. Ce rêve, c’était un peu comme une seconde chance. Celle que je ne parvenais pas à saisir dans la vie au quotidien. Et je comptais bien en profiter. Mes lèvres s’étirèrent dans un sourire enjôleur quand elle m’affirmait pouvoir recevoir des jambes tout comme moi. Ca serait plus aisé tout de même… je la suivis, mon cœur tambourinant la chamade tellement j’étais excitée. Une lumière jusqu’alors invisible m’aveuglait. Je fermais les yeux, un bras en plus devant ceux-ci pour les protéger de la luminosité trop intense pour ma capacité de mortel. Je clignais des yeux alors que je m’habituais au nouvel endroit où elle me conduisait. Cet alors que j’aperçus ses membres inférieurs à la place de sa queue. « Waaaaw, magique ! » m’exclamais-je alors que je m’approchais à mon tour d’elle, capturant ses lèvres. Je me reculais d’elle, jetant un coup d’œil autour de nous. « Où sommes-nous ? Ta chambre ? » Demandais-je simplement, laissant vagabonder mes mains sur ses fesses maintenant bien rebondies.